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Chroniques d'Irydaë
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 [Terminé] La boutique de jouets Narcisse.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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[Terminé] La boutique de jouets Narcisse.   EmptyJeu 21 Déc - 18:55
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Pérégrins -2
Une aube grise se lève, éclairant de sa faible lueur Zuhause, à son habitude. Comme tous les matins, la neige tombe, comme si le ciel était toujours clos, et comme tous les matins, les rues s'animent en de pénibles clameurs. Loin des grands manoirs, des sculptures majestueuses et des rues spacieuses, luit une petite lumière entre des stores à moitié fermés, se répercutant sur le trottoir qui la borde. Une ombre passe derrière les rideaux du bâtiment, tirant les volets de l'unique fenêtre qui orne la façade. Par-delà le pas de la porte est accroché un écriteau, citant; Boutique de jouets automatisés - Narcisse. L'entrée principale était décrépie, quelques fissures traçaient leur chemin dans un bois taillé, ou du moins, qui dut un jour l'être. Pour les gosses du quartier, cette échoppe était un petit paradis où ils achetaient leurs fantaisies et leurs rêves pour une valeur relative à leur âge. 

Derrière l'entrée se présente trois longues allées, qui décorent le magasin en profondeur. Sur le rayon de gauche sont entreposées quelques amusants gadgets, le genre de babioles qui fascinaient les enfants, pour peu qu'ils n'en comprennent pas le mécanisme. On y retrouvait de ces billes, accrochées à des fils, se tapant sans cesse l'une contre l'autre sans jamais se reposer, condamnées à éternellement ricocher sur leur consoeurs. Dans l'allée de droite se trouvaient quelques poupées de chiffons, excellemment décorés et positionnées. Leur placement était impeccable, pas une demi-mesure incorrect dans leurs espacements, rangées aussi proprement qu'un régiment. Elles se faisaient face, les effigies masculines sur les armoires de gauche, et les féminines en face, leurs yeux en boutons se refermant perpétuellement sur ceux de leurs voisins. Enfin ... l'allée du centre. Elle était la réputation du magasin, et ce, car elle abritait les fameuses poupées à clé. Ces petites merveilles mécaniques étaient toutes plus uniques les unes que l'autre, certaines pouvaient marcher grossièrement, d'autre pouvaient saluer, et quelques raretés avaient même des boites à musiques incrustées dans leurs rembourrages. Uniformes militaires, habits de servante, parures de reines, vestes de bal, chacune de ces effigies étaient vêtues de leur propre manière. Les enfants se vantaient souvent de posséder tel ou telle poupée, exposant leurs actions automates comme l'on brandit des trophées.

Ces allées n'étaient cependant que les parties centrales de l'échoppe. A l'entrée, à la droite des visiteurs se campe un panonceau, sur lequel étaient écrits les simples mots : Servez-vous et payez. En face se trouve une boite sur un comptoir qui occupe le coin gauche de l'entrée, dont la simple tâche est d'héberger les fonds que paient les clients. Un cadenas solide en coince l'ouverture, et seule une fente laisse choir les pièces en de petits bruits métalliques caractéristiques des tirelires. Juste à côté de cette réserve se tient une effigie, dissimulée par une grande bâche sombre. C'est une poupée elle aussi ... mais elle est plus imposante, mieux faite, surveillant le coffre, toujours alerte des voleurs ou des clients malhonnêtes qui ne paieraient pas le prix escompté. 

Et ... au fond de la boutique, se trouve le comptoir. Toujours vide. Les gens qui s'en souviennent savent qu'il y avait autrefois quelqu'un pour accueillir les clients, un homme de grand professionnalisme et d'ingéniosité extrême. Mais les rumeurs disent aussi que ce proxénète n'est désormais plus que poussière. Et la boutique est toujours propre ... peu importe le jour, peu importe le temps, l'échoppe Narcisse sera ouverte, dès les coups de six heures ... Cependant, il n'y a pas une seule trace d'un propriétaire. Le comptoir, autrefois destiné à la transaction, s'étend sur toute la largeur du magasin, offrant à droite une issue pour le personnel ... s'il y en avait. Sur des étagères, ornant le mur du fond, se présentent quelques prototypes, des projets en réalisation que les enfants peuvent admirer. Et alors, ils sauront que dans moins de deux jours ces articles pourront être serrés par leurs petites mains innocentes. Sur la table sus-dite, des boites à musique sont déposées en un arc de cercle continu et parfait. Chacune d'entre elles surmonte une étiquette avec le titre de la mélodie qu'elles chantonnent. 

La plus belle, et la plus grosse se trouve derrière les autres, attachée au bois du comptoir. Une manivelle sort de son côté, et à l'intérieur d'un carré de verre se trouve le rouleau d'or, parsemé de ces jointes en métal, qui, dès que la manette dansera claqueront contre les fines lamelles qui les surmonte en une douce mélodie ... Deux étiquettes blanches, avec des écritures inscrites sont collées au verre.

- Tournez la manivelle. Et la musique jouera.

https://www.youtube.com/watch?v=Wfp2KkDioi8

... Bienvenue dans la boutique de Narcisse.


Dernière édition par Ophélia Narcisse le Mer 10 Jan - 14:29, édité 1 fois

Invité
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[Terminé] La boutique de jouets Narcisse.   EmptyJeu 21 Déc - 20:29
Il était un peu tôt pour faire les boutiques, mais les habitudes horaires sont parmi celles qui ont la vie la plus dure. Et l’emploi du temps militaire est réglé de sorte à ce qu’à six heure précise, on soit debout et préparé. Même en congé, cette règle d’airain demeurait.
    Un épais manteau sur les épaules, car venant du sud et avait peu l’habitude de ces températures, Yssaé remonta donc la rue qui menait à la boutique recherchée. Un magasin de jouet, mais pas n’importe lequel, car si Yssaé voulait un jouet banal, jamais le trajet jusqu’à une région presque jamais visitée auparavant n’aurait été entrepris. Dès que la porte fut poussée, ses yeux purent s’émerveiller de la splendeur de l’intérieur. C’était riche, il y avait l’embarras du choix, mais plus que tout c’était propre. Et rien ne faisait plus plaisir à Yssaé que la propreté et l’ordre.

    Il n’y avait personne cependant. C’était embêtant. Peut-être le propriétaire était-il parti ? Ou bien peut-être était-il à l’arrière. Qu’importe, il y avait ainsi tout le temps pour faire son choix et admirer les créations sur les étals. Un automate en particulier attira son attention. Une sorte de petit personnage en uniforme, à l’air bougon et costaud. À s’y méprendre, on aurait dit le colonel Farstadt.  Serait-ce inconvenant de lui offrir cette burlesque caricature en cadeau ? Sans doute.
    En parlant d’uniforme, Yssaé ne portait pas le sien. Après tout, c’était sa période de congé, aussi son choix vestimentaire s’était-il plutôt tourné vers un chapeau et une écharpe noire qui allaient avec son manteau et ses bottes hautes à léger talon. Mais comme il ne faut tout de même pas pousser le vice civil jusqu’au bout, son pistolet était dans sa poche intérieure et son sabre au côté droit.
    Yssaé voulut observer de plus près la mécanique de ce jouet, aussi ses gants de cuir finirent-il dans ses poches et l’automate de soldat dans ses mains. Une belle pièce, vraiment. mais la raison de sa présence n’était pas vraiment son propre amusement. Et l’absence de même un quelconque employé était très contrariant. Tout de même, impossible de ne pas l’avoir entendu. Avec un haussement d’épaule, Yssaé continua à chercher les pièces qui attireraient son attention.
    C’était presque comme se promener dans un musée. À ce détail près que les œuvres étaient à vendre. Un chat à ressort un peu plus petit qu’un poing attira son attention, ainsi qu’une espèce de petite automobile. Les deux pouvaient être remontés et avancer tous seuls. De tous les automates, Yssaé trouvait que ceux qui étaient capable de se mouvoir par leur propre mécanisme et qui allaient immanquablement se nicher dans des endroits pas possibles étaient les plus amusants. Ceux qui répétaient la même scène en boucla avaient une autre valeur, plus décorative. De quoi mettre en valeur son espace de travail en affichant ainsi son goût pour la technologie sans passer pour un scientiste, pour l’artisanat sans passer pour un traditionaliste, pour l’art sans passer pour un prétentieux et pour passer pour un dandy sans avoir l’air complètement excentrique. Le sorte de bibelot de niche mais appréciable par tous, y compris ceux qui n’y connaissaient rien. En quelque sorte, c’était un élément de culture de masse qui ne disait pas son nom et se prétendait l’inverse.

    Son regard se tourna vers le comptoir. Après y avoir posé les marionnettes de son choix, Yssaé appela d’une voix assez forte.
    « Ohé ? Il y a quelqu’un ? Je dois rencontrer la propriétaire. Et oui, c’est important. »


Dernière édition par Yssaé le Jeu 21 Déc - 21:20, édité 1 fois

Ophélia Narcisse
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[Terminé] La boutique de jouets Narcisse.   EmptyJeu 21 Déc - 20:46
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Pérégrins -2
Le silence lui répondit ... si cet endroit avait l'air d'un musée, il en avait assurément la tranquilité monacale qui en accompagnait l'ambiance. La voix de la visiteuse avait résonné dans le magasin, et avait rebondit dans l'arrière salle, dissimulée par un rideau, derrière le comptoir. Bien qu'il n'y eut pas de signe, sa demande fut entendue, mais ignorée. 

Si la cliente cherchait une propriétaire, elle ne la trouverait sans doute pas d'une manière conventionnelle. Tout indiquait que l'endroit était dirigé par des spectres, pas de chaises pour s'asseoir, pas de matériel pour écrire, et surtout, pas une seule respiration autre que celle de la nouvelle venue. Et pourtant ... il y avait bien quelqu'un d'autre dans ce magasin. Au premier étage, un oeil émeraude mirait à travers de fines fêlures dans le bois du plancher. Elle voyait une cliente pour le moins inhabituelle. Elle n'était ni une enfant, et ne semblait pas non plus en posséder. Les longs cheveux de la jeune femme dansaient entre les échardes du sol, alors qu'elle observait de plus près encore.

Dans sa main droite, elle tenait un câble, relié au pantin sous le voile, à côté de la caisse. Elle espérait simplement que l'étrangère s'en aille, et surtout, sans prendre de souvenirs qu'elle ne paierait pas. Mais les jambes de sa visiteuse étaient agitées, et son parcours dans le magasin la rendait impossible à suivre en ne regardant qu'à travers un unique orifice. Accroupie, elle gardait le câble entre ses doigts et se rendit à un autre poste d'observation. Sa nouvelle "cliente" touchait ses poupées ... c'était généralement mauvais signe, et Ophélia le savait. Pendant son déplacement, la propriétaire fit un faux pas et appuya du bout de son pied sur une blanche plus lâche que les autres. Elle ne céda pas, mais provoqua un craquèlement certain que la visiteuse avait dût entendre ...

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[Terminé] La boutique de jouets Narcisse.   EmptyDim 24 Déc - 11:18
    De tout ce qu’Yssaé avait un mal fou à supporter, qu’on l’ignore était sans doute sans son haut de liste. Mais bon, un vendeur devait avoir une excellente raison pour faire de l’absentéisme au seul poste où on avait besoin de lui.
    Et comme son grade lui permettait de s’affranchir de certaines coutumes sociales relatives au respect de l’espace privé, Yssaé franchit le comptoir. Ceci étant fait, la logique des événements eut voulu qu’on passa la porte de derrière pour accéder aux appartements du tenant de l’établissement, mais en lieu et place, un objet curieux attira son attention. La boîte à musique, pour être précis. Bien que n’ayant aucune envie d’un air de musique pour accompagner ses emplettes, ne pas admirer la mécanique lui fut impossible.
    Quelqu’un de grand talent, à n’en pas douter. À la base, Yssaé n’était venu que pour acheter des cadeaux, mais il u aurait un autre profit à tirer d’un tel talent, bien plus, disons, profitable à l’État. Et Yssaé de se fendre d’un large sourire.

    C’est donc avec une résolution nouvelle que son poing tapota la porte, pour faire sortir son occupant.
    « Il y a quelqu’un ? »

Ophélia Narcisse
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[Terminé] La boutique de jouets Narcisse.   EmptyDim 24 Déc - 12:20
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Pérégrins -2
Les coups avaient résonné dans l'arrière salle, et parcourant les murs de leur battement, promettant à Ophélia de très mauvaises nouvelles, si l'intrus devait franchir le pas. Respirant difficilement, son coeur pompait difficilement le sang à travers ses veines. Elle s'accroupit brièvement prenant sa tête entre ses bras. Elle tira une longue expiration, avant de se relever, calmement. Sa peur des autres remontaient toujours lorsqu'elle se devait d'entrer en contact avec eux. Mais jamais n'avait-elle été menacée à ce point. Elle tira sur les câbles à l'étage, poussa une table de nuit contre la porte, et se réfugia au second étage.

C'était une salle vide, éclairée par la seule présence d'un oeil de boeuf sur la façade, en hauteur. Elle se dissimula dans les coins ténébreux de sa salle, sa dague au poing. Spasmodiquement, elle répétait et susurrait à elle même 

- Sortez, sortez, sortez, sortez, sortez, sortez ...


Et dans sa salle, presque "vide", elle attendait sagement que la tourmente passe.

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[Terminé] La boutique de jouets Narcisse.   EmptyLun 25 Déc - 23:39
C’était cocasse. Yssaé ne l’avouerait pas à voix haute, mais sa main avait d’instinct frôlée son sabre quand la porte s’était ouverte pour donner sur ce nouveau lieu. Une antichambre, théâtralement mise en forme pour éloigner les curieux. C’était d’un burlesque, d’un grotesque ; Yssaé tomba amoureux instantanément, malgré la rigueur qui était sienne.
    Une telle explosion absurde dévoila son plus large et inquiétant sourire, puis un rire à glacer le sang qui tonna dans cet espace clos jusqu’à éclipser les chuchotements de celle qui se terrait ici. Ce rire long, gras, presque cruel, quoique non, excessivement, démesurément et suintant et tonitruant de toute une liqueur de maléfice et de méchanceté, tellement que c’en devenait impossible de le prendre au sérieux et de n’y pas voir un jeu de scène ; comme pour confronter les lieux en leur opposant sa personne ; le gothique contre le baroque.
    Quoi qu’il en soit, ça avait dû faire son petit effet, et en tout cas ça en avait eu un sur Yssaé qui dut se racler la gorge en sourdine après avoir ainsi forcé sur ses cordes vocales, encore fragiles et que n’arrangeaient en rien le climat rigoureux du nord.

    Ayant pu se calmer, Yssaé fut désireux d’ouvrir le dialogue. Ça lui faisait un bien fou au moral, de rire comme ça, pour relâcher la pression et pouvoir extérioriser ses pulsions par petites gouttes de concentré. Mais comme pour tout liquide, c’est la dose qui fait le poison, et abuser de ces saignées mentales était un jeu excessivement dangereux.
    « Bon, assez plaisanté. Je sais que vous êtes là, montrez-vous. Car oui, c’est important. Je suis de Skingrad et je n’ai pas fait tout le chemin uniquement pour me payer des jouets, bien qu’ils fussent révélateurs de votre talent certain. »
    Si acheter des bibelots était dans ses objectifs premiers, jamais la montée jusque dans ces terres froides et peu avenantes n’aurait été entreprises. À dire vrai, Yssaé était en permission, et voulait découvrir la région, se mettre au vert quelques temps, loin des complots infinis du sud et de sa politique. Il s’était avéré, naturellement, que le travail était une punition moins dure que de devoir rester ici, mais étant quelqu’un qui avait à cœur de bien faire ce qui avait été décidé, Yssaé se résolut à explorer plus en détail les environs de Zulhause, pour en découvrir des éléments inconnus au touriste lambda. Et comme de bien entendu, les vacances étaient surtout synonyme de travail sous une autre forme.

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[Terminé] La boutique de jouets Narcisse.   EmptyMar 26 Déc - 12:08
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Pérégrins -2
Lorsque le rire avait retenti, Ophélia l'avait senti ramper sur ses épaules et couler dans son dos. Si l'individu ne manquait pas de stature, leur caractère était tout aussi terrifiant. Dans son coin de ténèbres, la jeune femme couvrait sa bouche, priant son père pour que ses respirations ne filtrent pas à travers ses doigts. Elle n'était pas là, elle ne devait pas être là. Si elle était là, elle mourrait sûrement. Les humains sont cruels, les étrangers dangereux, et si l'un d'eux devait poser sa patte sur elle, elle préférerait s'ouvrir la gorge elle-même. Des larmes acides coulaient sur ses joues, alors que le blanc de ses yeux ne fut jamais si espacé. Elle reculait, pour peu qu'elle le puisse, contre le mur qui embrassait déjà son dos. 

C'est alors qu'elle l'entendit ... sa dague. Elle reposait sous le velours de ses vêtements. Comme une relique, elle la saisit fermement, laissant son écho grincer dans la pièce, faisant résonner la douce clameur de l'acier froid que l'on frotte contre le fourreau. Ophélia sécha ses larmes. Cette personne ... elle avait envahi sa demeure, oui ... ils avaient souillé la pureté de ce lieu par leur simple présence. Mais il y avait une solution à cela. La tenancière glissait contre les murs, rôdant comme un serpent, mirant de son émeraude l'invité qui allait s'en retourner à la poussière. 

Elle allait fondre sur lui, mais son élan ne fut jamais entrepris. Elle entendit des mots qui lui semblaient bienveillants ... à leur manière. Sa confiance en son visiteur n'était toujours pas assurée, et elle ne sortit pas de son voile d'ombre. Mais l'écho d'une innocence dépravée, il y a maintenant longtemps, battit contre les murs du sanctuaire.

"Vous êtes dans la tombe de mon père. La seule raison pour laquelle vous êtes encore en vie ... est par respect pour sa mort."


C'était évidemment une supercherie, mais quelle araignée est honnête avec ses moucherons ? Elle laissa la lumière rebondir contre sa douce pâleur naturelle, ne révélant que son buste et le bas de son visage. De fines lèvres qui murmuraient le fiel, et une langue pour s'abreuver des illusions éphémères que la vie lui a légué. Elle fit un pas en avant, révélant son immense chevelure, traînant tout autour d'elle. Son oeil unique voyait, perçait, alors que l'autre dormait, dissimulé sous un camouflage de sombre tissus.


"Expliquez votre présence, et tâchez d'écourter vos explications, ou bien je le ferai moi-même."


Sa dague brillait au reflet de l'oeil de boeuf, de toute "évidence, dissimuler cette dernière n'était pas dans les intentions de la tenancière.

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[Terminé] La boutique de jouets Narcisse.   EmptyMar 26 Déc - 15:15
C’était une invitation. Yssaé, au naturel, brillait par son calme et sa rigueur, mais comme on lui demandait si gentiment de bien vouloir s’il vous plaît embrasser la folie manifeste de ce lieu, il lui fut impossible de résister à une invitation si délicieuse. S’il n’y avait que ça pour faire plaisir à celle jeune et charmante personne qui venait de se révéler. Très rarement Yssaé avait l’occasion de plonger tête la première dans la démence et d’y nager comme un poisson. Ou plutôt un requin, en l’occurrence, car sa langue pourlécha ses lèvres qui dessinait un affreux sourire empreint de malveillance.

« Hé… Hé… Hé… »

    Elle sortit son épée avec une infinie lenteur, pour faire crisser l’acier sur l’entrée du fourreau et produire un atroce raclement métallique qui résonnait sans fin. Elle conclut ce mouvement par un léger moulinet qui fouetta l’air.
    « Si vous voulez que nous nous découpions joyeusement la couenne au moyen de ces pics à coquillages, je vous avalerais comme un bigorneau la première. Et pas seulement parce que le mien est plus long. Ça ou bien on peut juste discuter affaires. Les deux seront aussi follement divertissants pour moi, mais je crains que l’un d’entre eux seulement ne vous soit profitable. »
    Légère pause. Elle passa sa main droite dans ses cheveux, en un geste purement féminin accompagné d’un soupir sonore mais doux, quoique suppurant l’envie de meurtre.

« Et je ne dit pas ça par vanité, mais si je dis que je vais te saigner et épandre ton intérieur sur le sol pour repeindre ce soit-disant mausolée en rouge, hé bien, je suis une femme de parole. »
    Elle disait cela avec un calme impérial, comme on réciterait une recette de soufflé ou bien sur le ton d’un badinage léger. Et comme pour faire contrepied avec sa précédente déclaration, elle retira sa casquette et s’inclina légèrement.
    « Mais je crains n’avoir pas eu le temps de me présenter, entre deux de vos pitreries grand-guignolesque. Commandant Suudertë Yssaé, marine nationale. Et amatrice de technologie. »
    Cette attitude ostensiblement vaniteuse et provocatrice avait tout de celle du pêcheur qui se rit de sa proie qui se trémousse sur le sol de son navire, en quelques clapotis hasardeux et désespérés. Et il était clair comme l’eau d’un torrent qu’elle avait comme principal désir celui de frire cette enfant qu’elle regardait moins comme un être humain que comme une truite.

    À mesure qu’elle glosait, la place exacte de cette charmante personne dans la toile de ses filets commença à se préciser. Et elle requérait de tester ses facultés à l’escrime, ou dans quelque autre art du combat. Intérieurement, elle espérait donc s’être montrée suffisamment hostile et dangereuse pour provoquer une réponse exagérée. Et si elle ne pouvait jouer un léger instant avec sa vie le temps d’un échange de fer badin, alors on passerait à des formes plus classiques, mais diablement moins amusantes.
    Rien ne tuait plus cette passion irénique et dansante qu’on trouve et expose dans le duel que sa parodie avec des lames mouchetées destinées à vérifier la seule adresse. Jouer sa vie, c’était aussi soupeser sa valeur, et sa nature.

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[Terminé] La boutique de jouets Narcisse.   EmptyMar 26 Déc - 15:39
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Le sang d'Ophélia bouillait dans ses veines. Son teint pâle n'en fut pas affecté, sa peau laiteuse resta aussi blanche qu'au début. L'attitude de la cliente ne lui revenait plus. Son attitude en disait long sur elle, même pour quelqu'un d'aussi maladroite socialement que la jeune dame aux cheveux de jais. Notre invitée voulait s'amuser, semblait-il. Alors nous lui rendrions de quoi jouer un peu, mais dans une confrontation où elle n'aurait pas sa chance. 

Je suis ravie de votre entrain, et je ne doute pas que ma boutique y ait sa responsabilité... Mais, un détail me gêne ...


Le bout de ses doigts jouaient avec autre chose que simplement la dague. De petits fils se fondant dans les ombres y dansaient. Ophélia se pavanait devant sa visiteuse, mains derrière le dos, et colonne cambrée ... Elle s'arrêta net à un coin de la salle. 


VOUS ÊTES DANS MA DEMEURE ! 


Et à ces mots elle balança sa main droite en un grand mouvement. Des couteaux aux coins de la salle volèrent Il ne fut nul doute que les lames furent évitées par la cliente au mauvais caractère, mais Ophélia en avait plus en réserve. Elle joignit les deux mains derrière son dos et fit un simple tour sur elle même. Huit autres lames se levèrent, toutes raccordées à des fils que la tenancière maniait en laissant la force rotative les maîtriser. 


Toujours calme, elle avança vers son nouveau jouet. Une très belle poupée qu'elle ferait, se dit-elle. Derrière ses talons traînaient les lames, qui écorchaient le bois et un frottement de feutre, et pourtant craquelant. 

Alors je vais me répéter. Parlez brièvement, ou vous rejoindrez mes étales. Et si vous voulez vous amusez ... alors c'est avec plaisir que je "danserais". 


La tenancière ne cherchait plus de raison dans ses mots. Le sang dans ses yeux et les pulsions dans ses veines l'appelaient. Soit l'étrangère se retirait, soit elle saignait. Et la gérante savait parfaitement qu'une goutte de sang n'est jamais de trop.

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[Terminé] La boutique de jouets Narcisse.   EmptyMar 26 Déc - 23:42
Excellent. Alors qu’elle esquivait les lames, elle lâcha une expiration de soulagement, de ravissement, de jouissance malsaine et extatique. Son pistolet la lancinait alors qu’il reposait dans son manteau, sur son sein, et désirant tonner et tempêter avec l’orgueil d’un canon de navire. Mais, sportive, elle ne le sortait pas pour du menu fretin. Au prix où sont les balles, il fallait la mériter avant de se la prendre dans les omoplates.
    Et tirer ôtait tout le plaisir de l’épée. Avec cette noble arme, on pouvait prendre son temps, comme dresser par petites touches un tableau exquis par touches de rouge successives, estafilade après estafilade, de toute la détestation qu’on pouvait ressentir pour son adversaire. L’escrime, c’est de la danse, du théâtre, mais aussi de la peinture et de la sculpture, avec le corps de son adversaire. Une discipline complète. Un art. Le tir s’apparentait plus à de la mathématique.

    Elle n’était cependant en rien une excellente bretteuse, et sa formation excessivement classique risquait de lui faire défaut face à cet ennemi peu orthodoxe. Elle allait privilégier la courte distance avec la dague, et ses fouets aux mains et pieds avaient non pas comme principal atout leur dangerosité, car même en frappant du mieux qu’elle pourrait cette frêle créature ne pourrait infliger que des coupures superficielles, mais leur imprévisibilité. Elle était donc exclusivement focalisée sur l’attaque, et ses armes interdisaient par leur nature des parades efficaces.
    Il serait donc sot de vouloir jouer au plus rapide, ou d’attaquer pour profiter de son défaut de capacité défensive. Une esquive réussie pouvait se transformer en une contre-offensive d’un moulinet.

    Elle sortit son pistolet, se mit en garde d’escrime ; lame vers l’adversaire légèrement inclinée pour arriver au niveau des yeux, buste tourné sur le côté pour exposer le moins de surface possible au coups d’estoc, et main droite collée sous les côtes, tenant le pistolet. Pour viser, il lui suffisait donc de s’orienter vers son adversaire et d’appuyer sur la détente. Si l’ennemie était trop proche, elle se prendrait une balle dans le torse à coup sûr. Et si elle était trop loin, elle aurait tout le temps d’être visée proprement.
    « Avant de vous éparpiller façon puzzle, pourrais-je connaître votre prénom ? Ce serait plus commode. Je connais déjà Narcisse. Votre nom de famille, je suppose. Ah au fait, ne t’en fais pas pour mon joujou, il n’interviendra que si tu deviens un peu trop létale ou que je n’ai plus envie de m’amuser avec ton petit corps. Mais j’aurais la courtoisie de te prévenir avant, pour que tu puisses lâcher tes couteaux à beurre et ne pas te prendre un pruneau. »
    Conclure un achat de jouets par une visite à l’hôpital, voilà qui serait drôle. Et révélateur sur la marchandise.

    Ces préparations tactiques et mises en gardes énoncées, on put commencer le ballet. En bonne duelliste, elle ne se servait de son jouet à poudre contre Mme Narcisse que comme outil de dissuasion, pour lui interdire toute attaque trop entreprenante. En clair, dès qu’elle approchait un peu trop ou manquait de peu de réussir une attaque et préparait un retour de lame en une cinglante contre-attaque ou assaut en chaîne, le menaçant canon pointait la tête de Narcisse, qui devait se concentrer plus sur l’esquive que sur l’attaque. Elle pouvait sentir qu’au moment où elle cesserait d’être divertissante, le coup partirait.
    Et Yssaé qui n’en finissait pas de sourire, malgré les estafilades qui parcouraient ses membres. Elle avait réussi à placer quelques coups aussi, mais du bout de l’épée, trop superficiels. Il suffirait d’un bon estoc pour l’empaler et faire s’achever ainsi le combat, mais cela n’amuserait pas du tout Yssaé. Un meurtre, c’est d’un vulgaire ; ça retire toute la délectation de la torture. Elle était de ceux qui relâchait les poissons après les avoir pêchés.

    C’était une incitation à prendre du plaisir au simple acte de ferrailler, que ce pistolet. Pas de tricherie, sinon la balle. Pas de tentative trop appuyée de tuer, sinon la balle. Pas de coup mortel pour achever le duel dans la seconde, sinon la balle. ce n’était plus au premier sang, ce ne serait pas à celui qui serait tué, mais à celui qui finirait exsangue.

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Pérégrins -2
Ophélia s'amusait comme une enfant.Elle tournait en ronds, comme elle avait l'habitude de le faire dans cette même salle. Ses fils suivaient docilement ses mouvements, lui obéissant comme des marionnettes au bout de ses doigts. Dans ses veines s'injectaient l'adrénaline d'une fureur meurtrière, mandataire de sang. La parole, si l'un d'entre eux la voulut,n' était désormais qu'expugnable.  

La jeune femme prit les fils dans sa main droite, et sa dague dans la gauche, si son adversaire désirait s'approcher, elle aurait connu un accueil plus cruel que la morsure d'un millier de martinets; L'instinct guidait Ophélia plus que la maîtrise. Elle sa laissait guider aux légères cloches qu'étaient le bruit de lames claquant l'une sur l'autre. Son rythme était dicté par ces rugueuses notes de métronome et son âme s'envola vers un océan où la souffrance redirigeait le sens des vagues. 

Dans son délire, la tenancière riait comme l'on laisse le sang couler d'une plaie pour en purifier l'infection. Elle avançait, encore, et encore, et encore. Elle ne comptait pas se laisser décourager par une menace aussi sobre que celle d'un repos éternel. Et puis, elle ne comptait pas laisser le temps à son invitée de mirer. Elle enchaînait, fils, dague, fils, dague. Comme une simple poupée, son souffle refusait de faiblir. 

Mais dans son emportement, la jeune femme était malhabile. L'une de ses ficelles partit hors de son contrôle et se heurta au miroir qu'elle avait disposé sur l'autel qu'elle avait fait, en mémoire de son père. Elle se retourna brusquement, tirée de sa soif de sang. 

Elle se précipita devant son mémorial, s'agenouillant sur le sol jonché de milliers d'échardes qui lui transpercèrent les genoux. Sans réfléchir, elle porte le miroir brisé  sa poitrine, le serrant si fort que les éclats lui ouvrirent sa chaire délicate, autant sur son buste que sur sa joue. Mais elle n'en avait cure. Entre les bruits de glace brisée, et les sanglots de la tenancière. L'invité distingua quelques brèves paroles à peine compréhensibles ...

NON ! P-Pa ... Désolé !! Je ...je ... Qu'est-ce que ... j'ai ... pourquoi est-ce que tu es brisé ! Tu ne peux pas être brisé !! TU NE PEUX PAS M'ABANDONNER !! RESTE AVEC MOI !! RESTE AVEC OPHELIA !!!! 


Elle finit sa supplique par un long râle qui s'acheva en de vulgaires sanglots, alors que la tenancière se penchait plus encore sur le miroir. Ses larmes claquaient sur la parois brisée.

Elle se redressa alors, dos courbé vers l'arrière, yeux fixés au plafond ... ou peut-être cherchant quelque chose, plus haut encore. Sa main effleura le manche de son arme. Plus qu'une issue... c'était un salut qui s'offrait à elle. La jeune femme le tendit haut au dessus d'elle, prête à l'enfoncer dans son propre ventre. Elle ne pleurait plus, parce qu'elle n'avait plus besoin de verser des larmes. Ses yeux las s'enfonçaient dans le sublime reflet de sa lame aiguisée ... 

C'était un acte irréfléchi, et bien évidemment plus que stupide. Mais Ophélia ne voulait plus raisonner, elle voyait son père succomber une seconde fois devant ses yeux. 

Désolée ... Lamelle ... désolée. 

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[Terminé] La boutique de jouets Narcisse.   EmptyMer 27 Déc - 14:00
Ça allait un peu trop loin. Cette petite créature était excessivement fragile mentalement, et ça agaçait Yssaé au plus haut point. On avait un duel, merde. Une sarabande écarlate qui avait déjà profondément apposé sa marque dans la chair des deux duellistes, et voilà qu’elle s’achevait au moment où Yssaé allait connaître un extase. Tout était retombé comme une merde au fond de la cuvette ; en éclaboussant tout et produisant un bruit fort déplaisant ; celui des lamentations d’une petite fille.
    Mais bon, ce n’était pas une raison pour la laisser se tuer sous ses yeux. La déception d’Yssaé était sans borne, mais aussitôt que sa furie guerrière s’était évanouie, la trame des complots put réapparaître devant ses yeux. Et cette petite y tenait désormais une place de choix.

    Yssaé s’approcha lentement, pistolet toujours à la main, mais sabre au fourreau.
    « Vous le dites si je vous dérange, hein. »
    Et avec cette phrase comme seule sommation, sa main droite percuta le crâne d’Ophélia ; acier du barillet contre chair et os. Le coup fut suffisant pour la faire tomber dans les vapes. Yssaé s’empressa cependant de la retenir avant qu’elle ne touche le sol et se fasse à nouveau mal.
    Les deux êtres étaient très proches, l’un penché sur l’autre, la tenant dans ses bras, entendant son souffle, respirant ses exhalaisons, presque lèvres contre lèvres. Que ce passait-il ? Yssaé ne pouvait s’éloigner. Pour n’importe qui d’autre, jamais son bras ne l’aurait retenu. Et ce corps frêle venait d’être meurtri par le fil de son épée, pourquoi donc se montrer si prévenant ? À croire que ce contact intime était apprécié. S’approchant plus près encore, elle frôla de sa bouche la joue de la proie qu’elle tenait dans ses pattes ; dans sa toile, inspira l’odeur de sa chair, ouvrit sa mâchoire et la laissa se promener sur l’épiderme soyeux.
    Puis Yssaé secoua la tête d’un geste nerveux. Allons.

    Il fallait maintenant s’occuper d’Ophélia. Elle avait une belle bosse à la tête et de nombreuses coupures, presque autant qu’Yssaé, qui trouva un linge propre dans lequel emmitoufler son ancienne adversaire, puis qui la porta jusqu’à sa chambre d’hôtel. C’était certes assez curieux, mais les explications furent simples : elles étaient en train de changer la vitrine de son magasin quand un accident bête avait fait tomber un marteau sur la vitre puis la tête de la jeune fille, l’assommant et propulsant des copeaux de verre qui les avaient coupé de partout.
    Une fois de nouveaux habits intacts sur le dos, Yssaé put descendre à la pharmacie la plus proche pour acheter du quoi recoudre et soigner ces plaies, ainsi qu’un somnifère. puis ce fut un petit crochet par un magasin de bricolage pour acheter de solides cordes et des cadenas.
    Une fois ce matériel réuni, Yssaé se dévêtit, fit de même avec sa protégée, recousit et soigna les plaies de cette dernière, puis s’occupa des siennes propres. Un bandage avec une poche d’eau froide autour de la tête finit de compléter les soins. Elle fut ensuite habillée dans une chemise et un pantalon léger, puis pieds et poings liés, bâillonnée et attachée au lit comme un saucisson. Dans un mouchoir, Yssaé versa le somnifère dilué dans l’eau. Si à son réveil cette jeune personne se montrait trop agressive, un petit coup dans le nez, une grande inspiration et on pourrait reprendre la discussion sur des bases plus saines.

    Yssaé se posa sur un fauteuil et sortit un livre. C’était un classique de la littérature du Vereist. Il n’y aurait ainsi qu’à attendre que sa protégée se réveille. Le second duel pourrait commencer, tout en paroles. Mais pour avoir un atout supplémentaire dans sa main ; car un stratège de talent ne livre que des batailles gagnées par avance, son pistolet resta à portée de main. Elle était mécanicienne de pointe, aussi son habileté avec ses mains pourrait être suffisante pour crocheter les cadenas et nœuds qui la liaient. Yssaé ne voyait absolument pas comment, mais on ne sait jamais.

Ophélia Narcisse
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[Terminé] La boutique de jouets Narcisse.   EmptyMer 27 Déc - 17:19
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Pérégrins -2
L'écho d'un choc résonna contre sa propre tête, alors que ce fut supposé être le tranchant d'une lame. La jeune femme y perdit néanmoins ses capacités  de discernement. Elle rêva un peu, perdue entre deux songes, tantôt une pensée pour son père, tantôt une pour sa boutique. C'est c comme si elle lui manquait déjà... Pourtant, il ne lui semblait pas avoir jamais quitté son foyer. Elle se voyait, assise en  face de la fenêtre du deuxième, à regarder les reflets de la lune filtrer entre les volets. Agenouillée, elle mirait la lueur qui commençait à s'intensifier, jusqu'à ce que ses iris en brûlent. 

Elle plissait les yeux, se réveillant dans une semi-pénombre qu'elle ne pouvait encore bien distinguer. Elle tenta de se lever, mais ses yeux étaient bloqués sur le plafond, tout comme son corps qui était complètement immobilisé. Toujours étourdie, elle balançait son visage à droite et à gauche, et parfois même en des trajectoires discontinues qui laissaient penser que sa tête allait tomber de son cou. Elle ouvrit la bouche, laissant filtrer un fin trait d'air entre ses lèvres. Elle sentit alors quelque chose rentrer entre ses dents. Du tissu ? Que signifiait donc cela ...

Elle tourna la tête, et vit sa cliente d'auparavant, assise à la fixer. Elles étaient dans une étrange salle ... jamais n'avait la tenancière n'avait vu de si beaux murs. Mais il y avait un sentiment oppressant, ici. L'atmosphère était trop chaleureuse, trop confortable ... c'en était malsain. Elle gigota un instant, tentant de se libérer des liens qui enserraient ses mains trop fermement pour qu'elle ne puisse sentir  ses doigts. Elle grogna, incapable de parler, se remua sur sa prison de matelas et de draps. Mais ses efforts étaient vains, elle se laissa retomber au fond du lit, des larmes coulant le long de ses joues.

Elle se voyait déjà mourir, une dague enfoncée dans la mâchoire. Ou pire encore, elle était presque certaine que ces liens pourraient lui briser les os s'ils continuaient à la serrer ainsi. Le bâillon l'empêchait de se mordre la langue, pour s'accorder une mort moins douloureuse. Elle s'agita encore quelques secondes, mais ne donna pas suite à sa résistance. Elle s'abandonna complètement, laissant son regard vagabonder hors de ses yeux, se posant sur le plafond comme la faible étincelle s'envole de la bougie, pour ne se faire qu'happer par la puissante brise du destin qui désormais lui était réservé.

Du coin de l'oeil, Ophélia vit l'étrangère se lever de son siège. Elle ferma les yeux, faisant s'écraser deux fines gouttes cristallines sur ses joues. Elle refusait de voir la mort se présenter à elle, encore moins si elle était hors de ses murs. Elle tremblait, terrifiée par la pensée de mourir loin de son foyer, loin de ses poupées et loin de son père ... Les pas secs résonnaient sur le sol et chacun d'entre eux envoyaient des battements, lourds comme des barillets. Et, frémissante comme une feuille, elle attendit que s'achève sa tourmente, suppliant pour son père, et suppliant pour Lamelle, qu'elle avait lâchement abandonnée ...

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[Terminé] La boutique de jouets Narcisse.   EmptyMer 27 Déc - 19:48
Elle s’était réveillée. Et pleurait comme une enfant. Elle devait avoir quel âge ? Presque la trentaine ? À peine plus jeune. Et pourtant, son comportement suggérait dix années de moins. Un être si fragile, si frêle, si tourmenté et paniqué. Exactement comme un petit poisson dans une casserole qui abandonne ses dernières forces et cesse de bondir inutilement. Yssaé vit qu’elle forçait sur le bâillon comme pour le retirer. Ou se mordre la langue ? encore une pulsion suicidaire ? Pénible. Un petit coup de sédatif, et ça irait mieux.
    Maintenant que sa proie n’avait même plus la force de résister, de raisonner ou même de se faire du mal, Yssaé put commencer à s’intéresser à elle. Les vapeurs somnifères avaient embrumées son esprit et la rendait bien plus réceptive. Ce corps endommagé, ravagé extérieurement et intérieurement avait un pouvoir de fascination sur le commandant encore inconnu. Pourquoi une telle attirance ? Yssaé n’avait jamais rien ressenti de la sorte. Assit à ses côtés, sur le lit, la main posée sur son ventre pour écouter les respirations contrariées, et appréciant ce simple contact physique empli de douceur. Bien qu’en même temps, Ophélia fut ligotée et que le pistolet restât à portée de main. Contraste curieux mais assez délicieux.

    Mais pour faire pencher la balance du côté du tendre, Yssaé se pencha sur Ophélia. Presque sans la contrôler, sa main frôla la joue de la prisonnière, puis la caressa franchement.
    Ne pouvant plus qu’à grand-peine se retenir, elle finit par se baisser, se blottit contre son hôte, lui chuchota à l’oreille et la dorlota, comme avec un petit enfant qui faisait un cauchemar.
    « Chut… Chut… Ça va aller… Je suis là… Je ne suis pas ton ennemie, tu sais… Détends-toi… Je suis là… »
    Il faut croire que l’instinct maternel avait pris le dessus. Et comme Ophélia était assommée par les sédatifs et elle crevée par le duel, les soins apportés et d’avoir dû faire tout cela en perdant soi-même du sang, car elle s’était naturellement soignée après sa protégée, toutes les deux se collèrent comme des amantes. Bien vite, elles s’endormit, quoiqu’en ayant pris soin d’envoyer son arme ailleurs, ainsi que tout objet pouvant servir à crocheter une serrure.

    Yssaé avait un sommeil tranquille. Elle s’amoncelait contre sa proie, la serrait avec une infinie tendresse, et avait de tempes en temps un léger tremblement qui touchait les seins d’Ophélia. Sa respiration était réglée comme une horloge, impérialement calme. Ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. On ne saurait dire qui jouait le rôle de l’enfant à calmer, en vérité, car Ophélia malgré la dose de drogue qui embrumait ses sens pouvait bien percevoir que sa présence calmait l’officier avec une surprenante efficacité.

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[Terminé] La boutique de jouets Narcisse.   EmptyMer 27 Déc - 21:21
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Comme la chaire innocente est fragile ... Encore plus lorsque celle-ci n'a jamais été effleuré en dix sept ans d'existence par autre chose que par elle-même. Et même droguée et amorphe, Ophélia sentait parfaitement distinctement les frissons qui rampaient de son buste, effleuré occasionnellement par la générale, jusqu'au bas de ses talons. Elle sentait le bout de ses ongles et parfois la chaire de ses doigts qui effleurait la peau sensible de ses seins comme l'on caresse un animal.

Elle avait balbutié quelque chose ... Ophélia n'avait pas tout saisi ... Chut ? pas ... ennemie ? Se détendre ?? Comment pouvait-elle se détendre, elle était reléguée au rang de ses poupées, un objet entre des mains fermement resserrées. L'anthropophobie de la jeune captive voulait faire envoyer son coeur hors de son logis. Jamais elle n'avait été si proche d'un de ses semblables, et dans son ventre elle pouvait sentir la peur qu'elle avait toujours crainte des années durant. Mais pourtant, dans ses tripes, elle espérait que jamais cette étreinte ne cesse jamais.

Quelque chose n'allait pas ... son coeur ne battait pas à cause de la terreur ... Ce n'était pas pareil, ce sentiment dans son ventre,  ce n'était pas cette sensation aigüe qui perce le foie. Le sang de sa poitrine semblait lui remonter à la tête en un chaud fluide qui attendrissait ses sens ... Si son coeur battait ... ce n'était que par l'appel de la chaire que le contact de l'étrangère lui infligeait. Un sublime mélange de crainte et de désir qui se disputaient dans l'âme si innocente de la jeune fille.

En plus des battements dans sa poitrine, son souffle s'insistait, elle respirait difficilement, et ses expirations se faisaient plus bruyantes. Son corps tremblait, essayant d'empêcher que l'étrangère remarque son état pour le moins pathétique et fébrile. ses mains liées derrière elle, sa bouche obstruée par le bâillon, et le corps de la générale étendu sur elle. Tout cela était bien trop à supporter ... Sa faible volonté céda et avec elle s'échappa un gémissement, partiellement étouffé par le bout de tissu qui coinçait sa mâchoire/ Sous le coin gauche de sa langue, elle sentait de la salive qui s'accumulait, délivrée de son contrôle. Elle leva le menton, comme pour exposer plus de surface au toucher de sa geôlière. 

Elle était humiliée, mais d'une certaine manière, cette domination lui paraissait délicieuse, comme l'on s'amuse à mordiller une friandise dont on sait qu'elle nous coûtera les dents. Et de cet amuse-gueule elle ne pouvait se passer. La tête penchée vers l'arrière, son corps  se mouvait de lui-même, essayant de trouver une position plus adéquate à l'humeur qu'elle s'était elle-même attribuée. Entre ses liens, ses doigts tremblaient et se contorsionnaient. La captive allongeait son corps, comme si un démon la possédait. Dans sa nuque fourmillaient les frissons, comme se rassemblent des insectes, piétinant ensemble un sol blanc laiteux.

Son visage prit une teinte rosée, comme la fleur qui laisse échapper ses pétales hors d'un doux lit neigeux. Son regard se posait difficilement sur le bois du plafond. Son oeil émeraude était partiellement clos, la paupière frissonnante. Quant à sa pupille abyssale, qu'elle ne révélait d'habitude jamais, elle était plongée dans un océan de blanc que ses cils avaient creusés, si grands était-il ouvert. 

Qu'était donc que cette sorcellerie ... La drogue ? Mais aucun médicament ne donnait chaud là où autrui touchait, en tout cas, pas à la connaissance de la tenancière. Alors ... pourquoi est-ce que son corps, d'habitude si froid, était devenue aussi ardent que les rayons d'un soleil en juillet ? Elle prit une inspiration, et battit des cils, tentant de reprendre contrôle sur son anatomie. Mais le souffle qu'elle prit fut coupé par un ultime frisson qui la rallongea de tout son long sur les coussins disposés sous sa nuque. Et avec ces ressentis dans les veines, elle s'endormit, laissant son esprit flotter à des pensées qu'elle n'avait jamais eu, son corps convulsant toujours au toucher de sa séquestratrice.

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