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Chroniques d'Irydaë
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 Le roi, la reine et le p'tit prince ♫

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Le roi, la reine et le p'tit prince ♫ - Page 2 EmptyMer 26 Sep - 21:33

Elle s'était attendue à rencontrer des difficultés en s'enfonçant dans le coeur de ce royaume insulaire entièrement dévolu au crime. Et pourtant elle arpente librement ce couloir sublimé par un tapis écarlate et richement décoré. Zora se doutait bien que le crime devait payer dans une cité telle qu'Aildor. Et pourtant elle n'imaginait pas qu'il était si profitable. Le regard de la rouquine se hasarde sur les divers objets superflus mais non dénués de beauté qui balisent son chemin. Cet étalage de métaux précieux lui donne la nausée. La seule richesse dont l'humanité ait réellement besoin, c'est la foi!

La fanatique marque alors une pause devant l'un des miroirs qui borde son chemin et y découvre avec une certaine surprise son reflet. Depuis quand ne s'est-elle pas observée ailleurs qu'à la surface d'une étendue d'eau? Ses doigts glissent à présent sur son visage sale comme s'ils prenaient la peine de redécouvrir des traits vaguement oubliés. Elle n'arrive pas réellement à dire si l'image qui lui est renvoyée lui plaît ou non. D'une certaine façon, elle ne s'y reconnait pas. Depuis quand son regard est-il devenu si dur?

Des bruits de chaînes l'extirpent vite de cette étrange contemplation et lui indiquent enfin une direction à suivre. Elle ouvre prudemment une première porte qui mène à une antichambre dénuée de vie. Les bruits sont à présent plus clairs et maintenant émaillés par des éclats de voix. Elle croit reconnaître celle de Klaudius et un sourire carnassier s'installe sur ses lèvres. La fanatique sait qu'elle aura l'avantage de la surprise puisque leurs adversaires la croient morte. Une chance qu'il convient de ne pas gaspiller malgré son désir de se ruer à l'assaut.

La jeune femme colle donc son oreille contre la porte de bois peint qui la sépare encore de sa destination. Les bruits des chaînes agitées, témoignant sûrement d'une résistance acharnée de la part d'Enoch, couvrent les mots prononcés par leur cible. Difficile de dire ce qui se passe entre ses quatre murs malgré sa tentative aussi fugace que vaine pour percevoir quelque chose à travers le trou de la serrure. Malgré tout une chose semble évidente: plus le temps s'écoule et plus l'état dans lequel elle retrouvera Enoch est incertain. Or il se trouve qu'elle a besoin d'un allié capable de tenir sur ses deux jambes...

Sa main se pose sur la poignée qu'elle abaisse doucement. La porte n'est pas verrouillée. Une bonne chose. Zora la pousse davantage encore jusqu'à pouvoir déceler le dos musculeux de la chose penchée sur Enoch. Comprenant que la situation est sur le point de virer à la catastrophe, elle n'hésite que vaguement avant de se ruer à l'assaut de l'impur. Sa paume se pose contre la nuque de l'homme tandis qu'elle invoque sa magie pour en sonder le corps. Il est loin d'être semblable à ce qu'il devrait être. Möchlog sait de quelle manière il est devenu ainsi. Mais ce n'est pas réellement la question qui prédomine en cet instant.

Elle parvient à inonder son corps de son emprise jusqu'à attendre son coeur. Elle le fige, le comprimant dans un étau arcanique jusqu'à ce qu'il cède. Un flot de sang quitte les lèvres de la créature qui s'effondre lourdement sur Enoch avant de terminer sa chute à terre, figée pour l'éternité. Force est de constater que ces étranges serviteurs de Klaudius sont nettement moins menaçants lorsqu'ils sont pris par surprise. La rouquine tourne alors brièvement son regard vers la responsable de tout ceci.  
"Surprise, majesté?"
L'intéressée lui offre bien un semblant d'attention. Mais les yeux de leur adversaire reste ensuite résolument rivés sur l'homme allongé à côté de la rouquine. Elle n'y décèle plus l'assurance dont ils débordaient quelques instants plus tôt mais bien l'expression d'un profond malaise. Et peut-être même... de la peur? La fanatique perd peu à peu son sourire tandis qu'elle tourne son regard vers le fruit de l'attention de Klaudius. Et plus particulièrement sur son torse. Le semblant de plaisir encore présent sur les lèvres de Zora s'estompe immédiatement tandis qu'elle recule à son tour de quelques pas, imitant probablement l'attitude observée par la criminelle quelques instants plus tôt.
"Qu'est-ce que?!"
Et dire qu'elle s'est blottie contre cet homme pour traverser l'étendue d'eau les séparant de l'île! Elle se sent... souillée. Et pire que tout: elle est incapable de prendre une décision dans une situation qui n'autorise pas ce genre de latences. Son regard passe de Klaudius à Enoch, trahissant une indécision totale. Le grisonnant doit mourir. C'est une évidence exigée par Möchlog, bien sûr, mais également par l'ensemble du panthéon my'trän. Il ne saurait en être autrement.

Mais cette anomalie l'a sauvée. À deux reprises! Elle ne peut aussi aisément qu'elle le devrait passer sur cet état de fait. A-t-elle seulement le droit de lui ôter la vie en guise de remerciement? Quand bien même cela serait probablement un service qu'elle lui rendrait. Elle remarque alors que son corps s'est mis à trembler. De dégoût? De déception? Il l'a trompée! Il se doutait bien de la réaction qu'elle aurait en sa présence, non? Après tout il savait depuis le début qu'elle appartenait à My'trä. Tout comme lui.
"Qu'est-ce que tu attends pour l...?"
Klaudius s'effondre, les résidus d'un bouclier doré encore présents autours de sa gorge. Mais les yeux de la rouquine reste toujours rivés sur la magilithe rongeant le zagashien. Elle finit par détourner le regard tout en serrant les dents avant de venir récupérer le poignard lâché quelques instants plus tôt par la maîtresse des lieux.
"Es-tu un disciple de Khugatsaa??" demande-t-elle d'une voix tremblante. "Réponds-moi! Tout ceci n'est qu'une illusion, pas vrai?"
Les choses seraient tellement plus simples s'il pouvait lui confirmer cette hypothèse...

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Le roi, la reine et le p'tit prince ♫ - Page 2 EmptyMer 26 Sep - 23:54
Le destin est bien capricieux, n’est-il pas ? Voyez comment un secret farouchement caché finissait par être révélé au grand-jour malgré toutes les précieuses ressources de prudence et de réserve. Tôt ou tard, on finissait par découvrir que l’individu distant au coin de la taverne, l’ouvrier réservé et désabusé, le pèlerin silencieux et blasé, l’assassin rancunier et antipathique … tous ces individus, on découvrait qu’ils cachaient ce terrible secret qui faisaient d’eux des erreurs de la nature, des aberrations, des choses qui n’étaient pas sensées exister. Et de ce fait, ils devaient fuir, se cacher du reste du monde de peur d’attirer les limiers divins à leurs trousses. Combien de villages avaient été réduits en cendres pour la simple traque d’une anomalie fuyant son bourreau impitoyable ?

Enoch toussa violemment pour un bon moment, les mains posées à même le sol, la sueur perlant sur son front, sur son corps, faisant luire sa chaire taillée dans le marbre, retraçant sa musculature spartiate, mais aussi les fins cristaux plats qui recouvraient par-ci par-là le coté gauche du torse du mage ainsi que son épaule telles des écailles de quartz enfoncées dans sa chaire. Le corps endoloris, il chercha tant bien que mal à s’accrocher à la table à sa portée, ses doigts glissant contre la surface lisse et l’entraînant dans une nouvelle chute douloureuse près du cadavre massif de son bourreau.

Ses prunelles d’amande, tremblantes, se portèrent alors vers sa sauveuse. L’écarlate avait réussit à se débarrasser de l’autre monstre, comme il l’avait planifié, ou plutôt espéré. Dans cette situation particulière, il l’aurait bien félicité d’un petit hochement de tête, mais le regard que jetait sa partenaire sur lui, son expression, lui fit l’effet d’une douche froide le long de son corps.

Mais quoi de plus normal, après tout ? Elle était mytränne, donc bien plus attachée aux traditions que n’importe quel autre habitant d’Irydaë. Elle savait plus que quiconque ce que lui, l’anomalie, représentait pour le monde : une erreur.

Prenant une longue inspiration, l’homme fit preuve d’une force de volonté à toute épreuve lorsqu’il traîna son corps meurtrit jusqu’au mur le plus proche, s’y adossant en réprimant toute forme de grognements ou gémissements de douleur, se contentant de froncer des sourcils tout en luttant contre la douleur qui le rongeait. Il avisa les restes de son vêtement déchiré et, après une certaine réflexion, décida de le mettre sur son torse plus pour se prémunir du froid que par pudeur ou honte.

La voix de Zora résonna comme un reproche, aiguisée comme une lame de rasoir. Le disciple de Dalaï ne réagit par sur l’instant, se murant dans un silence qui était plus cinglant que la plus longue des réponses, plus significatif aussi. Il existait une expression qui disait « Le silence est signe d’approbation » chez certains peuples du Sud. Force était de constater qu’en ce moment, le refus de parole d’Enoch montrait clairement que le maigre espoir de la rouquine venait de s’évaporer. Le chasseur de primes secoua lentement la tête, cherchant désespérément quelque chose dans sa poche. Puis il arracha une cigarette de simple facture, faite par lui-même et non celles qu’on pouvait trouver dans certains magasins daënars ou aildoriens. La portant à ses lèvres, il constata que le papier était froissé et déchiré, le tabac tombant à petites doses sur ses jambes en pâles arabesques desséchées, contrastant avec les pétales écarlates de son sang. Serrant le poing, il jeta la cigarette déficiente de coté et poussa un long soupir qui pouvait tout aussi bien exprimer sa fatigue, l’abandon, le désespoir ou la simple irritation d’un homme qui ne pouvait fumer quand son corps lui quémandait cette néfaste dose de nicotine.

Après de longues secondes d’inactivité où le loup solitaire semblait plongé dans ses profondes pensées, une voix profonde mais faible s’échappa de la commissure de ses lèvres rougies de sang :

« Je n’ai pas besoin que tu dises quoi que ce soit sur mon état. Je n’ai pas besoin de dégoût ni de pitié. Je porte la marque en connaissant parfaitement les conséquences et les risques, tu n’es pas la première personne qui réagit ainsi à la vue de mon fardeau. »

Serrant des dents, il se redressa lentement, s’adossant difficilement sur le mur pour se relever, les jambes tremblantes mais le regard fixe et dur comme un templier faisant face à la mort avec courage et ténacité, l’adversité et le défis brûlant dans ses prunelles. Réprimant un soubresaut douloureux, il poursuivit :

« Ce n’est pas une malédiction, c’est une épreuve ! Les Architectes ne peuvent maudire un serviteur de leur foi, un fervent croyant qui a combattu païens et hérétiques depuis des décennies ! Qui es-tu pour juger de la décision des dieux, hein ?! »

Furieux, il contrôlait difficilement son amère rancune, les poings serrés et les muscles bondés. Pour la première fois depuis leur contre, il exprimait une certaine émotion de façon expressive, affichant un comportement parfaitement humain, dans son cas l’injustice d’un être humain condamné par le monde pour un crime inexistant. Ne pouvaient-ils comprendre ? Devaient-ils toujours juger sans penser ? Suivre les préjugés sans se poser de questions, bannir la différence sans chercher à comprendre, à faire preuve d’empathie ?

« C’est une épreuve ! Un test pour savoir si les plus fidèles de leurs serviteurs peuvent supporter la haine du monde et son rejet, à poursuivre sa quête éternelle en Leur gloire, à lutter contre l’hérésie sans jamais faillir … voilà pourquoi Dalaï m’a affublé de ce fléau ! C’est mon testament ! La marque de mon ultime épreuve ! »

Une quinte de toux violente lui coupa la parole, l’obligeant à se plier en deux sans pour autant céder à l’épuisement qui tentait d’envahir son esprit. Enoch tenait fermement sur ses pieds comme tout templier de la religion se devait de faire, implacable comme l’acier. Reprenant sa respiration à grandes goulées à la manière d’un naufragé échoué sur une plage perdue, il tenta de déceler la moindre réaction de la part de la fille de la Chouette. Au bout du compte, allait-elle rester fidèle aux préjugés ou essayer de le comprendre ?

« Tu dois comprendre … Zora. Toi mieux que quiconque. Si tu es l’élue de Möchlog, alors tu dois savoir qu’il ne cesse de te mettre à l’épreuve, de t’imposer des tâches difficiles, des travaux improbables, douloureux et qui remettent souvent en question ton interprétation de ses divins commandements. Je connais ça … depuis que j’ai appris à manier le sabre, j’ai combattu pour la gloire de Dalaï. J’ai affronté plus d’hérétiques et de païens que je ne peux en compter, j’ai subit la haine de nos ennemis et leur vile persécution et j’ai finis par être le porteur de la marque des anomalies. Pourtant, je n’ai jamais perdu la Foi, car elle seule guide mon bras armé. »


Se frappant le torse du poing, il redressa fièrement la tête, tendant son cou vulnérable à la lame de la femme à la chevelure sanglante tout en exhibant désormais fièrement la magilithe qui recouvrait son corps.

« Je ne peux maudire le destin car je sais que c’est dans les plans des Architectes que je porte ce mal dans mon corps. Peut-être que je dois mourir en martyr ? Ou peut-être que j’ai encore bon nombre d’abominations et d’infidèles à combattre avant d’être libéré de mes tourments ? Je suis heureux, car là où le monde me voit comme un porte-malheur, je me vois comme un défenseur de la seule vraie foi. Si Dalaï veut voir jusqu’où elle peut rendre mon existence difficile, je ne la trahirais jamais. Ma fidélité restera éternelle, dans la vie comme dans la mort. Que je meurs en héros ou en abomination importe peu puisque seul compte à mes yeux la reconnaissance que peut m’accorder ma Protectrice en récompense de ma totale abnégation. »

Le sol semblait fort confortable, l’appelant à se coucher, à s’effondrer pour ne plus souffrir, se laisser aller à un sommeil réparateur et sans fin. Peut-être qu’il pourrait même mourir paisiblement sur le froid dallage et rejoindre les Architectes dans leur domaine céleste où ils l’accueilleraient en héros. Mais Enoch était un dur à cuire qui tenait encore malgré tout, féroce et attaché à la vie, attaché à ce don des dieux, à cette précieuse chose qu’était de vivre malgré tout. Son instinct de survie l’empêchait d’abandonner, de se donner la mort pour se libérer de tous ses tourments. Il devait survivre et souffrir, car telle était sa destinée.

Telle était Sa Volonté, après tout.

« Les Architectes nous mettent à l’épreuve à la hauteur de leurs attentes. Nous ne sommes que leur instruments et il est de notre devoir de nous plier à leur volonté, aussi injuste paraisse t’elle. »

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Le roi, la reine et le p'tit prince ♫ - Page 2 EmptyJeu 4 Oct - 11:44

Elle a gardé le silence jusqu'à présent. Elle s'est tout au plus contentée d'un regard désapprobateur tandis que les paroles d'Enoch glissaient jusqu'à ses oreilles. Des paroles lointaine, résonnant comme un écho dans l'esprit étriqué de la rouquine. Que convient-il de faire de lui? Elle espérait que les propos du grisonnant puissent l'aider à y voir plus clair et à faire un choix qu'elle imagine déjà lourd de conséquences. Mais elle est probablement davantage perdue maintenant qu'elle ne l'était avant qu'il ouvre la bouche. Le fait que la lame apposée contre la gorge de l'homme n'ait pas encore fait couler le sang suffit à prouver cette évidence...

Elle l'observe. Longuement. Cherche-t-il à la tromper ou se contente-t-il de lui exposer la vérité? Ou, plutôt, sa vérité? Il a été maudit par les dieux. C'est une évidence que les cristaux de magilithe se chargent bien de confirmer. L'homme est une erreur que les Architectes s'emploient déjà à corriger par l'intermédiaire des Régisseurs. Et pourtant sa dévotion envers Dalaï est authentique puisque - elle l'a vu de ses propres yeux! - il est doté des pouvoirs dévolus aux disciples de la Raie. Maudit et béni en même temps? Est-ce seulement... possible?
"C'est une bien jolie histoire que tu t'es inventée là!" murmure-t-elle finalement. "J'imagine que tu avais besoin de ça pour affronter la dure réalité qui t'a été imposée. Ou, plutôt, pour la fuir...."
Une épreuve imposée par les dieux? Est-ce en imaginant que les choses vont ainsi qu'il a réussi à accepter sa condition? Un véritable serviteur des dieux se serait déjà ôté la vie, incapable d'affronter la marque de l'infamie qui défigure son corps. Pour survivre, Enoch aura réussi à tromper jusqu'à lui-même... C'est affligeant. Mais ça force également le respect. Une telle volonté dans un corps à la condition si peu enviable ne peut laisser personne indifférent.
"Les épreuves ont une chance d'être remportées!" lui rappelle-t-elle. "Toi, tout ce qui t'attend, c'est la mort entre les mains d'un Régisseur! Peu importent tes victoires passées ou la foi que tu continues à témoigner à Dalaï! Peu importe qui tu étais avant d'être maudit! Aujourd'hui, tu es une erreur! Et les erreurs existent uniquement pour être corrigées..."
D'abord mesurées, les propos de la fanatique sont à présent teintés d'une colère à peine voilée. Comment ose-t-il seulement psalmodier de telles imbécillités? Qu'il cherche à la tromper, elle le comprend. Même les anomalies sont dotées d'un instinct de survie. Mais comment est-il parvenu à se convaincre lui-même que tout ceci n'est rien de plus qu'une épreuve? Ce déni est détestable. Et pousse les anomalies à s'accrocher à une existence qui fait honte aux dieux!
"Désolée de te décevoir mais non, je ne peux pas comprendre!" s'emporte-t-elle. "Möchlog veille sur moi! Il ne laisserait jamais une telle chose m'arriver! Je le sais! Tout comme je sais qu'il ne t'a pas destiné à la damnation sans une bonne raison! Peut-être est-ce qui arrive quand on vend son épée au lieu de la brandir pour de nobles causes?"
Ce doit forcément être ça! Un mercenaire peut-il véritablement œuvrer dans l'intérêt des dieux? Il se bat pour de l'argent et non des convictions! En ce sens, aurait-il déplu à aux Architectes? Et pourquoi se surprend-t-elle à chercher une explication à tout ceci? Faut-il comprendre la volonté des divins pour la contenter? Enoch et elle connaissent bien la réponse. Pourquoi laisse-t-elle ce débat s'installer alors que les choses sont claires comme de l'eau de roche? L'homme doit mourir! Pourquoi tergiverser?

Et pourtant la fanatique écarte à présent sa lame du cou du grisonnant, ne laissant pour seule trace de sa présence qu'une fine ligne carmine. Elle recule ensuite de quelques pas, guidée par la prudence comme par le dégoût insufflé par les cristaux arborés fièrement par celui qui fut son allié. Peut-elle décemment tuer un homme qui a préservé sa vie? La question reste toujours aussi présente malgré les efforts consentis par la rouquine pour l'ignorer...

Zora prend alors conscience d'une évidence: si elle ne souhaite pas débattre avec Enoch, elle veut toutefois ardemment lui faire prendre conscience de son erreur. Comme si elle cherchait à sauver cette âme prisonnière d'un corps condamné. Elle pose le regard sur les cristaux puis sur le cadavre de Klaudius qui répand son fluide vitale sur le sang auparavant immaculé de la chambre. Elle avise ensuite les draperies qui ornent le lit et les différents murs.
"Tu dis que les dieux ne souhaitent pas ta mort? Moi, je ne vois qu'une manigance de plus de Dalaï à l'oeuvre! Peut-être cherche-t-elle à t'insuffler de l'espoir pour mieux savourer le désespoir que tu ressentiras tôt ou tard! Les dieux peuvent parfois être cruels, après tout..." explique-t-elle. "Mais je vais tout de même te laisser une chance de prouver ce que tu avances! Ou, du moins, de me pousser à t'accorder un sursis..."
En y réfléchissant bien, c'est probablement ce qu'il convient de faire. Enoch est de toute façon destiné à une mort prochaine. Mais est-ce à elle de porter le coup fatal? Est-ce réellement ce que Möchlog souhaite après lui avoir fourni un allié de valeur? Peut-être qu'Il cherche simplement à lui faire prendre conscience que les choses ne sont pas aussi simples que les dieux aiment à le laisser penser.

Elle interroge la Chouette mais seul le silence lui répond. Est-ce le signe qu'elle a carte blanche? Même pour elle, il est difficile d'interpréter la volonté divine. Zora lâche donc un soupir désabusé avant de renverser d'un coup de pied le brasero flanquant la partie gauche de la porte. Celui situé à sa droite ne tarde pas à subir le même sort. Les flammes se répandent, attisées par l'huile déversée au sol et les nombreuses décorations inflammables de la pièce, tandis que la fanatique continue de s'ériger en rempart devant la sortie de la chambre.
"Je laisse les dieux décider de ton sort!" explique-t-elle. "Nous verrons bien qui de nous deux à raison!"
Elle dresse alors un bouclier autours d'elle. Assez vaste pour englober sa personne et bloquer définitivement la sortie au grisonnant. Elle tient à le voir périr par le feu. À savourer les râles d'agonies du maudit. Car les Architectes ne lui permettront pas de fuir cet enfer incandescent, si?

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Le roi, la reine et le p'tit prince ♫ - Page 2 EmptyDim 14 Oct - 22:41
« Argh ! Grah … »

Le soldat daënar hoqueta, laissant échapper une gerbe de sang qui vint entacher son uniforme bleu d’un rouge poisseux. L’homme serra ses dents jaunis par sa propre hémoglobine, défiant une dernière fois du regard celui qui lui faisait face. Enoch inspirait bruyamment, soutenant le regard de son adversaire, son sabre enfoncé dans l’abdomen du technologiste vaincu.

« … maudits sauvages. »

Laissant tomber son bâton cracheur de plomb, l’envahisseur finit enfin par abandonner toute résistante et laisser les ailes de Möchlog l’emporter vers les cieux. Il tituba lentement avant de s’écrouler, mesurant le sol boueux de Khurmag pour en mesurer la longueur de sa taille, rejoignant ses compagnons tombés au combat. Le zagashien poussa un long soupir de lassitude et tomba à genoux, les paumes en l’air, toute force ayant quitté ses muscles endoloris. Des mèches noires lui collaient au visage, rendues humides par la sueur, la boue et le sang. Son visage était tout aussi souillé que son armure de cuir, entaillées à divers endroits, sans compter les nombreuses lacérations et estafilades qui recouvraient les parties non protégées de sa chaire.

Par Dalaï, qu’était-ce que ce cauchemar ? Le soldat de la Vraie Foi baissa son regard pour contempler ses mains tremblantes, rougies par le sang de ce carnage sans nom. Puis ses prunelles amandes se portèrent vers les alentours. Le champ de bataille, autrefois une paisible prairie où les pèlerins venaient se recueillir près des pierres millénaires couvertes de runes ancestrales et de glyphes cabalistiques. À présent, ce n’était plus qu’une hécatombe où les corps s’amoncelaient par-ci par-là, la terre fertile réduite à l’état d’un bourbier sanglant, les lieux vibrant sous le bourdonnement infernal des mouches appâtées par les effluves funestes. Des cratères avaient remplacé les majestueux arbres qui se dressaient fièrement vers le ciel, fauchés par les armes des envahisseurs qui grondaient à des lieux d’ici dans un tonnerre d’apocalypse. La contre-attaque avait été sauvage et brutale, les pertes étaient lourdes et le moral au plus bas.

La lourde main d’un compagnon se posa fermement sur l’épaule du jeune mage d’eau, l’arrachant à sa contemplation horrifiée. Le vétéran était un impressionnant individu à la stature de stentor et au regard aussi dur que l’acier. Mais ce qui attira l’attention du disciple de Dalaï, c’était le bras gauche manquant au puissant guerrier de Zolios. Pourtant cette force de la nature ne montrait aucun signe de douleur ni de peur, seule une détermination farouche se lisait dans son regard.

« Viens, il faut nous regrouper au temple. Les infidèles ne vont pas tarder à passer de nouveau à l’attaque, il faut qu’on se retranche pour panser nos plaies. »


Enoch referma une main tremblante autour du bras épais de son frère d’armes. Un silence de plomb et une immobilité de pierre gagna, pendant quelques secondes, les deux personnages. Seul le croassement de quelques corbeaux affamés rompit le silence mortuaire des lieux. Le mage blessé ne tenta guère de s’extirper de la prise de son compagnon, cherchant plutôt à déchiffrer l’expression de ce dernier, devenue sombre et lugubre. D’une voix faible tel un murmure d’outre-tombe, le zagashien souffla :

« Est-ce une épreuve des Architectes ? Sommes-nous destinés à mourir en martyrs selon leurs plans ? Ou bien notre mort n’est que le fruit des manigances de nos ennemis ? »

« Notre vie est tissée par les épreuves que nous imposent nos créateurs, car eux-seuls savent comment tester la force de la flamme qui anime notre corps et notre âme. Tu es un guerrier de My’trä, un défenseur de la sainte terre. Chaque fois que tu auras affaire à une situation terrible, où tu penseras qu’il ne s’agit que d’un cauchemar éveillé, fais appel à ton Architecte. Tu comprendras alors que c’est une volonté divine qui tente de faire de toi un héros de la Foi et non une simple victime. »

Le guerrier tapota doucement le dos du mage aqueux avant de rebrousser chemin pour rejoindre les combattants qui se regroupaient pour la retraite. Enoch se releva lentement et jeta un dernier regard vers les mages tombés au combat. Ils ne sont pas morts pour rien, se disait-il. Ils ont été mis à l’épreuve pas les Architectes et sont restés fidèles à leurs convictions jusqu’à la fin. Une telle virtuosité dans le martyr ne pouvait laisser le loup solitaire indifférent. Rassemblant son courage, il alla rejoindre les siens, laissant derrière lui les charognards à leur festin.


~~~~


Les paroles de la rousse résonnaient comme le pire des blasphèmes dans les oreilles du vétéran de la grande guerre. On disait que souiller le nom de Dalaï devant un zagashien était une garantie de mort immédiate, ces derniers étant les plus à-même de purger un sacrilège par la justice du sabre et le sang des blasphémateurs. Mais la jeune femme avait prouvé, au cours de leur infiltration brutale, qu’elle était peu encline à réfléchir à deux fois avant d’agir et était plus du genre à agir d’instinct sans se soucier des conséquences, faisant preuve d’une confiance aveugle.

Hors un sage disait que la confiance aveugle était un lent et insidieux tueur. Zora creusait-elle sa propre tombe en proférant des horreurs insupportables à un fervent disciple de Dalaï ? Non, plutôt à son bras armé même ! Celui qui se considérait comme la foudre vengeresse de la déesse des océans, son épée même. Qu’importe les dangers et les monstres en travers de sa route, le chasseur de primes trouvait toujours une faille où sa lame d’eau transperçait chaire et âme, glorifiant le nom même de la Divine dans chaque coup porté, plus symbolique que mille versets.

Enoch ne remarqua presque pas le changement drastique de température qui s’était installé, ni les flammes qui commençaient à lécher avec gourmandise les murs couverts de tapisseries. Ses iris étaient totalement dirigés vers la dague dorée de Klaudius dont le corps était en proie à l’élément ravageur qui prenait ampleur à grande vitesse dans sa férocité ravageuse. La lame brillait d’un éclat presque surnaturel, reflétant la lueur des flammes en éclats envoutants. Des ondulations argentées qui lui rappelaient l’élément de prédilection de sa Protectrice. Dalaï veillait sur lui, même au cœur de ce refuge infernal, même au milieu du feu et des morts.

Doucement, presque solennellement, il ramassa cette arme aiguisée avant de se relever, faisant face à l’autoproclamée élue de Möchlog qui avait dressé un champ de force barrant toute possibilité de retraite au grisonnant loup.

Il avança d’un pas lent mais ferme, ignorant les flammèches qui s’approchaient dangereusement, luttant contre la toux qui le gagnait à cause de l’épaisse fumée qui envahissait la pièce en un écran suffocant. On aurait dit un de ces guerriers de légende qui , même en enfer, faisaient face avec bravoure et ténacité au Destin.

Arrivé devant la mage à la chevelure écarlate, il tandis son bras gauche, posant la paume de sa main contre la surface du bouclier magique. La proximité de la magilithe située au niveau de ses épaules sembla altérer la solide consistance du champ de force, le fragilisant à mesure que la couleur de ce dernier perdait de son éclat et de superbe à la manière d’une fleur dont les pétales se fanaient lentement. Durant ce processus, Enoch concentra sa magie en faisant appel aux savoirs ancestraux de ses mentors ainsi qu’à la bénédiction de Dalaï pour accumuler une quantité d’eau raisonnable sur la surface du bouclier à travers l’humidité ambiante. La fine couche d’eau se changea par la suite en pellicule de gel qui fragilisa d’avantage la barrière séparant le brun grisonnant à la rouquine impétueuse.

« Les dieux ont déjà décidé … »


Le bouclier craqua, se fissura, puis céda, offrant la faille escomptée par l’expérimenté. Prenant immédiatement avantage de cette ouverture, il y glissa son bras armé de la dague de Klaudius, puis arrêta son mouvement au moment même où la pointe effilée effleurait le menton de Zora. Fermement, il l’obligea à reculer, la repoussa avec insistance avec son puissant avant-bras contre son torse, juste à temps d’ailleurs car la chambre des plaisirs s’était transformée en véritable fournaise géante. Quand il put enfin quitter la pièce, l’homme s’adossa au mur du couloir le plus proche et laissa tomber la dague qui résonna en un fracas sonore contre le sol dallé.

Son regard sévère se reposa sur la femme qui s’était faite juge de son destin. Dédain, mépris, animosité … qui aurait put déchiffrer l’expression de l’éphèbe vieillissant ? Ce dernier arracha du mur un long rideau pourpre qu’il enroula autour de sa taille sous forme de vêtement de fortune, cachant ses éclats cristallins.

« La tête de Klaudius aurait put nous valoir une satisfaisante compensation pour nos efforts, mais j’imagine que le plaisir d’avoir réalisé une des quêtes dessinées par nos protecteurs est largement suffisant. Cependant, je ne peux en dire de même pour ta compagnie. Tu as blasphémer le nom de ma déesse et tu as douté de ses Plans. Pire, tu t’es faite juge, jury et bourreau à la place des Architectes. »


L’ambiance se fit froide, glaciale même en comparaison avec le four qui se déchaînait à deux pas d’eux, preuve que la magie zagashienne pouvait se déchaîner à tout moment, reflétant à la fois l’humeur d’Enoch mais aussi celle d’un océan grondant menaçant de déchaîner des raz-de-marée dévastateurs. À tout moment un fouet aqueux pouvait surgir des mains de ce terrible adversaire et châtier l’impudente d’un mouvement rapide et précis, impitoyable comme un aigle fusant sur sa proie. Ne dit-on pas que même les mages les plus aguerris de My’trä redoutent les adeptes de la Raie ? Leur réputation de combattants nerveux et expérimentés n’était pas usurpée, après tout, à en juger par la taille de leur territoire et l’histoire de leurs conquêtes sanglantes chez leurs voisins.

« Je ne ferais pas la même erreur que toi en essayant de déterminer si tu es belle et bien une envoyée de Möchlog ou si c’est un délire fiévreux qui te guide. Je te fais confiance pour ne pas raconter à tous les toits que je suis porteur de magilithe. Dans le cas contraire, je me verrais dans l’obligation de finir notre difficile collaboration une fois pour toute. »

Pour l’instant, ils devaient quitter les lieux au plus vite, car les flammes gagnaient du terrain et bientôt ce serait tout l’édifice qui succomberait à l’emprise de l’élément de Süns. Sans attendre la réaction ni les commentaires de Zora, Enoch s’était déjà retourné pour rejoindre les étages inférieurs, abandonnant derrière lui le monstre qui avait dominé d’une poigne d’acier ce château du crime.

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Le roi, la reine et le p'tit prince ♫ - Page 2 EmptyMar 16 Oct - 19:30

Les bras croisés, le regard alerte, Zora comprend peu à peu que le dénouement qu'elle attendait n'aura pas lieu. Ses sourcils se froncent de mépris tandis qu'elle observe le grisonnant s'en prendre à son bouclier. Un bref instant, elle songe à le renforcer. Et pourtant elle s'en abstient... Aussi méprisable que soit la créature qui tente de fuir les flammes, il a probablement le droit de lutter loyalement pour sa survie. Et puis la rouquine reste curieuse de voir si les dieux, Möchlog en tête, sont prêts à accorder un sursis à cette anomalie. L'honneur de le tuer lui revient-il? Ou reste-t-il l'apanage du Régisseur qui arpente le monde à la recherche d'Enoch?

Partagée entre le désir de damer le pion à ce chasseur infatigable et celui de se soumettre aux plans élaborés par la Chouette pour cette erreur de la nature, elle se contente donc de rester immobile et d'observer l'instinct de survie de son ancien allié s'exprimer à travers ses actes. Ou peut-être s'agit-il de sa foi? L'idée la révulse. Quels que soient les sentiments que le guerrier témoigne à Dalaï, ils sont forcément corrompus. Qu'il en ait conscience ou non, sa dévotion insulte la déesse qu'il prétend servir... Faut-il qu'il soit borné au point de ne pas s'en rendre compte?

Et pourtant, d'une certaine manière, elle le comprend. Il a été obligé de trouver un nouveau sens à sa vie. Le mensonge éhonté qu'il a proféré avec tant de conviction était peut-être le seul moyen à sa disposition pour échapper à la folie et à la peur. Il s'agit d'une réaction étrangement humaine. Et, si elle était capable de compassion, peut-être en aurait-elle accordé à cette chose. Malheureusement cela fait maintenant de longues années qu'elle n'est plus capable de ressentir de l'empathie.

Ou encore une peur différente de celle d'avoir pu déplaire à son Maître. La lame qui semble un instant vouloir l'égorger ne lui arrache rien d'autre qu'un sourire mauvais. Elle ne le croit pas capable de passer à l'acte. Ne serait-ce que parce qu'elle lui a laissé une chance de s'en tirer, se détachant du rôle de bourreau qu'elle aimerait pourtant tant endosser. Les gens comme lui sont dotés d'un certain honneur. Ou, plutôt, d'une parodie d'honneur. Et en plus ils se permettent d'ériger cette faiblesse en fierté...
"Les dieux ont décidé de t'accorder un sursis, rien de plus!" nuance-t-elle la phrase assurée qu'il vient de décocher. "Et tu aurais tort d'interpréter la pitié dont ils font preuve comme une forme d'approbation..."
Le fait est qu'elle recule néanmoins sous l'impulsion de son aîné jusqu'à se retrouver plaquée contre le mur du couloir. Elle hausse alors un sourcil comme pour mettre au défi l'homme de s'en prendre directement à elle. De transformer la menace qu'il entend faire peser sur elle en véritable attaque. Mais la lame chute au sol, libérant sa gorge du contact froid de l'acier rutilant. Et pourtant, elle frisonne. La température a brusquement chuté. Et elle a une petite idée sur la cause de ce brusque changement de chaleur.

Elle lâche alors un soupire de lassitude lorsqu'il ose évoquer la compensation financière qu'ils auraient pu obtenir en ramenant la tête de Klaudius. Ne peut-il donc s'empêcher de penser aux irys alors que la situation a depuis longtemps dépassé le stade d'un simple matérialisme à contenter. Elle trouvera de quoi survivre ailleurs. La femme que les flammes s'emploient maintenant à consumer est vouée à l'oubli. Sa tête disparaîtra avec le reste, comme il se doit. Mais elle se retrouve bien vite obligée de nuancer à nouveau les propos tenus par le grisonnant.
"Juge? Jury? Bourreau?" répète-t-elle. "Ho non, Enoch! Je me suis contentée d'être l'instrument des dieux! Quant à mes supposés blasphème... Venant d'une personne dont l'existence même est une insulte pour les dieux, je vais partir du principe qu'il s'agit d'un compliment!"
Elle ne s'offusque pas davantage lorsqu'il ose remettre en doute le rôle dont Möchlog l'a gratifiée! Chacune des paroles qu'il prononce équivaut à du poison. Elle ne le laissera pas distiller la colère dans les tréfonds de son âme. Tout simplement parce qu'il n'a plus aucune crédibilité à ses yeux. Elle a été bénie par Möchlog! Et lui a été maudit par sa déesse. Y'a-t-il besoin de se questionner davantage sur l'intérêt des mots qu'il prononce alors qu'il est bien plus simple de les réduire à l'expression d'une simple folie? Elle le regarde donc s'éloigner avec indifférence. Même lorsqu'il ose la menacer, éveillant à nouveau le rire narquois de la rouquine.
"N'aies craintes: je ne vois pas l'intérêt de parler à quiconque d'une personne qui sera engloutie par l'Histoire. Qui se soucierait d'ailleurs de ta condition? Tu n'es qu'un mort qui espère obtenir un futur, rien de plus!" lâche-t-elle. "Notre collaboration, quant à elle, s'est achevée au moment où ta malédiction m'a été exposée! Je ne crois pas que nous nous reverrons, de toute façon! Passe le bonjour à l'envoyé des dieux lorsqu'il croisera enfin ta route! Puisse-t-il t'accorder la libération que tu t'acharnes tant à fuir..."
Il n'arrivera pas à semer ce qui ne peut pas l'être. La réalité le rattrapera, c'est évident. Et elle donnerait cher pour pouvoir assister à cet instant béni! À défaut, elle se rassure simplement en se disant que ses jours sont comptés. Combien d'aubes verra-t-il encore?

La fanatique lui décoche un dernier regard avant d'adopter la direction opposée. Il est grand temps de fuir les lieux en profitant de l'agitation provoquée par l'incendie. Ce dernier ne tardera d'ailleurs pas à exprimer sa pleine puissance, consumant cadavres et chefs d'oeuvres artistiques. Tout sauf les souvenirs qu'elle partage à présent avec le maudit et qui l'empêchent de savourer ce qui aurait dû être une véritable victoire...

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