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Chroniques d'Irydaë
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 Opération : Rendre à César [terminé]

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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyLun 23 Avr - 19:47
Il vole, il virevolte et dégringole. Dans les cieux ; désinvolte. Les éclats de neige, il récolte. Dans le  rugissement d’Eole gronde un air de révolte. C’est le vent du nord qui souffle entre ces monts obscurs, jusque dans les vallées blanches immaculées. Tous ploient devant les frissons qu’il procure, qu’aucune fourrure ne peut juguler. Un fil d’air s’échappe de sa toile stratosphérique pour surfer sur les cimes. Il se gorge de sa glace aussi froide et claire que l’analcime. Et redescend dans les vallées encaissées, là où les hommes s’égaillent. Les remparts et les baraquements habillant la neige telle des écailles ; c’était une caserne qui le défiait en contre-bas. Sur le rempart, fière et droite, une femme se tient là. Souffrant de la voir se moquer ainsi de sa force, le vent fond sur elle dans une charge féroce. Toujours plus violent, toujours plus véloce. Si la femme ne ploie pas devant les dieux, elle s’inclinera devant eux ; ô vents d’Hinaus.

Myträ s’emmitoufla un peu plus dans sa fourrure, ses yeux bleus soutenant difficilement les assauts du vent. Pourtant, elle ne pouvait pas détourner le regard de ces étendues de glace polie. Aussi hostiles soient-elles, c’était chez elle. L’odeur du pin mêlé à la neige pulvérisé par le zéphire lui rappelait mille et un souvenirs de son enfance auprès de son père. Sa jeunesse n’avait pas vraiment été heureuse, mais elle ne l’échangerait contre rien au monde ; surtout pas contre une seule minute passée avec son paternel.

Contempler les plaines d’Hinaus n’était pas une passion pour Myträ, mais c’était la seule chose qu’il y avait à faire dans cette caserne. Le commandant de la base ne croulait pas sous le travail et n’avait donc pas grand-chose à lui déléguer. Ainsi passait-elle son temps, soit à s’entrainer, soit à contempler son pays. Même ses hommes étaient absents. Ivan était parti en convalescence à Tellora, suite à ses blessures lors de leur dernière mission. Graham avait profité de leur oisiveté pour prendre une permission. Macaulay et son éternel acolyte étaient partis se former au maniement des nouvelles générations de poudre à canon, près d’Änkar. Il ne restait que Derek, seul soldat des Forces Expérimentales présent dans le camp. Le reste ? Des soldats de l’armée régulière. Peu expérimenté pour la plupart, ils n’étaient affectés ici que quelques mois pour des entrainements en milieux difficiles. Parait-il que ça forgeait la résistance des jeunes recrues.

Las des trames bleues et blanches que lui offraient les paysages de son pays « natal », Myträ reporta son attention sur le campement. Les soldats déambulaient entre corvées et entrainements. Bien qu’elle soit là depuis une semaine, la capitaine des Forces Expérimentales ne les connaissait toujours pas. Pas par mépris mais parce que son physique faisait que les gens n’allaient pas naturellement vers elle, tandis que de son côté, elle n’en voyait pas l’intérêt non plus.

- Capitaine ? Appela un officier en contrebas.

Myträ considéra le Lieutenant. Il devait avoir dix ans de plus qu’elle, et il officiait dans cette base depuis autant de temps. La capitaine commençait à être habituée d’avoir un grade supérieur à certains de ses ainés. En effet, on monte plus rapidement en grade lorsqu’on est plus disposée à avoir une vie peu stable, oscillant entre mission et entrainement, sans jamais avoir une base de prédilection. Ainsi va la vie dans les Forces Expérimentales.

- Lieutenant Ushkina ?

- Le commandant veut vous voir. Il dit que c’est urgent.

La blonde leva les yeux au ciel, se demandant bien ce qui pouvait être urgent ici. Quoi ? Il lui manquait une boite de trombone pour attacher ses rapports ? Cependant, avec la discipline qui la caractérisait, Myträ remercia le Lieutenant et sauta au bas du rempart. Elle trouva son chemin jusqu’à la cabane du commandant. Ce dernier paraissait particulièrement nerveux, compulsant frénétiquement sa paperasse. Il avait un physique assez caricatural pour un militaire. Une coupe de cheveux courte qui virait au gris, des yeux bleus perçants, et un rasage impeccable qui luisait encore aftershave.

- Un problème, mon commandant ? Tenta-t-elle pour lui faire lever les yeux de son télégramme.

- Un convoi militaire s’est fait attaquer, s’étrangla-t-il. Par des terroristes probablement… Il transportait une importante quantité d’explosifs ainsi que de l’armement. On peut maintenant présumer que ces terroristes sont en possession d’assez de TNT pour faire exploser la moitié d’Änkar, en plus d’être armés jusqu’aux dents. Le colonel nous ordonne d’intervenir au plus vite…

Myträ écoutait sans l’interrompre sachant parfaitement où la conversation allait mener. Le commandant voulait qu’elle monte une unité pour aller déloger cette bande de terroristes et leur reprendre les biens de l’état. Sur le principe, un peu d’action ne faisait pas peur à la capitaine, mais elle n’avait pas d’hommes de confiance disponibles. Avec un seul membre des Forces Expérimentales, elle allait devoir compléter son équipe parmi des soldats dont elle ne connaissait pas la valeur, et qui avait peu d’expérience sur le terrain. Une difficulté qui lui permit de négocier ses conditions.

- Je monte une équipe d’intervention immédiatement, mon commandement. Mais je voudrais choisir moi-même mes hommes ; avec l’aide du Lieutenant Ushkina, bien entendu.

Une requête peu exigeante qui fut aussitôt acceptée. La capitaine attrapa également le télégramme et les informations sur le convoi que le commandant avait réussi à rassembler. Tout en feuilletant avec attention, elle s’adressa au lieutenant toujours à ses côtés.

- Lieutenant, faites sonner le rassemblement, ordonna-t-elle. Je veux voir tous les hommes dans la cour.

L’officier répondit par l’affirmatif et sortit du bureau pour aller faire sonner le clairon. Myträ suivit l’exemple non sans un dernier salut à son supérieur. Elle ne se pressait pas en lisant l’entièreté du rapport, y assimilant les données les plus cruciales. Au fur et à mesure de sa démarche lente, la jeune femme se retrouva dans la cour. Devant ses yeux, plusieurs rangés de soldats intrigués d’être ainsi convoqués hors des heures d’appels. La plupart avait été interrompu dans leur entrainement, et aucun n’était en arme.

Myträ se posta devant eux. Elle était vêtue de l’uniforme noir des Forces Expérimentales. Une tunique à double rangé de boutons d’argent et un treillis. Par-dessus, une épaisse cape de fourrure était accrochée à ses épaules par une broche portant les insignes de l’U.N.E. Elle toisait les hommes face à elle avec une moue réprobatrice. Elle n’avait pas hâte de commander des bleus pour une mission aussi risquée. D’autant plus qu’il y avait de grande chance qu’elle envoie à la mort la plupart d’entre eux. Myträ avait besoin de durs à cuire pour cette mission. Des soldats qui tiendraient les rangs, même si leurs camarades tombaient autour d’eux. Des soldats qui ne succomberaient pas à la peur et la panique. Or, la capitaine ne connaissait pas ces hommes. Elle n’était pas leur officier responsable. Cependant, elle avait son idée pour choisir son équipe.

- Messieurs, commença-t-elle d’une voix calme, presque douce. Il y a six heures, un convoi de train de marchandise appartenant à l’armée a subi une embuscade sur la voie menant à Änkar. Des terroristes ont massacré les cheminots et leur escorte pour s’emparer d’une demi-tonne de TNT ainsi que de l’armement lourd en provenance des usines de Roceas ; des armes de classe magnum et des armures assistées, principalement. Notre corvette de reconnaissance a pu suivre les terroristes jusqu’à une base temporaire située dans la forêt blanche qui borde le lac Yoah, avant d’essuyer des tirs nourris et d’être contrainte au repli. La mission qui m’a été confié par le commandant est de rassembler une troupe d’intervention afin de donner l’assaut sur le camp ennemi avant qu’il n’évacue le matériel volé.

Myträ fit une courte pause, ponctuant ainsi la fin de son briefing. La capitaine avait l’habitude de ce genre de mission, son unité étant justement une troupe de choc rompue aux assauts frontaux. Bien qu’elle ait l’expérience du commandement lors de telle mission, il fallait aujourd’hui composer avec des soldats du rang, et non avec ses propres hommes.

- C’est une mission très dangereuse, informa-t-elle en durcissant le ton. Et je crois qu’aucun de vous n’a les épaules pour la mener jusqu’au bout. Je m’estimerai chanceuse si je parviens à ramener la moitié d’entre vous en un seul morceau. Mais rassurez-vous je n’ai pas besoin de m’encombrer de fillettes qui se rouleront en boule au premier coup de feu. Je ne veux que des volontaires. Pas des larves qui crapahutent dans la boue en échange d’une solde, et qui prient chaque jour pour ne jamais être envoyé au front. Ceux-là peuvent continuer à s’entrainer pour un combat qu’ils tenteront toujours d’éviter.

Myträ croisa les bras et toisa la troupe de soldats sans se faire d’illusion quant au taux de volontariat qu’elle allait obtenir. Une chose est sûre, on la détestait déjà. C’était voulu…

- Alors ? Est-ce que ça intéresse quelqu’un de servir son pays ici ? Avancez, présentez-vous et allez chercher votre équipement.

La capitaine ne connaissait pas ces soldats et n’avait pas le temps de faire les présentations. Leur nom suffira. Elle n’avait pas non plus confiance au jugement de leur Lieutenant. Elle allait avoir besoin d’hommes qui allaient exécuter ses ordres quoiqu’il se passe. Elle les triait donc en fonction de leur motivation. Si après un tel discours de connasse, ils voulaient toujours risquer leur vie lors d’une mission risquée, Myträ pourrait peut-être tirer quelque chose de ces bleus.


Dernière édition par Myträ Andreïev le Sam 21 Juil - 19:49, édité 2 fois

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyMer 25 Avr - 9:21
Irys : 848357
Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
L’entrainement, toujours l’entrainement…A la mi-juin, cela faisait déjà quelques semaines qu’Adam suivait le dur entrainement que lui imposait le lieutenant Hurricane. Comme on lui avait annoncé, il avait passé plus de temps à dormir dans l’armure que l’armée lui prêtait que dans le lit qui lui avait été attitré. Ce traitement de choc avait eu pour bénéfice d’augmenter son endurance. La ferraille lui semblait désormais bien moins lourde que cinq semaines en arrière. Son chef lui avait également fait travailler les bras, lui faisant porter des armes lourdes. Sachant que son binôme se battait avec des lames relativement courtes, ils formeraient un beau duo de combat. Lui tout en force, et le Major Splash tout en rapidité. Pour l’instant, le Major était en permission, le laissant seul face au labeur.

Le jeune sergent venait de terminer une course d’endurance avec son nouveau costume d’acier, lorsqu’on indiqua à tous les hommes de se rendre dans la cour principale. En retrouvant l’air libre, il prit le temps de se nettoyer et se changer. Le lieutenant n’aurait pas aimé le voir débraillé lors d’un rassemblement. Il arriva dans les derniers, et fut relégué tout au fond faute de place ailleurs. Ce fut le capitaine Andreïev qui s’adressa à eux. Sur la base depuis peu de temps, il ne connaissait pas encore tous les soldats, seulement son officier de référence avait tenu à ce qu’il connaisse le nom et visage des personnages les plus importants. Il n’avait pas encore pu passer assez de temps au réfectoire pour connaitre tous les potins militaire. Nul doute que le capitaine en face de lui avait une certaine histoire, ne serait-ce que par son jeune âge et les cicatrices qui ornaient son visage.

Malgré sa position lointaine, Adam pu entendre l’ensemble du discours qui leur fut servi. La nouvelle de l’attentat le souffla. Tout d’abords, ce fut l’annonce des meurtres qui le prit aux tripes. La mort d’honnêtes citoyens lui avait toujours paru d’une injustice et d’une cruauté sans nom. La rage, si familière en ces occasions, vint l’effleurer. Ses poings serrés, et son visage dur étaient au diapason de la plupart des hommes autour de lui. Aucun d’entre eux ne semblait digérer cette nouvelle barbarie. Surtout en connaissant le larcin des malfrats, qui annonçait une multitude de cadavres supplémentaires. Des voix commencèrent doucement à s'élever, tout de suite tues par la fin du monologue. La capitaine ne lésina pas sur les mots, apparemment outrageux d’après les murmures qu’il captait. Il est vrai que malgré la supériorité hiérarchique de l’officier, une femme indiquant à des hommes qu’ils étaient faibles, ça passait difficilement. Seuls quelques soldats, dont Adam, étaient restés silencieux. Ceux-là, si peu nombreux qu’on les comptaient sur les doigts des deux mains, comprenaient le contenu de ce qui leur était asséné.

Au moins elle n’est pas la reine de l’optimisme


Cependant, elle avait raison d’être réaliste. Non seulement c’était un engagement moral avec les soldats, de plus elle s’évitait les boulets. Voyant la manière dont étaient reçues ses paroles, nul doute qu’il y en avait beaucoup. Le jeune sergent, voyant la médiocrité de ses pairs, plus aptes à se préoccuper de leur petite personne plutôt que du bien-être commun, fut complètement désenchanté par la belle institution pour laquelle il travaillait désormais. Quelques secondes avaient été suffisantes pour détruire des années de rêve. Son énervement n’en fut que plus intense, et ses pieds se mirent en marchent tous seuls. N’hésitant pas à pousser les autres pour se frayer un chemin, il eut tout de même un regard pour son propre supérieur. Celui-ci, acquiesça à son geste avec un léger sourire en coin. C’était bien le seul officier à rester si calme, pendant que les autres suivaient l’exemple de leurs sous-fifres.

Adam se posta devant la Capitaine, et fit un salut militaire. Il sentait bien les regards noirs derrière lui, mais il s’en fichait. Complètement. Son visage affichait sûrement encore son état d’esprit lorsqu’il s’adressa à la militaire face à lui. Sa voix le trahissait dans tous les cas, la tension était sous-jacente de chacun de ses mots.

« Sergent Adam Vaughn, de la section de combats en armures assistées. Si aucun des pleutres derrière moi ne s’intéresse au sort de nos concitoyens, moi j’en suis ! »

Il venait certainement de se mettre la garnison à dos. Bien entendu, seule son escouade, en rentrant après leur propre mission, le soutiendrait. Son binôme serait probablement même fier de lui. Il resta en position, même lorsque quelques autres paires de chaussures vinrent se poster à côté des siennes, laissant les quelques autres courageux se présenter pour partir au combat.

Cinq autres hommes vinrent se poster à ses côtés, déclinant identité et bataillon. Aucun d’entre eux n’osa ajouter quoi que ce soit, sans doute peu désireux de se faire autant d’ennemis que le sergents Vaughn, à peine arrivé et déjà fiché.

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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyMer 25 Avr - 21:12
- Fermez-là, gronda la capitaine alors qu’un murmure désapprobateur s’élevait des rangs. Ou je vous envoie trois jours en caleçon crapahuter dans la neige, bande de couilles-molles. Vous vous croyez où ? C’est fini le civil. Ici, le premier qui se plaint se prend ma botte dans le cul. Pigé ?

Ces bleus… Myträ voyait rouge. Cette compagnie de bras-cassés osait ouvertement faire part de leur mécontentement. La capitaine se retenait d’en prendre un au hasard pour le molester devant tous ses camarades. Tout d’abord, elle n’avait pas le temps, et la discipline par la violence physique n’était pas saine. Un officier doit s‘arroger le respect par l’autorité, pas par la terreur.

- Toi, fit Myträ en désignant un soldat du premier rang. Au sol. Tu feras des pompes pendant que je parle. On verra s’il te restera toujours du souffle pour ouvrir ta grande gueule.

Elle avait choisi le soldat qui semblait le plus populaire. C’était celui vers qui les regards convergeaient quand la masse voulait faire approuver ses jérémiades. C’était un major à en croire ses galons, mais la capitaine s’en fichait complètement. Le sous-officier avait au moins la présence d’esprit de ne pas discuter et de s’exécuter, non sans lui lancer un regard noir.

Ce manque de discipline n’augurait rien de bon pour la suite. Myträ n’avait pas beaucoup de temps pour recadrer ces recrues insolentes. Elle revint donc très vite à la mission. Comme elle l’avait prévu, peu de soldats se portaient volontaires, mais l’un d’eux l’amusa particulièrement.

« Sergent Adam Vaughn, de la section de combats en armures assistées. Si aucun des pleutres derrière moi ne s’intéresse au sort de nos concitoyens, moi j’en suis ! »

- Wow, Sergent Vaughn, s’exclama Myträ, sincèrement impressionnée. Tu sais comment te faire des amis, toi.

En effet, les « pleutres » derrière lui ne semblaient pas particulièrement ravis, mais cette fois, ils exprimaient leur réprobation en silence. Signe qu’ils avaient compris la première leçon de la capitaine. La première et sans doute la dernière, car elle avait déjà son unité complétée. Les autres ne comptaient déjà plus. Leur discipline relevait de leur officier responsable, elle-même ayant d’autres chats à fouetter.

- Rompez, ordonna-t-elle aux autres. Hors de ma vue.

Les soldats restés dans les rangs commençaient à se disperser, attendant d’être à bonne distance de la capitaine pour commenter ce qui venait de se passer. Mais ils n’existaient plus pour elle. Myträ considérait plutôt les cinq volontaires devant elle, s’imaginant déjà sa stratégie en fonction des spécialités de chacun.

Un sixième homme approcha la toute nouvelle unité. Il était différent des autres soldats et portait, tout comme Myträ, la tenue noire des Forces Expérimentales. C’était un colosse tout en muscle mais également en acier. A la place de ses avant-bras, deux énormes poings en fer d’où s’échappait une épaisse vapeur. Il fallait bien cela pour manipuler l’énorme bouclier qu’il trimballait avec lui. C’était plus une lame de bulldozer qu’un bouclier ; une épaisse masse d’acier de près de trois mètres de haut pour un mètre et demi de large. A la fois encombrant et massif, l’homme semblait toutefois s’en accommoder et ne disposait d’aucune autre arme. Ce soldat était l'avant-garde de l'escadron de Myträ, spécialisée dans les prises d’assaut. Même en terrain défavorable, il fournissait une couverture pour l'escouade entière. Il permettait également de protéger les soldats des tirs lorsqu’ils chargeaient au corps-à-corps.

- Major Derek Brohm, capitaine, fit le colosse d’un air enjoué. J’ai pas écouté le briefing mais j’en suis.

Myträ ne s’emporta pas suite au commentaire du colosse. Il semblait y avoir deux poids, deux mesures avec l’autorité dont faisait preuve la capitaine. Or, ce n'était pas plaisir qu'elle se montrait sévère. C'était juste une nécessité pour qu'on l'écoute et surtout que l'on exécute ses ordres. Derek était dans son unité depuis des années. Ce n’est plus la discipline qui le liait à la capitaine : c’était la confiance.

- Prenez exemple sur le major Brohm, ironisa Myträ. Pas au niveau de l’audition mais par rapport à votre armement. Allez vous préparer, on se retrouve dans vingt minutes dans la cour. La corvette va nous déposer près du camp ennemi.

Avant qu’Adam ne parte s’équiper, Myträ avait une tache à lui confier.

- Un instant Sergent Vaughn.

La jeune militaire avait désormais une voix moins dure. Le pli courroucé qui barrait son front s’était estompé et elle semblait beaucoup moins furibonde et désagréable. Myträ n’était pas toujours une petite boule de nerf blonde. Au contraire, elle se montrait calme et mesurée, voir même aimable, lorsqu’elle n’avait pas à faire à une bande de macaques indisciplinés.

- Ne t’occupes pas de ton armure assistée, je vais la faire charger dans la corvette. Va plutôt à l’armurerie et récupère-moi une caisse de grenade explosive, fumigène et étourdissante. On va en avoir besoin.

Myträ remercia par avance d’un signe de tête et s’en fut se préparer à son tour, non sans avoir ordonné à deux soldats de s’occuper de l’armure assistée. Elle récupéra son fusil polymorphique dans sa tente ainsi qu’un cube de métal qu’elle hissa difficilement sur ses épaules. Pendant ce temps, la corvette de reconnaissance s’était posée dans la cour. On pouvait voir des impacts de balle sur son fuselage, mais elle semblait être en état de voler.

En attendant ses hommes, Myträ posa plutôt son paquetage au sol et se mit au travail. Le cube était finalement un amas de pièces savamment agencées qui s’assemblaient à l’aide d’une clé plate. Au fur et à mesure qu’elle progressait, l’amas de pièces métalliques ressemblait de plus en plus à une armure assistée. Le plus fastidieux était de relier les tuyaux répartissant la vapeur sous pression dans tous les membres de l’armure. Les pièces maitresses étaient le réservoir d’essence qui servait à porter le caisson d’eau à ébullition, via un bruleur. Ces trois pièces essentielles étaient protégées par d’épaisses plaques d’acier situées dans le dos. Le reste des avaries pouvant être gérées en temps réel par le pilote de l’armure qui avait un dispositif de contrôle intégré aux gants. Il s’agissait d’un modèle de Classe B, de la marque Steam Andreïev Armor. La société familiale était loin d’être la plus connues de tout Daënastre. Elle ne produisait que peu d’unités et était donc boudée par l’armée dont les besoins de production étaient bien au-delà des capacités de la petite usine basée à Änkar. Celle-ci produisait plutôt des modèles haut de gamme destinés à des mercenaires aisés ou des unités d'élite qui aspiraient à des engins fiables et de qualité. Myträ elle-même n’avait pu se procurer que le modèle de base.

Une fois la machine assemblée, elle se glissa dans l’armure et déverrouilla tous les pistons, lui permettant de se mouvoir sans l’aide du moteur à vapeur. Elle l’allumerait lorsqu’ils seraient en approche de leur cible. Inutile de gâcher du carburant pendant le voyage.

Derek était prêt depuis le début et observait Myträ se démener avec son armure. Les vingt minutes étaient presque écoulées et le départ était imminent. Ainsi le capitaine avisa la cour du campement, vérifiant que tout le monde était là.


Dernière édition par Myträ Andreïev le Jeu 26 Avr - 19:52, édité 1 fois

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyJeu 26 Avr - 10:55
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Comme attendu, sa petite présentation avait fait son effet. Et pas que sur ses « camarades ». La Capitaine avait eu l’air d’apprécier. Il n’avait pas cherché à l’impressionner, il voulait surtout humilier les autres. Autres qui partirent sans demander leur reste lorsque l’ordre de dispersion se fit entendre. Un autre soldat, portant l’uniforme de la section de la chef d’escouade, se joignit à eux. Adam ne s’était jamais senti petit. Sauf en cet instant. C’était un véritable mastodonte qui se présenta. Son équipement était d’autant plus impressionnant. Seul un homme comme lui pouvait manier l’énorme bouclier qui l’accompagnait. Il fallait de sacrés biceps pour soulever un tel poids.

Le voir ainsi paré fit penser à Adam que lui était quasiment nu pour l’instant, pas du tout paré pour une attaque imminente. La jeune chef leur indiqua justement d’aller s’équiper, ne leur laissant que vingt minutes de répit. Cela était cependant assez pour que le sergent essaye de canaliser les énergies négatives qui avaient pris possession de lui. Prêt à rompre le rang, il fut cependant arrêté, alpagué par l’officier. Désormais, son visage affichait une mine plus accessible, et sa voix s’était légèrement adoucie. Adam comprit que l’attitude qu’elle avait eue plus tôt n’était que pour asseoir son autorité. Il avait remarqué que le Lieutenant Hurricane avait également eut une sorte de comportement similaire. Sur la base, il était irréprochable. La seule fois où ils avaient été sur le terrain ensemble, il lui avait paru plus accessible, plus humain. Ce n’était pas l’arme militaire bien huilée que dans le cadre actuel.

- Ne t’occupes pas de ton armure assistée, je vais la faire charger dans la corvette. Va plutôt à l’armurerie et récupère-moi une caisse de grenade explosive, fumigène et étourdissante. On va en avoir besoin.

Il allait donc exécuter son premier ordre. Il pourrait enfiler son armure dans leur transporteur. Le tas de ferraille était basique, et il savait que les mécaniciens s’étaient mis au travail de révision dès qu’il l’avait retirée quelques minutes plus tôt. Il leur faisait entièrement confiance pour que sa carapace soit fin prête. Connaissant Mouse, le mécanicien en chef, il veillerait personnellement à ce que tout soit parfait avant que de faire embarquer le matériel, malgré le timing serré.

« A vos ordres, mon Capitaine »

Il n’était pas censé ajouter quoi que ce soit, juste obéir. Il avait été bien briefé dès ses premiers jours sur la discipline que l’on attendait de lui. Majoritairement, il partirait en mission avec son binôme, ou son escouade. Lorsqu’il était amené à intégrer une autre unité en renfort, comme à présent, il devait obéir au doigt et à l’œil, sans quoi son officier référent serait dans la panade. Le sergent se souvint de la fin de la discussion qu’il avait eue avec son binôme à ce sujet

« Et si l’officier responsable de la mission est incompétent, on doit aller mourir sans rien dire ? »


« Et ben là mon gars, faut que t’arrives à lui faire comprendre que c’est un con en mettant des gants. T’inquiètes pas, le lieut’nant te laissera pas aller en mission si il sait que celui qui la commande est incapable. »


Dans le cas présent, son chef lui avait fait comprendre qu’il était d’accord avec sa décision. Il considérait donc la Capitaine comme capable. Cela lui fut confirmé un instant plus tard, lorsqu’en s’engageant vers l’armurerie, Hurricane lui fit signe depuis une porte. Adam l’y rejoint rapidement, et ils se retrouvèrent enfermés dans un petit local de stockage.

« C’est l’occasion de faire vos preuves Vaughn. Arrêtez ces moins que rien et montrez au commandant que je ne me suis pas trompé sur vous.

_Je ne vous décevrais pas Lieutenant

_Je n’en attends pas moins. Et revenez en un seul morceau, ça m’arrangerait »

Adam ressorti, une seule minute avait dû s’écouler et pour la rattraper, il courut jusqu’à l’armurerie principale. Son unité ayant une petite armurerie plus accessible, il n’était que peu venu ici. Lourdement gardée en raison de son contenu, les hommes en faction le regardèrent de travers. La nouvelle leur était-elle déjà parvenue ? Certainement. Le sergent n’avait pas le temps de s’appesantir et chercha un des intendants. L’un d’entre eux avait dû remarquer son arrivée car il s’avança directement.

« Sergent Vaughn. Que puis-je pour vous ?

_Le Capitaine Andreïev m’envoi chercher une caisse de grenades explosives, fumigènes et étourdissantes.

_Ah oui j’ai eu vent qu’elle menait une mission contre des mercenaires. Je vais préparer ça.

_On part dans vingt minutes Major. »

L’homme lui fit signe de la main alors qu’il s’était déjà éloigner pour préparer la cargaison. Deux autres soldats s’étaient joints à lui pour accélérer la manœuvre. Adam ne put qu’attendre debout, dans l’entrée, laissant ses yeux regarder toutes les armes qu’il pouvait voir. Ici, n’était accessibles que des armes blanches et des armes à feu standard. Toutes les armes plus mortelles et les armes magithèques devaient être stockées plus loin. Une petite dizaine de minutes plus tard, les trois hommes revinrent avec une grosse caisse en bois sur un chariot.

« _Les grenades explosives ont une goupille rouge, les fumigènes une goupille grise et les étourdissantes une goupille jaune. On a rajouté deux grenades magithèques à la goupille blanche. Il faut la lancer dans le ciel, et une pluie de cailloux se déclenchera. Attention c’est expérimental, mais ça peut toujours servir. »


En soit, des petites pierres ça ne faisait pas mal. Mais lancés depuis le ciel, elles gagnaient en vitesse et pouvaient faire de beaux dégâts sur les troupes ennemis. Comme crever quelques yeux. Au minimum, ils auraient une diversion supplémentaire. En gros, les terroristes allaient servir de cobaye sur l’efficacité de l’arme. La demande des autorités était implicite, pourtant la mission était idéale pour tester de nouvelles armes. Pas d’otages, que des cibles. Personne n’irait pleurer sur le sort des victimes.

Adam prit la caisse doucement. Il n’y avait pas de risques, pourtant il préféra traiter les engins explosifs avec délicatesse, tout du moins autant qu’il pouvait en faire preuve. Heureusement pour lui qu’il avait encore prit un peu de biscoteaux, la boîte devait peser une trentaine de kilos et il put ainsi la transporter sans aucun problème jusqu’au lieu de leur départ. Comme il s’y était attendu, il était le dernier des hommes de l’escouade à arriver. Il vit les mécaniciens de son unité redescendre du vaisseau de transport, ils avaient dû livrer son armure. Ils lui firent signe, Mouse lui fit même un clin d’œil. Ces gestes n’étaient pas grand-chose, pourtant il en fut rassuré, sachant que tout était prêt pour lui et qu’il avait leur soutien. Les mécaniciens faisaient véritablement partie de son bataillon, et il avait appris à apprécier leur travail à sa juste valeur.

Il pouvait désormais baver un court instant devant la magnifique armure que portait la Capitaine, rien à voir avec ce que lui avait, en attendant les ordres. Posant la caisse, il se répéta les instructions reçues à l'armurerie pour les énoncer sans problèmes à sa Chef.

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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyJeu 26 Avr - 19:59
Derek s’approcha de la caisse posée par le sergent et renifla d’un air critique. Il fouilla dans le tas et tomba sur les grenades à mèche blanche. Un froncement de sourcil plus tard et il examinait l’étrange explosif qui ne portait aucun code couleur reconnu par le vétéran. Il dut conclure que ce n’était pas pour lui car il prit un exemplaire de chaque grenade, boudant la magitech. Une fois servi, il répartit les grenades parmi les soldats, confiant les magitech à Adam en le gratifiant d’un clin d’œil et d’une bourrade sur l’épaule.

- Sers-t-en comme tu l’sens. Moi, je n’utilise pas une arme que je ne connais, expliqua simplement le géant.

De son côté Myträ considéra ses hommes. Ils avaient une bonne avant-garde avec Derek et deux pilotes d’armures assistées. Les autres avaient un équipement plus basique, armés de fusils à baïonnette. Cependant, leur absence de protection n’était pas forcément un désavantage. La capitaine passa une main métallique sur la coque de la corvette, notamment sur le trou béant qui crevait le fuselage. Seule une arme magnum pouvait faire ça sans avoir besoin d’être à bout portant. Autant dire que les armures assistées allaient morfler s’ils devaient affronter une telle puissance de feu. Les magnums allaient faire de la charpie de leur blindage.

- Soldats, approchez, fit-elle en s’accroupissant. Voici le campement ennemi.

Elle traça, du bout de son doigt ferré, un carré sur la terre sèche.

- C’est un amas de tentes en plein milieu des arbres sans réelles fortifications. Au pire, quelques tranchées ou barricades, s’ils ont le temps d’en construire d’ici à ce qu’on arrive sur les lieux. Vous, les fusiliers, allez vous disperser près de l’entrée nord, et ouvrir le feu sur l’ennemi sans bouger de vos positions. Vous aurez un couvert grâce aux arbres. N’hésitez pas à utiliser les fumigènes pour vous couvrir d’avantage si vous subissez le feu des Magnums. Même si cela vous gêne pour tirer. Votre mission n’est pas de gagner du terrain ou d’éliminer l’ennemi. Vous devez juste faire diversion.

La capitaine traça un grand cercle au nord du carré pour bien indiquer à ses soldats qu’elle exigeait une formation dispersée. Les magnums allaient tirer sur les arbres pour pulvériser leur couverture. Elle ne voulait pas que ses hommes soient tous au même endroit lors de la déflagration de l’une de ces armes dévastatrices.

- Adam, Derek et moi-même allons prendre d’assaut le camp par la face sud lorsque les défenseurs se seront concentrés sur les fusiliers.

Elle traça une flèche qui transperçait le camp du sud vers le nord.

- Notre objectif sera d’éliminer l’ennemi par une attaque au corps-à-corps sur ses arrières. Les armes Magnum sont lourdes et difficiles à manier. Ils seront vulnérables si on les prend à revers. Des questions ? Des suggestions ?

Myträ se doutait qu’il y en aurait. Son plan comportait beaucoup d’hypothèses. Il fallait que les terroristes abandonnent la défense du sud pour se concentrer sur le nord, afin que le groupe d’assaut puisse pénétrer leur camp et les prendre à revers. Cela impliquait un manque de sang froid de leur part. Il fallait également que les fusiliers tiennent le coup le temps que Myträ et ses deux compères arrivent au combat. En espérant qu’il n’y avait pas beaucoup de fortifications pour entraver leur avancée. Et enfin, il fallait fondre sur l’ennemi avant qu’il ne puisse retourner les Magnums contre eux. Sans compter les risques évidents qu’implique une mêlée.

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyVen 27 Avr - 11:44
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Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
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Adam observa le Major Brohm farfouiller dans la caisse pour prendre ce qui l’intéressait. Il devait bien connaitre son affaire, ne prenant que les grenades classiques. Il refourgua les grenades à goupille blanche au jeune sergent. Retour à l’expéditeur…D’un côté Adam était fort curieux de voir l’effet de l’arme. Ce que lui avait vendu l’armurier tenait presque du spectacle. Il ne fallait cependant pas oublier le statut expérimental de l’objet…Lorsque Derek lui expliqua qu’il n’aimait pas utiliser une arme inconnue, il comprenait bien sa défiance. En tous cas la bourrade lui plut bien, il se sentait intégré. Comme ça avait été le cas dans son bataillon. Peut importait que le reste de la garnison le déteste désormais…

Le jeune homme s’approcha lorsque leur chef d’escouade appela au rassemblement. Il écouta attentivement la description du camp, tout en regardant le tracé sur la terre. Au moins, ils n’allaient pas s’attaquer à une place forte. Cependant, les arbres pouvaient tout à fait être un avantage tactique pour qui savait bien s’en servir, c’était au final tout aussi dangereux. Il suffisait qu’un ou deux mercenaire soit un habitué des forêts, doublé d’un bon tireur, et il pouvait abattre nombre d’hommes perché depuis une branche. Les fumigènes ça pouvait aider, mais rien n’empêchait de recevoir une balle perdue, surtout que ceux qui faisaient diversion n’étaient pas trop protégés. Mais bon ça c’était le scénario le plus négatif. Peut-être bien que trop sûr d’eux et trop content de leur prise, ils se contenteraient des armes magnum volées, et garderaient pied à terre.

La capitaine prévoyait à la demi-escouade Nord un déploiement espacé, ça ferait gagner du temps au trois poids lourds pour faire le ménage. Ca c’était dans les capacités du grand gaillard. Nul doute que le Major Brohm faisait aussi dans le nettoyage en plus de la protection. Une fois l’exposé terminé, la Capitaine leur laissa la parole. Des questions, ça c’est sûr le jeune sergent en avait. Il devait bien réfléchir à toutes les informations données pour sortir les interrogations les plus pertinentes. Tout d’abords, parler de son idée de tireur embusqués.

« Capitaine, si ils ont un ou deux tireur embusqués dans les arbres, l’équipe de diversion ne devrait-elle pas avoir un code pour prévenir les autres ? »


Les hommes en question s'agitèrent quelque peu, mais se reprirent bien vite. Sans doute avaient-ils en tête l'intervention de la Capitaine plus tôt lorsque le reste de la garnison l'avait un peu trop ouverte. Et puis ils devaient bien prendre conscience de leur fragilité. Ils n’avaient pas le matériel pour se protéger, mais au moins ils pourraient faire en sorte que tout le monde ne suive pas six pieds sous terre. De leur côté, Ils risquaient d’avoir aussi un comité d’accueil. Est-ce que le bouclier, bien qu’énorme, qui devait les protéger serait assez solide ? Il fallait l’espérer. Avec de la chance, ils arriveraient peut-être à accéder à une arme magnum eux-mêmes et éclairciraient vite fais les rangs ainsi…une autre question lui vint ainsi à l’esprit

« Est-ce qu’on doit tous les … éliminer ? Ou est-ce qu’on prend aussi des prisonniers ? »

En effet, le commandant souhaitait peut-être avoir plus d’infos. Comme le but du vol, le commanditaire éventuel ou autre. Si c’était le cas, l’idée de prendre leurs armes devait être utilisée avec parcimonie. Adam ne pensa à rien d’autre pour l’instant. Et de toute façon, ils ne devaient pas trop tarder à embarquer. Chaque minute perdue à terre était une minute de plus pour les terroristes, qui pouvaient profiter de ce temps pour fomenter n’importe quel plan nocif.

Chacune d'entre eux devait sans doute se rendre compte qu'ils risquaient de ne pas revenir, mais trop de vies étaient en jeu pour être égoïstes. Ils ne pouvaient reculer. Ils ne devaient plus cogiter, l'heure était à l'action. Adam se releva une fois le briefing terminé, prêt à embarquer. Prêt à en découdre.

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Opération : Rendre à César [terminé] EmptySam 28 Avr - 15:05
A son grand dam, Myträ ne put répondre au tac-o-tac à la question du sergent. Elle était tellement habituée à bénéficier du soutien d’un sniper, qu’elle ne faisait que peu cas de la menace engendrée par des tireurs embusqués. Mais elle devait se rappeler qu’elle ne partait pas au combat avec son unité au complet. Cette fois, elle ne pourrait pas les abattre à longue distance.

La question d’Adam était légitime. Pas sûr que les terroristes se mettent à grimper dans les arbres de cette forêt de conifère, mais ça ne coutait rien de considérer cette option. De plus, le sergent soulevait une question qui inquiétait davantage la capitaine : la communication entre les deux équipes.

Myträ fouilla un peu dans l’habitacle de la corvette, n’ayant pas le temps d’effectuer une nouvelle commande à l’armurerie, et dénicha les fusées de détresse. Elle en confia deux au groupe des fusiliers. Ce qui fit tout de même tressauter la lèvre de la capitaine. En effet, ce n’était pas la manière réglementaire d’utiliser les feux de détresse, ceux-ci ne servant nullement à indiquer la présence de l’ennemi.

- Si vous repérez des tireurs dans les arbres. Visez-les avec vos feux de détresse pour nous indiquer leur position. On les abattra. Entre temps j’insiste une nouvelle fois sur le fait que vous ne preniez aucun risque.

Myträ et son groupe n’aurait aucun mal à éliminer les tireurs perchés dans les arbres une fois qu’ils auront l’information sur leur position. Ils étaient des cibles immobiles, et donc faciles. La capitaine avait conscience qu’elle en demandait beaucoup au groupe des fusiliers, mais elle n’avait pas le choix. Avec le peu de ressource dont elle disposait, c’était la meilleure tactique qui lui venait à l’esprit.

Quoiqu’il en soit, il semblerait qu’on en avait fini avec les questions stratégiques. On passait désormais aux problèmes moraux. Qu’à cela ne tienne, Myträ n’était pas un monstre assoiffé de sang. Elle était pragmatique et soucieuse de suivre le règlement de l’armée. La pitié éventuelle qu'on accorde à l'ennemi s’arrête là où la sécurité des soldats commence.

- Messieurs, il s’agira d’une attaque sans sommation, expliqua la capitaine. Vous avez l’ordre de neutraliser toutes les menaces. Nous allons privilégier les moyens létaux pour cet assaut car je doute de notre capacité à évaluer la dangerosité d’une cible, même blessée. Je vous donne l’ordre de tirer pour tuer. Vous ne devrez épargner que ceux qui se rendent et jettent leurs armes. S’il y a des survivants suite à la bataille, nous leur porterons secours. Nos camarades ayant, bien entendu, la priorité.

Un long discours pour dire que tous les combattants devaient être abattus, sans exception. Des prisonniers seraient inestimables pour les services de renseignement mais ce n’était pas la priorité de Myträ. Son objectif était ne pas perdre de soldats sous son commandement. En aucun cas, elle ne voulait qu’un homme meure sous le feu de la riposte d’un ennemi blessé qu’il pensait pouvoir capturer. La mission était déjà suffisamment compliquée pour qu’on ne se rajoute pas inutilement de la difficulté.

Le moteur de la corvette crachota soudain, puis se mit en branle. Un ronflement grave s'échappait de ses tuyères alors que les hélices montaient dans les tours. Il était temps de partir pour rejoindre le point de rendez-vous. la carlingue de l'engin comportait deux rangées de sièges en vis-à-vis. De son côté le pilote avait reçu l'ordre de se poser assez loin du campement rebelle. A peu près une quinzaine de kilomètres derrière un relief qui bloquerait les échos produits par les moteurs de l'engin. Le plan de Myträ fonctionnait toujours même s'ils étaient repérés, mais la discrétion était préférable pour éviter les embuscades sur le chemin.

Myträ alla s'installer dans un coin et n'adressa la parole à personne. Elle n'était pas du genre à lancer des encouragements à tous le monde, ou faire des blagues graveleuses pour dénouer la tension. Non. Ca, c'était le rôle de Derek.

- Vous connaissez la blague du soldat qui déserte ? Fit Derek de sa grosse voix.

Il luttait pour garder son sérieux, à deux doigts d'exploser de rire sous la puissance de son propre humour.

- Alors c'est un soldat perdu sur le champ de bataille de nuit. Son unité s'est faite décimée et il prend la fuite. Soudain, il se cogne contre un officier, fièrement campé sur ses deux jambes. Et il lui dit : "Pardon, lieutenant!", l'autre lui répond "Je ne suis pas lieutenant, soldat", "Excusez-moi, capitaine !". L'autre s'énerve et  lui fait "Je ne suis pas capitaine, je suis commandant !!". Le soldat est à la fois surpris et rassuré. Il fait "Ah, je suis déjà si loin du front ?!".

Derek poussa un beuglement éraillé qui s'apparentait à un rire et fut aussitôt suivi par le reste de la troupe. Difficile de dire si c'était sa plaisanterie qui les rendait hilares ou bien si c'est de voir le colosse plié en deux, serrant ses larges poings d'aciers contre son ventre.

La capitaine, de son côté, gardait une expression fermée. Elle cachait son angoisse derrière un masque d'impassibilité apparente. Tout ce qu'elle avait dit à ce parterre de jeunes recrues n'était que de l'esbroufe. Jamais elle n'estimerait avoir de la chance  si elle ramenait la moitié de ses hommes lors de cette mission. En perdre ne serait-ce qu'un seul serait un désastre qui la laisserait anéantie. Jamais aucun homme n'était tombé sous son commandement. Elle avait toujours su privilégier la sécurité des soldats avant tout autre chose. Toujours capable de rattraper des situations impossibles par sa réactivité et son sens aigüe du commandement. Mais cette fois, elle allait devoir faire confiance au groupe de fusilier. Ils devraient se débrouiller seuls. Ce serait sa faute s'ils leur arrivaient quelque chose. Sa faute et celle de son stupide plan.

Myträ se mit à trembler. Heureusement, son armure la protégeait autant des coups que des regards. Son angoisse restait invisible. Elle poussa tout de même un lente expiration, et inspira les yeux fermés. Lentement, elle chassait le stress qui lui empoignait l'estomac. Elle ne devait surtout pas douter d'elle-même. Ce luxe est formellement interdit à ceux qui se targuent de commander aux autres.

Un chef est infaillible.

Adam Vaughn
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Opération : Rendre à César [terminé] EmptySam 28 Avr - 19:12
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Le jeune soldat fut conquis par la rapidité de réaction de son chef d’escouade. Penser à utiliser les fusées de détresse comme alarme c’était tout à fait ingénieux. Adam se rendait bien compte qu’il n’était pas aisé de trouvé une solution avec si peu de temps devant soi, pourtant elle l’avait fait, détournant un objet de son utilisation première pour les besoins de la mission. Ca c’était inspirant, il pouvait en prendre de la graine.

Son frais enthousiasme fut à peine ébranlé quand il entendit que l’élimination des cibles était le choix privilégié. Ils devaient tout de même faire attention à ne pas zigouiller un repenti. Le sergent pouvait donc s’en tenir à sa première idée, utiliser une arme magnum si il en trouvait une. Il n’avait jamais utilisé autre chose qu’un pistolet de la même famille, le reste ne devait donc pas être si compliqué à gérer. Comme disait son grand-père, l’espoir fait vivre. Adam acquiesça aux paroles de la Capitaine, lui faisant comprendre que le message était passé.

Il suivit le reste de la troupe à l’intérieur de leur transport, remarquant que l’officier alla s’assoir à part. Il n’était pas rare, en mission ou même à la garnison, que les rangs supérieurs ne se mêlent pas au soldat du rang. Le sergent ne s’en formalisa donc pas. Il hésitait cependant sur l’attitude à tenir, car son armure avait été installée proche de Myträ. Il devait l’enfiler, mais il n’osait pas trop s’approcher. Le Major Brohm lui donna un instant de répit avec sa blague. Sincèrement, cette montagne de muscles avait un sacré humour. Adam adhéra de suite, riant aussi fort que ses compagnons. Il est clair qu’aucun commandant ne mouillerait sa chemise sur un front de guerre…Et puis, comment résister à la tête de Derek ?

Le jeune homme se botta mentalement les fesses après cet instant de complicité entre hommes. Bien entendu, leur chef ne s’était pas mêlée au rire collectif. Celui-ci n’avait même pas été contagieux. Le soldat s’approcha de son armure, et s’aperçu tout d’abords que les mécaniciens avaient pensé à mettre son arme favorite à côté de l’armure. Il devrait penser à les remercier chaleureusement à son retour. Son tas de ferraille avait été, en un temps plus que record, nettoyé de fond en comble. Il ne sentait plus aucune trace de la sueur qu’il y avait laissé près d’une heure plus tôt, à moins qu’il soit immunisé à force de la sentir sans arrêt depuis plus d’un mois. Bien que peu reluisante à cause de son ancienneté, le métal n’en était pas cabossé, les fonctions de bases étaient présentes et elle était maniable. Enfin autant que possible. Il pourrait dégoupiller les grenades sans problèmes. Il le savait car il avait passé une après-midi entière à le faire avec du matériel d’entrainement, jusqu’à ce qu’il puisse faire une série de cinquante en moins de dix minutes.

Jetant un coup d’œil à la chef d’escouade, il bava de nouveau devant son matériel. Même si l’heure n’était pas à la badinerie, et qu’il pouvait passer pour un soldat hors du rang, il ne put s’empêcher une remarque.

« Votre armure est superbe Capitaine. J’aimerais pouvoir m’en payer une aussi belle d’ici quelques années. »

Jusqu’à peu, il ne s’était pas intéressé au matériel militaire et ne savait donc pas que Myträ portait une armure de sa propre entreprise familiale. Et même si maintenant qu’il avait découvert de si près ce monde, il n’avait pas eu le loisir de se documenter sur le sujet. Il ne faisait qu’énoncer son ressenti, et ses yeux émerveillés ne pouvaient pas mentir. Il comptait réellement avoir un matériel digne de ce nom dans le futur. Ca supposait qu’Adam n’avait pas de doutes que l’officier les ramène à bon port. Rester positif était une nécessité ici, il supposait que ses camarades avaient le même point de vue, sinon la moitié ne serait pas montée dans l’aéronef.

Ne voulant pas passer pour un tire-au-flanc, il commença à s’installer dans sa boîte personnelle.

« En attendant, je vais me contenter de ma vieille amie. »

Bien qu’au début il n’avait pas été aisé pour cette recrue de se dépatouiller avec toutes les subtilités mécaniques d’ouverture et fermeture des différentes parties de l’armure, il commençait à s’en sortir plutôt bien. Ne mettant que quelques minutes pour finaliser sa tenue, il décida de rester là où il était afin d’éviter tout mouvement inutile et garder ses forces pour le combat. Il tendait tout de même l’oreille pour écouter les discussions de ses camarades.

L’atmosphère était légère, les hommes se permettaient un peu de répit avant que les choses sérieuses ne commencent. Derek était parfait dans le rôle de boute-en-train, sortant un panel de blagues impressionnant.

« Alors la suivante. C’est un général, un colonel, un major et un simple soldat qui sont en train de discuter. Le général il dit : « En amour, Messieurs, c’est 80% de plaisir et 20% de travail ». Le colonel, pas d’accord dit :  « Non c’est 75% de plaisir et 25% de travail ». Le major, encore moins d’accord répond « Non c’est du 50-50 » Le simple soldat leur réponds à tous : « Non c’est sûrement 100% de plaisir parce que s’il y avait de l’ouvrage c’est moi qui ferait tout le travail. » »

Tous les mâles présents s’esclaffèrent à nouveau. De nouveau, les officiers supérieurs étaient les stars…Peut-être était-ce la raison du silence de Myträ ?

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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyMer 2 Mai - 21:07
Myträ fut tirée de ses pensées moroses lorsqu’on s‘adressa à elle. Elle coula son regard océan sur Adam, ne sachant que lui répondre. Ce n’était pas le stress qui avait l’air de le dévorer celui-là. D’ailleurs, personne ne semblait s’inquiéter outre mesure. Les blagues de Derek étaient du plus bel effet sur le moral des troupes. Mais effectivement, c'était inefficace sur Myträ. Elle préférait se ronger les sangs une bonne fois pour toute et se plonger dans l’action une fois l’heure venue. Aussi se fermait-elle totalement pour méditer sur ce qu’elle aurait à faire, refaisant tous les scénarios dans sa tête. Elle n’avait pas le temps de faire dans le social.

-Merci, céda-t-elle laconiquement.

La capitaine n’accorda aucun regard au sergent qui passait devant elle pour enfiler sa propre armure. Elle l’entendit s’y faufiler et commencer à attacher les fixations. Elle avait conscience de ne pas être très avenante, aussi se fit-elle violence pour être un peu plus abordable. Avec un soupir, elle fit sauter le gorgerin de sa propre armure assistée, libérant ses épaules. C’était la seule fixation qui emprisonnait la pilote dans sa machine ; l’avantage d’en avoir une faite sur-mesure. Telle une mante s’extrayant de sa chrysalide, elle sortit de l’armure avec souplesse. D’une petite pirouette, elle souleva son corps, libéra ses longues jambes semblables à deux lames jumelles tirées de leur fourreau, et se posa délicatement sur le sol de zinc.

- Laisse-moi t’aider, dit-elle en attrapant les fixations de l’armure assistée.

Toujours sans croiser son regard, elle se mit à attacher les divers sangles et verrous qui composaient la machine. Pas qu'Adam s’y prenait mal, mais ça lui donnait surtout une contenance pour échanger quelques mots avec son subordonné. Myträ faisait un très gros effort en ce moment même, il fallait lui en rendre grâce.

- C’est une bonne armure. Simple et efficace. Plus l’armure est compliquée, plus elle a de points faibles. Celle-ci vient des usines d’Änkar et est produite sur une chaine de production depuis 912. A force de faire toujours la même chose à cause du travail à la chaine, les ouvriers ont tendances à trop serrer la jointure au niveau de l’épaule – elle donna un coup sur la spalière et sembla satisfaite par le grincement plaintif qui s’en dégagea – mais, il semblerait que tes mécanos aient fait du bon boulot pour corriger ce défaut.

Cependant, Myträ ne semblait pas en avoir fini avec son inspection. Elle s’accroupît devant l’armure de série et tâtonna quelques secondes au niveau de l’entrecuisse du sergent. Ses doigts se faufilèrent dans un interstice, elle attrapa alors l’intérieur de sa jambe et pinça vicieusement la peau fine. Fière d’elle, elle remonta à hauteur d’Adam – autant qu’elle le put du bas de son mètre soixante-dix - pour afficher une moue amusée ; son museau pincé d’un air espiègle.

- Elle a aussi une faiblesse à l’aine, l’informa-t-elle avec un petit sourire. En cas de grenade à fragmentation, pense à garder tes jambes serrées… Petite dévergondée.

Dans une armure assistée, la pièce la plus vulnérable était évidemment son pilote. Lorsqu’on connait la faiblesse d’une armure, le plus simple reste de tuer l’homme à l’intérieur plutôt que de s’acharner sur son blindage. Les rebelles voudraient sans doute s’équiper du matériel volé, semblable à celui d’Adam. Ils allaient profondément regretter ce choix hasardeux qui est de se servir d’une telle machine sans avoir la formation adéquate. Quand Myträ en aura fini avec eux, les armures n’auront pas une seule égratignure, mais nécessiteront un nettoyage méticuleux..

Un signal sonore retentit dans la carlingue, indiquant que la cible n’était plus qu’à un kilomètre. Myträ reprit son air de pince sans rire et sauta dans son armure. Cette dernière poussa un ronflement grave tandis que le bruleur s’allumait pour porter à ébullition le conteneur à eau. La pression augmenta lentement dans le circuit jusqu’à ce que Myträ déclenche la purge des tuyaux. L’armure laissa alors un échapper une épaisse fumée d’air sec que venait remplacer la vapeur brulante. Ca y est ! Le monstre de métal venait de se réveiller et échafaudait ses premiers mouvements hésitants. Les vérins lâchèrent une longue note flutée alors qu’ils buvaient l’huile avec gourmandise. Une série de capteurs et de jauges prenaient également vie et rendaient compte des signes vitaux de la machine comme pour compléter la symbiose avec sa pilote. Le mariage de la vapeur et des muscles, de la chair et de l’acier, venait d’être consommé.

Une lumière rouge s’alluma soudain alors que la corvette avait considérablement ralentie et volait désormais à basse altitude. La troupe de soldat était plongée dans cette lumière monochrome, la peignant de sa teinte écarlate. Myträ se présenta devant le sas et l’ouvrit en laissant l’air s’engouffrer dans la carlingue. La porcelaine de sa peau renvoyait l’image rougie de son visage creusé de trois profondes ravines noires, et sa chevelure rouge comme le feu lui donnait un air démoniaque. Elle était sur le point de faire un discours édifiant dont seul était capable le diable déversant ses armées sur le monde des hommes.

- Sautez…

Suite à ce discours charismatique destiné à fouetter le sang de ses soldats et leur donner du cœur à l’ouvrage, Myträ montra l’exemple et se jeta dans le vide. Les poings en avant, les bras mécaniques agissaient comme deux immenses amortisseurs. Ils s’écrasèrent sur le sol dans une tempête de vapeur qui gela instantanément, aussitôt soufflée par les vents d’Hinaus trop heureux de s’accaparer ce petit blizzard artificiel.

Suite à cet atterrissage, Myträ leva les yeux sur la corvette, s’assurant qu’elle était hors de vue des rebelles. Un léger filet de vapeur s’échappa de sa bouche cette fois, tandis qu’elle observait ses hommes descendre de la façon qui leur paraitra la meilleure. Après tout, ils étaient censés être formés au largage par corvette. Enfin… probablement.

Adam Vaughn
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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyMar 8 Mai - 17:12
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Le sergent fut quelque peu surpris lorsqu’il vit la Capitaine sortir de sa coquille pour venir l’aider. Il n’allait pas s’en plaindre. Bien que commençant à être rodé à revêtir son costume de métal, il n’était pas encore tout à fait au point. Il prit bien note des félicitations de l’officier pour ses mécaniciens et leur en ferait part, en plus de ses propres remerciements. Même si Mouse lui avait dit qu’ils ne faisaient que leur travail, il trouvait normal de dire qu’ils le faisaient bien, même très bien.

Le jeune homme prit peur en sentant la main de son chef plonger dans l’interstice de la partie médiane de son armure. Il n’était pas tout à fait rassuré par la tournure des choses. Autant jusque-là il appréciait l’aide, autant il commençait à revoir son jugement. La main de quelqu’un près de ses attributs masculins, surtout celle de quelqu’un à qui il ne pouvait désobéir, le mettait particulièrement mal à l’aise. Heureusement, ce moment se termina bien rapidement, par un simple pincement sur une partie qui n’était pas ses bijoux de familles. Il préféra ne pas prendre ombrage du terme utilisé pour le nommer, mettant ça sur le compte d’une blague militaire.

Lorsque le signal leur indiquant l’arrivée à bon port retentit, il mit toute cette discussion dans un coin de sa tête. Prenant son marteau, désormais plus facile à manier grâce à son entrainement intensif et l’aide de son armure, il se prépara à l’atterrissage. Il n’avait pas encore fait d’exercice du style, mais il se dit que cela ne devait pas être bien difficile. Il observa bien la capitaine dans son saut et son atterrissage, essayant de voir comment elle s’y prenait. Sauf qu’avec son arme, il ne pouvait pas faire de même. Il observa le sol, et se lança, ne réfléchissant pas d’avantage. Désormais, l’intellect ne pourrait plus grand-chose pour eux. Il n’y avait que leur savoir-faire et leurs réflexes qui pouvaient les aider.

Le jeune soldat atterrit sur ses deux jambes, mais la force de l’impact, ainsi que le fait de s’être lancé d’un appareil en vol, le déséquilibra. Il se retrouva donc à faire une roulade, et se laissa deux secondes pour remettre son cerveau en place, avant de relever sa carcasse en s’aidant de son marteau. Il regarda autour de lui et s’aperçu qu’ils avaient été largués dans une clairière, en lisière de la forêt. Cela permettrait aux deux équipes de se séparer et se mettre en place sans éveiller les soupçons. L’équipe des éclaireurs était en train de préparer. Eux aussi se relevaient de leur saut, n’ayant pas eu d’armure pour amortir la vitesse. Quant au Major Brohm, il avait réussi l’exploit d’être debout après la Capitaine mais avant tous les autres, sans que son énorme bouclier ait fait le moindre bruit. Ce gars était un sacré soldat, pas étonnant qu’il soit dans l’équipe de la capitaine.

Mettant son arme sur son épaule, Adam chercha la direction du Sud, alors que l’autre équipe semblait chercher la direction opposée. Une fois qu’il pensait avoir trouvé, il s’avança, suivit par la Major. Ils devaient être arrivés à la même conclusion. Chacun attendait ainsi les ordres de l’officier en charge.

Le sergent, bien qu’il n’ait pas peur, se sentait trembloter dans son armure. L’adrénaline était en train de le gagner. Il y était…son premier vrai combat. Face à ce constat, il devait seulement espérer revenir en vie sans commettre de faute sanctionnable.  Derek devait sentir sa fébrilité car il lui glissa quelques mots bourrus.

« _On va régler cette histoire en deux temps trois mouvements. »

Adam ne put qu’acquiescer, faisant légèrement pencher sa tête métallique, les mots refusant de passer ses lèvres. Ce fut à ce moment-là que le vent leur porta les murmures de la vie s’étant installée dans les bois : quelques voix lointaines entrecoupées par les tirs des armes magnum. Pas de doute, ils avaient visé le bon endroit.

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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyMer 16 Mai - 17:43
La mission venait de commencer et toute angoisse avait quittée Myträ. Elle était simplement concentrée sur une tâche où elle se savait talentueuse. A savoir éliminer des adversaires et mener des soldats à la bataille. Mais son état de calme relatif ne lui déliait pas pour autant la langue. Les deux groupes d’intervention étaient sur le point de se séparer et la tension était palpable dans les rangs. Elle aurait probablement dû dire quelque chose pour dissiper la peur parmi les bleus mais heureusement, c’est Derek qui s’en chargea.

« _On va régler cette histoire en deux temps trois mouvements. »

- Tirez une fusée en l’air si vous êtes repéré avant d’atteindre le camp et que vous engagé le combat avant l’heure convenue, ordonna Myträ au groupe Nord. On vous rejoindra le plus rapidement possible sur votre position. En avant !

Sur ces mots, la capitaine fit volteface et s’assura d’un rapide coup d’œil que Derek et Adam la suivait. Le chemin qu’ils prenaient contournait le camp par le sud. Ainsi ils pourraient fondre sur les rebelles par derrière. Possible qu’il y ait des sentinelles, mais les rebelles n’étaient pas en nombre suffisant pour caresser l’espoir de tenir leur position en cas d’assaut de l’armée. Leur effort était probablement concentré sur l’évacuation du matériel militaire vers les différentes planques qu’ils avaient dans la région.

La discrétion était évidemment un impératif mais contrairement à ce qu’on pourrait s’imaginer, les armures ne faisaient pas un boucan du diable. Elles tiraient leur énergie de la mise sous pression d’un réservoir d'eau, et non d’un moteur à explosion. On n’entendait que les cliquetis du métal qui se détendait sous la pression, les grincements des vérins et le bruit sourd des pas sur l’humus. Ces sons étaient tout de même assez forts pour rendre inutile le silence entre les soldats.

- Pourquoi tu es rentré dans l’armée, Adam ? Demanda Myträ de but en blanc.

- C’est un piège, gronda Derek de sa grosse voix. Elle demande ça à tout le monde. Te fais pas avoir Vaughn.

Myträ fit claquer sa langue d’un air impatient et coula un regard agacé à son major. C’est vrai qu’elle posait souvent cette question aux soldats, mais c’était seulement parce ça l’intéressait. C’est toujours une bonne chose de savoir pourquoi la personne qui couvre vos arrières a un jour pris la décision de risquer sa vie. Quelle que soit la réponse du sergent - et s’il ne l’éludait pas - Myträ resterait imperturbable. Elle gardait son jugement pour elle-même.

Des arbres squelettiques bloquaient désormais l’horizon qui se muait en un kaléidoscope d’écorce et de glace s’étendant à perte de vue. Des mottes de neige éparses égayaient parfois ce parterre morne de brindilles et de feuilles en décomposition. Ca sentaient bon la terre et le bois humide mais il n’y avait aucun mouvement dans cet univers de glace et de végétation en sommeil. Seulement quelques gerbes de volatiles s’éparpillant à l’approche des humains. Et puis, il y avait ces deux types qui s’étaient figés dans leur corvée de ramassage du bois. Leur fagot entre les bras, ils regardaient avec de grandes billes écarquillées les deux armures assistées et le géant au bouclier. Un ange passa, puis les deux rebelles lâchèrent leur fardeau et s’enfuirent comme un seul homme.

- Je prends celui de gauche, annonça Myträ. Ils ne doivent pas sonner l’alerte.

Ce n’était pas à Derek qu’elle s’adressait mais bien à Adam. Le géant était trop lent pour rattraper les fuyards, alors que ceux-ci pouvaient difficilement échapper à une armure assistée. La capitaine allait enfin pouvoir vérifier si Adam était fiable ou s’il valait mieux ne pas compter sur lui.

L’armure assistée s’élança en avant, faisant peu cas des arbres rachitiques qui tentaient de ralentir sa charge. L’homme à pied n’avait aucune chance de lui échapper. Il le savait probablement mais s’en remettait à un miracle pour le sauver. Miracle qui ne vint pas car l’armure percuta son dos pour le faire chuter au sol. Il n’eut pas le temps de se relever qu’une grosse main métallique lui attrapa la tête.

Myträ serra le poing, aussitôt suivi par le mimétisme de la machine qui n’esquissa même pas l’ombre d’un effort pour faire éclater le crâne du rebelle comme un melon. C’était terrifiant de voir à quel point l’os et la chair ne faisait pas le poids face à la vapeur et l’acier. Pas un seul grincement plaintif pour exprimer la difficulté que cela représente de tuer un être humain. La machine était d’une froideur et d’une efficacité sans égale.

Comme à chaque fois qu’elle tuait, la capitaine se fermait à toute émotion et ses actes n’étaient dictés que par le pragmatisme. D’ailleurs, ce n’était pas de la culpabilité dont Myträ avait le plus peur, mais du plaisir et de la jubilation du meurtre. Pas besoin d’être un monstre pour ressentir ce triomphe extatique lors de l’élimination d’un ennemi. Il guettait tous les soldats. Certains ne cherchaient d’ailleurs pas à le contenir. Mais pour Myträ, c’était une sensation trop effrayante. Elle préférait voir les choses de façon pratique : elle avait détruit un ennemi qui aurait pu donner l’alerte et compromettre sa mission. C’est tout.

Myträ mit le cadavre de côté et jeta un coup d’œil vers Adam pour voir comment il s’en sortait. Elle se tenait bien entendu prête à intervenir elle-même si c’était nécessaire, n’accordant guère sa confiance à un soldat dont elle connaissait pas la valeur.

Adam Vaughn
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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyJeu 17 Mai - 18:52
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La Capitaine donna les dernières instructions avant la séparation et n’attendit pas beaucoup plus, même pas du tout, pour se lancer dans l’action. Les deux montagnes qu’étaient Adam et Derek ne purent que suivre ce brin de femme, sur le rythme régulier du grincement métallique qu’ils produisaient tous les trois. En effet, le bouclier de Brohm tapait parfois le sol malgré ses efforts, et produisait un bruit plus sourd encore que le pas des armures.

La question de Mytra surprit Adam, qui ne s’attendait pas à une question d’ordre personnelle en pleine forêt, alors qu’ils s’apprêtaient à casser du rebelle. L’officier était décidément quelqu’un d’étrange, avec une perception bien à elle des choses, qui différait avec celle du commun des mortels. Le Major n’était pas en reste puisqu’il prit part à la discussion comme si de rien n’était. En fait, c’était toute leur section qui devait un peu…particulière. Le Sergent se reprit, après tout son bataillon n’était pas mieux, répondant à la question de sa supérieure malgré tout.

« _C’est un rêve de gosse Capitaine. Je veux pouvoir aider les gens qui ne peuvent pas se défendre tout seul. Ca parait peut-être bateau mais c’est ma raison. »

Certains pourraient le traiter d’idéaliste, d’autres de naïf. Il était certainement un peu des deux. Il n’avait pas besoin de rajouter que son grand-père l’avait de maintes fois poussé à s’engager auparavant, il n’avait pas envie que ce fait s’éparpille au camp. La culpabilité d’être resté des années à Rocéas quasi-uniquement par vengeance lui suffisait amplement sans que des étrangers en rajoutent une couche.

Ils n’eurent pas le temps de s’appesantir sur toute cette conversation philosophique alors qu’ils s’enfonçaient plus loin dans la forêt, car leurs premiers ennemis furent enfin devant eux. Le bois qu’ils portaient était à peine par terre qu’Adam reçu ses ordres : s’occuper du deuxième homme. Il courut donc après le second rebelle, redondance de son entrainement récent. Le fuyard, à quelques centimètres de sa main pendant toute la courte course poursuite, se dirigeait vers un talus pentu et étroit où l’armure n’aurait pas pu le suivre. Avant de perdre du terrain, le soldat décida donc d’utiliser son marteau pour arrêter définitivement la course. Il fit prendre de l’élan à son arme avant que la tête métallique n’aille s’écraser sous les omoplates de ce qui était désormais un cadavre. Le craquement des os, le souffle brusquement coupé et le sang qui s’écoulait abondamment par la bouche de l’homme ne trompaient pas sur son sort. Il était mort, et tous les organes de sa cage thoracique devaient être perforés ou écrasés sous la pression du coup reçu.

C’était la première victime d’Adam sur le champ de bataille, et il décida d’écarter toute pensée à ce sujet pour le moment. Il ne garda que la nouvelle montée d’adrénaline qui l’avait envahi lorsqu’il avait démarré sa course, il en aurait certainement besoin pour la suite. Il prit parti de trainer l’amas de chair à ses pieds jusqu’à l’arrière d’un arbre afin que la découverte n’en soit que plus difficile, puis il recouvrit les trainées de sang de neige fraiche. Le seul signe de leur passage serait les grandes traces de pas, ce qui n’était pas suffisant pour donner l’alerte. A part aussi quelques bouts de crâne restant du rebelle de la capitaine.

Le Major, qui avait profité de ce petit combat pour s’avancer, leur fit signe de s’approcher. Il était devant la pente, à un endroit où elle semblait plus douce et accessible, mais surtout plus dégagé. En le rejoignant, le sergent aperçu leur objectif, dont toute la partie Est était pourtant dissimulée. Le camp était en effet relativement petit pour une attaque avec autant de répercutions. Adam comptait en tout six tentes, de grandeurs différentes, avec une tranchée tracée tout autour en guise de protection. Une dizaine d’homme semblait monter la garde, alors que d’autres s’affairaient d’une tente à une autre. Le bruit des armes retentissait toujours, sauf que le Sergent n’arrivait pas à déterminer d’où cela provenait.

Il tourna la tête vers l’officier, attendant ses ordres pour la suite. Il espérait que ça se passe bien pour l’autre escouade.

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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyVen 18 Mai - 19:02
Comme prévu Myträ ne laissa échapper aucun commentaire ou expression après avoir entendu la réponse d’Adam. Cependant, elle en était satisfaite. « Défendre ceux qui n’en sont pas capable eux-mêmes ». Myträ partageait mot pour mot cette conception idéaliste de l’armée. Une société civilisée ne peut pas reposer sur le règne de la violence, même si elle est nécessaire pour sa survie. La solution était de prendre les individus les moins talentueux parmi cette société et de les confronter à la guerre, pour que les autres n’aient pas à la faire ou la subir. Pour Myträ, c’est la seule raison d’être de l’armée. Elle se battait afin qu’aucun citoyen n'y soit contraint. Les poètes, les scientifiques, les entrepreneurs, tout ce petit monde qui faisait de Daënar la plus grande des nations. Les militaires comme Myträ et Adam s’assuraient que ces talents n’aient jamais à tenir une arme de toute leur vie. Libéré du besoin de se défendre, ils pouvaient ainsi se concentrer à des objectifs supérieurs, à la manière d’une pyramide de Maslow.

Derek s’approcha du cadavre abattu d’un coup de marteau. Il était mort vite et bien. Les deux officiers des Forces Expérimentales étaient particulièrement satisfaits de Vaughn. Il n’avait pas hésité. Il avait fait son devoir.

- Propre, commenta le géant. Ça c’est du propre. Pas comme toi, Myträ ! T'es dégueulasse ! T’en as partout.

Effectivement, l’armure assistée de la blonde était maculée de sang et d’humeurs cérébrales, sans parler du crâne de sa pauvre victime qui ressemblait à un ballon de foot dégonflé.

- Vous vous oubliez, Major. Ne vous avisez pas de me tutoyer en mission, le réprimanda-t-elle. Sergent, bien joué.

La capitaine rejoignit le major qui semblait avoir trouvé le camp ennemi et, d’un signe tactique, imposa un silence absolu. Il était effectivement visible, à moitié dissimulé dans une petite cuvette naturelle. De toute évidence, le campement jouait davantage sur la discrétion que sur le côté défensif. La hauteur était définitivement à l’avantage des attaquants et c’était une très bonne nouvelle. La tranchée n’était pas très profonde et ne serait pas un obstacle pour les armures assistées. Ça en sera une pour Derek mais avec un peu d’aide, il le surmontera aisément. Maintenant qu’ils étaient postés là, il n’avait plus qu’à attendre le signal. En espérant que ce soit la détonation d’un fusil et non une fusée de détresse. Dans les deux cas, le groupe de Myträ devrait foncer sur le campement.

* * *

La Major Cromwell avait bien entendu prit le commandement. En l’absence du Capitaine Andreïev, elle était le plus haut gradée du groupe des fusiliers. C’était une grande brune au regard gris qui d’habitude très enjouée, gardait aujourd’hui un air pincé. C’était la première fois qu’elle menait ses hommes lors d’une attaque d’envergure. Ceux-ci se déplaçaient dans les sous-bois avec la plus grande discrétion, sachant que de cela dépendrait le succès ou l’échec de la mission. Par une heureuse fortune, ils ne rencontrèrent aucun rebelle. Telles des ombres entre les silhouettes cagneuses des arbres, ils se rapprochaient du campement et faillirent même ne pas le voir caché derrière le relief. En contrebas, on pouvait apercevoir les rebelles charger des traineaux avec de grandes caisses de pin visiblement très lourdes. Ceux avec la meilleure vue discernaient le sceau de l’armée peint sur le bois grossier. Des rebelles harnachés dans des armures assistées volées assuraient la manutention des caisses d’équipements, tandis que d’autres, fusils en bandoulière, aidaient à les attacher.

A la faveur de quelques signes tactiques, la Major dispersa ses hommes conformément aux directives du capitaine, et ce, même s’il n’y avait pas d’armes de classe Magnum en vue. Ce n’était pas les couverts qui manquaient entre les arbres et les rochers. Les fusiliers formèrent un arc de cercle dont le ventre concave était dirigé vers l’entrée Nord du campement. La Major laissa ses hommes s’installer et leva le bras. Elle hésita quelques instants sachant que son signal lancerait le début du combat, mais finit par l'abaisser.

Les soldats répondirent par une salve qui faucha des rebelles totalement pris au dépourvus. La surprise ne fut pourtant qu’éphémère car ces hommes étaient rompus à la guérilla et aux embuscades. Ils ne paniquèrent pas et trouvèrent aussitôt un couvert, identifiant très rapidement par où venait les tirs. A peine les fusiliers avaient déchargé trois ou quatre cartouches que les ripostes commençaient à siffler à leurs oreilles.

A priori, le plan fonctionnait comme prévu. L’attention des rebelles étaient totalement accaparée par les fusiliers. Il ne restait plus au groupe de fantassins lourds que de tomber sur leurs arrières avec leur armures assistées.

Adam Vaughn
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Opération : Rendre à César [terminé] EmptySam 19 Mai - 10:32
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Le bruit des premières balles retentit dans la cuvette et tout autour, permettant au petit groupe de faucheurs de connaitre le signal de départ. L’escouade Nord fut efficace car la première salve mit au sol sept des dix rebelles en garde que le Sergent avait compté. Il ne savait pas si ils étaient morts ou simplement blessé, et ce n’était pas le sujet, en tous cas ils ne les dérangeraient plus pour le moment. La surprise avait été de courte durée, les renforts étaient en train d’affluer des tentes et de la partie qui leur était encore cachée. Adam tenta un compte rapide, et c’est à peu près une trentaine d’hommes supplémentaire qui affluaient vers la distraction.

Désormais quasiment sûrs que la majorité d’entre eux étaient occupés, le second groupe pouvait rentrer en action. Le Major s’élança en premier, son bouclier en avant pour leur assurer une protection anti-balles. La descente se fit prudemment pour ne pas risquer de chute idiote, qui les aurait ralentis et fait remarqués. Arrivés à la tranchée, Les deux armures assistées poussèrent l’homme au bouclier pour l’aider à atteindre le cœur du camp.

Jusqu’à ce moment-là, ils n’avaient pas été repérés grâce à la merveilleuse diversion. L’équipe de Cromwell jouait à cache-cache avec les rebelles, égrenant le temps pour eux. Quelques fumigènes avaient déjà été utilisés à la vue du brouillard épais dans la zone de combat. Malheureusement, ceux restés en arrière pour s’occuper des armes étaient finalement les plus dangereux car dans les armures volées. Peu étaient ceux qui pouvaient tenter d’utiliser ces engins sans formation, aussi, seules 5 d’entre elles étaient en service. Mytra et lui étaient plus expérimentés et pourraient certainement en  venir à bout malgré leur infériorité numérique.

En voyant la similitude de la ferraille face à lui avec sa propre carapace, il se rappela brièvement de la faiblesse dont avait parlé la Capitaine dans l’aéronef. Le souvenir d’une main passant par son aine avait été marquant, et désormais il comprenait l’importance que cela revêtait. Les hommes inexpérimentés étaient gourds, tels des nourrissons qui apprennent à marcher, et il fallait profiter de l’avantage qu’ils avaient à être beaucoup plus entrainés au maniement des bêtes de fer.

Restait à trouver le moyen d’atteindre cette faiblesse de fabrication. Adam passa mentalement ses options en quelques courtes secondes. Son marteau étaient fait pour les dégâts de masse, même le manche était trop gros et pas assez pratique pour atteindre un point aussi précis. Il pouvait certainement trouver des branches solides ou tout autre objet pouvant faire office de lance, mais le constat était le même, l’espace était beaucoup trop étroit pour qu’il puisse y insérer lui-même un objet. Il ne lui restait que les grenades. Ces fameuses grenades expérimentales que lui avait donné l’intendant

On a rajouté deux grenades magithèques à la goupille blanche. Il faut la lancer dans le ciel, et une pluie de cailloux se déclenchera. Attention c’est expérimental, mais ça peut toujours servir.

Et si au lieu de les lancer dans le ciel, il les lançaient par terre, l’explosion permettrait-elle de faire passer de quoi blesser les hommes enfermés dans le métal ? La seule chose qui permettrait de le savoir serait d’essayer. Adam prit une des petites bombes, la dégoupilla et la lança entre deux cibles métalliques. Une seconde et demie après avoir touché le sol, l’explosion eut lieu.

Au lieu des petites pierres attendues, ce furent des pics rocailleux d’un peu plus de cinquante centimètres qui étaient sortis de terre à l’endroit de l’explosion, embrochant les jambes des rebelles. Malgré le bruit ambiant, Adam entendit les cris des rebelles dont la chair venait d’être transpercée. L’armée tenait certainement à récupérer le maximum de matériel sans dégâts. Il savait ce que coûtait les armures, mais sauver la vie de concitoyens n’avait pas de prix, aussi le soldat prit le parti de se diriger vers les deux ennemis. Il se planta devant l’un d’eux et propulsa violemment le bloc épais de son arme contre la tête du rebelle. L’élan et le poids firent leur office, faisant voler le casque quelques mètres plus loin, ne laissant face au militaire qu’un corps décapité. Son camarade n’avait pas bougé d’un poil jusque-là et reçu le même sort. Les casques ensanglantés finissaient à peine de rouler que le Sergent se tourna vers ce qu’il n’avait pas encore pû voir du campement.

Une énorme tente était dressée, et un drapeau flottait devant. Adam le reconnu très clairement pour l’avoir croisé plusieurs fois dans sa vie : sur fond noir, un chariot de mine blanc, surmonté d’un gant d’armure. C’était le signe des mineurs de Celeist, ceux qui étaient assignés à l’extraction de la magilithe. Son grand-père lui avait expliqué que le gant représentait toutes les protections qu’il leur était nécessaire de posséder pour extraire ce minéral si puissant et dangereux. Pour Adam, la mission revêtait en cet instant une nouvelle dimension avec un goût amer. Tous ces hommes étaient probablement des mineurs cette ville du bout du monde. Bien que désormais soldat, il ne pouvait renier ses racines. Pour lui, les mineurs était sa grande famille, avec comme partout ses mauvais moments. Le sergent ne comprenait pas que ses camarades puissent être des terroristes en puissance. Ca n’avait strictement aucun sens.

Il retourna vers la Capitaine et le Major pour leur faire part de cette découverte alors qu’eux-mêmes semblaient s’être défaits de leurs adversaires. Pour l’instant aucun autre rebelle n’avait découvert leur entrée clandestine.

« Capitaine, ce ne sont pas des terroristes ! Ce sont des mineurs de Celeist ! »

Pour lui ça voulait tout dire, pour l’officier ça n’avait peut-être pas grande différence.

***

Du côté Nord du camp

Cromwell vit les premiers hommes tomber sous les balles de ses hommes. Le bruit de l’échange de balles avait attiré d’autant plus de rebelles, certains armés des revolvers magnum volés. Elle put même apercevoir un homme se diriger vers un prototype de mitraillette. C’était sans doute l’arme qui avait tiré sur la corvette de reconnaissance, et celle qui risquait de leur faire le plus mal. Si les balles pouvaient perforer la flotte volante, elle pouvait trouer les arbres aussi.

La Major fit signe à un des hommes de se concentrer sur cet objectif, pendant que les autres continueraient à descendre les rebelles. Un des soldats sous ses ordres reçu une balle dans le bras, et les trois autres semblaient en difficulté pour trouver une ouverture de tir. Elle donna alors l’ordre d’utiliser les premiers fumigènes pour leur donner un instant de répit. Surtout qu’elle avait remarqué que les plus intrépides ennemis se dirigeaient vers la pente pour venir vers eux. La vue des grenades les avait fait retourner derrière la tranchée.

L’équipe du Sud était enfin rentrée sur le camp et avait commencé le ménage, elle pouvait donc accorder cette pause tactique à ses hommes, avant d’ordonner des tirs à l’aveugle le temps que la fumée s’éclaircisse. En regardant comptant le stock qu’ils avaient, elle pouvait alterner plusieurs fois entre les différentes grandes et faire tenir ses hommes à distance un moment.

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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyMer 23 Mai - 18:31
Les balles faisaient résonner le bouclier de Derek comme un carillon fou. Les deux armures assistées aidaient l’homme à progresser sur le terrain inégal tout en profitant de sa protection impénétrable. Myträ tirait sporadiquement sur les pauvres diables à découvert à l’aide de sa fidèle Winchester polymorphique, mais c’était surtout un moyen pour prendre son mal en patience en attendant le corps-à-corps.

Lorsque le trio fut assez proche de l’ennemi, la formation du groupe Sud se dispersa. Myträ visait en priorité les terroristes équipés d’armures assistées. Contrairement à ce à quoi elle s’attendait, ils n’étaient pas si inexpérimentés dans le maniement de ces dernières. Au moins, savaient-ils bouger avec sans avoir l’air de boites de conserve rouillées. Cependant, cela n’augmentait guère leur chance de survie face à la capitaine des Forces Expérimentales.

D’un coup d’index, Myträ actionna une commande à l‘intérieur du gantelet métallique de l’armure. L’ordre mécanique se propagea le long du bras jusqu’à arriver au servomoteur qui fit sauter le pignon de la transmission pour le remplacer par un plus petit. Telles les vitesses d’une voiture, les pignons influençaient sur le couple du moteur à vapeur. Myträ venait de sacrifier de la force en échange de vitesse.

C’est donc comme une panthère que l’armure assistée bondit en avant avec une vitesse quasi impensable pour une machine aussi pataude. Le rapport de force brute était clairement au désavantage de la blonde même en considérant la différence de qualité entre les armures, mais elle ne comptait pas faire durer le combat. Myträ arriva à portée d’une armure et tout en ignorant son adversaire qui tentait de la saisir pour l’emmener dans une lutte interminable, elle glissa la lame de son épée dans la faiblesse de la cuirasse, tranchant net une bonne moitié de sa jambe.

Le pilote se mit à paniquer à l’intérieur de son cercueil de métal, ne pouvant absolument rien faire pour endiguer le flot de sang qui s’écoulait de sa blessure. Il était coincé dans sa machine et était dans l’impossibilité de se faire un simple garrot. L’homme le savait. Il mourut avec la terreur imprimée sur son visage blême. Quelle atroce façon de succomber !

Ce funeste destin n’émouvait guère la capitaine qui fit subir le même traitement à son adversaire suivant. Elle ne perdait pas de temps en empoignades inutiles et cherchait à tuer le pilote plutôt qu’à détruire sa machine. De son côté, Adam en élimina une bonne poignée grâce à ses grenades expérimentales. La rigueur de la capitaine ne lui faisait pas cautionner l’utilisation de ce genre d’armes. Cela s’affiliait trop à la magie. Mais si ces armes se trouvaient dans l’armurerie, elles étaient forcement approuvées et testées.

Lors d’un fugace répit au cours de la bataille, Adam lui donna une information dont elle ne savait pas vraiment quoi faire. Ces terroristes étaient, semble-t-il, des mineurs de Celeist. Peut-être des travailleurs exploités qui voulaient se trouver une nouvelle vie plus exaltante dans la résistance ? Myträ n’était pas très douée pour deviner les motivations de ces gens-là. Au moins, la capitaine comprenait pourquoi ses ennemis savaient se servir des armures. Ils étaient sans doute habitués à manier des exosquelettes lors de leurs travaux. Outre ce constat peu utile, Terroriste… Mineur… Où était la nuance ?

- Ces deux termes ne sont pas incompatibles, Sergent, trancha-t-elle au bout du compte.

La blonde plaquée d’acier haussa des spalières. Elle voyait bien que son sergent était troublé et essayant de lui dire quelque chose d’important, mais elle ne comprenait pas où il voulait en venir. La capitaine embrassa le champ de bataille d’un regard circulaire. Son bataillon était en train de prendre un avantage certain. Les rebelles pris à revers étaient en pleine déroute, tentant de fuir les armures assistées et se faisant aussitôt abattre par les fusiliers dès qu’ils sortaient de leur couvert.

- Tu peux faire des prisonniers, Vaughn, autorisa Myträ, pensant que c’est ce qu’il voulait entendre.

Soudain, la capitaine disparut tout simplement du champ de vision de son subordonné, puis une formidable explosion retentit à postériori. Myträ et son armure venaient d’être projetées sur un arbre à une dizaine de mètres plus loin. L’épaisse protection d’acier dans le dos de l’armure était complètement enfoncée et de multiples jets de vapeur brulants s’échappaient de l’exosquelette en charpie. Un début d’incendie commença même lorsque le contenu du réservoir d’essence percé se répandit sur le bruleur.

L’encolure de l’armure sauta aussitôt et la silhouette de la capitaine se dégagea de sa machine. Mais, son atterrissage sur la terre ferme n’avait pas la même grâce que sa précédente sortie à l'intérieur de la corvette. Myträ retomba lourdement sur le sol de la forêt. Le bras de sa combinaison était en feu et elle eut la présence d’esprit de le frotter frénétiquement sur l’humus humide pour l’étouffer. Difficile de savoir quelle était l’étendue de ses blessures mais elle semblait toujours en état de commander car elle pointa un doigt sur les caisses volées.

- Vaughn ! cria-t-elle d’une voix douloureuse. Sécurise le stock… de Magnum !

En effet, à couvert derrière les larges caisses en bois, deux terroristes pointaient un énorme canon encore fumant. La puissante arme, spécialité des ingénieurs d’Hinaus, venait de détruire l’armure de Myträ en une seule déflagration. Tel était le pouvoir terrifiant de cette arme, même si son maniement n’était guère aisé pour des humains sans exosquelette.

Suite à cet ordre, Myträ se plia en deux et toussa un flot de sang. Elle-même ne savait pas encore à quel point elle était touchée. Elle avait été quasiment assommée par le choc du tir, ne reprenant ses esprits qu’au sifflement de vapeur de sa machine agonisante. Elle avait eu le réflexe de faire sauter le gorgerin de l’armure et de s’en extraire en urgence, l’adrénaline lui faisant ignorer toutes ses éventuelles blessures.




Adam Vaughn
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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyJeu 31 Mai - 19:46
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- Ces deux termes ne sont pas incompatibles, Sergent,

La sentence semblait irrévocable pour la Capitaine. Mais elle ne comprenait pas, elle n’avait pas vécue parmi eux. Adam était né à Rocéas, il avait grandi et vécu dans ce milieu. Ces gens avaient très certainement une bonne raison pour être ici et avoir volé tout ce matériel. Alors lorsqu’il eut confirmation que faire des prisonniers était possible, le sergent fut requinqué, il pourrait trouver le fin mot de l’histoire et arrêter le massacre là.

Sauf qu’en voyant sa chef valdinguer contre un arbre, suite à une décharge d’énergie reçue, la position qu’il devait tenir redevint encore plus trouble. Surtout lorsque la jeune femme sortie complètement ensanglantée de sa carapace d’acier. Aucune partie de son corps ne semblait épargnée par le liquide écarlate, qui s’échappait aussi par sa bouche. Le premier réflexe du jeune homme aurait été d’aller lui porter secours, sauf que dans leur situation ça n’aurait pas avancé les choses. De plus, sa remarquable chef avait eu la force de lui donner un dernier ordre : sécuriser le stock. Autrement dit, s’occuper des deux malins qui avaient cru bon d’utiliser cette arme de destruction contre un soldat en armure assistée. Il n’avait donc pas le loisir de s’inquiéter, il devait reprendre le flambeau.

Le Sergent allait accomplir sa mission, mais avant il devait s’assurer que Mytra soit à l’abri. Dans sa position et dans son état actuel elle n’était pas capable de le faire seule. Il alpagua donc Derek à l’aide d’un sifflement. Celui-ci n’avait pas vu la situation malgré le boucan de l’arme qui relâchait le trop d’énergie.

« _Je te laisses mettre la Capitaine à couvert, je prends la suite. »

Le Major n’eût pas d’hésitation avant de se reculer en direction de son supérieur et de mettre son bouclier en réflexion des moindres projectiles qui pourrait les atteindre tous les deux. Adam ne s’attarda pas et décida de s’occuper des deux imbéciles qui tentaient de remettre l’arme en route. Le canon était certes extrêmement puissant, mais le contrecoup était un temps de recharge assez long et la remise en charge assez complexe. Voilà pourquoi n’importe qui ne pouvait pas prétendre à les manier, et surtout pas seul. En regardant vers le Nord, il vit que le rang des rebelles s’éclaircirait à vue d’œil, il n’avait donc pas à s’en préoccuper pour l’instant, le son de la fusillade continuait à allure régulière, prouvant que les membres de l’autre escouade étaient toujours présents.

La dernière armure assistée encore debout s’élança donc vers le stock d’armes, sous le regard nouvellement affolé de l’un des deux tireurs. Son collègue était en train de s’activer à remettre son jouet en état de marche. Mais il n’était pas assez rapide, le soldat venait de l’attraper de sa main libre pour l’envoyer contre une montagne de caisses, l’assommant par la même occasion. Il se réserva le second homme. Celui-ci avait profité de la distraction pour se relever et s’enfuir vers la plus grosse tente, s’égosillant à appeler ses compagnons à l’abri. Deux silhouettes sortirent alors, armés de pistolets magnum. Voir leurs deux mains sur la crosse ne laissait aucun doute sur la suite des évènements.

Adam devrait faire très attention si il ne voulait pas être touché, son armure était un avantage dans beaucoup de situation mais pas ici. Le blindage ne résisterait qu’à un ou deux tirs, et il lui serait difficile d’esquiver avec le poids qu’il trainait. Il n’avait que deux choix : foncer dans le tas, ou bien trouver un abri temporaire pour élaborer une stratégie et atteindre ses cibles. Le lieutenant Hurricane lui avait bien fait comprendre que la première solution était le plus souvent suicidaire, car il ne pouvait avoir tous les éléments de son environnement et risquait le plus souvent de se trouver dans une situation dont il aurait du mal à se défaire. Surtout qu’il n’aurait pas rattrapé sa cible avant qu’elle n’atteigne ses camarades. Il devrait donc tenter de la jouer finement, même si ses capacités analytiques étaient encore assez faibles. Le moment était venu de mettre en pratique ce qu’il avait vu dans ses bouquins pendant ses rares périodes de calme.

En à peine quelques secondes, il bifurquât pour se mettre à l’abri d’une plus petite tenture. La décision fut salvatrice puisqu’un tir passa là où il se tenait quelques secondes plus tôt. Le Sergent s’agenouilla et s’essaya à jeter un coup d’œil vers ses camarades qu’il avait laissé plus tôt. Il ne vit rien à part le grand bouclier de Derek dressé. Les deux devaient être derrière, il n’avait actuellement aucun moyen d’en savoir plus. Il devait absolument revenir sur sa réflexion et trouver une solution. L’idéal aurait été de parler avec eux pour comprendre ce qu’il se passait dans leur tête. Les voix qu’il entendit ne lui donnèrent aucune indication, au contraire, l’hostilité se faisait entendre.

« Reste plus qu’une armure ! Trouvez-là et descendez-là »

Un nouveau tir se fit entendre et troua le tissu à ses côtés. Adam s’intima au calme, un des tireurs avait dû le suivre du regard et tenter de le trouver. Il ne devait donner aucune indication de sa position exacte, il gagnerait du temps, quelques secondes, voire une ou deux minutes très précieuses. Etant trop loin et sans arme à feu ou bouclier, sa solution ne pouvait venir que de son emplacement actuel. Une ébauche de plan se forma en voyant le tissu blanc à ses côtés. Il le tira doucement, afin de ne pas trahir sa présence, il glissa ensuite son doigt sous la petite couche de neige pour trouver la terre. La gadoue qu’il trouva lui permit de dessiner le sigle de sa mine : la pelle et la pioche croisée. Une fois terminé, l’ancien mineur leva le drapeau improvisé et l’agita.

« L’armure ! Vises-là !

_Attends, regardes ! »

Ses assaillants avaient bien vu. L’arrêt qu’ils venaient de faire dans leur poursuite prouva à Adam qu’il avait eu une bonne idée, il n’était pour autant pas encore sorti d’affaire. Sa voix métallique s’éleva pour entamer le dialogue.

« Ecoutez ! Je ne veux faire de mal à personne si on peut l’éviter. Rendez-vous et tout se passera au mieux. Si vous résistez il y aura encore des morts et ça personne en veut !

_Causes toujours le traitre ! La parole d’un chien de l’armée a aucune valeur. »

Le tir qu’il reçut dans le bras droit prouva que ces gens n’entendraient pas raison, contrairement à ce qu’il s’efforçait de penser. La balle n’avait pas touchée la chair, mais son armure était abimée sur tout son avant-bras. Le métal s’était rétracté sous la puissance de l’impact, emprisonnant le soldat dans sa boîte. Il s’apprêtait à aller se cacher derrière une autre tente, lorsque des tirs atteignirent ses assaillants. L’escouade Nord était visiblement venue à bout des « guerriers » et venait leur prêter main forte. Le Major Cromwell s’approcha d’Adam, pendant que le reste des soldats se dispersait à couvert, mais avec le même objectif en vue.

« _Ca va Vaughn ? Où est la Capitaine ?

_Rien de grave pour moi. La Capitaine est avec Brohm, elle est gravement blessée. »

Le sergent indiqua l’endroit où se trouvait encore la défense énorme du Major. Il espérait que celui-ci avait pu apporter les premier secours à leur Chef, limitant les risques mortels pour elle. Cromwell acquiesça en signe de compréhension et continua à s’enquérir de la situation :

« _On en est où ?

_Je voulais tenter le dialogue mais il sont trop en colère. La Capitaine m’avait dit qu’on pouvait faire des prisonniers mais ça va pas être possible je crois.

_ On va attendre un instant. Si personne ne sort d’ici trois minutes, je te laisserais les appâter et ils seront faits comme des rats. »

Ce fut au tour d’Adam de faire un signe de tête pour confirmer qu’il avait compris le plan. Ce petit laps de temps lui permettrait de souffler un peu. En plus avec le soutien de sa collègue, il se sentait moins seul, quelqu’un le dirigerait pour la suite. Rien que ça lui permettrait de mener sa mission jusqu'au bout, malgré la douleur sourde qui commençait à se faire sentir dans son membre encastré.

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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyDim 3 Juin - 16:55
La capitaine s'affaissa aussitôt son ordre lancé. Seules ses jambes robustes lui permirent de ne pas s'écrouler au sol. Ca et le soutient du Major qui la prit par les épaules après avoir posé son bouclier pour former une barricade des plus efficaces. Le colosse sortit un couteau de sa botte et trancha le haut de la combinaison, libérant le torse de la blonde. Un épais bandage serrait la poitrine de la militaire préservant autant sa liberté de mouvement que sa pudeur. De toute manière, l'appât féminin n'était pas le centre de l'attention du Major qui s'intéressait bien plus à l'hématome violacé qui s'élargissait sous son sein.

De son côté, Cromwell mettait sa main en visière pour observer le dernier bastion défendu par les terroristes. Son regard métallique balaya les quelques caisses et la tente derrière laquelle les ennemis se terraient. Ils étaient cernés. Vaughn avait bien fait de tenter de parlementer. C'était la seule option qui leur restait maintenant qu'ils étaient acculés. Cependant, ils pouvaient toujours faire du dégât avec leurs armes Magnum.

Elle avait décidé de faire confiance à Vaughn qui allait faire diversion. Ce serait juste le temps de faire sortir les ennemis de leur couverture pour ensuite les abattre grâce à ses fusiliers. Ceux-ci s'étaient postés hors de portée des pistolets et avaient les yeux fixés sur la brune en attente de ses ordres. Une petite moue plissée par la concentration et la détermination, Cromwell attendait la fin des trois minutes de sursis. Temps que les militaires mirent à profit pour se positionner autour du retranchement ennemi tout en guettant le moindre signe de leur part. Or, il n'y avait aucun mouvement. Ils étaient sur la défensive.

- Mes hommes sont en place, déclara-t-elle en faisant signe aux fusiliers. Vous êtes prêt Sergent ?

- Non, il ne l'est pas, répondit une voix derrière eux.

C'était Myträ qui se trainait péniblement jusqu'à eux. Un autre bandage enserrait son torse pour contenir l'hémorragie interne mais il ne semblait pas terminé car un Derek épouvanté courrait après sa capitaine en agitant les bras. Il tentait bien de l'arrêter mais la cabocharde le repoussait sèchement jusqu'à arriver au niveau du sergent Vaughn. Si la blessure ne l'avait pas laissé sur le carreau, elle n'avait certainement pas amélioré son humeur.

- Tout le monde reste à couvert, surtout toi Vaughn. Tu ne vas pas faire diversion avec ton bras blessé, fit-elle en se tenant elle-même les côtes. Avise toi de jouer au héros et je te coupe les couilles... Oublie pas que je sais comment y accéder. Boite de conserve !

Elle se retourna ensuite vers le Major, pour la pourrir avec la même véhémence.

- Quant à toi Cromwell, ne prend plus jamais l'un de MES hommes pour un "appât". Hors de ma vue et attend mes ordres !

Il semblerait bien que c'était la capitaine qui avait repris le commandement, au plus grand déplaisir de Cromwell qui se tenait coi dans le plus grand professionnalisme. Cependant, elle bouillait intérieurement. Aucun officier n'aimait se faire désavouer devant ses hommes. C'est donc avec mauvaise humeur qu'elle se retira rejoindre ses tireurs sans que Myträ ne la remarque, trop occupée à cacher une toux sanguinolente derrière son coude.

Myträ sortit une grenade de sa ceinture et attira l'attention de ses hommes en levant le bras. Aucun mot ne sortit de ses lèvres ensanglantées, seuls ses bras exécutaient des instructions bien précises. "six hommes" "Grenades" , "le reste" "Fusil". "Dix secondes".

- Prends ça, fit-elle en jetant son fusil à Vaughn.

De son côté, Derek empoignait deux grenades à main et lançait un regard inquiet au sergent.

- Ceux ne sont plus ta famille, lâcha Derek d'une voix qui avait perdu toute sa jovialité.

D'un geste du menton, il désigna la tête de son marteau où était gravé le sceau des mineurs de Roceas.

- C'est nous maintenant. Et on a besoin de toi pour terminer ce combat au plus vite pour s'occuper de nos blessés.

La capitaine lança alors le signal et un demi-douzaine de grenades furent lancées vers la tente. Les explosions successives firent voler en éclat le couvert des terroristes qui étaient obligés de quitter la sécurité de leur position pour éviter de subir le feu des explosions. Ceux qui ne furent pas tailler en pièce par le shrapnel étaient désormais à découvert et faisaient feu sur les militaires dans une dernière tentative de les emporter avec eux dans la tombe.

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyJeu 21 Juin - 15:26
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Adam regarda le temps s’écouler doucement et rapidement à la fois. Autant l’attente était un moment toujours pénible quand l’objectif est proche, autant voir les hommes de Cromwell se disperser dans une cadence précise était un spectacle hypnotisant qui amena le jeune soldat au moment où c’était à lui d’agir. Il avait accepté de faire l’appât et faisait confiance à sa supérieure, pensant qu’elle n’aurait pas proposé la solution sans être sûre de ne pouvoir le faire sortir de là sans trop de bobos.

Tout était prêt pour passer à l’action, jusqu’à la réapparition de la Capitaine. Une Myträ au visage sévère s’approcha d’eux, à peine soignée. La démarche claudicante de la militaire ne l’empêcha pas de reprendre la mission en main. Adam s’apprêtait à la renvoyer d’où elle venait. Le camouflet que reçu le Major Cromwell suffit à lui faire ravaler ses mots. Le jeune soldat aurait presque oublié que la hiérarchie était primordiale dans son nouvel environnement. Il n’avait aucun droit de donner des conseils à un supérieur. Il devait obéir. Point.

Il trouvait cependant injuste que sa propre blessure soit un handicap, alors qu’elle était de moindre mesure par rapport à celle de l’officier. Ces mots seraient pour plus tard, et probablement pas dits de manière officielle. Le soldat se contenta de prendre l’arme qu’on lui tendait et attendre la suite des opérations. Les consignes furent assez rapidement données, et Adam comprit qu’il devrait tirer à feu ouvert sur les mineurs. Malgré leur colère, malgré la blessure qu’ils lui avaient fait, il cherchait simplement à les comprendre et les aider. Le constat de Derek était cependant tout à fait juste et écrasa ses derniers remords. L’armée était sa nouvelle famille. Le sergent savait également que plus aucune discussion ne pourrait avoir court avec ces gens. Lorsque ses yeux revinrent sur la blessure de sa Capitaine, il fut convaincu qu’ils devraient faire au plus vite rien que pour elle. Le regard de Derek dans la même direction, lui apprit que lui aussi était inquiet pour Myträ.

Les grenades firent leur effet et révélèrent au grand jour les derniers récalcitrants. Ceux-ci, armés pour la plupart, ne tardèrent pas à voir où se trouvaient les assaillants. Alors que des corps fraichement tombés à cause des explosions gisaient à terre, les hommes de Cromwell n’avaient pas attendu avant de canarder leurs ennemis et le jeune sergent s’était relevé pour les aider dans leur tâche. Le tir n’était pas sa spécialité mais à ce moment précis il n’était pas important d’être un tireur d’élite. Ils étaient assez nombreux pour éliminer les cibles même avec quelques ratés. Les hommes en face n’avaient pourtant pas l’air d’avoir peur. Les cris décousus des derniers survivants parvenaient à ses oreilles par salve :

« Cachez-vous ! » « Tuez ces chiens ! » « Vengeance ! »


Le membre abîmé d’Adam était un sacré handicap, l’armure compressait son bras et empêchait le sang de circuler correctement. Même aussi pataud qu’un nourrisson, il réussit tout de même à toucher la jambe d’un mineur, achevé par un de ses camarades.

La scène ne dura que quelques instants, les derniers résistants étaient tombés comme des mouches sous le feu des militaires. Sans que Myträ ait besoin de donner un quelconque ordre, l’équipe de diversion se scinda pour aller vérifier qu’ils avaient annihilé toute menace et pouvaient faire rapatrier le matériel en toute sécurité. Brohm alla se placer à l’avant d’une partie des hommes et le sergent comprit qu’il devait lui-même aller protéger l’autre moitié des soldats. Son armure pouvait encore prendre un ou deux tirs. Bien sûr sans exposer sa partie vulnérable. Il délaissa le fusil et reprit son arme de prédilection, préférant se reposer sur le poids rassurant du marteau. Se plaçant donc à l’avant de son petit cortège, il se contenta de vérifier qu’aucun ennemi ne surgirait par surprise. Le cas échéant ce serait à lui d’agir en guise de bouclier.

Le calme ambiant n’était coupé que par le froissement du tissu des tentes et le cliquètement du métal. Les camarades d’Adam, dont Cromwell, ressortaient de chacune des trois tentes sans avoir croisé aucune autre âme. La major avait même récupéré des documents, probablement des choses qui permettrait au commandant de faire la lumière sur toute cette histoire. Tous les soldats se retrouvèrent devant ce qui était plus tôt le QG des rebelles. Le sergent se retrouva face à l’amas de chair et de sang qu’ils avaient provoqué. L’horreur de leur massacre lui sautait d’un coup aux yeux. Surtout près de l’explosion des grenades, il n’était plus possible d’identifier quoi que ce soit de manière exacte. L’odeur de chair calcinée traversa son masque via les aérations et le jeune soldat n’était pas loin de vomir. Heureusement pour lui qu’il n’avait rien mangé depuis quelques heures.

Son attention amoindrie, et se pensant désormais dans une relative sécurité, il n’avait pas entendu le tir qui le toucha dans le dos. Seul son omoplate brûlant le réveilla et l’informa qu’il avait servi de cible à un rescapé. La puissance du coup le força à mettre un genou à terre, son arme lui avait évité une chute complète. Les autres soldats avaient heureusement réagit bien avant lui, tirant vers les caisses qu’ils avaient délaissé plus tôt. Ne voulant provoquer aucune explosion, ils stoppèrent rapidement le feu. Ce fut Cromwell qui prit la parole, sans même attendre de voir si la Capitaine souhaitait s’occuper de la personne hostile qui se cachait d’eux. Même si la négociation n’avait rien donné plus tôt, ils n’avaient pas vraiment le choix si ils voulaient ramener la marchandise à bon port. De plus, aucun d’entre eux ne souhaitait mourir parce qu’ils auraient touché un élément trop sensible et qui les emporterait tous dans la tombe. Pas après avoir réussi à quatre-vingt-dix pour cent la mission.

« Sort de là !

_Je tuerais tous les chiens de l’armée ! J’ai pas peur de mourir !

_Tu crois pouvoir faire quoi tout seul ? »


La voix qui parvint aux oreilles de Vaughn était juvénile, c’était un gamin qui avait voulu le descendre. En le traitant de chien de l’armée en plus. C’était la deuxième fois qu’il entendait ça depuis qu’ils avaient attaqué le camp. Ces types avaient une dent contre son institution, et il ne savait même pas pourquoi. La discussion continua dans son dos, mais il perdit le fil. Les paroles n’avaient plus aucun sens pour lui alors que les émanations lui tournaient la tête. Et c’est sans même changer de position, que le sergent perdit connaissance quelques instants sur le champ de bataille.

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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyVen 22 Juin - 18:07
La Capitaine écarquilla des yeux paniqués en voyant son Sergent se faire abattre dans le dos. Pendant que Cromwell négociait avec le tireur, Adam tomba en avant aussitôt rattrapé par Derek qui lui retira prestement son armure pour appliquer les premiers soins. Au moins, le colosse foutait la paix à son Capitaine qui pouvait enfin faire son travail. Avec deux blessés, dont elle, il était plus qu’urgent de conclure cette mission. Elle récupéra donc son fusil et se dirigea vers l’enfant soldat.

Myträ avança prudemment parmi les corps en charpie. Le gamin se cachait toujours derrière un couvert, criant à qui veut l’entendre qu’il allait tous les tuer. Une bravade de gamin car à aucun moment il ne sortait pour arroser les militaires. Il se contentait de rester cacher si bien qu’aucun tir ne pouvait le toucher lui non plus. La situation était en passe de s’éterniser.

- Tu es seul gamin, constat la militaire. Ce serait dommage de mourir à ton âge. Tu devrais vivre pour te battre un autre jour.

- Va te faire foutre !

Pas tout de suite. En vérité, Myträ ne faisait pas vraiment attention à ce qu’elle disait. Elle était occupée à chercher un corps presque aussi juvénile que son jeune interlocuteur et qui était hors de sa vue. Dans le charnier, elle en dégotta un. Un rouquin presque entier. Tout en prenant garde à sa blessure, elle se pencha sur l’adolescent et le fouilla à la recherche de son identité qu’elle trouva sur une vieille carte de cantine souillée de sang.

- Ton ami, Luke Dynon juste là, il est encore en vie mais plus pour très longtemps, fit-elle d’une voix presque maternelle. On peut le soigner mais je ne peux pas faire venir mon équipe médicale tant que tu nous menaces.

Le nom de son ami pour provoquer de l’empathie. Evoquer sa survie pour provoquer l’espoir. La nécessité de le soigner au plus vite pour provoquer du stress. Cette fois le cocktail Molotov d'émotions que la Capitaine venait de lancer au garçon semblait avoir touché au but. En effet, le gamin si loquace avait marqué une pause. Et ce n’est que quelques secondes plus tard qu’il reprit avec une colère plus fébrile qu’auparavant.

- Impossible ! Cria-t-il. Ils sont tous morts. Je l’ai vu !

Myträ se redressa en délaissant le cadavre du rouquin, mit son fusil en joue, et visa le bord de la caisse toute proche qui cachait le gamin.

- Il respire, lui assura Myträ avec douceur. Tu n’as qu’à regarder. Je ne suis pas armée de toute façon.

« SOLDATS ! BAISSEZ-VOS ARMES ! » ajouta la Capitaine à l’adresse des hommes qui tenaient toujours la caisse en joue. Le gamin hésita longuement, mais devant l’urgence de la situation, il décida de prendre la porte de sortie honorable que lui offrait la militaire. En effet, ce n’était pas déshonorant de se rendre si c’est pour sauver un camarade. Il se risqua donc à jeter prudemment un coup d’œil pour voir si Luke était toujours en vie. Ce fut son dernier geste avant le trou noir.

Glaciale comme un blizzard, Myträ rangea son canon encore fumant. Elle avait pressé la détente dès qu’elle avait entraperçut la petite silhouette qui se découpait derrière la caisse. La balle s’était enfoncée dans œil apeuré de sa petite victime, le tuant sur le coup. Aucune émotion n’était visible sur le visage de la blonde. Ni cruauté, ni triomphe, ni tristesse, ni honte. Seulement le soulagement. La mission était terminée…

- C’était… immonde, commenta Cromwell qui avait vu toute la scène.

-C’est mon boulot, rétorqua la blonde. Réserve tes accusations moralisatrices aux ordures qui se sont dit que c’était une bonne idée de faire combattre un enfant.

Toujours le même cas de conscience à propos des enfants soldats. Si on hésitait à les abattre, eux n’auraient aucune hésitation à le faire. Ces bleus avaient grand besoin de s’endurcir tous autant qu’ils sont s’ils voulaient survivre à la guerre. Cette dernière n’attendrait pas sagement qu’ils soient prêt.

Les deux femmes se défièrent du regard avec une animosité non dissimulée sans qu’aucune ne lâche le premier pic. On voyait la brune lutter avec acharnement contre son envie de répondre et le respect qu'elle était sensée adopter envers une supérieure. C'était sa première mission importante sur le terrain. Myträ n'avait qu'un mot à dire pour lancer sa carrière ou la ralentir. Ainsi les deux femmes restèrent à se toiser en chien de faïence tout en se foudroyant du regard.  

Quoiqu’il en soit et malgré sa blessure, l’inflexible Capitaine avait remporté son pari. Elle n’avait eu qu'un blessé et aucune perte. En parlant d’Adam, la troupe ne disposait d’aucune équipe médicale bien évidemment, mais Derek avait tout de même réussi à le stabiliser en arrêtant l’hémorragie. Le chirurgien se chargerait de lui une fois de retour à la base. Ainsi que de Myträ au passage.

* * *

Un poêle ronflait paisiblement dans son coin, animé par son âtre rougeoyant qui pulsait comme le cœur de quelques monstres ardents. Il rependait sa douce chaleur dans une grande pièce blanche et aseptisée. Celle-ci était percée d’une multitude de fenêtres léchées par les premiers rayons de soleil et ceux-ci balayaient les plâtres en chassant les ténèbres nocturnes. L’aube se levait sur l’infirmerie du camp, projetant sa lumière rosée jusqu’aux lits occupés par deux soldats. L’un avait un épais bandage autour du torse et une compresse sur l’omoplate tandis que l’autre arborait les mêmes atours mise à part que la compresse était appliquée sur sa poitrine féminine. La blonde était réveillée et trompait son ennui en grignotant un quignon de pain, non sans jeter un regard océan à son compagnon de chambrée qui pionçait encore comme un loir.

Myträ récupéra sa mie de pain et fit de petites boulettes qu’elle se mit à catapulter sur son voisin pour le réveiller. A part le morceau qui percuta la narine du jeune homme - provoquant un grognement assoupi - la méthode était aussi ludique qu’inutile.

- Adam, appela-t-elle. Adaaaam.

Oui, la Capitaine utilisait le prénom du soldat. Elle se permettait cette petite familiarité car cela faisait bien quelques jours qu’on les soignait l’un à côté de l’autre. Leurs blessures étaient graves et c’était la première fois qu’au moins l’un des deux n’était pas sous sédatifs ou anti-douleur. De plus lorsqu’on est cloué au lit, le grade n’avait plus de sens, la Capitaine n’ayant plus beaucoup d’ordres à donner.

- ADAM ! Aboya-t-elle finalement en lui jetant le reste de son croûton.[/color]

Enfin, quand le Sergent se réveilla, elle lui fit un léger signe de la main. La mine toujours aussi maussade et sérieuse que d’habitude cependant. Malgré tout, elle ne l’avait pas réveillé pour une raison précise et réfléchit donc quelques instants pour savoir ce qu’elle allait bien pouvoir dire.

- Hé, tu dors ?

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Opération : Rendre à César [terminé] EmptyLun 25 Juin - 19:32
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Le sommeil du sergent avait été agité. Entre les rémanences des odeurs de chair brûlée, les souvenirs des divers cadavres qu’ils soient entiers, démembrés ou inidentifiables, les trainées de sang, le bruit des armes, les cris des victimes…Tout se mélangeait dans un cauchemar dont il n’arrivait pas à se sortir. Il était hors du temps, dans cette boucle infernale que sa conscience lui imposait. Les rares moments où il avait été éveillé, il ne s’en souvenait pas.

Son réveil définitif fut motivé par les nombreuses sollicitations de sa Capitaine. Il ne s’était pas rendu compte immédiatement que c’était elle à l’origine de l’arrêt momentané de son enfer. Ses yeux s’ouvrirent sur un lieu inconnu, alors qu’il s’attendait encore à être dans la forêt qui avait hébergé les rebelles. Il tenta de se relever pour se rendre compte de son environnement, mais la douleur diffuse dans le haut de son dos et dans son bras droit le convainquirent de rester sagement couché pour l’instant, au moins le temps de se réveiller. Adam tourna donc simplement la tête vers celle qu’il avait entendu.

« _Capitaine ? Mais qu’est-ce qu’il se passe ? On est où ? »

Le jeune homme referma les yeux un instant pour tenter de remettre ses pensées en ordre. Il replaça les éléments : l’annonce de la mission, leur arrivée dans la forêt, l’attaque du camp, la négociation ratée, le massacre du camp puis le trou noir. Et à chacune des étapes, il se remémora les meurtres qu’il avait commis. Il avait été si facile d’écraser la cage thoracique de la sentinelle, ou bien de séparer les têtes des corps des armures assistées. Tirer sur les mineurs ne présentait pas de difficulté particulière non plus. Le petit bataillon de soldats entraînés avait balayé tous ces civils avec une efficacité déconcertante. A croire que l’armure de métal qu’il revêtait ne faisait pas que cacher l’humain qu’elle contenait, elle le gommait, ne laissant que la machine agir.

Ces personnes, ça aurait très bien pu être lui, son grand-père, la gentille Béatrice ou n’importe lequel de ses amis mineurs ou leur famille. Lui, Adam Vaughn, fils de mineur, petit-fils de mineur, arrière-petit-fils de mineur, avait rayé leurs précieuses vies de la planète comme si il s’agissait de vulgaires lapins. C’était donc ça son futur ? Etre un assassin de ses pairs ? Agir aux ordres sans jamais devoir les remettre en question ? Quand il s’était engagé il savait bien qu’un jour il aurait du sang sur les mains, sans jamais envisager que ce ne soit pas forcément des criminels endurcis ou uniquement des Mytrans.

Les larmes n’arrivèrent même pas à ses yeux. Il n’était pas digne d’être triste, ou bien de regretter. Il n’avait que le droit de se sentir coupable. Que penserait son grand-père aujourd’hui devant son assassin de petit-fils ? Adam n’en avait strictement aucune idée, mais le poids qu’il ressentait dans sa poitrine le compressait.

« _Est-ce que ça fait toujours ça ? A chaque fois qu’on nous ordonnera d’exterminer des concitoyens, on devra agir comme des machines et s’en mordre les doigts sans rien dire ? »

Le jeune soldat connaissait la réponse en son for intérieur. Bien sûr qu’il se détesterait à chaque fois qu’il se retrouverait dans une situation où la tuerie n’était pas légitime. Et il ne pourrait s’en prendre qu’à lui-même. Il s’était fourré dans ce pétrin tout seul.

Un médecin s’approcha d’eux, interrompant les flagellations mentales du Sergent et coupant une éventuelle réponse de Myträ. Le patient tenta de nouveau de se relever, la douleur se faisant moins importante maintenant que son âme saignait plus que son corps. Une fois adossé à l’aide de son coussin, il regarda le vieil homme en blouse blanche. Il devait avoir une petite cinquante, ses tempes grisonnantes attestant de son âge. Ses mains tenaient deux dossiers, sûrement celui des deux militaires en face de lui, et il s’adressa à eux de manière générale sur un ton chaleureux :

« _Vous êtes arrivés avec des blessures graves mais elles sont en bonne voie de guérison. Encore un jour d’hôpital et deux-trois jours de soins au repos et vous pourrez reprendre des activités calmes. »

Adam doutait que la douleur partirait si rapidement, mais il n’était pas spécialiste. Si le docteur l’affirmait, alors ça devait être vrai. Sauf que la reprise d’une activité calme paraissait utopique chez des militaires. Mieux ne valait pas lui faire savoir si il voulait retrouver son casernement au plus vite. Enfin si c’est ce qu’il souhaitait réellement…La remise en question de son choix de carrière le perturbait et l’empêchait de voir plus loin que le moment présent pour l’instant. En tous cas, le praticien n’avait pas l’air d’en avoir fini puisqu’il reprit son discours rapidement.

« _Capitaine Andreïev, les blessures sur votre abdomens sont quasiment refermées, les brûlures attenantes aussi. Il ne vous restera que des contusions mais qui peuvent s’avérer gênantes pendant plusieurs jours. »

Adam fut tout de même rassuré par ces paroles. L’état de l’officier l’avait inquiété sur le moment, il avait été très en colère envers les soldats de fortune d’avoir attaqué aussi violemment une femme aussi respectable. C’était contradictoire de s’en vouloir de les avoir mis hors service tout en s’en félicitant. Ces pensées noires furent de nouveaux balayées par l’interruption du docteur :

« _Quant à vous Sergent Vaughn ce sont des brûlures faibles et de grosses contusions que vous avez sur les deux points touchés par les impacts des armes. Comme je le disais, vous pourrez regagner votre unité demain et reprendre les activités dans deux-trois jours, après être revenu me rendre visite. Des questions ? »

Adam secoua légèrement la tête pour signifier que c’était clair pour lui, laissant la parole à sa supérieure si elle le désirait. Lui ne souhaitait que retourner au calme de sa morosité.

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