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Chroniques d'Irydaë
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 :: Les terres d'Irydaë :: Nislegiin
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 L'audace de certains fait l'infortune des autres

Invité
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyJeu 1 Nov - 18:36
Il y avait un parfum dans l'air de Nislegiin, ce soir, une odeur bien familière, mais difficilement discernable. Une base de bois, nuancée de la fumée du tabac des blagues allumées, un peu de franchise amère propre aux félons, ainsi qu'une pointe de sueur. On ne pouvait s'y tromper, la réception de ce soir à l'entrepôt des quais promettait contusions et traumatismes crâniens. Les combats clandestins n'étaient pas pour les faibles corps, lorsqu'il en venait au combat, pas plus qu'il n'était destiné aux faibles d'esprit pour les spectateurs. C'est le genre de représentation qui choque, celui où les noeuds ne se déroulent que par le leste d'un poignet et la force des phalanges qui le suivent. Le canevas se donnait sur une le côté jardin de l'arène, l'exposition se lançait côté cour, deux adversaires, chacun tournant d'un comédien à l'autre. C'était la comédie d'un patois appauvri, une tragédie pour les bienséants, mais une farce pour les âmes les plus criminelles aux alentours. 

Nora vagabondait dans tout ce petit monde, appréciant l'analyse de son théâtre du monde où les protagonistes ne savaient même pas qu'ils jouaient à merveille leurs rôles de figurants. Ci et là, un ivrogne finissait une bouteille, pour qu'un second soûlard vienne la lui éclater sur le front. D'autres, plus civilisés mais infiniment plus mal intentionnés complotaient leurs plans de gloire, leurs complots pour le pouvoir, l'argent, le profit, le sexe. Il y avait de tout ici, du tire-au-flanc alcoolique, jusqu'au chef-trafiquant en passant par les contrebandiers, avec une fine touche de piraterie ... l'endroit avait tout pour plaire pour qui s'amusait d'affaires illicites. L'endroit était spacieux, entre la salle de combat, le dehors des quais, nul doute qu'un fortuné amateur de crime avait versé un généreux pourboire aux gardes responsables pour laisser cet endroit disponible aux âmes désireuses. 

Quoi qu'il en fut, entre meurtriers, trafiquants, colporteurs, scélérats et autres raclures de la surface de cette terre, il y avait bien une personne qui n'était pas à sa place. Le mot lui avait été passé par "un ami commun" qu'un certain dealer favori avait fini par pointer le bout de son nez dans des terres que Nora lui aurait présumé tout faire pour les éviter. De plus, cela faisait pas mal de tant que la rouquine se cantonnait au tabac simple, my'tran qui plus était. Avec les derniers événements de Réoni, elle considérait que ça ne lui ferait pas de mal de passer à quelque chose de plus corsé. 

Enfin, à quo est-ce qu'il ressemblait déjà ? Cela avait-il donc fait si longtemps ? Non pas qu'elle ne sache absolument pas de quoi son visage avait l'air, mais elle espérait simplement que rien de radical n'ait changé chez lui. La physionomie n'était clairement pas le point fort de la pyromane, alors, quand elle vit la première chevelure un peu foncée qu'elle crut identifier comme appartenant à ce cher ami tant recherché, elle déposa une main sur l'épaule de son propriétaire avant de se retrouver face à un visage décharné par l'âge et déformé par l'alcool. Son haleine était également ... tout aussi intéressante.

- Eh beeeh, ma jolie, pas la peine de me demander, deux fois, pour une beauté comme toi, je refuserai certainement qu'on m'd'mande de bouger.
- Je vous ai pris pour quelqu'un d'autre, veuillez m'excuser.

Et elle fit volte-face, dissimulant la honte, d'ailleurs bien minime, d'avoir dérangé un abruti au souffle capable d'assommer un étalon. Ses narines piquaient encore de cette odeur nauséabonde, et une main sur sa manche vint la convaincre que ce n'était certainement pas la dernière fois qu'elle allait devoir supporter l'infection. La voix tortueuse de l'ivrogne vint la reprendre sur son attitude évasive, certainement que les faux espoirs n'étaient pas une pratique très appréciée, par ici. D'autant plus lorsque l'alcool parle à la place de l'esprit. 

- Voyons, voyons, c'est qu'j'dois lui r'sembler à c'm'sieur qu'tu r'cherches, j'peux l'remplacer s'tu veux. 
- Seulement de dos, il a un visage bien moins dur à supporter que le vôtre.
- Ah ouais ? Et keskila d'si différent, c'bellâtre ?
- Déjà, il n'a pas cet oeil au beurre noir.
- Oeil au beurre-noir ? J'ai pas d'oeil au beurre noi...

Et le poing de la rouquine vint voler dans la paupière de l'impotent, à peine assez sobre pour se tenir debout. Il tituba à terre sous les rires de ses comparses qui s'amusaient toujours de voir à quel point la séduction n'était pas le propre des gangrènes humaines comme ce déchet. Au final, le concerné prit bien mal l'offense de la moquerie et, dans une tentative désespérée de regagner son honneur et sa dignité perdue, il bouscula celui dont le rire était le plus gras et commencèrent les hostilités. Enfin, Nora s'en était déjà écartée, le corset d'équitation qu'elle portait n'était clairement pas adapté à ce genre de courtoisies, et si son crochet était plutôt correct, elle n'en restait pas moins tout sauf une combattante. Puis elle avait un dealer à trouver, bon sang ! 

Elle passa finalement les cinq minutes qui suivirent à répéter son inspection, faisant attention de ne surtout pas poser une fois encore la main sur l'épaule d'un inconnu sur une incertitude. Et, après plusieurs visages analysés et un nombre indicible de confusions, elle crut enfin trouver la personne qu'elle cherchait. Venant à son côté, elle ne se fit remarquer que par sa voix qui porta, comme un piano au milieu de trompettes. 

- Drôle d'endroit pour trouver le fameux Monsieur Milazzo. L'air Daenastre s'est-il enfin infecté de toutes tes substances pour que tu sois contraint d'en changer ? 

Avec un sourire en coin, elle ne lui adressa pas un seul regard, fixée sur les combattants au milieu de l'arène. L'un se proclamait suhur, l'autre était un local. Le premier avait un avantage évident, nul doute qu'il utilisait la magie pour se booster, mais l'issue de ce match était joué d'avance. Heureusement pour Nora, elle avait fait un pari judicieux. Les paris étaient pourtant en faveur du second combattant, mais cela devait certainement être dû aux connaissances qui comptaient sur sa prestation. Non pas qu'il était mauvais, mais face à un béhémoth empli de phéromones magiques, il n'y a que peu de choses que l'on peut faire. Dommage que tous les coups soient permis.


Swenn Milazzo
Swenn Milazzo
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptySam 3 Nov - 1:15
Irys : 961390
Profession : Chimiste le jour - Dealer la nuit - Toubib de secours à toute heure
Daënar +1
Il en a pourtant parcouru des kilomètres au cours de sa vie, visité de nombreuses régions, mais c'est bien la première fois que Swenn met les pieds sur ce continent. Nislegiin. Ces interminables journées passées en mer à être malade comme un chien loin derrière, il peut se concentrer sur la suite du programme. Une auberge loin du haut de gamme dégottée, il peut au moins y déposer les quelques affaires emportées pour la suite de ce périple. Ainsi que son piaf. Qui s'est avéré ne pas avoir davantage la patte marine. Première étape, faire l'état des lieux de ce qui lui reste et qui n'a pas été abimé par le voyage houleux.

Ses quelques herbacés et autres comprimés correctement emballés ont survécus. De même que les trois petites grenades qu'il a pris le soin de préparer avant son départ. Enfin, en apparence. Il n'y a qu'un seul moyen de s'assurer qu'elles n'ont pas été victimes d'une trop forte humidité. Mais ce n'est de toute façon pas très important pour le moment. Il a bien plus urgent à régler dans l'immédiat. De un, vérifier le type de marchandises qui peuvent être trouvées sur le continent. Quels ingrédients ? Avec quelles propriétés ? Et à quel prix ? Parce que s'il a accepté d'affronter les vagues et hauts le cœur qui vont de paire, c'est aussi en grande partie pour découvrir de nouveaux matériaux bruts qui pourraient lui être utiles. De deux, se faire une idée plus précise de la population qui peuple ces rues et ruelles. Avec laquelle il pourrait faire affaire lorsqu'il viendra inévitablement à être à cours d'Irys. Pas franchement économe comme garçon...

Mais la nuit étant déjà tombée, il faudra attendre le lendemain pour la partie marchands. Alors autant plonger directement dans le grand bain. Rien qui ne déstabilise Swenn, bien trop habitué à fréquenter la population de voyous daenars. D'ailleurs, ce n'est pas bien difficile de deviner d'où lui-même est issu à son apparence physique. Hum, un détail de plus à ajouter sur sa liste des choses à faire. Mais Nislegiin étant réputé pour son côté cosmopolite, ce n'est pas urgent. Non, pour l'instant il se contente de prendre les quelques produits d'échange dont il dispose, juste au cas où, et quitte sans plus tarder cette auberge.

Laissant ses pas le guider le long des quais au gré de ses envies et de son instinct - ouais bon plus ou moins - il tombe finalement sur cet entrepôt dont il a entendu parler alors qu'il descendait tout juste du navire qu'il était bien content de quitter. Un soi disant marin qui a effectué la traversée sur la même coque, originaire de ce continent. Parait que ça pourrait lui donner une bonne idée du genre d’énergumènes qu'il risque de croiser en ces terres. Pas des enfants de cœur soit disant. En même temps, lorsqu'il est question de combats clandestins, les images correspondantes s'affichent assez facilement dans son esprit.

Et lorsqu'il pénètre enfin les lieux, il n'est pas spécialement surpris. Cette ambiance lugubre qui interdit à qui que ce soit d'atterrir ici par hasard. Ce volume sonore mettant à rude épreuve les tympans encore fonctionnels. Et cette odeur capable de faire rendre leur dernier repas aux moins endurcis. Pas de doute, il est au bon endroit pour avoir un aperçu des visages des raclures de la ville.

Mais s'il y en a un qu'il ne s'attendait pas à voir, c'est le sien. Enfin, non, objectivement il ne s'attendait à croiser personne de sa connaissance en ce lieu. C'est qu'il se trouve tout de même assez loin de son lieu d'origine... Pourtant, il ne lui faut qu'un rapide coup d’œil en direction de cette voix qui s'adresse à lui pour savoir à qui il a affaire. Pas de doutes. Cette façon si cordiale d'engager la conversation, il n'y a qu'une certaine rebelle pour ça. Tout juste une esquisse de sourire - et c'est déjà beaucoup - Swenn reporte son attention sur l'arène où les deux nouveaux combattants se font face.

- "Et la transpiration qui sature cet air-ci n'a pas l'air de t'avoir rendue plus disciplinée."

Répondre à une question rhétorique ? Une pure perte de temps pour le jeune homme, qui préfère répondre sur le même ton que celui qui lui a été adressé. Non, il ne risque pas de se vexer pour si peu. Au milieu de tous ces parieurs qui s’époumonent, encourageant leur étalon, le dealer pourrait presque paraitre amical. D'ailleurs, lui-même ne s'est pas encore essayé au moindre pari pour le moment. Une petite négociation avec un des organisateur qui n'a pas attendu qu'il fasse deux pas à l'intérieur pour lui tomber dessus. Il attendra le prochain tour pour une mise élevée. Plus pour éviter de perdre trop rapidement les quelques Irys qui composent sa bourse que parce qu'il lui faudrait un temps d'adaptation pour comprendre ces pratiques barbares.

- "Tu sais que j'ai un peu de mal à croire au hasard. Alors si tu me disais pour quelle raison tu acceptes une telle proximité avec tous ces rustres sans intérêt ce soir ?"

Détournant les yeux de l'attraction principale, où les coups commencent déjà à pleuvoir dans tous les sens du terme, Swenn vient poser les yeux sur sa voisine. Bien que ce ne soit pas toujours évident, il l'apprécie cette demoiselle. Elle a côté rafraichissant. Même si inévitablement, leurs points de désaccord sont nombreux. Au moins est-elle bien différente de la majorité des abrutis qu'il est contraint de fréquenter. Sans oublier cette façon qu'elle a de s'accrocher à ses idéaux. Qui une fois de plus n'arrivent pas à convaincre Swenn, mais pour lesquels elle a le mérite de se bouger. Valeur suffisamment rare pour lui valoir un intérêt certain de la part du chimiste.

Un intérêt bien supérieur à ce qui se passe dans la fausse aux lions à n'en pas douter. Comment toutes ces grandes gueules peuvent prendre du plaisir à rester là, poing levé, scandant le nom de leur favoris, le nombre de décibels qu'ils produisent n'ayant d'égal que celui du nombre de postillons qu'ils expulsent à chaque nouvelle syllabe. Est-ce que l'alcool qu'ils consomment manifestement est seul responsable de ce surplus d'énergie ? Ou est-ce que d'autres produits plus intéressants circulent également entre les mains avisées ? Question sur laquelle il lui faudra se pencher au cours des prochaines heures qui promettent de participer à la formation d'un magnifique mal de crane. Mais peut-être pas aussi puissant que celui de l'homme désormais étalé au sol, malheureux perdant de ce combat sans pitié.

Mais avant ça, il se doute qu'il va lui falloir écouter ce que la rouquine a à lui raconter. Ou à lui demander.

Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyJeu 8 Nov - 17:15
Irys : 401379
Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2

  • Nislegiin… Cela faisait très, très longtemps qu’Eylohr ne s’y était pas rendu. Les raisons de sa présence étaient obscures, et cachées de tous. Mais ce qui pouvait choquer ceux qui connaissaient le colosse – et qui avaient survécus – c’était l’absence du navire du Capitaine De Sousa. Alors comment était-il venu jusqu’ici ? Mystère. Et croyez le bien, Eylohr ne dévoilerait jamais les raisons de sa présence sur ce continent. La flamme noire, en Nislegiin ? Pourquoi ? Comment ? Depuis quand ? Mille et unes tergiversations ne suffiraient jamais à connaître le pourquoi du comment.

    Mais Eylohr s’ennuyait. Il était arrivé là depuis quelques jours. Et s’il avait bel et bien quelque chose à faire ici, cette chose ne se présentait pas encore, rendant le temps morne et difficile à tuer. Mais dans le monde des criminels, les réputations, les informations et les rumeurs vont bon train. Et à peine quelques heures après qu’il soit arrivé sur ce continent, le colosse venu du Nord, qui, il y a quelques jours, avait semé la mort et la désolation dans un petit village du Tyorum, voilà qu’il s’était embrigadé dans les combats clandestins des quartiers mal famés de Nislegiin. De fil en aiguille, d’un alcoolique au visage émacié et bleuit de coups au bookmaker des caves humides et autres sous-sols sombres, il était arrivé au cœur de cette organisation criminelle violente et dépravée et… Il s’y sentait comme un poisson dans l’eau. D’un simple parieur, il était rapidement devenu un combattant fort apprécié. Il faut dire qu’un colosse comme lui, permettait de faire facilement le show et d’attirer un peu plus de parieurs et autres combattants zélés. Le bookmaker n’en finissait plus de récolter les paris et croulait sous les bourses d’irys et les objets des parieurs : montres à goussets, bijoux, pépites d’or et autres pierres précieuses, tout était bon pour parier sur son combattant favori. La côte d’Eylohr avait d’ailleurs grimpé en flèche dès son premier combat, alors qu’il avait écrasé, à grands renforts de coups de bottes, le visage du champion de l’arène, jusqu’alors.

    Et ce soir, pour le troisième soir consécutif, il allait entrer dans l’arène pour combattre encore une fois. Bien évidemment, il avait été donné gagnant dés le début de la soirée, et les paris allaient bon train. Il était seul dans ce qui lui servait de… Loge ? Elle était plutôt étroite, dotée d’une simple couche et d’une table sur laquelle trônait une bouteille d’un alcool très fort, qu’il engloutissait à l’envie, dans de grandes rasades. Il était torse-nu, ses nombreuses cicatrices dévoilées au grand jour – ou plutôt, à la lumière des projecteurs et autres sources lumineuses non naturelles -, ses muscles reluisant de la sueur des exercices physiques d’échauffement et de la chaleur des sous-sols. Il était si congestionné que sa musculature saillante lui rendait un air impressionnant, comme si sa grande taille ne suffisait pas. De là où il était, il pouvait entendre la petite foule amassée autour du ring improvisé. Il devait y avoir une centaine de personnes, ou presque. Les cris et les encouragements motivèrent le colosse qui s’apprêtait, encore une fois, à semer la mort dans un spectacle atroce. Il faut dire que, bien qu’il eût toujours été violent, froid, taciturne et dangereux, les mois qu’il avait vécu en détention avaient achevé de détruire les minces remparts qui séparaient son esprit lunatique de celui d’un fou furieux motivé par l’apocalypse et la mort. Il était devenu, non seulement dangereux, mais également totalement obnubilé par la destruction de ceux qui furent ses geôliers et ses bourreaux. L’UNE, Daënastre, la milice, les Daënars, tout ceux qui vivaient seulement sur le territoire des Technophiles, étaient devenus ses ennemis. Et dans son esprit torturé se dessinait alors un projet fou, qui ferait planer au-dessus de l’UNE, une menace très sérieuse.

    Mais voilà que ses réflexions devaient cesser, car, retentissant du fond de la salle de l’arène, une voix graveleuse se fit entendre, faisant taire les ragots des curieux et les piaillements des parieurs impatients.

    - M’sieurs, M’dames ! Voici v’nu l’heure qu’vous attendiez toutes et tous ! Le combat ! La salle retentit soudain de cris de joie et de satisfaction, faisant vibrer tout jusqu’aux tréfonds des esprits des spectateurs, comme le ferait un troupeau d’un millier de rhinocéros en colère. V’nu tout droit des geôles de Zochlom, recherché comme le loup blanc, voici « La bête », je vous présente : Eorlünd Swanson !


    Le compétiteur entra dans l’arène par la sortie de sa « loge », passant entre les spectateurs qui s’empressèrent de le toucher, flattant ses épaules, son dos ou sa poitrine, l’encourageant pour son combat, ou, au contraire, le condamnant à mort face à l’adversaire qui n’allait pas tarder non plus à arriver. Il était plutôt grand, environ 1m90, et était très large d'épaules. Il était rompu à une vie rude, et pouvait impressionner bien des personnes. Il avançait, précédé et suivit par deux gros bras armés de fusils afin de le pousser dans la bonne direction. Il ne fallait pas que la « marchandise » prenne la fuite, voyez… Il entra enfin dans l’arène et harangua la foule à grands renforts de gestes et de cris. Puis vint la seconde partie de l’annonce.

    - Et maintenant, tout droit v’nant des terres glaciales du Nord, fraich’ment sorti d’une prison en Daënastre, il est féroce, il est craint de tous ! C’est une bête assoiffée de sang ! Voici le géant parmi les Hommes : Eylohr Lothar !

    A peine le colosse eut-il entendu prononcer son nom qu’il donna un grand et puissant coup de pied dans ce qui servait de rempart entre lui et la foule. La porte de bois, qui devait être ouverte par quelques gros bras, fut dégondée avec une facilité déconcertante et alla s’écraser sur le chemin dans un léger nuage de poussière. Puis, il s’avança. Tel un monstre sortant de son antre, il s’avança vers l’arène. Ses pas étaient lourds, son avancée inexorable, ses épaules roulant sous sa démarche droite et imposante, symbolisant toute la dureté des évènements à venir. Il dépassait toute l’assemblée. De par sa taille, il avait facilement deux à trois têtes de plus que le commun des mortels rassemblés dans cette fosse. Il était visible de tous, ses longs cheveux étant rassemblés en un grand chignon noir à l’arrière de son crâne alors que sa longue et épaisse barbe durcissait encore un peu plus son regard assassin braqué sur son adversaire d’un soir. Là encore, les fans d’un soir se pressèrent pour toucher la bête, l’encourager, la féliciter, lui faire comprendre combien sa victoire pourrait rapporter… Jusqu’à-ce qu’un inconnu un peu trop téméraire et probablement sous l’emprise d’une substance psychotique, ne se montre un peu trop… Entreprenant.

    - Eh ! Eh ! Eh l’monstre ! Y a un bon paquet d’gens qui ont misé sur toi t’sais ! Ta côte est bonne ! Ils gagn’ront un bon paquet d’fric si tu gagnes… Mais ce s’ra l’paquetole si tu perds ! J’ai misé sur ta défaite. Si tu t’couches, j’te propose… La moitié du fric ! Qu’est-ce t’en dis ?

    Le colosse s’était arrêté. Non pas que ce cafard blafard avait réussit à contenir son avancée inlassable, mais il s’était montré si impétueux qu’Eylohr se sentit quelque peu… Enervé. Trouvez un moment où il ne l’est pas… Pour unique réponse, il baissa la tête vers le vermisseau de moins d’un mètre 70, et se mit presque à grogner. D’un geste soudain, il empoigna l’inopportun par la gorge et le força à plier à sa volonté. A moitié penché en arrière, il ne tenait plus en équilibre que par la force du colosse qui resserrait un peu plus encore son emprise. Après quelques secondes, il fut lassé par la présence de cette vermine, qu’il décida d’écourter immédiatement. Il serra, serra si fort autour du frêle cou du faiblard, que son visage se mit à rougir. Ses veines se dilatèrent, ses yeux s’exorbitèrent et s’injectèrent de sang alors que sa bouche s’entrouvrit, laissant la langue sortir à mesure que la vie s’éteignait en lui. Il se mit à suffoquer, et toutes ses misérables tentatives furent vaines alors que le colosse le surpassait à tout point. Finalement, Eylohr joignit sa deuxième main, et, pour faire bon office, brisa les vertèbres cervicales du pauvre condamné, qui fut tué sur le coup. Alors, tout aussi indifféremment, il rouvrit ses mains, et laissa choir le pauvre corps sans vie de sa première victime de la soirée. Puis, il vint se placer dans son coin de l’arène et attendit la suite des évènements.

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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyJeu 8 Nov - 18:28
Les yeux de Nora avaient quitté l'arène, se plongeant dans le sable de la fosse à la question de Swenn. Elle ne l'ignorait pas, mais aucune réponse ne semblait être appropriée. Si sa conscience lui disait qu'elle hésitait sur les mots, la profondeur de son âme savait qu'elle ne faisait que se préserver de proférer des paroles qui la blesseraient, elle bien plus que son interlocuteur. Alors, elle hésitait, battant des cils sur le corps du combattant tombé face au my'tran d'avant. Ce gain lui ferait une bonne ration d'irys lorsqu'elle irait les retirer au propriétaire de cette charmante soirée. Mais l'argent n'achète pas le pardon, pas envers soi-même, en tout cas. La richesse n'avait que peu d'intérêt pour une idéaliste dont la vie se centre sur un enjeu plus spirituel que matériel. Alors, que l'amplitude de fonds ne soit pas un objectif n'excluait pas la nécessité de ces derniers. Des gens à recruter, des causes à faire émerger, des armes à acheter ... des explosifs à détonner. 

Mais pas même la paix, pas même la réussite de ce plan aux atours de suicides ne saurait jamais faire oublier les visages de ces gens que Nora gardait en tête. Ceux qu'elle appelait "dégâts collatéraux" et qui avaient plus d'importance pour elle que la cible principale même. La dernière finissait toujours en ruine, les premiers n'étaient notables que lorsqu'ils n'étaient plus en état de manifester leur situation désespérée. Les gens crèvent, c'est ce qu'ils font, elle s'en était persuadée à force, plus que quelques victimes innocentes et elle finirait par y croire. Swenn ne pouvait pas encore comprendre à quel point la rouquine avait besoin d'un remontant, de la pire nature, le plus corsé qui soit, le plus puissant, celui qui lui ferait oublier au moins l'espace d'un instant ces expressions blanchies par la mort. Mettant son visage en biais, sans pour autant regarder le dealer, la pyromane trouva finalement une réponse.

- J'étais à Reoni, il y a, quoi, un mois. Je ... faisais mon boulot, un incendie dans une boutique sur l'un des quartiers marchands. Tout s'est bien passé, enfin, au début. Le feu a pris et il ne restait que des cendres du magasin, mais à l'intérieur ...

Elle se braqua, comme si un frisson glacial était venu rigidifier son échine, la maintenant droite de haut en bas, toujours appuyée sur la bordure de l'arène. Le présentateur des jeux, l'agitateur de la foule, parlait en fond, introduisant le combat qui suivrait. Les noms, les surnoms, l'embellissement de l'entrée des adversaires, tout lui chatouillait l'oreille sans s'y immiscer. Elle était happée par ses souvenirs, comme par la délicatesse de l'explication qu'elle tentait de fournir. Ses yeux se fermèrent, sa lèvre inférieure se plia sous ses dents avant. Dodelinant du visage, elle fit sortir ses mots comme l'on arrache une sangsue à la chair qu'elle dévore.

- A l'intérieur, il y avait cette gamine. Les cendres ont fait tombé une des poutres sur son crâne, ça l'a tuée. elle reprit son souffle Cinq minutes plus tard, le maniaque qui m'avait aidé à allumer le brasier a fait s'embraser un bloc de maisons, remplies de civils. Alors, quand j'ai su que mon dealer préféré était de tournée à Nislegiin, j'ai ... son regard se fixa enfin sur Swenn je me suis dit que j'aurais bien besoin de quelque chose pour oublier. Et, comme apparemment, je viens de gagner une certaine somme d'irys, j'imagine que je peux les dépenser selon mon bon gré. 

Elle hochait toujours la tête, mordant occasionnellement ses lèvres, frustrée par cette demande qui ne partait du vice que pour y revenir. Qu'y pouvait-elle ? A tuer des gens sans le vouloir, on accumule des remords et elle a toujours été assez forte pour endurer la culpabilité que lui procuraient ces décès. Mais l'occasion se présentait pour elle de souffler un peu de son fardeau intérieur, le partager à quelqu'un dont le silence lui inspirait la plus grande confiance. La drogue fait parfois parler, mais jamais sa vieille connaissance n'en avait pris avantage, et s'il l'avait fait, Nora n'en avait jamais entendu parler, ni ressenti le moindre effet. Conserver une image est comme peindre un tableau, le moindre coup de pinceau de travers et toute l'oeuvre s'effondre. 

Plus un mot ne sortit de ses lèvres, son visage revint se braquer sur l'arène. Le fil de ses pensées avait fait se flouter son regard, comme si elle sortait d'un rêve. Elle voyait les deux combattants sortir, l'un, plus virulent que l'autre, captivant l'attention d'une force colossale. De Nora, il n'obtint toutefois qu'un regard en biais, dans le coin de son oeil. Mais bientôt le visage suivit, la rondeur de son nez vint pointer le visage maculé d'une ardeur combative. Les traits de la rouquine s'affinèrent, observant le géant comme l'on analyse un spécimen. En un soupir, la jeune femme aux yeux abyssaux glissa à son voisin.

- Et maintenant je regrette de ne pas avoir parié. J'aurais dû le faire, je le savais ! 

Secouant le visage, dépitée, la rouquine baissa un instant le regard sur ses propres pieds. Et lorsqu'elle le remonta, elle vit l'objet de son regret devenir sujet de sa méfiance, sévère comme justifiée. Une gorge, dont aucune des paroles articulées ne l'avaient atteinte, se vit serrer entre des mains qui auraient sans doute pu faire de même avec sa colonne vertébrale, et bien plus rapidement. Le cadavre tomba raide sur le sol, soulevant poussière et sable, abaissant les murmures et les rumeurs. L'assemblée si présente se tut, la plupart pris de stupeur par un meurtre aussi gratuit, les autres, trop ivres pour réaliser l'ampleur de la situation. L'annonciateur se tenait de recul, ne sachant que dire, ne sachant s'il devait tout de même ordonner que le combat ne vienne. Mais la réponse à ce dilemme lui vint bien vite, la majorité de la foule devait bien se contrefoutre de la mort d'un vermisseau. 

Nora détourna le regard du géant qui semblait tous les attirer, pour se déposer sur celui qu'il devait affronter. Il n'était que légitime de dire qu'il mouillait ses bas, la sueur sur son front attestait de l'anxiété qui venait à lui. Ne s'était-il pas un instant douté que ces arènes-ci ne proscrivaient pas les combats à mort ? Au contraire, c'étaient les plus vendeurs. La rouquine semblait le toiser, son regard fin s'ornait de la plus méprisable nuance alors qu'il tremblait des os jusqu'au ras de sa peau. A quoi bon se livrer à une cause si c'est pour reculer lorsqu'elle nous fait face ? Maintenant, cet homme allait obtenir ce qu'il avait cherché, et le gong retentit ...

Swenn Milazzo
Swenn Milazzo
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyDim 11 Nov - 14:26
Irys : 961390
Profession : Chimiste le jour - Dealer la nuit - Toubib de secours à toute heure
Daënar +1
Pendant que Nora semble réfléchir à ce qu'elle peut bien lui dire, les deux hommes au centre de l'attention s'en donnent à cœur joie. Ou pas. Allez savoir s'ils prennent vraiment du plaisir. En tout cas, ils en donnent à entendre ces vociférations. Tourné en direction de cet affrontement, l'attention de Swenn se porte pourtant davantage sur les quelques échanges qui semblent se faire dans ce hangar puant. Impossible de déterminer l'objet exact de ce trafic qui est inévitablement abrité en ce lieu, mais ce n'est pas ce qui l'intéresse le plus actuellement. Chaque chose en son temps.

D'autant plus que la jeune rebelle parait décidée à lui donner quelques informations alors que les combattant sortent de l'arène sous les cris de joie et les sifflets. Évidemment que le Daënar ne peut cautionner ce qu'elle présente comme étant son métier, mais jamais il ne se permettra pour autant un quelconque jugement de valeur. Chacun fait ce qui lui semble juste. Et c'est déjà pas mal lorsque c'est le cas. Alors il se contente de l'écouter en silence, ses yeux machinalement posés sur un groupe d'hommes fortement alcoolisés non loin d'eux, sans pour autant porter le moindre intérêt à leurs gesticulations. Et la conclusion fini par tomber. Bah, il s'en doutait un peu évidemment... De ce qu'elle cherche en venant à sa rencontre, pas vraiment de la raison qui l'y pousse.

Dire qu'il est insensible à ce qu'elle lui dévoile serait faux. Pourtant, comme à son habitude, rien dans son attitude ne vient trahir ce qu'il peut bien en penser. Sûrement parce que les problèmes de conscience ne lui sont pas inconnus. Et qu'il y a bien longtemps qu'il a accepté que des gens meurent tous les jours, de façon plus ou moins juste. Alors s'il peut aider la jeune femme à être en paix avec elle-même l'espace de quelques heures, il le fera bien évidemment. D'autant plus s'il peut en tirer quelques Irys supplémentaires.

- "Est-ce que cette histoire a pour objectif de m'agacer suffisamment pour que je refuse ta demande ?"

Un léger regard intrigué en direction de sa voisine qui ne semble pas parfaitement sereine. Oh, entendre les raisons qui poussent la plupart de ses clients à venir lui demander toutes sortes de produits aux propriétés diverses n'est pas rare. Au contraire. Beaucoup s'imaginent rendre leur dépendance légitime par une vie merdique. A passer leurs nuits dans les rues glacées. A avoir perdu des parents, un mari ou un enfant. Parfois tout à la fois. Avoir appris être victime d'une maladie incurable réduisant leur durée de vie à une poignée de mois. Les bonnes raisons pour se laisser aller, à abandonner le contrôle sur son corps et son esprit, le dealer en entend régulièrement. Mais il faut reconnaitre que Nora réussit toujours à le surprendre. Autant par le contenu de ses histoires que par la facilité avec laquelle elle les lui confie. Pour sûr que ceux qui veulent arrêter de ressasser leurs actes difficiles à supporter ne les lui rapportent pas. Et se contentent de payer avant de repartir discrètement.

- "Dommage, parce qu'il se trouve que j'ai effectivement de quoi stopper tes capacités de réflexion pour quelques heures. Et que je n'ai pas l'intention de t'empêcher de disposer librement de cet argent gagné par chance. A moins que tu ne sois réellement douée pour ce genre de paris ?"

D'ailleurs en parlant paris, le dealer n'a toujours pas pris la peine de s'essayer à ce petit jeu qui occupe si bien la population locale. Les deux prochains adversaires déjà annoncés par l'animateur avec une énergie débordante. Des noms totalement inconnus. Inconnu jusqu'à la sortie des combattants. Cet homme... Non, ce monstre serait probablement un terme plus approprié. Impossible pour Swenn de ne pas le reconnaitre à l'instant même où son visage est offert à la vue de tous. Parce que leur rencontre est encore récente. Et qu'elle n'est pas de celle qu'il pourra oublier un jour. Tout juste si son corps s'en est remis.

Un très léger mouvement de recul incontrôlable alors que des souvenirs désagréables lui reviennent en mémoire, poings serrés, le chimiste ne peut contrôler ce rythme cardiaque qui vient de doubler sans prévenir. Rien d'extravagant dans cette réaction minime, mais largement inhabituelle pour cet homme habitué à rester imperturbable en toute situation. Non pas en lien avec cet acte barbare dont il fait état d'entrée de jeu, annonçant qu'il est bel et bien aussi dangereux que ce que son physique hors normes laisse imaginer. Mais avec un instinct de survie qui vient lui envoyer ces signaux d'alarme. Et la jeune femme ne semble se soucier que d'une chance ratée pour renflouer encore un peu plus ses poches...

- "T'as déjà vu ce type ?"

Il se doute évidemment que la seule différence de force qui saute aux yeux est largement nécessaire à la petite joueuse pour afficher sa déception de ne pas avoir misé sur le géant. Pas besoin de savoir ce dont il est capable en dehors de ça. Mais à cet instant, les histoires d'argent et de trafic sont bien loin des préoccupations du dealer. Bien sûr qu'il serait plus prudent de sortir d'ici immédiatement. Il se souvient parfaitement des conditions dans lesquelles ils se sont quittés. Et l'autre ne paraissait pas bien satisfait de le voir encore respirer...

- "Tu ne veux pas qu'on aille ailleurs pour que je te file de quoi être tranquille ?"

Ouais, tant pis. Il aurait préféré être seul sur ce coup là, à pouvoir se barrer sans que personne ne puisse faire aucun rapprochement, mais il n'a pas envie de prendre le risque que le regard de ce montre puisse croiser le sien une fois de plus. Il vient bien de prouver qu'il n'y a pas besoin d'être dans l'arène pour se faire réduire à l'état de cadavre. Et même sans voir l'avenir, deviner que ce combat ne va pas s'éterniser n'est pas bien difficile... Sa survie cet été n'était probablement due qu'à un excès de chance, sur lequel il ne peut probablement pas compter une seconde fois. La preuve. Par quel foutu maléfice est-ce qu'il se retrouve de nouveau au même endroit que ce barbare ?!

Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyVen 23 Nov - 23:06
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Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2

  • Un colosse d’une taille incroyable, à la musculature développée et à l’entrée fracassante, contre un homme trapu, d’une stature tout à fait raisonnable mais dont l’attitude était nettement… Calmée par l’adversaire qu’il allait affronter. Sans doute venait-il de se rendre compte quelle erreur il avait fait d’aller aussi. Il donnerait volontiers tout ce qu’il pouvait bien posséder maintenant, pour annuler ce pari inutile qui consistait à combattre ce soir face au « boucher des fosses ». Ne l’ayant jamais vu auparavant, et tout enorgueilli qu’il était par sa propre stature et par l’alcool qui coulait à flot, il avait affirmé pouvoir mettre au tapis cet ours mal léché en quelques round seulement. Forcément, ses amis d’un soir – qui n’avaient d’ami que le mot – le poussèrent dans cette direction, tout certains qu’ils étaient de pouvoir miser contre lui et emporter une somme modeste. Modeste, mais intéressante tout de même. Si sa fierté était toujours debout, son courage et sa confiance, eux… N’en finissaient plus de s’effondrer. Tout juste réussit-il à garder son pantalon au sec.

    Le bandit qui joue le rôle d’arbitre n’en finissait plus d’haranguer les foules à grands renforts de superlatifs et autres qualificatifs grandiloquents. Eylohr, qui n’avait jamais été du genre loquace et qui, depuis peu, s’exprimait plus souvent à l’aide de grognements et de grimaces que de mots et de phrases complètes, n’en pouvait plus d’entendre brailler ce type qui ne s’intéressait qu’à l’or qu’il allait se mettre dans les poches. Il n’avait qu’une seule envie : broyer ce type ET son adversaire, afin de remporter sa mise et de la dilapider en alcool et plaisante compagnie. Mais même si Eylohr n’avait pas peur d’un groupe de porte-flingues, et qu’il avait déjà survécu à plusieurs combats sanglants et autres fusillades explosives, il n’avait pas d’autres choix que de rester « calme », car aussitôt qu’il aurait levé la main sur l’arbitre, il se retrouverait criblé de balles avant de pouvoir tenter de se cacher.

    Puis, vient l’écho du bruit d’une cloche à moitié rouillée. Le combat est lancé. L’euphorie suit le mouvement. Les hurlements des foules raisonnent comme l’écho de la cloche tant ils semblent se réverbérer sur les parois de cette cave humide. Eylohr ne bouge pas d’un cil, son adversaire, lui, semble hésiter quant à la marche à suivre. Il fait un pas à droite, puis un à gauche et revient à sa position d’origine. Il ne sait pas quoi faire face à un tel colosse. Bien qu’il ait monté sa garde et qu’il fasse tout son possible pour rester alerte, il n’osait pas décider du premier pas à faire. Alors, dans une envie à la fois perverse et malsaine, Eylohr tapa du pied par terre et fit mine de s’approcher du gaillard au bord des larmes. Ce dernier sursauta et fit un pas en arrière, manquant de perdre l’équilibre et de chanceler honteusement face à toute cette populace. Il avait suffi d’un geste, d’une feinte, pour que le gros costaud vacille à moitié. Alors que ce passerait-il si Eylohr tentait de porter un coup ?

    Eylohr était très occupé à jouer avec sa future victime. Il cherchait encore la manière dont il allait en finir lorsqu’un cliquetis métallique le força à lever les yeux au-dessus de ses épaules et à se retourner. Les porte-flingues qui tiennent cette cave étaient en train de fermer toutes les issues. Par cette tactique, ils espéraient éviter toute fuite intempestive et tout débordement de foule. Ce n’est pas bon pour les affaires. Ceux qui perdent et qui doivent payer cherchent souvent à sauver leurs misérables paris en fuyant ou en se cachant. Là, au moins, personne ne pouvait manquer à l’appel. Et quiconque tenterait de s’y soustraire recevrait immédiatement une balle entre les deux yeux. Une ambiance agréable, donc.

    Il était tout à ses observations et à sa réflexion lorsqu’une main caleuse se posa sur ses épaules, et qu’une force surprenante vint l’obliger à se retourner. Là, à demi tourné vers celui qui venait d’attirer son attention, une autre main vint s’écraser contre la joue perchée à plus de 2m10 de haut. La surprise du coup eut le mérite de remettre les idées du colosse en place, et de faire couler un mince filet de sang depuis une des narines d’Eylohr. Décidément, cette journée est pleine de rebondissements. L’assaillant tente de réitérer l’exploit, mais sa petite mimine – en comparaison aux grandes palmes d’Eylohr – fut stoppée par la paume de l’ours, après quoi, son énorme tête vint s’encastrer contre le nez de l’adversaire, lequel se déforma d’un coup d’un seul, dans un énorme craquement. Le choc fut tel qu’il fit perdre l’équilibre à l’attaquant, maintenant, attaqué. Si Eylohr avait toujours un mince filet de sang qui coulait depuis sa narine jusqu’à son menton, l’adversaire, lui, souffrait d’une véritable hémorragie. Le sang n’en finissait plus de couler, et lorsque sa tête bascula en arrière une fois au sol, il manqua de s’étouffer dans son propre sang, qu’il recracha dans de grandes gerbes de sang, mêlées de salives. Eylohr, lui, passa sa main contre son nez et essuya une partie du sang qui avait déjà commencé à sécher. Quelle sensation étrange… La douleur… Le sang… Le goût métallique dans le nez et dans la gorge… Et cette sensation de vivre pleinement les choses. Jamais Eylohr ne se sentait aussi vivant que lorsque ses narines reniflaient l’odeur du sang, et lorsque la douleur lui faisait ressentir chaque partie de son corps. La souffrance à de drôles d’effets sur un homme, par vrai ?

    Pour en finir avec celle du pauvre condamné – en un ou deux mots, faites votre choix -, Eylohr se plaça au-dessus de lui, mit un genou à terre, plaça sa main gauche derrière le crâne de l’individu à abattre, leva son poing droit et assena un premier coup tonitruant qui décrocha quelques dents qui vinrent voler dans les airs. Puis, il réitère l’opération. Et encore. Et encore. Et encore, jusqu’à-ce que chaque os de la face ou de l’intérieur du crâne ne cède sous les violents assauts d’une brute en puissance. Le visage n’avait plus rien d’humain. Un œil était presque exorbité, un autre était complètement refermé, la paupière ayant quadruplée de volume. La langue, elle, fut coupée en deux sous les coups de boutoirs de l’Ours venu du Nord, cisaillée par les dents qui s’enfonçaient un peu plus profondément à chaque impact. Finalement, lorsque le visage fut totalement détruit, que plus un filet d’air ne put passer au travers de la bouche ou du nez de la victime, et après qu’une goutte de sang eut atterrie au coin de l’œil d’Eylohr, celui-ci mit un temps d’arrêt. Cette goutte de sang semblait lui avoir fait réaliser l’état de sa victime. Alors, machinalement, il se leva, s’appuya sur une jambe et enfonça son autre pied dans le crâne de l’homme sans vie, projetant partout autour des morceaux d’os, de cerveau et d’autres organes totalement détruits par la brute. Il avait gagné.

    Déjà le bookmaker s’était approché de lui, levant un de ses bras rougi de sang en l’air et glissant dans la poche de son pantalon ce qu’il venait de gagner. Si les truands étaient prêts à tout pour gagner le moindre irys doré, la démonstration du colosse, et le code des truands, suffisaient à obliger le bookmaker à tenir sa parole. Ne cherchant ni à être flatté ni à rester le pied dans cette bouillasse poisseuse, il se contenta de retirer son pied du crâne de sa victime, à dégager son bras de la prise du bookmaker, et à prendre le chemin de la sortie, au milieu de la foule. Il agrippa au passage une bouteille d’un alcool de contrebande dont il bu un bon tier en quelques gorgées, avant de reporter son regard vers la foule où, soudainement, et très subtilement, il cru reconnaître un visage familier. Un homme, qui avait à la fois un visage familier et une allure qu’il reconnaissait. Mais… Impossible de se rappeler qui il était, ni d’où venait ce souvenir. Et la donzelle avec lui ? Qui était-elle ? Était-il réellement face à une connaissance, ou était-il simplement en train de se tromper ? Tant de questions qui n’avaient, pour le moment, aucune réponse, alors que le colosse plantait son regard glacial dans celui de l’individu qui avait déclenché toutes ces interrogations. Un regard froid, impassible, qui semblait pouvoir traverser la chaire, les os et les pensées, alors qu’il fixait l’homme comme un lion fixerait sa prochaine proie, avec toute la flamboyance d’un regard de prédateur.

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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyLun 26 Nov - 0:06
Le cliquetis des cloches se fit entendre, le silence momentané de la foule dont le ton sembla ralentir, le temps d'une mandale. Nora la ressentit vibrer lentement, comme piégée dans un temps dont l'impression se voulait douce, et pourtant si intense. Lorsque les phalanges du plus petit atteignirent finalement le plus gros, tout revint à la normale, à vrai dire, tout s'accéléra même. Comme ramenée à son corps comme l'on tire une ligne de survie, Nora revit l'horizon de visages exacerbés par l'excitation malsaine que procurait l'anticipation de la boucherie dont seuls quelques connaisseurs avaient idée de l'ampleur avérée. La rouquine, elle, ne connaissait pas plus le géant que son adversaire, tout ce qu'elle savait, c'était que les sourires sadiques de certains n'avaient cesse de lui indiquer que ce combat était finalement joué d'avance. Ces porcs se réjouissaient de la mort planifiée d'un imbécile qui avait consenti à consacrer sa vie à ce jeu de coqs. La jeune femme n'arrivait toujours pas à croire qu'elle appartenait à ce monde. 

Quel sentiment était-ce là que d'être, parmi tant de criminels, celle qui avait certainement commis les actes les plus atroces ? Fierté, honte, regret, les trois ? Impossible. Peut-être cet endroit logeait-il un salopard de première qui, lui, en plus d'accomplir des actes qui lui vaudraient un aller simple au gibet s'en enorgueillissait ? Paradoxalement, Nora espérait autant que cet individu existe qu'il ne soit que pur fruit de son imagination. Ses affaires la menaient assez à conclure des deals avec des enfoirés de sadiques pour qu'elle ne puisse vouloir supporter la compagnie d'un champion toutes catégories hors de ses temps professionnels ... et sa famille était si proche. Que penseraient-ils en la voyant ici ? Que dirait-elle seulement à sa petite soeur ? Et si elle devait mou... peu importe. 

La rouquine balaya ces songes d'une brève inclinaison de la tête, expirant en un souffle agacé. Ce genre de pensées fatalistes, elle les avait bien trop fréquemment, Swenn et ses saletés étaient désormais une nécessite. Le repos d'une âme coupable passe forcément par son extinction, même momentanée, mais cela faisait bien longtemps que dormir ne suffisait plus ... cela faisait bien longtemps qu'elle n'arrivait même plus à dormir. Enfin, la vie continuait et, parfois, elle était auteure de belles coïncidences, comme l'arrivée de ce cher dealer quand il était le plus requis. Il n'y avait pas de quoi se plaindre, après tout, Nora était du bon côté de la barrière, là où les bombes n'explosent que de son fait. Ce n'était au final qu'une sécurité qui serait bien vite compromise. 

Son oreille attrapa à la dérobée la question de son compagnon, à laquelle elle ne prêta d'abord qu'une curieuse attention. Il y avait bien quelques noms de l'arène souterraine qu'elle connaissait, mais personne d'essentiellement réputé, ni notoire. Et depuis quand Swenn aimait-il seulement la violence ? Pourquoi s'intéresser à cet individu en particulier, il était certes grand, avait de sacrés muscles sur les os, mais on en avait vu d'autres de ce genre de bestiaux. C'était ça de devoir faire des affaires dans les lieux les moins fréquentables, par chance, Nora s'était toujours débrouillée pour ne pas se faire remarquer par l'un d'entre eux. Indéniablement, c'était pour le mieux que cela reste ainsi pour toujours. Alors, à cette interrogation aux allures d'inquiétude que la rouquine ne saisissait qu'à peine, elle n'eut pour réponse qu'un froncement de sourcils. 

- Non. Tu t'intéresses aux combattants de fosse, maintenant, toi ? Tu as développé un goût pour les hommes luisants de sueur et rembourrés de muscles ? 

Esquissant un sourire taquin, elle ravala bien vite sa boutade à la dernière remarque du daënar. Mais qu'est-ce qui lui prenait bon sang, à cette usine à toxines ? D'habitude, pas même un couteau sur le bras ne lui faisait lever un cil, alors pourquoi est-ce qu'il était si agité ? Nora avait besoin de tout sauf d'excitation, ou de palpitante aventure ce soir, alors s'il pouvait se tenir tranquille, ce serait bien plus facile à supporter. Et puis qu'était un Swenn sinon une abjecte créature impossible à impressionner, ou à faire simplement réagir ? Son ton blasé commençait déjà à lui manquer et la rouquine était déjà prête à le dissuader de s'en aller, les portes étaient déjà verrouillées de toute manière. Mais elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche, qu'aussi vite elle la referma. 

Un craquement abject retentit par-dessus son épaule, son regard fut attiré par le son comme l'on réagit à un signal d'alarme. Se tenant droite, presque cabrée, son visage surmonta son épaule, épiant la scène qui se présentait à elle comme l'on assiste à un abattoir. Les barrières cachant le bas de sa taille, son buste seul ressortant et ses pupilles azurés fixant la scène, elle gardait un souffle en suspens le temps d'un combat ... qui n'était qu'une exécution motivée par le désir de violence. La fluctuation de liquides tous aussi écoeurants les uns que les autres envoyait à son esprit une vision si repoussante, ses yeux semblaient battre dans leurs orbites. Tantôt sa vue était claire, tantôt elle se troublait, comme si, intérieurement, elle censurait cette boucherie. Sa bouche finement arrondie, ne laissant qu'un fin espace large comme une aiguille demeurait rigide.

Chaque coup de grâce ... ou plutôt de torture prolongée qu'assénait le géant envoyait des frissons ineffables dans l'échine de Nora. Chaque vibration sur le sol, chaque impact dans la mâchoire de l'abattu clarifiait le sens même de la souffrance. Chacune d'entre elles mettaient tout autant en évidence la sauvagerie qu'hébergeait cet homme. Le regard malade de Nora dériva sur l'agresseur, désintéressé par la carcasse décharnée qu'était devenu son adversaire. Elle ne connaissait que de trop les gens comme ça, ceux qui ne vivaient que dans la conviction que la mort est la seule issue dans les négociations, que la torture était le seul argument, que la souffrance était la seule contrepartie et que, peu importe l'échange, il fallait être celui qui tapait le plus fort. Plus que craintive, elle avait pitié de lui, son regard insolent en témoignait, maintenu haut par l'angle de son visage et pourtant collé à sa paupière inférieure, elle savait que la vie de cet homme finirait dans autant de sang qu'il en a fait coulé. 

Cela expliquait bien des choses quant à la réaction de Swenn. S'il avait croisé ce type par le passé, la rouquine comprenait parfaitement ce pour quoi il aurait tenu à l'éviter. Son regard serré se détourna de l'arène pour retrouver celui de son camarade, elle ne concevait pas même ce qu'il devait ressentir, sur l'instant, elle n'avait même pas la moindre considération à lui accorder. La haine de cet animal était contagieuse et l'épiderme de Nora n'était pas une protection suffisante pour le garder au-dehors. Sentant le canon de son pistolet caresser son dos, jamais la jeune femme n'avait eut autant envie de l'utiliser. Une raclure de moins dans ce monde, ç'aurait été une si belle opportunité. Mais pas une qu'elle voudrait saisir, c'étaient ses vacances, après tout, pas son plan vigilantique personnel. S'écartant de la barre, laissant le spectacle macabre derrière elle, la rouquine s'écarta lentement, glissant un regard derrière elle pour constater que c'était désormais sur son dos que le regard du géant se redirigeait. Elle s'en fichait, elle n'avait rien à voir avec ce que voulait cette personne et elle ne serait certainement pas celle qui l'enverrait faire une visite de courtoisie dans sa tombe. 

- Tout ce que tu veux, pourvu que ce soit bon.

Répondit-elle simplement à Swenn avant de s'en aller d'elle-même vers le fond de l'entrepôt. Sortir sur les quais était un petit paradis qu'elle aurait aimé s'offrir, mais il fallait d'abord subir l'investigation des gardiens à la porte, et généralement, ces racailles-ci étaient moins conciliantes que les gardes légaux. Un pan de mur suffirait. Finalement, elle se retourna, faisant face de biais à son compère daënar, attendant qu'il ne la rejoigne pour qu'il guide lui-même le chemin. Après tout, c'était lui qui voulait s'écarter, elle était tout aussi bien au bord de l'arène qu'adossée sur une palissade du fond.

Swenn Milazzo
Swenn Milazzo
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyJeu 29 Nov - 1:25
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Profession : Chimiste le jour - Dealer la nuit - Toubib de secours à toute heure
Daënar +1
Ok, là ça ne va plus du tout. Si d'extérieur n'importe qui ne le connaissant pas trouverait Swenn parfaitement calme et serein, à afficher une assurance indécente, intérieurement il n'en est rien. Pas uniquement en raison de son cœur qui a décidé de suivre un rythme beaucoup trop élevé sans lui demander son avis. Mais aussi, chose extrêmement rare, à cause de son cerveau qui fait des siennes, partant lui aussi en roue libre. A lui faire revivre ce qui doit probablement être la pire soirée qu'il ait eu à subir. Celle qu'il a passé à courir dans les ruelles désaffectées de Cerka, une masse impressionnante lancée sur ses talons. A tenter de trouver un abri où échapper à ce regard qui n'avait plus rien d'humain. A faire face au canon d'une arme adaptée à la taille de son propriétaire. Puis inévitablement...

Heureusement, la tentative de la jeune femme à ses côtés pour détendre l'atmosphère, le ramène bien vite dans ce seul hangar puant la transpiration mêlée à une multitude d'autres effluves aussi peu accueillantes. Et réussi à provoquer un demi-sourire chez les dealer. Celui qui lui donne cet affreusement hautain. Ce n'est pas parce qu'il est doté d'un esprit rationnel à toutes épreuves et qu'il faut bien chercher pour trouver une once d'émotion chez lui qu'il est dénué de tout humour. Cet essai aurait même pu être un succès dans d'autres conditions. Mais le combat qui débute lui enlève toute envie de poursuivre sur cette voie.

- "Seulement s'ils peuvent me rapporter quelque chose. Sans avoir à me reposer sur des paris incertains."

Même si dans le cas présent le degré d'incertitude frôle dangereusement le zéro absolu. Incapable d'en dire davantage, son regard semble ne pas vouloir se détourner de l'arène. Alors qu'au plus profond de lui il ne pense qu'à partir au plus vite, disparaitre, n'importe où tant qu'il n'est plus dans le champ visuel du géant, ses jambes elles, ne paraissent pas prêtes à faire le moindre effort.

Et alors que le dénommé Eylhor Lothar assène un premier coup d'une puissance facile à imaginer en voyant la circonférence de ces bras, les issues sont condamnées. Mais cette scène aux allures de piège n'attire pas l'attention de Swenn qui a déjà une très désagréable impression de déjà vu. La seule différence étant sa place. Comme s'il assistait à son propre lynchage. Son imagination pourtant rarement mise à contribution lui donne déjà l'impression de se retrouver à la place de ce pauvre type désormais inconscient, qui continue pourtant à encaisser le déferlement de violence qui s'abat sur lui, ne semblant jamais vouloir s'arrêter. Heureusement que ses multiples expériences l'ont habitué aux visions les plus écœurantes qui soient, sans quoi le Daenar aurait immanquablement vidé le contenu de son estomac au sol. Au lieu de ça, il reste parfaitement impassible.

Impassible jusqu'à la fin du combat. Jusqu'à ce moment. Celui où ce contact visuel direct s'établit de nouveau. A cet instant il devrait bénir la qualité pathétique de l'éclairage qui règne dans ce hangar, son teint habituellement hâlé ayant viré au livide en moins de deux secondes. Pourtant, à ce jeu de regards, aidé de son arrogance inflexible et de son indifférence assumée, Swenn est habitué à avoir l'avantage. Bien vite oubliées ces belles caractéristiques face à ces yeux reflétant toute la dangerosité de l'animal qui les pointe sur lui. Laissant le champ libre à la panique qui tente de s'emparer de lui.

Une fois de plus, ce sont les paroles salvatrices de Nora qui lui permettent de décrocher de l'arène, pour revenir à sa place de simple spectateur. Et retrouver ce regard connu a au moins l'avantage de lui rappeler la raison initiale de sa venue en ce lieu. Ainsi que la demande de la jeune rebelle. Bien, des bases parfaitement maîtrisées qui lui rendent une partie de ses moyens qui l'avaient totalement abandonné l'espace de quelques instants, le dealer réussi à renouer avec ses plans laissés de côté à la seconde où le géant était entré en piste.

- "C'est pas parce que j'ai changé de continent que je vais me mettre à vendre des produits dégueulasses." Déjà que ces produits sont de vraies merdes, bien sûr qu'il s'arrange pour qu'ils soient bons. Du moins que le cerveau de son client le persuade qu'il s'agit d'un vrai délice. "Tu devrais aimer."

Tout en s'éloignant du centre d'attraction principal où la quasi totalité de la foule présente ce soir est encore amassée, et par conséquent du géant capable de lui faire perdre ce contrôle pourtant parfait dont il sait faire preuve en toutes circonstances, Swenn met déjà les mains dans ses poches, à la recherche d'un sachet spécifique. A mesure qu'ils s'approchent du fond du hangar, quasi vide, l'air parait se faire plus respirable - même s'il est en réalité difficile de faire pire que celui dans lequel ils étaient plongés. Et l'éclairage moins performant. Ce qui devrait au moins leur permettre de gagner en discrétion. Non, le chimiste n'a pas pour projet d'attirer l'attention dans l'immédiat.

- "Essaye ça. C'est la dernière composition que j'ai testé. Tu me diras ce que t'en penses."

Ces quelques mots prononcés en tendant à la demoiselle un joint roulé avec une rapidité et précision dues à l'habitude, le dealer sort ensuite un briquet en cuivre indispensable. Un mélange de plusieurs herbes principalement composé de cannabis, accompagné de feuilles plus douces pour une sensation et un goût plus agréables.

Puis, fait très rare, se décide à en rouler un second après quelques courtes secondes d'hésitation. Non pas qu'il ne se laisse jamais tenté loin de là, mais jamais dans un environnement qu'il ne maitrise pas. Bien moins dosé que le premier, l'objectif n'est clairement pas d'oublier l'endroit dans lequel il se trouve. Seulement d'aider son corps à évacuer toute cette tension ressentie précédemment, et qui ne parait pas vouloir le quitter. L'aider à patienter le temps nécessaire à ce que les organisateurs aient récupéré les mises des parieurs intrépides, pour pouvoir finalement profiter de l'air extérieur. Et ne décider qu'ensuite de la façon dont il occupera la fin de cette nuit.

Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyLun 10 Déc - 15:44
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Pérégrins -2

  • Le moins que le puisse dire, c’est qu’Eylohr était devenu fou. Une folie emprunte d’instinct, certes, mais surtout une folie vengeresse et perverse. Lui qui, depuis toujours, avait été froid, impassible et violent, arborait aujourd’hui une personnalité à deux facettes : une facette manipulatrice, et une facette destructrice. Ces deux aspects travaillaient de concert, ce qui permettait à Eylohr de manipuler, soudoyer, convaincre et utiliser ses victimes afin que son pouvoir de destruction et de mort, puissent s’en trouver grandis. C’est ainsi que, plus tôt dans ce mois, il avait su manipuler et utiliser à son avantage, les informations qu’un homme était peu enclin à révéler, sur l’existence d’un village où, parait-il, vivrait un technologiste passé maître dans l’art des prothèses et des armes magithèques. Bien qu’il obtînt ses informations à grands renforts de persuasion et d’irys dorés, il ne manqua pas d’user de cruauté lorsque, une fois informé, il désira reprendre ce qui jusqu’alors, lui appartenait. Aujourd’hui ce village n’existe plus, sinon sous la forme d’une terre noircie par les cendres, jonchée par les débris des maisons éventrées et pillées, et percée par endroit par des dizaines de stèles en mémoire de celles et ceux qui périrent sous l’attaque de celui qui n’est connu que comme « le Géant du Froid », ou encore « L’Ours de sang ».

    D’aucun ayant connu le géant par le passé, se trouverait fort inquiété maintenant face à lui. Son regard, brillant d’une lueur malsaine et d’une intelligence démoniaque, perçait tout, voyait tout. Il était de ceux qui avaient la capacité à trouver la corde sensible d’un individu, ses forces et ses faiblesses, et de les utiliser à son avantage afin que toujours il soit le grand gagnant. Un peu plus chaque jour, à chaque rencontre, à chaque manipulation, à chaque fois qu’il pouvait faire parler de lui, il se rapprochait de son but macabre et chaotique. Bientôt, très bientôt, le monde entendrait parler du fléau qu’il représente, et ce jour-là, ce sera trop tard.

    C’est animé d’un tel regard foudroyant et transperçant qu’il avait dévisagé le pauvre Swenn et sa compagne d’un soir. Qui était-elle d’ailleurs ? Une fille à la compagnie forfaitaire ? Ou une acolyte pour un acte potentiellement criminel et répréhensible ? Le colosse n’en savait rien, tout ce qui l’intéressait à ce moment-là, c’était de savoir où, quand et comment il avait connu cet homme. Il avait bien quelques réminiscences, que les gestes et les cris d’une foule en délire bousculaient sans cesse, mais rien qui ne lui venait clairement à l’esprit. Il vida alors une partie de la bouteille en quelques gorgées, et, cherchant à se débarrasser de ceux qui devenaient nuisibles et ennuyeux autour de lui, il ne trouva rien de mieux que de prendre une bouteille vide qui trônait prêt de lui, et l’assena sans remords sur le crâne du premier qu’il trouvait trop ennuyeux. Le malheur voulut qu’un jeune homme d’une quinzaine d’année, se soit approché suffisamment pour menacer le pactole du géant, qui se trouvait encore dans sa poche. Rien ne fit penser que l’adolescent soit venu jusqu’ici pour voler les gains d’Eylohr. Peut-être voulait-il seulement voir de plus prêt cette bête de foire qui trônait plus haut que la plupart des Hommes ? Toujours est-il que le récipient en verre vint s’écraser sur le haut du crâne de l’adolescent trop entreprenant, qui, sans demander son reste, s’écroula lourdement au sol, dans une position pathétique, alors que l’euphorie et l’exaltation ambiante disparurent d’un seul coup, laissant place à un quasi silence, alors qu’Eylohr entreprit de suivre l’homme au visage familier et la femme à la présence suspecte.

    Conscient que l’ambiance était importante dans ce genre de jeu, le bookmaker reprit son travail, introduisant les deux prochains combattants, focalisant l’attention de tous ces babouins, qui venaient trouver là ce qu’ils n’auraient jamais dans leurs vies : du courage et de la hargne.

    Le géant venu du Nord, lui, empoigna ce qui lui servait de chemise. Elle était sale et usée, et ce qui était, avant, un blanc éclatant était aujourd’hui gris et terni. Puis, il reprit son épée, qu’un bras armé vint lui tendre alors qu’il l’avait précédemment laissée dans sa loge. Il retrouva son épée, son fusil à double canons sciés, son couteau de combat et ses deux revolvers. Sa hache, elle, était restée à bord du navire sur lequel il était arrivé, mais cela, c’est une autre histoire. Il s’équipa rapidement, tout habitué qu’il était par des années de guerres et d’expéditions. Et, tandis qu’il s’équipait, il s’avançait le plus discrètement possible des deux individus qui l’intéressaient tant, faisant tout son possible pour rester discret et entendre ce qui se disait. Derrière un ensemble de caisses en bois montées les unes sur les autres, il se cacha. Et tandis que les effluves d’une cigarette aromatisée commencèrent à chatouiller les narines du colosse en maraude, il réussit à entendre quelques mots : « C’est la dernière composition ».

    Voilà donc ce que semble être cet homme à l’identité encore incomplète. Un dealer. Un trafiquant, un chimiste où peut-être tout cela réunit. Visiblement, c’est un technologiste, puisqu’il utilise des matériaux qui, normalement, feraient tourner de l’œil les mages Myträns. Il parle comme un technologiste aussi. Un raisonnement scientifique, une parole organisée, une attitude éloignée et froide. Ce doit être un homme aux activités douteuses et, à n’en pas douter, il devait être une grosse crapule. Ainsi donc, la demoiselle était une consommatrice. Voilà qui est fort intéressant. Et… Oui… Peut-être… Peut-être que cet homme, et cette demoiselle, trouveraient dans la cause d’Eylohr un combat honorable ? Peut-être pourraient-ils faire partis de ses alliés, ou, tout du moins, de ses sympathisants ? Eylohr ne pouvait pas achever son projet seul, il avait besoin de soutien. Et son soutien, il le trouverait dans les populations frauduleuses, crapuleuses, les rebus de la société, les exilés, les meurtriers, les parias, les voleur, les violeurs, les menteur, les mercenaires et tous ceux qui furent rejetés ou utilisés par le continent des Technologies. Pauvres mineurs, pauvres soudeurs, pauvres ouvriers mal payés, pauvres travailleurs asservis, pauvres parias rejetés et meurtris par un gouvernement qui leur aura tout prit. L’heure serait bientôt à la vengeance.

    Alors, Eylohr sortit de sa cachette, et découvrit de visu les deux individus qui s’apprêtaient à planer dans les cieux sans avoir à décoller du sol. Inutile de dire qu’il était en position de force. La drogue a au moins le mérite d’émousser les sens. Sa bouteille à la main et ses revolvers à proximité, il s’avance vers les deux protagonistes en plein trip. Ou en pleine défonce. Ou en pleine détente. A voir. Déterminé à réaliser son effet – s’il en avait encore besoin vu le combat de tout à l’heure – il s’avança et sa planta devant eux, ses pieds vissés dans le sol, une attitude à la fois inquiétante et dominante, tandis qu’il prit le temps de dévisager d’abord la donzelle puis le dealer qu’il n’arrivait toujours pas à remettre.

    - On s’connait non ? Ta tête m’dis quelque chose blanc bec. Où on s’s’rai vu dis voir ? Sa voix est empruntée de menaces et d’un ton lourd, imposant une réponse qu’il veut entendre le plus vite possible. Puis, il baisse les yeux sur ce qui s’apparente être une drogue aux effets forts sympathiques. Ta quoi d’autr’ que c’t’amuse bouche ? Il vide une grosse gorgée de sa bouteille d’alcool de contrebande. T’en veux blanc bec ? Et toi rouquine ?

    Il est parfois difficile d’allier intimidation à charisme, et le charisme à la prestance. Ils peuvent répondre à ses questions à demi menaçante, et refuser d’engager une conversation plus productive. Or, Eylohr n’est plus motivé par la haine et la violence, mais par quelque chose de beaucoup plus pernicieux. Pour son projet, le savoir-faire et les connaissances d’un chimiste seraient un atout de poids, et une avancée considérable dans sa quête de vengeance.

    - Dis moi qui t’es blanc bec, et c’te soirée c’terminera d’manière agréable, j’te l’dis.

    Bon, pour le tact, on repassera.

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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyLun 10 Déc - 16:51
Pinçant la clope entre son index et son majeur, la rouquine regarda un instant le joint, considérant à quel point se défoncer était sage dans un endroit pareil. Il y avait plusieurs minutes, elle n'avait cure de ce qui pouvait arriver, tous étaient trop sublimés par l'arène improvisée au milieu de la pièce, alors, qui pouvait bien se soucier de deux junkies dans un coin de la salle ? L'un des combattants apparemment. Quelque chose sentait si mauvais dans l'attitude qu'adoptait le géant vis-à-vis de Swenn, et les traits comportementaux inhabituels dont faisait preuve ce dernier n'était absolument pas pour la rassurer. N'y avait-il pas mieux qu'une soirée prise de tête pour se détendre l'esprit ? Nora était absolument certaine que si, il y avait mille fois plus approprié. 

Alors lorsque, sous les applaudissements des abrutis et le silence des chiffe-molles, le combattant victorieux poussa la porte de l'arène, continuant de jeter son regard sur SON dealer à elle, Nora le prit comme le signal d'avertissement au prémisse d'une nouvelle joute pugiliste que, et pour être gentille, le daënar n'avait que peu de chances de gagner. Maintenant, elle se fichait pas mal de ce qui pouvait lui arriver, elle sait que de son côté, elle détesterait qu'on ne l'aide à se sortir de son propre pétrin, c'était un coup sûr à se mettre le pied dans d'autres galères. Mais bon, qu'elle le veuille ou non, la poisse incarnée qu'était ce jeune homme demeurait tout de même ce qu'elle avait de plus proche d'un ami ... c'est dire à quel point elle était peu sociale. Rien que cette pensée lui donnait envie de revoir sa famille, Fray lui manquait. 

Nora fit abstraction du jeune ahuri qui ferait mieux de compter le nombre de bouts de verre fichés dans son crâne plutôt que les étoiles qui tournaient autour de sa tête. Ce n'était qu'une violence de plus, et clairement pas la plus horrible qu'avait faite l'autre taré. La rouquine ne comprenait pas à quel point un homme pouvait être proche d'un fauve, le besoin de violence n'est pas un désir naturel, ni même instinctif. Cette personne qu'elle voyait s'avancer n'était pas un combattant, encore moins un guerrier, c'était un malade qui s'insérerait très bien dans un asile. La pyromane avait deux-trois adresses à lui recommander de son temps passé à Daenastre, ils avaient des liens très solides, paraissait-il, ainsi que de très nombreux traitements expérimentaux. Des mutagènes instables pour un personnalité instable, que demander de mieux ? 

Quoi qu'il en fut, Nora garda son joint pour plus tard, un pressentiment, fortement influencé par l'insistance du regard du pugiliste, lui incombait de ne pas s'anéantir l'esprit tout de suite. Elle avait tourné le visage vers Swenn, un court instant, pour voir si son expression était aussi cadavérique que quelques secondes auparavant. Le bougre s'était même roulé un pilon pour sa propre mèche, ce n'est jamais bon signe lorsqu'un commerçant emprunte de sa propre marchandise. Et lorsqu'elle retourna la tête vers l'assemblée, le géant semblait avoir bougé. Disparu, l'espace d'un instant, la rouquine n'abandonna néanmoins pas l'espoir de retrouver sa vilaine trogne surplombant la communauté criminelle. Compliqué de passer inaperçu lorsque notre tête effleure le plafond, dans ce cas de figure, la jeune femme pouvait enfin se vanter de sa petite taille relative. 

Et elle le vit approcher, son devoir était clair, son pistolet chargé, facile à armer, prêt à braquer. D'un oeil de lynx elle analysait la démarche du géant, l'attendant d'un pied ferme. Alors, avec une formidable bravoure, elle lâcha un soupir, avant de se laisser glisser avec vaillance contre le mur de fond, jusqu'à ce qu'elle ne s'assoit, jambes jointes, glissant une remarque emplie de support tant moral que motivant au daënar à son côté.

- Y a ton copain qui veut te voir, j'ai l'impression. Tu aurais sans doute dû lui laisser un message avant de t'exfiltrer comme un loubard de votre chambre conjugale. 

Non. Décidément, ce n'était vraiment pas son jour d'héroïsme. Pauvre Swenn, si vite enterré ... ses drogues lui manqueraient, pour peu qu'il n'en garde pas suffisamment pour la sustenter deux-trois mois, durant. Sinon, quel gâchis, regretté dealer qui accomplissait -peut-être trop bien- son travail, à force de prouesse il s'était attiré l'attention d'âmes mal intentionnées ... repose en paix, fidèle ami. 

Et vint alors se tendre une bouteille devant son nez, avec une remarque presque ami... agréable. Enfin, pas trop violente. Ce qui, en revanche, fut plutôt brusque, était le mouvement de bras de Nora qui vint attraper la bouteille. Il n'y avait rien de mieux que concilier les drogues. Il voulait parler à Wen, grand bien lui en fasse, elle, elle avait de l'alcool à profusion et un joint en réserve. Après quelques fermes gorgées, la rouquine retendit simplement le bras en l'air, la bouteille au bout. Tout comme l'argent n'a pas d'odeur, l'alcool ne porte pas la puanteur de son propriétaire. Cela n'empêcha pas la negiin de passer un bon coup de manche sur le rebord de la sortie de liquide avant d'y boire. Laissant les deux amoureux à leur romance, la pyromane fit ce qu'elle faisait de mieux et alluma son briquet pour, enfin, goûter un peu de cette nouvelle gamme que lui proposait Swenn.

Swenn Milazzo
Swenn Milazzo
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyJeu 13 Déc - 10:27
Irys : 961390
Profession : Chimiste le jour - Dealer la nuit - Toubib de secours à toute heure
Daënar +1
Prendre un peu de distance avec tout ce ramassis d'abrutis gueulant des paroles incompréhensibles permet à Swenn de regagner un contrôle total sur ses nerfs, mis à rude épreuve l'espace de quelques secondes. La distance, mais aussi - et surtout - cette première latte tirée, s'insinuant dans ses poumons pour un effet apaisant immédiat. Bien sûr qu'il a conscience du malaise de Nora à ses côtés. Son comportement inhabituel, encore maintenant, et le regard du guerrier qui s'est arrêté sur eux il y a juste quelques minutes s'imposent aisément comme explications à l'hésitation apparente de la jeune femme.

Pourtant, dans l'esprit du chimiste, il n'y a plus aucune raison de paniquer. Non pas parce qu'il peut penser être sorti d'affaires. Loin de là. Seulement ils se trouvent désormais à l'écart de toute l'agitation, et les sorties sont toujours condamnées. Il n'y a par conséquent rien de mieux à faire pour le moment que de patienter le temps nécessaire à ce qu'une meilleure option s'offre à eux. Alors en attendant, paniquer est probablement la pire des éventualités. Il n'y a rien de mieux pour prendre de mauvaises décisions.

C'est dans cet état d'esprit qu'il voit finalement une masse imposante s'approcher de leur duo. Pas besoin de plus de détails pour savoir à qui elle appartient. Pourtant cette fois, Swenn garde la même apparence parfaitement neutre qu'il maîtrise si bien au quotidien. Parce qu'il n'y a de toute façon rien de plus efficace à faire actuellement. Et il ne peut s'empêcher de se dire que si le géant avait voulu le descendre, il l'aurait déjà fait. Ou alors il veut seulement lire la panique en lui avant d'en finir. Pas question de lui offrir ce plaisir. Ok, ce qui commence à circuler dans ses veines, pour alimenter son cerveau, l'aide sûrement à ne pas se décomposer sur place.

Ce qui ne parait pas être le cas pour Nora qui recule déjà, cherchant un support pour se laisser glisser jusqu'au sol. Le laissant seul face à cet homme bien plus impressionnant de si près que coincé dans une fosse. Difficile de lui en vouloir. Même si elle aurait pu s'abstenir de ce genre de commentaire... Décidément. Qu'est ce qu'il a de si particulier ce soir pour qu'elle en vienne à de telles déductions sur ses orientations... ? A moins que ce ne soit qu'une technique étrange pour tenter de s'accrocher au peu de crédibilité qu'il lui reste posée ainsi, les fesses par terre ? Raisonnement bien trop difficile à capter pour le dealer. Et puis, il a bien plus urgent à régler comme problème.

- "On s'est déjà vu. C'était bien loin d'ici. A Rathram. Et ça commence à faire quelques temps."

Sans prendre la peine de répondre aux suppositions extravagantes de la rouquine - y a t il seulement une réponse à apporter à ces propos ? - Swenn entreprend d'apporter quelques informations pour satisfaire le combattant. Tout en évaluant les différentes options qui s'offrent à lui. Visiblement, il ne se souvient pas des conditions dans lesquelles ils se sont quittés. Et ça, c'est clairement un avantage. Peut-être même la seule raison pour laquelle il peut encore se tenir droit. Pour autant, feindre l'ignorance.... Il sait pertinemment à quel point il est mauvais dans ce rôle. Il risquerait juste d'énerver Eylohr, ce qui est évidemment une très mauvaise idée. En dire juste assez, mais surtout pas trop. Trouver le juste équilibre. Exercice qui lui donne l'impression d'avancer sur un fil, à des mètres du sol. Une chute synonyme de mort immédiate.

Et malgré les efforts que cela lui demande, le chimiste réussi à garder cette même assurance. Il faut dire que le comportement de l'homme face à lui est bien loin du déferlement de violence dont il a fait la preuve il y a quelques minutes. Et quelques mois... Il leur propose même de partager cet alcool. Occasion que ne laisse pas passer Nora malgré la qualité plus que probablement dégueulasse de son contenu. Enfin, il s'agit visiblement plus d'une proposition d'échange. Très bonne opportunité.

- "On n'avait pas vraiment eu l'occasion de faire connaissance. Tout juste si on s'était vu quelques minutes. Mais je n'ai pas grand chose de plus à te dire me concernant que ce que tu vois là. Je crée et vend tout ce qui ne se trouvera pas chez un apothicaire."

Il ne va sûrement pas lui raconter qu'il est le type qui s'est fait tabasser dans un bordel de Cerka, et qui n'a rien trouvé de mieux à faire que de riposter à l'aide de grenades... Une fois c'est bien suffisant. Pas besoin de réitérer l'expérience dans un hangar débordant de testostérone. Quant à son prénom... Le colosse n'a pas été foutu de s'en souvenir la première fois, il n'y a pas de raison que ce soit différent cette fois-ci. Sans compter que le Daënar a comme l'impression qu'il continuera à hériter de ces surnoms aussi ridicules que dégradants quoi qu'il dise. Détail dont il se fout royalement.

Quoi qu'il en soit, jouer la carte du dealer est la meilleure chose à faire. Déjà parce que son interlocuteur parait intéressé par ce qu'il pourrait lui refiler, mais surtout parce qu'Eylohr n'a pu voir cette facette de ses activités la dernière fois. Ce qui ne devrait pas l'aider à se rappeler des conditions de leur rencontre. Bien sûr que Swenn ne compte pas lui faciliter la tâche. Du moins, pas tant qu'il n'arrivera pas à saisir la raison exacte qui le pousse à se trouver face à eux à présent. Pas pour terminer ce qu'il avait commencé apparemment.

Attrapant la bouteille cette fois-ci tendue par une Nora qui parait bien heureuse de pouvoir seulement profiter de ces substances mises à disposition, Swenn se contente d'y jeter un coup d’œil. Avant de la rendre à son propriétaire initial. Ou du moins, celui qui se l'est appropriée d'une façon ou d'une autre. Non, décidément, ça n'a vraiment pas l'air terrible. S'il n'avait rien eu d'autre à disposition il aurait pu s'en contenter, mais dans la situation actuelle, il peut tout à fait se passer d'alcool. Et s'il n'y a vraiment que cette merde à boire dans ce trou, il comprend parfaitement que le géant s'intéresse à ce qu'il peut vendre.

- "Si tu cherches quelque chose à fumer, j'ai bien des mélanges plus concentrés à t'filer. A moins que tu ne veuilles déjà tester celui-ci ?" Relevant la main qui tient encore la feuille roulée, invitant ainsi l'autre homme à s'en saisir s'il le désir, Swenn retrouve une partie de son assurance. "J'imagine qu'il te faut plus qu'un combat en un contre un pour t'affaiblir, mais j'voudrais pas te mettre k.o. d'entrée de jeu..."

Non, il n'est pas suicidaire. Évidemment qu'il la sent cette légère montée d'adrénaline alors que ces paroles empruntent d'une pointe de provocation sont prononcées. D'autant plus qu'il ne se plaindrait pas de voir le géant suffisamment stone pour ne plus présenter aucun danger. Mais Swenn est définitivement incapable de ne pas tester les limites. Même avec ce genre de personne. Il faut dire qu'il n'a pas l'impression d'être face à la même bête assoiffée de sang qu'il a rencontré à Cerka.

Pour autant, il est loin d'être aussi détendu que ce qu'il ne laisse voir. Il n'oublie pas que que le monstre peut se réveiller à tout moment. Et qu'il ne peut pas franchement compter sur une aide extérieure.... Assise, très occupée avec ce qu'elle a en main, Nora ne sera sûrement pas d'une grande utilité si la situation venait à se retourner... Quoi qu'il en soit, la fuite n'est pas une option actuelle. Dommage que la retenue et la diplomatie ne soient pas dans ses compétences de base.

Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyJeu 13 Déc - 11:52
Irys : 401379
Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2
  • Il n’avait pas peur de se l’avouer, il aimait tout particulièrement les moments où il semait mort en angoisse, peur et terreur, chao et destruction. Voir cette donzelle aux yeux rebelles et à la crinière rougeoyante, faire preuve d’un faible courage et reculer aussi loin que les dispositions architecturales le lui avaient permis, avant de poser ses fesses sur le sol, avait procuré chez Eylohr une sensation de puissance tout-à-fait agréable. La satisfaction d’un bas instinct, inavoué pour la plupart des gens, mais assumé par le colosse, qui adorait dominer, qu’il s’agisse en affaire, dans le combat ou pour le plaisir. Et voir les yeux azurs de cette femme se lever vers lui dans une mimique de visage craintive et soumise était… Plus que satisfaisant. L’espace de quelques instants, l’instinct bestial d’Eylohr fut réveillé, lui donnant envie de kidnapper cette femme et d’achever cette soumission. Mais il n’était pas là pour cela. Il aurait tout le temps de payer les services de femmes de compagnies, plus tard.

    Son attention se reporte sur le chimiste qui, définitivement, lui disait quelque chose. Ses mimiques, sa voix, sa façon de parler… Où avait-il pu le rencontrer ? Un élément de réponse allait lui être servie sur un plateau : Cerka. Oui… Cerka. Il revoit quelque peu cet homme. Il lui avait effectivement posé des questions, un jour où, lui et les hommes de Pedro, déchargeaient des marchandises afin de les vendre à un receleur. Il avait été plus que curieux sur la provenance, la destination et la nature de ces marchandises, posant des questions à tous les membres d’équipage, jusqu’à ce qu’Eylohr, en bon second qu’il était, ne soit obligé de mettre un terme à ces investigations. Il s’en suivit une filature, une course poursuite et… Un évènement chaotique qui causa la mort de plusieurs prostituées, clients et autres badauds aux sombres habitudes, et de plusieurs miliciens. Il avait des grenades, le salop. Il était donc un chimiste accomplit, en plus d’être un dealer. S’il était capable de créer des grenades avec un tel pouvoir de destruction – le colosse s’en souvient encore – il serait un atout de taille pour la guerre à venir. Aussi, il devenait inutile de vouloir voire mourir ce vermisseau. Il serait plus qu’utile, si Eylohr réussissait à le mettre dans sa poche. Manipulateur ? Sadique ? Ne vous l’avais-je pas dit ?

    Néanmoins, une curiosité morbide s’éveilla dans son cerveau vivifié par cette soudaine réminiscence au parfum de chance. Il écoutait le dealer qui ne bronchait pas, restant stoïque alors qu’il aurait toutes les raisons d’être terrorisé. Il se permet même une petite pique quant à la probable faiblesse du colosse face aux produits du chimiste. S’il joue un rôle, il le joue à merveille, il faut bien l’avouer. Mais le géant du Nord devait céder à la curiosité, et, se remémorant l’incroyable traque qui se solda par plusieurs balles dans le corps du chimiste, et un tabassage en règle. De sa grande pogne caleuse, il agrippa le revers du col où, dans ses souvenir, il avait été blessé à l’épaule. Tirant sans vergogne, prenant le risque de craquer ou d’étendre le tissu, il chercha les traces d’une cicatrice de blessure par balle. Il y avait bien une trace, une différence visible de la peau, là où, dans ses souvenirs, un de ses balles avait terminée sa course. C’était donc bien lui. Ce fameux fouineur. Il avait du cran, de l’audace, il fallait le dire. Mais le souvenir d’une chasse à l’homme était bien moins intéressant que les perspectives futures de faire de lui un partenaire privilégié, dans la future guerre du colosse. Il savait produire des drogues, et des puissantes apparemment. Ce serait toujours utile, d’avoir des drogues. Elles peuvent aider à dissiper la peur, décupler la hargne et l’ardeur au combat, et annihiler la douleur. Ainsi, une armée sous l’emprise de ces substances deviendrait une horde sanguinaire inarrêtable. Et les grenades… Qui dit grenade dit poudre, dit explosif, dit mécanisme de détonation à retardement. S’il en avait les moyens, il pourrait créer de véritables bombes, et, pourquoi pas, des ogives qu’il suffirait de tirer sur les cibles, comme l’UNE le ferait avec leur artillerie. Et dans une tactique de guerilla, il n’y avait rien de plus destructeur que les attentats à la bombe. Et… La magilithe ! Pedro et Eylohr en avaient volé une grande quantité. Coupler la magilithe à une arme de destruction serait…. Oh ! Ce serait puissant ! Destructeur ! Apocalyptique ! Parfait !

    Il replaça alors le vêtement et le col correctement, bien que ceux-ci se soient légèrement étirés sous la force du colosse. Dans un signe pacifique – oui, vous avez bien lu – il donna une franche accolade dans le dos de Swenn. Ce qui était une accolade pour lui devait être, pour Swenn, une énorme claque, capable de faire décoller les pauvres poumons du chimiste. Mais le message était passé. Pas de rancœur. Ou du moins… Pas de souvenirs ? Car Eylohr n’avait pas évoqué ses souvenirs, ni ses réminiscences. Mais il ne serait sans doute pas difficile pour l’esprit scientifique et vif du Swenn, de comprendre le pourquoi du comment de cette accolade virile.

    - T’as du cran blanc-bec, j’dois l’reconnaître. Dit Eylohr de sa voix grave et rauque. T’pourrais m’être utile p’tit. Et c’que t’propose m’intéresse. On va en parler. Il regarde la rouquine qui semble déjà loin dans son délire. Eh, rouquine ! t’nous suis ou t’reste ici ? T’peux marcher ? J’vais pas t’porter quand même !

    Une question qui, il l’espérait, ne demandait pas de réponses. Il souhaitait la voir se lever et marcher de son propre chef, afin d’aller, avec Swenn, là où il voulait les emmener afin de parler… Affaires.

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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyVen 14 Déc - 14:56
L'alcool était fort, mais pas aussi mauvais que ce auquel elle s'attendait. Oh, elle en avait goûté des vinaigres, dans son domaine, il n'était pas rare que l'on essaie d'abuser d'elle, que l'on veuille la saouler pour lui faire faire ce que l'on attendait d'elle. La "rouquine" comme le géant l'appelait n'était pas une pyromane de bas palier, elle ne s'en enorgueillissait pas, mais dans le milieu criminel daënastre, elle était loin d'être une pochtronne. Quel imbécile de recruteur l'aurait seulement engagée pour une opération d'immense envergure si ça avait été le cas ? S'il ne le savait pas, l'étranger à la cervelle moins grande que son orteil avait devant lui l'une des auteures de l'attentat du 12 février 932. Qu'étaient donc quelques gorgées d'alcool pour Nora ? L'équivalent d'une bière pour une bourgeoise classique de la haute Alexandria. 

Une autre chose, Nora n'était pas du genre à avoir beaucoup de gens qu'elle appréciait, mais lorsque c'était le cas, elle n'appréciait vraiment pas qu'on fasse seulement la moindre preuve d'animosité envers ces personnes. Le géant était si concentré sur Swenn, cherchant elle ne savait quoi sur sa peau, tordant ses fringues comme la dernière des brutes. Nora avait à peine eu le temps de tirer sur une latte, les briquets à mèches n'étaient pas les engins les plus pratiques à manoeuvrer et encore moins les plus rapides. Le joint coincé entre ses lèvres ne s'embrasa qu'une fois, mais aucunement sous l'inspiration de la rouquine. Alors, pendant que cette brute s'amusait à toucher son copain, sans doute en mémoire du bon vieux temps, elle, se contenta de trouver un endroit plus approprié où mettre son pistolet, comme par exemple, entre ses doigts. 

Elle ne le braquait pas, la rouquine était du genre à réfléchir avant d'agir et surtout pas sur un coup de tête. Même si elle avait très envie, elle ne le ferait pas, encore moins si c'était risquer une balle dans le dealer. Sérieusement, tout ce dont elle avait envie, là, maintenant, c'était de revoir Elona et Fray. Elle n'était pas bien loin de Tiamat, certes, mais elle n'y était pas encore. Son arrivée chez elle avait été retardée par la nouvelle d'une possible détente par des voix détournées, en la personne de Swenn, mais c'était vraiment une plaie que de rester dans ce trou à rat suintant de sueur. Y mettre le bordel était la dernière chose qu'elle souhaitait, se faire remarquer était un non absolu. 

Finalement, le géant ne donna pas suite à sa violence, une bonne chose pour lui, comme pour elle. Elle allait laisser l'arme à portée, cependant. Le joint toujours coincé entre ses lèvres, elle fourra le pistolet dans la poche intérieure de son long manteau noir qui descendait jusqu'au creux de ses genoux. Il lui adressa la parole, alors qu'elle rallumait la clope qu'elle avait dû laisser s'éteindre ... quelle plaie. N'était-ce pas Swenn qui l'intéressait, qu'est-ce qu'il pouvait bien lui vouloir, ce gros porc bien trop gros. Il avait bien trop de viande sur les os, un peu de débarras ne lui ferait pas de mal, peut-être que ça lui enlèverait son désir de violence inhibé par un stupide complexe de supériorité. Ordure, rajoutèrent ses pensées, ainsi que d'autres mots qu'elle n'assumerait certainement pas. 

Elle ne lui offrit pas le privilège de la parole, son briquet était déjà bien assez chiant à allumer pour qu'elle doive se soucier d'une tête brûlée. Néanmoins, elle se leva sans difficulté aucune, prête à suivre sans trouver quoi que ce soit d'intéressant à redire. Mais, au lieu de se contenter de surveiller le géant, elle comptait aussi garder un oeil sur le daënar dont elle n'avait qu'à moitié compris la réaction. Qu'est-ce qu'il lui prenait de traiter cet imbécile comme un ami ? Il se mettait à son niveau, faisant écho au numéro d'intimidation qu'il lui vouait ... comme un perroquet. La dignité était primordiale chez un individu, hors de question que lui aussi fasse des courbettes à ce monstre, hors de question qu'il ne soit qu'un autre de ceux qui applaudissent. Elle avait peut-être bien quelque chose à redire finalement.

- Et sinon, tu lui veux quoi à cet imbécile, exactement, le barbu ? 

Elle était sèche, ça lui ressemblait bien, aussi impolie fut-elle, de toute manière, elle restait la plus courtoise du trio. Mais elle n'était pas impertinente, pas plus qu'elle était téméraire. La rouquine avait déjà pris trois-quatre pas hors de la portée du colosse, bien assez de marge pour elle, si elle devait réagir à temps pour caler une balle dans son front. L'alcool commençait à monter, heureusement, elle n'avait pas bu l'intégralité de la bouteille. Son joint allumé, elle rangea finalement le briquet dans la poche extérieure du manteau. Dommage, elle ne profiterait pas en toute intégralité du goût novateur de cette nouvelle substance, désolée, Swenn, mais c'était pour ton bien. Faudrait pas qu'elle essaie de profiter de sa naïveté, cette épave ...

Swenn Milazzo
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyLun 17 Déc - 22:44
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Daënar +1
La pression qui règne dans la pièce semble franchir un nouveau cap. Et pour que Swenn la ressente, il en faut une certaine dose. D'autant plus avec ce qu'il a en main. Il le cherche un peu ? C'est vrai, l'effet de surprise passé, il aime un peu trop ces situations absolument instables, qui peuvent basculer à tout moment. Seulement pour se prouver réussir à les maitriser dans un souci tout ce qu'il y a de plus égocentrique. Parce qu'il déteste en revanche perdre le contrôle. Autant dire que face à quelqu'un capable d'user d'une puissance destructrice en cas de mécontentement, l'équilibre est difficile à trouver. Mais c'est ce qui rend l'exercice fascinant.

Bien sûr, quand il sent la main d'Eylohr agripper la veste qu'il a sur le dos, sa circulation sanguine atteint un tout autre rythme. Trop de proximité qui ne rappelle pas de bons souvenirs. Mais surtout, il devine très vite les intentions qui se cachent derrière un tel geste. Il sait. Ou du moins il veut vérifier, et il va très vite avoir la preuve qu'il lui faut.

Le visage parfaitement figé, bien décidé à ne rien laisser paraitre de l'inconfort ressenti, Swenn ne peut s'empêcher de garder le regard posé sur le colosse qu'il aurait préféré ne plus jamais recroiser. Et sûrement pas s'en retrouver de nouveau si proche. Heureusement qu'il y a bien longtemps qu'il a appris à ne pas se laisser guider par ses émotions. Parce qu'il serait déjà en train de se débattre, à chercher une échappatoire. Mais surtout parce que ce manque cruel de délicatesse réveil aisément la vieille douleur. S'il a récupéré une mobilité presque parfaite de ses membres abimés par leur précédente rencontre, la sensibilité reste toujours forte.

Mais en comparaison de ce qu'il a déjà enduré, cette rapide identification a presque l'air sympathique. D'autant plus qu'il a une autre question bien plus importante qui s'impose désormais. Maintenant que le géant l'a remis, qu'est-ce qu'il va faire ? Toute son attention portée sur les prochains gestes qui vont être esquissés, prêt à déguerpir au moindre signe d'urgence - il ne sait pas encore pour aller où mais c'est secondaire. La poignée de seconde qui suit parait durer une éternité. L'intégralité de ses sens poussés à leur maximum, l'instinct de survie essayant de prendre le dessus sur son esprit analytique qui l'empêche de s'éloigner immédiatement.

Alors qu'il s'attendait à voir ce visage se transformer de nouveau sous l'effet de la rage, Eylohr fini seulement par tenter de redonner une forme convenable aux fringues qui ont subi sa poigne. Pas très efficace, mais dans l'immédiat, Swenn n'a que faire d'un tissu distendu. Tout comme cette soi-disant tape amicale - du moins c'est sûrement ce qu'il en aurait pensé s'il disposait d'une carrure adaptée à la taille de la main qui vient s'écraser dans son dos. Qu'est-ce que tout ce bordel signifie ? Ce type voulait le voir crever sans abréger ses souffrances, et le voilà qui se comporte s'il avait changé d'avis. Comme si toute cette histoire n'était que du passé sans importance. Quoi qu'il en soit, Swenn compte bien profiter de cette occasion beaucoup plus agréable que la pluie de coups qu'il voyait déjà, pour essayer de s'en tirer vivant - et idéalement en meilleur état...

Un très subtil signe de tête en guise d'acquiescement, le chimiste ne se donne pas la peine de répondre quoi que ce soit d'autre. "Être utile". "Parler". C'est bien suffisant pour savoir qu'il gagne un temps de répit. Et pour le moment, c'est le principal. Même s'il n'apprécie pas l'idée que Nora soit embarquée dans cette histoire. Difficile de savoir comment ça va se terminer. Potentiellement bien d'après les paroles précédentes du grand gaillard. Mais la demoiselle n'est pas non plus un modèle de bienséance. Comme elle le prouve déjà avec cette question. L'avantage, c'est qu'ainsi, lui-même n'a pas besoin de demander. Bien sûr que lui aussi veut savoir.

Par chance, miss rebelle est encore en forme. Elle n'a pas l'air d'avoir abusé de quoi que ce soit. Et c'est pas plus mal. Il ne manquerait plus qu'elle perde toute lucidité. Problème dont il serait en partie responsable. Non, il sait bien qu'elle est dégourdie et l'avoir à ses côtés actuellement pourrait être un avantage. D'autant plus qu'elle a une arme. Elle. A condition qu'elle ne soit pas complètement défoncée évidemment. Si le combat qui s'annonce peut ne pas se faire sur le seul critère de la force brute, Swenn n'en ignore pas moins qu'il ne s'agit pas d'aller boire un coup avec un pote - concept qu'il ne maîtrise pas beaucoup plus cela dit.

Tout en se remettant en mouvement, quittant ce coin qui aurait pourtant pu être bien tranquille, le dealer ne peut s'empêcher de garder son regard posé sur Nora quelques secondes supplémentaires. Pas pour vérifier si elle peut effectivement marcher. Il lui fait bien assez confiance pour ça. Plus pour évaluer son comportement. Si elle a pu reculer précédemment à l'arrivée non prévue du géant, elle parait effectivement avoir retrouvé son aplomb.

Satisfait de ce qu'il voit, Swenn se contente donc de continuer son chemin, suivant la voie ouverte. Il faut reconnaitre qu'ici, il n'a pas l'avantage du terrain. A peine débarqué qu'il se retrouve déjà dans une situation merdique. Même pas le temps de pouvoir se repérer. Et ce n'est pas son sens de l'orientation catastrophique qui risque de lui venir en aide. Mais s'il ne se trompe pas, la jeune femme elle, doit beaucoup mieux connaître cette ville. Toujours est-il qu'avec Eylohr à leurs côtés, le petit groupe avance sans avoir à subir de ralentissements pour cause de surpopulation. Même en repassant par ce coin plus fortement peuplé, un chemin s'ouvre toujours naturellement à travers cette masse de monde. Pas très étonnant... Si tous ces abrutis pouvaient éviter d'énerver le colosse ça l'arrangerait bien. Il a vu à quoi peuvent ressembler les dommages collatéraux !

Eylohr Lothar
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyMer 19 Déc - 9:33
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    Bon, le moins que le colosse puisse dire, c’est qu’il avait sur estimé le manque de sobriété de la rouquine acculée. S’il pensait qu’elle était déjà loin dans son délire, selon ses mots, il semblerait qu’elle avait, en fait, bel et bien les pieds sur terre, et qu’elle faisait soudainement preuve d’un certain aplomb. Si, de prime abord, Eylohr trouva cela relativement marrant – comme le serait un chaton de quelques semaines essayant de hurler pour obtenir sa pitance -, il ressentit tout de même une violente pulsion bestiale, comme une fragrance immonde, un bas instinct de domination et de perversité. Il voulait la faire souffrir, juste pour lui montrer que, bien qu’elle soit prompte à réagir et qu’elle ait le verbe facile, elle ne serait qu’un vulgaire fœtus de paille dans les mains du colosse. Sa main devait, facilement, être plus grande que son visage à elle ! Mais il y avait mieux à faire. Cette petite rouquine pourrait bien faire ce qu’elle voudrait, il n’en avait cure. Ce qu’il voulait, c’était le chimiste. Conscient que sa recherche de cicatrice avait affecté l’esprit du Daënar, et avait permis d’asseoir un peu plus son autorité et sa supériorité, Eylohr souhaitait maintenir mettre cet avantage à profit, mais, dans une mesure moins… Violente et autoritaire. Oui, vous avez bien entendu. Bien qu’il soit toujours assoiffé de sang et, surtout, animé d’une vengeance infernale aux reflets démoniaques, il savait pertinemment qu’il devait mettre un peu d’eau dans son vin. La violence, la rage, la destruction, la cruauté, étaient des qualités qui lui avaient permis de se hisser dans la hiérarchie des pirates. Mais il avait très vite vu les effets indésirables de cette… Façon d’être. S’il était craint, s’il était respecté, il était aussi détesté. Et dans ce genre de cas, il n’existe que deux camps : ceux qui complotent contre le tyran, et ceux qui le suivent par peur, par respect ou par fascination. Une fascination morbide, il est vrai, mais une fascination tout de même. Or, son projet ne souffrait d’aucune velléité interne, d’aucun assassin patenté, d’aucun régicide, d’aucun complot. Il serait craint, mais il serait aussi respecté et, surtout, il serait influent. Et pour être influent, il faut vendre. Il faut vendre un avenir meilleur – meilleur selon les convictions de tout à chacun, un criminel voudra un avenir qu’un usurier ne désirera pas, évidemment -, il faut vendre un rêve, vendre un projet, vendre un combat pour une cause valable. Et pour vendre il faut parfois… Séduire… Parfois, inspirer… Plutôt que de punir et torturer. Après tout, la dévotion est mille fois plus forte que la terreur. Ainsi donc, il ne voulait pas tuer le chimiste. Il ne voulait pas, non plus, lui faire subir le même sort qu’il y a quelques mois. Il ne voulait ni reprendre ni finir le travail là où il l’avait laissé dans ce bordel à moitié détruit de Cerka. Le passé était le passé. Et puis, il était toujours vivant. La leçon avait été suffisamment… Apprise. Il le pensait en tout cas. Il avait besoin d’un homme comme Swenn, pour la simple et bonne raison qu’il savait fureter, et qu’il était un chimiste accompli. Si ses drogues étaient puissantes, elles seraient une arme de choix pour impliquer ses futurs soldats à la tâche ingrate qu’il espère leur donner. Si ses grenades étaient capables de détruire la moitié d’un bordel, que pourrait-il créer si, en plus, on lui fournissait de la magilithe ? Ce chimiste pourrait, malgré lui, être une pièce maîtresse du projet diabolique d’Eylohr.La montagne venant du Nord commença à se mouvoir en direction de la sortie. Dans la foule amassée autour de l’arène improvisée, on s’écartait pour le laisser passer, tantôt par crainte, tantôt par curiosité. Ceux qui avaient vu Eylohr réduire en morceau son adversaire, cherchaient à l’éviter et à se trouver le plus loin possible du colosse. Ceux qui étaient arrivés entre temps, eux, s’écartaient simplement pour éviter de recevoir ses grandes pognes dans le visage lorsque ses bras se balançaient, ou, tout simplement, pour le voir dans son intégralité. Il faut dire qu’il y avait peu d’hommes aussi grands que le colosse. Si, dans ses contrées d’origines, il était d’une taille moyenne, voir, dans la tranche basse des tailles moyennes – les khashins faisant facilement jusqu’à 2m40, surtout chez les individus mâles -, il était, en revanche, une curiosité pour le commun des mortels, dont la taille moyenne pour un homme approchait les 1m75. Même les individus les plus grands – et le capitaine De Sousa était l’un d’eux, du haut de ses 2 mètres de haut – avaient levés les yeux pour pouvoir toiser le géant du regard. Alors au beau milieu de cette fosse compacte, le géant dépassait la mêlée de plusieurs têtes, ce qui lui plaisait énormément. Il arriva bien rapidement devant une des portes gardées par plusieurs bras armés. Ceux-ci avaient bien vus le colosse, et ils savaient qu’il n’avait ni combat, ni intérêts à rester ici. Il était donc libre de partir. Et ses camarades aussi. D’ailleurs, il veilla régulièrement à ce qu’ils suivent toujours ses pas, afin de ne pas les perdre de vue, surtout le chimiste. Au détour des rues et ruelles, il arriva prêt des quais où se trouvait le navire du capitaine pirate qu’il avait suivit lors de cette aventure. Mais cela, c’est une autre histoire. Il mena le duo improbable jusqu’à une terrasse d’un établissement puant la contrebande et le trafic. Cette terrasse donna sur une cour intérieure, laquelle était relativement discrète et calme. Pour y accéder, il fallait se présenter au bar, ce qu’il fit, et il fallait passer par une double porte battante sur laquelle se trouvait un écriteau à l’indication… Bizarre : « Ici, la parole est d’argent et le silence est d’or. Parlez, amis, murmures, ennemis, rengaine, mortelle ». Ce genre de dicton est récurrent dans les établissements aux mœurs… Peu orthodoxes. Ils ont chacun leurs propres significations, mais il est possible de les résumer grossièrement, surtout sur ce modèle ci. Ce dicton signifie seulement que sur cette terrasse, toutes les discussions sont autorisées, qu’importe leurs buts et leurs contenues, mais que les murmures indiscrets seront sévèrement réprimés, et que toute délation ou toute appropriation d’une discussion ou d’un renseignement que vous aurez entendu ici-bas, fera l’objet d’une exécution pure et simple. Pas de héros parmi les hors-la-loi, mais pas de fuite non plus. Sur cette terrasse, Eylohr se dirige vers une table suffisamment grande et aux chaises suffisamment bien agencées pour qu’il puisse y placer ses grandes jambes. Il commande une grande pinte d’un alcool maison, et une gigantesque pièce de viande de bœuf saignante, pour calmer sa faim. Il invite le duo improbable à le rejoindre, le tout, dans un pacifisme… Inhabituel. Et, alors que les bières sont servies, il s’adresse au chimiste.
    -Alors blanc bec, qu’est-ce que t’fou ici ? C’loin Cerka. Tes labos t’manquent pas ? T’inquiète, t’crains rien ! J’te veux pas d’mal.

Swenn Milazzo
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyJeu 3 Jan - 17:09
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Daënar +1
Bien que cette situation n'ait rien d'enviable il faut reconnaitre qu'elle a un avantage de taille. Non, pas de mauvais jeu de mot relatif au colosse qui leur ouvre le passage. Pourtant, c'est bien grâce à lui qu'ils peuvent enfin respirer un air digne de ce nom. Pas ce mélange acariâtre de sang, de sueur et d'alcool - bien qu'il ait été légèrement agrémenté. L'air extérieur. Privilège seulement dû à la présence d'Eylohr dans leur trio à n'en pas douter.

Au moins, ils disposent à présent d'un certain degré de liberté. Ils ne sont plus coincés entre quatre murs avec des hommes armés postés aux rares sorties. Pour autant, c'est assez délicat d'agir comme bon leur semble. Si le géant ne leur a montré aucune hostilité - du moins en comparaison du seul exemple dont dispose Swenn - il ne leur a pas offert cette sortie par pure charité. Bien sûr qu'il doit attendre quelque chose. Et son silence n'est pas pour rassurer le chimiste. Au moins Nora semble se montrer coopérative - pour le moment. Cette scène a des mauvais airs de calme avant la tempête.

Gardant ses émotions sagement enfouies bien loin, avançant de cette même démarche nonchalante habituelle, Swenn suit leur guide jusqu'à un établissement qu'il n'a probablement pas choisi au hasard. Cette ambiance qui pue l'embrouille et la magouille, il connait bien. Et n'éprouve par conséquent pas la moindre gêne à venir s'installer à la table que leur choisi Eylohr. Tout en commandant une autre pinte à la suite. Bien, les choses sérieuses devraient pouvoir commencer. Et si le dealer est confiant quant à ses capacités de négociation, il l'est tout autant vis à vis de celles de Nora à se sortir des pires situations qui soient. Si les évènements devaient sortir de tout contrôle, il devrait pouvoir compter sur son professionnalisme.

Difficile de ne pas être sur ses gardes dans une telle situation. Pourtant Swenn commande  à son tour une pinte de bière. Mais se passera largement de quoi que ce soit de consistant. Avec ce qu'il est habitué à infliger à son organisme, il en faudra bien plus avant qu'il ne perde le contrôle sur son corps.

Comme il fallait s'y attendre, les hostilités ne tardent pas à être lancées. Mais sur un registre qui convient beaucoup plus au Daënar. Pas sûr que son corps soit totalement apte à une nouvelle course poursuite. Il va lui falloir encore quelques mois, ou au moins semaines avant d'envisager ce genre d'efforts intenses. En revanche pour ce qui est de la discussion - ou plutôt de la réflexion - tout est en ordre. C'est donc avec un calme parfaitement maîtrisé qu'il entreprend d'apporter une réponse aux questions qui fusent déjà.

- "Cerka commence à être un peu limitée, j'ai besoin de nouveautés. Et ce continent a la réputation que je cherche. Même si je ne m'attendais pas à voir de visages connus."

Autant valable pour l'un que pour l'autre. D'ailleurs, ce n'est pas comme si ses plans à court terme étaient particulièrement secrets. Ou du moins, ils n'ont pas besoin de le rester. Inutile de s'embêter à en dire le moins possible. Au risque d'agacer Eylohr en plus.

- "De nouveaux matériaux, de nouveaux clients."

Plus ou moins, quand on voit qui est à ses côtés. Cela dit, il a toujours du mal à comprendre où veut en venir le géant. Ce que signifie ce retour de veste. Et la présence de Nora avec lui alors qu'elle ne le connait visiblement pas. S'il n'a pas l'intention de le cogner cette fois, il a forcément autre chose en tête. Non, décidément il y a une inconnue dans cette équation qui l'embête particulièrement.

- "Mais c'est pas vraiment intéressant. Si tu me disais plutôt ce que tout ça veut dire. Il ne me semble pas que la façon dont on s'est quittés la dernière fois justifie qu'on soit tous sagement installés à boire une bière."

Patience... Pourtant le chimiste n'en est pas dépourvu, mais lorsque quelque chose lui échappe, il lui faut des réponses. Et le plus vite est le mieux. Alors pour ne pas perdre de minutes inutilement, l'approche directe est toujours la plus efficace. D'autant plus que l'endroit dans lequel ils se trouvent ne se prête pas particulièrement à la subtilité.

Eylohr Lothar
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyDim 13 Jan - 21:42
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  • Ainsi donc, ce scientifique, pour qui la première rencontre avec le colosse venu des terres du Nord fut source de souffrances psychiques ou physiques, cherchait des opportunités commerciales, loin, très loin de chez lui. La ville dont il était originaire, ou du moins, d’où il avait établi son commerce, était devenue trop petite. Cette indication fit sourire Eylohr. Il se remémorait à l’envie le pourquoi du comment des cicatrices du scientifiques, et ce qui avait motivé le colosse à agir avec autant de monstruosité. Il avait été curieux, trop curieux, face à une cargaison qu’il déchargeait pour le compte du capitaine De Sousa. S’il appliquait sa curiosité à tout ce qui se trouvait autour de lui, il était étonnant que Cerka ne soit pas devenue trop petite plus tôt. Qu’est-ce qui avait bien pu provoquer cette petitesse de taille ? Était-il en danger ? Était-il menacé ? Avait-il fait face à une quelconque mésaventure justifiant un départ soudain ? Et surtout… Voudrait-il retourner chez lui ? Allait-il pouvoir reprendre son commerce, sans ses infrastructures ?

    Cette rencontre devenait très intéressante, vraiment. Eylohr aurait besoin de ses talents, et peut-être plus vite qu’il ne le pensait, au vu du contexte géopolitique actuel. Mais pour ce qu’il avait en tête, pour ce qu’il planifiait, il allait devoir faire des efforts, notamment concernant sa soif de sang et sa violence inextinguible. Il allait devoir d’avantager utiliser les mots que la hache, la réflexion que la force, les compromis que la violence. Il allait devoir séduire, ou du moins, convaincre, que son parti est le parti à suivre pour un futur meilleur. Et dans ce futur, un talent comme celui de Swenn serait très certainement fort apprécié et fort appréciable. Encore fallait-il le convaincre d’oublier les vieilles rancœurs.

    -Le passé, c’l’passé ! J’ai fait c’que j’avais à faire, point barre ! J’suis sûr qu’tu t’souviens très bien, et qu’tu sais c’que j’veux dire ! Mais.. C’t’histoire à fait du mal à tout l’monde !

    Oui, du mal. Depuis cette histoire, mais aussi à cause de beaucoup d’autres avant et après celle-ci, Eylohr est recherché dans tout Rathram, et plus particulièrement dans la capitale, Cerka. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa stature ne l’aide pas à passer inaperçu. Aussi doit-il user de stratagèmes pour pouvoir aller et venir sans être reconnu. Et ce pauvre scientifique avait subi les affres de cette nuit destructrice, lui aussi. Autant dire que rien de bon n’en était sorti, et si Eylohr avait jadis mené sa réflexion aussi loin, il n’en était jamais arrivé au point de se rendre compte que sa violence était inutile. Il aimait cela, d’autant plus après ce qui lui avait été fait durant sa captivité, grâce aux scientifiques et aux médecins Daënars qui expérimentaient maints stratagèmes médicaux sur lui. De ses réflexions, il en retira la nécessité de manipuler son monde, afin de mener ses projets à bien. A voir ce qu’il pourrait donc faire pour que le scientifique ne se range de son côté.

    -N’me dis pas qu’tu préfèrerait qu’on r’commence c’te soirée là ! En fait, j’pense pouvoir t’aider, et j’pense qu’tu peux m’aider ! Et j’suis sûr qu’c’te collaboration s’ra très efficace ! Alors, qu’est-ce t’en pense ?

    Il avait laissé cette question en suspens, attendant les réactions de Swenn afin de savoir si cette conversation devait prendre une tournure intéressante, ou décevante.

Swenn Milazzo
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptySam 19 Jan - 14:39
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Daënar +1
A mesure que les minutes défilent, il devient de plus en plus évident que le géant n'a effectivement pas l'intention de terminer ce qu'il avait commencé à Cerka. Pour autant, Swenn ne risque pas de relâcher son attention. Il y a forcément encore quelque chose dont Eylohr n'a pas parlé. Ce n'est pas vraiment le genre de mec qui doit chercher à étendre son cercle d'amis par simple soucis de socialisation. Et le chimiste est de toute façon aussi peu qualifié dans ce rôle.

Descendant sa bière en attendant que le combattant accepte d'en révéler davantage sur toute cette mise en scène, il faut reconnaitre que son interlocuteur maîtrise autant la violence que l'art du suspens... Patience. Bien sûr qu'il se souvient très bien, pas la peine de revenir là dessus. Déjà qu'en temps normal sa mémoire est un peu trop performante, alors elle ne risque pas d'éliminer ces souvenirs hautement désagréables. En revanche, il a bien plus de doutes sur le partage de ce mal... Enfin, ce n'est pas le moment de l’interrompre. Parce que si Swenn n'avait pas une telle maîtrise de son attitude froide et peu engageante, aucun doute que ses yeux auraient pu s'agrandir sous la surprise. S'aider mutuellement....

Non, en fait cette révélation n'a rien d'illogique. Et s'il avait été capable de mettre tous ces souvenirs liés au colosse de côté, il aurait été parfaitement capable de l'anticiper. Cette conclusion désagréable en tête, il est plus que temps de se reprendre. De revenir à l'essentiel. Une collaboration donc. Toujours aussi peu expressif, le dealer laisse quelques secondes supplémentaires s'écouler, envisageant les options - et leurs conséquences - dont il dispose encore.

- "Ce que j'en pense ? Je n'ai pas encore de raison valable de refuser. Tout dépendra de ce sur quoi repose cette collaboration. Et de ses implications."

Il n'a pas vraiment envie de se retrouver coincé avec des conditions contraignantes d'un côté, et une montagne de muscles prête à s'abattre sur lui en cas de non respect de l'autre. Bien sûr qu'il part avec un handicap. Mais si Eylohr pense avoir besoin de lui au point de mettre de côté le passé comme il le dit, alors il y a peut-être moyen d'inverser cette tendance. Ou du moins de l'atténuer. Tout dépendra de ce dont il a réellement besoin.

A force de faire tourner en boucle dans son esprit tous les éléments dont il dispose actuellement, Swenn finit par reposer son attention sur Nora. La tension un peu trop forte qu'a réussi à imposer le géant par sa simple présence lui en a fait ignorer tout ce qui l'entoure. Aussi bien la jeune rebelle que le reste du bar. Enfin non, les autres il les a ignoré intentionnellement. Tension ou pas ça n'aurait rien changé.

Mais il faut reconnaitre que depuis le début, la jeune femme est étrangement silencieuse. Ce qui permet au moins d'éviter les faux pas. Est-ce qu'elle ne dit rien pour ne pas éveiller d'intérêt ou est-ce qu'il y a autre chose dans sa cervelle ? La raison de sa présence vient s'ajouter aux éléments perturbants qui ne savent pas encore à quelle loi logique se rattacher. Est-ce qu'Eylohr compte s'en servir comme moyen de pression s'il venait à refuser son offre ? Ce serait emmerdant. A moins qu'il ne se soit imaginé qu'il serait dans de meilleures dispositions pour marchander en gardant la rouquine avec eux. Ils ne devaient pourtant pas avoir l'air si proches.

- "Alors c'est quoi qu'il te faut ? De quoi faire toujours plus de dégâts ? Ou de nouveaux produits pour diversifier ta cargaison ?"

Ah, bah oui, il est plus détendu. Bien sûr que ce mélange entre alcool et fumée n'y est pas complètement étranger. Mais sûrement pas de quoi l'empêcher de continuer à réfléchir de façon parfaitement rationnelle. Compte tenu des informations dont le colosse doit disposer à son sujet, il a du mal à envisager d'autres hypothèses. Et dans ce milieu, c'est bien ces compétences qui lui valent d'être approché.

- "En ce qui me concerne en revanche, je suis curieux d'avoir ton avis... Un garde du corps ne me parait pas encore indispensable."

Plus détendu et plus naturel aussi. Cette provocation dont il fait si facilement preuve revient sûrement de façon un peu trop importante. Même si la prochaine étape de son voyage consistant à faire un arrêt à My'Trä ne lui donne pas tout à fait raison. Enfin, il faudrait déjà qu'il reparte de ce continent...

Eylohr Lothar
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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyMer 23 Jan - 9:35
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Bon, comme cela fut indiqué plus tôt, Eylohr n’est pas une lumière. Ce n’est pas non plus un crétin, contrairement à ce que sa rudesse d’esprit et son physique aussi impressionnant que désavantageux – parfois – pouvaient faire penser. Il est vrai que, de prime abord, un tel individu inspire soit le respect, soit la stupeur, soit la crainte, c’est au choix. Ses mensurations, d’ailleurs, sont tout aussi impressionnante avec une hauteur avoisinant les 2mètres 20 lorsqu’il est équipé de ses bottes renforcées, et un poids approchant globalement le double quintal. Il faut dire, s’il avait perdu du poids lorsqu’il avait quitté Aildor pour rejoindre Pedro, et encore avec son emprisonnement, il en reprit beaucoup plus une fois sa liberté retrouvée. De nouveau, il se mit à soulever tout ce qu’il pouvait et à manger comme un ogre à la faim insatiable. Et si ses bras étaient de nouveaux aussi larges que la jambe d’un individu lambda, et s’il était de nouveau possible de placer 3 hommes de la carrure de Swenn dans les vêtements du colosse, il lui manquait la définition musculaire des athlètes bodybuildés. Il avait des muscles, mais il n’était pas sec. Tout en masse, si vous préférez.

Son esprit était lui aussi tout de masse formé, mais cette masse était tout de même dotée d’une part plus ou moins insignifiante de finesse, finesse qu’il utilisait le plus souvent pour réussir ses coups d’éclats, ses braquages et ses attaques. Et à ce moment-là, son esprit était en ébullition alors qu’il savait que Swenn serait possiblement un atout de taille pour la bonne réalisation de son projet… Ou de ses projets ?

Son sérieux se manifesta soudainement alors qu’il entreprit de se replacer sur sa chaise. D’une position avachie et relativement confortable, il entreprit de se redresser, de placer son séant au fond de la chaise et les coudes sur la table, afin de pouvoir regarder comme il se doit son interlocuteur. Swenn ne prenait pas la fuite, il se montrait même… Très entreprenant et pour le moins joueur. Bizarrement, cela ne provoqua aucune envie de colère ou de violence chez Eylohr, mais plutôt une envie perverse d’aller jusqu’au bout des choses, afin de pouvoir planifier d’autres choses bien plus violentes encore, grâce au concours de Swenn. Cette sorte de satisfaction malsaine quant les rouages s’assemblent pour faire avancer la machine. Et quelle machine…

Malheureusement, les lois de la physique n’épargnent personne – sinon les Architectes. Alors qu’il réajuste sa position sur la chaise et que ses coude allèrent trouver une place sur la table, la répartition du poids du colosse changea du tout au tout, et la pauvre chaise – qui avait certainement vécu plus d’une bagarre et supporté plus d’un ours mal léché – se mit à grincer avant de céder. Soudainement, Eylohr se retrouva au sol, le séant sur ce qui restait de l’assise de la chaise, tandis que tous les pieds s’écartèrent en étoile à partir du ce qui fut l’assise de la chaise. Durant une ou deux secondes, Eylohr ne réagit point, son esprit étant totalement vide alors qu’il fut tout à sa réflexion négociatrice et qu’il se retrouvait soudainement en position moins… Avantageuse.

La stupeur passée, Eylohr prit appui sur ses pognes afin que ses genoux et ses jambes puissent faire leur office et lui permettre de se redresser. Passer de si prêt du sol à si prêt du ciel trop rapidement pouvait provoquer quelques vertiges, aussi prit-il le temps de se relever, comme le ferait une machine déployant toute sa hauteur en étapes successives. Lorsqu’il fut totalement relevé et que son crâne toisa le plafond presque trop bas pour lui, il se tourna tout aussi mécaniquement vers le tavernier qui était bien conscient que son matériel défectueux provoquerait très certainement son arrêt de mort. Calmement – et étonnamment – Eylohr ramassa la chaise martyrisée, dont le dossier et les pieds ne tenaient plus que grâce aux vices et fils de fer encore en place. Avisant le tavernier, il porta son geste en arrière aussi loin que lui permettait son alonge, et lança la chaise aussi violemment que possible en direction du tenancier tétanisé. La chaise termina sa course dans le visage du pauvre bougre qui s’écroula sous la force du choc. Il n’était pas assommé, simplement blessé à l’arcade sourcilière et quelque peu groggy. Eylohr s’approcha du comptoir, et profita de ses grands bras pour récupérer le petit homme tombé à genoux et dont l’arcade sourcilière semblait répandre un peu partout le précieux liquide vital qui remplit les artères et les veines de tous les êtres vivants. Tout groggy qu’il était, Eylohr l’empoigna fermement, déchira de ce fait une partie du col de la petite veste ensanglantée. Son idée première était de projeter le tavernier de l’autre côté de sa bâtisse, contre un grand et beau miroir. Mais un éclair de réflexion lui vint soudainement. La violence. La violence lui avait permit de se hisser, de faire peur, d’être craint, d’être respecté, mais elle provoquait aussi des réactions très réfractaire chez les gens, et c’était sans doute pour cela qu’il avait tant de difficulté à établir son réseau. Parfois, il fallait simplement soumettre par le respect et le charisme, plutôt que par la peur et le sang. Alors, il lâcha le col de la veste du tavernier qui, lui, ne comprenait plus grand-chose. Il porta son second bras, et le releva tout simplement, avant d’appliquer un torchon sur la plaie, qu’il avait préalablement imbibé d’une eau de vie chargée en éthanol. Certes, l’application du torchon devait être douloureuse, d’autant plus qu’il l’avait appliqué avec force. Cela devait d’avantage ressembler à une claque qu’à un geste salvateur pour le tavernier. Mais gentil n’ayant qu’un œil, Eylohr se devait tout de même de marquer le coup. Il empoigna une bouteille d’alcool fort dont l’étiquette signifiait en gros « Rhum Artisanal », et retourna à sa table avec ladite bouteille gracieusement offerte par la maison. Sur le chemin, il empoigna une nouvelle chaise qui semblait plus solide, et se remit assis, en veillant à ne pas détruire la chaise cette fois.

-Hum Hum. Fit-il en se raclant la gorge, comme pour occulter ce qui venait de se passer. Disons que j’aurais b’soin d’quelqu’un qu’aurait des connaissances qui m’permettrait d’créer que’que p’tites choses dévastatrices. S’tu vois c’que j’veux dire.

Il avait plus ou moins craché le morceau, déjà. Mais dans ce gourbi mal famé et aux odeurs rances d’alcool frelaté et d’opium mal affiné, de telles informations étaient quotidiennes entre les clients anarchistes, les alcooliques désabusés et les criminels aux paroles plus courageuses que leurs cœurs. Une parole menaçante de plus ou de moins, ce serait du pareil au même. Et puis, un malfrat n’irait pas se plaindre à la police, il se retrouverait lui aussi sur la potence. Une pierre deux coups donc.

-Haha ! Ouais, t’es plutôt insaisissable comme bonhom’ j’dois t’l’avouer. Ta pas b’soin d’garde du corps, mais p’t’être qu’t’aurais b’soin de cargaison, d’produits et d’contacts ? t’aurais b’soin d’quoi, ç’va aller plus vite sans doute !

Ouais bon, pour la négociation, on repassera. Encore.

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L'audace de certains fait l'infortune des autres EmptyMer 23 Jan - 18:41
Nora ... était gênée. Pas incommodée, non, pas non plus dérangée, ni embarrassée. Par contre, elle avait du mal à contenir un fou rire qui n'arrêtait pas de s'amorcer à mesure que la situation évoluait. C'était risible, et encore, le dire ne suffisait pas. Tout avait été si rapide, elle ne savait même pas comment ils en étaient arrivés là. Alors brièvement, en se tenant la bouche avec la paume gauche, la rouquine songeait de nouveau à tout ce qui s'était passé.

Les deux lurons discutaient affaire depuis de longues minutes, enfin, en tout cas c'est comme ça que ça se ressentait. Elle, de son côté, elle avait fini son joint et s'était enfilée plusieurs verres d'alcool, alors, là, tout ce petit monde commençait à lui monter à la tête. Ses temps avaient commencé à pulser, aussi, et ses joues ... Delkhii lui pardonne, étaient devenues rouge écarlates. Ah et aussi, elle commençait à jurer par les Architectes, c'était sans doute le signe que plus rien n'allait dans sa tête. Pourtant, elle arrivait à se taire ! Elle n'était pas particulièrement active, ni même dégénérée au point de monter sur la table et de se faire remarquer, mais, aussi discrète qu'elle se faisait, elle était bien entamée.

Et donc, ces deux pas-doués s'amusaient à discutailler, et de ce qu'elle a vu, le plus grand des deux a voulu se redresser et ... déjà, elle commençait à se marrer entre ses doigts. Au moment où Eylohr était tombé, elle avait été plus surprise qu'autre chose, puis un fin sourire s'était dessiné alors que le rire commençait à monter, et finalement, lorsqu'il s'était levé pour aller rendre sa chaise au tavernier, la volonté de Nora céda en même temps que le pif de ce dernier et elle s'affala sur la table, absolument morte de rire. Oh, elle luttait, elle luttait tant contre sa propre humeur qu'elle en pleurait ... saleté d'alcool, et saleté de Swenn, aussi, s'il n'avait pas été là, elle ne se serait jamais permise de tels écarts comportementaux. 

Lorsqu'il revint, la rouquine toussait encore doucement de sa crise, essayant de reprendre le contrôle, mais c'était plus dur qu'elle n'y paraissait et le sillage de son sourire laissait imaginer à quel point tout ce remue-ménage l'avait divertie. Le rouge de ses joues n'avait jamais été aussi fort, ils étaient si ardents qu'ils arboraient presque les couleurs de ses cheveux. Elle était certainement en train de suffoquer oui, la faute au géant. Lui qui s'était démarqué dans l'arène par sa brutalité, lui qui avait frappé un ado avec une bouteille par gratuité, le voir se ramasser était d'un contraste absolument délicieux. Les larmes de la terroriste attestaient d'ailleurs de ce fait, elle ne pleurait pas souvent, encore moins de rire, au moins, Eylohr pourrait se distinguer d'au moins un haut-fait, ce soir.

Tentant de garder son sérieux, la rouquine recommença à écouter le discours qu'adressait le barbu à son compère. Oh, sons sourire demeurait et il demeurait bien ! Mais la bourde du géant était tout de même colossale ! Enfin, sans mauvais jeu de mot, mais c'était elle la terroriste, ici, pas Swenn, s'il voulait des trucs à faire péter, il fallait regarder un peu plus à gauche, monsieur ! 

Par ailleurs, la rouquine s'en offusqua légèrement, mais toujours en souriant.



- Tu demandes à un dealer de te faire des armes chimiques. Il y a quand même un sacré écart en matière de connaissances à avoir ! Puis bon, si tu parles de bombes tu devrais au moins avoir le respect d'en parler à ... oh, je ne sais pas moi, une saboteuse spécialisée qui serait, par pur coup du sort, justement autour de ta table.

Elle arquait ses mots de geste grandiloquents et d'expressions exagérées, sans jamais se démunir de son air de garçon manquée. Bien sûr qu'elle parlait d'elle, sérieux, si même Swenn commençait à lui faire de la concurrence, ce serait bien emmerdant ! Pis elle l'aimait ce bougre, même s'il était un peu lâche sur les bords, parfois, donc elle avait pas vraiment envie de le haïr en se mettant en compétition avec lui. Elle insista d'ailleurs, avec une pichenette sur le bras du concerné.

- Et puis bon, il faut un minimum s'y connaître en explosifs pour ce genre de trucs. Même si je suspecte qu'il cache bien plus de choses que ce qu'il déclame, crois-bien qu'il fait pas trop dans les bombes ce loubard-ci. Moi par contre ... c'est ma spécialité. 

La rouquine, visiblement très en rogne de pas avoir été sonnée pendant au moins les dernières dix minutes, posa son coude sur l'épaule de Swenn et ne daigna lui adresser une oeillade que pour lui délivrer un clin d'oeil complice. Il fallait bien se faire de la pub de temps en temps, nan ?

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