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 L'agneau et le berger. [PV Sanaë]

Norwin Mererson
Norwin Mererson
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L'agneau et le berger. [PV Sanaë] EmptyJeu 10 Jan - 16:19
Irys : 282007
Profession : Médecin - Chef des Cercles de l'Aube
Guilde +3 (homme)

Citation :
RP arrivant immédiatement après "L'ours et l'agneau", quelques heures après le massacre du village de Sanaë.

Un village anéanti du Tyorum - Novembre 933.

Karl Von Kläus n'avait pas eu beaucoup d'informations lorsque la missive ultra-secrète et extrêmement urgente était arrivée en catastrophe au Quartier avancé des Cercles au Tyorum. Elle était d'ailleurs accompagnée par une délégation de militaires très lourdement armés et visiblement à cran. Il y avait eu des ordres, un petit topo de la part de l'officier en charge qui lisait à haute voix une partie de la missive, alors que les médecins des Cercles étaient vivement conviés à préparer leurs affaires et à affréter leur aéronef afin de se rendre dans un petit village. Autant dire qu'autant de directives et d'autoritarisme ne plaisait absolument pas à Karl, et, par extension, à la guilde des Cercles de l'Aube, qui désire tant sa neutralité et son indépendance, tout autant que son autorité sur elle-même. l'UNE avait beau être puissante, et être l'autorité fédérale en place, la guilde avait sa propre souveraineté, et seuls ses membres pouvaient avoir une autorité sur les autres. L'autorité extérieure n'était pas réellement la bienvenue...

Mais les directives et informations de la missive étaient claires. Un massacre avait eu lieu. On ne sait pas encore qui, ni comment, mais quelqu'un avait pillé, brulé et massacré tout un village, et la situation était telle qu'il fallait l'intervention des Cercles de toute urgence. Le gouverneur et, par extension, l'UNE, se portaient garants de l'intégrité physique des médecins, de leur sécurité et de leurs rémunérations.
- Je comprends parfaitement vos directives capitaine, mais les Cercles n'iront jamais mettre la vie de ses membres en danger. Nous n'interviendrons pas tant que la zone n'est pas sécurisée. Un médecin au tapis, ce sont des années de formations gâchées. Dit Karl au capitaine des miliciens qui fulminait de devoir discuter encore avec le responsable des Cercles.

- La zone est sécurisée, les assaillants sont partis depuis plusieurs heures. D'ailleurs, ils ont laissé un corps que vous devrez autopsier. Vous ne craignez rien, à moins que vous ne continuiez à m'exaspérer ! Répondit le capitaine, très irrité.

- Vous n'avez aucune autorité sur moi ! Alors calmez-vous s'il vous plait, et laissez nous nous préparer ! Les instruments chirurgicaux et médicaux sont plus fragiles que votre tas de féraille ambulant !


Le climat était, visiblement, très tendu. Entre le flegme des Cercles et l'autorité de l'UNE, il n'était pas chose aisé de travailler parfois ensemble. Mais la qualité d'un médecin est d'être au service des autres, aussi, la mission de Karl et des médecins sous ses ordres est claire. Il faut intervenir.

Serviettes de bilans, sacoches d'examens, kits médicaux, mallettes d'interventions d'urgences furent amenées à bord de l'aéronef des Cercles, lequel prit ensuite la route vers le village attaqué, escortés par deux aéronefs militaires lourdement armés et filant à toute vitesse. Il faudra un peu moins d'une heure pour se rendre sur les lieux et découvrir le carnage, ou plutôt, le chao et l'apocalypse des lieux. Karl, un médecin d'une cinquantaine d'année ayant beaucoup d'expérience et qui n'a pas froid aux yeux, découvre une scène d'horreur. Le petit village qui comptait une quinzaine d'habitations et une centaine d'habitants est en ruine. Les maisons de bois sont incendiées et s'écroulent comme de châteaux de cartes, et les quelques demeurent de pierres et de briques noircissent et se craquèlent lorsque les toitures de tuiles et de bois s'effondrent, dans des foyers d'incendies aux températures infernales. Il y a des cadavres partout, et un impressionnant dispositif de sécurité. Partout, on trouve des soldats armés jusqu'aux dents, toujours par deux, réalisant des chemins de rondes et de surveillances parfaitement organisés, de sorte que, toujours, chaque binôme soit en vue d'un ou deux autres groupes de miliciens, et qu'ils puissent prendre n'importe quelle direction sous un feu croisé, en cas de seconde attaque. Un aéronef patrouille dans les airs, alors que le soleil pointe timidement le bout de son nez dans des rayons aux couleurs chatoyantes. Deux visions diamétralement opposées que sont celle d'un magnifique levé de soleil, et celle d'un charnier à ciel ouvert. Mais le temps n'était pas à la contemplation de cette scène surréaliste. Il faut agir, et vite. Très vite.

Karl donne ses ordres. Il dispose de plusieurs médecins qui sont eux aussi dispatchés en binômes, tandis qu'un poste de secours est improvisé sur une placette du village, la seule n'étant pas jonchée de cadavres. Les médecins les plus chevronnés utilisent l'adrénaline comme un catalyseur leur permettant d'occulter l'horreur de ces lieux afin d'être efficace et rapide. Mais quelques jeunes médecins et apprentis, visibles par leurs brassards aux couleurs qui différent de celles portées par les médecins titularisés, semblent s'abandonner à la panique. L'un d'eux restitue la totalité de son repas de la veille, un autre est accroupi devant plusieurs cadavres de miliciens et ne bouge plus, tout paralysé qu'il est devant tant de cruauté. Karl et les autres médecins s'efforcent de remettre ces âmes égarées dans le droit chemin, celui de la médecine d'urgence, de la médecine de guerre.

Mais il apparait très vite aux yeux de Karl et des autres que les âmes qui peuplaient autrefois cette bourgade pittoresque furent fauchées dans leur totalité. Les médecins n'avaient à faire qu'avec des cadavres déjà froids et aux blessures traduisant les horribles sévices subis. Des impacts de balles, de gros calibres parfois, et des plaies immenses causées par des sabres et des épées. Beaucoup avaient été exécutés, et d'autres avaient été horriblement torturés. Un enfant avait été égorgé. Là, une femme enceinte avait été éventrée et son bébé à naître était empalé sur une baïonnette. Les hommes qui avaient résisté furent pendus aux réverbères ou sur des crochets de boucher. On aurait dit qu'une armée de barbares, plus des bêtes que des hommes, était venue et avait tout détruit sur son passage. D'après les miliciens, une petite fille, grièvement blessée, avait été retrouvée et avait réussie à témoigner. Mais elle succomba à ses blessures, elle aussi.

- Nul besoin d'autopsies ici.Dit Karl au commandant des miliciens sur place. Ces pauvres gens ont été massacrés ou exécutés. Des blessures par balles, et des taillades typiques des lames utilisées par les marins. Elles sont courbées pour la plupart et laissent des entailles caractéristiques. Je me demande comment des pirates ont pu aller aussi loin dans les terres sans que personne ne s'en rende compte ?.

- Humpf. Grommela le commandant, un homme de large stature et la panse proéminente. Cette question trouvera une réponse, mais elle ne relève pas de votre champ d'expertise..

- Parce que compter les cadavres en fait partie ?Demanda Karl, le ton sec et froid, tout choqué et attristé qu'il pouvait être..

- Chef ! Chef ! Hurla un médecin du troisième Cercle qui courrait à perdre haleine. Il y a une survivante ! Une femme... Elle est... Grièvement... Blessée ! Mais elle est en vie !

- Amenez là je vous prie !


Soudainement, tout l'attention se focalisa sur cette pauvre femme. Son corps était mutilé, atrocement meurtri. Elle avait perdue énormément de sang, elle avait reçu plusieurs balles d'un calibre impressionnant, et elle avait été recouverte par plusieurs vagues de condamnés. Elle avait ainsi manqué d'air, mais le poids de cette masse sacrifiée sur l'autel de la folie meurtrière avait au moins eu un avantage : elle avait stoppé les hémorragies. Elle avait, bien sûr, perdu du sang, et elle était inconsciente, mais toujours en vie ! Un miracle ! Peut-être même que les Architectes se trouvent derrière cette survie inattendue ? Ne parlez pas d'Architecte à un homme de médecine et de sciences, cela lui échappe. Quoi que, chez les Cercles, les technophiles côtoient volontiers les guérisseurs Myträns, leur permettant de bénéficier d'une certaine ouverture d'esprit. Mais, à ce moment-là, si quelques-uns se demandaient comment ce petit bout de femme avait pu survivre au milieu de ce chao infernal, la plupart des médecins étaient au chevet de la blessée inconsciente, tentant le tout pour le tout afin de sauver sa vie.

Karl, en tant que médecin en charge, s'occupa personnellement de la jeune femme qui n'avait aucun moyen d'identification sur elle. Et, bien-sûr, aucun des miliciens ici présents n'avait servi dans la région et ne pouvait renseigner l'identité de la survivante. Enfin, survivante... Rien n'est encore joué !

Karl s'attela à la tâche comme un orfèvre s'attèle à la taille d'un diamant minuscule. Il était précis, dans ses gestes et dans ses actes. Il était minutieux, concentré, imperturbable, alors qu'il effectuait d'abord un rapide bilan de l'état de santé de la demoiselle, avant de stabiliser son état. Et il était critique, son état. Elle avait reçu plusieurs balles dans les bras, les épaules et l'abdomen, et une dernière dans la tête. Celle-ci était entrée par l'os tympanique, au niveau d’une tempe, et la balle avait ricochée sur l'os pour s'enfoncer dans le cerveau sans pour autant lui ôter la vie. Un miracle, disait-on. Karl ne pouvait pas retirer les balles. Non pas qu'il n'en était pas capable, mais ni le poste de secours, ni son aéronef, n'étaient équipés pour une intervention chirurgicale aussi complexe. Tout ce qu'il pouvait faire, s'était transfuser du sang, réhydrater la patiente et l'emmener jusqu'au Quartier Général des Cercles, prêt de Yeronkhii.

Il posa une perfusion dans un bras, et un cathéter dans l'autre, dans lequel il fit passer une poche de sang d'un groupe sanguin adéquat. Il nettoya et désinfecta les plaies, et immobilisa les membres touchés, craignant des fractures sous-jacentes. Etant inconsciente, il fut procédé à une intubation, c'est-à-dire, à l'introduction d'un tube creux dans la bouche, la gorge et le larynx, afin de favoriser l'apport en oxygène dans le sang de la jeune femme. Il fallait l'aider au mieux, avant qu'elle ne soit totalement prise en charge.


Quartier Général des Cercles, une île suspendue au-dessus de Zochlom - Novembre 933.

Il avait fallu plusieurs jours de voyage pour que l'aéronef de Karl arrive enfin au Quartier Général des Cercles. Une fois posé, le protocole d’urgence fut immédiatement réalisé. Sanaë, inconsciente, sur un brancard rigide peu confortable et enrubannée de pansements, de dispositifs de maintiens et de perfusions, fut sortie de la cale de l’aéronef et transportée jusqu’au cœur du Quartier Général, dans le bâtiment de chirurgie, où tout une équipe l’attendait. Si la technologie de l’aéronef permettait de corriger les turbulences aériennes, et donc, de limiter les conséquences de ces dernières sur la santé de la patiente, ce n’était plus le cas lors du transport terrestre. Et si la frêle jeune femme ne semblait pas souffrir d’un poids excessif, le matériel utilisé pour stabiliser son état et la transporté pesait bien plus lourd qu’elle. Il fallait donc être fort, mais également endurant, puisque la moindre secousse pourrait favoriser un saignement, ou enfoncer un peu plus un ou plusieurs des projectiles qui se trouvent encore dans son corps. Un pas après l’autre, les bras verrouillés, les gestes sûrs, la cadence maîtrisée, et un médecin toujours en train de surveiller la patiente furent nécessaires pour amener Sanaë jusqu’au bloc opératoire. Là, tout le monde était prêt. Tout le monde ? Non. Car le bilan apporté par Karl à l’équipe de médecin de garde était si critique que les candidats ne furent pas nombreux à se proposer pour diriger l’opération.
- Trop complexe comme opération. Il y a tellement de projectiles ! Elle a perdue beaucoup de sang et cela fait plusieurs jours qu’elle est plongée dans un coma ! Le moindre geste déplacé provoquerait sa mort ! Et son cerveau ! Il est perdu !
- Qu’en savez-vous ? Il n’y a pas eu d’investigation radiologique ! Ceci dit, je ne pense pas avoir les compétences pour cette opération.
- Alors que faire ?
- Faites venir le 1er Cercle !

Norwin. Ce serait donc Norwin qui s’occuperait de Sanaë. Il avait, bien entendu, été mit au courant de l’arrivée de cette patiente miraculeusement retrouvée, mais pas encore sauvée. S’il n’était pas de garde ce jour-là, sont statut l’obligeait à être disponible en tout temps et en tout lieu. Aussi s’attendait-il à être sollicité. Il ne refusait jamais une opération, un soin ou un patient, et d’aucun savait qu’il aimait particulièrement les défis. Et, enfin, sa propension à tout connaître et à tout gérer, ainsi que ses connaissances encyclopédiques en médecines, faisaient de lui un atout non négligeable pour les Cercles, qui n’hésitaient pas à faire appelle à lui lorsqu’une situation devenait critique.

Sanaë était déjà en place dans le bloc opératoire, et les médecins et infirmiers étaient déjà afférés autour d’elle pour poser de nouvelles perfusions, faire passer de nouveaux médicaments et préparer les instruments chirurgicaux, lorsque Norwin se présenta au bloc opératoire pour s’équiper. Il se changea, s’habilla d’une tenue blanche tout propre, se nettoya et désinfecta les mains, les poignets et les avant-bras, et s’équipa avec l’aide d’une infirmière. Gants, surblouse à usage unique, masque, calot, lunettes chirurgicales, il lui faudra environs 5 à 6 minutes pour être équipé. Puis, il entra dans la salle d’opération et se mit à l’ouvrage.

L’opération dura un temps interminable. Certains médecins et infirmiers furent remplacés afin qu’ils ne soient pas fatigués, mais Norwin demeurait imperturbable, précis et éveillé. Il ne parlait pas, sinon pour demander à l’infirmière en charge, les ustensiles dont il avait besoin. Et le professionnalisme des infirmières était exceptionnel. Malgré les longues heures, malgré le sérieux et la gravité de la situation, et, il faut le dire, malgré l’ambiance tendue, elles restaient droites et efficaces. Pourtant, elles pourraient en vouloir à Norwin, qui ne laissait que très rarement la place à une ambiance légère, à quelques blagues bienvenues, afin de détendre l’atmosphères. Quand Norwin opère, tout le monde dans l’équipe se doute que la journée ne sera pas ou peu joviale. Mais elles avancent, elles travaillent, et elles ne rechignent pas à la tâche, pas plus que les autres médecins et les apprenants. D’ailleurs, l’un d’entre eux pose une question à Norwin alors qu’il s’occupe de retirer la dernière balle se trouvant dans le corps de Sanaë, avant de s’attaquer à celle qui se trouve dans son crâne. Ladite balle s’était logée dans l’épaule droite et avait arrachée plusieurs tendons et éclatée quelques morceaux d’os. Une situation bien complexe, qui ne manqua pas d’éveiller la curiosité de l’apprenant en fin de cursus.
- Docteur, qu’allez-vous faire pour son épaule ? Demanda l’apprenant.
- Hum… Grommela Norwin qui était en train d’explorer la plaie. Eh bien… Attends. Il retire la balle, tout en veillant à ne laisser aucun résidu métallique susceptible de créer une future infection. Vois-tu, ici ? C’est la partie latérale de la clavicule. Elle est reliée latéralement à l’omoplate, aussi appelée ?
- Scapula ! Répondit l’apprenti.
- Exact. Et là, comme tu le vois, il n’y presque plus aucun ligament. Ils ont été coupés par le projectile qui… Est assez impressionnant ! Donc, il va falloir recréer la coiffe de rotateurs et les ligaments. Là, c’est le ligament acromio-claviculaire. Il est coupé en deux, il va falloir le suturer et immobiliser l’articulation entre 1 et 2 mois afin qu’il se consolide. Là… Il retire plusieurs morceaux d’os. Ce sont des morceaux de la clavicule. Si les deux petits là vont être reformé par ossification, comme quand tu cicatrice d’une plaie, ce dernier, plus grand et à l’emplacement stratégique, devra être recollé afin qu’il se consolide en masse. Autrement dit ?
- Eh bien… L’os fusionnera ce morceau, dans une sorte de cicatrisation osseuse qui permettra à la clavicule de ne pas être affaiblie sur ce segment.
- C’est globalement ça, oui. Il reprend le soin. L’omoplate est touchée, mais rien de grave, elle se reformera toute seule. Là, et là, les ligaments se reformeront d’eux même durant l’immobilisation. En revanche, il reste la question des muscles. Quels sont les muscles ici ? Demanda Norwin sans relever la tête.
- Il y a le muscle supra-épineux, infra-épineux, le petit rond et le sous-scapulaire. Ils forment la coiffe des rotateurs.
- Très bien ! Très bien. Vois-tu, ces muscles s’insèrent ici, ici, là, et enfin, ici. Ils ont été rompus pour certains, d’autres, ont été endommagés. Ces derniers doivent être recousus et laissés au repos, les autres, doivent faire l’objet d’un remodelage. Mais je ne pense pas que la patiente perdra en mobilité. En revanche, elle aura des douleurs pendant plusieurs mois, surtout si elle force trop sur cette articulation. La bourse articulaire a été endommagée, elle risque, à long terme, un vieillissement prématuré de l’articulation et des douleurs rhumatismale, et de l’arthrose.

Allier l’utile à l’agréable est la clé en médecine. Autrement dit, il n’y a pas meilleur apprentissage qu’un cas concret. Certes, l’apprenant n’a ni tenu de scalpel, ni réalisé de gestes chirurgicaux. Mais il a plus appris durant ses heures de présence durant l’opération que durant des semaines de cours magistraux. Et, une fois l’articulation sauvée et la plaie refermée, Norwin s’apprête à prendre en charge la blessure au crâne. Il avait déjà jeté un coup d’œil dessus au tout début de l’opération, et n’avais pas pu s’empêcher de déglutir en voyant le trajet du projectile.

La balle était entrée par la tempe droite, dans un angle impossible, qui avait provoquée une déviation sur l’os. La déviation était ce qui avait permit la survie de la jeune femme, mais la balle avait provoqué de lourds dégâts. Norwin, bien que capable, devait faire face aux limites technologiques dans le domaine médical. L’exploration cérébrale est extrêmement difficile, et, s’il existe peu de survivants ayant reçu une balle dans le crâne, tous, ou presque, vivent aujourd’hui avec le projectile dans leur crâne. Parfois, enlever un corps étranger provoquerait plus de dégâts que de simplement le laisser. Et là, Norwin se demandait ce qu’il allait devoir faire. Tandis qu’il enfonçait dans ce qui fut la trajectoire de la balle, une tige médicale avec un petit grapin au bout, il surveillait les réactions du corps de Sanaë. Un rictus musculaire ou nerveux signifiait que la tige avait touché une aire cérébrale, et qu’il fallait rectifier la trajectoire. Doucement, millimètre par millimètre, il enfonçait la tige jusqu’à trouver enfin le projectile. Le bout de la balle avait été taillé en biais lorsqu’elle frappa l’os. De ce fait, et grâce aux propriétés de l’encéphale, qui flotte dans un liquide, le cerveau ne fut pas transpercé mais simplement poussé sur le trajet de la balle. Il était donc possible de l’enlever. Mais, malheureusement, les faisceaux nerveux attenant à la vision, eux, furent touchés et parfois sectionnés.
- Là, vois-tu. Reprit Norwin à l’intention de l’apprenti. Le cerveau est intact, mais les fibres optiques provenant de la corne droite sont sectionnées. Autrement dit, elle pourra bouger ses deux yeux, mais elle a définitivement perdue la vue à l’œil droit. Il est très probable qu’une section aussi rapide et agressive ait provoquée un manque d’innervation et d’irrigation de la cornée ou de l’iris. Il est fort probable que l’œil droit devienne blanc laiteux. A moins d’une prothèse optique, il sera impossible pour elle de recouvrer la vue. Mais, elle est sauvée. Il ne manque plus que de suturer les vaisseaux et la peau.
- Impressionnant, Docteur !
- Ce qui est impressionnant, c’est la chance qu’a eu cette jeune femme ! Avec toutes ces blessures, un individu lambda aurait succombé à… 98% du temps ! Au moins ! Elle a beaucoup de chance dans son malheur, mais malheureuse elle demeure.
- Et concernant ses facultés ? Y aura-t-il des séquelles ?
- Je ne pense pas, en revanche, le lobe pariétal fut touché et il est fort probable que la mémoire soit atteinte. Nous le verrons lorsqu’elle se réveillera, si elle se réveille.
- Que faut-il faire maintenant Docteur ? Demanda une infirmière qui avait déjà un calepin en main, préparant le suivi médical et thérapeutique de Sanaë.
- Hospitalisez-la dans le service de médecine général. Immobilisation crâniale et cervicale durant 8 jours, et immobilisation de l’épaule droite et du bras gauche durant 1 et 2 mois. Premières séances de rééducation dés son réveil, s’il a lieu un jour. Faites un protocole douleur, et un protocole vasculaire avec prescription d’un anticoagulant tous les matins. Il faut éviter une stase artérielle ou veineuse, qui provoquerait un AVC. L’alimentation devra se faire en passif. Surveillance toutes les heures pendant 1 semaines, puis réévaluation. Ah, et mettez-la sous antibiotiques également. 2 fois par jours durant 8 jours.
- Bien Docteur.

Et Norwin, éreinté mais également épanoui par cette opération qui avait durée presque une journée entière, se retira. Il se déséquipa, enleva ses lunettes, son masque et son calot, sa blouse tachée de sang et son vêtement chirurgical, également tâché. Il souffla longuement une fois sorti du bloc opératoire et l’air frais retrouvé. Il était passionné, il était dévoué, mais il restait humain. Et toutes ces heures de précision, d’attention et d’action, sans aucune pause, cela fatiguait énormément. Alors, comme à son habitude, il se promena quelques minutes, passant devant les bâtiments universitaires, les services hospitaliers, les élevages et les champs, alors qu’il fumait sa pipe, avant de s’asseoir sur un banc durant presque une heure. Il repensait à cette jeune patiente, qui avait vécue l’enfer, dont les plaies et les taillades trahissaient les scènes d’horreurs qu’elle avait traversée. Il repensait aux blessures par balles, au nombre de projectiles. Quelle bête féroce, quel monstre avait pu abattre une jeune femme aussi frêle, en mutilant ainsi son corps ? Les cicatrices qu’elle aurait refléteraient toujours, encore et encore, cette expérience traumatisante, jusqu’à-ce que le temps fasse son office. Et la chance dont elle fut bénie. Un miracle, qu’elle ait survécu aussi longtemps… Mais se réveillera-t-elle un jour ?

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
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L'agneau et le berger. [PV Sanaë] EmptyDim 13 Jan - 17:43
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Au sein même du néant, plus rien n'a réellement d'importance. Puisqu’il n'y existe rien d'autre que le vide, immense et tout aussi sombre, le temps, lui-même, ne peut y prendre prise… Alors, pour celle qui s'y abandonnait, s'y perdait totalement, la réalité en elle-même n'existait plus. Qu'importe ce qui se passait autour d'elle. Qu'importent les voix, les rires gras et inquiétants. Qu'importent les hurlements, les supplications… Qu’importent l'odeur âcre du bois brûlé, ou celle plus subtile du sang… La jeune femme ne réalisait rien parcequ’elle n'était, dés lors, plus rien d'autre qu'un pauvre tas de chair saccagé, brisé comme les autres entassés autour d’Elle… Sur Elle…La seule différence tenait dans ce petit muscle volontaire, pourtant déjà maintes fois brisé et reconstruit qui décidait, malgré tout, de continuer à battre… Même si, Elle-même préférais de laisser tomber…

Au début, les sons lui parvenaient d'une manière étouffés, lointains. La lumière ne perçait pas non plus ses paupières désespérément closes… Mais la douleur… vive et effarante, l'empêchait de penser, de réfléchir ou simplement de respirer. Sa conscience même s’arrêtait là, lui donnant jusqu'à l'impression de n’être qu'un l’un de ces écorchés utilisés pour l'étude des médecins, muscles et os à vif. Heureusement, son salut vint assez rapidement, faisant taire la douleur, ses bien maigres pensées… Tout.

Lorsqu'enfin, elle ouvrit les yeux, le monde lui parut différent. Petit, aveuglant et quelque peu effrayant. Seulement, la douleur ne tarda pas à reprendre sa place pour mieux l'emprisonner dans cet état d'écorché. Absolument tout en elle la faisait souffrir, son crâne semblait vouloir exploser, son corps semblait replié sur lui-même lui faisant ainsi prendre conscience de sa bien misérable stature. Elle hurlait jusqu'à l'épuisement… Du moins, en apparence, puisque la fatigue était en fait provoquée par l'étrange liquide blanc et amer que l'on lui donnait à ingurgiter… Pour qu’enfin le sommeil les emporte, elle et sa souffrance.

Le manège se répéta un nombre incalculable de fois, jusqu'à ce que la douleur s'amenuise sans pour autant disparaître totalement. Mais au fils des jours… La douleur s'apaisa suffisamment pour la laisser seule face à elle-même… là où elle ne trouva, finalement, rien d'autre que cette sensation de vide… de néant sans qu’elle n'en comprenne réellement la raison. Cela, elle ne réalisa que lorsqu’une petite femme, tout de blanc vêtue, vint lui poser une simple question:

-Quel est ton nom ? Nous t’appelons tous "la miraculée" ici, mais ce serait plus commode de t'appeler par ton prénom, tu ne penses pas ?

Une si simple petite question, qui pourtant éveilla une myriade d'interrogations. La jeune femme brisée réfléchit… longuement. Elle cherchait au fond de sa mémoire ce petit rien, ce simple nom que ses parents avaient dû lui donner un jour...Mais au final… Elle ne trouva rien. Pas de souvenir, pas d'histoire, pas de nom et pas d’âge… Elle n’était personne.

-Je...Je ne sais...pas, répondit-elle en articulant péniblement.

L'infirmière lui offrir un regard plein de compassion, un sourire terne qui se voulait probablement rassurant… Mais qui ne signifiait strictement rien pour la jeune amnésique.

-Ce n'est pas grave, tu te souviendras de tout, plus tard.

Oh, elle avait beau ne garder aucun souvenir de sa vie, la jeune femme n'en restait pas moins observatrice. L'infirmière lui mentait, de cela, elle en était certaine. Alors au lieu de renchérir, l'amnésique préféra se murer dans le silence.

-Je vais faire appeler le docteur Mererson, c'est lui qui s'est occupé de toi. Il pourra t’en dire plus, déclara la petite femme en détalant, visiblement mal à l’aise face au flegme étrange de sa patiente.

“Quelle importance? ” pensa la blonde, avant de se replonger dans ses contemplations de ce nouveau monde tout aussi inconnu que l'ancien. La jeune femme restait à l'écoute, c'est d'ailleurs ainsi qu’elle entendit le récit narrant les circonstances de sa découverte. Néanmoins, l'amnésique eut bien du mal à s'approprier l'histoire, et ce qu'importe le nombre de preuves encore fraîches et douloureuses présentent sur son corps meurtris. Elle écoutait le récit comme s'il s’agissait d'une histoire morbide arrivée, ou non, à quelqu’un d'autre dans un temps reculé. Pour elle, cela ne ressemblait à rien d’autre qu’une légende et ne se sentait nullement concernée.

Son regard étriqué croisa celui de ses infirmières, celles-ci veillaient au grain, la surveillant en permanence comme s'il s'agissait d'un enfant quelque peu turbulent. Pourtant, l'écorchée restait calme, silencieuse, se contentant d'observer les soignants, écoutant les conversations…Comme lui avait affirmée la petite femme, les soignants l’avaient surnommée “la miraculée”, même si la jeune femme ne comprenait pas réellement en quoi sa “survie”, tenait du prodige… Une sorte de “chance”, peut-être, quelque peu morbide cela dit… Mais surtout, de ce qu'elle comprit, c'est qu’un homme avait bataillé pour la ramener ici, tandis qu'un autre s'était échiné à lui offrir une nouvelle vie…

Et puis… Au bout d'un certain temps, totalement incalculable, la petite femme revint accompagnée d'un homme de grande taille… Taille qui contrastait grandement avec celle de la jeune femme à ses côtés. Elle observa longuement cet inconnu au regard digne… l'amnésique réalisa ensuite qu'il ne pouvait s'agir que du fameux “docteur”, aussi, le salua-t-elle d'un bref mouvement de tête qui lui arracha une grimace de douleur.

Norwin Mererson
Norwin Mererson
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L'agneau et le berger. [PV Sanaë] EmptyJeu 17 Jan - 12:07
Irys : 282007
Profession : Médecin - Chef des Cercles de l'Aube
Guilde +3 (homme)
Les nombreuses heures accordées par Norwin sur le cas de Sanaë, la jeune femme miraculée, qui avait d’ailleurs été affublée de ce surnom par l’équipe médical, furent concluantes. D’après les infirmières et les médecins qui défilaient à son chevet, les opérations furent un véritable succès. Mais la surveillance médicale dont elle bénéficiait était lourde, et, bientôt, le cas de cette jeune avait fait le tour des effectifs des Cercles ce qui était, sinon une première, suffisamment rare pour être souligné. Norwin était devenu le médecin et chirurgien référent. Il se penchait sur le cas de Sanaë avec professionnalisme, mais aussi avec détachement. Si l’équipe médical était habituée, et connaissait le caractère quelque peu inhabituel et perturbant du Docteur et chef des Cercles de l’Aube, le commun des mortels, lui, serait vivement impressionné et choqué par le comportement dudit médecin. Il agissait davantage comme un professionnel, une encyclopédie vivante, que comme un être humain doué de sentiments.
Mais les occupations et obligations de Norwin chassèrent bien rapidement le cas de cette jeune blonde meurtrie de son esprit. Il était sur tous les fronts. Conseil d’administration, voyage diplomatique à Ünellia, analyse des contrats proposés ou en cours, planification d’expéditions en Ekhlen et pratiques hospitalières en tout genre, le tinrent éloigné du chevet de Sanaë durant plusieurs jours. Il n’était donc pas présent sur l’île de la guilde lorsque la blessée revint à elle. Et la stabilité de son état ne nécessitait pas l’envoi d’une missive importante, aussi, c’est presque 20 jours tard que Norwin se plongea à nouveau dans le dossier de sa patiente miraculée.

Dans son bureau, spacieux, chichement décoré – on voit ici ses origines Daënars et nobles – le chef des Cercles s’entretenait avec un médecin du Troisième Cercle qui venait étoffer le dossier médical de ses propres observations. Une fois fait, il prit simplement congé, sortant du bureau alors que Norwin lui offrit une politesse tout à fait discrète : un simple mouvement de tête, afin de lui indiquer la sortie. Puis, il déposa le dossier déjà épais sur son bureau en bois de chêne verni, et se dirigea vers le fond de la pièce où se trouvait un mini-bar, une magnifique machine à café digne d’un restaurant, et un plateau, sur lequel se trouvait une des pipes du médecin, une blague à tabac et un jeu d’allumettes. Doucement, mais avec la précision qu’on lui connait, Norwin se plaça devant la machine à café, plaça filtre et grains moulus, verrouilla les pièces amovibles, mit le système en pression, et actionna la poignée qui, à terme ferait couler le précieux breuvage jusque dans une tasse en porcelaine épaissie, évitant ainsi toute brulure. Alors que le breuvage aux effets énergisant ce mit à couler dans un bruit tout à fait à part, Norwin se décala doucement sur sa droite, prit une de ses plus belles pipes en bois – un bois travaillé, taillé dans une ébène centenaire et vernie par un artisan, alors qu’une petite plaque en fer reproduisant une scène forestière vient décorer la tête de l’ustensile – et plaça le tabac séché dans la tête, avant de bourrer le tout avec un petit ustensile d’acier. Il porta le bec à la bouche et aspira, afin de s’assurer que l’air passerait suffisamment pour que la combustion soit assurée. Satisfait, il garda sa pipe à la bouche, prit une allumette dans la main droite et sa tasse de café dans la main gauche, et retourna à sa place, derrière son bureau. Là, il déposa sa tasse de café sur un mouchoir d’un blanc immaculé, on ne sait jamais ! L’allumette dans sa main droite, il la gratta contre un rebord de son bureau, provoquant l’apparition d’une flamme vive et bien brulante. De son autre main, il fit un écran de protection, comme si une bourrasque de vent allait venir s’engouffrer dans son bureau pourtant presque hermétique, et lui arracher se plaisir. La flamme doucement s’approcha du tabac, et provoqua bien rapidement sa combustion. S’en suivit alors la production d’une douce fumée aux parfums de chocolat. De chocolat ? Eh oui. Le docteur aime l’originalité et la gourmandise de certains plaisir, et le tabac qu’il fume est tantôt doté d’un goût et d’une odeur chocolatée, tantôt de café, tantôt de saveurs boisées, mais jamais de tabac pur et simple. Trop primitif pour lui. Tout aussi machinalement, il éteignit l’allumette en soufflant dessus sa première bouffée de fumée, et la jeta dans une petite boite de bois placée sur son bureau, dans laquelle se trouvait tout un tas d’allumettes noircies, ultimes vestiges d’une consommation fréquente de ce plaisir toxique. Il tira à plusieurs reprises sur sa pipe, puis l’éloigna de sa bouche afin de laisser libre accès à sa tasse de café, qu’il commença à consommé à grandes goulées bruyantes. Enfin, il déposa la tasse sur le mouchoir, reprit sa pipe à la bouche, et se plongea de nouveau dans le dossier médical de la jeune femme dont il avait participé à sauver la vie.

Citation :
Patiente, Femme, environ 30 ans, Le Tyorum.
Nom : Inconnu.
Prénom : Inconnu.
Médecin première prise en charge : Docteur Karl Von Kläus.
Médecin référent : Docteur Norwin Mererson.
Infirmière référente : Mademoiselle Liliane Pensée.
Antécédents médicaux : Non renseigné.
Suivi médical :
J0 : Intervention en urgence au Tyorum sur demande des autorités de région. Découverte au sein d’un village pillé, incendié et massacré, sous une pile de cadavre. Constatation de multiples impacts de balles et de lames, de plaies hémorragiques et de traumatismes internes et ouverts. Stabilisation de l’état de santé et rapatriement au Quartier Général.

J+2 : Pris en charge au Quartier Général. Désignation médecin référent. Intervention chirurgicale : Chirurgie orthopédique, thoracique, générale et neurologiques. Retrait de plusieurs projectiles, sutures de plaie, restructurations osseuses et tissulaires. Mise en place de dispositifs d’immobilisation épaule, bras et axe tête-cou-tronc. Surveillance médicale, mise en place d’un traitement thérapeutique médicamenteux : anticoagulant et antalgique de palier 3.

J+8 : Intervention chirurgicale orthopédique pour correction problème genoux droit. Résection des tissus cicatriciels, installation d’une prothèse de genoux semi-complète. Ménisques sains, tendons sains, bords latéraux remodelés, rotule retirée et remplacée par prothèse. Mise en place d’une surveillance orthopédique.

J+12 : Premier réveil d’environ 10 minutes, sans discours réel. Prise des paramètres vitaux. Aucun interrogatoire réalisé.

J+14 : Premier réveil total : patiente consciente, parole, motricité et sensibilité relative. Interrogatoire léger : diagnostic amnésique total et perte total de la vue à l’œil droit. Explications réalisées par Docteur Von Kläus. Diminution des anticoagulants en vue d’un arrêt total, diminution des antalgiques pallier 3 à pallier 2. Prescription d’anxiolytiques ?

J+14 à J+20 : Patiente réveillée, choquée et perdue. Stimulation régulière par équipe médicale aux moyens de questionnements, d’aide à la toilette, d’aide à l’alimentation afin de recouvrer une totale mobilité sans compensation ni perte. Discussion parfois difficile, patiente semble perdue et anxieuse.

Une miraculée, disait-on. Mais une miraculée malheureuse. Enfin, pour le moment. Car si elle avait survécu à toutes ses blessures, à l’assaut d’une force monstrueuse et d’une cruauté inhumaine, à un transport difficile et à des interventions très lourdes, elle y avait laissé une partie de sa vue, et la totalité de sa mémoire. Elle avait perdue son passé, sa vie, sa famille, ses expériences, ses joies et ses peines, ses amours et ses amis, ses passions et ses buts, si elle en avait. Si Norwin était habitué à voir de telles situations et à faire face à des patients tous plus tristes ou plus traumatisés les uns que les autres, il ne pouvait s’empêcher de se sentir triste pour elle. Elle avait plus ou moins son âge, et elle avait perdue sa vie. Y avait-il quelqu’un qui l’attendait ? Un mari ? Un enfant ? Elle n’était certainement la seule à vivre dans le malheur aujourd’hui.
Le médecin chassa ces pensées contreproductives de son esprit en tirant une grande bouffée sur sa pipe, qui manqua de le faire cracher tripes et boyaux. Il se contenta de tousser dans sa main, d’une toux tout à fait timide. Puis, c’est le téléphone filaire qui sonna, de cette sonnerie irritante et bruyante impossible à rater. A l’autre bout du fil, l’infirmière de service. La jeune femme dont le dossier venait d’accaparer Norwin s’était réveillée, et il était temps pour lui de continuer sa prise en charge.

Avec flegme, il se leva, replaça ses lunettes sur l’arrête de son nez, se couvrit de son épais blouson et prit le chemin du couloir, de la sortie, puis du bâtiment où se trouvait Sanaë. Il faisait bon pour un mois de Novembre en altitude, mais le vent pouvait apporter avec lui tout un lot de virus et de bactéries, qui provoquerait, à n’en pas douter, tout un cocktail de rhumes divers et variés. Il entra dans la bâtiment, salua d’un signe de tête l’équipe soignante, et se dirigea vers la chambre de sa patiente alors que l’infirmière, Mademoiselle Pensée, s’occupait de lui faire part des dernières informations. Si la scène pouvait faire rire d’un rire jaune – le médecin de grande stature avançant rapidement en direction de la chambre sans sembler prêter attention à l’infirmière dévouée qui peine à suivre la cadence – tous savaient qu’il n’en était rien. Norwin était aussi doué en relation humaines qu’un nouveau serait doué en tant que funambule. Chacun son rôle après tout.

Néanmoins, il entra dans la chambre avec douceur. L’index de sa main droite vint s’écraser à plusieurs reprises contre la porte derrière laquelle se trouvait la chambre de sa patiente. Laissant un cours moment de pause, il entra enfin, sans pour autant décrocher un seul sourire. Il avait été poli et doux, il ne fallait pas trop lui en demander non plus. D’un geste réflexe et mécanique, il passa ses yeux sur le petit tableau au pied du lit qui traçait les courbes de température, de tension artérielle, de glycémie et de saturation en oxygène dans le sang. Tout était normal, déjà un point analysé. Il regarda également le pilulier disposé sur une petite table, et vérifia que les médicaments avaient été correctement dispensés par les infirmières. Enfin, il regarda l’environnement de la patiente, et pu constater qu’elle n’était plus perfusée. Un état stable, donc. Alors, toujours sans décrocher un mot – ne lui en voulez pas, s’il le pouvait, il ne prendrait jamais la parole sinon pour étudier ou dispenser ses cours – il prit une chaise, s’approcha du lit et se présenta enfin à celle qui, depuis le début, le suivait de ses yeux… Inquiets ? Curieux ? Un peu des deux ? Qui pourrait lui en vouloir…
- Bonjour Mademoiselle. Je suis le Docteur Mererson du Premier Cercle. C’est moi qui vous ai opérée. Et je suis également votre médecin référent. Je suis désolé de ne pas être venu vous voir plus tôt, mon emploi du temps n’est pas aussi libre que je le voudrais. Hum… Heu… Avez-vous des questions ?

Comment ? Timide dites-vous ? Un peu rude ? Certes… Quand je vous disais que Norwin était aussi doué en relation humaines qu’un requin dans une piscine. Espérons seulement que Sanaë puisse éclairer la lanterne du chef des Cercles, et que ce dernier puisse rendre un peu d’espoir à cette jeune femme qui eut à souffrir atrocement.


Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
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L'agneau et le berger. [PV Sanaë] EmptyJeu 17 Jan - 21:08
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Des questions ? En avait-elle seulement ? Pour soumettre des interrogations, il fallait d'ordinaire une base… Comme tout en réalité. Une maison exigeait des fondations, une histoire ne pouvait s'écrire sans début, un humain ne pouvait tenir debout sans squelette. Or, l'amnésique n’avait plus ni base, ni repères. Elle ne pouvait lui demander son nom, s'il le savait, personne ici ne l'aurait affublé de ce surnom ironique. Le reste, son état, ne l'importait pas réellement, elle savait déjà plus ou moins ce qui lui était arrivé… Néanmoins, le médecin avait bataillé pour lui permettre de vivre un peu plus longtemps. Son boulot était fait et rien ne l'obligeait à se rendre à son chevet pour prendre le temps de se présenter ou pour éclairer ses lanternes quant à sa santé. Et même si la jeune femme ne se souvenait de rien, elle restait tout de même reconnaissance envers cet homme.

-Enchantée docteur, je suis… commença-t-elle presque machinalement avant de réaliser que cette phrase restera inachevée. Un constat qui lui arracha néanmoins un sourire, bien que celui-ci fût teinté de sarcasme.Je ne suis rien ni personne, visiblement. Je n'ai pas réellement de questions non. Les infirmières m'ont déjà plus ou moins tout raconté, tout comme vos exploits… Vous m'avez sauvé la vie et je ne vous remercierai jamais assez pour cela, je crois...

Mais pouvait-elle seulement considérer qu'elle était réellement en vie ? D'un point de vue physiologique, c'était pourtant le cas, son cœur battait, son corps fonctionnait au mieux et son esprit restait éveillé. Néanmoins, est-ce que cela suffisait ? Rien n'était moins sûr...

-Pardonnez ces questions douteuses, docteur… Mais qu'est-ce que la vie ? Que vaudra la mienne à présent, je me le demande ?

Que faire de cette existence vide de tout, aux allures de pages blanches ? Pour l'heure, elle était ici, dans cette pièce, seul environnement connu quand tout le reste restait obscur… Mais ensuite ? Tout portait à croire que plus rien ni personne ne l'attendait ailleurs. Et puis… Même s’il existait effectivement quelqu'un dehors, quelle importance puisqu'elle-même l’avait oublié ? Mieux valait qu'ils la croient morte puisqu’elle ne serait plus jamais celle qu'elle fut jadis.

-Mais… Où suis-je au juste ?

Le monde lui était inconnu à présent. L'amnésique n'en savait plus rien et voilà qu’elle le réalisait pleinement. Son oubli ne concernait pas uniquement sa petite personne et sa bien commune existence, mais à tout. Où était-elle ? Voilà une bien vaste question pour cette jeune femme qui se sentait alors si minuscule, si misérable. La peur et l'angoisse faisaient ainsi leur œuvre, creusant leur sillon, sournois et profond pour venir piquer son cœur au vif. Celui-ci se mit à battre comme s'il fut pris de frénésie, ce qui entraîna une bien douloureuse migraine.

Elle ferma donc les yeux, essayant de se rassurer comme elle le pouvait… Mais cette frayeur la mettait face à l'évidence, elle ne pourrait pas, pas sans aucun repère auquel se raccrocher. Ainsi, tout s'enchaîna. La panique semblait vouloir prendre le dessus en venant l'oppresser. Un poids semblait appuyer lourdement sur son palpitant déjà soumis à rude épreuve. Ses poumons peinaient à faire leur office, la privant ainsi d'oxygène… Elle étouffait, tout bonnement.

-S'il vous plaît… J'ai besoin d'air. Faites-moi sortir d'ici, par pitié, le supplia-t-elle péniblement.

Norwin Mererson
Norwin Mererson
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L'agneau et le berger. [PV Sanaë] EmptyDim 20 Jan - 19:41
Irys : 282007
Profession : Médecin - Chef des Cercles de l'Aube
Guilde +3 (homme)
La jeune patiente demeure un cas fort intéressant. Intéressant d’un point de vue médical, mais également d’un point de vue psychologique. Les psychologues affiliés aux Cercles de l’Aube auraient certainement beaucoup de questions à lui poser, et encore plus d’interrogations à son sujet. La dissociation entre le corps et l’esprit, les conséquences d’un traumatisme physique sur la psyché d’un individu. Tout cela était passionnant. Passionnant, mais ô combien malheureux. Malheureuse jeune femme à la vie bien difficile, comme le témoignent les multiples blessures antérieures constatées par l’équipe de Norwin. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que la donzelle en a aussi beaucoup, des questions. Et qu’elles ne manquent pas d’intérêt. Il allait devoir abandonner la médecine pure et simple, et faire preuve, pour une fois, de psychologie. Si psychologue il était…
- Eh bien… Hum… Bredouilla Norwin qui avait bien du mal à se prendre pour un être humain. Vous avez subit un traumatisme physique impressionnant. Vous… Il se lance dans une explication médicale, bien loin de ce que la demoiselle lui demandait. Vous avez subit plusieurs blessures par balles dans les bras, les épaules et le thorax et l’abdomen. J’ai extrait toutes les balles, reconstruit votre coiffe musculo-tendineuse de l’épaule droite, et j’ai également investigué et soigné la balle qui avait traversée votre lobe temporal. Malheureusement, je n’ai rien pu faire pour votre vision, et votre mémoire. La zone attenante à la mémoire fut fortement touchée, tout comme la partie droite des cornes nerveuses liées à la vision. Il s’arrête de lui-même, conscient qu’il ne s’agissait pas de ce dont la jeune femme avait besoin et se sentant tout à fait dépossédé de ses moyens. Votre vie… Votre vie sera la même que celle des autres personnes qui virent leur mémoire être amputée sauvagement. Vous reprendrez tout à zéro, et vous ferez peut-être mieux qu’avant ce tragique évènement. Prenez cela comme une renaissance.

Qu’il est déplaisant de faire face à un homme qui tient plus du livre que de la vision humaniste des choses. Tout n’est pas que symptôme, syndrome et cas cliniques. Et s’il y a bien une chose qui ne s’apprend pas dans les livres, c’est bel et bien la psychologie et les relations humaines. Il fallait bien l’avouer, Norwin n’était absolument pas dans son élément. Mais alors pas du tout ! Et même lui, à cet instant, trouve cette situation dommageable. Pauvre petit bout de femme qui ne peut même pas bénéficier d’une aide psychologique de qualité. C’est alors qu’une autre question arrive aux oreilles du médecin qui, cette fois-ci, saura parfaitement répondre.
- Vous êtes au Quartier Général des Cercles de l’Aube, une guilde fondée il y a plusieurs années maintenant et regroupant presque toutes les professions des corps médicaux et paramédicaux que compte la terre d’Irydäe, sans distinction de civilisation ou de religion. Nous… Il se stoppe alors qu’il observe chez son interlocutrice les premiers signes d’une crise de panique. Mademoiselle, calmez-vous, il n’y a pas lieu de paniquer. Détendez-vous et reprenez vos esprits.

C’est trop tard. Et après tout, comment aurait-il pu empêcher cette crise de panique ? Son tact légendaire, le fait d’être dans une contrée inconnue, dans un corps inconnu, avec une vie inconnue, sans mémoire ni sans histoire… Il était déjà admirable qu’elle a réussie à tenir une discussion aussi longuement. Alors, le médecin qu’il était se retrouva de nouveau dans un rôle tout à fait maitrisé. Il allait devoir agir. Il se leva, sans panique mais sans lambiner non plus. Il s’approcha de la demoiselle qui avait de plus en plus de mal à respirer et qui fut, vraisemblablement, prise de douleurs. Il passa sa main sur son front. Elle avait chaud, et peinait à ouvrir les yeux, ses veines crâniales étaient gonflées et le pouls était très bien perceptible. Une migraine fulgurante, de toute évidence. Ensuite, ses extrémités devinrent froides et pâles, la fréquence cardiaque s’affolait, tout comme sa respiration qui se fit non seulement extrêmement rapide mais également très superficielle. Il fallait calmer tout ça très vite, sous peine de quoi, le coma pouvait guetter la pauvre demoiselle.
- Infirmières !Hurla Norwin qui avait besoin d’assistance.
- Oui docteur ?Répondit alors une infirmière qui était accompagnée par plusieurs autres.
- Cette femme fait une crise de panique. Injectez-lui une dose d’antalgique de palier 2, pas de morphine. Ensuite, il faut calmer la crise. Oxygénez-là tout de suite, après quoi, et il lui faudra beaucoup de repos. La prochaine fois qu’elle se réveillera, il faudra la faire marcher, et qu’elle recommence à user de ses membres. Si quoi que ce soit arrivait, faites-moi quérir.
- Oui Docteur, allez-y, nous prenons le relais. Vous avez beaucoup de travail.

Sans demander son reste, Norwin sortit de la chambre et laissa la pauvre demoiselle aux soins des infirmières. Il prit machinalement le chemin de la sortie et de ses bureaux, alors qu’il devait se préparer à dispenser un cours universitaire extrêmement important.

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
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L'agneau et le berger. [PV Sanaë] EmptyJeu 31 Jan - 14:48
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Se calmer… L'amnésique ne demandait pas mieux. La peur et la douleur l'empêchaient tout simplement de raisonner convenablement. Sans repère, la jeune femme ne savait plus où s'accrocher et perdait donc facilement pied. Un environnement nouveau, dans un lieu inconnu, peuplé de gens qui l'étaient tout autant, ne pouvait en aucun cas faire office de point d'ancrage et de cela, la miraculée en avait parfaitement conscience. De plus, son médecin ne fit rien pour l’apaiser. L'homme exposait simplement faits plutôt sobrement avec une distance évidente qui ne la rassura pas du tout. Sa crise n'eut d'ailleurs pour effet que de le faire “paniquer” à son tour, du moins, c'est ce que la jeune femme perdue crut comprendre en l'entendant appeler à l'aide.

Une infirmière accourue à son chevet, accompagnée d'un petit bataillon que la jeune femme trouva alors des plus inquiétants. Sans un regard pour la patiente paniquée, elle s'empressa d'obéir aux ordres de l'homme, déjà sur le départ et lui injecta une dose de médicament… L'effet ne se fit pas attendre, les yeux de la blondinette se refermèrent sur le dos tourné de son sauveur.

Plusieurs jours plus tard, la miraculée, consciente que sa mémoire ne reviendrait jamais, décida de ne plus s'en préoccuper et commença à prendre quelques marques. Elle connaissait les prénoms de tout le personnel l'entourant chaque jour. Elle connaissait même la vie et les habitudes de certains, ceux qui se montraient particulièrement bavard avec elle. Si les débuts de la rééducation furent assez compliqués, en particulier à cause de son équilibre plutôt précaire, la jeune femme arrivait à présent à marcher une bonne trentaine de minutes avant de s'épuiser. Cela peut sembler ridicule pour toutes personne en bonne santé, mais cela représentait énormément pour une femme ayant subi tant de blessures et d'interventions chirurgicales. Son œil aveugle, aussi, posait quelques problèmes. Il lui arrivait, parfois, même en étant guidé par un soignant, de buter dans un obstacle situé dans un angle-mort, plus conséquent que chez toute personne normalement constituée. Elle se cognait donc souvent, la tête ou les membres, ce qui chaque fois générait de nouvelles douleurs que la jeune femme décidait néanmoins d'ignorer et de poursuivre malgré tout.

Aussi, tous s'accordaient à dire que leur patiente ne manquait pas de détermination. La demoiselle en demandait toujours plus pour pouvoir dépasser ses propres limites… Au grand dam de Louise, l'infirmière qui avait finir par la prendre en affection. Cette femme devait avoir la cinquantaine passée, les cheveux bruns et grisonnant par endroits et de grands yeux verts. Un léger embonpoint rendait ses joues rondes, la privant ainsi de quelques rides qui auraient probablement gâché ses traits harmonieux. Louise aurait pu être sa mère, même si personne ne put réellement donner d'âge à la miraculée, le situant, approximativement entre 25 et 35 ans, et la traitait donc comme sa fille. Elle veillait à ce que la jeune femme se nourrisse bien, soit bien lavée, habillée et qu'elle ne manque surtout de rien. Le moindre oubli de ses collègues réveillait le dragon soigneusement dissimulé derrière les grands sourires de l'infirmière… Mais quand Louise voulue lui donner un nom, l'amnésique refusa poliment sans en expliquer la raison… Simplement parce qu'elle ne le savait pas elle-même.

Ainsi donc, chaque jour apportait pourtant son lot de progrès. La jeune femme repoussait toujours plus ses limites, autant physiques qu'intellectuelles… Curieuse, l’amnésique posait énormément de questions, sur tout sujet. Parfois même au point de déstabiliser la personne interrogée. Consciente de cela et aussi pour occuper les moments passés sur son lit devenu trop petit pour elle. La jeune femme manifesta un jour son désir de rééduquer son esprit. Ainsi, l'amnésique demanda à apprendre à lire, à écrire, le tout en parallèle de sa rééducation physique.

Ce fut une requête des plus surprenante pour le personnel soignant et qui poussa Louise à se rendre elle-même auprès du docteur Mererson pour lui parler de sa jeune protégée et lui demander son avis sur le sujet.

-Les progrès sont là, docteur, déclara l'infirmière après avoir soigneusement exposé l'évolution parfaitement visible de sa patiente. Mais on voit clairement que la demoiselle est en demande de plus. Je pense qu'il est aussi de notre devoir de la préparer à la réalité de ce monde avant de la laisser partir. Sans quoi, cela reviendrait à relâcher dans la nature un oisillon ne sachant pas encore voler… C'est une jeune femme impressionnante, docteur, vous devriez lui rendre visite pour vous entretenir avec elle, nous nous sentons dépassés.

Norwin Mererson
Norwin Mererson
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L'agneau et le berger. [PV Sanaë] EmptyDim 3 Fév - 19:25
Irys : 282007
Profession : Médecin - Chef des Cercles de l'Aube
Guilde +3 (homme)
Norwin avait été de toutes les réunions, de toutes les entrevues diplomatiques et de tous les conseils qui impliquaient les Cercles de l’Aube. Il avait passé un temps considérable dans son bureau, à recevoir les divers médecins des seconds cercles qui voulaient recommander un médecin de troisième ou quatrième Cercle pour un avancement, pour une mission en Ekhlen, ou pour un changement de mutation dans un autre avant-poste des Cercles en Myträ ou Daënastre. Il avait été sollicité pour donner son avis sur un contrat de soin quelque peu louche, ou encore, pour avaliser ou refuser des décisions ou des prises d’initiatives d’autres médecins des Cercles. Bref, un travail administratif, de gestion, de management et d’économie. Car il fallait bien que la guilde vive, et si Norwin détestait cet adage : l’argent est le nerf de la guerre. Et il ne pouvait pas assurer son rôle et les missions des Cercles, sans payer son personnel médical et paramédical. Eh oui, que voulez-vous, même en dédiant leurs vies à la guilde et aux principes qu’elle défend, ils étaient des êtres humains qui avaient des vies en dehors de cet engagement. Elever un enfant, cela coûte cher. Construire une maison, fonder une vie… Tout cela nécessite d’obtenir un salaire. Et Norwin détestait son rôle d’expert-comptable.

Mais il fallait aussi qu’il s’occupe de son devoir de médecin, de chirurgien, de praticien et s’il avait eu plusieurs patients depuis que la miraculée était arrivée dans son service, il fallait tout de même qu’il prenne du temps pour s’en occuper. S’il préférait – et de loin – s’occuper des gestes médicaux et techniques, il était aussi responsable de l’évolution médicale de ses patients. C’était son devoir. Aussi, lorsque l’infirmière vint faire les transmissions concernant la miraculée, Norwin resta stoïque et écouta le moindre mot qui s’échappait de la bouche de l’infirmière prénommée Louise.

La jeune femme faisait des progrès impressionnants. Son amnésie n’entamait en rien son incroyable soif de connaissance. Ses intarissables questions renvoyaient dans leurs retranchements les infirmières et les médecins qui se succédaient au chevet de la demoiselle. Et, en plus de cela, elle faisait des progrès dans sa rééducation. Un pas après l’autre, un jour après l’autre, son chemin vers la guérison se poursuit, et la moindre embuche ne ressemble qu’à un moyen de plus de prouver sa grande valeur et son courage insoupçonné jusqu’ici. Norwin n’osait pas le dire, mais le récit l’impressionnait fortement. De tous ses patients, c’est la première fois qu’il vit une guérison si rapide et si inspirante à la fois. La miraculée était non seulement bénie – on ne peut lui enlever cette réputation au vu du voyage qu’elle avait réalisée jusqu’ici – mais également douée d’une force impressionnante. Très impressionnante.

Et enfin, et l’infirmière avait totalement raison sur ce point, il était nécessaire que la miraculée ne soit plus vue comme une patiente en guérison, mais également comme une personne qui allait devoir se réadapter à la société et au monde qui l’entoure. Il ne fallait plus seulement regarder les symptômes, surveiller les dispositifs médicaux, opérer pour rétablir une fonction, il fallait aussi reconstruire la personne, sa personnalité, lui fournir de quoi être et de quoi vivre, et de quoi avoir un but dans cette vie qui venait à peine de débuter. Pauvre malédiction que cette amnésie accidentelle. Ou serait-elle une bénédiction pour une femme qui, visiblement, avait déjà beaucoup souffert avant cet évènement tragique ? Il appartenait maintenant à Norwin et à toute son équipe de donner à cette jeune femme une raison de vivre, et, surtout, un moyen de vivre.
- Hum… Grommela Norwin en raclant sa gorge devant les informations transmises par l’infirmière visiblement dévoué. Frénétiquement, il secoua la tête de bas en haut en regardant le bois vernis de son bureau sur lequel se trouvaient plusieurs piles de dossiers médicaux et administratifs, rangés dans un ordre qui n’appartenait qu’à Norwin. Je salut votre dévotion pour votre travail Madame. Je dois reconnaitre que mes obligations me tinrent trop éloigné du chevet de cette femme. Je… Hum… Je m’en vais de suite m’enquérir de son état. Il se lève presque mécaniquement, d’une traite, comme si un robot mécanique déployait ses vérins. D’un geste assuré, il passa sa main sur les plis de sa veste, son visage tourné vers le sol. Il passa ses mains à plusieurs reprises, comme si les plis devaient impérativement être mâtés. Après quelques secondes, il se tourna, toujours la tête tournée vers le bas, et empoigna son veston qu’il mit avec soin. Dans la poche intérieure, il dégaina sa fidèle pipe, qu’il bourra d’herbe et de tabac, avant d’y mettre le feu et de tirer quelques bouffées. Puis il resta là, à fumer durant presque une minute, le visage tourné vers le sol, comme plongé dans une intense réflexion. Allons-y.

Norwin se dirigea vers la sortie de son bureau, et prit le chemin de l’aile où était hospitalisée la miraculée. Sur le chemin, il fuma allégrement, comme pour se détendre lui-même face à un exercice qui lui était difficile. Il monta les marches unes à unes, se dirigea dans les ailes hospitalières avec une facilité déconcertante, et se retrouva rapidement devant la porte de la chambre médicalisée de la miraculée. Une fois arrivée devant, il prit quelques secondes pour s’éclaircir les idées. Puis il entra. Là, inutile de dire qu’il resta fidèle à lui-même, bien qu’il fasse son maximum pour paraître abordable. Toujours le visage tourné vers le sol – du moins au début – il chercha une chaise sur laquelle il pourrait s’asseoir. Une fois trouvée, il la plaça devant le lit, y posa son séant et offrit son plus beau sourire à la demoiselle qui était là.
- Mademoiselle, je… Enfin, je suppose que vous savez qui je suis. Heum… L’infirmière Louise m’a parlée de vos succès, de vos efforts et de votre guérison. Voilà quelques semaines seulement que vous êtes-ici, et vous êtes pratiquement guérie. Plus que quelques séances de rééducation et vous n’aurez plus besoin de nous. Votre genou ne vous posera plus de problèmes, vous avez été opérée et tout se passe bien. Il ne reste plus qu’à… Qu’à… Qu’à vous aider à vous réadapter dans ce monde. Il laisse un petit temps mort dans son discours, comme pour réfléchir une dernière fois à ce qu’il allait dire, et à ce qu’il allait devoir faire. Je suis là pour vous aider. Que puis-je faire pour vous ?

Une question laissée ouverte, qui permettrait à la demoiselle de saisir tout le potentiel que Norwin offrait.

Sanaë Eshfeld
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L'agneau et le berger. [PV Sanaë] EmptyDim 7 Avr - 13:46
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Au comble de l'ennui, l'amnésique tournait en rond. L'évidence ne tarda pas à montrer le bout de son nez, elle n'était pas faite pour l'inactivité qu'elle avait bien du mal à supporter. Allongée sur son lit inconfortable, la blondinette se perdait en pensées. Elles portaient toutes vers l'inconnu, puisque son monde s'arrêtait, pour ainsi dire, à cette unique pièce. Oh, bien sûr, elle pouvait poursuivre en imaginant le reste. Le long couloir au mur blanc et lumineux. Si long qu'il semblait être interminable… Le bureau des infirmières, bien plus petit que l'immense espace rempli de couchage qu'elle occupait, mais d'où s'échappait continuellement petites voix et odeur d'une bien sombre boisson appelée café. Le parfum l'attirait d'ailleurs, la faisant parfois saliver, mais le personnel lui refusait par crainte de voir son petit cœur meurtrit accélérer dangereusement sa cadence.


Parfois, la miraculée interrogeait les soignant sur le fonctionnement du corps humain, par simple curiosité. Elle se demandait pourquoi le sang coulait dans les veines? À quelle vitesse ? Pour aller où ? De quoi il était composé ? Quel lien avait-il avec le reste ? L'amnésie demandait ainsi des leçons d'anatomie, conduisant même Louise à lui apporter un livre épais et compliqué remplis de croquis étranges montrant os, muscles et organes. Ces petits moments lui apportaient autant de réponses que d’opportunité d'occupation, même si l'infirmière ne s'attardait pas, par crainte de l'épuiser…


Mais la jeune femme se sentait en pleine forme. Elle débordait d'énergie… Énergie totalement gaspillée puisqu’elle n'avait pas l'occasion d’en faire usage. Et pourtant… Pourtant, la jeune femme en avait des questions, des désirs sinon des besoins. Ses interrogations toujours aussi obscures lui brûlaient lèvres et estomac, car restaient malheureusement en suspens. Personne ne savait s'ils devaient ou non lui répondre… Ni même quelles étaient les réponses parfois…


Louise, elle, avait bien compris que toutes ses questions possédaient un sens bien plus profond. Le désir d'apprendre, de comprendre, était pour la miraculée un besoin aussi essentiel que celui de respirer ou de manger. L'infirmière faisait ainsi tout ce qui était en son pouvoir pour soutenir au mieux sa petite protégée afin de la préparer au reste de sa vie. Elle fut donc ravie, pratiquement émue aux larmes lorsque le docteur Mererson demanda à voir la jeune femme.

Il s'était levé promptement, sans prendre la peine d'attendre la petite femme aux jambes épuisées. Louise lui emboîta donc le pas comme elle le put, même si elle eut bien du mal à suivre le rythme du bien dynamique médecin. Arrivés devant la chambre de l'anonyme, le visage de l'infirmière affichait un sourire radieux contrastant avec celui continuellement fermé de son supérieur.

-Oui, vous êtes le docteur Norwin Mererson, déclara l'amnésique en réponse aux affirmations du médecin. Je sais effectivement qui vous êtes et tout ce que vous avez fait pour moi. Je sais aussi que ma guérison est rapide, je veuille à faire honneur à tous vos efforts pour me garder en vie.

Loin de s’attarder sur les manières et normes sociales vaguement évoquées, la demoiselle parlait avec une étonnante franchise somme toute enfantine. Elle ne cherchait pas à provoquer son interlocuteur, loin s'en faut, la jeune femme se contentait simplement de dire les choses sans détours et toujours avec un sourire si aimable qui pouvait être déroutant pour certains. Et pour cause… Si ses lèvres s'étiraient effectivement en un rictus des bien sympathiques, son regard semblait, au contraire, éteint voir triste.

-Me réadapter à ce monde, vous dites ? Je ne sais strictement rien de lui… On ne m'a servi comme explication que des noms qui ne me disent strictement rien… Daënastre… My'trä… Architectes… Pour moi, ce ne sont que des mots sans aucuns sens… Et puisque personne n'est disposé à m'enseigner ce genre de choses, j'ai demandé à apprendre à déchiffrer ce qui est écrit sur les….

-Livres ? ponctua Louise en voyant sa protégée buter sur un mot nouveau probablement encore trouble.

-Oui voilà, des livres, renchérit l'amnésique en remerciant l'infirmière d'un hochement de tête. J'avoue être effrayée par tout ce qu'il se trouve dehors, docteur. Je ne sais absolument pas à quoi m'attendre… Au point où j'en suis, je me fiche de savoir qui j'étais avant tout...ça.

Sa main se porta machinalement vers sa tête, à l'endroit même où se tenait, il y avait encore quelques jours, un épais bandage lui entourant le crâne.

-Apprenez-moi… Laissez-moi voir pour savoir et pour comprendre… Je sais par avance que tout ne se trouve pas dans les livres, cela me semble bien impossible… Il me faut faire mes propres expériences, mais cela me semble compromis en restant clouée dans ce lit… Vous vouliez savoir ce dont j'avais besoin ? J'ai survécu grâce à vous… il me faut vivre à présent.

Norwin Mererson
Norwin Mererson
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L'agneau et le berger. [PV Sanaë] EmptyDim 7 Avr - 19:13
Irys : 282007
Profession : Médecin - Chef des Cercles de l'Aube
Guilde +3 (homme)
Norwin regardait attentivement la jeune femme qui possédait dorénavant des vêtements plus féminins que les chemises fendues qui se trouvent habituellement à l’hôpital. La plupart de ses pansements avaient été retirés, mais quelques sutures demeuraient toujours, notamment sur son abdomen. Les mouvements respiratoires et les mouvements du corps pouvaient parfois rallonger le temps de cicatrisation, et même faire rompre les sutures. Aussi, celles-ci nécessitaient d’être surveillées régulièrement, et des pansements devaient être changés tous les deux jours. Une précaution plus qu’une réelle nécessité, car les cicatrices étaient propres, belles et bien refermées. D’ailleurs, peut-être que Norwin lui-même enlèverait les sutures, puisque tout était définitivement en place. A voir durant l’entretiens.

Norwin écoutait attentivement les doléances, les questionnements, les mots et le visage de la miraculée. Analyser les mots et les expressions corporelles était courant pour le chef des Cercles, car il trouvait là un moyen de détecter la véracité dans les propos, et de prendre la pleine mesure de ceux-ci. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attitude, le combat, les mots et tout ce qu’il avait lu et entendu à propos de cette jeune femme à la vie brisée et à la volonté aussi grande qu’inépuisable, avait très sincèrement touché le Docteur qui prenait la pleine mesure de la tâche qui allait advenir. Au fur et à mesure des mots de sa patiente, il comprit qu’il lui faudrait passer à un autre stade de la guérison et de la rééducation, un stade qu’il gère bien moins que le stade médical et chirurgical : la réadaptation à la vie. Apprendre à lire, à écrire, à compter. Apprendre le monde et ses cultures, la société et ses coutumes et faire d’elle une adulte, comme le ferait un parent avec son enfant. Cette partie du processus était extrêmement importante, et Norwin le savait pertinemment. Et tout autant qu’il le savait et qu’il le mesurait, il savait également la faible étendue de ses capacités à lui. Il n’était pas quelqu’un de très social, il n’était pas doué pour écouter les doléances et pour trouver les mots. Il savait apprendre, opérer, et enseigner, mais il ne savait pas éduquer. Il lui fallait trouver quelqu’un pour prendre le relais. Il resterait le médecin référent de la miraculée mais dorénavant, c’était à quelqu’un d’autre d’être à son chevet.

L’harmonie et la relation qu’entretiennent l’infirmière Louise et la patiente est impressionnante, bien que fréquente. C’est là un des nombreux avantages d’une prise en charge complète par des effectifs bien formés, très compétents, très professionnels et en nombre suffisant. Ici, contrairement au reste du continent de Daënastre, le ratio infirmière/patient est d’un pour deux. Oui, une infirmière pour deux patients, ce qui signifie que chaque patient bénéficie d’une prise en charge complète et précise, par des professionnels qui ne sont pas surchargés et qui peuvent prendre le temps nécessaire à la réalisation de soins comme à la conduite d’entretiens psychologiques et de temps de discussions. Norwin se félicitait de cette organisation qu’il prônait depuis des années maintenant, et il était fier de voir de tels résultats. Car pour lui, rien ne marche sans fondations solides. Des fondations solides permettent des prises en charge précises et frôlant la perfection, ce qui permet des guérisons rapides et presque sans épisodes de rechutes. Et de fils en aiguille, la réputation des Cercles continue et prolifère, ce qui ramène d’autres patients, d’autres contrats, d’autres clients pour les services annexes de la guilde, qui demeure et subsiste, dans l’esprit de chacun des continents.

Norwin laissa un instant de silence. Ce silence n’était pas gênant, du moins pas encore, car Norwin réfléchissait. Il avait de nouveau la tête baissée vers le sol, et celle-ci s’animait de mouvements de bas en haut, trahissant l’intense réflexion qui avait lieu. Il cherchait des noms pour prendre la suite, des moyens pour donner envie à la jeune femme de continuer à vivre et de poursuivre ses apprentissages, choses qu’il appréciait par-dessus tout. Elle voulait apprendre, apprendre à revivre et apprendre tout ce qu’il était possible d’apprendre. Il fallait cultiver cela, et Norwin ne comptait pas laisser passer cette motivation visiblement à toute épreuve.
- Très bien.Dit-il la visage encore tourné vers le sol, avant de relever le regard vers sa patiente qui attendait visiblement la suite des évènements. Louise ? Où en sont les soins ?
- Les pansements ont été retirés. Reste uniquement ceux de l’abdomen, avec les sutures. La plaie est propre et résiste aux mouvements de la patiente. Je pense qu’il est temps de retirer les fils. L’épaule est droite est presque remise, mais la patiente présente des douleurs à la mobilisation, ce qui la limite parfois dans ses mouvements. D’après le kinésithérapeute, il manque encore 6 séances pour s’assurer du renforcement de l’épaule. Le genou est entièrement guéri en revanche. Les paramètres sont bons, aucun trouble nerveux. En revanche, le cœur présente parfois des troubles du rythmes, surtout lors d’un effort physique important ou sur le long terme. Pour le reste de la prise en charge médicamenteuse, voici le tableau des transmissions.
- Merci Louise.Il lit avec attention le manifeste médical qui regroupe les transmissions de tous les professionnels ayant pris en charge la demoiselle encore appelée La Miraculée..

Les transmissions étaient claires, précises et complètes, comme d’habitude. Aux observations des infirmières s’ajoutaient celles des kinésithérapeutes et des ergothérapeutes, mais également celles des diététiciens, des orthophonistes et des spécialistes divers et variés qui pouvaient venir au chevet de la patiente. Toutes les observations étaient positives et encourageante. La miraculée était presque sortie d’affaire, même si elle devait encore fournir d’énormes efforts pour s’adapter au monde qui l’attend et à la vie en dehors des murs du Quartier Général.


Citation :
Prise en charge infirmière : Pansements retirés à J+28, J+35, J+38 et J+50. Arrêt des traitements antibiotiques à partir de J+12 et des traitements antidouleurs en intraveineux à J+20. Prise d’antinauséeux et d’antalgiques occasionnellement. Important besoin de verbaliser ses sentiments et ses pensées. Prise en charge psychologique demandée.

Prise en charge kinésithérapique : Patiente volontaire, active et demandeuse. Enormes progrès. Rééducation de l’épaule et du genoux parfois difficile avec fatigue rapide et gène osseuse par moment. Immobilisation réalisée durant 5 jours supplémentaire avec massage thérapeutique des articulations. Rien à signaler depuis.

Prise en charge ergothérapeutique : Aucune difficulté de préhension. Aucune difficulté locomotrice. Patiente orientée dans le temps et dans l’espace. Très demandeuse, elle participe à tous les ateliers proposes (cuisine, jardinage, écriture…). Aucun besoin de suppléer par des prothèses quelconques. Patiente autonome et indépendante. Poursuite de la prise en charge pour activités quotidiennes seulement.

Prise en charge psychologique : Patiente qui pose beaucoup de questions et qui verbalise un état d’anxiété constant sur son avenir, le monde qui l’entour et comment y retourner. Patiente qui cherche sa place et qui demande constamment à apprendre. Aucune prise en charge médicamenteuse sur l’état anxieux. Rendez-vous psychologiques sur demande de la patiente uniquement. Besoin de lui trouver un nom rapidement.

Prise en charge médicale : Paramètres normaux, aucune défaillance organique ou structurelle. Arrêt de la prise en charge diététique pour retour en alimentation normale sans aucune restriction. Prise en charge médicamenteuse sur demande en cas de douleur ou de nausées. Aucune altération osseuse, tendineuse ou musculeuse. Fonctions cérébrales normales. Retrait des orthèses et des moyens d’immobilisation. Régulière arythmie cardiaque sur effort physique et état de stress : prise de paramètres cardiaques à heure régulière, et de médicaments antiarythmiques jusqu’à fin de la rééducation.

Devenir envisagé : Instruction, réhabilitation et indépendance de la patiente. Apprentissage d’un métier ou d’un corps de métier. Education thérapeutique sur les potentielles séquelles à long terme de ses pathologies. Début d’une activité sportive pour renforcement tendineux et musculaire. Découverte de passion(s), d’intérêt(s) afin de développer un projet de vie adéquat aux envies et aux possibilités de la patiente.


Norwin reposa le recueil de transmissions sur la petite table qui se trouvait dans la chambre de la patiente sans nom. Il regarda la jeune femme, et un petit sourire très léger vint animer son visage pourtant d’habitude si neutre. Il était heureux de voir que cette femme revenait de loin, et que son bonheur à elle était bientôt atteignable. Une prise en charge réussie. Elle était sauvée, et nul doute que sa nouvelle vie saurait être épanouie et complète, Norwin en était assuré.
- Très bien. Mademoiselle, vous revenez de loin, sachez-le. J’ai rarement vu quelqu’un survivre à autant de blessures et à la cruauté à laquelle vous avez apparemment fait face et qui provoqua votre amnésie. Vous avez raison. Le monde n’est pas dans les livres, tout comme votre vie. Tous deux sont là, dehors, et devant vous. Vous allez pouvoir quitter cette chambre pour vous rendre dans une aile d’habitations médicalisées. Vous aurez un petit appartement décoré et meublé, avec tout le nécessaire pour vivre de manière indépendante. Une cuisine est également à disposition. Des infirmières et des médecins seront à disposition et viendront vous voir plusieurs fois par jours. Elles disposent des doubles de votre appartement. Votre infirmière référente va changer. SI vous n’y voyez pas d’inconvénient, ce sera Louise qui s’occupera de vous. Je resterais votre médecin référent, mais je connais une doctoresse qui pourra s’occuper de vous dans votre rééducation. Vous pourrez profiter du soleil à votre guise, et vous promener dans les champs et la petite forêt dont dispose l’île. Vous pourrez continuer les ateliers de cuisine, de jardinage, de bricolage et tous ceux qui vous feront plaisir. Si vous le désirez, en temps voulu, vous pourrez apprendre un métier et des compétences particulières afin d’évoluer dans le vaste monde. Les Cercles disposent d’une bibliothèque impressionnante à laquelle vous aurez accès tous les jours de 9h à 22h. Un restaurant est également à votre disposition. Le médecin qui s’occupera de vous, et Louise ici présente, pourront vous donner toutes les informations sur la vie sur notre île. Mais attention, l’île n’est pas marine mais aérienne. Ne vous approchez pas des bords, au risque de chuter.Il marque une pause, conscient que ce qu’il va proposer ensuite relève plus du personnel que du professionnel. Je dispose d’un Griffon femelle. Un animal majestueux au plumage de couleur argentée. Magnifique. Si cela vous intéresse, et lorsque vous pourrez y faire face, vous pourrez le monter et explorer les cieux. Je vous souhaite bien du courage, et de trouver la paix intérieure. Vous êtes presque sortie d’affaire, mais vos efforts doivent se poursuivre si vous ne voulez pas tout perdre. Je suis certains que vous y arriverez. Mes directives seront immédiatement transmises et vous pourrez quitter cette chambre dans la journée. Le médecin qui s’occupera de vous viendra vous voir dés demain. Quant à moi je reste à votre disposition, si vous en avez le besoin. Continuez comme ça.

Et il se relève aussi mécaniquement qu’à son habitude, comme s’il n’était qu’un robot doté de vérins. D’une traite, il se leva de toute sa hauteur et posa sa main sur l’épaule de la patiente, dans un signe maladroit de compassion et d’entraide. Puis il reprit sa pipe sans allumer son contenu cette fois, par respect pour la patiente et les autres, ainsi que pour le personnel de santé et le besoin de garder l’atmosphère saine de ce lieu. Il allait passer la porte et disparaître, mais il s’arrêta en chemin, se retournant à moitié vers la miraculée.
- Je… Je ne sais pas si cela vous plaira ou non, mais j’ai décidé de vous donner un nom. J’aimerais vous nommer « blanche », comme la couleur de votre œil et celle de votre âme, douce et pure. Si cela ne vous satisfait pas, je ne vous en tiendrai pas rigueur. Vous pourrez choisir votre nom, et votre prénom. Ou garder celui-ci.

Puis il prit le chemin de son bureau, laissant Louise et « blanche » ensemble. Nul doute que la venue de Norwin avait été bénéfique, du moins il l’espérait, et dorénavant, le miraculée pourrait apprendre à vivre, et sortir de cette chambre blanche pour pouvoir se sentir libre et indépendante, jusqu’à-ce qu’elle puisse prendre son envol.

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