Expédition n°2 : Le sentier embrasé

La bête, massive, chancelait sous leur assaut ! Elle essayait de se rétracter dans sa carapace où ils auraient sans doute toutes les peines du monde à l’achever si elle le décidait. Kali comptait bien mettre un terme au combat avant cela. Elle se glissa sous la garde du grand costaud qui l’avait protégé des rochers, non sans lui lancer un insouciant remerciement au passage, pour pouvoir atteindre la tête du gastéropode. Apparemment celui qui avait eu l’idée d’attaquer les antennes étaient bien inspiré mais il en restait encore une intacte.

Quand elle se fut à nouveau dégagé, elle se concentra sur la magie pour la faire à nouveau affluer dans ses membres. Le filet d’eau prolongea sa lance comme la lanière d’un fouet et, d’un ample mouvement, elle fit décrire à l’arme un cercle qui vint frapper le monstre sur le deuxième œil et le crâne en un mouvement descendant.

« Il doit au moins être sonné, profites-en pour l’achever ! » cria-t-elle à l’adresse de l’épéiste juché au sommet du monstre.

Une nuit de repos dans une grotte, ce n’était pas le grand confort mais elle avait connu bien pire. D’autant que grâce à l’intervention de son compatriote, Kali n’avait souffert d’aucune blessure sérieuse lors des affrontements de la veille. Au petit matin, en plus des préparations habituelles elle veilla à remplir son outre d’eau à la petite source qui se trouvait au fond de la grotte, tout en adressant quelques prières à Dalaï et en remerciant les informations des vigilants sans lesquels ils n’auraient probablement jamais pu trouver un abri disposant d’une telle commodité.

Le spectacle au sortir de la grotte avait quelque chose de touchant, ces trois êtres immenses qui pleuraient leur forêt disparue. Mais elle n’était pas là pour s’apitoyer sur leur sort : elle était là pour la chasse. Et ces créatures seraient sûrement plus dangereuse que celles qu’ils avaient affronté jusque là. A cette pensée, un frisson parcourut l’échine de Kali, elle raffermit la prise sur sa lance et les coquillages qui l’ornaient tintèrent légèrement dans le vent. Avant de s’élancer toutefois elle s’accroupit et enfouit sa main dans l’épaisseur de la cendre qui recouvrait le sol de l’ancienne forêt. Elle ferma les yeux et se concentra, cherchant les restes de cette énergie qui avait embrasé la terre. Elle expira lentement et sentit une énergie ardente mais pas douloureuse remonter le long de son bras et atteindre son cœur. Elle se releva et commença à s’approcher des créatures, doucement, l’esprit aux aguets. Son regard restait concentré sur le plus grand des trois, celui qu’elle comptait abattre en premier.

Quand elle ne fut plus qu’à une dizaine de mètres, elle écrasa une racine sous sa botte mais celle-ci, au lieu de s’effriter en cendres, se tortilla comme un serpent. Ce fut comme un signal et les deux créatures de bois qui lui présentaient leur dos, les plus petites, se retournèrent pesamment tandis que la plus grande la chercha un moment du regard avant de réussir à la voir. Il n’était plus temps de discrétion ou de prudence, Kali bondit en avant. Elle avala les mètres à grandes enjambés, soulevant des gerbes de cendres derrière elle.
La première créature, plus petite et rapide, voulut l’intercepter d’un revers de bois et elle bondit par-dessus le bras massif, se coulant contre le tronc presque sans ralentir. Kali passa ensuite sous le corps de la deuxième, bondissant de côté pour éviter qu’un poing massif ne l’aplatisse au sol et roulant entre ses jambes pour arriver derrière elle. Elle ne s’arrêta qu’un instant pour voir le géant qui continuait de la fixer, par-dessus son collègue, et elle sourit. D’un bond elle se retrouva sur le dos de celui qu’elle venait d’éviter et l’escalada en quelque gestes agiles. Une fois sur le crâne elle s’accroupit, enflamma la pyromagilithe de son bras et, puisant dans l’énergie libérée, se détendit comme un ressort pour se projeter en direction de sa cible avec toute la vélocité qu’elle pouvait acquérir, hurlant une prière de guerre zolienne, tandis qu’une langue de flamme glissait sur le crâne de son perchoir qui émit un mugissement guttural.
Kali fendit donc l’air en direction du visage du plus gros des Urgamals, lance en avant, le fer de celle-ci nimbée de flammes avides de mordre dans leur cible.