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 :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Le Tyorum
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 Vague à l'âme

July Lahry'Dryka
July Lahry'Dryka
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Vague à l'âme EmptyMer 29 Jan - 13:50
Irys : 230562
Profession : Joaillière
Daënar 0
C’était la première fois que je venais à Skingrad, la première fois dans le Tyorum tout court d’ailleurs et les belles images qu’on m’avait dépeint de la cité se retrouvaient quelque peu fausses. J’étais assez déçue de ce que je voyais depuis que j’étais arrivée en train d’Alexandria. On m’avait vanté une cité florissante et prospère mais logeant sur la rive ouest, je ne voyais que des quartiers ouvriers. Après, j’avais bel espoir que la rive est soit plus rayonnante.

J’étais venue ici pour une commande. Depuis que j’avais fait une collaboration avec Sanaë Eshfeld, le petit commerce de mon oncle avait doublé son nombre de commandes. Il pensait même prendre une boutique plus grande. Moi qui était partie pendant un an dans le nord, à Vereist, j’étais revenue plus déterminée que jamais à retrouver mon père. Mais pour entreprendre des recherches si poussées, j’allais devoir entreprendre un voyage dans plusieurs régions de Daënastre, courant à la recherche d’indices et de financements en même temps. Mes réserves personnelles d’irys étant assez faibles, j’avais du rentrer à Alexandria pour empocher quelques commandes avant de repartir. C’était la principale raison de ma venue à Skingrad. Une certaine Desdemora Kingston m’avait appelé pour un ouvrage très fin autours d’un rubis. Il était encore brut pour l’instant mais j’étais là pour m’en occuper. Je ne connaissais pas encore les attentes de ma cliente, si elle préférait un collier ou une bague, une pièce majestueuse ou discrète. J’allais le découvrir bientôt mais en attendant, je me faisait déjà mes plans d’ouvrages dans ma tête. Il ne fallait pas que je me rate, le travail pouvait me rapporter gros.

Je traversais le canal séparant Skingrad en deux et arrivai sur la rive est. Tout de suite, le changement d’ambiance fut saisissant. Ici, plus de pauvreté latente et d’atmosphère pouilleuse, la ville resplendissait de vigueur et de beauté. Je m’arrêtais pour demander le chemin à un garde, n’ayant qu’une simple adresse pour me guider. Il m’indiqua la route à prendre sans avoir pu s’empêcher de rajouter que j’allais chez les riches. Il devait se demander ce qu’une jeune fille comme moi allait faire dans ces quartiers-là. Je ne pus m’empêcher de sourire face à ce commentaire au final assez méprisant, mais qui ne m’atteignait que très peu.
Je continuais de marcher et m’arrêtais finalement devant une grande maison qui correspondait parfaitement à l’idée que je m’étais faite de la maison des Kingston. Je toquais et un majordome vient me chercher avant de m’introduire à sa maîtresse.

~ Quelques heures plus tard ~

« Je reviendrais dans deux semaines, votre travail fini, Madame. En attendant, je vous laisse ici les ébauches sur papier que j’ai faite, vous gardez à tout loisir la possibilité de modifier vos souhaits. »

Je me trouvais dans une pièce luxueuse, debout en face de Mme Kingston qui me regardait d’un air plutôt satisfait. Le rubis qu’elle possédait était magnifique, il avait du coûter une fortune. Cela m’enchantait d’avance de réaliser cette œuvre car les matériaux qui m’étaient donnés étaient vraiment de qualité. Rien à voir avec certaines opales que j’avais pu tailler. Ici, j’avais le droit à de la pureté, de la vraie !
J’étais en train de rassembler mes affaires lorsqu’une femme entra dans la pièce. Elle était plutôt petite, aux cheveux blancs, à l'air de petite crevette. Elenor Kingston. Haute Générale commandant des forces navales de Daënastre. En d'autres termes : la vraie raison de ma visite.


Dernière édition par July Lahry'Dryka le Mar 11 Fév - 11:54, édité 1 fois

Elenor Kingston
Elenor Kingston
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Vague à l'âme EmptyDim 2 Fév - 16:08
Irys : 276165
Profession : Haute Générale commandant des forces navales de Daënastre
Daënar +3 ~ Tyorum (femme)
Elenor accueillit avec gratitude la chaleur du manoir en passant le seuil de la porte, tandis qu’un domestique la débarrassait de son manteau. Une autre la suivit tandis qu’elle s’enfonçait dans le bâtiment pour rejoindre le salon principal, portant une boîte dans laquelle la Haute-Générale rangeait ses nombreuses décorations militaires au fur à mesure qu’elle les décrochait de sa veste de soie bleu marine. Il ne lui restait plus que quelques agrafes et des médailles qu’elle appréciait tout particulièrement quand elle arriva dans la grande pièce au style luxueux et empreint de tout ce qui rappelait la modernité, des meubles aux tableaux en passant par les tapis car c’était sans doute cela qui définissait le mieux la famille Kingston : une envie d’être toujours à la pointe du progrès. Cela se voyait dans l’éclairage de la pièce, entièrement électrique, qui se faisait également le luxe de ne pas posséder de cheminée, habituellement encore le moyen le plus commun de réchauffer une ambiance, mais d’utiliser plutôt les dernières innovations en la matière. A tout cela il fallait rajouter le gramophone qui tournait la plupart du temps.
Depuis quelques décennies s’était presque devenu une question d’image : Reinold avait déjà été un fervent soutien de la recherche navale avant de devenir Haut-Général en son temps puis de se retirer en tant qu’armateur civil sans perdre ses goûts en la matière. Et ses quatre enfants, à leur manière et à leur échelle, étaient tous sans exception dans cette même veine. Elenor était évidemment la plus connue pour cela, au grand dam de son frère aîné Olrik qui voyait ses nombreux efforts pour pousser à la modernisation de toute l’infrastructure du Tyorum un peu oubliés.

« Comment s’est passé cette réunion avec le conseil du gouverneur ? »

Cette voix grave, un peu bourrue, appartenait à Reynold qui venait de lever les yeux de son livre pour les poser sur sa fille tandis qu’elle traversait la pièce pour aller se servir au bar. Celle-ci haussa les épaules en réponse, en levant les yeux au ciel :

« Mal, évidemment. Ils n’ont aucune envie que la marine déporte l’essentiel de son activité de construction à Fort-Felsberg et deux ou trois d’entre eux ont bien manqués s’étouffer sur les premières estimations de ce que coûtera la construction de la ligne de chemin de fer entre Skingrad et là-bas. Evidemment le gain de temps, de productivité et de sécurité que cela représentera à terme leur passe complètement au-dessus de la tête !
Heureusement que la CEL me soutient sur le projet mais vu que je leur ai promis l’intégralité de la gestion du transit de cette nouvelle ligne, c’est bien le moins qu’ils peuvent faire. »


Elle remplit deux verres de brandy et en tendit l’un à son père qui la regardait avec une lueur d’amusement au fond des yeux. C’est à ce moment que Butler entra dans le salon, portant un paquet sous le bras.

« Ah au fait le Vice-Amiral Canneli m’a donné ce cadeau à ton intention quand il a su que je revenais à Skingrad.
-Vraiment ? »

Reinold se tourna vers le colis que Butler venait de déposer sur la table, la voix teinté de cette joie enfantine qu’il arborait toujours à l’idée d’un quelconque cadeau. Elenor était toujours surprise, quand elle le voyait se comporter ainsi, qu’il n’y avait jamais eu de rumeurs de corruption à l’époque où il était dans l’armée, tant son attitude dans ce genre de cas semblait y inviter mais il avait un flair certain pour débusquer les intentions généreuses des offres intéressées. Ca n’avait pas toujours été le cas mais, songea-t-elle avec une pointe d’ironie amère, elle était mal placée pour le lui reprocher.

« C’est magnifique ! » dit-il en tenant dans l’éclat de la lumière un des verres à vin en verre teinté de Prorig que contenait le coffret. Puis il ajouta avec un petit sourire : « Un peu trop même, il a quelque chose à se faire pardonner ?
-Pas directement, mais je pense qu’il veut se faire bien voir après que j’ai dû prendre des mesures contre l’un des capitaines qu’il avait promu et supervisé d’assez près.
-Qu’est-ce qui est arrivé ?
-On l’a retrouvé complètement saoul à son poste et on soupçonne qu’il ait permis, plus ou moins volontairement, à un intrus non identifié de fuir le fort…
-Nonor ! Quel plaisir de te voir ! »

Elenor sa crispa par réflexe en entendant ce surnom avant de se détendre et de sourire en se retournant vers la seule personne qui l’appelait de la sorte : Rose traversait la pièce à grande enjambées en écartant les bras pour venir enlacer sa petite sœur. En la voyant, la jeune femme aux cheveux blancs étouffa une pointe de jalousie. Même si ce n’était pas sa plus grande fierté elle aimait à se savoir belle et désirable aux yeux de la plupart des gens mais à côté de Rose cette impression disparaissait complètement.
La plus jeune de ses deux sœurs, qui n’avait guère qu’un an de plus qu’elle-même, était une femme incroyablement magnifique : de longs cheveux auburn coulaient en épaisse boucle sur ses épaules et dans son dos, deux yeux verts brillaient tels des émeraudes et ses traits fins et gracieux étaient juste assez marqués pour en devenir sensuels, lui donnant une vitalité et une réalité qui permettaient à sa beauté d’éviter l’effet ‘poupée de porcelaine’ -un écueil dans lequel Elenor tombait complètement. A cela il fallait ajouter une silhouette svelte, à la féminité affirmée et se mouvant en toute circonstance avec une grâce certaine sur ses longues jambes fuselées qui avaient aiguisé plus d’un appétit, le tout superbement mis en valeur par des tenues à la limite de la provocation la plupart du temps. Ce dernier point aurait pu sérieusement la desservir si elle ne le faisait pas systématiquement avec une telle joie de vivre dépourvue d’arrière-pensées que cela en devenait presque innocent.
Bien sûr elle n’était pas naïve et elle était parfaitement consciente de sa beauté, simplement elle ne semblait pas réellement s’en préoccuper et si elle avait eu plus que sa part d’amants, sans jamais se fixer bien longtemps, elle ne les choisissait pas sur des critères aussi superficiels que beaucoup s’y serait attendus. D’ailleurs le dernier dont avait connaissance Elenor était un musicien… aveugle.

« Alors, toujours débordée de travail à gérer ceux qui constituent notre première ligne de défense contre l’envahisseur ? » lui demanda-t-elle avec un ton narquois en reprenant l’une des expressions chères à Reinold qui fit comme s’il n’avait rien entendu.
« On ne peut pas dire que le travail se calme, entre les troubles politiques, les attaques de pirate et les bien trop nombreuses réunions auxquelles je dois assister…
-Oh arrête, pas de ce petit jeu-là avec moi : tu a-do-res ces réunions ! Sans elles, comment est-ce que tu te débrouillerais pour faire en sorte que tous ces gens marchent exactement au pas que tu veux, hein ?
-Tu dis ça comme si je réussissais à chaque fois.
-J’ai toute confiance en toi ! » Rose baissa les yeux sur le verre et fit une moue dégoûté : « Tu bois toujours de cette horreur ? Mère ne t’as donc pas assez dis que c’était une boisson indigne d’une Dame ? » Elle se débrouilla pour faire sentir la majuscule du mot, ce qui fit sourire Elenor tant elle ressemblait à Desdemona dans ces moments.
« Désolé, mais c’est une boisson parfaite pour un Haut Général. N’est-ce pas ? » Elle adressa sa question à Reinold qui s’interrompit un instant de sa discussion avec Butler pour acquiescer et trinquer avec sa fille. Rose les regarda faire en haussant les épaules d’impuissance.
« D’ailleurs en parlant de mère, elle m’a dit qu’elle voulait te parler dès que tu aurais du temps. Elle est dans son bureau je crois, elle recevait quelqu’un, je n’ai pas trop compris qui mais je l’ai aperçue : une jolie femme aux cheveux blancs, avec une tenue vachement masculine. Tu devrais te dépêcher, si tu as de la chance elle sera encore là. »

Elle y ajouta un clin d’œil qui transforma Elenor en pivoine un bref instant et celle-ci détourna le regard et finit d’une traite son verre avant de le reposer, un peu brusquement, sur la table. Quand son regard revint sur celui de sa grande -à plus d’un titre- sœur, elle avait retrouvé sa contenance. Seule la neutralité de sa voix, trop exagéré, trahissait sa gêne un instant auparavant :

« Bon si mère veut me voir, je vais y aller tout de suite.
-Oui, c’est ça, ne la fais pas attendre. » Rose se détourna en gloussant un peu et, avant de quitter la salle, elle se retourna vers Elenor : « Oh au fait, Damien joue au théâtre ce soir, je t’ai réservé une place, ça me ferait plaisir que tu le rencontres. J’en ai même réservé une autre si jamais tu veux inviter quelqu’un. »

Elenor hocha la tête à son attention et elle quitta la pièce, laissant son père et Butler discuter du bon vieux temps comme ils en avaient un peu plus l’habitude à chaque visite. Sans doute était-ce en partie sa faute car elles se faisaient terriblement rares. Elle parcourut les quelques couloirs qui la séparaient du bureau de Desdemona, notant sans vraiment y réfléchir toutes les petites différences avec sa dernière visite. Arrivé devant la porte elle toqua et entra sans attendre d’y être invitée.
Le bureau était dans un tout autre style que le reste de la maison car son occupante ne partageait pas la passion sans borne de son mari et de ses enfants pour la technologie, elle en avait donc fait son petit bastion personnel de traditionalisme et tout le mobilier était dans un style que l’on associait à l’ancienne noblesse. Seule concession à la modernité : la lampe sur son bureau fonctionnait à l’électricité car elle n’était pas d’assez mauvaise foi pour préférer une lampe à huile ou à gaz lorsqu’il s’agissait de lire.
Justement, Desdemona était assise derrière son bureau, avec plusieurs papiers sur lesquels Elenor cru reconnaître des schémas sans parvenir à définir de quoi. De l’autre côté du bureau, lui tournant le dos au moment où elle entrait, une jeune femme à la chevelure neige, occupé à ranger ce qui ressemblait à du matériel professionnel, qu’elle avait probablement amené. Elle portait en effet, comme Rose l’avait dit, une tenue très masculine, sobre, qui ressemblait presque à une tenue de travail, certainement pas à celle d’une amie bourgeoise ou d’une quelconque émissaire commerçante. Une artisane, probablement, qui venait présenter à Desdemona des études préliminaires. Mais elle ne savait pas de quel genre d’artisan il devait s’agir jusqu’à ce qu’elle aperçoive le rubis sur la table.
Elle connaissait cette pierre, il s’agissait d’un cadeau qu’avait reçu sa mère vingt ans auparavant, au moins. Elle n’avait jamais réussi à se décider sur ce qu’elle voulait en faire Elenor haussa donc un sourcil à le voir sortie de sa vitrine. Desdemona releva la tête à son entrée :

« Ah, Elenor, tu tombes bien.
-Rose m’a dit que tu me cherchais.
-Vraiment ? Etonnant, mais pour le mieux. Je te présente mademoiselle Lahry'Dryka, une orfèvre d’Alexandria que j’ai fait venir pour lui passer une commande. Mademoiselle, je vous présente ma fille Elenor. »

Elenor se retint de lever les yeux au ciel : sa mère prenait un certain plaisir à ne jamais la présenter complètement, sachant pertinemment que c’était inutile. C’était autant une manière de taquiner Elenor que l’expression d’une certaine fierté. Celle-ci tendit la main à la joaillère pour la saluer poliment et, la voyant de face, elle devait reconnaître que la description de Rose était juste. Elle garda une expression neutre et polie :

« Bienvenue à Skingrad mademoiselle, j’espère que le voyage n’a pas été trop dur ?
-J’aimerais ton avis sur les premières esquisses. » dit Desdemona en tendant une liasse de papier qu’Elenor attrapa de sa main droite, prosthétique. Elle les feuilleta rapidement :
« Une tiare ? C’est original. » Elle ne cachait pas sa surprise : « Et les esquisses sont prometteuses, bravo. » Ajouta-t-elle à l’attention de l’artisane.

July Lahry'Dryka
July Lahry'Dryka
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Vague à l'âme EmptyMer 12 Fév - 11:07
Irys : 230562
Profession : Joaillière
Daënar 0
Je me tenais en retrait de la pièce. J’avais appris que les riches aimaient beaucoup exacerber leur différence de richesse entre eux et ceux qu’ils considèrent comme inférieurs. Tous les moyens étaient bons pour montrer à quel point nous étions différents. Cette arrogance prise en compte, j’avais adapté ma conduite et faisait tout pour me montrer discrète. Je n’avais pas encore assez de réputation pour pouvoir être considérée comme autre chose qu’une simple artisane, guère mieux qu’une domestique. J’étais là pour les services de mes riches clients et cela m’associait à une certaine domesticité. L’argent gouvernait le monde et j’en étais bien consciente alors je m’écartais pour bien marquer de moi-même notre différence de niveau social. Mes riches clients en étaient toujours satisfaits.

Je fus présentée par Mme Desdemona Kingston à sa fille. Évidemment, je savais qui elle était. Qui ne le savait pas ? A moins d’avoir été endormi pendant les derniers mois, tout le monde connaissait son identité. Elenor Kingston, Haute Générale commandant des forces navales de Daënastre, une des plus jeunes Hautes Généraux de l’histoire. Couronnée de succès dans tout ce qu’elle entreprenait, la voir devant moi était assez perturbant. Celle-ci fut très respectueuse et me demanda comment le voyage s’était passé. Je répondis laconiquement « Il s’est très bien passé, merci. » avec un visage serein. Il ne fallait pas que je montre mon trouble, ce pour quoi j’étais assez douée. Si Elenor Kingston était surnommée la Pieuvre, j’étais souvent associée à la glace. Si cela pouvait permettre qu’on me laisse tranquille, je voulais bien avoir tous les sobriquets du monde.

Ma cliente montra mes esquisses à sa fille qui fut relativement surprise de l’originalité et la beauté du travail autours du rubis. Il est vrai que je m’étais surpassée mais je fus cependant légèrement agacée de voir de l’étonnement transparaître dans sa voix. Certes, je n’étais guère connue mais si j’étais présente dans cette maison, c’est bien que j’avais du talent. Après tout, les riches prenaient ce qu’il y avait de meilleur dans chaque domaine. Cependant, je pouvais comprendre sa surprise : je venais d’Alexandria, loin de Skingrad et cela faisait un an que je n’étais pas retournée à mon poste. Ma renommée à peine lancée, je m’enfuyais. Ces raisons expliquaient donc la situation. Je répondis donc à sa question, d’une voix assez terne mais calme :

« Merci, Mademoiselle. »

Si elle trouvait mon ouvrage prometteur et qu’elle l’appréciait, peut-être voudrait-elle même avoir son propre bijou ? Certes, je serais surchargée de travail pendant un temps mais être liée à une famille était toujours une bonne chose. Et puis, cela ferait du bien à mon oncle. Il pourrait enfin partir à la retraite, une retraite bien méritée. Il m’avait presque léguée son atelier alors je devais bien l’entretenir dans ses vieux jours. Me lier à cette famille, en faire une publicité vivante, m’amènerait donc argent et renommée, ce que je ne cherchais pas comme but en soi – l’ambition de tous les hommes était à vomir – mais plutôt comme moyen de préserver les seuls êtres humains qui m’étaient chers. Je sautais donc sur l’occasion qui m’était présentée :

« Peut-être voudriez-vous un bijou pour vous-même ? »

Je ne rajoutais pas, « pour briller en société » ou « pour égaler votre mère en beauté », comme l’auraient fait tous les autres joailliers vendant leurs produits. Ces phrases badines étaient superflues et j’étais convaincue que je n’étais pas la seule à les trouver ridicules ; Elenor Kinston, par sa rigueur et son métier, me semblait plutôt tournée vers l’efficacité. Au final, je me sentais plus de points communs avec elle, qu’avec sa mère. Cependant, la comparaison s’arrêtait là : il y avait un gouffre entre elle et moi, entre sa vie et la mienne qui ne pourrait jamais être comblé.

Elenor Kingston
Elenor Kingston
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Vague à l'âme EmptyMar 25 Fév - 22:00
Irys : 276165
Profession : Haute Générale commandant des forces navales de Daënastre
Daënar +3 ~ Tyorum (femme)
Elenor apprécia intérieurement le calme de la joaillière. Elle avait toujours préféré ceux qui ne se ruaient pas sur le moindre compliment qu’on leur faisait et les accueillaient plutôt avec un air sérieux, professionnel et presque désintéressé. Elle partait du principe que les gens vraiment compétents en étaient conscients et n’avaient donc pas besoin de se l’entendre dire. Bien sûr il s’agissait là davantage d’une projection inconsciente de son propre caractère, sûre d’elle jusqu’à l’excès, que d’une réelle réflexion sur la nature humaine. Elle n’avait de toute façons pas le temps pour ça.
Elle haussa un sourcil à la proposition de la joaillière. Elle ne possédait qu’assez peu de bijoux comparativement à ce qu’on aurait pu attendre au vu de sa position, la majorité étant constitué de colliers dont elle aimait à parer son cou quand l’ambiance ne se prêtait pas aux cravates.

« A vrai dire je ne m’y intéresse habituellement qu’assez peu, mais si vous avez des propositions à faire, je peux me laisser séduire. »

Elle eut l’impression d’entendre le rire de Rose mais elle le chassa de son esprit d’un bref mouvement de la main. Mais si ce n’était pas la fille c’était la mère et Desdemona intervint avec un ton faussement moralisateur :

« Je n’arrête pas de lui dire que ce n’est pas parce qu’elle est une militaire qu’elle ne peut rien porter de féminin. Mademoiselle Lahry’Dryka, si vous arrivez à lui faire commander un bijou j’augmenterais personnellement de cinquante pour cent vos honoraires sur cette commande. Et même si vous n’ay arrivez pas vous pourrez toujours présenter vos idées à Rose, je suis certaine qu’elle vous en commandera un bon tiers, vous ne perdrez pas votre travail.
En attendant je vais vous laisser, je vais montrer vos esquisses à mon mari. Si lui et Butler ne sont pas encore trop plongés dans leur partie de cartes, j’arriverais peut-être à avoir un avis de sa part.

-Tu devrais te dépêcher, ils étaient déjà en train de se raconter à nouveau leurs vieilles anecdotes quand je suis partie.
-Alors je n’ai pas une seconde à perdre. Je reviendrais voir plus tard si vous avez relevé ce nouveau défi. » Elle finit sa phrase par un sourire à July avant de quitter le bureau en emportant les esquisses.

Il y eut un instant de flottement à son départ, tandis qu’Elenor savait que c’était à elle de reprendre la conversation mais hésitait sur comment le faire. Elle n’avait pas vraiment envie d’encourager la jeune femme en face d’elle à suivre le défi lancé par Desdemona mais elle ne pouvait pas non plus faire comme s’il n’existait pas sans donner l’impression de « rabrouer » sa mère en quelque sorte. Elle décida finalement d’ouvrir une porte de sortie à la joaillière, en espérant qu’elle décide de l’emprunter.

« Ne vous sentez pas obligée de suivre ma mère dans ses paris, elle peut se montrer très joueuse. Je comprendrais parfaitement que vous préfériez vous concentrer sur ce qu’elle vous a déjà commandé, surtout vu le matériau de base.
Toutefois si d’aventure vous vouliez discuter de tout ça, je préférerais que nous le fassions dans une autre pièce. »


Elle ne donna pas d’explication, bien qu’il ne fallait pas être devin pour comprendre que le bureau où elle se trouvait était celui de Desdemona et de personne d’autre. Elenor guida donc July jusqu’à un petit salon au rez-de-chaussée. La pièce était plutôt simple et très lumineuse grâce aux baies vitré qui en ornaient tout un pan de mur et donnaient sur la cour intérieur du bâtiment. Le mur d’en face lui était essentiellement masqué par des bibliothèques sur lesquelles reposait une collection hétéroclite d’ouvrages de tous âges et de bibelots aux origines diverses. Au centre de la pièce, un sofa et deux fauteuils autour d’une table basse permettaient de s’installer pour discuter confortablement. Elenor fit d’ailleurs signe à son invitée de s’installer tandis qu’elle-même s’asseyaient à l’une des extrémités du sofa.
Sur la table se trouvaient un plateau d’échec sur lequel une partie était entamée et à côté une ardoise sur laquelle était écrit « Mat en 5 ». Elenor se pencha dessus et, après un temps d’observation, ses lèvres s’étrécirent en un sourire mesquin et elle tendit la main pour déplacer l’un des fous blancs. Puis elle attrapa la craie posée à côté de l’ardoise et , sous l’inscription précédente, ajouta un « Mat en 3 ». Après quoi elle se redressa et posa à nouveau son regard sur July :

« Désolé. C’est une vieille tradition entre mon frère et moi. Bon, je suis toute ouïe. »

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