Epreuve 3 : Terrae - Ezylone

RAPPEL : Soyez imaginatifs, ne restez pas accroché sur des acquis que le sujet semble vous délivrer, vous n’êtes pas obligé d’être amical avec votre contrepartie, la réciproque est vraie, on ne peut que vous conseiller de ne pas prendre les épreuves trop littéralement, mais de tout de même respecter les consignes pour ne pas faire un hors-sujet

Description :

Les chroniques, on en croise encore au quotidien. Les critiques que l’on lit, les avis que l’on entend, les histoires que l’on nous raconte … l’un de vous devra faire découvrir quelque chose de votre univers à votre partenaire, quelque chose ou quelqu’un. Votre partenaire lui, devra réagir face à cette découverte de la manière qui lui semblera la plus appropriée. Veillez à bien choisir ce que vous souhaitez montrer à votre ami inconnu, qui sait comment il pourrait le prendre, après tout, il y a des mœurs qui sont bien écartées des vôtres.

Informations générales:

Hyrmina rêvait, une fois de plus, les yeux fermés, une douce brise la caressant et faisant voler autour de son visage de poupée ses mèches soyeuses aux milles nuances de vert. Toutes les images qu’elle avait pu observer dans les livres de son précepteur lui revenaient en mémoire sans ordre, explosant dans un feu d’artifice de couleurs, telles des gemmes brutes scintillant dans une grotte sombre. Elle pouvait presque les toucher, ces peintures immatérielles, percevoir les odeurs de bois, d’herbe coupée ou de roses que ces éphémères paysages dégageaient. Elle entendait tantôt de grosses gouttes de pluie frapper la végétation luxuriante de Jañgala, tantôt le vrombissement des aéronefs de la Technopôle, et, quelquefois, résonnait en elle le silence éternel des immenses et un peu effrayants déserts de Sabliar. Oh, comme elle aurait aimé faire comprendre au monde entier à quel point son monde était riche et fascinant ! Comme elle aurait aimé que tous l’admirent comme elle l’admirait !

Alors elle ouvrit les yeux et coupa d’un geste sec l’extrémité de la branche d’un arbre qui poussait à côté d’elle. Avec un grand effort de concentration, elle referma ses doux doigts blanc dessus, jusqu’à ce que la jointure devienne plus pâle encore. Le miracle se fit. Un pinceau finement taillé se tenait à présent au creux de sa paume. Ne lui restait plus que la peinture. Mais cela, elle en avait toujours sur elle, et, contrairement à feu son pinceau, elle n’avait pas péri en se noyant dans la mer … Elle ouvrit donc son sac et en sortit des petits pots bien fermés, contenant chacun un peu de ses précieux pigments qu’elle mêla avec l’eau de sa gourde.

C’était plus fort qu’elle, elle avait besoin de transcrire ses pensées avec l’art, qu’il soit peinture, sculpture, musique, écriture ou même danse. Il fallait que tout soit sublimé, toujours. Elle ne supportait pas le vulgaire et le laid. C’était une offense à son âme délicate que de contempler le mal cru, sans artifice. La poussière et le sang n’étaient pas pour elle des objets de terreur, mais d’horreur. Superficielle Hyrmina ? Peut-être. Ou peut-être pas. Si la Beauté est pour elle essentielle, c’est qu’elle y décèle peut-être une profondeur particulière, qui va au-delà du pur attrait charnel. Après tout, c’est une Aelle…
Une idée farfelue lui vint. Et si elle inventait un inconnu à qui exposer les splendeurs de son monde ? C’était peut-être idiot, mais elle était certaine que cela stimulerait son imagination. Qu’allait-elle lui raconter d’Ezylone ? Il y avait tant à dire, tant à montrer, tant à vivre. Tout naturellement lui revinrent les histoires de son enfance. Il y avait un livre en particulier —un de ces vieux livres mystérieux aux pages jaunies, si fines qu’on craint à tout instant qu’elles ne se déchirent— qui l’avait marquée : les Chroniques d’Ezylone. Sur la couverture de cuir étaient inscrits ces quelques mots, incrustés dans un métal dur recouvert d’or fin. Et tout autour, tracés avec de la peinture nacrée dont les reflets changeaient selon l’inclinaison, les symboles des Chimères trônaient, grandioses. C’était lumineux désormais, il fallait parler d’elles.

Hyrmina n’avait que peu de temps pour peindre. Elle savait que d’ici peu son précieux pinceaux s’évaporerait dans les airs. Aussi ne réalisa-t-elle qu’une esquisse. Elle aimait les esquisses et leur aura de mystère, leur invitation à poursuivre l’histoire soi-même, voire à la réécrire. Une fois sa peinture terminée, le pinceau retourna à son état initial de bâton, et elle débuta son récit.

- Au commencement, fit-elle de sa voix suave, était Ezylone, une entité unique à qui la solitude pesait. Pour y remédier, elle divisa alors son Cœur en huit morceaux d’où naquirent les Chimères. Créatures étranges dotées d’une Conscience et d’un Cœur, elles maniaient une magie puissante qui effraierait toute personne douée de raison. Ce sont elles les reines de ce monde, capable de donner la vie aussi bien que de la reprendre. Pourtant, des Héros finirent par s’opposer à elles et à les affaiblir assez pour que le monde puisse vivre en paix, loin de leur conflits incessants. Le temps où les Chimères faisaient partie intégrante du quotidien était révolu. Mais ne t’y trompe pas ! Elles sont encore bien là…

Cette introduction terminée, Hyrmina laissa planer un moment de silence, davantage destiné à rester plongée dans son histoire qu’autre chose puisqu’elle était seule, puis reprit, prête à dégainer son papier au moment propice.

- Si nous les connaissons toutes et sommes tous liés à l’une d’elle par notre lieu de naissance, il en est une et une seule qui reste nimbée d’inconnue. Celle que je veux présenter aujourd’hui : Khyal. De ceux, très rares, qui l’ont approchée, nul n’a jamais voulu raconter ce qu’il en avait appris.

A cet instant, ses yeux bleus se perdirent dans le vague, happés par la voûte céleste et, posant ses mains sur son esquisse, elle insuffla un soupçon de magie aux traits de la Chimère qu’elle avait dessinée. Leur teinte se mit à passer aléatoirement d’un blanc de neige à un ardoise tendant vers le noir en passant par d’autres encore.

- Toutefois, poursuivit-elle, il est certaines informations que nous avons comme son apparence ou ses pouvoirs. Griffon au plumage changeant, son corps s’adapte au temps et le temps s’adapte à ses humeurs. Une pierre jaune de nature mystérieuse orne son front, diadème éclatant. Quant à sa taille, même si elle est plus petite que celle des autres Chimères, elle reste impressionnante. Je ne peux m’empêcher de penser qu’il est leur prince, tant il incarne l’élégance noble et raffinée. Imagine, le voir survoler les créations terrestre qui doivent lui paraître infiniment petites, planer là-haut, entendre son plumage duveteux briser l’air comme la flèche s’envole vers sa cible… Mais je m’égare. Je sais aussi que les rares plumes qu’il laisse derrière lui ont des pouvoirs de guérison. N’est-ce pas incroyable ? En lui se réunissent puissance et fragilité, ombre et lumière. Aussi inaccessible que lumineux, aussi doux que fort, oiseau fauve aux muscles saillants sous son léger duvet. C’est un être de contraste que cette Chimère, tout comme notre monde…

Utilisant ses dernières réserves magiques, Hyrmina effleura une nouvelle fois le papier. L’esquisse se détacha du reste de la feuille et prit son envol, s’élevant dans les airs d’un battement d’ailes pour papillonner durant une poignée de secondes avant de se dissoudre en confettis colorés.

- Oui, Khyal l’insaisissable, je te rencontrerai un jour. Je te le promets. Au fond de moi je le sais, je le sens, tu es la clef. prononça-t-elle d’une voix ferme qu’elle ne prenait habituellement que lorsque la rage s’apprêtait à faire croître en elle son feu dévorant

Hyrmina avait une dévotion toute particulière pour Apophis qu’elle ne reniait pas par ces paroles ; Khyal c’était différent. Apophis était son idéal réaliste. Khyal, lui, appartenait au rêve, au rêve pur. Ses traits redevinrent calmes, la passion les quittait peu à peu. Elle redevenait songeuse.

- A moins que tu ne sois qu’une légende. murmura-t-elle Qui peut le dire ?

Spoiler:

Je fronçai les sourcils, passant mes doigts sur mes tempes pour les masser un temps, déconcentré par le bruit environnant. Quelle idée de venir en salle commune à une heure pareille… Malheureusement, j’étais tombé sur une pépite que je ne pouvais ignorer, et la curiosité, mêlée à l’impatience, m’avaient fait sortir de ma chambre pour profiter de l’équipement de cette salle.

Un soupir m’échappa quand un nouveau cri attira mon attention, et je pris sur moi pour ignorer ces imbéciles qui étaient en train de se battre dans un coin de la pièce. Oui, non, vraiment, venir ici à 20h n’était vraiment pas un bon plan.

Mon attention se fixa sur le pinceau qui glissait sur la feuille, l’habillant de couleurs et de vie.

Pendant de longues années, je m’étais demandé pourquoi mes parents étaient partis. Pourquoi ils nous avaient abandonnés, pourquoi nous avions dû subir ce Vide qui nous avait mené ici, à Terrae. Et alors, pourquoi Terrae ? Pourquoi existait-elle, pourquoi disparaissait-elle ? Pourquoi donnait-elle des pouvoirs pour les reprendre, et recommencer ce cycle plusieurs années plus tard ? A quand remontait réellement la première Terrae, la première vague de pouvoirs ?

Toutes ces questions n’avaient évidemment pas vraiment trouvé de réponses, puisque la vie faisait toujours en sorte de nous occuper ailleurs ; mais elles étaient restées là, dans un coin de ma tête, prêtes à resurgir le moment venu.

Et je crois que le moment était enfin venu.  

-Hé mais vous avez vu comme elle est bonne celle-là ! Vraiment sympa les cheveux verts !

… ou pas. Nan mais sans déconner, ils peuvent pas la fermer un peu là ?! Comment j’peux me concentrer dans ces conditions-là, c’est un délire !

Le nez plissé, je me focalisai sur le paysage qui se dessinait sous mes yeux, alors qu’une voix mélodieuse s’élevait dans les airs pour venir saisir tout mon être.

-Par contre, on peut pas mettre autre chose ? C’est relou un peu, non ? Qui c’est qui a choisi le programme de ce soir ?

C’est fou comme le pouvoir de Sonore peut avoir des effets aussi bien positifs que négatifs sur l’humeur.

Je pris une inspiration, et petit à petit, toutes les voix et conversations extérieures disparurent pour que je me perde dans le récit de cette délicate créature qui s’animait face à moi.

Les liens se faisaient un peu tout seul, un peu trop vite aussi. La création du monde, des personnes dotées de pouvoirs hors du commun. Des chimères… Des chimères ? Affaiblies par les héros. Cette période est si éloignée. Alors pourquoi ces chimères n’auraient-elles pas pu continuer à être affaiblies jusqu’à ce que nous arrivions à notre époque ? Des chimères qui auraient fini par disparaître, n’apparaissant qu’à chaque Eclipse pour doter certains êtres particuliers de pouvoirs uniques. Et alors, se souvenant du sort qui a été le leur, elles finissent par se venger. Elles finissent par reprendre ces pouvoirs qu’elles leur ont offerts.



Et ainsi le cycle se perpétue. Le cycle recommence. Les anciens Terraens perdent leur pouvoir, le temps passe, puis une nouvelle génération voit le jour. Mes parents ont fait partie de l’ancienne, je fais partie de la nouvelle.

Les idées continuent à affluer. Je me souviens de Maman, je me souviens de cette conversation que j’ai surpris une nuit où je n’arrivais pas à dormir. Je me souviens descendre dans les escaliers et l’entendre parler avec Papa, lui raconter comment elle a vécu sa fin, comment elle a perdu ses pouvoirs, comment elle a perdu sa chimère*, qu’elle continue pourtant parfois à voir dans ses rêves. Doucereux souvenirs d’une vie passée…

J’étais trop petit à l’époque pour comprendre, mais maintenant je comprends. C’est peut-être trop gros, peut-être que je m’emballe, et peut-être que j’extrapole, mais qui pourra si ouvertement dire que ce n’est pas envisageable. Qui sait, après tout, quand Terrae est véritablement née… ?

Mon cœur se mit à battre un peu plus fort. Je n’avais jamais entendu parler des chimères ici, mais et si tout cela n’était pas simplement lié à ma mère ? A ma famille ? Et si nous étions les seuls descendants directs de ces Ezyloniens… ? Et si…

L’image qui me faisait face devint subitement noire et je restais figé sur ma chaise. Noire. L’image… L’image… était devenue…
Le brouhaha de la salle commune revint presque instantanément bourdonner à mes oreilles.

- Bon, on met quoi du coup ? Parce que les « Chroniques d’Ezylone », ça va bien cinq secondes, mais là ça devenait chiant quand même ! Les légendes et les mythes ça va bien deux secondes ! A part mater l’aventure d’une bombasse conteuse d’histoires pendant deux heures, y’a rien à faire, et mater on peut déjà le faire avec « Alerte à Malibu » !

Pardon ?

- J’sais pas moi, y’a quoi à la télé ce soir ? C’est à qui le DVD là ? En vrai, y’a personne qui regardait ou quoi ? Pourquoi personne se manifeste depuis tout à l’heure ?

Il a dit « chiant » ?!

- Alors, en fait, j’suis pas sûr que personne regardait figure-toi, parce qu’à sentir la tension qu’il y a dans l’air depuis qu’on a coupé le film…
- Oui bah écoute, fallait se manifester avant ! Du coup, c’est parti les gars, j’vous propose un petit « Avengers » pour des combats épiques et une équipe du tonnerre !

Le gars vient littéralement de passer à côté de l'histoire de sa vie, et il ose dire que c'est « chiant » ?! MAIS SANS DECONNER. ALORS QUE SI CA SE TROUVE ON DESCEND TOUS D'UN PEUPLE HYPER STYLE QUI AVAIT DES CHIMERES, ET QUI AVAIENT DES POUVOIRS ENCORE PLUS DEVELOPPES ET DIFFERENTS QUE LES NOTRES ET...

Et, en même temps, j’suis pas totalement sûr de ce que j’avance, parce que si Ezylone c’est vraiment les prémisses de Terrae, ça fait peur ; ça voudrait dire que les héros c’est nous, et on a détruit des chimères qui doivent pas être très contentes de leur nouveau sort quand même.




*Dans l’univers de Terrae, lorsque les Terraens passent Masters, ils débloquent un pouvoir supplémentaire : une greffe. C’est un pouvoir unique qu’ils sont les seuls à posséder, contrairement aux autres pouvoirs que tout le monde partage (Feu, Air, Eau, Tonnerre, Terre, et les pouvoirs secondaires). La mère d’Allen possédait une greffe qui lui permettait d’invoquer une chimère, dont je tairais le nom parce que voilà