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Chroniques d'Irydaë
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 :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Le Tyorum
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 Tout ce qu'il faut c'est cinq minutes

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Tout ce qu'il faut c'est cinq minutes EmptySam 3 Avr - 14:14
Irys : 848357
Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Skingrad, le 3 Juin 939

Revenir ici, c’était comme se prendre une balle dans la tête. Les cadenas qui maintenaient fermées les portes de ses souvenirs encore manquants, tremblaient à chaque fois que Adam reconnaissait certains endroits qu’il avait parcouru ce jour maudit, où une partie de sa vie était partie en fumée.
Les démons du passés se cognaient contre elles, menaçant de les faire éclater au moindre relâchement. La moindre faiblesse pourrait terrasser des semaines d’effort, passées à reprendre le contrôle de lui-même, et le faire replonger dans l’enfer du passé.

Le militaire ne savait pas si il supporterait une nouvelle crise. Que ce soit mentalement ou physiquement. A chaque fois, il finissait vidé de toute substance, de toute force. Ne restait qu’une coquille vide, et un être cherchant une main tendue pour refaire surface.

Et pourtant, le Lieutenant se tenait droit dans son armure assisté, quelques pas devant le Sergent Nielsen, son seul soutien aujourd’hui. Kampisch se remettait encore de leur dernière mission, et Hurricane avait été réquisitionné par une autre escouade. Il ne leur avait pourtant pas été laissé d’autre choix que d’accepter cette mission. L’armée était en sous-nombre et les quelques histoires qui éclaboussaient certains haut-gradés n’arrangeaient rien.

Les deux hommes mirent plus de temps qu’escompté, mais finirent par arriver aux abords de la ville en fin d’après-midi. Ils choisirent un point en hauteur pour observer ce qui semblait au premier abords seulement des ruines. Adam savait qu’il n’en était rien.
On les avait envoyé ici suite à des informations anonymes. Des mytrans se trouvaient apparemment terrés à cet endroit, dans un camp de fortune. La seule raison probable de leur présence était un nouvel attentat, et ça personne ne pouvait en prendre le risque. Même si la paix était signée, bien peu croyaient en l’honneur des mytrans, aussi le moindre signalement de leur présence était pris avec le plus grand sérieux. Les forces de l’armée étaient encore peu nombreuses et il se trouvait que toutes les escouades étaient occupées. Ne restait que ces deux soldats pour partir en urgence voir ce qu’il se tramait.
Ils devaient d’abords observer, avant d’être en première ligne lorsque les renforts les rejoindraient. Il était convenu qu’Adam et Nielsen reviennent sur leur pas, dans un bâtiment désaffecté, afin de retrouver les autres soldats au milieu de la nuit et faire leur rapport. Ceux-ci seraient équipés de lunettes de machinistes, leur permettant d’attaquer tirant avantage de l’obscurité pendant que leurs victimes dormiraient. Même si les armures ne leur servirait que pour l’assaut, ils n’avaient pas d’autre choix que de les porter et les garder proche d’eux pendant la première phase.

Un immeuble de deux étages, dont un pan de la façade s’était effondré, paru au chef d’escouade le meilleur choix d’arrêt. Il ne restait plus de porte d’entrée, aussi ils s’engagèrent directement dans les escaliers. Adam en première position, son marteau entre les mains, prêt à frapper le moindre assaillant, et Tobias toujours situé quelques mètres derrière, son fusil armé et prêt à tirer, alors qu’une seconde arme à lunette était attaché en bandoulière. Arrivé au dernier pallier, ils n’avaient toujours rencontré personne. Il se dirigèrent prestement derrière un pan de mur pour se cacher avec leur attirail, mais étaient tout proche de la partie qui s’était effondrée.

« Nielsen, tu restes en observation et en renfort. Tu ne tires que si je te fais signe. Quoi qu’il se passe ! »

Tobias ne comprit le plan d’Adam que quand il le vit sortir de sa boîte métallique.

« Lieutenant, vous êtes pas sérieux ? »

« En position Nielsen »

Ce fut la seule réponse qu’obtint le Sergent avant qu’Adam ne dégaine son poignard et quitte les lieux.
La tenue d’entraînement qu’il portait était plus passe-partout que son uniforme. Un maillot de corps blanc, un pantalon léger noir et ses bottes, voilà qui constituait désormais sa seule armure pour aller observer au plus près leurs ennemis. En même temps, avec la chaleur qu’il faisait déjà en ce début Juin, mieux valait ne pas être trop habillé dans l’armure, sans quoi les hommes se transformaient en serpillières vivantes, et risquaient réellement la déshydratation.

Alors que Jonas se positionnait probablement en position de tireur d’élite, allongé sur le sol, le regard rivé sur l’extérieur via la lunette de son arme de précision, Adam se trouvait déjà en bas du bâtiment et cherchait dans les alentours le moyen le plus sûr pour se diriger vers le sud. Le militaire devait rester à couvert des ruines au maximum. Chaque seconde qu’il passait à découvert était une chance pour lui de se faire repérer.

S’arrêter, tendre l’oreille, courir jusqu’au prochain point et recommencer pour le suivant. Ce fut le leitmotiv de l’homme pendant une centaine de mètres. Là, à ce qui semblait à être un pâté de maison de son point de départ, il entendit le murmure lointain de plusieurs voix. Il prit un moment pour essayer d’en déterminer le nombre et la position. Malheureusement il était encore trop loin pour avoir quoi que ce soit de probant. Encore une fois, il prit le temps de s’assurer que les alentours étaient sûrs avant de s’engager vers la ruine suivante.

La rumeur se faisait plus présente et Adam fut satisfait d’être allé dans la bonne direction, même si encore une fois rien n’était assez audible pour en retirer une quelconque information. Alors qu’il se préparait à changer de cachette, il sentit la fraîcheur et le tranchant d’une arme blanche le long de son cou. En soit, rien qu’il ne pouvait gérer facilement, si ce n’était un second intrus qui le visait avec un arc, une flèche prête à lui atterrir entre les deux yeux.
Une voix juvénile s’éleva de l’archer, dont la tête était entièrement cachée sous du tissus. Seuls deux billes émeraudes le fixait, comme on regarde un cafard dont on ne comprends pas la présence dans sa cuisine.

« Qui t’es toi ? Et qu’est-ce que tu fais ici ? »

Difficile de dire qu’il s’était perdu dans la position où il avait été trouvé. Lui-même se serait trouvé ainsi, il se méfierait de tout ce qui sortirait de sa bouche. Ce qu’il ne comprenait pas était comment ils l’avaient surprit, alors que ce n’est pas la première opération du genre qu’il menait. Le Lieutenant n’était certes pas un espion, et sa carrure était loin d’être discrète, il était pourtant aguerri.

La tension sur la corde se fit plus intense, et il n’était plus question de s’interroger sur comment il s’était retrouvé dans cette situation, mais plutôt comment s’en sortir au mieux, sans compromettre la mission.

Vite Adam, réfléchis...vite bon sang !

Une voix, surgit droit de son passé, sans qu’encore une fois il ne mette le doigt sur le souvenir complet, lui donna pourtant la solution.

« Je cherche quelqu’un qui a été enlevé. J’ai entendu dire en ville qu’on l’avait vu dans le coin. »


Du pur bluff, restait à savoir si ça prendrais sur ses assaillants. Il ne lui manquerait qu’à trouver une ouverture pour se sortir de la mouise. Si c’est vraiment ce qu’il devait faire.
D’une part, si il les éliminait, il serait difficile ne pas lancer d’alerte, ne serait-ce que par leur absence. Il pourrait aussi tenter de les faire prisonnier. Sauf que seul contre deux, deux qui semblaient aguerris au combat en prime, la tâche serait difficile.
D’un autre côté, si il se laisser faire, Nielsen pourrait le suivre de loin, et avoir ainsi la position de la cache pour l’indiquer aux renforts. Lui-même pourrait agir de l’intérieur si il se débrouillait bien.

Le risque en valait-il la peine ? Certainement.
Le Lieutenant ne craignait pas la mort, si c’était pour sauver la vie d’innocents d’un nouvel attentat.

Alors, quand on lui ordonna d’avancer et de se taire, Adam se laissa faire.


HRP:

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Tout ce qu'il faut c'est cinq minutes EmptySam 3 Avr - 17:14
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Le voyage d'Alexandria jusqu'à l'Ouest des terres se ressent comme la perte progressive du paradis pour trébucher dans la poussière des landes désolées. La guerre a laissé ses ravages et désormais, les seules personnes qui voudraient des quelques ruines qui restent là sont les mêmes dont plus personne ne se soucie. Des bâtiments abandonnés pour des âmes reniées, quoi de plus normal ? Entre trois murs, car le quatrième est effondré gémit la flamme d'un feu de camp qui brûle depuis bien trop longtemps. Les reflets et les ombres projetées sur les décombres dessinent l'esquisse d'une réunion qu'on aurait autrefois pu considérer comme impossible, mais avec les signes laissés dans les cités, les recherches multipliées de confrères et consoeurs au travers des civilisations pures avait enfin fini par payer.

Havre se remplissait, c'était une bonne chose, risquée mais néanmoins bénéfique. Il fallait faire en sorte que cela continue et au travers de sa correspondance mystique, Ophélia avait reçu d'Hailey l'instruction de rencontrer une demi-douzaine de leurs camarades déchus pour les ramener à bord. Elle était agenouillée en face de leur porte-parole, Ada, une jeune femme qui avait vécu plus de deux ans avec son anomalie. C'était en général la durée de vie moyenne de ceux qui partagent leur sort, d'après Rodrigue, le docteur de Havre.

L'ennui, c'était qu'elle n'était pas vraiment futée, et il était long de lui expliquer pourquoi elle voulait les ramener avec eux sur le bateau, ou même pourquoi cette rencontre avait été organisée en premier lieu. Méfiante au possible, et il n'y avait pas besoin d'yeux pour le deviner, elle gardait les bras croisés. Bérene était là aussi, debout derrière celle qu'il protégeait, encore et toujours fidèle à celle qu'il continue d'appeler affectivement "la sorcière". Laissant ses doigts couler entre ses longues mèches, Ada reprit.

- Deux choses ; expliquez-moi pourquoi ce n'est pas un piège et ce que je gagne à vous suivre sur votre bicoque.
- Au moins trois ans d'espérance de vie ... répondit le jeune homme à la place de l'aveugle. On a aussi du vin sur le bâteau.
- Du vin ?!

Ophélia connaissait assez Bérene pour savoir que, quand bien même la réponse semblait avoir séduit leur interlocutrice, elle avait une visée moqueuse en premier lieu. Elle tenta donc d'étouffer le sourire qui était venu faire se dresser le coin gauche de ses lèvres. Avec une voix bien plus calme et une expression bien moins directe que celle qu'employait son camarade, elle expliqua si doucement que cela parut être un murmure.

- Havre est un refuge où vous pouvez être plus que des condamnés en sursis. C'est une communauté remplie d'une vingtaine des nôtres et nous essayons de sauver le plus d'entre nous possible. Vous aurez un lit, de la nourriture et des gens de tout horizon avec qui partager ce fardeau qu'est la vie qui nous est commune.

Vint le silence. Les yeux qu'Ophélia avait mis à nus ne voyaient pas l'évident, mais son ami se chargea de le lui traduire en un murmure. Elle hésite, lui avait-il dit. C'était une bonne chose, l'hésitation ne menait jamais à autre chose que l'acceptation, parce qu'au final, chaque anomalie se répète toujours la même pensée ; "qu'ai-je à perdre ?". C'est ce désespoir qui les sauverait tous, du moins, c'était ce qu'espérait l'aveugle.

- Merde, ça m'a l'air trop beau pour être vrai ... mais aucun de nous veut crever comme des rats, là-dehors. Alors, il est où votre bateau ?

Les lèvres pâles de la revenante s'entrouvrirent avant de se figer, des bruits de pas s'approchaient, trois personnes selon le rythme de chaque enjambée. Les yeux blancs suivirent la provenance du bruit, qui se faisait de plus en plus proche. Lorsqu'ils s'arrêtèrent, la seule chose qu'Ophélia put faire fut d'écouter à défaut de voir. La main de Bérene se posa soudainement sur son épaule, tandis qu'il lui murmura prestement.

- Remets ton masque, Ophé. - elle s'exécuta sans poser de question.
- On a trouvé ce type qui maraudait dans l'coin, il prétend chercher quelqu'un qui a été enlevé.
- Garçon, on n'a rien vu ici, tu ferais mieux d'aller voir ailleurs ! Dis-moi tout, c'est qui que tu cherches, très exactement ?

Une manière peu subtile de savoir s'il mentait, l'aveugle n'en savait rien, elle ne pouvait qu'entendre, elle ne voyait pas quel aspect avait le type qui était venu interrompre leur conversation. Mais chercher quelqu'un dans ces ruines ... ça sentait l'excuse idiote. Cette réunion était secrète, normalement personne n'avait pu en avoir vent, tant que les autres avaient été aussi discrets que le duo. Si ce n'était pas le cas, alors ils étaient dans un sacré pétrin. Des frissons parcoururent les bras d'Ophélia lorsqu'elle entendit Bérene prononcer ces exacts mots.

- Vous devriez le tuer, et vite. Peu importe qui il est, ce type vous a vus ici et nous avec.

L'ennui avec ce jeune homme, c'est qu'il avait souvent raison, alors il ne rassura d'aucune sorte les pensées déjà dubitatives de l'aveugle. Un silence suivit, mais les talons de Bérene battaient sur le sol, signe de précipitation de sa part, d'une hâte qui frôle l'urgence. Les autres ne semblaient pas répondre, ou faire quoi que ce soit.

- Merde, c'est quoi votre problème, vous n'avez jamais tué ?! Il sortit son propre poignard de sa ceinture. T'es sûre de vouloir d'empotées comme ça avec nous, Ophé ?

Il s'approcha de l'intrus, lame en main, résolu à le vider de son sang tandis que l'aveugle derrière lui ne disait rien, approuvant de son silence les actions de son compagnon. Elle lui faisait pleinement confiance, alors si tel était son jugement, elle n'irait pas à son encontre.


Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Tout ce qu'il faut c'est cinq minutes EmptySam 3 Avr - 18:35
Irys : 848357
Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Il ne fallut pas longtemps pour que les voix gagnent en intensité, et que les deux assaillants débarquent au milieu de quelques personnes. Le militaire embrassa la scène du regard pour l’analyser. Face à eux, au plus loin, un couple semblait mener la danse. La femme portait un bandeau étrange sur les yeux, qui n’enlevait rien à la beauté étrange et la grâce qui se dégageait d’elle. Celui qui se tenait à ses côté regardait les nouveaux arrivants d’un œil mauvais. En même temps, qui apprécierait une visite surprise dans une réunion secrète ?

Adam ne vit que le dos des quatre personnes à qui ils s’adressaient, si ce n’est le profil de celle qui s’adressa à lui. Ce qui l’intéressa plus fut d’inventorier leur puissance de feu. Heureusement pour lui, seules des armes blanches étaient en vue. Si il devait passer à l’attaque, il ne s’en sortirait pas indemne certes, mais une fois l’archer éliminé, il avait de bonnes chances de s’en sortir vivant en attendant les secours. Sauf si c’était réellement des mages, ce que le manque d’armement tendait à confirmer. Il n’était tout de même pas exclus qu’ils en cachent sous leur vêtements, ou devant eux.

Garçon ? L’expression l’aurait presque fait rire. La trentaine passée, avec sa grande carcasse, et toutes les cicatrices qui y traînaient, il ne pouvaient décidément pas passer pour un jeune blanc-bec. La prothèse quasi neuve qu’il arborait avait déjà quelques rayures, preuve d’une vie peu calme. Il allait répondre lorsqu’il fut interrompu. Le rouquin qui s’était interposé semblait de nature beaucoup moins conciliante que les autres. Et surtout il devait déjà avoir tué à entendre ses dires. Le Lieutenant le regarda dans les yeux en s’adressant à lui. Ne jamais montrer sa peur à un loup lui avait raconté un chasseur dans sa jeunesse...

« Tu veux me tuer gamin ? Regardes-moi et dis-moi si tu penses me faire peur...»

La voix d’Adam n’avait pas sourcillé alors que la lame était toujours proche de sa carotide. Il avait un objectif, et sa tactique c’était du quitte ou double. Il espérait que Nielsen, comme son entraînement lui avait appris, avait changé de point d’observation en voyant sa cible bouger. Si c’était bien le cas, il pourrait toujours compter sur lui pour en dégommer au moins deux.

« Si je voulais des ennuis je me serais débarrassé de ces deux rigolos bien plus tôt. »


Lesdits rigolos avaient quand même pensé à le désarmer, même si son poignard était resté sur place. Quelqu’un d’aguerri aurait effacé toute trace, évitant ainsi de remonter jusqu’au lieu que l’on souhaite cacher.
Il sentit un bref tremblement sur la lame, avant que celle-ci ne se presse plus fort contre sa peau, faisant perler une goutte de sang. L’archer était à deux doigts de lâcher la corde, mais n’était pas décidé à mettre terme à la vie du prisonnier. A priori, ils n’avaient pas apprécié de se faire traiter de la sorte. Mais comme l’avait indiqué leur camarade, les « empotés » n’avaient probablement tué personne à ce jour.

Le rouquin, bien que véhément, s’était tourné vers la femme au bandeau, étrangement calme depuis son arrivée, comme si il cherchait son approbation. Cela laissa encore l’occasion à Adam de pousser sa chance.

« Je cherche ma sœur. Elle m’arrive aux épaules, cheveux noirs et yeux marrons. En ville on m’a dit l’avoir vu de ce côté de la ville. »

Une sœur fantomatique, dotée de quelques caractéristiques physiques qui s’approchaient des siennes. Les meilleurs mensonges sont saupoudrés de vérité...
Son regard était passé du garçon à la femme. Quelque chose l’intriguait, sans qu’il ne mette le doigt dessus. Il s’attarda sur le bas de son visage, ses lèvres, comme si il allait obtenir une réponse. « Ophé », la simple évocation de ce nom alourdissait la présence du collier qu’il avait autour du cou…

Adam serra la mâchoire, sa tête se remettait à lui jouer des tours, et il n’appréciait pas particulièrement. Ce n’était pas le moment de flancher, au milieu d’un terrain hostile. Pas alors que la moindre erreur pourrait lui coûter.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Tout ce qu'il faut c'est cinq minutes EmptySam 3 Avr - 20:35
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
L'ambiance est palpable, Ophélia la ressent à défaut de la voir, les silences répétés, l'hésitation de leurs potentiels nouveaux confrères nuancé par l'assurance de Bérene qui semblait décidé. Le seul qui osait s'exprimer était celui qui était en ce moment-même menacé de rendre sa vie aux immondices qui la lui ont léguée en premier lieu. Il n'avait pas peur, c'était manifeste. Un simple type qui cherche quelqu'un aurait-il vraiment une attitude pareille face à un groupe de personnes tout aussi louches ? Peut-être, qui sait ? Le monde est rempli d'étranges créatures, l'aveugle en savait quelque chose, elle avait l'impression de ne fréquenter que ce genre de personnes. C'était étrange ... la voix qui avait retentit lui disait quelque chose, et pas comme une simple évocation, ou un coup de vent entendu au coin d'une rue ou bien à l'opéra. Non, c'était bien trop familier pour que ce ne soit qu'une coïncidence, une erreur. Seulement, cette tonalité de voix, ce timbre ne lui disait rien. Les circonstances devaient être bien différentes si elle avait déjà rencontrée cette personne.

Le jeune homme aux mèches rousses avait pressé sa lame contre l'étranger, comme il avait promis de le faire, sa provocation avait ralenti le mouvement. Aussi dur qu'il pouvait être Bérene était un gamin émotif, avec une capacité d'absorption incroyable, il n'en a pas l'air mais chaque sensation qu'il emmagasine est une torture de plus pour un esprit qu'il souhaite tant faire passer pour solide. Elle l'imaginait là, avec ses yeux tranchants de sévérité. Ophélia l'a toujours connu comme un enfant attentionné, protecteur, mais pas moins capable de faire ce qu'il juge nécessaire pour assurer la sécurité de ce auquel il tient. En ces traits-là, ce garçon se rapproche effectivement du loup, l'animal dont l'aveugle avait toujours eu besoin. Il avait vécu l'enfer, il n'était pas prêt de trembler devant qui que ce soit. Sans sourciller, ni même que sa voix tremble, il rétorqua sèchement.

- La peur, ça change pas la vitesse à laquelle saigne un homme.

Il avait sa fierté et au travers de ses traits insensibles, Ophélia devinait qu'il n'était pas si imperméable à la nargue. Elle le connaissait mieux que ça. "Les deux rigolos", tch, difficile de dire qu'il avait tort, ces lourdauds n'avaient pas l'air d'être bien fins et ils ne semblaient pas non plus compenser ce manque par leur habileté au combat. D'après ce qu'Ada lui avait racontée, ils n'étaient tous que des travailleurs malchanceux qui avaient eu un changement radical de personnalité. Les règles de ce monde ne tolèrent pas ce genre d'illogisme, cette altération leur a valu d'être marqués par la malédiction des Architectes. Quelle justice y a-t-il à pareil procédé ? Aucune, ce monde est à l'image de la nature qui l'habite, cruel, impitoyable. Derrière son bandeau de fer, la vaironne hésite.

- Alors, je le tue le grand bestiau ?

C'est bien ce que craignait l'aveugle, il se rattache encore à son jugement à elle. Depuis quand est-elle une personne apte à prendre des décisions ? D'aussi loin qu'elle se souvenait, il y a à peine quelques années de cela, elle était une idiote incapable de survivre sans que l'on veille sur elle. D'une manière tordue, c'était encore le cas. L'inconnu avait dit vouloir trouver sa soeur, mais Ophélia s'en contrefichait, elle avait déjà tué des gens pour moins que ça, et le fait que ce type reste en vie les mettait tous en danger. Ce qui la faisait véritablement hésiter, c'était cette voix qu'elle n'arrivait pas à remettre.

De ses genoux, elle se leva, gardant sa paume tendue vers le feu pour s'orienter de par sa chaleur. Peut-être qu'il était accompagné ... dans ce cas-là, cela signifierait qu'il cache son jeu, sinon pourquoi venir seul ? L'écholocalisation ne servirait à rien avec tous les débris aux alentours, elle serait bien incapable de discerner la forme d'un humain à moins qu'il ne se tienne debout, en évidence au milieu des routes abandonnées.

- Décris-le moi.
- Cheveux noirs, yeux noisettes, une tête de plus que toi et ... des tâches de rousseur. Il a aussi une prothèse à la place du bras. On s'est fait charcuter, pauvre lapin ?

Ce portrait était familier, bien trop familier pour ne pas arracher une expression dubitative des lèvres de l'anomalie. Elles s'écartèrent en un rond, comme si elle cherchait ses mots ... une prothèse ? Cela ne lui disait rien, cependant.

- La prothèse, comment est-elle ?
- C'est clairement pas de la camelote ... merde, c'est même de l'excellent matériel ! Soit il est friqué, soit quelqu'un la lui a fourni.

Bérene était d'Hinaus, il en connaissait un rayon sur les technologies daënares pour ne pas dire qu'il en était passionné.

- Quelqu'un ?! - Le calme de l'aveugle se changea en alerte.
- Y a pas trente-six solutions, soit un mécène, soit le gouvernement ou bien l'armée.

Sous son bandeau, les paupières d'Ophélia s'écartèrent, cette dernière option lui avait envoyée une vague de panique dans les veines qu'elle ne réprima d'aucune manière. Toujours avec son ton calme, mais avec une voix bien plus prononcée, elle ordonna d'un écho.

- Tue-le ! Vite !

S'il y avait la moindre chance qu'il appartienne ou qu'il ait appartenu aux forces militaires daënares, alors il était impératif de s'en débarrasser. Soeur ou non, connaissance ou pas, il était hors de question que ce genre de risque soit pris et qu'importe les raisons ou l'innocence, cet étranger était devenu une incertitude qu'il fallait éliminer.

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Tout ce qu'il faut c'est cinq minutes EmptyDim 4 Avr - 11:05
Irys : 848357
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Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Le gamin le tenait sous la menace de son arme, toujours aussi certain de lui. A l’évidence, aucune de ses tentatives de diversion n’avait fait le travail. Et les renforts étaient encore loin. Bien que bas dans le ciel, l’astre solaire était toujours parfaitement visible et la venue des autres militaires était fixée dans la nuit.

Encore une fois, le rouquin demanda à « Ophé »ce qu’il devait faire. Lorsque sa voix retentit, elle lui parut familière. A nouveau cette sensation. Une pulsation de son coeur se fit plus importante, se répercutant dans son cerveau. Il ferma vivement les yeux pour chasser le malaise, et lorsqu’il les rouvrit, il s’aperçut que sa description avait amené une expression particulière sur le visage de celle qui était probablement aveugle, sans qu’il comprenne ce que cela voulait dire.

Adam était tellement perturbé qu’il ne réagit même pas à la pique sur son bras. Sauf quand ils arrivèrent à la conclusion qu’il ne s’agissait pas d’une prothèse bas de gamme. Ca sentait le roussi. Et à chaque parole que Ophé disait, la menace sur son mental pesait de plus en plus. Un flot de souvenir menaçait de le noyer. C’était pas le moment, si il ne luttait pas, il serait une cible facile.

Concentres-toi Adam….Concentres-toi Adam...

L’urgence qu’il commençait à entendre dans les échanges lui firent comprendre qu’il ne pourrait plus tenter de les raisonner. Sa présence soulevait trop de question, et son bras métallique avait terminé de les convaincre qu’il était un coupable désigné. Profitant qu’ils soient concentré sur quoi faire de lui, il passa sa main de chair doucement dans son dos, et levant uniquement son index. Il leva et descendit sa main trois fois.

- Tue-le ! Vite !

C’était bien elle qui les commandait. Si il la neutralisait, il aurait l’avantage.

Un sifflement passa derrière lui et s’arrêta sur sa gauche, terminant par le cri de l’archer. Nielsen l’avait suivit ! Il lui payerait un sacré coup à boire après tout ça !

Première menace éliminée, il devait s’occuper de la seconde pendant qu’ils étaient tous sous la sidération momentané de la blessure de leur camarade, tentant probablement de comprendre ce qu’il se passait. Lui savait avec quelques millisecondes en avance, trop habitué au son des balles et surtout dans l’attente de cette action. Cela lui permit de lancer sans attendre son genou dans les bijoux de famille du rouquin. Pas très équitable de sa part mais c’était une attaque qui avait prouvé son efficacité depuis longtemps. Et le militaire en avait lui-même fait les frais…

- Hilde tiens bon ! Hilde !
- Aaaaaaaaah !
- Allez chercher de quoi la soigner !!

Une clé de bras fut faite aussitôt sur le membre qui tenait l’arme contre lui, non sans approfondir un peu l’entaille qu’il venait d’avoir. Pas assez pour le faire saigner comme un goret, mais il sentit clairement la brûlure de la lame. D’ici quelques jours il n’y aurait plus rien. La prise finit part faire lâcher mécaniquement le poignard et Adam put alors envoyer valser le garçon à plusieurs mètres d’un puissant coup de pied.

- La balle a traversé l’épaule, elle va se vider de son sang si on ne se dépêche pas !

Ne restait debout plus que le Lieutenant et l’aveugle. La main de chair vint saisir le cou gracile de la femme. Et il fit l’erreur de la regarder à nouveau. Sa traîtresse de main refusa de se serrer.

« Concentres-toi Adam »

Il avait murmuré ses mots, se les répéter en boucle ne suffisait plus barricader son esprit. Sa mémoire choisi ce moment pour lui faire entendre la voix de l’aveugle, venu d’un temps plus ancien.

"Attendez !"

Le soldat avait de plus en plus de mal à rester à flot, déjà les alentours commençaient à s’effacer, alors que sa respiration commençait à s’accélérer.

"A partir de maintenant …"
"…faites ce que vous voulez de moi"

Son palpitant battait à la chamade, alors que son corps se remémorait la douceur et la chaleur du moment, sans qu’aucune image ne fasse encore surface.

Le soldat secoua la tête, comme pour tenter une dernière fois de repousser l’inévitable. Son combat intérieur était déjà en cours, le rendant totalement vulnérable.

« Non, non, non ! Pas maintenant... »

Sa main refusait toujours de s’attaquer à la femme, qu’il avait à l’évidence déjà rencontré et que son corps reconnaissait. Ses yeux dilatés la regardait sans la voir vraiment.

« Qui es-tu ? »

Cette question n’était qu’un nouveau murmure, empreint d’une certaine souffrance de se trouver prisonnier de lui-même. Car de gré ou de force, il semblait condamné à être spectateur du tsunami de ses propres pensées.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Tout ce qu'il faut c'est cinq minutes EmptyDim 4 Avr - 17:32
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Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Un courant d'air, un filet de vent tranchant, fin comme un hameçon remontant dans l'écume. Ophélia en sentit la trace, elle en entendit le parcours qui se suivit des cris de douleur de l'un de ceux qu'elle était censée sauver. Ce n'était pas l'important, Bérene aussi avait pris un coup, elle avait discerné son grondement caractéristique sous les hurlements de l'autre imbécile. Il s'en remettrait, et vite, il était solide, mais l'urgence était ailleurs. Ada ne semblait pas prête à vraiment vouloir aider, s'il fallait se fier aux jérémiades idiotes avec lesquelles elle gaspillait un temps précieux. Le garçon avait peut-être eu raison, toute cette cérémonie n'avait été que du gâchis s'ils n'étaient même pas capables de discerner les priorités immédiates.

Sous son bandeau, les yeux perdus de l'anomalie étaient toujours écartés d'appréhension. De l'extérieur, seules ses dents serrées montrait l'empressement dont elle faisait preuve et le fait qu'elle entende des bruits de pas bien plus lourds que les autres s'approcher d'elle ne la rassura d'aucune sorte. Elle sentit une main l'empoigner juste au-dessous de sa mâchoire, mais aucune pression, rien ... presque une caresse. Cette ordure devait chercher une bonne raison de s'échapper et quoi de mieux que de la tenir sous son joug pour ça ? Heureusement, ce qui est gardé secret est toujours d'une utilité capitale.

- Concentre-toi Adam.

... elle s'était bien dite qu'elle connaissait ces mains, pour les avoir déjà senties auparavant. Tout s'éclaira d'une cruelle ironie lorsque le nom lui revint, glissé en murmure par celui-là même qui la tenait à la gorge. N'était-ce pas là une abjecte ironie ? Comment qualifier autrement ce qui est attendu pendant une éternité et ne fait qu'arriver à l'heure où tout est déjà perdu ? Il n'y avait plus rien, maintenant, plus rien à sauver, plus d'idiote frêle et recluse à protéger, plus de caisse dont il fallait empêcher le vol, alors à quoi servait ce revers du destin à part élargir la plaie dans laquelle le couteau était déjà planté.

Il lui demanda qui elle était ... elle sourit de la plus suffisante des manières. Les arbitres de ce monde n'avaient décidément que ça à faire, jouer d'ironie pour pouvoir alimenter une vie insipide, destinée à s'éteindre. Quelque chose était pourri dans cette existence, pourri jusqu'à la moelle. Un soupir rieur mais dépité s'échappa de ses lèvres ... il ne l'avait même pas reconnue. Et donc, fallait-il s'offenser de cela ou bien du fait qu'il était en ce moment en train d'essayer de détruire ce qui était le plus cher à ses yeux ? Qu'importe la raison, qu'importent les sentiments, Hailey l'a toujours dit et Ophélia n'en pensait pas moins. L'essentiel est de protéger ce qu'il reste d'eux. Si son ancienne vie désire la narguer, alors qu'elle vienne ! Cette aveugle-ci n'en avait plus rien à foutre de ces absurdités !

Articulant un rictus sévère, sa bouche démontra soudain la forme d'une colère avivée, dents toutes dévoilées, à la manière d'un animal prêt à mordre. Une inspiration tordit l'air entre elle et son ancienne connaissance, s'écartant alors brutalement en une onde de choc qui eu tôt fait de les séparer.

La tiare tomba au sol, faisant résonner un bruit métallique entre les murs alors que les yeux autrefois vairons miraient le vide avec une substance tout aussi incomplète. Ce n'était pas temps de la rage qui se lisait sur les traits blancs qui parsemaient son visage comme un paysage d'hiver. Elle portait le visage du devoir, la volonté de faire ce qui était nécessaire et ce qu'elle perdrait en retour n'était rien d'autres que des regrets d'une vie qui n'est plus la sienne. Bérene valait mieux que son désir égoïste de retrouver son confort d'autrefois. La larme qui avait commencée à perler sous sa paupière gauche, Ophélia l'écrasa d'un poignet sec. D'un calme empli de fiel et de suffisance, elle lui adressa un murmure.

- Eh bien, Adam, ne vous portez-vous pas bien ? Vous ne vous souvenez pas de moi ? Comme quoi, je ne vous ai pas assez marqué.

Une onde silencieuse parcourut l'air et sous la sévérité de son regard qui se verrouilla soudainement sur le daënar, un sifflement strident retentit.

- Permettez-moi de corriger cette erreur.

Dans le vide juste devant elle se manifesta la compression d'un vent effilé, dont la forme évoquait un croissant de lune braqué vers l'avant, encerclant à moitié sa conjuratrice. D'un grognement traduisant la pénibilité du geste, elle propulsa sa lame aérienne dans la direction exacte de ce qui fut autrefois plus qu'un ami pour elle. Idiote qu'elle avait été, elle s'était bien laissée bernée.

L'exercice était épuisant, si exigeant qu'il en fit ployer le genou à l'anomalie qui garda le visage droit, seulement secoué par des expirations saccadées. Quel dégoût ... elle avait attendu qu'il revienne et manifestement ses prières avaient été entendues ! Il était là ! Le destin était définitivement une putain.

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Tout ce qu'il faut c'est cinq minutes EmptyDim 4 Avr - 22:41
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Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Alors que l’expression de la femme se changea dangereusement à sa question, des mots qu’il avait lu dansèrent dans son esprit, ses sentiments refaisaient surface aussi sûrement que si il les avait ressenti hier.

Un de ses voisins direct, l’aurait vu parler avec un jeune homme blond. Ils seraient parti ensemble et ce serait à partir de là qu’elle n’aurait plus donné signe de vie.


Cruelle jalousie qui lui prenait les tripes. Alors les mots n’avaient aucune importance à ses yeux ? S’était-elle moqué du naïf qu’il était ?

la meurtrière en série

Pas elle, c’était pas possible !

de nombreux cadavre dans la maison

Non ! Non ! Et non ! Il n’en croyait pas un traître mot. Impossible que les mains qui s’étaient accrochées à lui avec désespoir puissent être coupables !

Bien moins agréable que ce qu’il avait éprouvé auparavant, ces quelques mots lui faisaient plutôt l’effet d’un coup de couteau en plein coeur. La douleur, la trahison. Malgré tout, et aussi fou que ce soit, un sentiment beaucoup plus profond, plus puissant et plus ravageur prenait le dessus. C’est certainement celui-ci qui l’avait empêché de serrer le cou de la femme, malgré le temps et l’oubli.

Il revint à la réalité d’un coup, alors que son corps était brutalement séparé de celui d’Ophé. Encore sonné par le brusque retour au présent, le soldat était groggy. Comment s’était-elle dégagée sans aucune arme ?

Le bruit métallique de la tiare faisait écho autour d’eux, lui montrant deux yeux laiteux. La nuance dissemblable lui ramena une image des pupilles vaironnes qu’elle arborait autrefois. Un saphir et une émeraude qui avaient brillé lorsque leurs visages s’étaient approchés.

Elle le connaissait donc. Pourquoi ne lui avait-elle pas répondu ? Pourquoi était-elle en colère ? C’était elle qui l’avait trompé, autrefois !

Il était à peine capable de réagir lorsque la lame magique se forma face à lui et lui fonça dessus. Son seul réflexe fut de mettre ses bras en croix pour protéger ses poumons et son coeur, la prothèse en première ligne. Il ne put ensuite que sentir ses vêtements et sa chair se faire lacérer par ce qui ressemblait à des dizaines de lames. Elles s’enfonçaient dans sa peau aussi sûrement et efficacement que de l’acier. La sensation du mur contre lequel son dos buta n’était que secondaire, alors que le sang se précipitait déjà hors de ses plaies.

Un nouveau tir se fit entendre à sa gauche, alors qu’un des jeunes tentait de venir vers eux. Nielsen veillait toujours, isolant la mage et le soldat du reste du groupe. Il ne pouvait espérer plus, il devrait se sortir de se pétrin tout seul.

« T’as aidé...à tuer tous...ces gens ? »

Les mots sortaient de sa bouche alors même qu’il avait des difficultés à respirer, mais la réponse lui paraissait d’une importance capitale. Est-ce qu’il parlait de ses camarades victimes de l’attaque à Skingrad ? Est-ce qu’il parlait de ce qui venait de lui revenir ? Il ne savait pas. Il ne savait plus. Il voulait que son âme cesse de saigner comme l’entaille qu’il arborait maintenant.

Son corps glissait contre la paroi, et la douleur l’aida étrangement à reste ancré sur ce qu’il se passait autour de lui. Ses réflexes de soldats reprirent le dessus momentanément dans la tempête de son esprit malade. Il tenta de reprendre un rythme de respiration normale et de faire l’inventaire de ses blessures rapidement. A priori, une légère douleur dans les côtes, une entaille sur chaque bras et sur le torse par intermittence, là où la magie l’avait touché. Il pourrait probablement fuir, mais il devait faire attention à pouvoir distancer l’ensemble des poursuivants, sans quoi la couverture de son coéquipier ne servirait plus à rien. Et il devait le faire avant que le liquide rubis ne le quitte entièrement.

En tous cas ce n’est pas cette mystérieuse inconnue qui le pourchasserait, elle semblait aussi essoufflée que lui. Si elle avait du mal à respirer correctement, elle ne pourrait probablement plus lui lancer de magie. Crétin qu’il était, en la voyant arborait cette expression de haine à son attention, il ressentait le besoin de se justifier. Ce n’était ni le lieu, ni l’heure, et pourtant encore une fois son corps réagit avant lui. Alors que le soldat parvint à s’accrocher au rocher à sa droite avec sa prothèse, lui fournissant un appui pour entamer sa remontée, ses lèvres s’activèrent à nouveau sans qu’il l’ait prémédité.

« La guerre m’a prit un bras... et la mémoire...entre autre...Dis-moi qui tu es…s’il te plait... »

Les derniers mots étaient trop suppliants à son propre goût. Cette femme lui enlevait décidément tout bon sens. Là où la survit devait prévaloir, là où il devait penser à quitter ce lieu avant que le rouquin ne finisse de se relever, il lui paraissait beaucoup plus important à lui aussi d’avoir son approbation. Malgré sa désertion, malgré la magie, malgré sa mission.

Après tout, il ne l’avait jamais vraiment cru capable d’ôter la vie à qui que ce soit. Etait-ce vraiment elle qui venait de l’attaquer ? Il se mettait à douter de ce qu’il venait de voir.
Elle ne pouvait être l’ennemie, il s’y refusait...l’éventualité était terrifiante. Savoir qu’il devrait peut-être la tuer aussi n’était pas envisageable. Pas quand il commençait à se douter ce que cette inconnue pouvait avoir représenté pour lui.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Tout ce qu'il faut c'est cinq minutes EmptyMar 6 Avr - 21:30
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Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Le bruit du métal rayé et de la chair coupée résonna comme un cri aux oreilles de l'aveugle. Voilà, c'était ça, cette situation, cette mentalité, l'abîme dans lequel elle était tombée, être réduite à arracher les fleurs qu'elle a plantées lors de sa vie passée. C'était une malédiction, il ne fallait pas en douter, un sceau ineffable, inavouable, la lame d'une condamnation qui ne prenait pas que la vie de ceux qui en étaient affligés. Elle menait à la folie puis au regret et enfin à la résignation ... Ophélia en était rendue à cette dernière phase, celle qui avoue que rien de ce qui était avant ne sera jamais. Dans l'éventualité où Adam avait gardé cette affection pour elle pendant toutes ces années, ce qu'elle n'était pas assez naïve pour croire, il n'y avait pas assez d'espoir dans cet esprit-là pour oser penser qu'il aurait ces mêmes sentiments une fois sa vraie nature révélée. Quelle utopie mesquine que de vouloir le contraire.

Pour tant de raisons, aucun sourire ne s'afficha alors sur les lèvres plates de l'anomalie. Reprenant son souffle, elle parvint à se redresser droite comme elle s'était accoutumée à l'être. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il comptait faire, pas plus qu'elle ne savait de quoi il parlait lorsqu'il disait "tous ces gens". Ophélia ne savait pas, elle ne savait plus, s'il y avait des morts sur sa conscience, elle les avait déjà enterrés avec sa faiblesse d'autrefois. Cette erreur aux yeux du monde qu'elle était avait pu trouver un soupçon de bonheur. Risquer ça pour un amour périmé n'était pas l'inconscience, c'était de la folie. Froidement, avec un calme dérangeant, elle ne fit que secouer doucement la tête.

- Je ne sais pas de quoi tu parles.

Ces mots étaient vides de sens. Elle avait tant tué, fallait-il en plus garder un registre de ces déplorables pertes ? C'était pour ça qu'il était là ? Bon chien de l'UNE qu'il était devenu, il venait enquêter sur une affaire de meurtres dont ils étaient soupçonnés ? L'immaculée osait espérer qu'Asa n'avait pas fait l'erreur de se précipiter à fuir après un meurtre idiot. Ophélia savait d'expérience que ce genre de procédé pouvait avoir un arrière-goût désagréable.

Elle ne voyait pas la blessure qu'elle avait infligé, le rythme saccadé de la voix d'Adam lui avait indiqué de l'efficacité de sa conjuration. Il la suppliait, il l'implorait de lui révéler la vérité ... alors il ne se souvenait pas ? Vraiment pas ? Lui aussi avait un esprit malade, maintenant, comme elle autrefois. Il n'y avait pas de pire situation que celle de l'oubli complet et il n'y a rien de mieux pour stimuler l'inconscience. Quand on oublie ce que l'on a à perdre, on devient idiot, et lorsque l'on retrouve un fragment de notre âme, on s'y accroche, quitte à abandonner la vie que l'on juge insipide.

Mais au travers d'yeux blancs, la seule réponse d'Ophélia fut un regard terne, blasé. Elle entendit Bérene se relever à sa gauche, rien d'étonnant. Pourtant, elle lui somma de rester à sa place avec un ordre doucement prononcé.

- Attends.
- Qu'est-ce que tu fous, Ophé ?! Faut qu'on se casse !
- Oui, il faut que vous vous en alliez. Je reste.
- Quoi ?! C'est hors de question !
- PARS !

L'écho de sa voix résonna comme une onde propagée par le vent environnant. Un excès de violence destiné à faire fuir le gamin. Elle ne vit pas la tristesse de celui-ci sur son visage, mais sentit sa déception dans son silence tandis qu'il s'écartait des deux silhouettes à côté du feu. Une légère migraine lui piqua le haut du crâne ... trop de magie. Et pourtant, il allait bien falloir endurer le reste de cette "conversation" dont elle anticipait le désastre à venir. L'ennui, l'impossibilité pour Bérene de rester résidait dans la raison de toute cette idiote incidence. Faire risquer leur vie à des camarades d'infortune au nom d'une vie qui n'était même plus la sienne était un degré d'égoïsme auquel elle ne voulait pas recourir. Si elle tuait Adam, ce serait seule, s'il la tuait, ce serait sans que personne d'autre ne la voit mourir.

D'un geste souple du bras, elle envoya valser le feu de camp qui révélait sa silhouette aux yeux du tireur qui se trouva là-dehors. Les braises s'étalèrent sur le sol, laissant la paysage à la merci de la faible lueur lunaire qui se réfléchissait dans la tiare, à niveau de pieds. Un bruit sourd retentit lorsque ses genoux la lâchèrent, la laissant s'affaisser au sol, tandis qu'elle maintenait toujours le dos droit. Pas question de baisser la tête.

- Ne les poursuis pas, ils n'ont commis aucun crime qui en vaut la peine. Moi, en revanche ...

De l'obscurité jaillit un rire cynique, manifestation de la suffisance qu'elle avait à l'égard de ses crimes passés. Elle avait été punie comme il se devait, elle n'avait plus à répondre de rien, désormais. Tout pouvait être assumé facilement, avec la mort comme salut, il n'y a plus de tabou.

- Les bas-quartiers de Zuhause, tu cherchais un jouet pour tes neveux, ou cousins, je ne sais plus. Tu es tombé sur la seule boutique de jouets encore ouverte la nuit, la mienne. Tu as trouvé ton bonheur et tu m'as aidé lorsque des rats ont essayé de trouver le leur après toi.

Aucune émotion, pas la moindre trace, la moindre piste qui trahissait du regret, qui signifiait qu'il lui avait manqué, rien, pas même la plus élémentaire compassion pour sa situation. Pourquoi en aurait-elle ? On ne lui en avait pas adressé lorsqu'elle était revenue d'entre les morts. Le monde est cruel, aller contre ses lois c'est risquer la mort. Silencieusement, invisible, une onde traversa l'air alors qu'Ophélia reprenait son souffle.

- Ne sois pas étonné de mon air impassible. Une Narcisse ne sourit pas et ça fait bien longtemps que je n'ai plus fait sourire. Ophélia Narcisse, c'est comme ça que tu m'as connue.

Elle le confirmait mais ne laissait pas entendre le moindre regret.

- Cette guerre qui t'a tant pris est une anecdote dont je ne me soucie pas. Pour tout te dire, j'aurais espéré que vous vous entretuiez tous jusqu'au dernier et que vous fassiez un désert mort de ce monde malade. A la place, nous sommes obligés de vous supporter comme la vermine que vous êtes !

Le rythme de ses paroles s'était accéléré, s'était ponctué de colère alors qu'à nouveau elle laissait tomber la façade du calme. C'était rageant, rageant d'appartenir à un peuple destiné à l'extinction pendant qu'ailleurs, ils détruisent le monde construit par les dieux et quoi, eux n'avaient pas besoin de passer leur vie à fuir un Régisseur au nom de leurs fautes ? Quelle connerie ! Et maintenant il venait, l'un de ces types venait lui demander de le soulager d'un fardeau dont elle n'était en rien responsable ?! En sachant ce qu'elle avait perdu par rapport à lui, l'entendre se plaindre lui donnait envie de lui cracher au visage.

Ses deux paumes s'écartèrent à nouveau le vrombissement de l'air résonna entre les ruines infectes de ce lieu autrefois habité par la raclure de ce monde. Une seconde lame d'air se matérialisa dans un vacarme strident et sous une impulsion sonore semblable à un coup de fouet, elle la projeta à nouveau.

... le contrecoup fut bien plus sévère, et ce au détriment de la puissance du sort. Une expiration infiniment plus lourde que les précédentes acheva de faire se plier l'anomalie sur elle-même, allongeant son visage contre le sol froid. Des gouttelettes commencèrent à s'écraser contre la pierre morte de la périphérie. Un courant d'eau coula le long de la joue d'Ophélia qui s'était complètement arrêté de bouger. Dans la tiare au sol, juste en face d'elle, se reflétait l'aspect laiteux de ses yeux morts avec lesquels elle avait ironiquement tant vu.

- Ton bras ... ta mémoire ... tu as choisi de les perdre.

Elle ... elle n'avait jamais pu choisir.

Adam Vaughn
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Tout ce qu'il faut c'est cinq minutes EmptyMer 7 Avr - 13:20
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S’accrochant au rocher, le soldat commença doucement à se repositionner debout, alors que la jeune femme parlait avec son compagnon. Il ne put s’empêcher de remarquer qu’elle avait bien plus d’égard envers le rouquin qu’envers lui. Lui, l’inconnu blond, et maintenant le gamin...les hommes n’étaient-ils que des jouets à ses yeux ? Et à nouveau, quelque chose qui ressemblait à de la magie.

Alors qu’elle daignait enfin lui révéler leur rencontre, semblant enfin croire qu’il était sincère sur son amnésie, les images revinrent. Les sensations aussi. Des heures se greffèrent dans son cerveau, alors que quelques secondes seulement se déroulaient dans le présent.

Les poupées. La jeune vaironne inconsciente du danger. Les trois voleurs. Le coup de couteau. Sa colère. Son désarroi face à la blessure. La nuit qu’ils avaient passé. La passion. L’aide qu’il lui avait apporté le matin. Sa fuite. Leur correspondance. Comprendre qu’il avait eu un coup de foudre.
Puis le silence. L’incompréhension. L’attente de la vérité qui n’était jamais venue.

Il se rappelait aussi de ses amis qui s’étaient doucement moqué de son côté fleur bleu en apprenant qu’il était toujours amoureux d’une femme disparue. Le prenant en pitié, ils s’étaient donné le mot pour lui faire oublier son chagrin d’amour, le poussant dans les bras des filles de joie. Il avait profité de ces moments passé hors du temps, respecté chacune de ces filles pour qui la vie n’était pas facile.
Mais aucune n’était celle qu’il cherchait désespérément. Le talisman qu’il gardait autour du cou lui avait été salutaire dans les moments difficile, préférant se rappeler de leur unique nuit pour tenir face à l’horreur, plutôt que de penser à toutes les questions que soulevait sa douce.

j'aurais espéré que vous vous entretuiez tous jusqu'au dernier

Qui était-elle ? Cette nouvelle femme qui lui crachait sa haine du monde. Ce n’était pas son Ophélia. Celle qui lui avait demandé de rester avec lui après son agression, celle qui avait dit attendre ses mots  avec les mêmes sentiments que lui.
Elle n’avait plus besoin de sa protection et il avait peur de comprendre d’où venait ses changements physiques, sa magie qu’elle n’avait pas autrefois.

Il n’était pas suffisamment revenu à lui pour éviter la nouvelle attaque qu’elle lui envoya. Encore à moitié debout, il reçu la lacération à la verticale, croisant le premier sillon sur ses côtes droites.
Ses mots, tout ce qu’elle lui avait asséné comme horreurs, se mélangèrent à la douleur physique dans un hurlement rauque.

Le militaire arracha ce qu’il put de son haut pour ensuite le compresser sur le point le plus sanguinolent. Il était toujours essoufflé, mais sa colère et sa souffrance lui permirent à nouveau de rester dans le présent, à voir celle qu’il avait autrefois aimé épuisée contre le sol.

Ton bras ... ta mémoire ... tu as choisi de les perdre.

« Des enfants sont morts !!!»


L’homme avait crié les mots avec douleur. Car certain de ces enfants, tués sous ses yeux, revenaient encore le hanter et l’accuser de n’avoir pas suffisamment fait pour eux.

« Toi et ta petite personne...vous avez pensé...à tous ces innocents...qui ont crevé sans avoir rien à faire dans ces histoires ?! »

Hausser la voix et forcer sa capacité respiratoire empirait son état. Et pourtant il ne pouvait s’arrêter.

« Ouais j’ai beaucoup perdu dans la guerre...Mais si je pouvais sauver...une de vie de plus...je replongerai en enfer sans hésiter »

A nouveau debout, il s’avança vers elle, légèrement penché pour ne pas tirer sur sa blessure. Pourquoi faire ? Il n’en avait aucune idée. Il l’avait aimé, en cet instant il la haïssait. De lui rappeler à quel point il l’avait attendu. A quel point ses interrogations trouvaient étrangement les réponses qu’il redoutait le plus.

« Alors dis-moi Ophélia...Qui est la vermine ? »

Analysant l’état de l’aveugle, il comprit qu’il ne risquait plus rien. Physiquement en tous cas. A moins que son nouveau chien soit revenu la secourir. Lui aussi pouvait-il se servir de la magie ? Lui aussi était-il aveuglé par ce qu’elle voulait bien lui donner ? Que faire ?

Est-ce qu’il était capable de l’achever ici et maintenant, écartant tout risque pour sa patrie ? Non, bien sûr que non.
Est-ce qu’il voulait la faire souffrir ? Autant qu’elle l’avait fait pour lui.
Adam voulait faire éclater l’assurance qu’elle affichait. Réduire son nouveau monde à néant. Il ne resterait plus que lui.

« Je vais m’assurer que tes copains...n’aient plus à subir ce monde...et ne soient plus un danger pour lui. »

Et elle, elle ne pourrait assister qu’impuissante.
Ne pouvant rien faire de plus au massacre autour d’elle.

Alors, sans tenir compte de son état, il s’avança doucement vers la direction qu’avait prise les fuyards. Avec la rage pour unique et puissant moteur.

Ophélia Narcisse
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Tout ce qu'il faut c'est cinq minutes EmptyVen 9 Avr - 16:20
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Pérégrins -2
Quels enfants ? Ophélia n'avait pas la moindre idée de quoi il parlait, c'était sa guerre qui avait pris ces vies, pas celle que des anomalies avaient menée. Qu'est-ce qu'il lui prenait à être aussi idiot ? Peut-être qu'elle avait elle-même été une imbécile par le passé pour s'éprendre d'un tel âne ... les insanités qu'il lui adressait étaient absurdes, il n'y avait aucun sens au débit de paroles qu'il lâchait comme un miasme. Elle avait l'impression qu'il cherchait un prétexte pour la haïr, comme tant d'autres l'avaient faits avant lui. Ce n'était rien d'autre que de la routine, rien d'autre qu'une cruelle tradition poursuivit par une personne dont elle aurait pensé l'affection acquise. Il est tout aussi dur de voir que l'on peut être déçu par la certitude.

Au sol, Ophélia ressentait un tournis doublé d'une affreuse envie de s'endormir, d'oublier ce monde et de retourner au plan des rêves. Elle entendait les paroles d'Adam comme filtrées par une brume inexistante, résonnant dans un relief qui n'existait que dans son esprit. Il était en colère ... heh, comme s'il pouvait se le permettre. C'était la seule manière pour une âme coupable que de se décharger de la culpabilité qui l'habite. La colère, c'est la fin de la conscience, la fin de la raison, rien d'autre qu'un outil de sublimation pour oublier les fautes commises. La colère, c'est un aveu.

Une vie de plus, une vie de moins, se disait-elle, ce n'est rien aux yeux des dieux. Ils se fichent bien de ce qu'il se passe en bas, du haut de leur montagne d'égo, ils se fichent que des gamins crèvent, ils se fichent que des nations soient détruites, ils se fichent bien du sort de leurs propres créatures. Pourquoi Ophélia devrait-elle soucier plus de cela que ce que les créateurs de ce monde semblent montrer ? Elle était consciente qu'elle n'était pas coupable des crimes de l'humanité, elle voulait juste être heureuse loin de toute cette idiotie générale qui semblait s'élever en My'tra et Daenastre. Havre ne connaît pas ces conflits futiles. Magiciens, technologistes, ils vivent tous en paix sur le bateau salvateur, ralliés par un malheur commun. Si eux étaient capables de s'entendre et que partout ailleurs cela était impossible, alors l'aveugle savait bel et bien qui était la vermine.

Elle dût lutter contre la fatigue lorsque les menaces proférées portèrent sur un concept bien plus important que sa propre vie. Mourir, ç'aurait été son privilège, peut-être l'avait-il deviné, peut-être avait-il simplement plongé au bout de son propre aveu. Un homme amoureux n'est donc protecteur que lorsque l'on est de son côté, hm ? Peut-être qu'il était temps de le replonger dans des souvenirs plus concrets.

De sa longue manche, une pierre blanche opaque et brisée glissa dans sa paume. D'un mouvement de poignet, elle la laissa glisser dans la direction des pas qui s'écartaient. Un bruit de fêlure, comme une vitre brisée, s'éparpilla entre les ruines et agenouillée sur le chemin d'Adam, Ophélia se rematérialisa juste devant lui. Seulement ... elle avait retrouvé son aspect d'autrefois, cheveux bruns, ses deux yeux ravivés de leurs éclats d'auparavant et son visage arborant des larmes illusoires. Mais tout paraissait pourtant si sincère ...

- Reste ! Je t'en supplie, ne m'abandonne pas ! Ne t'en va pas ... pas encore une fois. La dernière fois que tu m'as laissée ... ça m'a tuée.

Ses mains avaient réussi à trouver le vêtement du soldat, s'y accrochant désespérément. Elle voulait l'avoir par les sentiments, elle était sûre de pouvoir y réussir. Sans que son regard suppliant ne s'interrompe, son bras gauche arqua un mouvement circulaire, tandis que d'une seconde pierre de magilithe entre ses doigts, l'anomalie tenta de la ficher dans le thorax de l'homme de sa vie passée. S'il ne l'avait pas encore compris, peut-être maintenant commencerait-il à le deviner. Elle ne parlait pas en énigmes, ses paroles étaient limpides, aussi limpides que ses intentions lorsqu'elle tenta une ultime fois de lui trouer la peau avec ses cristaux.

Adam Vaughn
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Tout ce qu'il faut c'est cinq minutes EmptySam 10 Avr - 14:36
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Deux mains sur son torse arrêtèrent l’homme dans sa marche suicidaire. Elles étaient douces, chaudes, et il pouvait sentir le pouls affolée de leur propriétaire.

Reste !

Adam baissa la tête pour voir les deux pupilles qu’il avait tant de fois vues dans ses rêves.

Je t'en supplie, ne m'abandonne pas ! Ne t'en va pas ... pas encore une fois


Sa voix, fragile, reflétant les larmes qui prenaient vie sur son visage, finirent de lui faire oublier momentanément ce qu’il souhaitait faire quelques secondes auparavant. Comment … ?

La dernière fois que tu m'as laissée ... ça m'a tuée.

Toute question le déserta, tout ce qu’il souhaitait en cet instant était de l’enrouler dans la protection de ses bras. La sentir entière contrer lui, sauve. S’assurer que la sorcière qui lui avait fait face plus tôt n’était qu’une illusion et que son Ophélia était toujours la même. Cette fois il ne repartirait pas sans elle, il la garderait à ses côtés. Elle serait là, à chaque fois qu’il reviendrait, et il s’excuserait de son absence de la meilleure des manières. Il…

Une brûlure soudaine le fit sortir de ses songes, ne s’étant même pas rendu compte qu’un des bras de la jeune vaironne avait bougé. Quelque chose tentait de ronger sa chair, et Adam attrapa par réflexe les deux poignets d’Ophélia pour l’éloigner. Sauf que le mal était déjà fait, alors que l’arme d’Ophélia était à peine éloigné de sa peau.

A peine entendit-il un tir, que son esprit plongeât à nouveau. Le noir l’entourait, et seul un écho se fit d’abords entendre.

Adam !

Ophélia ?

ADAM !

Ophélia ? Où es-tu ?

ADAAAAAM !!!!

Un autre tir le fit revenir à la réalité, alors que les yeux vairons le fixaient toujours, bien que moins vif et les joues sèches.

« Lâchez-le ! Et éloignez-vous ! »

Nielsen ? Que faisait-il ici ? Son homme semblait essoufflé. Il devait avoir couru depuis sa cachette, sa ferraille toujours sur le dos. La situation devait lui avoir paru désespéré pour qu’il se montre.

Reprenant conscience, le Lieutenant s’aperçut que Ophélia, son Ophélia était bien là, et elle tenait à la main une magilithe. Sans doute ce qui l’avait sonné. Il avait du mal à comprendre ce qui se passait autour de lui, si ce n’est que son corps et son mental étaient blessés. Se retrouver là, à la merci d’une femme qui était disparue depuis longtemps, et sous la protection de son subordonné...Adam avait merdé, sur toute la ligne. Et c’était sans compter le retour du rouquin, qu’il voyait à sa périphérie.

Et bien que son esprit logique tentait de lui faire comprendre que la femme devant lui ne devait pas ressembler à ce qu’il voyait, il ne pouvait se détacher de cette vision. Elle l’obsédait plus que tout, depuis toutes ces années. Il s’en souvenait enfin, tout ce qu’elle avait représenté pour lui.

Et comme si ce n’était pas elle qui l’avait blessé, comme si deux jeunes gens autour d’eux n’étaient pas prêt à les séparer de force, il lui chuchota avec toute la douceur possible.

« Est-ce que tu sais combien de temps j’ai attendu...de te revoir ? Combien de nuits...j’ai rêvé de toi ?»

Sans lâcher le bras armé de sa douce, il posa sa main mécanique sur la nuque de la jeune femme et approcha son visage.
Il sentait son souffle contre sa peau et posa ses lèvres sur celles d’Ophélia. Si semblables à son souvenir...L’odeur de son corps était enivrante et réveillèrent en lui des sensations qu’il avait pensé ne plus jamais ressentir. Se crispant sans s’en rendre compte, sous l’effet de se simple contact, il en voulait plus.
Il tira sur la nuque de son aimée et força la barrière de sa bouche. Et sans attendre de consentement, ou quelconque signe de son accord, il s’imposa. Un baiser dur, possessif, désespéré.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Tout ce qu'il faut c'est cinq minutes EmptyMer 21 Avr - 18:05
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
L'expiration qui suivit le geste fut plus lourde qu'un temps d'orage. La gorge d'Ophélia appelait l'air à rentrer sans que rien ne vienne, elle était épuisée. L'arc que son bras avait articulé s'était arrêté dans le poignet du soldat, preuve manifeste de son incapacité à tenter quoi que ce soit d'autre. Mais tant qu'il ne la tuerait pas, elle ne comptait pas le lâcher, pour rien au monde elle ne s'écarterait sans la condition qu'il ne lui brise la nuque. S'il voulait tant supprimer ses "copains", il n'avait qu'à commencer par elle. Et si sa cause idiote lui tenait tant à coeur, il aurait tôt fait de la sauver de ce monde. Une situation qui ne présentait que des avantages, d'une certaine manière, l'anomalie sentait qu'elle avait l'avantage. Qu'importait ce qu'il allait advenir d'elle, rien n'aurait su s'avérer une mauvaise option. Rien.

Elle sursauta soudainement lorsque l'écho d'un tir retentit derrière elle, tandis que ses jambes tremblaient, menaçant de s'effondrer sous leur fardeau. Naviguant dans le vide avec ses yeux qui ne comptaient pas, elle écoutait l'avertissement lancé par l'un des petits amis d'Adam, certainement. Le coup de feu était similaire au son foudroyant qui avait retenti plus tôt, fauchant l'un des leurs au passage. Ophélia devinait facilement qu'aucune issue ne se présentait à elle désormais, si elle devait reprendre une balle dans le coeur, alors qu'il tire ! Pour l'avoir vécu, l'immaculée sait très bien qu'elle n'en souffrirait pas, le fusil ne lui en laisserait pas le temps.

Pourquoi avait-elle peur, alors ? Le trac, sans doute, la même angoisse que les artistes laissent retomber lorsque le rideau fait de même. La peur de l'échec, la peur de la rature visible de tous, la peur de ne laisser derrière elle qu'un sentiment de douleur vaine. Pour ça, elle devait tenir sur ses jambes le plus longtemps possible, qu'importait combien ses chevilles lui imploraient de laisser tomber. La détermination, une qualité qu'elle n'avait jamais eue autrefois, comment aurait-ce été possible ? La seule chose qui lui importait était sa propre survie, à tel point qu'elle en avait oublié de vivre. Maintenant, elle était capable de se laisser arracher la poitrine avec un sourire aux lèvres ... comme quoi les dieux avaient échoués sur toute la ligne. Ils n'auraient pas réussi à la supprimer finalement, pour qui est damné, voilà une pensée plutôt réjouissante, non ? Tout ce qu'il lui restait comme choix, c'était de décider de ce qu'elle allait faire du temps qui lui était imparti.

Et en trois années, elle avait aider à construire un lieu de salvation qui pourrait apporter à d'autre le bonheur qu'il lui a procuré. Finalement, ce ne serait pas si mal de mourir ici.

Le silence qui précéda ces pensées firent redescendre ses émotions, le calme revint, à défaut de son souffle et elle n'attendit plus rien que le craquement de sa propre nuque pour que revienne la béatitude du dernier repos. Elle s'apprêtait même à sourire ... elle en fut bien incapable. Le murmure qu'il prononça alors la fit écarquiller les yeux, projetant un profond vide jusque dans ses chevilles, comme si son propre coeur venait de s'arrêter.

Un hoquet de surprise étouffa sa mimique naissante tandis que sous une puissante pression elle fut attirée sur un baiser dont elle n'attendait pas l'arrivée. Ses yeux laiteux se muèrent d'une désagréable surprise et ses bras commencèrent à remuer entre les poignets qui les tenaient. Son souffle fut pris, en même temps que ce qu'il lui restait de sa satisfaction mesquine. Le surgissement d'un lointain souvenir lui prit les tripes tandis que de ses bras libérés, elle tenta inutilement de repousser l'étreinte qu'il lui imposait. Ses doigts crispés commencèrent alors à flancher tandis qu'insidieusement se profilait un réconfort nostalgique, le rappel amer d'une vie qu'elle avait quitté et qui se représentait à elle, l'invitant, l'appelant à la retrouver.

Ses yeux se fermèrent alors, la bouche qu'elle avait repliée s'immobilisa alors d'une apathie accueillante. Ophélia se surprit alors à suivre le mouvement qui n'était pourtant qu'une contrainte, faisant progressivement muer la brutalité en douceur. Elle ne voulait pas, loin de là, c'était même la pire chose qui aurait pu lui arriver. Malgré cela, ses doigts se déplièrent, embrassant les contours du buste d'Adam tandis qu'avec des yeux larmoyants elle s'abandonna à ce souvenir.

Son visage se pencha doucement en avant. Entre des lèvres appuyées se serrèrent des dents douloureusement contractées, autour desquels s'allongeaient des chemins sinueux creusés par des larmes incoercibles. La tendresse de sa main étalée s'arrondit en la dureté d'un poing qui vint faiblement taper contre le torse du soldat. Ophélia tremblait, les émotions qui venaient de ressurgir la secouait comme une feuille au vent. En une parole presque crachée, mue de rage et du désespoir d'une cause qu'elle croyait avoir abandonnée, elle siffla.

- Six ... ans. Six. C'était il y a six ans que j'avais besoin de toi. Tu n'étais pas là. Pourquoi ... n'étais-tu pas là ?

Elle n'entendait pas le reste, elle avait oublié la présence de l'autre soldat et n'avait même pas remarqué le retour de Bérene. La seule chose qui existait, sur l'instant, c'était ce qu'elle pouvait toucher et ressentir. Et elle ressentait une telle détresse, elle n'était même pas certaine de l'adresser à la bonne personne.

- Après que tu sois parti ... j'ai fait que des conneries. Putain.

Ravalant une larme traîtresse, elle coinça sa lèvre inférieure entre sa mâchoire tremblante. De sa main gauche, elle écarta le col qui dissimulait la peau claire au-dessus de son diaphragme. La vision de la marque que sa résurrection avait laissée apparut alors de la plus manifeste des manières. Une étoile pâle aux branches tordues parsemées sur une peau déjà claire, une trace si translucide que l'on aurait juré voir le coeur qui battait juste en-dessous.

- Ils ... ils m'ont vraiment tuée, Adam. Je suis morte. Elle étouffa un rire nerveux. Je te cherchais toi et ils m'ont abattue. Pourquoi est-ce que tu ne décides de me chercher que maintenant ?! Est-ce que tu m'as seulement cherchée ?! Est-ce que tu savais seulement que j'étais morte ?!

Le scintillement de ses cristaux sur ses épaules se réfléchit alors à la lumière de la torche du soldat, révélant l'évidence qu'elle n'avait pas su formuler. La main d'Ophélia guida celle du soldat jusqu'à eux, ils étaient bien réels, ils étaient là. Avec une peur indicible au ventre, elle confia d'une voix brisée, tremblante.

- Ils s'étendent jour après jour, ils sont de plus en plus lourds. Je les sens ... écarter ma peau.

L'idée d'un jour devenir une statue rigide, immobile la terrifiait, et cette pensée était présente depuis plusieurs mois déjà. Ses jambes lâchèrent finalement, la laissant tomber à genoux sur les briques froides de ces ruines. Elle gardait sa bouche ouverte, ses mains encerclaient sa gorge comme si elle essayait elle-même de s'étrangler. Plus aucun souffle ne sortait, elle n'arrivait plus à parler. Bérene esquissa des yeux mues d'une angoisse palpable. Forçant sa voix à sortir, comme un hurlement strident, Ophélia ne put qu'implorer.

- Pitié ... tue-moi !

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Tout ce qu'il faut c'est cinq minutes EmptyJeu 22 Avr - 17:17
Irys : 848357
Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Lorsque son baiser lui fut rendu, avec la douceur par laquelle il caractérisait Ophélia, Adam pensait que le plus dur était passé. La sentir contre lui comme elle était dans son souvenir...depuis le temps qu’il l’espérait...C’était un baume sur ses émotions tumultueuses, entrevoyant enfin un bonheur possible alors qu’il vivait dans les limbes depuis son réveil.

Ophélia se recula bien trop vite a son goût, laissant l’espoir s’échapper en même temps. Désormais les deux femmes se superposaient par intermittence, alors que les effets de la magilithe s’estompaient. Un coup il s’agissait de sa douce, laissée il y a des années dans le nord du continent, un autre coup il s’agissait de l’aveugle qui l’avait attaqué.
Alors que le monde retrouvait ses couleurs, les quelques larmes qu’il pouvait sentir couler sur son torse finirent par se mélanger au sang qui s’échappait toujours de ses plaies. La douleur lui revenait en même temps, cependant la culpabilité qui lui écharpait le coeur le détruisait plus encore. Il ne pouvait plaider que coupable face aux reproches.

Les petits poings qui s’en prenaient à lui enfonçaient un peu plus le clou à chaque impact. Chaque vérité claquait comme le fouet d’un bourreau. Et même si il mourrait de se justifier, que c’est elle qui était partie, aucun mot ne sortit alors qu’il détaillait avec effroi la marque qu’elle lui montrait.

Ils ... ils m'ont vraiment tuée, Adam. Je suis morte


Pourtant il le devinait bien là, son muscle vital, qui pulsait au même rythme que leurs sentiments. Les bons, comme les mauvais, mais tellement puissants et destructeurs. La mort lui avait laissé une étrange et belle trace, semblable à sa nouvelle propriétaire. Il comprenait désormais, la peine ne l’avait pas épargnée elle non plus. Le pourquoi de tant de haine envers le monde, sans même connaître les circonstances exactes de son calvaire.

Je te cherchais toi et ils m'ont abattue

Savoir qu’elle le considérait comme responsable de sa mort était la pire punition qu’on pouvait lui infliger. Aussi il se laissa faire lorsque sa main fut amenée sur les cristaux brillants.
Oui, elle était bien de ces êtres dont la magilithe rongeait l’existence après la mort. Il n’en avait jamais côtoyé de près, mais la sensation sous ses mains était réelle. La peau légèrement gonflé à la limite des pierres ne trompait pas quant à leur implantation dans la chair qu’il avait autrefois parcouru de ses mains.

Comment en étaient-ils arrivés là ? Il n’eut même pas le loisir de réfléchir à la réponse qu’il suivi Ophélia dans sa descente. Il la regarda avec effroi lorsqu’elle tente de s’étrangler.

tue-moi !

Elle ne pouvait pas lui demander ça, pas alors qu’il venait de la trouver !

« Non non non... »

Ses mains se posèrent sur les poignets délicats d’Ophélia et écartèrent ses mains sans douceur. Sa force mal dosée la fit basculer en arrière, son crâne se retrouvant une nouvelle fois au sol sans y avoir été préparé.

« NON ! »

Son cri avait fait se rapprocher les deux spectateurs, les amenant à quelques pas seulement du couple maudit. L’échange n’avait pu leur échapper, tout comme les gestes équivoques, dénotant que le soldat et l’anomalie avaient un jour partagé autre chose que la violence qui les entourait actuellement. Les mâchoires serrées de rage, le Lieutenant la fusilla des yeux.

« Tu ne peux pas me demander ça ! »

Aussitôt, il se retrouva à nouveau avec une lame sur la gorge. Il était facile de comprendre que le compagnon d’Ophélia avait profité de l’éclat du militaire pour se rapprocher de lui. Le tireur d’élite avait réussit à lui loger une balle dans le bras au moment où le jeune homme s’était dirigé vers son supérieur, mais pas dans un endroit suffisamment stratégique pour que ça l’empêche de le prendre en otage.

« Tu poses tes armes et tu recules loin »

« Fait ce qu’il dit Nielsen »

Adam se doutait bien que son compagnon d’arme serait frustré mais celui-ci ne prit pas le risque de voir son chef se faire saigner. Sans renforts, il n’avait d’autre choix que d’obéir, trop loin de l’aveugle pour s’en servir à son tour de prisonnière. Le lieutenant sentait bien que le bras blessé du gamin tremblait et qu’il pourrait avoir le dessus malgré sa propre faiblesse qui commençait à poindre. Il laissa cependant l’illusion perdurer le temps que l’armure assistée s’éloigne suffisamment.

« Amènes-la gamin et protèges-la... »

Les mots pouvaient paraître étonnant pour quiconque aurait assisté seulement au début de la scène. Il était pourtant évident que les choses avaient évoluées. Ce n’était plus une simple mission, et en l’état actuel il se fichait bien de savoir si il était déloyal envers l’armée, il ne pouvait pas trahir Ophélia plus qu’il ne l’avait déjà fait.

Les masques étaient tombés. Leurs esprits étaient aussi instables et en colère l’un que l’autre. Leurs vies étaient toutes deux des ruines, et le futur paraissait bien sombre. Autant d’éléments qui les rapprochaient, et auxquels Adam se raccrochait.

« Ophélia...tu représentes trop pour que je te tue…je préfère que tu me prenne pour un lâche... »

Alors même si avoir demandé au rouquin de protéger celle qui lui était cher lui avait laissé un goût amer, il valait mieux ça que de la voir mourir. En son fort intérieur, il savait qu’elle ne pourrait être sauvée, mais il ne pouvait s’empêcher de se voiler la face. Tant qu’elle respirait, il pouvait s’imaginer une autre réalité que celle terrible où ils vivaient. L’abandonner, encore une fois, lui semblait la meilleur chance qu’elle survive. Quitte à la laisser dans les mains de celui qu’il avait envie d’étrangler.

Lequel n’avait le choix qu’entre tenter de le tuer, sachant que le militaire lui avait déjà mis une raclée, et aller chercher celle qu’il protégeait pour s’enfuir avec elle, profitant de la chance qui leur était présentée par l’ennemi.

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