| | Althéa Ley Ka'Ori
| Ven 29 Sep - 23:35 | | Irys : 507592 Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
| - Première Missive:
9 Novembre 932, Sur les routes de Khurmag Chère Faye,
En ton honneur, j’ai troqué mes plumes d’apparat pour une plume unique, destinée à l’écriture. Elle me permettra de coucher sur ce papier un événement que j’eus préféré enfouir dans ma mémoire, mais que je ressens le besoin ardent et inexplicable de te relater, aussi sinistre soit-il.
Je ne sais commencer cette lettre autrement que par des banalités, car ce qui s’ensuit a assombri ma journée d’une telle façon que mal l’introduire te perdrait dans un flot néfaste d’informations, mêlées à la kyrielle de mes propres émotions. Je vois déjà tes yeux parcourir frénétiquement et diagonalement ma missive en espérant trouver un indice, une explication à ma confusion, mais si j’ai retenu ton attention suffisamment longtemps, je t’en conjure, lis mes phrases dans l’ordre que je leur ai octroyé. Je t’avais promis des nouvelles, et il est peu de promesses que je saurais tenir avec une telle ferveur. Celle-ci fera office de rédemption pour toutes celles j’ai négligé par le passé, et aux devoirs que je manquerai à l’avenir. J’espère que cette considération en elle seule saura apaiser ta crainte.
Sois indulgente, je te prie, car mon écriture est rendue tremblante par le Khoral, et ses courants d’air mordants me transpercent même à l’abri de ma tente. En relisant mes mots, je me rends compte que je tergiverse, sûrement parce que je me noie dans mes propres pensées.
J’arrête là le suspense. Quel bénéfice en tirerais-je ? Ces derniers jours, j’ai voyagé aux côtés de mon clan. Jusque-là, rien qui fût différent de ce que je t’avais annoncé en partant. Une terrible explosion s’est fait entendre non loin de notre position, et nous nous sommes rendus sur les lieux. Une mine Daënar se trouvait là. Les blessés étaient nombreux, j’ai secouru au mieux les rescapés. Je ne tiens pas les habitants de l’Est dans mon cœur, mais ma foi je ne tenais pas à leur mort non plus.
Il a fallu s’enfoncer dans les souterrains, et c’est là que les péripéties s’enchaînent. Et me perturbent. J’ai affronté des arcnobions, et de multiples éboulements, survécu à la technologie daënar et à la daënarmythe qu’ils emploient pour faire réduire à néant tout ce qui a le malheur de se trouver sur leur chemin. Enumérés comme tels, ces aventures ont un côté épique qui dépeint très mal la réalité. L’obscurité prédominait, et se faisait l’asile d’une certaine peur de la mort dont je n’ai pris conscience qu’une fois sortie des souterrains. C’est paradoxal, mais je n’avais guère le temps d’y songer sous terre. Cette angoisse m’étrangle encore, alors que l’immensité blanche de la poudreuse ne m’offre qu’un infini absolu et une liberté inégalée peu importe la direction vers laquelle se porte mon regard. J’ai peur d’être enfermée encore dans ces galeries où l’on ne voit pas plus loin qu’à dix pieds, où l’on respire aussi bien que sous une couverture de fourrures.
Il y a eu beaucoup de morts, je ne te le cacherai pas. Puisse Möchlog veiller sur eux malgré leur hérésie. Ne pleure pas leurs âmes, ils connaissaient les risques qu’ils encouraient. Selph en revanche, y a trépassé sans connaissance de cause, au nom de l’altruisme seulement. Et cela m’indispose. Il n’était pas un élément indispensable de notre clan, mais il n’en demeurait pas moins l’un des nôtres. En quoi cette ruée vers la magilithe le concernait-elle ? Et nous concerne nous autres, my’träns ? Ce n’est pas notre combat, ce ne sont pas nos desseins. Mais c’est notre territoire, et Selph était notre compatriote. La paix ne se paye pas par la peur. La paix ne justifie pas leur inconscience.
Je t’envoie mes plus chaleureuses salutations, voleuse de flammes. Ne laisse pas mes préoccupations ternir ton sourire, sans quoi je me devrais de mentir à l’avenir.
Althéa Ley Ka’Ori
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| | | Althéa Ley Ka'Ori
| Dim 21 Jan - 17:26 | | Irys : 507592 Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
| - Deuxième Missive:
16 Novembre 932 Reoni Chère Flamme,
J’attendais patiemment ta réponse avant de rédiger ma seconde lettre, mais le temps passe, presque moqueur, et un besoin pressant de m’ouvrir à toi avant l’heure croît dans la même mesure. A tous les coups, le messager au griffon, bien moins majestueux que Moe, aura égaré ma lettre ou perdu ta trace. Je lui en aurais voulu si le Khoral n’avait pas expliqué ce plausible délai. Après tout, j’ai pu constater à mes dépends combien tu étais introuvable. Pour être honnête, tout cet épilogue n’est dédié qu’à te prier de toute mon âme de ne pas confondre mon empressement avec un reproche implicite, mais je crois que je suis tout à fait incapable d’aller droit au but.
Avec un regard en arrière empreint de regret, je m’attriste des propos que j’ai tenu au cours de ma précédente missive. Je pense avoir trop assimilé le chagrin de mes confrères. Ils me rappelaient continuellement que Selph leur manquait cruellement, que l’oubli dont sont privés les disciples de Khugatsaa est une malédiction autant qu’un don. Je ne peux qu’abonder dans leur sens, et si je les savais moins dévots, je les aurais poussés à suivre le même chemin que moi, et délaisser cette voie néfaste comme j’ai pu le faire par le passé. Je ne comprends guère comment un Architecte saurait se résoudre à faire souffrir de la sorte ceux qui lui sont dévoués. Pourquoi refuser d’atténuer leur peine ? Parfois j’oublie le prénom de Selph, et je crois que le souvenir de son visage n’est que le fruit de mon imagination, laquelle s’appuie sur la description que m’en faisaient mes frères le premier soir des rituels d’adieux. Il n’est plus une réalité que j’ai connue. Ce sentiment est étrange et réconfortant à la fois. Leryan était terrassé alors même qu’on ne le connaissait pas si bien ! Cela me rend folle de ne pas pouvoir apaiser leur détresse, mais j’ai pu au moins l’amoindrir un tant soit peu grâce à Möchlog, béni soit-il.
Pour être brève, ne t’inquiète plus de ce que j’ai pu avancer dans la lettre précédente, je me porte à merveille, pour ainsi dire, depuis que je me suis éloignée de leur détresse. J’ai rendu visite au khorog et au gharyn de Reoni, et ils ont bien accueilli mon intervention auprès de la mine. Ils me font suffisamment confiance pour enquêter une maladie supposée incurable d’un village voisin. Je verrai ce qu’il en est, mais l’exploitation minière des Daënars est peut-être (une nouvelle fois) à l’origine de leur mal. Je confirme ma position que les Daënars n’ont rien à faire sur nos terres, et pire, que leur présence est un blasphème aux architectes qu’ils ont rejetés il y a de ça bien longtemps. Qu’ils jouissent de leur indépendance, mais qu’ils ne viennent pas clamer leur hérésie parmi les pieux et en terres sacrées ! Leurs mœurs se résument-elles donc à leur avidité seule ? Je n’ai rien contre eux pourvu qu’ils laissent My’trä en dehors de leurs vices.
Je m’en dois rejoindre une nouvelle amie à moi, guérisseuse également, faite sur le chemin. Nous avons beaucoup de divergences sur nos conceptions de vie, mais c’est une alliée de taille, et nous avons une mission importante à mener à bien. J’ignore si vous seriez capables de vous entendre, les Suhurs sont des caractères très forts, mais c’est une excellente compagne de voyage.
A tantôt, Faye. Althéa Ley Ka’Ori
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