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 Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]

Meylan Lyrétoile
Meylan Lyrétoile
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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptyMar 10 Oct - 22:18
Irys : 960453
Profession : Ménestrelle
My'trän +2 ~ Khurmag
25 août 932 sur une place du quartier de Khugatsaa de Darga

L’été, malgré la chaleur inévitable qu’il apportait, était toujours une période animée à Darga.  Le nombre de voyageurs augmentait de manière considérable, les jours étaient plus longs, la météo des plus clémentes…  La fin de l’été en particulier, avec les moissons et autres récoltes, apportait toujours une atmosphère de liesse et son lot de fêtes et festivals en tous genres.  C’est à l’un de ces festivals que Meylan participait en ce moment, lyre en main, couronne de blé doré tressée dans ses cheveux, son éternelle cape brodée d’argent sur les épaules.  Car aucune fête ne pouvait prétendre être complète sans un bon programme musical, certainement pas une fête organisée dans le quartier de Khugatsaa, l’illusionniste gardien de la mémoire et favori de nombreux ménestrels (dont la ménestrelle qui se produisait à l’instant.)

Pour honorer le caractère festif de l’événement, Meylan avait bien évidemment dû choisir ses morceaux en conséquence.  Pas question d’inquiéter ou de choquer son public (composé pour une part non négligeable d’enfants.)  Mis à part cette simple restriction qu’elle s’était fixée, elle avait autrement allègrement pioché dans des genres très différents, s’arrangeant pour qu’il y en ait pour tous les goûts tout en gardant un enchainement fluide entre les différents styles.  Elle aimait ce qu’elle faisait tout autant (ou probablement même plus) que ses spectateurs appréciaient son art.  Malgré tout, un festival tel que celui-ci restait pour tout artiste qui s’y produisait un marchepied, une tribune d’où il ou elle pouvait à loisir dévoiler l’étendue de ses talents.  Ceux qui marquaient les esprits pouvaient espérer voir une augmentation considérable de leur prestige (et de leurs moyens durant les mois à venir.)  Dans le laps de temps qui lui avait été accordé, Meylan avait fait rêver son public, l’avait fait rire et pleurer, l’avait fait danser, l’avait transporté dans des mondes éloignés…  Parfois, elle accompagnait son art d’une subtile illusion, souvent elle laissait sa lyre et sa voix se charger de tout.  

Le dernier morceau, comme on pouvait s’y attendre, était le point culminant de la représentation.  Commençant lentement, la ménestrelle augmenta le rythme graduellement, presque imperceptiblement tant le changement était subtil.  Après le premier refrain, de nombreuses voix fredonnaient la mélodie.  Après le second couplet, quelques couples se mirent à danser sur l’air devenu plus rapide.  Quand Meylan arriva au bout de son morceau, la moitié de son public était à bout de souffle et l’autre moitié avait les yeux pétillants.  Elle se leva alors, salua profondément comme tout artiste qui se respecte, et se tourna pour quitter la scène et la laisser à quiconque devait l’occuper après elle.


Dernière édition par Meylan Lyrétoile le Mar 3 Avr - 10:09, édité 1 fois

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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptyJeu 12 Oct - 21:49
    Les fêtes estivales en Suhury étaient aussi réputées pour leur splendeur que pour la myriade d’artistes qui s’y succèdaient, certains en faisaient même un passage obligé, une sorte d’étape dans leur éternel périple à travers My’trä et le public pouvait les retrouver chaque année, munis de nouvelles chansons ou de nouveaux spectacles. La ville brillait et ne dormait quasiment pas, les maisons se paraient de banderoles chamarrées et l’on buvait autant que l’on mangeait du soir au matin.

    Odard n’était pas de ceux-là.

    S’il aimait festoyer comme tout un chacun et se produire comme tous ses confrères le barde se trouvait à Darga car l’arrivée massive d’artistes impliquait des cohortes d’artisans, dont des luthiers de renom qui officiaient jour et nuit le temps des festivités. Son Luth avait besoin d’un coup de jeune, ses cordes faisaient peine à voir et son vernis commençait à s’écailler par endroits. Et hors de question pour un ménestrel de la trempe d’Odard que de malmener son Luth, pire encore de se ridiculiser en faisant grincer un instrument malade.

    Il était donc comme tout accro particulièrement maussade, et d’une humeur qui frisait la crise de nerfs. Son épaule réclamait à cor et à cri le poids familier de l’instrument et même sa démarche s’en trouvait bouleversée tant le Luth était une extension de lui-même.

    C’est là que le drame se produisit.

    Des spectacles à Darga ce n’était pas ce qui manquait, bons ou mauvais il n’y avait qu’à flâner quelques minutes pour tomber sur un nouveau chanteur, jongleur, ou encore une troupe de théâtre. Mais ce spectacle là lui fit grincer des dents tant il était bon, la barde avait su insuffler cette vie dans son public, le faisant tour à tour chanter et danser avec elle. C’était du beau boulot, quelque chose qu’il ne parvenait pas toujours à accomplir suivant les auditoires.

    Et ça il ne pouvait pas le supporter.

    Mais qu’est-ce donc que ces piaillements nasillards ma mie? N’avez vous donc aucun respect pour vos ouailles? Ces gens ne sont-ils que des cobayes à vos yeux pour que vous malmeniez ainsi leurs pauvres esgourdes? Par les Saints Rognons gente dame, si vous continuez je gage que vous parviendrez même à invoquer la pluie. Par pitié rangez donc votre crincrin et laissez les vrais artistes faire leur travail. Ah si j’avais eu mon Luth ma mie, j’aurais montré à ces bonnes gens ce qu’un véritable barde sait faire.”

    Ces gens n’avaient aucun goût, la plupart étaient soit saouls soit trop stupides pour faire la différence entre un violon et un chat qu’on égorge, eussent-ils déjà vu l’un ou l’autre. Le barde fulminait et même s’il se rendait compte que ce n’était rien d’autre que la plus pure et ignoble jalousie il n’en démordait pas. Ah comme il aurait aimé faire danser et chanter ces gens, ils auraient même pu se partager la scène et faire vibrer Darga comme jamais.

    Mais il était seul, comme nu sans son Luth et tristement furieux.

Meylan Lyrétoile
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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptySam 14 Oct - 22:43
Irys : 960453
Profession : Ménestrelle
My'trän +2 ~ Khurmag
Lorsque la voix s'éleva dans l'assistance, Meylan se retourna pour faire face à sa source.  Elle ne fit pas l'erreur de faire un mouvement brusque, causé par la surprise, mais prit le temps de pivoter calmement sur elle-même.  L'attaque verbale avait déclenché une vague de brouhaha dans l'assistance, brouhaha dont la ménestrelle pouvait plus ou moins deviner la teneur, faute d'entendre quoi que ce soit distinctement.  Ses yeux parcoururent son public lentement, sans précipitation.  Elle n'eut aucun mal à identifier l’élément perturbateur.  Maintenant silencieux et apparemment satisfait de sa tirade, il la toisait, pour autant qu’on puisse toiser quelqu’un tout en se tenant en contrebas de cette personne.

Après son récent succès, Meylan pouvait se permettre de laisser un temps passer avant de répliquer.  Elle s’autorisa un mince sourire de défi au trouble-fête et profita de la courte pause pour jauger la situation.  Pour le moment elle avait l’avantage: elle se trouvait face à un public qu’elle venait de conquérir et possédait une position surélevée, forçant l’autre à lever les yeux pour atteindre les siens.  C’était une situation à double tranchant, car cela voulait aussi dire qu’elle était exposée à tous leurs regards sans espoir de dissimuler la moindre de ses réactions.  De plus, elle avait remarqué qu’elle faisait face à un bon public… ce qui voulait dire qu’il pouvait réagir aux piques du nouvel arrivant avec autant d’enthousiasme qu’il avait participé à sa représentation.  Elle aurait pu à l’aide d’une illusion se grandir ou éveiller la fascination de ses spectateurs, mais c’était un pari risqué.  Si l’homme était en effet un barde (ce qui, au vu de son vocabulaire, était probable), il était probablement habitué à de tels tours de passe-passe et n’hésiterait pas à les dénoncer pour les retourner contre elle.  Non: elle ne pouvait décidément compter sur aucun autre artifice que son éloquence.

Elle plongea ses yeux dans ceux de son rival (car il s’était octroyé ce titre par son comportement) et maintint son regard sans ciller.  Il venait de lancer une attaque en règle, maintenant la riposte arrivait.

"Tant de verve, tant d’éloquence gâchées, sacrifiées sur l’autel de la mesquinerie.  Vraiment, messire, manquez-vous à ce point d’imagination que vos talents soient ainsi pauvrement employés à salir ceux qui en sont pourvus?"

Ni colère ni offense dans son ton.  Elle parlait d’une voix calme mais claire, habituée à se faire entendre jusqu’au fond de l’assistance sans pour autant agresser l’ouïe des premiers rangs.  Si un quelconque sentiment devait colorer sa voix, il se rapprochait probablement plus de la déception.  Déception qu’un artiste comme lui emploie ses dons non à son art mais au dénigrement de celui d’une autre.  Dans une joute verbale comme celle qui venait de commencer, ce qui comptait n’était pas ce que l’on pensait.  C’était ce que l’on laissait penser.  Tout était une question d’improvisation, d’éloquence et de jeu d’acteur.

"À moins bien sûr que votre seul souci ne soit celui fort honorable de défendre votre prochain contre tout art que vous n’estimez pas digne de lui.  Pourquoi, après tout, laisser à un public le soin de juger par lui-même de la qualité de ce qu’on lui présente, quand on peut déterminer à l’avance ce qui pourra lui être offert?  Sûrement votre jugement supérieur est-il meilleur conseiller que les goûts du grand public."

Pour cette seconde partie, ses yeux s’étaient en partie détachés des siens.  Tout en maintenant un certain contact visuel, elle jetait des coups d’oeil en coin à l’assistance, prenant ses spectateurs comme témoins de ce qu’elle avançait, les encourageant à se rebeller contre une telle censure.  Elle dansait sur la corde raide, car prendre à parti le public n’était jamais sans risques.  L'autre pouvait en faire autant et retourner ses spectateurs contre elle: il parlait avec l’assurance et l’aisance que seule la pratique apportait.  Entre eux deux, la partie serait serrée.  Le duel était engagé, que le meilleur gagne.

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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptyDim 15 Oct - 21:52
    Oooh toi tu vas saigner du nez… C’est la première chose à lui être passé par la tête après cette tirade rondement menée, elle voulait la guerre la gueuse? Elle l’aurait, et plutôt deux fois qu’une! Du genre de guerre qui ne fait ni morts ni blessés mais qui renvoie les perdants gémir dans un coin la queue entre les jambes, humiliés autant qu’on peut l’être, couverts de honte et baignants dans leurs propres larmes. Très bien! Le barde se racla la gorge assez fort pour que tous ceux qui attendaient la suite fassent taire ceux qui beuglaient soit de colère soit parce que d’autres braillaient autour d’eux, mais hurlaient bel et bien.

    Tant de nerfs, tant de dents vrillées, sacrifiés sur l’autel de vos piailleries ma mie. Et vous parlez de mesquinerie, vraiment? Mais quelle arrogance vous pousse à croire que vous êtes pourvue d’un quelconque talent? Ces nobles gens? Ne connaissez vous pas l’adage qui dit que faute de grives on mange des merles? Voilà ce que vous êtes, un lot de consolation ma mie, un supplice que l’on s’inflige de mauvaise grâce afin de se dire que l’on est pas venu pour rien et dans l’espoir de finir par trouver mieux.”

    Surtout ne pas prendre le public à parti, puisque c’est finalement lui qui déciderait de l’issue de ce duel. Si jamais ils avaient l’impression que l’un ou l’autre leur portait un jugement de valeur tout serait fini, ils risquaient même de terminer dans une fontaine, ou pire, dans une poubelle.

Vous voulez jouer avec les mots? Très bien, je n’en manque pas!
Mais sachez que de la cuillère je n’irai pas avec le dos, il vous en cuira!”

    Tant qu’à jouer autant le faire complètement, rime avec ça ma grande, se dit-il intérieurement. L’exercice était risqué mais sur le terrain des mots le barde se sentait tout à fait à l’aise même s’il était certain d’avoir à livrer une âpre bataille. La jeune femme ne manquait elle non plus pas d’éloquence et avait de par sa prestation acquis la sympathie du public, il ne lui restait plus qu’à lui arracher, et frapper jusqu’à ce qu’elle s’écroule. C’était jouable, risqué mais jouable.

    Souriant de toutes ses dents et écartant les bras de manière théâtrale Odard repartit au combat.

Allons donc ma mie, n’avez vous donc rien à dire?
Est-ce si humiliant que vous préféreriez déjà partir?
Toute cette populace massée ici vous adore
Mais attendez donc que je passe afin qu’elle vous abhorre!
Ma mesquinerie vous semble bien indigeste
Mais votre fierté n’est-elle pas tout ce qu’il vous reste?”

    Finalement, il se sentait de mieux en mieux, cette journée qui avait pourtant si mal commencée prenait une tournure des plus inattendues, mais ce jeu était une vraie délectation. Le public réagissait lui aussi et ceux qui ne riaient pas aux éclats huaient tandis que d’autres roulaient de grands yeux en direction de la barde, attendant sa riposte. Si elle échouait maintenant tout serait perdu pour elle, mais le barde était persuadé qu’elle n’avait pas livré son dernier mot.

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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptySam 21 Oct - 13:30
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Profession : Ménestrelle
My'trän +2 ~ Khurmag
Tiens donc, le voilà qui sortait le grand jeu à présent.  La prose avait maintenant cédé place à la poésie, amenant leur duel sur un terrain encore plus glissant.  Soit cet homme aimait vivre dangereusement, soit il avait un très grande confiance en lui.  Qu’importe: Meylan était bien décidée à rendre coup pour coup.  Elle ne savait pas qui était censé monter sur scène après elle, mais cette personne risquait fort de voir sa prestation compromise par ce nouveau développement.

"Un merle, c’est donc ce que je suis à vos yeux?
Ma foi, il est des volatiles moins mélodieux.
Vous, messire, ne valez pas mieux que le coucou:
vous recherchez le succès à un moindre coût.
Car si vous ne pouvez briller sans écraser,
oh, vraiment, il n’y a pas de quoi pavoiser.
Est-ce la jalousie ou l’arrogance qui vous guide?
Hors de vos médisances votre discours est vide.
Tel un paon vous vous pavanez et faites la roue,
hélas, votre arrogance manque cruellement de goût."


Récupérant le domaine des oiseaux, elle déclama ces alexandrins sur un ton mélodieux, bien qu’elle n’aille pas jusqu’à les chanter.  Plus tard, peut-être.  L’autre barde avait raison de supposer que Meylan avait sa fierté, et à une époque il aurait peut-être même eu raison de dire que celle-ci était sa seule ressource.  Mais cette époque était révolue, et heureusement, car la fierté seule ne pourrait pas défaire l’importun.  Il lui faudrait un savant mélange d'éloquence et de jeu d'acteur apparaissant naturel. Et, pour le moment du moins, quelques noms d'oiseaux.

Et quel public leur joute verbale avait!  Huée quelques instants plus tôt, elle était à présent applaudie.  Ces gens se moquaient bien de la querelle qui venait d’éclater entre elle et le nouveau-venu, tout comme ils se moquaient probablement de l’issue de cette querelle.  Ils étaient venus pour un spectacle et se délectaient à présent de celui, improvisé, qui se déroulait devant eux.  Ils assistaient, ravis, à cette voltige, changeant de camp au fil des ripostes avec la rapidité d’une girouette prise dans un tourbillon.  Tant qu’aucun des deux rivaux ne trébuchait, il était peu probable que l’autre parviendrait à porter le coup de grâce.

Quant aux réflexions et motivations de son concurrent, seuls Khugatsaa et lui-même les connaissaient.  Et, très honnêtement, Meylan s'en moquait.  Il avait décidé qu'il voulait ternir son récent succès pour des raisons qui ne regardaient que lui, et maintenant elle se trouvait en position de légitime défense.  Perdre la face signerait l'arrêt de mort de sa carrière, et ceci était absolument hors de question.

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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptyDim 29 Oct - 21:44
    Ce qui était sûr c’est que le public en avait pour son argent, d’ailleurs les pieds des deux combattants se couvraient désormais de piécettes jetées avec force vivats et exclamations. Certains avaient l’air de prendre la chose à la rigolade voire de suspecter une connivence entre les deux artistes tandis que d’autres se prenaient au jeu et criaient leur outrage à tue-tête. Ceux-ci étaient les plus fervents et fidèles car ils vivaient totalement le moment et semblaient presque aussi furieux que les deux oisillons qui piaillaient l’un sur l’autre.

Un merle, un paon. Voilà de beaux noms d’oiseaux.
Mais oserais-je dire que vous n’êtes qu’un pinson? Un moineau?
Vous égrenez vos trilles sans vous soucier.
Un seul instant de la douleur qui nous étrille.”

    Le barde laissait désormais des temps morts entre chaque strophe, tant pour jauger le public que pour lui laisser le temps de s’approprier les vers. Une légère illusion lancée après sa tirade fit s’envoler des moineaux qui crièrent avant de tomber raides morts sur la foule.

Comme ces pauvres oiseaux je me noie je me meurs ma mie.
Car chaque son qui sort de votre bouche est une infamie.
Mais n’espérez pas me voir disparaître sans laisser de traces.
Je suis aussi solide et coriace que vos glapissements m'agacent.”

    Son dernier tour avait déclenché l’hilarité générale et sans craindre d’en faire trop il en rajouta une dernière couche, faisant se tortiller et tordre de douleur les moineaux au sol. Le moment était venu de placer le coup de grâce et de voir ce que la jeune femme avait encore en réserve.

Un instrument de mort voilà ce que vous êtes.
Arrêtez vous par pitié de peur que n’explosent nos têtes.
Nous ferez vous la grâce de vous retirer avant l’heure?
Comme un roi vieillissant abdique et puis meurt?”

    Les moineaux cessèrent soudainement de bouger puis explosèrent dans une gerbe d’étincelles accompagnées de panaches de fumée. Du sang aurait été bien plus réaliste mais il craignait de choquer le public ce qui ne lui vaudrait rien de bon. Le barde s’inclina en une révérence et lui fit signe que c’était son tour de parler, si elle le pouvait encore.

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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptyJeu 23 Nov - 21:53
Irys : 960453
Profession : Ménestrelle
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Après les vers, le voilà qui avait ressort aux illusions.  Si elle ne comprenait toujours pas ce que son concurrent voulait obtenir (peut-être simplement la satisfaction mesquine d’avoir gâché son succès?), Meylan ne pouvait qu’admettre qu’il connaissait son art.  Ses illusions étaient précises et élégantes.  En fait, ses illusions étaient jusqu’ici le seul point qu’elle avait repéré comme étant potentiellement problématique pour elle.  C’était dur à dire en se basant sur un exemple aussi bref, bien sûr, mais il lui semblait qu’il avait un niveau de maîtrise supérieur au sien.  Ses illusions à elle étaient plus diffuses, stimulant les différents sens de ses spectateurs tout en laissant leur imagination effectuer une partie du travail.  Seules quelques-unes d’entre elles avaient le visuel travaillé et plus vrai que nature des oiseaux qui venaient de s’évaporer.

Mais illusions travaillées ou pas, Meylan ne se laisserait pas défaire facilement!  Si elle n’utilisait les renforcements visuels qu’avec parcimonie lors de ses représentations, c’était parce qu’elle avait d’autres tours dans son sac.  Ou, plus précisément, un de ses autres tours pendait en ce moment à son côté, récemment rangé et plus délaissé pour longtemps.  Sa lyre.  Elle avait laissé l’autre barde dicter la forme de leur duel jusque là, maintenant elle reprenait les choses en main.  Sa lyre aussi, elle la reprit en main.  Les étincelles que l’autre avait si obligeamment fournies se rassemblèrent élégamment pour venir rehausser le motif étoilé gravé dans le bois de l’instrument, illustrant ainsi le nom de celle qui le tenait.

"Jamais encore mourant ne fut plus éloquent.
Au seuil du trépas vous voilà grandiloquent.
Est-ce votre testament, votre chant du cygne?
À demi-mort, le poète persiste et signe."

Elle avait accompagné ce couplet de quelques discrets accords tirés d’une marche funèbre bien connue.  Une ambiance solennelle que la situation actuelle teintait d’une certaine ironie.  Il était temps que quelqu’un fasse remarquer à ce gêneur qu’il était d’un dramatisme ridicule.

"N’avez-vous pas honte d’obscurcir ce jour de liesse?
Voilant les réjouissances avec vos hardiesses,
C’est vous l’ombre au tableau, le spectre en pleine lumière.
Votre condescendance est mauvaise conseillère."

Le ton de sa lyre avait changé et hésitait maintenant entre les notes festives de circonstances lors d’un festival et la mélodie plus sombre qui accompagnait traditionnellement les mauvais présages dans les ballades populaires.  La pratique aidant, elle parvenait sans mal à superposer, à mêler ces deux genres pour illustrer ses mots.

"La fête bat son plein, un oiseau moqueur fait tache.
Pourquoi à tout prix lancer des sujets qui fâchent?
Ainsi, mon répertoire vous assassine, dites-vous?
Voyons donc ce qui serait plus à votre goût."

Toujours accompagné de sa lyre, elle était passée au chant pour ce dernier couplet.  Sa voix était claire et assurée, magnifiée par la mélodie qu’elle tirait de sa lyre.  Car, s’il arrivait à Meylan de rehausser ses spectacles d’illusions comme tant d’autres de sa profession, son véritable talent se trouvait dans la musique pure.  C’était en chant qu’elle excellait.  En chant et à la maîtrise de ses chers instruments.

Une note de défi perça dans les dernières syllabes de cette strophe.  Car il ne s’agissait ni plus ni moins d’un défi (encore un!) qu’elle lançait à son rival: celui de captiver son public à l’aide de son art, puisqu’il clamait depuis un moment déjà être plus talentueux qu’elle.  En temps normal, elle aurait eu des scrupules à défier ainsi un confrère qui très clairement se trouvait sans son instrument (elle aurait même eu de la sympathie pour le sentiment de manque que cet état des choses devait lui causer.)  Mais en temps normal, on ne commençait pas par l’attaquer publiquement.  Pas de quartier pour ce genre de gêneurs-là.  Qui plus est, si le barde qui lui faisait face était un aussi bon illusionniste qu’elle le soupçonnait, il n’était pas tout à fait dépourvu de ressources.

OOC: Pfiou, dééésolée pour le retard. Entre irl et les vers qui refusaient de venir, j'ai un peu traîné pour ce post. :-/ Promis, j'essaie de faire plus vite pour le prochain. Smile

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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptyMar 5 Déc - 7:05
    Un coup bas. Voilà ce que c’était. Une ignominie perfide et odieuse, assénée sans scrupules ni remords. Une déclaration de guerre. Oh aurait il été en possession de son Luth que ces badauds se seraient rués sur scène pour reprendre les pièces gracieusement jetées et en garnir les poches du barde. Aurait il été plus subtil et moins sot qu’il ne se serait pas jeté volontairement dans la gueule du loup. Ce loup habilement déguisé en agneau derrière ces traits doux et juvéniles, ce fauve qui dardait son regard carnassier entre deux battements de paupières. S’il avait su…

    Mais il était nu et seul au milieu d’une foule qu’il n’avait pas conquise, puisqu’il était l’assaillant ici. Il était l’audace et la mesquinerie, le vilain jaloux qui lassé de son existence insipide et impuissant face au néant de son talent venait corrompre et ronger la joie des autres. Mais était il vraiment cela? En cet instant Odard se tenait droit face à cette foule qui le haïssait sans rien oser de plus que des sifflements, se plongeant dans ses souvenirs pour tenter d’y discerner le vrai du faux. Certains actes, certains moment pèsent plus que d’autres et il lui semblait se tenir là au pinacle de son existence, où il était nu comme au premier jour et jugé comme un traître. Qu’était il sinon un homme bon? S’était il déjà réjouit du malheur d’autrui?

    Oui.”

    Avait il volé, menti ou escroqué l’un de ses pairs?

    Oui.”

    Chacune de ses questions trouvait sa réponse en écho dans son esprit et sans rien dire ni bouger il encaissait coup après coup. Avait il mérité ça? Peut-être. Mais le coup était trop bas, trop déloyal pour qu’il puisse le tolérer, l’eût il mérité mille fois.

    Il était nu et seul, prêt à courber l’échine et accepter le juste châtiment du chaos qu’il avait provoqué par pure mesquinerie. Mais il n’était pas démuni, loin de là. Un sursaut de fierté, c’était tout ce qu’il lui fallait, ne jamais baisser la tête, ne jamais tendre l’autre joue. Jamais. Impossible pour lui de conjurer de la musique dans l’esprit de tant de gens, c’était bien au delà de ce qu’il pouvait faire. Mais il pouvait toujours changer la donne.

    L’oisillonne voulait s’amuser? Il allait lui rendre au centuple. Il n’était pas forcément certain de l’efficacité ni de la portée de son sort, tromper les sens d’une foule entière était impossible alors il agit à la source, ajoutant à chaque son qui sortait de la bouche de la jeune ménestrelle le cri strident d’une chèvre à l’agonie sans toutefois parvenir à masquer complètement sa voix ni le son de son instrument. Il en résultait une atroce cacophonie qui tranchait soudainement avec la douce mélodie qui s’élevait encore quelques instants plus tôt.

Ainsi donc l’on estoque et frappe un homme à terre?
Vos valeurs seraient donc à l’image de vos manières?
Vous braillez comme un animal que l’on achève.
Mais grâce au ciel votre bravade aura été brève.
Votre sordide spectacle est maintenant terminé.
Car tous désormais connaissent la vérité.”

    Désarmé et seul mais pas impuissant. Quid du mépris qu’il pouvait inspirer à ces gens? C’était sans importance, il combattait désormais pour son honneur, sa fierté. Car c’était plus qu’un duel, c’était une joute, un combat. Le perdant n’emporterait pas que son orgueil avec lui, il y laisserait aussi une partie de son âme.

Hrp:

Meylan Lyrétoile
Meylan Lyrétoile
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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptyMer 20 Déc - 23:01
Irys : 960453
Profession : Ménestrelle
My'trän +2 ~ Khurmag
Toute la beauté de l’art de Khugatsaa résidait dans la diversité des possibilités qu’il offrait et dans la subtilité de son maniement.  Par conséquent, en d’autres circonstances, Meylan aurait probablement été outrée de l’usage finalement très sommaire que son concurrent avait décidé de faire de ce don: on était loin du rendu travaillé et de la mise en scène réfléchie des oiseaux de plus tôt.  En d’autres circonstances seulement, car pour le moment, elle était toute entière absorbée par la colère de voir ainsi son oeuvre piétinée avec la délicatesse d’un bukh aveugle.

Peut-être était-ce une faiblesse de sa part, mais Meylan elle-même refusait d’avoir recours à des moyens aussi mesquins pour remporter la partie en cours.  Elle rongea donc son frein jusqu’à la fin de la tirade de l’autre, tout en lui lançant un regard polaire qui aurait glacé les hauts pics d’Als’kholyn.  Elle ne s’abaisserait pas à son niveau, celui du sabotage.  Mais elle se battrait jusqu’à son dernier souffle pour lui faire payer sa dernière traîtrise.

Une fois que l’autre se tut, Meylan laissa le silence retomber après les vivats de la foule.  Puis, elle le laissa s’installer comme une chape, tout comme elle laissa grimper la tension qui commençait à naître.  Elle avait voulu préserver le caractère festif de l’événement, mais les récentes actions de son antagoniste ne lui avaient pas laissé de choix.  Elle ne pouvait pas le laisser manipuler les deux côtés de la joute.  Immobile, elle continuait à le toiser sans ciller.  La curiosité de son public devrait jouer en sa faveur.

Quand d’une inspiration la ménestrelle indiqua qu’elle allait enfin reprendre la parole, elle ne put que remarquer que quelques enfants des premiers rangs se couvraient les oreilles en précaution.  Son coeur se serra en voyant ce tableau.  La rage était un excellent remède contre les larmes traîtresses qui l’auraient menacée sinon.

"‘Vérité', dites-vous?  Vous ne manquez pas d’audace.
Sur une toile de mensonges vous tissez vos grimaces.
Vos uniques instruments sont attaques et menaces,
devoir montrer votre art vous met dans une impasse."


Si elle avait mis si longtemps à répliquer, ce n’était pas seulement pour mettre à vif la curiosité de son (de leur) public.  Elle avait aussi très concrètement besoin de rassembler sa concentration pour l’utilisation qu’elle prévoyait de faire de ses pouvoirs.  Son but était en effet d’utiliser sa propre maîtrise des dons de Khugatsaa pour désarmer les illusions de son concurrent avant qu’elles n’entrent en action.  C’était de la magie complexe, plus complexe que ce à quoi elle se risquait normalement, et elle était loin d’être sûre de réussir.  Mais elle se devait d’essayer: si d’autres parasites venaient occulter ses répliques, elle n’aurait plus qu’à se déclarer vaincue.  Elle ne se déclarerait pas vaincue.

Hrp:

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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptyLun 1 Jan - 16:36
    Oh toise moi à loisir jeune oisillonne, tu ne trouveras ni pitié ni compassion dans mon regard. Mais est-ce là ce que tu recherches ou bien m’innondes-tu de ton plus haut mépris? De ce dégoût né de la réalisation de ton impuissance, de ma suprême supériorité? Est-ce là donc tout ce que tu as à m’offrir, ta plus cinglante réplique serait-elle ton silence le plus total?

    Et il attendait, ils attendaient tous. Qu’elle parle, qu’elle agisse qu’elle crie qu’elle hurle. Mais rien. Le silence qui s’était abattu sur la foule n’était pas qu’une chape de plomb, c’était un abime, un cercueil. La mort des artistes et de leurs fiertés respectives. Mais quelle injure, quel scandale de laisser ainsi retomber le pinacle de l’humiliation. Un instant le barde frémit, si elle s’en tenait à cela, si elle s’avouait à la fois vaincue mais lui arrachait son arme la plus mortelle en se murant dans le silence, il aurait perdu. Il aurait perdu parce qu’il voulait qu’elle s’affaisse, qu’elle s’incline et admette sa défaite.

    Son silence frappait plus fort que tous les mots, mais ne dura heureusement pas. Et voilà maintenant qu’il sentait sa volonté combattre la sienne, sur ce terrain de l’Illusion qu’ils partageaient tous deux, timidement mais avec une certaine efficacité. Odard ne parvenait plus qu’à modifier la fin de ses vers, leur ajoutant un trémolo insupportable proche du bêlement d’une chèvre. C’était peu, moins qu’il aurait espéré, mais elle parvenait tout de même à se défendre. Si certains enfants s’étaient bouchés les oreilles au commencement ils riaient maintenant à gorges déployées. Mais de qui riaient-ils? De la ménestrelle dont la voix tirait sur l’animal, ou bien le barde qui ne parvenait pas à déjouer une Illusion. Ou plutôt l’Illusion d’une Illusion. Celle que tout était pour le mieux quand ce n’était pas le cas. De tels sorts impliquent une volonté immense et chacun des deux mages commençait à sentir le poids de la magie vider petit à petit leurs réserves d’énergie.

    Ce terrain là ne serait pas jouable longtemps, ou bien leurs tentatives respectives se solderaient par des échecs encore plus ridicules que ce qu’ils tentaient de s’infliger mutuellement. Il leur restait les talents qu’ils avaient naturellement à disposition et qui n’exigeaient rien de plus que leur dextérité, ceux qu’ils avaient développé une vie durant et pour lesquels ils donnaient à présent tout ce qu’ils avaient.

Mensonges, grimaces, impasse?
Mais qu’êtes vous très chère sinon lasse?
De mes talents vous osez vous moquez
Pourtant c’est ceux-là même que vous ne parvenez pas à contrer
Vous dépeignez un être abject vil et mesquin
Donnez moi un Luth pour la mener et nous verrons que vous n’êtes rien
Rien de plus qu’un désagrément un caillou dans la chaussure
Vous pouvez supplier et geindre sachez que je n’en ai cure.”

    Ramener le combat sur un terrain qui leur serait propice à tous les deux, pas forcément par grandeur d’âme, il ne ferait aucun cadeau à cette donzelle. Mais parce que la magie l’épuisait et que ces gens étaient venus observer un spectacle qui avait bien dévié de son objectif, même si tous semblaient apprécier ces joutes verbales et magiques, en particulier les plus jeunes qui ne cessaient de rire. S’il avait eu son Luth il l’aurait écrasée, mais avec lui rien de tout ça ne serait arrivé.

    Alors il attendit en silence. Que quelqu’un agisse, qu’on lui amène un instrument, certes pas le sien mais au moins une arme avec laquelle il pourrait défendre son talent tourné en dérision et en suppositions. Et croisa les bras dans une posture de défi qui signifiait bien que ce duel n’était pas terminé, juste en attente.

    Tu veux jouer cocotte? On va jouer. Jusqu’à ce que nos doigts saignent s’il le faut, mais tu n’auras pas cette victoire. Certainement pas.

Hrp:

Meylan Lyrétoile
Meylan Lyrétoile
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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptyLun 15 Jan - 22:09
Irys : 960453
Profession : Ménestrelle
My'trän +2 ~ Khurmag
Si l’issue de leur joute était tout sauf déterminée, Meylan était cependant certaine d’une chose: elle ne pouvait pas soutenir ce niveau de magie bien longtemps.  Déjà, la concentration requise commençait à se faire sentir, la dissimuler rendait l’exercice verbal encore plus périlleux.  Mais au moins, cela semblait fonctionner: ses murailles filtraient la plupart des parasites de son rival.  Pour être honnête, elle n’était même pas certaine si le léger tremblement qui secouait sa voix de temps en temps était dû à un sabotage ou tout simplement au poids qu’elle s’était infligé en tentant une illusion trop poussée pour elle.  Prudente, elle préféra garder son intervention assez courte pour éviter que le contrôle ne lui échappe.  Une fois que son rival accapara à nouveau l’attention, elle s’autorisa une discrète inspiration pour chasser le point de côté qui avait commencé à naître entre ses côtes.

Et voilà qu’il demandait — non: exigeait — un luth.  Non seulement il était arrogant et mesquin, mais vraiment il ne doutait de rien.  S’attendait-il à ce qu’un des membres de l’assemblée en sorte un de dessous son manteau et le lui tende?  Quoique…c’était un festival après tout, peut-être que l’un des artistes qui attendait son tour prêterait son instrument au confrère qui le réclamait, ne fût-ce que pour mettre un terme au duel qui l’empêchait de monter sur scène.  Peut-être que ce serait préférable en fin de compte: ainsi, ils pourraient tous les deux étaler tout leur art plutôt que de tourner en rond dans un échange de piques à n’en plus finir.  D’un autre côte, le risque de voir son récent succès voler en éclats pendait toujours tel un nuage d’orage au dessus de la tête de Meylan, et donner tous ses moyens à l’autre ne ferait que rendre ce nuage plus menaçant encore.

"Mais, messire, qui geint en ce moment sinon vous?
Vos grossiers tours de passe-passe désoleraient un fou.
Vous grondez, tempêtez et brassez beaucoup d’air,
Mais au fond l’amour de l’art vous est secondaire."

Maintenant qu’elle avait arrêté de se bâtir des murailles immatérielles, elle pouvait à nouveau respirer plus tranquillement.  Le chant, la musique, même le choix des mots: tout cela lui venait bien plus naturellement que l’effort mental que la magie requérait.  Heureusement, elle n’avait pas été trop loin dans ses efforts et le bref temps de répit qu’elle avait eu pendant la réplique de son antagoniste lui avait suffi pour reprendre des forces.  Aussi légers qu’ils l’étaient toujours, ses doigts parcouraient à nouveau sa lyre, faisant grincer ses cordes pour imiter un ton geignard, puis tonner tel un orage en approche.

"Vous pouvez prétendre servir une noble cause,
votre réel objectif est tout autre chose.
Sûr de votre finesse, vous tissez quelques vers,
mais vos tirades tiennent plus du coq que du trouvère."

D’une simple illustration de ses propos, elle était pour cette strophe passée à un véritable accompagnement musical.  Accompagnement qu’elle improvisait au fur et à mesure, mais dans lequel on pouvait sans trop d’effort discerner quelques accords tirés de ballades héroïques.  Meylan n’était pas ménestrelle pour rien après tout: elle savait utiliser son répertoire à son avantage.

"Bien employée, une ligne seule peut peindre un monde,
chanter avec brio le grandiose et l’immonde.
Vous brisez dans son élan toute chance d’envolée,
car face au fleuret, du gourdin vous répliquez."

Elle laissa la dernière note de son chant résonner quelques instants tant que sa lyre vibrait, refusant ainsi à l’autre l’attention du public pour quelques secondes encore.  Peut-être était-ce un peu mesquin?  Non.  Elle soignait sa présentation, voilà tout.  Contrairement à d’autres, elle ne mettait pas de bâtons dans les roues à son concurrent pendant qu’il répliquait.  En revanche, c’était elle et elle seule qui décidait quand sa prestation était terminée.

Derrière Meylan, du côté artiste de la scène, elle entendait quelques personnes s’agiter.  Peut-être que l’artiste suivant s'impatientait de voir sa prestation retardée de plus en plus?  Ou, et voilà qui était une perspective qui l’enthousiasmait assez peu, peut-être l’un des musiciens présents possédait-il un instrument à prêter à son rival...

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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptyDim 21 Jan - 16:51
Le public présent ne savait plus vers qui tourner son attention. Un coup la jeune femme redoublait d’efforts et de qualité, un coup, c’était au contraire le barde méconnu et nouvel arrivant qui semblait dominer la situation. Les yeux s’écarquillaient, les souffles se coupaient, les rires montaient dans les aigus ou dans les graves et puis, parfois, le silence intense des mots employés. Nul ne pouvait être certain que toutes les personnes comprennent réellement le sens du vocabulaire et la véritable lutte qui se jouait devant leurs yeux brillants. Ce n’était pas une prestation, pas un jeu, pas un moment agréable, il s’agissait bien d’une guerre animée vive, redoutable dont les uniques armes utilisées n’étaient autres que les mots. Les dernières notes venaient d’être effectuées et ce fut le silence de nouveau, terrifiant, annonçant certaine la contre-attaque. Celui-ci ne durera cependant que très peu de temps. Puisqu’un homme passablement agacé arriva sur la scène à son tour, un instrument en main. Cela devait très certainement être le participant suivant, qui passablement énervé de ne pas encore être passé, venait rapporter un luth à celui qui était venu compromettre son passage.

- « J’espère que vous avez bientôt terminé votre étrange duo » déclara-t-il dans une tonalité qui ne laissait que peu de doute vis-à-vis de ses émotions « Toi là, prend mon instrument. Terminez votre représentation et laissez-moi la place, vous retardez tout le monde. Ce n’est pas le comportement de musicien digne de ce nom ».

Les paroles étaient adressées autant à la ménestrel qu’au barde, d’ailleurs la supposition était simple, les deux étaient en réalité ensemble et tout ceci était prévu depuis le départ. Un bon coût d’animation parfaitement calculé, afin de conserver l’attention constante du public. C’était bien joué, bien trouvé, il fallait bien l’admettre. Fronçant les sourcils plus que de raison, l’homme de petite taille était descendu de sa hauteur pour tendre son instrument à l’élément perturbateur. Un regard noir, sombre, peu convaincu que l’idée soit lumineuse. Une fois défait de son propre luth, il s’éloigna, passant dans la foule, il se positionna dans un coin. Les bras croisés devant son torse. L’homme toisa du regard le duo particulier, ainsi que la foule. Il n’était guère satisfait de tout ceci, si le duo ne lui offrait pas un final digne de ce nom, il n’hésiterait pas à dégrader la réputation de l’un et de l’autre, sans une douceur particulière.

- « Alors, notre maître des mots aurait-il perdu sa langue ? Cela serait triste et particulièrement néfaste pour notre merveilleux public. »

L’homme s’était autorisé un petit pique, simple, efficace, pas aussi parfait que ceux que les deux jeunes gens avaient pu s’envoyer. C’est que l’homme prenait son temps pour s’installer et pour repartir de plus belle, avait-il était beaucoup plus rapide pour saccager une prestation. Il était d’ailleurs très fortement probable que le nouvel arrivant ne laisse pas le numéro se terminer convenable, n’hésiterait-il nullement à ponctuer la réaction de l’un et de l’autre par des petits bruits dérangeants suspects, ou même pourquoi pas à faire expulser le duo si celui-ci traînait trop.

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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptyDim 4 Fév - 21:42
    Était-il noble ou agacé? Ou bien simplement trop jaloux pour admettre que certains avaient autant talent qu’il avait de hargne, de grogne. Toujours est-il que le petit homme tendit son Luth à un barde circonspect, partagé entre l’envie de remercier chaudement cet inconnu et celle de l’estourbir, le maudir de verbe. Odard leva un sourcil interloqué et jeta un regard dédaigneux à la fois à l’homme et son instrument avant de s’en saisir, plutôt sèchement.

    Eh bien voilà qui tombe à pic n’est-ce pas nobles seigneurs? Oh cette guimbarde n’est certes pas de première qualité mais elle fera bien l’affaire! Je vous en remercie messire, sachez que le talent d’un homme ne doit rien à sa grandeur, sans quoi eh bien vous seriez en bien fâcheuse posture n’est-ce pas? Maintenant si vous voulez bien adopter un comportement digne de ce nom et nous laisser officier, nous vous en serions tous gré.”

    En réalité son Luth était tout ce qu’il y a de plus convenable, si l’homme semblait acariatre il prenait soin de son instrument dont le vernis était impeccable et les cordes visiblement neuves. Odard n’aimait pas s’en prendre ainsi à d’honnêtes gens mais ce dernier l’avait piqué tout autant qu’il l’avait aidé, le jeu en valait la chandelle. Peut-être s’excuserait-il ensuite, peut-être offrirait-il à boire à cet étranger. Tout dépendrait de l’issue de ce duel dont ils attaquaient maintenant la phase finale, l'exécution.

    Renonçant pour une fois à la magie, le barde s’installa sur un tabouret de manière à pouvoir jouer confortablement et décida de terminer cette joute en chanson, pas uniquement en vers. Sinon à quoi bon user d’un instrument? Il gratta quelques arpèges mélodieux pour se dérouiller les doigts, avant d’embrayer sur une mélodie dansante propre aux fêtes et aux tavernes, quelque chose de guilleret qui prêtait autant à la joie qu’aux plaisanteries parfois grivoises.

Du gourdin ma demoiselle vous n’avez vu la couleur
Et du coq vous n’égalez même pas la grandeur
Tandis que vous geignez et pleurez de douleur
Noblement je vous extermine avec candeur.

Comme un serpent fourbe et perfide vous sifflez
Car c’est à même le sol que vous vous vautrez.

Vous n’auriez pu choisir un meilleur moyen d’en finir
Et dans ma mansuétude je consens à vous estourbir
Ne confondriez-vous pas lard et l’art?
Vous vous débattez alors qu’il est déjà trop tard
Tandis que du premier vous ne manquez clairement pas
Il est clair que le second à jamais vous échappera.

Comme un serpent fou de douleur vous vous tordez
Car c’est à même le sol que vous vous en irez.

Un dernier mot un dernier geste.
Ou bien priez vous pour une fin preste?
Votre calvaire touche à sa fin
Tandis que d’une main d’un geste
Je vous expédie enfin
Où repose votre art indigeste.”

    Il acheva sa ballade d’un geste ample de la main, caressant toutes les cordes d’un coup avant de les étouffer brusquement et de saluer son public. Il n’y avait rien à faire ou à dire de plus, toute parole de sa part aurait dénaturé le final de sa chanson et orienté les pensées des spectateurs. Cherchant son mécène du regard il lui fit signe qu’il pouvait reprendre son instrument et teinta son regard de gratitude avant de s’exprimer dans l’esprit de ce dernier, de sorte qu’il soit le seul à entendre ses mots.

    Merci bien noble seigneur, c’est un bien bel instrument que vous avez là. J’espère que vous me pardonnerez ma rudesse mais vous êtes bien placé pour savoir à quel point comptent les apparences n’est-ce pas messire? Si le coeur vous en dit je vous offre à boire et à manger où vous le souhaiterez!

    La jeune femme aurait-elle quelque chose à répliquer ou bien cela signait-il la fin de ce duel? Odard attendit qu’elle se manifeste ou que le public prenne parti, si pour lui cette joute était terminée il n’était pas à l’abri d’un coup de théâtre ou tout simplement d’un coup de génie de la ménestrelle. Quoi qu’il en soit cet affrontement s’était révélé passionnant et il en garderait un souvenir exceptionnel, ce qui était moins certain pour la jeune femme.

Meylan Lyrétoile
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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptyJeu 1 Mar - 22:37
Irys : 960453
Profession : Ménestrelle
My'trän +2 ~ Khurmag
Depuis que cette joute avait commencé, Meylan savait que ce n’était qu’une question de temps avant que celui qui devait lui succéder sur scène ne s’impatiente.  Et elle ne pouvait d’ailleurs pas le blâmer.  Si elle s’inquiétait de se voir voler son récent succès, lui risquait de voir toute chance de briller s'envoler si ses deux confrères ne lui laissaient pas bientôt la place.  Elle ne pouvait même pas lui en vouloir de soupçonner une connivence entre elle et son rival, qu’importe ses propres sentiments à l’égard du trouble-fête.  En ce qui concernait le luth, par contre, elle était assez peu enthousiaste.  Elle avait beau avoir confiance en ses propres talents, sous-estimer l’autre aurait été une erreur grossière.

En d’autres circonstances, elle aurait sans hésiter reconnu le talent musical de son confrère.  Malgré son manque de familiarité avec ce luth en particulier, il tirait de l’instrument des sons harmonieux, clairs et entrainants.  Sa voix n’était pas en reste et se mariait à merveille avec le chant de l’instrument à cordes.  Quant à ses paroles…  Bien que certains passages donnent envie à Meylan de ricaner (elle se retint bien évidemment de céder à cette envie et resta impassible), le texte improvisé était dans l’ensemble bien équilibré et correspondait parfaitement à celui qui le déclamait.  Restait à savoir si cette dernière remarque était flatteuse.

Patiemment, elle attendit que vienne la fin du dernier couplet, immobile et en toute apparence assez peu affectée par les piques à répétition.  Elle n’aurait pas été bien loin sans une bonne carapace face aux railleries, élégamment formulées ou non.  Tout au plus souleva-t-elle un sourcil, laissant à ceux qui le remarqueraient le soin de déterminer s’il était inquisiteur ou moqueur.  

Une fois le silence retombé après ce final vint son tour de tirer sa révérence, également en musique et chant.  Plutôt que de lier entre eux des bouts d’airs connus, elle piocha cette fois dans son répertoire personnel pour en tirer un la mélodie d’un morceau qu’elle n’avait encore jamais présenté en représentation.  Cette mélodie serait d’ailleurs à jamais associée à ce jour dans son esprit, mais un final en apothéose valait bien un tel sacrifice.

Noble et candide, quel étrange portrait vous peignez,
à votre propre sujet vous êtes mal renseigné.
Il n’y a pas plus noblesse dans la calomnie
que de candeur à persifler l’aide d’un ami.

Vous m’appelez serpent, mais c’est vous la vipère,
vos mots venimeux suffisent à ce qu’on vous repère.
Vous enrobez votre poison d’une agréable mélodie,
mais tout est toxique dans votre rhapsodie.

Sur un point cependant nous sommes en accord:
il est grand temps que vous quittiez le décor.
Aussi, afin de montrer l’exemple, je tire ma révérence,
avec mes sincères excuses, messire, pour cette interférence.

Si sa première révérence s’était adressée à l’entièreté de son public, le dernier vers était on ne peut plus clairement dédié à son confrère énervé par la tournure des événements.  Car, après tout, il n’était pour rien dans la querelle qui avait éclaté et il en était une victime collatérale.  Après un dernier salut élégant, elle tourna les talons, s’assurant de faire voler sa cape par ce mouvement.  D’un pas assuré sans être pressé, elle repartit vers les coulisses d’où elle avait émergé il y avait ce qui semblait une éternité.  Peu importe ce que l’autre dirait ou ne dirait pas maintenant, au moins elle avait défendu son honneur et évité de s’aliéner un autre confrère.

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Les bons contes font les bons amis...ou pas. [Terminé]  EmptyMer 14 Mar - 21:12
    Il n’y avait finalement ni perdant ni grand vainqueur, chacun des deux combattants avait défendu son honneur avec toute les armes qui étaient à sa disposition, toute sa fougue et son sens du verbe. C’était une victoire en soi. Qu’aucun ne soit venu écraser l’autre là où une victoire trop facile aurait gâché tout le plaisir de la joute. Cette rencontre qui n’en était pas une resterait un fait marquant dans la mémoire du barde, tant par son avènement que son déroulement. Les meilleures choses ne sont-elles pas celles que l’on ne voit pas venir? Ce coup du destin était splendide et resterait pour l’un et l’autre un souvenir particulier, même si les intentions d’Odard étaient quelque peu mesquines en premier lieu.

    La scène était désormais libérée et la jeune femme s’était évanouie en coulisses sans demander son reste ni attendre un surplus de gloire, c’était tout à son honneur. Mais les musiciens trop pressés de rencontrer leur heure de gloire étaient une autre affaire. Si la joute était terminée il restait un dernier détail à ne surtout pas laisser au hasard, et c’était le public sans qui tout cela n’aurait servi à rien.

    Odard rudoya un lyriste - un de plus - et le renvoya en coulisses aussi vite qu’il en était sorti. Rapace. Comment espérait-il s’imposer après un tel spectacle? Tout au plus endormirait-il ces bonnes gens avec ses arpèges mièvres. Mais l’heure n’était pas à une nouvelle confrontation.

    Poussez-vous de là messire, n’avez-vous donc aucun respect? Votre heure viendra soyez-en certain mais par pitié laissez les artistes saluer leur public avant de venir nous imposer vos couinements. Bigre! Je suis certain que votre mère aurait honte de vous voir agir de la sorte. Ouste!”

    Et si l’homme répondit quelque chose Odard ne l’entendit pas, à la fois trop occupé par sa tâche et peu enclin à repartir au combat. D’autant que celui-ci n’aurait visiblement pas le quart du talent de la jeune femme. Le barde s’inclina face à la foule qui commençait à se demander si finalement tout cela ne faisait pas parti d’un seul et même spectacle.

    Il ne pourrait y avoir de tels spectacles sans un public tel que vous nobles seigneurs! J’ai apprécié chaque ver de cet affrontement et j’espère que vous en garderez un souvenir indélébile. Que dis-je? Impérissable! Je remercie ceux qui nous ont encouragés et je m’excuse auprès des autres, vous avez tous été formidables et je vous souhaite à tous, la plus belle des journées!”

    Une dernière révérence et Odard s’en fut sans regarder derrière lui. Toute cette histoire lui avait rappelé à quel point il se sentait nu et inutile sans son fidèle instrument. Et il fendit la foule et les rues de Darga en souhaitant de tout son coeur que le vieux luthier aurait terminé son travail.

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