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Chroniques d'Irydaë
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 :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Le Tyorum
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 Pas le bon moment [Terminé]

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Pas le bon moment [Terminé] EmptyLun 7 Mai - 18:37
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Ce n'était qu'une journée ordinaire, introduite de rayons jaunis par l'aurore qui venaient briller sur le visage de ceux qui dormaient rideaux levés. La chaleur était la promesse d'une aube aussi illuminée, et le reste de la journée s'avéra n'être aucunement une déception pour les habitants qui vaquaient à leur habituel quotidien. Il n'y avait que routine dans les rues, routine et discussions. Que ce soit à caractère politique, ou bien simplement mondain, le flot de paroles s'élevait entre les larges allées en une cacophonie qui vrombissait aux oreilles d'une jeune femme qui ne prenait aucunement part à cette mascarade d'hypocrisie urbaine. Elle sillonnait les pavés, s'habituant encore tant bien que mal aux talons qu'elle avait destitués à leur propriétaire légitime. Mais tout cela s'était déroulé bien loin, là où les flocons remplacent la lumière et où le sol se couvrait d'une draperie blanche foncée, assombrie par l'atmosphère sinistre qui y régnait lorsque seuls les nuages peuplaient le ciel. Ici, tout était si différent. Au lieu de grelotter, la vaironne suait, tentant au mieux de se soustraire aux caprices du soleil qui la frappait sans aucun remord de sa chaleur néfaste. 

Passant une main leste sur le bord droit de son front, Nima poussa un halètement lourd alors qu'elle venait de prendre un embranchement qui la déposa dans une allée déserte. L'espace était étroit entre les deux murs, mais pas un seul fléau ardent de l'astre ne l'atteignait. Blessée, elle profita de cet instant de répit, loin des foules, pour s'adosser contre l'une des parois. Appuyant de son dos sur la pierre refroidie par l'ombre, l'évadée se laissa couler contre le pavé avec le visage élevé vers les cieux. Le ciel était bleu, arborant les couleurs d'un océan qu'elle n'avait jamais vu, et qu'elle ne verrait probablement jamais si elle ne parvenait pas à se retirer cette balle de son épaule gauche. Mais la vision céleste l'inspirait, l'inhibait, l'apaisait. Plus elle admirait l'azur que reflétait ses pupilles, plus elle se sentait partir vers eux. Ses paupières alourdies lui offraient une trouble perception de son entourage, et cette focalisation malhabile donnait cette impression qu'elle s'endormait peu à peu. 

Une toux la saisit, la sortant de sa torpeur mortuaire alors qu'elle allait perdre conscience. Elle devait résister, juste un peu, juste quelques heures pour ne pas se retrouver inconsciente en pleine journée. La chaleur la tuerait, c'était certain, mais il y avait toujours moyen pour elle de gagner du temps en restant à l'abri de la température caniculaire. Ses habits sombres ne facilitaient en rien ce fait, mais au moins, ils dissimulaient les traces de sang qui suintaient autour de ses parures brachiales. Un coup d'oeil rapide sur sa gauche lui fit distinguait une ombre qui s'approchait bien trop près. Ses cheveux blancs étaient cachés par un chapeau assez large, mais leurs finitions étaient toujours voyantes. L'information de son évasion devait avoir filtré désormais, est-ce qu'elle était arrivée jusqu'à ici ? Peut-être. La vaironne ne savait même pas où elle était, le train l'avait emmenée jusqu'à cette immense ville après un voyage qu'elle avait passé endormie contre une vitre. Mais même ce sommeil de quelques jours ne rattrapaient en rien tout le mal de sa blessure. En vitesse, elle reprit une attitude, plus ou moins normale, et suivit le chemin vers la droite. 

A son grand malheur, ce fut une seconde allée mondaine qui s'offrit à elle, plus bondée encore que celles qu'elle avait franchi. Aucun moyen ne l'autorisait à retourner en arrière, le moindre geste suspect et elle pourrait être renvoyée dans son asile. Il y avait tant de moucherons ici ... tant de gens pour jouer ... mais la jeune femme en était bien incapable dans son état. Le plomb était encore logé entre sa chair, après tout, et rien ne limitait le risque d'infection. Après trois jours, il était préférable de laisser l'état de sa plaie à l'imagination propre, plutôt que daigner affronter la véritable étendue du mal qu'elle ne parvenait pas à soigner. Ce n'était pas faute d'avoir évité, l'immaculée s'était essayée à se l'arracher en utilisant les scalpels qu'elle avait prise à ses docteurs. Elle s'était arraché la peau, sans parvenir à seulement déplacer la balle. En comptant la perte de sang et la douleur que cela avait engendré, la tentative s'était soldée en échec cuisant. Nima s'était décidée à ne pas réessayer de sitôt, pas sans aide subsidiaire. 

Baissant son couvre-chef, l'évadée suivait le chemin du long des murs, sur le bas-côté de l'allée pour garder un semblant de couvert. Mais tout était si lourd, la chaleur, les rumeurs, ses vêtements et sa plaie. Ses jambes ne la tiendraient pas bien plus longtemps que cette rue-ci. La promesse de la longer fut néanmoins accomplie, alors que, à bout de souffle et se tenant l'épaule, l'épuisée vit apparaître devant elle ce qui semblait être l'entrée d'un parc aux nombreux arbres qui pouvaient offrir couvert ... ou du moins, ils étaient plus nombreux que tout autre endroit qu'elle avait visité dans cette ville aux bordures de bronze. Trébuchant sur ses pieds, l'égarée crut percevoir un coin entouré de buissons sur la clôture qui dissimulait l'endroit aux yeux de ceux qui passaient sur les pavés. Le tracé de terre ne lui était cependant en aucun cas dissimulé, mais les passants s'en iraient à mesure que l'heure passait.

Elle avait des airs de bourgeoise mal avisée, avec ses parures aux apparences riches. Mais la coiffure qu'elle arborait était bien trop pauvre et fade pour qu'elles ne traduisent une appartenance véritable à quelconque noble lignage. Ses mèches blanches étaient lisses, tombant comme des cordes sur ses épaules et se tordant en de longues fibres lâches sur le reste de son corps. Une fois posée, la jeune femme laissa s'écouler un long soupir, nuancé d'une teinte de souffrance qui la fit gémir de douleur un bref instant. Serrant ses paupières gauches, la main diamétralement opposée vint saisir la racine injuriée de son membre second. Ses lourdes respirations, la faisaient chavirer vers ses genoux à chaque secousse qui faisaient se remuer ses épaules, et à mesure qu'elle inhalait, son visage tombait peu à peu. Une sueur froide vint couler sur sa tempe, alors qu'incapable de se concentrer sur son environnement, elle pleurait en silence et sous son chapeau. 


Dernière édition par Ophélia Narcisse le Sam 19 Mai - 15:30, édité 1 fois

Ash
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Pas le bon moment [Terminé] EmptyMar 8 Mai - 19:21
Irys : 249954
Pérégrin 0
Fin juin 933
Skingrad, Le Tyorum.


Voilà plus d’un mois que la voleuse traînait ses chausses dans la capitale du Tyorum, s’accordant une période de repos pour se remettre de ses blessures. La plaie située sur sa cuisse n’était déjà plus qu’une cicatrice parmi une dizaine d’autres, bien plus anciennes… Son épaule, en revanche, se remettait bien plus lentement, trop même aux yeux d'Ash qui commençait à trouver le temps long. La jeune femme ne restait jamais aussi longtemps au même endroit, en étant inactive, de surcroît. Alors pour compenser, la pérégrine s'efforçait de se maintenir en forme, poussant ses muscles à garder leur souplesse et surtout leur forme. Depuis quelques jours, et malgré la douleur, la jeune femme recommençait à grimper, à se suspendre, utilisant tout et n’importe quoi, allant de la façade des bâtiments aux mobiliers urbains… Ce qui se poursuivait généralement par une course-poursuite échevelée à travers les rues de la ville, la milice n'appréciait guère ce genre d’activité après tout. Ce n’était peut-être rien d’autre qu’une maigre animation dans sa vie trop simple, trop calme, mais c’était autant d’actions qui lui permettait de ne pas sombrer dans la folie.

Ash pouvait paraître insouciante, irréfléchie, or, il n’en était rien. Chaque période d’inactivité la renvoyait d’une façon aussi violente que vicieuse à tout ce qu’elle avait perdue et dont elle ignorait tout. Elle ne cherchait pas à se souvenir de son passé, la jeune femme avait tiré un trait sur tout ceci. Rien de tout cela ne l’importait réellement, mais la torturait pourtant sitôt se voyait-elle coincée dans une de ces périodes creuses. Ash ne supportait pas devoir se confronter à elle-même. Elle y retrouvait, chaque fois, une jeune femme seule, perdue et atrocement… vide. Il lui fallait pallier à cela, agir, bouger, provoquer les passant, voler, arnaquer, manipuler tout en continuant d’agir comme si tout allait bien, comme si rien avait d’importance… Sans jamais quitter le masque souriant qu’elle revêtait comme une seconde peau.

Ce matin-là, Ash se baladait dans les rues déjà animées par les travailleurs et l’installation des divers étals du marché. Malgré l’heure plus que matinale, la cité était en effervescence, comme toujours, chacun poursuivant le cours de sa petite vie monotone sans se préoccuper réellement du voisin… Sauf pour se laisser aller à ces fameuses messes basses afin de colporter quelques rumeurs qui allaient bon train, comme partout. Ash trouvait toujours des ressemblances aux lieux qu’elle visitait, il suffisait d’ailleurs de prêter l’oreille pour comprendre que les humains étaient tous semblables… De vulgaire jouets, tous aussi égocentrique qu’elle, sauf qu’eux s'échinaient à faire croire le contraire, usant de masque brisé et de paroles rassurantes chargées d’une humanité perdue. L’image que l’on renvoie à toujours une importance, capitale d’ailleurs selon les gens et leur position plus ou moins haute dans la société daënare. En cela, la voleuse n’était pas si différente et elle le savait parfaitement.

Ses pas la menèrent jusqu’à la gare, comme chaque jour depuis son arrivée, un message silencieux de son subconscient qui la poussait à partir, quitter cet endroit qu’elle méprisait pour une toute autre destination qu’elle haïrait tout autant. Assise loin au-dessus du monde, les jambes ballantes et cigarette au bec, elle observait les voyageurs longer les quais, regardant droit devant eux pour rejoindre famille, lieu de travail ou autre. Tous avaient la même expression hagarde leur donnant un air de mort en sursis marchant aveuglément comme si rien d’autre n’avait d’importance.

Tous les mêmes... Saletés de pantins,
songea-t-elle du haut de son perchoir.

Puis finalement, une silhouette chétive et branlante se détacha de la masse humaine. Une femme, une enfant ? Difficile de savoir d’aussi loin… Mais cette image l’intriguait, énormément… Assez pour la pousser à descendre de son post d’observation afin de suivre l’être malingre qui semblait avoir besoin d’aide…

Elle se mit à la suivre à travers les rues, longtemps, claquant ses pas agiles sur les siens maladroits et indécis. De plus près, Ash comprit qu’il s’agissait d’une femme, visiblement blessée et épuisée… En la voyant ainsi déambuler sans but ni réelle destination, il devint évident que l’inconnue ne connaissait rien de Skingrad… Elle évoluait simplement, s’appuyant régulièrement contre un mur sous les regards des badauds qui n’éprouvaient aucune envie de lui prêter assistance…Au contraire, tous l’évitaient soigneusement, comme pour se préserver d’une maladie qui n’en était pas une.

Les idiots, ils pourraient au moins ne pas la regarder en changeant de trottoir
pensa-t-elle en allumant une nouvelle cigarette.

L’intriguée poursuivit sa proie jusqu’au jardin public, celui où elle aimait flâner en fin d'après-midi afin de profiter de la fraîche humidité des plantes bordant les allées de gravillons soigneusement entretenue. Elle aimait cette odeur, celle de l’herbe fraîchement tondue, des fleurs encore chargée de la rosée matinale. Mais cette fois, son attention se portait ailleurs, sur la femme malhabile qui n’en pouvait déjà plus. Cachée sous son grand chapeau, l’inconnue semblait pleurer, une attitude quelque peu surprenante qu’Ash ne comprit pas. La voleuse n’éprouvait aucune compassion, simplement une vive curiosité empreinte de mépris, comme à chaque fois qu’elle se retrouvait face à une manifestation de faiblesse humaine. Personne ne devait voir l'étrangère s’écrouler, elle y avait veillé en se dissimulant derrière un amas de buissons qui méritaient une taille franche. Ash l’observait, négligemment adossée à un arbre, se contentant de tirer sur sa cigarette d’où s’échappaient diverses volutes de fumée.

-Si c’est pour t’écrouler aussi misérablement, pourquoi ne pas mourir tout simplement ? Je peux t’y aider si tu veux...

Après une dernière bouffée, le bâton fumant atterrit sous sa botte alors qu’elle se saisit de sa dague pour jouer avec, la faisant tourner, la lançant en l’air avant de l’agiter devant la femme.

-Dans ce monde, ma belle, c’est marche ou crève. Personne ne te tendra la main, pas sans attendre quelque chose de toi en retour… Chose que tu n’es peut-être pas prête à donner… Ou alors n’attends-tu que ça finalement. Mais dans tous les cas, c’est pas comme ça que les choses changeront, pleurer ne fera que te priver du peu force qui te reste. Alors ? Marche ou crève ?

Ophélia Narcisse
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Pas le bon moment [Terminé] EmptyMar 8 Mai - 22:49
Irys : 1609400
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Pérégrins -2
Alors que le chapeau couvrait les fines larmes qui coulaient le long de ses joues, marque de faiblesse qu'elle n'aurait d'ordinaire jamais toléré en lieu public, une voix se fit entendre par-delà le cercle que formait l'arc de son couvre-chef. Levant le visage, puis grognant en se débarrassant de cette saloperie encombrante, Nima vit enfin l'impertinente qui était venue jusqu'à elle. La rouquine au style assez unique, en comparaison avec les autres moucherons semblait la prendre pour la dernière des jouvencelles. Vu son état, c'était très certainement compréhensible, tout ça à cause des pleurs qu'elle avait laissés miroiter au travers de son apparat de cire. Mais l'air de la tristesse l'avait quittée, ne laissant subsister qu'un mépris certain, grandement estropié par ses apparences fatiguées qu'elle ne pouvait en aucun cas dissimuler. La première chose qu'attrapa son regard triangulaire était la dague qu'elle venait de soulever de sa botte, sans pour autant dériver des mots précédemment éloqués.

Respirant toujours aussi lourdement, chevelure blanche laissée au gré de la brise légère qui ne venait aucunement estomper la chaleur, l'évadée faisait rapidement dévaler ses yeux carnivores du bas des talons de l'impertinente, jusqu'à son crâne à moitié rasé. Cette moucheronne là en avait une bonne quantité d'insolence en son être. Etait-ce donc cela, une altercation chez les gens du dehors ? Adorable, vraiment adorable. La vaironne aurait pu en profiter grandement si son épaule ne lui arrachait pas les nerfs, entamant sa véhémence à passer à l'acte. Elle le retrouverait un jour, cette raclure de garde qui lui avait infligé une telle plaie. Maintenant, elle devait répondre aux caprices d'une saine d'esprit qui, elle, possédait le droit d'arpenter les rues, sans jamais craindre l'asile. Quelle genre d'injustice était-ce là ? Nima internée, elle dehors ? Quelle blague de mauvais goût. 

Sans interrompre son flot de parole, il était si bien lancé après tout, la cristalline laissait son regard vaciller autour de celui de l'étrangère. Les mots qu'elle prononçait étaient charmants, presque aussi enchanteurs que la sensation qui dégageait du passage à l'acte qu'elle pourrait être amenée à entamer. Peut-être était-ce tout ce qu'elle attendait ? Une douleur moins sévère pour en oublier la peine du trou béant ? Les coupures avaient toujours cet effet d'euphorie chez l'immaculée, pourquoi en serait-il autrement désormais ? Les intentions de la rouquine ne devaient cependant certainement pas se concentrer autour de son plaisir égoïste. Du fond de son coeur, la blessée espérait sincèrement qu'elle s'amusait bien cette garce, à passer la morale à une pauvre fille épuisée, au bord de l'effondrement. Mais elle n'obtiendrait aucune peur de sa peur, jamais satisfaction ne lui serait donnée. Car à ces leçons bien reçues, la nouvelle arrivée n'eut qu'un rire pour réponse.

- Pfahaha ! Ce doit être un sentiment délicieux ... cette position de force que tu arbores. Raconte moi donc à quel point c'est agréable et vois si j'en ai quelque chose à foutre !


Toute chose considérée, c'était plus une risette entraînée par la frustration de ne pas pouvoir donner de réponse concrète à cette chienne. La courbe d'une lame était souvent plus tranchante que n'importe quel mot que pourrait articuler Nima. Son éloquence ne lui fait clairement pas rédemption, et question relations, c'était sérieusement le moindre de ses soucis pour le moment. L'objectif premier était de faire dégager cette imbécile pour pouvoir se reposer sans devoir s'occuper d'un fardeau supplémentaire à son malheur. N'y avait-il donc pas meilleur moment pour ce genre d'intervention ? Quel était le problème des gens du dehors, à se croire supérieur à tout être qui n'est pas des leurs ? La vaironne n'était sûrement pas déçue, ses médecins lui avaient donné un bon aperçu d'à quel point les non internés regroupaient intégralement des ingrats et des attardés. 

Mais tout de même ... ses mots l'avaient séduite d'une certaine manière. Son énervement ne devait qu'offrir une occasion supplémentaire de s'engouffrer dans la faille émotionnelle qu'elle venait de dévoiler. Une fois encore, ce n'était pas tant le problème de souffrir qui pesait sur la conscience de Nima, mais ce sentiment d'être observée, étudiée. Elle avait assez subi de ces protocoles médicales pour n'en plus pouvoir de se faire analyser. Pour ajouter une ombre au tableau, déjà en contre éclairage, la vaironne avait vraiment besoin de laisser sa blessure respirer de l'air frais. Jetant un regard contrarié, qui ressemblait plus à des intentions de meurtres, à la jeune étrangère, elle se décida finalement à délier les attaches du haut de sa robe, trop lourde pour une femme non accommodée à de telles coutures. 

L'ombre des arbres vinrent rebondir contre la chair éclatée qui ornaient le cratère de l'impact dans sa peau. Bien qu'elle n'avait aucun mal à la regarder, cette partie de son anatomie arboraient plus une teinture violente que le pâle qui ornait le reste de son épiderme. Trop longtemps laissée non-traitée, la plaie avait finie par s'infecter et l'anomalie commençait à sentir son épaule s'engourdir de plus en plus, échappant au contrôle de ses nerfs léthargiques. A reconsidérer les faits, elle ne pouvait pas laisser le plomb lui ruiner plus longtemps l'intérieur de son corps. Peu rigoureuse sur les promesses, l'évadée plongea la main dans sa poche, cherchant les ciseaux qu'elle avait volé à son asile. 

Sans hésiter plus longtemps, elle plongea les deux lames jumelles dans sa blessure, faisant frotter leurs pointes contre l'acier. De l'extérieur, le pouce et l'index de Nima, qui tenaient les anneaux de fer s'écartèrent dans le vain espoir qu'elles accrochent aux bordures de la munition embusquée. Doucement, elle les referma, pensant l'avoir saisi, mais, bien vite, les lames s'entrechoquèrent, laissant dans leurs sillages quelques fragments de peau coupées nettes par leur rencontre. L'étrangère se raidit du mal qu'elle s'était à nouveau infligée, définitivement incapable de faire s'extirper cette intruse à son intégrité. En de lourds halètements qui suivirent une lourde complainte, elle redirigea ses yeux vairons vers l'insolente dont elle sentait que la présence allait vite devenir asphyxiante. Sa voix avait beau être nuancée de sourdes sonorités endolories, elle parvenait tout de même à garder son agressivité latente. 

- Marche ou crève, hein ? Alors pourquoi n'irais tu pas ailleurs avant que je ne puisse plus supporter tes caprices de catin ?

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Pas le bon moment [Terminé] EmptyMer 9 Mai - 9:13
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Sincèrement amusée de l’entendre rétorquer avec pareille véhémence, Ash accueillit la force impétueuse de l’inconnue avec un sourire étiré. Haine, colère sourde, injustice, constituaient autant d’émotions clairement lisibles ses yeux vairons chargés de rouge, alors que son visage, pourtant taillé pour être beau, se voyait à présent déformé par la douleur et la rage. L’énergique voleuse n’avait pas pour habitude de peser ses mots. Elle ne se préoccupait pas de savoir comment ses paroles seraient prises ou encaissées par ses interlocuteurs, en tout cas, jamais lorsqu’elle se montrait franche... cette fois ne faisait pas exception. Peu importe qu’il s’agisse d’une pauvre femme perdue, isolée ou blessée, Ash avait détecté une faiblesse évidente et étrangement familière chez elle. Ce qui la dérangeait fortement.

Sans réellement en comprendre la raison, l’amnésique se reconnut en cette femme qui semblait pourtant si différente. Peut-être était-ce dû à ces larmes méprisables, odieusement ridicules et inutiles. Les mêmes qui s’étaient pourtant écoulées de ses propres yeux, creusant quelques sillons disgracieux sur son visage, il y avait de cela bien des années. La faiblesse menait indéniablement vers la vulnérabilité, ce dont elle se servait au quotidien, au point d’en faire son fond de commerce. Elle ne s’approchait jamais des autres, pas sans une idée derrière la tête… Mais pas cette fois. Son instinct l’avait poussé à la suivre et à lui parler, sans raison, sans logique, simplement parce qu’elle ne supportait pas de la voir renoncer… Ce monde dévorant systématiquement les êtres faibles et isolé, chose qu’elle se refusait.

Voilà pourquoi, en l’entendant répliquer avec une hargne évidente lui arracha un nouveau sourire… Son corps fut alors parcouru de soubresauts signe d’une hilarité qui ne tarda pas à exploser.

-Tu réagis ! s’exclama-t-elle entre deux éclats de rire. C’est bien, prouve moi que j’ai tort…

Elle se tordit alors, se tenant le ventre à cause de la douleur provoquée par son hilarité. Elle se mit à genoux, le corps plié en deux, le temps de calmer son fou rire et de pouvoir reprendre.

-Tu te trompes sur moi, hein. Comme tu te trompes en affirmant te ficher de mon avis. Sans quoi, tu n’aurais jamais réagi aussi violemment. Mais tant mieux, le contraire m'aurait déçu et je me serai contenté de vider tes poches avant de t’abandonner ici. Ainsi, va la vie… C’est quoi ton nom ? J’vais pas t’appeler la pleurnicheuse maintenant, ça colle plus.

Plus sérieuse à présent, Ash se releva, afin d’observer les gestes curieux de l’inconnue. La plaie n’était pas belle, sale et purulente… Le genre mortel et sacrément douloureux. La voleuse fronça les sourcils, grimaçant presque en sentant l’odeur caractéristique de la chair en putréfaction… Puis la femme se saisit d’une paire de ciseaux, pas vraiment propre et s’en servit pour trifouiller à l’intérieur de la plaie béante et dégoûtante.

-Woooh oooh, tu fais quoi là ? C’est pas une bonne idée ça !

Sa souffrance était évidente, comme son désir de prouver à l’importune voleuse qu’elle se trompait sur toute la ligne… Une idée bien stupide aux yeux de la rouquine qui ne cessait de grimacer à la vue des chairs nouvellement coupées tandis que l’autre montrait toujours plus de hargne. Elle se mutilait, inutilement tout en l’insultant… À nouveau, Ash éclata de rire, les insultes ne l’impressionnaient guère, au contraire. Ce n’était qu’un mécanisme de défense comme un autre, lorsque l’on se trouvait vulnérable et acculé… comme ce fut le cas pour la demoiselle blessée.

-Mais oui, mais oui… J’ai compris va… Je t’ai mise en colère, tant mieux. Ça te tiendra éveillée au lieu de te laisser crever comme une merde derrière les buissons. Tu devrais faire soigner ce truc dégueulasse… Si la balle ne te tue pas, l’infection le fera sans aucun doute et c’est pas le genre de mort que je souhaiterai à qui que ce soit. Comment tu t’es fait ça au juste ?

Plongeant la main dans son sac, Ash en tira une petite bouteille contenant un liquide clair… De l’alcool, très fort, du genre imbuvable, tout du moins pas sans s’en retourner les boyaux. Elle l’avait volé la veille, espérant occuper sa nuit afin de trouver le sommeil, mais elle fut bien incapable d’en boire plus qu’une seule et unique gorgée qui n’avait fait que lui brûler violemment la gorge et tout le chemin allant à son estomac. D’un mouvement vif, elle la déboucha avant de la vider sur la plaie ouverte de l’inconnue… Nul doute que cela serait douloureux, mais au moins elle se déchargeait d’un poids inutile tout en nettoyant les saletés supplémentaires que la femme venait d’ajouter à sa blessure…

-Ça ne suffira pas, mais je ne suis pas toubib après tout. N’y touches plus, trouve quelqu’un pour soigner ça, sinon même ta colère ne garantira pas ta survie. Marche ou crève, justement. N’abandonne pas, agis… Ta bouche est acérée, peut-être même les lames que tu trimbales, mais rien de tout ça ne te sauvera si tu ne te bouges pas les miches. Crache donc, vas-y, ne te gênes, dans tous les cas, que tu le veuilles ou non, tu n’es qu’un cadavre puant en sursis. C’est vraiment ce que tu veux ? Perdre face à une vie qui te méprise ? Qui te teste chaque jour ?

Elle s’éloigna, retournant près de son arbre contre lequel elle se laissa glisser avant d’allumer une nouvelle cigarette.

Ophélia Narcisse
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Pas le bon moment [Terminé] EmptyMer 9 Mai - 13:32
Irys : 1609400
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Pérégrins -2
N'y avait-il personne de moins surexcité, ou juste un peu plus raisonnable que cette rouquine dans cette ville de débauchés ? Sérieusement, une enfant de cinq printemps aurait été tout aussi supportable, la douleur n'arrangeait en rien cet état de fait. La patience de Nima était aisée à esquinter, plus encore à complètement briser. Elle avait suffisamment attendu d'être dehors pour n'en plus vouloir de ces temps de latence qui la séparaient de sa liberté. On la recherchait déjà en Hinaus, et elle suspectait que bientôt, la rumeur de son évasion, sonnant comme une légende urbaine, allait se répandre jusqu'ici. Quelle détestable société, bien trop efficace au goût de l'évadée. Un sursit supplémentaire, bien plus long, serait définitivement des plus bienvenues. Mais à qui pourrait-elle bien le demander, ce repos ? A la jeune fille devant elle ? Au destin ? Plutôt crever que de s'abaisser à des suppliques qui ne lui ressemblaient pas. L'orgueil se forge dans la douleur, et la vaironne en avait eu sa dose. 

Et même si elle tentait de faire la sourde oreille à toutes les remarques subsidiaires qu'elle n'en pouvait plus d'entendre, l'immaculée trépignait seulement de pouvoir arracher les yeux de leur auteure. Jamais elle ne lui concéderait satisfaction, pas plus qu'elle ne lui transmettrait son nom qui n'était pas le sien, qu'elle refusait de voir être le sien. Il lui avait été légué par une ordure emplie de fausses promesses, un espoir sans fondement qui l'avait aspirée dans un précipice de tourments. Plus jamais elle ne considérerait l'héritage de l'asile comme étant celui qui l'a mise au monde. En ouvrant le corps de son médecin, elle avait réalisée qu'elle s'était faite dupée, qu'il n'y avait aucune autre explication derrière le génie que des sacs de viande et d'os. Le sensation amère qu'elle ressentait, cette arrière pensait qui la hantait, la persuadant que la seule valeur qu'avait la vie était le poids du sang qui coulait dans les veines. A quoi bon la préserver, s'il n'y a rien d'autre à sauver que chair et peau ? 

Les insultes semblaient faire plaisir à l'étrangère, qui n'en pouvait plus de rire comme une hyène. Nima l'aurait bien rejointe dans cette entreprise, mais l'ambiance et son humeur ne s'y accordait guère. Elle préférait quatre murs, une lumière tamisée, clignotante par moments, des attaches solides et un scalpel entre les doigts. La réalité était bien cruelle que d'amener une de ses envoyées pour la tourmenter sans qu'elle puisse répliquer correctement. Les quelques lames qu'elle gardait précieusement dans sa poche auraient fait bon usage dans cette situation, même si la dague que tenait la rouquine était bien plus plaisante à mirer. Si seulement elle pouvait en avoir une pareille, il y aurait moyen de bien plus s'amuser avec ses petits jouets. 

La vaironne avait beau être énervée, au moins, l'adrénaline lui avait envoyée un second souffle dans les artères. Le sang qui coulait de plus belle sur son bras gauche se vit s'orner d'une âpre substance alors que l'insolente s'était avancée avec un étrange récipient. La morsure de l'alcool fut ressentie tout aussi intensément que fer rouge sur la peau. Elle arracha une bruyante plainte de l'évadée qui couvrit sa bouche de sa seule main valide. Se mordant la paume, elle supportait la brûlure, se raidissant et serrant les dents, contractant son bras sous l'acide apposition qui avait achevée de mettre un terme à sa somnolence éveillée. En plus de cela, le processus l'avait un peu calmée, endurant le contre-coup des efforts pour ignorer la souffrance. Son dos se relâcha complètement, prenant appui sur le dossier, alors qu'elle regardait l'étrangère s'en retourner vers l'arbre qui remplissait le même dessein que son banc à elle. 

Le premier regret de la vaironne fut de ne pas avoir put saisir l'occasion pour lui enfoncer un scalpel dans la gorge, sa main étant trop occupée à maintenir son épaule. Celle du dehors entamait une autre leçon de morale, le même genre que Nima ne supportait pas. On l'avait assez prise pour une infirme pour qu'elle ne puisse plus vouloir qu'on la materne ou bien lui porte assistance, que ce soit de la plus minime des manières. C'était pour cette même raison, que lorsque son bras gauche se désengourdissait lentement, l'ego de la jeune femme, lui, n'en faisait que prendre un coup plus sévère encore. Se faire aider par elle, avant toute personne, ce n'était pas une humiliation, mais une insulte. Grinçant des dents, la vaironne se réserva bien le droit de la remercier et ne lui offrit même pas un seul regard pour son comportement à main tendue. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne croyait plus aux bons états d'âme de toute manière. Ce breuvage était certainement périmé, ou une autre connerie du genre et elle avait trouvé une bonne excuse pour s'en débarrasser. Surtout qu'elle ne fasse pas passer cet acte pour de la vertu, cette garce. 

- Tu parles de ma vie comme si tu savais de quoi il en retourne. Peu importe ce à quoi tu penses, moucheronne, tu es bien loin du compte. 


Trop souvent avait-elle reçu le jugement de personnes qui savaient mieux qu'elle, de savants qui possédaient les connaissances, de docteurs à la science infuse. Plus jamais l'anomalie ne s'attarderait à écouter les baragouinages d'étrangers qui pensait la connaître mieux qu'elle-même. C'était impossible, et chaque jour à l'asile lui avait apprise qu'il n'y aurait jamais quiconque pour entrer dans sa tête et prendre le contrôle de son destin, à part elle. Alors, que la première imbécile venue ne vienne oser s'immiscer dans le fil de son trajet avec l'espoir de lui offrir une solution rédemptrice ; marcher. Elle aurait pu lui raconter à quel point l'eau mouille que Nima s'en serait trouvée bien plus inhibée que dans l'instant. Et pourtant, elle l'irritait tant, que dans son orgueil téméraire, elle poursuivit l'attention qu'elle lui donnait. 

- Cette balle est le prix d'une liberté que j'ai dû acheter par le sang ! Je ne m'attends pas à ce qu'une imbécile du dehors ne comprenne quoi que ce soit de ce qu'est ma vie. Dégage ! Si je crève qu'est-ce que ça t'importe ? Tu pourras piller le peu qu'a cette robe en me regardant mourir de loin. C'est être une emmerdeuse qui t'amuse, ou alors est-ce que c'est naturel ? 

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Pas le bon moment [Terminé] EmptyJeu 10 Mai - 21:11
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La tête paresseusement penchée en arrière, Ash tira une nouvelle bouffée sur sa cigarette salvatrice, emplissant ses poumons de fumée blanche et épaisse avant de les recracher sous forme de cercle. Il s’agissait là d’une manière comme une autre de tromper l’ennui tout en montrant à l’inconnue que ses mots ne l’impressionnaient en aucune façon. La voleuse se perdit alors dans la contemplation des feuilles des arbres dansant lentement au gré de la petite brise matinale tout en prêtant l’oreille aux paroles de l’inconnue. Autant dire que ces dernières, proférées une fois encore avec hargne ,eurent le don de lui arracher un nouveau sourire, tandis que les yeux de la rouquine roulèrent exagérément dans ses orbites.

En soi, Ash comprenait parfaitement la réaction de son jouet actuel. Après tout, elle-même s’était déjà trouvée dans la même situation, à l’époque où Ash n’existait pas encore, où elle n’était qu’une gamine anonyme, perdue dans un monde inconnu, hostile et violent. N’être rien ne garantissait certainement pas sa sécurité, bien au contraire. Combien de fois s’était-elle fait prendre lors d’un vol raté pour se faire rouer de coups par la suite ? Combien de cicatrices parcourait à présent son corps ? Beaucoup trop pour ne serait-ce qu’oser entreprendre cet inventaire plutôt glauque…

L’inconnue se pensait-elle aussi seule d’elle-même à l’époque ? Certainement, celle-ci réagissait comme un animal blessé, abandonné, trop souvent trahis, maltraité… Comme si finalement la seule manœuvre de défense possible restait l’attaque. Mais bien que l’amnésique avait pleinement conscience de tout cela, elle éprouvait encore le besoin de la titiller, encore et encore… Une façon bien singulière de tendre la main à cette femme, chose qu’elle ne faisait jamais d’ordinaire et qui semblait si peu naturel… Ash veillait toujours à ignorer le monde autour afin de se préserver des agressions extérieures.

-[Bouuuuh ouhhh, s’écria-t-elle brusquement en frottant énergiquement ses yeux pour chasser quelques larmes imaginaires, avant de forcer sur ses jambes pour se relever. Moucheronne… C’est presque mignon… Je préfère le terme pantin, tu sais ces hideuses marionnettes que l’on manipule à l’aide de cordelettes reliant les membres aux croix de bois… déclara la voleuse amusée tout en imitant un marionnettiste hilare avant de se relever la tête vers son interlocutrice.

Son visage alors si fit plus sérieux, plus dur, plus froid aussi… Ses yeux d’azur se plissèrent, assez pour exprimer un mépris sévère, presque dégoûté.

-Tu as raison, pantin, je ne sais rien de ta vie aussi insignifiante soit-elle. Mais penses-tu réellement qu’elle m'intéresse ? Détrompe-toi tout de suite, je n’en ai strictement rien à foutre. Je n’ai pas envie de connaître tes malheurs, princesses, ils t’appartiennent et je ne tiens pas à les partager, garde les… Je n’en ai que faire.

Restant à distance respectable, l’amnésique plaça ses mains dans ses poches avant de donner un coup de pied dans un caillou qui atterrit un peu plus loin.

-Mais dis moi, penses-tu sincèrement être la seule personne au monde à en avoir bavé ? Pauvre petite chose...railla-t-elle avant de gronder: Laisses-moi rire, miss pantin. Devine quoi, la vie est une chienne agressive et maline. Elle aime jouer avec chacun de nous, nous frapper lorsque nous sommes à terre, sans nous laisser le loisir de nous relever sans heurts. Qu’importe ce que tu as vécu, je m’en contrefiche, et tu ne devrais même pas y accorder d’importance toi-même. Tu es à terre, bah tu te relèves… Tu es la seule à pouvoir décider de ta vie. Alors quoi ? On t’a menti ? Utilisée ? Battue ? Violée ? Tu ne sais pas où tu es, ni qui tu es ? Et alors ? Pleurer, gémir ou m’insulter ne te feront pas avancer plus qu’un simple pas en avant.

Évidemment, elle ne savait rien de cette femme, inconsciemment Ash crachait ses propres expériences, dont certaines furent volontairement effacées de sa mémoire par son propre cerveau. Néanmoins, l’amnésique n’avait pas besoin de se souvenir pour savoir ce qui avait dû se passer, certaines cicatrices parlaient d’elle-même tandis que le reste fut entendu des bouches indiscrètes du personnel soignant de l’hôpital où elle avait vécu plusieurs mois après son réveil.

Malgré tout, la rouquine ne se faisait guère d’illusion, l’autre ne l’écoutait pas. Elle se fichait bien des paroles d’une inconnue… Comme elle l’aurait fait à sa place. Ash ne voulait certainement pas se l’avouer, mais cette femme lui rappelait celle qu’elle était jadis, avant de se trouver un nom… Lorsqu’elle n’était rien, ni personne… Invisible anonyme, cible facile pour tout prédateur assez malin pour abuser de cet état lamentable.

Puis elle repensa aux mots de l’inconnue blessée…“Cette balle est le prix d'une liberté que j'ai dû acheter par le sang !”... Une évadée donc, mais de quoi ? De prison ? D’hôpital ? Un détail lui revint alors en mémoire, une rumeur entendu un peu plus tôt évoquant l’évasion d’une aliénée dite dangereuse… D'où déjà ? Hinaus ? Vereist ? Qu’importe, ce n’était pas le plus important dans cette histoire sacrément intéressante. D’ordinaire, la jeune femme se serait déjà mise en quête d’une façon de profiter de la situation… Mais pas cette fois. Ses traits délicats s’étirèrent en un sourire narquois chargé d’une ironie évidente alors que son regard rappelait celui d’un félin guettant sa proie inconsciemment acculée.

L’histoire en elle-même lui parut fort intéressante, ne serait-ce que par son originalité. Personne ne s’échappait jamais de ces hôpitaux pour cerveaux malades et âmes égarées. De ce qu’elle avait entendu dire au sujet de ces établissements douteux, les patients y étaient étroitement surveillés et subissaient parfois quelques traitements étranges censés leur ramener leur santé mentale… Ash se montra alors bien plus curieuse au sujet de cette inconnue à la langue acérée, se méfiant tout de même un peu plus à présent, assez pour garder ses distances afin de pouvoir analyser ses mouvements.

- Et alors quoi ? C’est ça ta liberté ? Tu t’es battue pour ça ?Je ne vois qu’un pantin qui se retrouve à terre sitôt ses fils coupés.

Ophélia Narcisse
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Pas le bon moment [Terminé] EmptyJeu 10 Mai - 23:02
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Une mimique insultante, des onomatopées enfantines. La salope avait vraiment bien choisie sa cible d'emmerdes, hein ? Quelle plaie ... et Nima ne pensait pas à celle qui lui trouait l'épaule. Il s'agissait là d'une blessure qui saignait bien plus abondamment, dont la profondeur n'avait rien à envier au morceau de plomb qui lui hantait la chair. Son corps était intact de cette morsure, de ces piques, c'était son orgueil qui se brisait en morceaux, ravagé par une gamine qui profitait bien trop de sa position de puissance. L'heure viendrait bien assez tôt où le vent tournerait. C'était certain. Yshkarès avait eu ce qu'il méritait, son infirmière avait eu ce qu'elle méritait. La petite chienne qui n'en pouvait plus de la tourmenter aurait la juste rétribution de ses actes un jour. Le coeur de la vaironne espérait simplement qu'elle aurait tout le loisir d'assister à ce moment, un grand sourire carnassier aux lèvres et une infinie réserve de moqueries à lui adresser. 

Mais comme la rouquine le disait, la vie est une plus grosse chienne que la gamine qui s'amusait beaucoup de sa souffrance. Dans cette mesure, elle lui ressemblait bien plus qu'elle ne l'imaginait. Nima s'en rendait bien compte, mais dans ses manières, elle était plus ... "fine" que sa tortionnaire. Ses scalpels, à défaut d'être imposants, étaient tout à fait minces, juste assez petits pour esquisser des failles bien maigres. Mais bien assez coupants pour bien les dessiner, comme si l'on ouvrait délicatement une fermeture éclaire pour destituer ses homologues de leurs habits de chair. Clairement celui de l'insolente devait être lourd à porter, la vaironne pourrait certainement se laisser tenter de lui en alléger, qu'il y ait des témoins ou non. Impact de balle, ou non. Il fallait bien reconnaître que la petite catin avait parfaitement choisi son défouloir pour la journée ... ou était-ce le cas ? 

Malgré toute l'énumération d'offenses que faisait la rouquine, l'évadée n'en aurait jamais eu assez d'y acquiescer. Oui, on l'avait menti, on l'avait utilisée, on l'avait torturée. Elle ne savait plus qui elle était, ni où elle était, ou bien d'où elle était. Pleurer ... gémir ... insulter ... ne l'avait-elle pas vue dévaler les rues trois heures durant auparavant ? N'avait-elle fait qu'attendre sa première véritable pause pour profiter de l'occasion ? C'était l'oeuvre d'une maligne jeune fille, d'une sadique petite qui trouvait de l'amusement dans la souffrance, une charmante mélodie jouée par la plus imaginative des mélomanes, dont elle maniait bien les notes. En somme, c'était une véritable connasse. Mais même les connasses ont parfois raison, et si Nima abhorrait les mensonges qu'on lui avait adressées, elle détestait tout autant la vérité que cette moucheronne aux airs d'adolescente prépubère lui crachait au visage. 

- Hé ... tu as tort sur deux points, petite conne. 


Finalement, l'enragée avait fini par perdre patience. Ses joues s'étaient rougies de colère et les veines de ses poignets ressortaient d'une teinture violette de sa peau. Sa main droite repêcha les ciseaux qu'elle avait lâché sur le banc, avant qu'elle ne les empoigne aussi solidement que l'on serre le manche d'une épée. Elle leva enfin ses fesses du support qu'elles n'avaient que trop longtemps réchauffées. Son regard s'arrondissait, ne détournant jamais ses pupilles des iris de la vile pétasse qui, au final, avait bel et bien réussit sa petite mascarade de "qui poussera l'autre hors de ses gonds". Un jeu auquel l'évadée était condamnée à perdre. Il y avait bien autre chose qu'elle pourrait peut-être faire, cependant. Les lames de la paire métallique étaient pointues, elles s'enfonçaient avec profondeur dans la peau sans qu'il n'y ait besoin d'appuyer à plusieurs reprises. Si le fait n'était pas déjà établi, la rouquine avait finalement mis la blessée en rogne. Vraiment, en rogne. 

Nouvelle anomalie qu'elle était, la concernée n'avait jamais maîtrisé son camouflage d'une autre manière que par les émotions, le déguisement forcé. La fuite en avait été la première instigatrice, puis la peine et désormais, ce fut la colère qui le déclenchait. Pas tant un moyen de défense qu'elle savait manipuler, mais bien un automatisme créé par son corps pour filtrer ses sentiments. Le sujet de son obsession était de faire saigner la truie jusqu'à ce qu'elle braille. L'intermédiaire de cette entreprise était la paire qu'elle tenait dans sa main, sur laquelle ses doigts forçait à en tordre les anneaux de fer. A son contact, sa peau devint lisse, vidée de toute ride, à mesure qu'un teint argenté montait jusqu'à son épaule intacte, puis jusqu'à son cou, puis, jusqu'à son front. Couverte en intégrité de ce ton de ferraille, la véritable nature de la vaironne n'était désormais plus qu'une évidence. 

Ce n'était pas volontaire, ni même souhaité. Bien sûr qu'elle aurait préféré ne rien y faire, trop souvent avait-on attribué ses souffrances au compte de ce qu'elle était, de ce qu'elle était capable de faire. Il n'y avait aucune raison pour que l'extérieur lui pardonne ce trait qui courant dans ses veines et rampait dans son dos. Elle avançait lentement vers sa cible de coeur, entre autres. Peut-être qu'elle pourrait s'y méprendre, tant le regard de Nima était, bien ironiquement, langoureux. Ce n'était pas la rouquine le sujet de ce vif désir, mais bien la vision future d'une souffrance qu'à son tour, elle allait beaucoup s'amuser à délivrer. Et d'une voix tordue, aussi mal lunée que son attitude, elle articulait.

- La première est de croire que mes fils ont été coupés.


Bien que la phrase puisse porter à confusion, elle ne parlait même pas du Régisseur dont elle ignorait encore tout de l'existence. Ce qu'évoquait la vaironne, c'était le fait que personne ne voudra jamais d'elle, et que la première des ficelles qui la retiendraient, était celle de la solitude. S'ensuivait la liane de la folie, qu'elle ne maîtrisait pas et dont elle n'avait pas plus connaissance que son traqueur. Et l'ultime corde qui jamais ne la laisseraient libre, était celle du passé dont elle avait tout oublié. Si Nima ne mentionnait qu'une seule entrave, il en existait bien d'autres qui lui feraient traîner le talon comme des boulets autour de ses chevilles. En somme, et avec la même inconscience qu'une enfant ignorante, elle avait atteint une absolue vérité qu'elle ne soupçonnait pourtant pas. 

Lorsque la sanguine se retrouva à un ultime pas d'écart de la gorge à trancher, elle s'arrêta brusquement, renvoyant sa main se balancer contre son flanc. Les lames résonnèrent très brièvement en se frottant sur sa hanche d'argent. Le regard vairon était lui aussi aspiré par la couleur d'acier, aussi, si la rouquine pouvait toutefois lire en travers, il n'affichait plus qu'une sarcastique expression ravie. Un sourire exagérément vif et des paupières presque closes, mais les pupilles qu'elle dissimulait derrière voyaient parfaitement entre les cils gris qui obstruaient de quelque peu leur vision. Ces voiles de chair dissimulaient des intentions toutes aussi mauvaises que ce que laissait entendre son petit air bien-heureux.

- La deuxième est de penser que je vais simplement me contenter de t'insulter. 


Et doucement, elle leva sa main droite, pointe du ciseau orienté vers le visage de la petite chienne qui, sûrement, aurait une réponse plus originale à cette initiative de sa part qu'une leçon de morale et des surnoms à en faire pleurer une gamine ? Nima n'espérait même plus de si hautes attentes, venant d'une truie pareille. Ce qu'elle remarqua toutefois, et un peu en retard, c'était le teint qui couvrait sa peau. Le timing était parfait, vraiment excellent, tant que personne ne l'interrompait. L'unique mauvais coup du sort qui pourrait la contrarier, serait un malencontreux passage de civil. La vaironne feint toutefois la flegme, gardant son expression droite, avec le sourire en moins, et le regard sévère en plus. Le ton était froid, prometteur surtout, le serment que si la vilaine truie ne se décidait pas de s'en aller, elle allait le regretter. 

- Tu m'as l'air joueuse, petite catin. Pourquoi ne parierais-tu pas sur les chances qu'a ta dague de traverser ma peau ? 


L'anomalie commençait aussi à se prendre au jeu, preuve en était de la risette qui était venue fendre son visage métallique. Il fallait plus, appuyer sur la petite faille qu'elle aurait pu ouvrir, pousser la persuasion jusqu'à la folie même. Alors, Nima pencha la tête sur son épaule droite, laissant grand ouvert l'espace entre sa clavicule et sa gorge latérale. Elle n'était pas du genre à faire de petites cérémonies pareilles, mais au final, son goût prononcé pour les coupures et l'attitude tant jouasse de sa nouvelle ... "amie" lui étaient montés jusqu'au crâne. Certainement que sa comparse y trouverait autant de goût qu'elle. 

- Vas y ... essaie, vise bien surtout. Et si tu échoues, alors j'aurai tout le loisir de t'utiliser selon mon bon vouloir. Jouera ? Jouera pas ? 

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Pas le bon moment [Terminé] EmptyMar 15 Mai - 19:59
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-Ohhhh…. Alors, j’ai raison sur tout le reste ? Intéressant, railla-t-elle, venimeuse.Très, très intéressant...

Malgré l’urgence évidente de la situation, alors que toute personne sensée aurait déjà mis les voiles loin de l’être malade et fou face à elle, Ash jubilait. Un rictus narquois et provocant à souhait s’étirait toujours plus, donnant à son visage une expression militairement malaisante. Le but était simple : pousser l’inconnue dans ses derniers retranchements. La laisser cracher son agressivité palpable, visible, semblant même suinter par tous ses pores.

La jeune femme blessée, guidée par son cerveau malade et ses nerfs soumis à l’épreuve de la verve empoisonnée de l’amnésique, se saisit lentement de son arme d’infortune, avant de s’approcher avec un regard d’aliénée prête à en découdre. La vision avait pourtant de quoi donner des sueurs froides, mais pas pour la voleuse. Au contraire, elle se voyait entièrement satisfaite de voir le pantin agir exactement de la façon qu’elle attendait.

Malicieuse marionnettiste, avide de jeu, Ash se régalait du spectacle que lui offrait l’inconnue. Elle l’observait se mouvoir lentement, ses yeux vairons emplis de fureur malsaine exprimant l’envie de planter les ciseaux dans la chair souple de sa “proie”. Comme elle se trompait sur ses intentions. Comme elle se trompait de cible. La rouquine ne s’amusait pas de son malheur, pas cette fois en tout cas, tout ce qu’elle voulait s’était de la provoquer, cherchant à savoir où se plaçait sa folie.

Elle ne bougea pas d’un pouce, malgré l’appel au sang qui résonnait violemment jusque dans ses tempes tout en hurlant à son instinct de survie d’agir rapidement… Mais pas tout de suite, il était encore bien trop tôt pour cela, la partie ne faisait que commencer.

Ash l’avait laissé parler, cracher ses mots qui n’avaient pour intention que de se défendre. L’effrayer avant d’attaquer… Une manière aussi grossière que déraisonnable d’agir… Signe d’un amateurisme évident et d’une folie parfaitement perceptible… Tout comme sa nature dérangeante et interdite prenant l'apparence d’une peau lisse couverte d’argent. Étrange comportement corporel que voilà, Ash ne savait après tout rien de ces êtres étranges et refoulés par tous. D’ailleurs, si l’inconnue n’était pas sortie d’un train bondé de citadins joyeusement équipé de leur attirail technologique, elle aurait pu l’imaginer My’tränne… Bien que n’en ayant jamais rencontré, la voleuse avait entendu diverses histoires et autres rumeurs sur leur fameuse magie… Seulement, cette fois, un seul et unique mot se détachait de ses pensées :

Anomalie.

Son sourire s’étira une fois de plus tandis que la pointe des ciseaux souillés par le sang de sa marionnette pointait dangereusement vers son visage. Comme elle paraissait sûre d’elle la créature, si certaine d’inspirer l’effroi chez la rouquine qui riait intérieurement… Oh elle voulait jouer la bestiole, tant mieux, il n’y avait pas meilleure partenaire pour cela que la voleuse souriante.

-Tiens donc, tu veux jouer, ma belle ? Il fallait le dire plus tôt.

D’un mouvement rapide, Ash se saisit de sa main armée avant de lui balayer rapidement les jambes afin de la faire tomber. Il lui suffit ensuite de retourner l’avant-bras de l'aliénée dans son dos tout en saisissant le second pour l’immobiliser dans une poigne de fer. Nul doute que la position ne ferait que raviver la douleur de sa blessure, néanmoins la rouquine n’en avait que faire. Se penchant à son oreille, elle lui murmura :

-Tout jeu contient des règles figure toi. La première est de ne jamais sous-estimer son adversaire… Il peut y avoir quelques surprises à l’arrivée… La deuxième est de ne pas perdre de temps en menace, petit pantin, sans quoi tu laisses une ouverture magistrale et la possibilité d'en profiter.

Ne souhaitant pas la blesser inutilement et encore moins la tuer, Ash éloigna vivement sa proie d’un simple coup dans le dos avant de faire quelques pas en arrière, question de prudence.

- Il serait bien simple de te tuer, peut-être même plus que tu ne peux l’imaginer. Mais je ne suis pas là pour ça…

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Pas le bon moment [Terminé] EmptyMar 15 Mai - 23:37
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Nima avait le cou penché, lorsque la petite hyène s'était décidée à finalement prendre sa réponse à sa proposition tordue de petit jeu. La vaironne avait ses propres manières de s'amuser lorsqu'elle était dans sa chambre à l'asile, seule, avec pour unique camarade ludique l'obscurité ambiante qui, elle, ne semblait jamais se lasser de la compagnie de l'anomalie. Preuve en était que trois semaines durant, jamais n'avait-elle vu plus lumineux que l'éclat de la Lune qui avait brillé sur son faciès délivré, le jour de sa cavale. Alors, dans sa solitude, sa seule occupation était de se griffer les fraîches coupures de ses saignées, pour trouver un réconfort dans la douleur. Ce n'était pas le sentiment en lui-même que la vaironne affectionnait, mais le fait de se sentir vivante. Tant qu'elle avait mal, c'est qu'elle pouvait encore respirer, tant qu'elle saignait, c'est qu'elle avait de l'hémoglobine à revendre. Et tant qu'elle pleurait, c'est qu'elle avait encore beaucoup de larmes à verser. La souffrance a un prix, même si elle n'a rien de physique. 

Ainsi, lorsque l'évadée sentit son bras se dérober à sa volonté propre, lorsqu'elle sentit le sol se dérober sous ses pieds, et surtout, lorsqu'elle constata que sa douleur ne se suivit pas de sa mort immédiate, elle y trouva une forme de joie. Ce n'était rien de comparable avec des retrouvailles émouvantes, ou bien simplement la chaleur d'un bon alcool dans son gosier, ni l'empreinte aimante d'un ami. Pour Nima, c'était la fin de sa vie de chienne isolée, muselée et attachée. Le monde la faisait souffrir, et elle le ressentait dans sa plaie qui s'était tordue sous l'impulsion. Même la pique arrogante de l'autre tarée, même le ton enfantin qu'elle aimait employer et surtout sa manière qu'elle avait de lui donner un surnom. Tout cet enchaînement était si libéré, si informel et n'avait rien de la procédure habituelle de torture que lui imposait l'asile. Elle souffrait, et elle adorait cette douleur. Pas pour la sensation, mais pour le symbole d'une délivrance qu'elle ne se sentait plus capable de retenir.

Mais cette joie était nuancée, teintée d'une rancune que l'immaculée n'aurait su nommer. De la colère ? Une ingrate redevance ? Peut-être simplement de la haine ? Au final, ce n'était jamais rien que sa fierté qui venait d'être brisée, traînée dans la boue, comme au temps même où elle ne s'en était pas forgée une. Mais au fond, la vaironne n'avait jamais eu une once d'orgueil en elle, pas une seule larme de fierté, pas la moindre goutte de dignité. Elle avait rampé aux pieds des docteurs, et maintenant elle se traînait à ceux d'une étrangère dont elle ne savait toujours pas ce qu'elle lui voulait.

Le coup qu'elle prit dans le milieu du dos fit résonner un craquement dans le corps de la maîtrisée. Même si cela n'avait rien de grave, celle-ci sentant la gêne dans ses vertèbres doublée de la faiblesse de son épaule ne comptait plus se donner la peine de se relever. Elle en avait bien eu assez aujourd'hui, entre la chaleur étouffante, les brouhaha incessants des passants au chant assourdissant et les dernières représailles de ses propres imbécilités. La vie en extérieur était bien plus agitée que celle entre quatre murs, et elle n'en était que plus agréable. 

Battant du cil pour récupérer l'intégralité de ses sens, Nima sentit ses lèvres remuer un court instant, comme essayant de prononcer quelques paroles. Mais c'était bien vain, elle n'avait rien d'intelligent à dire, et tout ce qu'elle fit au final, ne fut que sourire. La risette se changea en expiration amusée, et l'expiration en rire léger. Désabusée, mais bien plus fatiguée encore, elle fit dériver sa nuque vers sa nouvelle tortionnaire envers laquelle elle avait perdu toute envie de meurtre. En fait, elle avait perdu bien plus que son instinct meurtrier sur l'instant. Son camouflage se déroba à son emprise, calmée de force par une soumission qui dépassait la résistance qu'elle pouvait opposer. Alors, elle s'était laissée faire, mais sans jamais hurler de sa douleur. 

- J'avais donc raison. Tu dois bien t'amuser à me voir rouler dans la terre.

Ses chances de survie étaient faibles, extrêmement basses. Une jeune fille délaissée de ses soins, arrachée à sa convalescence, perdue dans un monde qui ne lui ressemblait pas, qui n'était pas pour elle. Au final, les seuls regrets qu'elles avaient se redirigeaient autour de la mémoire qu'elle n'avait pas. Et pourtant, c'est l'absent qui créait chez elle sa volonté de vivre. Il n'était pas question de survivre pour esquiver le tourment de la mort, il était sujet de ne pas mourir dans l'oubli, sans que personne ne connaisse son nom. Son nom ... quel nom ? Celui de l'asile ? Hors de question qu'elle ne donne cette offense à sa personne comme étant son patronyme, elle préférerait encore ...

- C'est amusant comme surnom, petit pantin. Humiliant ... mais moins que Nima.


Si on lui creusait une tombe, elle préférerait que rien n'y soit marqué au final. Sa mémoire était trop salie, ternie par une personnalité dont elle n'avait jamais été ni auteure, ni responsable. On l'avait écrite de A à Z, sa folie, son addiction à la douleur, sa spirale infinie de tourments qu'elle se devait de causer. L'étendue de ses désirs égoïste était étirée par l'influence d'autrui, aussi ironique que cela puisse paraître. Il n'y avait que l'infinie recherche de son passé qu'elle tirait d'elle-même. Toutefois ... ça avait l'air amusant de tirer satisfaction du malheur des autres. En tout cas, la petite hyène semblait beaucoup s'attacher à ce loisir ... peut-être que si elle survit, la jeune femme s'y essaierait aussi un jour ... mais dans des formes bien plus physiques. 

Les yeux vairons se relevèrent à nouveau, fixant la rouquine dans l'azur de ses yeux. Il y avait cet éclat, comme une petite admiration, ou bien une gratitude mal dissimulée. Mais il y avait également cette petite frustration, comme une furtive irritation qui taquinait les paupières de l'immobilisée. Elle ne se priva pas de lui en expliquer les causes avec une simple phrase. 

- Tes leçons de vie me rappellent ce que les docteurs appelaient ... "rééducation". La leur était bien plus douloureuse que tes petits coups. 


Ses iris s'arrondirent une nouvelle fois, plongeant dans la prunelle des pupilles de l'étrangère, voulant atteindre la réponse d'une question qui se déposait sur le bout du regard admiratif de la vaironne. Oui, elle était assez impressionnée de voir qu'il y avait aussi irrécupérable qu'elle hors de l'asile, autant qu'elle en était soulagée. Au final, peut-être que ce monde lui réservait une place hors de quatre murs, comme la salope au bon coeur qui s'était présentée à elle. Au final, Nima ne savait toujours pas pourquoi est-ce qu'elle était venue lui parler.

- Et donc ? Si tu ne viens pas abréger mes souffrances, à quoi peux-tu bien servir ? Sois gentille et tue-moi avant que la chaleur ne le fasse. Je préfère une large coupure à une gorge sèche.

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Pas le bon moment [Terminé] EmptyVen 18 Mai - 11:30
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Ash s'en retourna auprès de son arbre, marchant à reculons pour ne pas tourner le dos à l'aliénée. Cette fois, elle resta debout, s'adossant simplement pour jouer avec la paire de ciseaux, signe qu'elle ne baisserai pas sa garde même si sa proie se trouvait à terre. Un soupir amusé s'échappa de ses lèvres moqueuses lorsqu'elle entendit l'affirmation de sa marionnette. Non, elle n'y prenait aucun plaisir, bien au contraire, considérant son acte comme une sorte de mal nécessaire pour faire réagir l'inconnue. Toutefois, la voleuse n'était certainement pas prête à se montrer tout à fait franche envers la jeune femme désarmée.

-Quelle différence cela ferait-il que je te réponde oui ou non. Tu t'es faite ta propre opinion, il me semble.

L'évidence était pourtant là, en tout cas pour tous ceux assez observateur pour le voir. Malgré sa position de force, Ash n'en avait nullement profité, ni pour la voler, ni pour la blesser. Le jeu n'en était pas vraiment un, l'amnésique se sentant étrangement attirée par cette marionnette démissionnaire. Un peu comme s'il s'agissait de son propre reflet venant de son passé le plus lointain. Une époque certes révolue, mais qui avait pourtant apporté son lot de cicatrices plus ou moins visibles... Celles de l'âme demeurant les plus marquantes. Mais loin de la briser plus encore, Ash s'en était servi pour se construire, afin de s'émanciper d'une réalité contrariante et maladive dont elle ne voulait pas.

Alors, l'entendre à nouveau se focaliser sur un détail qu'elle jugea grotesque et totalement risible lui arracha un rire sardonique, presque mauvais avant de se reprendre.

- Rien n'est humiliant sauf si tu en décides ainsi par toi-même. Nima... C'est ton prénom ? Au moins quelqu'un s'est donné la peine de t'en donner un.

Son regard se porta à nouveau vers les branchages grassement fournis. Ash... Son prénom, celui qu'elle s'était elle-même choisi afin de se donner une identité bien illusoire avant de comprendre que malgré cela, elle restait "personne".

- Je m'appelle Ash, déclara-t-elle sans pour autant la regarder. Et comme cette formulation est vraie. C'est moi qui l'ai trouvé puisque j'ai oublié celui donné à ma naissance, en supposant du moins que j'en avais un...Mais finalement, un nom ne représente rien. Quelle importance de s'appeler Nima, Gertrude ou andouille... Ça ne changera rien à ce que tu es, ou ce que tu vas devenir. C'est ce que j'ai compris avec le temps.

Toutefois, elle prit le temps d'écouter l'inconnue lorsqu'elle évoqua sa fameuse rééducation. Un nouveau soupir narquois s'échappa, cette fois, celui-ci se voyait directement adressé à ses fameux médecins qui se fichaient bien de leur patients. Ash se souvenait très bien des siens, ils avaient guéri ses plaies, mais n'avaient jamais cherché plus loin. Au contraire, ils l'avaient isolé de tout, l'enfermant dans une douloureuse solitude dont elle n'était toujours pas sortie, quoi qu'elle en dise...

-Je n'ai pas cherché à te blesser, hein. A quoi bon? Tu es déjà à terre... Les meilleures leçons s'apprennent sur le tas et souvent dans la douleur. Au moins ces toubibs t'ont fait comprendre que les gens, malgré leur mots ne te veulent pas forcément du bien, c'est même souvent le contraire. Tous les blabla du monde ne changeront rien à cette expérience, à toi de voir ce que tu comptes en faire. A ce niveau-là, personne ne pourra rien pour toi...

Cette fois, le regard d'azur se plongea dans les iris bicolores de Nima. Elle avait bien remarqué son changement d'attitude, ses interrogations se lisaient aisément dans ses yeux. Pourquoi l'avait-elle suivi au juste ? Pourquoi se comportait-elle ainsi envers une inconnue dont elle n'avait rien à faire... Enfin, ça c'était ce dont elle essayait vainement de se convaincre, ne voulant certainement pas reconnaître qu'elle était pourtant capable de se soucier des autres... Alors, pour une fois, Ash décida de retirer son masque habituel, laissant échappé le temps d'un bref instant celle qu'elle était réellement et qu'elle tentait d'étouffer chaque jour. Plus de malice dans son regard qui semblait éteint presque mort, plus de sourire, seulement un visage figé dans une expression indéchiffrable.

-Je ne suis pas une meurtrière, pantin. Je ne compte pas te tuer, ni même jouer avec toi... Tu es moi, sans l'être tout à fait. Et tes larmes me donnaient envie de vomir. Je ne pourrais pas t'expliquer pourquoi je suis là, je ne le sais pas moi-même... Je n'ai pas pu m'en empêcher. Mais tu n'as rien à craindre de moi.

Ophélia Narcisse
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Pas le bon moment [Terminé] EmptyVen 18 Mai - 23:13
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Pérégrins -2
Nima n'avait jamais arboré un visage aussi neutre, vide d'expression. Que pouvait-elle bien offrir comme expression à une telle ... attention ? Elle semblait si déplacée, faire du mal pour faire du bon, quel genre de logique tordue était-ce là ? Trouver la morale dans la douleur, transformer la plaie en cicatrice, changer la cicatrice en expérience. C'était un concept qui, après brève réflexion, paraissait tout à fait censé. Mais ce n'est pas en comprenant ce fait que la vaironne saisirait seulement qu'elle devrait plutôt s'interroger sur le logique de se faire du bien en faisant mal. Au moins, c'était un pas en avant, un léger avant-goût de ce en quoi le monde extérieur pourrait bien la changer. Une femme normale, fondue dans la masse et confondue avec sa voisine. Ha ! Quel beau rêve ce devait être ... être comme tout le monde. 

Sa bienveillante agresseuse n'était cependant certainement pas comme les autres, tous étaient des moucherons, mais elle, on aurait pu dire qu'elle était la guêpe parmi les larves. Grandie plus que gamine, bien qu'elle ait l'attitude de cette dernière, elle avait forcé une morale d'acier dans l'esprit de Nima. Ne pas mourir, voilà ce qu'elle avait retenu de ses discours, et elle ne comptait certainement pas crever maintenant, ni jamais d'ailleurs. Au fond de son coeur, l'évadée savait parfaitement qu'elle ne serait jamais prête à affronter la mort, elle l'effrayait bien trop pour ça. Son visage avait beau fondre le parfait jansénisme au travers d'une malsaine pensée, elle n'en restait pas moins au fond, la nouvelle-née qui n'avait vu le soleil que deux fois dans sa vie. 

Moins surprise de voir autant l'expression de la petite hyène changer qu'elle en était satisfaite, la vaironne esquissa un fin sourire accompagné d'une exhalation -peut-être ?- rassurée. Au final, elle se sentait sentait aussi déçue de ne pas être la seule à jouer de la manipulation, qu'elle s'en trouvait rassurée. Mais autant ce fait était agréable, autant elle se trouva bien heureuse d'être tombée sur une personne avec un fond meilleur que ce que les aspects ne laissaient entendre, bien meilleure. Cela faisait un moment qu'elle s'en était faite la remarque ... mais est-ce qu'elle venait de penser en bien de quelqu'un ? C'était étrange ça.

- Je crois, petite hyène, que tu surestimes la crainte que tu m'inspires. Par contre, j'ai très mal. Tu peux au moins déporter ta fierté sur ça.


Gamine qu'elle était, la petite rouquine savait blesser, et pas des moindres. Le bras qu'elle lui avait tordu et le coup de pied dans ses vertèbres -qui d'ailleurs refusaient toujours de se redresser- pouvait s'enorgueillir de leur efficience sur le corps meurtri. Elle s'essaya une seconde fois à la tâche, de manière à ne pas requérir d'aide inutile de sa propre tortionnaire. Sa fierté perdrait Nima, autant que son manque de discrétion quant à son passé. Rien ne retenait la jeune fille d'aller tout raconter aux autorités, de sa localisation à son état. D'autant plus qu'elle ne tarderait vraiment pas à perdre conscience, vu les circonstances extrêmes de fatigue et le soleil qui s'amusait beaucoup à lui cogner le front. Elle battait déjà des cils en essayant de se raccrocher à l'éveil. 

Son dos se redressa un court instant, jusqu'à ce qu'une douleur aussi vive qu'une décharge vint lui saisir l'échine, remontant jusqu'à sa nuque. S'essayer à revenir de par ses propres moyens sur ses deux jambes était devenu une cause aussi perdue que les deux cas sociaux qu'incarnaient le duo de jeunes femmes. L'anomalie se laissa lourdement retomber contre la terre gazonnée, grimaçant de son dos qui la foudroyait de ses cruelles impulsions. Sa nuque laissa choir le haut de son crâne contre l'herbe, rythmant de lourdes inspirations aux battements de ses cils qui devenaient bien plus accentués. 

Comme le plus puissant des anesthésiants, son accablement la sciait de son anathème, la laissant brûler au soleil, loin de l'ombre de la haie qui supportait le banc duquel elle s'était levée. Et pourquoi ? Pour essayer de planter une paire de ciseau dans la gorge de l'autre idiote. Nima n'avait aucun regret, au moins, elle était certaine de ne pas se faire égorger durant son sommeil qui suivrait. Enfin, "certaine" était un mot bien grand pour le degré d'irrégularité dont pouvait faire preuve la rouquine, entre ses rires et ses coups, il y avait un fossé de différence. En somme, cette étrangère, la vaironne pouvait s'y identifier ... avec le sens de l'humour en moins. 

Chaque personne avait ses manières de se rendre unique, ses propres moyens d'affirmer sa propre personnalité. Que ce soit par les excès caractériels, la sensibilité des émotions, l'empathie abusive, le cynisme latent ou bien ... la bienveillante hypocrisie, chaque personne du dehors avait sa propre manière d'être soi-même et de se faire reconnaître comme tel. Ces moucherons énervaient l'immaculée qui n'en pouvait plus de ne pas avoir ce genre de spécificité à elle. C'était quelque chose qui venait de l'éducation, de l'adaptation dans une vie de liberté ... pas de la captivité dans une parcelle d'existence. Sur un tableau aux milles couleurs, Nima n'avait qu'atteint les trois premières nuances, l'envie, la folie et la fierté. 

Mais une quatrième tache allait bien vite s'ajouter à l'oeuvre, bien que son orgueil n'en soit pas heureux. Devant son incapacité à se relever de l'herbe, elle n'allait avoir d'autre choix que de ... est-il vraiment nécessaire de l'énoncer ? Le caprice de sa mauvaise foi n'aurait su même ne serait-ce qu'effleurer une telle pensée si clairement exprimée. Alors, ce trio de couleurs vint s'agrémenter d'un quatrième éclat, bien que ce ne soit qu'un léger soupçon, la raison. La simple conception même de sa place dans l'esprit de l'internée d'asile était une contradiction même à chaque fait et geste qu'elle avait accomplie jusque là ... mais quand il faut se résoudre à l'inacceptable ... puis merde.

Elle tourna son visage avec un regard désabusé, qui ne croyait même pas aux prochains mots qu'elle allait prononcer. Sans le savoir, Nima faisait pour la première fois preuve d'un cynisme sarcastique envers elle-même avec une simple esquisse du sourire. Et, en de fines paroles, elle déposa sa demande qui pouvait paraître bien ... surprenante pour une personne comme elle.

- Je sais que si je marche pas je risque de crever, mais est-ce que tu pourrais me laisser mourir sur le banc, au moins ?

Ash
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Pas le bon moment [Terminé] EmptySam 19 Mai - 14:40
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Assise contre son arbre, la voleuse observait l’inconnue avec perplexité. Elle n’avait pourtant pas frappé fort et avait veillé à ne pas la blesser outre mesure, mais pourtant la jeune femme peinait à se relever. Peut-être était-ce dû à son état de fatigue provoqué par l’infection qui la rongeait peu à peu. Devait-elle réellement en tirer une quelconque fierté comme venait de lui conseiller ce vulgaire pantin fragile et meurtri ? Certainement pas...

-Quelle fierté? railla-t-elle en un soupir mesuré. Je n’y suis pas allée aussi fort que ça… Il fallait bien que j’éloigne ceci de mon visage, poursuivi la rouquine en agitant la paire de ciseaux devant elle.C’est le seul endroit qui reste vierge de toute cicatrice et je tiens à ce que cela continu ainsi.

Malgré tout, Ash ne l’aida pas, se contentant de la dévisager tout en faisant tourner l’outil transformé en arme dans sa main. Elle devait apprendre à se débrouiller seule, personne ne lui tendrait la main pour l’aider à se relever une fois à terre… A moins de bénéficier d’une chance incroyable… Elle, n’en voulait pas. Toute personne représentait un prédateur éventuel, alors qu’importe la main tendue, Ash préférait rester au sol, quitte à mourir, plutôt que d’accepter l’aide de qui que ce soit… Hypocrisie ? Plus ou moins. La rouquine se servait des gens pour obtenir ce qu’elle voulait, mais jamais en étant réellement en position de faiblesse… Sauf une fois, plutôt récente d’ailleurs, mais ceci ne se reproduirait plus, elle s’en était faite la promesse.

-Et bien quoi ? Tu abandonnes? demanda-t-elle en haussant les sourcils. Si tu ne peux pas courir, marche. Si tu ne peux pas marcher, rampe… Et si tu ne peux pas ramper… C’est que tu es déjà morte… Alors quelle importance de te trouver sur le banc ou à même le sol ? Un mort se fiche bien du confort.

Presque fière de son monologue, la voleuse éclata de rire en se relevant toutefois. Elle n’éprouvait aucune pitié pour la créature fragile, mais alla tout de même s’agenouiller à son côté.

-Très bien, je vais t’aider, annonça-t-elle finalement en plaçant son bras gauche sous ses aisselles pour la forcer à se relever.

Elle ne comprenait décidément pas ce qui la faisait agir de la sorte. Tout du moins, Ash se refusait de l’admettre. Pour une fois, elle était curieuse, sincèrement intriguée par la jeune femme misérable… Mais pourtant… Pas question de lui faire bénéficier de ce qu’elle-même n’avait pas eut. Lentement, la voleuse guida l’inconnue jusqu’au banc qu’elle semblait réclamer tout en veillant à ce que celle-ci ne sorte pas une nouvelle arme ou ne lui saute pas à la gorge. La manipulation… autant dire qu’Ash connaissait, elle en usait et abusait plus que quiconque, voilà pourquoi elle garda tout du long l’un de ses couteaux à la main jusqu’à ce que son fardeau ne se pose sur le banc. Une fois ceci fait, la rouquine déposa les ciseaux à côté de la femme avant de faire quelque pas en arrière.

-Il est temps pour moi d’y aller, lui lança-t-elle en se saisissant de son sac. Ne meurs pas, d’accord ? Je serais curieuse de te croiser de nouveau et de voir ce que tu seras devenue… Savoir qui tu veux être. En attendant, j’oublierai ton nom puisque tu n’en veux pas toi-même.

Avant de partir, Ash fit un dernier geste. Elle déposa une flasque comprenant de l’eau potable et un morceau de pain sur le banc juste à côté de l’anonyme.

-À notre prochaine rencontre, petit pantin. Marche ou crève, n’oublie pas, lui dit la voleuse tout en lui adressant un clin d’œil.

Sur ce, peu désireuse de s’attarder plus que nécessaire auprès d’une personne qu’elle ne pourrait pas aider, Ash disparut dans les allées du jardin public, fermement décidée à quitter cette ville…

Ophélia Narcisse
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Pas le bon moment [Terminé] EmptySam 19 Mai - 15:29
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Pérégrins -2
Nim... "petit pantin" se doutait bien qu'elle allait subir les railleries d'une telle demande, c'était d'ailleurs le point que sa stupide fierté aurait souhaité éviter. Mais au final, le léger temps d'adaptation dont elle avait eu besoin s'était avéré bien efficace pour comprendre la bienséance de la pensée qui y était dissimulée. C'était un soupçon de bonté, mais le pèlerin assoiffé n'a jamais assez de gouttes à épargner. Dans un désert de solitude, les oasis de mains tendues sont rares et précieuses, quelle autre issue pour la vaironne que de s'y abreuver ? La vie ne la laisserait jamais survivre seule, ce n'était plus une hypothèse, mais une certitude.

Alors, juste l'espace d'un instant, elle avait besoin que l'étrangère marche pour elle, de manière à ce qu'elle ne crève pas. C'était un minima d'efforts, mais il y avait bien plus que le simple désir de confort derrière une requête si infime. L'anomalie ne pouvait même pas ramper, peut-être cela voulait-elle dire qu'elle mourrait bien assez tôt. Peut-être l'étrangère avait raison, une défunte ne saurait profiter d'un bon reposoir. Mais celle-ci se considérait-elle vraiment comme condamnée ? 

- C'est peut-être parce que j'ai l'espoir de vivre ...


Se sentant soulevée après qu'Ash ait finalement dévouée ses bras à son port, la vaironne n'avait plus les capacités, ni même l'envie de lui planter un scalpel dans la gorge. Elle avait beau être irraisonnée et instable, la cristallisée savait parfaitement reconnaître un avantage d'une inconvenance. Mettre fin aux jours de cette fille menacerait sa vie bien plus qu'elle ne la préserverait. Son insatiable attirance présupposée pour la souffrance se voyait dominée par son désir de survivre. Hors de question de voir la vilaine expression de la Faucheuse pour l'instant ... peut-être remettre ça à plus tard ? Bien plus tard de préférence ...

Et puis, si la rouquine avait exprimé le souhait de la revoir en la laissant sur la banquette, intérieurement, la scindée émotionnelle n'en désirait pas moins. Une vraie personne, non tenue par des engagements de guérison était venue à elle pour l'aider sans attendre quoi que ce soit en retard. Elle n'avait même pas jeté un seul regard à ses cristaux, et le fait de sa nature véritable ne l'avait aucunement dérangée. C'était amusant de voir à quel point les partenaires de jeu du dehors pouvaient réserver des surprises inattendues, et bien que le sentiment premier qui s'en soit dégagé fut assez déplaisant, la sans-nom en appréciait l'imprévisibilité. Au final ... le planifié, c'est chiant. 

Tête allongée sur le banc, la vaironne esquissa un sourire en constatant que peu à peu le soleil se baissait, réduisant sa suffocation et repoussant le délai de sa mort. C'était une bonne chose, une très bonne chose. Lorsqu'elle finit par tomber dans l'inconscience, les quelques derniers mots qui glissèrent dans le creux de son oreille lui étirèrent plus encore les coins de ses lèvres vers les cieux. 

- Au revoir, petite hyène ...


Et sa tête flancha sur le côté, laissant un sommeil d'autant de plomb que la précédente radiation du soleil s'emparer d'elle. C'était une sieste sans rêve, le genre de ténèbres insondables qui font du bien à l'esprit et à l'âme. Sans même s'en rendre compte, ou peut-être que si, l'étrangère avait ravivé la flamme trop longtemps éteinte dans le coeur de l'égarée. Et dans une semi-conscience, suivie d'une perte dans les méandres d'un onirisme vide, celle-ci réalisait qu'elle avait toujours envie de vivre. 

Que ce soit encerclée par quatre murs, perdue dans le dehors, laissée en pâture à des docteurs ou exposée aux dangers de l'extérieur, jamais elle ne se laisserait tomber face aux foudres cruelles du destin qui ne demandaient que sa mort. Qu'on ne désire sa disparition, c'était une chose, mais jamais elle ne léguerait si généreusement un tel bien comme un cadeau que l'on offre. Si le petit pantin n'avait jamais été égoïste, elle l'était bien vite devenue. 

Son réveil se fit en douceur, bercée par les rayons des deux Lunes qui avaient remplacés ceux de l'astre brûlant. Leur éclat était semblable à la douce lueur d'un nouveau jour qui se levait, une aube nouvelle sur la vie crépusculaire de la jeune femme. Sa main se déporta sur sa gauche, effleurant ses ciseaux. Doucement, elle se releva, faisant craquer ses vertèbres avec l'appui de sa paume droite. Saisissant la paire de lames avec elle, et souriant à la vue des vivres qu'elle devinait laissées par la petite hyène, l'anomalie se traîna jusqu'à l'arbre qui servait de support à son ... amie ? Peut-être que l'appeler ainsi était prématuré. 

Peu importait ... au final, elle allait pouvoir survivre. Arrachant la mie du pain avec ses dents, la revigorée retrouva une énergie nouvelle après une famine qui avait durée plus de deux jours. En mâchant, elle faisait tourner les pointes métalliques devant elle, à la manière de l'étrangère au nom bien familier plus tôt dans la journée. En ayant une pensée pour celle-ci, la cristalline laissa s'échapper un murmura.

- Ash ... huh.


Et son regard se retourna vers sa plaie ... il était temps de faire quelque chose pour cette balle.

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