[RP solo] Retour clandestin.

Cela fait un moment que je n'ai pas écrit sur ce journal. En même temps, je n'avais pas le moindre instant à lui accorder. Tout fut si rapide, si confus, si dangereux... si excitant. Il y a presque deux ans maintenant mon... si regretté Ludwig a disparu. Qui sait où il a fini. Il avait tant d'ennemis, de forces puissantes qui lui faisaient barrage. J'ai mis longtemps à me remettre de la nouvelle qui n'en était pas vraiment une par ailleurs. C'était plus un silence, de plus en plus long, et je compris un jour qu'il n'y aurait plus que du silence. A ce moment-là j'étais de l'autre côté de la mer, à My'trä, car mon cher Ludwig m'avait demandé d'y établir un petit... commerce pour pouvoir envoyer de la poudre à Daënastre et diversifier nos activités. Il m'avait donné quelques contacts dont je pourrais me servir pour commencer ma besogne, mais lorsqu'ils devinèrent eux aussi que le patron avait disparu ils se murèrent dans le silence à leur tour. Il n'y en a qu'un seul qui a bien accepté de poursuivre cette entreprise avec moi. Aujourd'hui c'est mon associé, mon ami et mon époux.

Cet homme se nommait Rick. C'était un casse-cou, un jovial, un bandit avec qui Dolores avait sympathisé à My'trä, bien qu'elle ne sache pas vraiment d'où il venait. Mais le fait est que la bonhomie apparente de son futur époux lui permettait habilement de masquer des aspects aussi sympathiques qu'une soif de pouvoir assez grandiose, une propension à la colère et à la violence dont Dolores était bien souvent la victime et un cerveau malade virant vers une complexe paranoïa qui ne lui donnait guère confiance en ses associés. Mais il pensait que la jeune femme était différente, qu'ils étaient tombés amoureux l'un de l'autre et que, malgré ses excès et débordements, elle finirait bien sa vie avec lui comme dans tous ces récits romantiques de couples criminels qui bravent tous les dangers pour passer ne serait-ce qu'une journée de plus dans les bras l'un de l'autre. Mais force est de constater, et quand bien même Dolores écrivait le contraire dans un journal qu'elle savait potentiellement lu par son époux, que l'ancienne chanteuse ne portait pas cet homme très haut dans son cœur. Trop autoritaire, trop paranoïaque, trop violent. Elle avait hâte de s'en débarrasser pour pouvoir prendre les reines de leur petite entreprise. Mais cela, bien sûr, ne serait jamais inscrit sur ces pages. C'est entre nous.

Rick nous a trouvé un petit phare à l'est de Zochlom, juste en face du continent et ça c'est bien. De là-bas, nos quelques larbins dirigent les opérations. La poudre est fabriquée là-bas et on reçoit les matières premières de l'arrière-pays, c'est une petite tribu qui nous cultive ça loin des yeux indiscrets. Ensuite, une petite équipe ramène tout ça à Daënastre sur un sloop discret et rapide et ça arrive près de Skingrad où j'ai déjà plus de contacts de l'époque de Ludwig pour écouler tout ça. Ça roule assez bien, mais je vais devoir me séparer de mon tendre époux pour m'installer à Skingrad et essayer de récupérer un futur point de passage. On a repéré un bordel de la ville basse. Assez malfamé, mais on n'a pas trop le choix pour commencer. Et puis c'est un quartier suffisamment dangereux pour que la milice n'y passe pas trop souvent. Il va juste falloir que je trouve un moyen de me mettre les caïds du coin dans la poche et tout devrait bien se passer.

En bref, notre futur ne semble pas radieux, mais il est terriblement excitant ! Je n'ai jamais vécu autant d'aventures, cher journal, et je n'aurai jamais espéré en vivre à ce point ! Je me vois déjà, dans quelques temps, baronne du crime aux côtés de Rick dans les faubourgs de Skingrad avec tous les cadors du secteur à nos pieds ! Mais bon, ce n'est qu'un rêve lointain pour le moment. J'embarque demain pour Skingrad et je logerai dans une chambre de bonne qu'un contact a accepté de me céder pour un petit loyer. Mais en attendant, je serais livrée à moi-même donc il faudra trouver comment le payer ce loyer... Je n'ai pas d'idées, mais je trouverai bien en chemin ! Aller, je te laisse, cher journal ! Je t'emporte avec moi, ne t'en fais pas, hors de question que je ne garde pas trace de ce qui arrivera dans les prochains jours !

Dolores referma ensuite le petit cahier et le déposa dans sa valise qu'elle referma précautionneusement. Le bateau l'attendait depuis une bonne dizaine de minutes, elle entendait Rick hurler depuis la plage. Elle descendit aussi rapidement que possible les escaliers. Elle portait des vêtements pratiques, mais peu élégants et très masculins. Hors de question de finir au fond de l'eau en cas d'accident à cause de ses jupons. Elle était fin prête, déposa un baiser inutilement dramatique sur les lèvres de son mari et embarqua sur le pont de la petit embarcation qui semblait sortir d'une guerre tant elle était délabrée. Sa nouvelle vie débutait. Une vie bien moins confortable que ce qu'elle avait connue jusqu'alors, mais certainement bien plus palpitante. Et c'était tout ce que Dolores voulait alors.