Epreuve 1 : Lacrimosa - Open World

L’œil au loin, je soupirais devant la décadence des lieux. Là, assis sur mon banc prés d’un lampadaire à la lumière vacillante, je contemplais les ténèbres de la Benne. Ce quartier sans foi, ni lois, bien loin des lumières électriques et artificielles de l’Eden ou du Quartier Rouge. Au fond, la Benne, c’était probablement ce qui reflétait au mieux la situation de nos espèces sur cette terre à l’éternelle nuitée.

Mâchant mon morceau de rat séché, je désespérais de me faire un peu d’argent pour enfin savourer un vrai repas. Mon estomac grogna, et un bruit assourdissant fit écho. Il était assez sourd pour que les humains ne le perçoivent pas, mais assez puissant pour faire réagir les manticores et vampires alentours.

Ma main lâcha ma ration. Je me redressai. Gaïa commença à craqueler, puis rompu. Une masse rougeoyante fondit sur la Benne, ou tout du moins, sur ses abords. Un frisson remonta mon échine, et pendant un instant je cru apercevoir des astres derrière le bouclier qui se répara aussitôt. Nous étions de nouveau prisonniers de notre propre bêtise.

La terre trembla et de nombreux chuchotements se firent entendre. Que venait-il de se passer ? Je l’ignorais, mais je ne pouvais pas rester ici. Pas alors que la masse semblait s’être écrasée prés d’une zone qui, je le savais, ne devrait pas aimer cette céleste venue. Je vis là une opportunité à mes propres plans, et ne tarda pas à me décider.

Ma course fut rapide, mes sens vampiriques s’éveillant avec l’adrénaline. Je vérifiais un instant que mes couteaux de lancer étaient bien à leurs places, de même que le jian incrusté  d’argent que je maniais lorsque j’étais chasseur. Sur place, je ne manquai ni la ruine fumante inidentifiable, ni le groupe de zélotes défoncés au lacrimosa qui semblait rager contre le métal encore fumant.

De mon toit, je réfléchissais à quel chemin prendre pour fouiller les entrepôts encore intacts, quant j’eu soudainement la sensation d’une présence dans mon angle mort. Aussi, tournais-je la tête…

Ma main attrapa un couteau et le glissa sous sa gorge, à l’instant même où je fus saisit et questionné. Je notai que sa peau n’avait pas effleuré la mienne et était soulagé de ce pauvre constat. Pour autant, je ne pouvais que froncer des sourcils à ses questions.

« La seule personne que je menace d’une arme, c’est vous. Je pourrais vous renvoyer vos questions… »

J’allais dire humaine après mes mots mais je me retins. Son odeur, ce n’est pas celle des humains… Je dirais qu’elle a une odeur proche de celle des caduties, ces humains qui ont subit des radiations et ont muté pour obtenir des pouvoirs. Pourtant, elle n’a pas l’odeur de la maladie ou de la mort comme peuvent l’avoir ces êtres à la dégénérescence pathologique. Qu’est-elle est donc une meilleure question que qui est-elle…

Un fort bruit de métal résonna derrière nous. Des cris enragés. Ma main se crispa sur la poignée de ma lame, mais je l’abaissai et me défit avec force de sa poigne pour finalement regarder la cause du raffut. Je lui disais en même temps :

« Fais-toi discrète si tu ne veux pas être repérée. Ils ne seront pas cléments avec toi, même si t’es une femme. Ils sont trop défoncés pour ça... »

Le groupe était composé d’une quinzaine. Bien trop pour deux personnes. La majorité était humaine mais un type avec un collier et attaché à une chaîne différait. Bordel, au vu de son cuir épais, et de sa tête munie de cornes… Un manticore de rhinocéros. S’ils l’ont shooté, ça va devenir dangereux. Déjà qu’ils sont physiquement puissant, si on les dope c’est la cata !

« De tous les endroits, il fallait que ça soit chez les minions, shooté au lacrimosa, d’un démon. C’est à toi ce merdier, non ? »

La vrai question c’est plus pourquoi elle semble autant en stress alors qu’elle est plus  à l’abri sur ce toit de tôles, que dans sa carlingue qu’un type essaie de faire fondre avec un pouvoir type chalumeau humain ?

Les femmes sont précieuses quant une espèce est menacée d’extinction, et le fait qu’elle ne comprenne pas ça suffit à comprendre qu’elle n’a pas grandit dans une communauté féminine comme il en existe encore, même maintenant qu’un équilibre de population homme-femme revient.

Je ne m’empêchais pas de lever l’œil au ciel en tout cas. Et quant elle parla un poil trop fort je la fusillais du regard même si je marquais un court arrêt sur les termes de vaisseau et de blaster. Bordel, elle vit dans un conte pour enfant ou c’est moi qui hallucine ?

Je tente de garder mon attention sur la scène en contrebas mais ses interrogations me force à lui parler. Je lui explique que le lacrimosa est une drogue car il rend dépendant… Mais que c'est surtout vu comme un dopant. Cela donne des pouvoirs aux humains qui n’en ont pas, et accroit la force en gros. Mais que si ces types sont dangereux, c’est surtout car ils révèrent un démon de la violence quelconque qui s’amuse de cette situation. De vrais zélotes donc.

La paroi de son vaisseau commence à fondre. Il suffira au rhino de foncer dessus à présent. Mais elle ne doit pas le remarquer car je sens qu’elle me fixe. Et d’ailleurs, elle se présente en mettant sa main dans mon champ de vision. Je regarde sa main, puis son visage, puis la foule en contrebas, puis à nouveau sa main.

« Bon, tu m’excuseras mais tu m’as l’air assez solide. » Dis-je alors que je donnais un coup assez fort à la tôle pourrie sous elle, faisant céder l’ensemble sous son poids.

Sans vérifier si elle chutait ou non, je bondissais vers une zone que ni les flammes du chalumeau, ni les éclairages moisis de mes cibles, n’éclairait. Dissimulé dans le noir, je profitais de cette distraction sonore pour me faufiler en douce vers ma vraie cible : le bureau. J’ai besoin du nom de leur chef démoniaque, et de leur dealer, pour mon enquête.

Qu’est-ce que ? Un bruit assourdissant comme une explosion m’alerte et me surprend. La garce ! Sa voix n’est qu’un indicateur superficiel, mais alors que j’allais me libérer un truc grésille. Attends, elle a une radio ? Ce truc ça rapporte bonbon ! Je ne suis pas voleur mais les gens du coin : si ! Et en parlant des gens du coin, je ne peux m’empêcher de lui lâcher un :

« Mais tu vas la fermer, oui ?! Tu vas attirer tous les cons putain ! »

Elle me lâche enfin, et je me relève avant qu’elle ne débite sa menace ridicule. Maintenant qu’on se fait face, je me fais la remarque que c’est rare que je fasse la même taille que quelqu’un… Constat idiot mais qui me convient alors que je soupire et dégaine mon jian. Un geste circulaire, à une vitesse extrêmement difficile à percevoir pour qui n’a jamais fait face à un vampire, fait rouler une tête au sol le long de son dos. Car oui : les idiots de la secte dont je veux des informations sont là.

« Tu sais attirer les emmerdes ma parole… » Soupirais-je une dernière fois.

Mon visage trahit ma lassitude. Tuer c’est toute mon histoire mais clairement pas celle qui me transcende. Finalement, je la pousse à courir dans une direction. Dans le coin, une montagne de déchets, ça doit être la Fosse. Par moment, je me stop pour éliminer un de ceux qui nous suit. Ils ne courent pas tous à même vitesse et j’en profite.

« Tourne à droite, et on y sera ! »

Moi, je m’arrêtai à l’entrée de la ruelle pour nous défendre d’une charge du rhino. Il a les yeux injecté de sang et lâche des bruits plus animaux qu’humains. Je sens l’os de mon bras craquer en encaissant son assaut ! Il est à ma portée ! Je taillade sa gorge et donne un frisson à ses camarades au vu de mes crocs sortis, et de mon œil rougeoyant qui trahit ma nature. Ils fuient et je me retourne vers Ellie…

Les odeurs de sang agressent mon nez, et attise ma soif. Je perçois largement un manticore au sol, son corps empestant la viande morte et brûlé de l’intérieur. Comme au ralenti, je perçois l’électricité statique qui entoure les deux humains, non… Les deux caduties devant moi. Car s’ils ne sentent pas comme les humains à pouvoir de Pandémonium, il ne fait aucun doute qu’ils ont le même genre d’aptitude étrange.

Il me suffit de quelques pas pour les rejoindre mais déjà, nous sommes encerclés. Leurs compétences ne sont pas passé inaperçus. Et dans un monde où la nuit est éternelle et les sources d’énergie une rareté à prix d’or, deux inconnus qui peuvent générer de l’électricité c’est du pain béni. Certains humains autour de nous s’injecte un produit dans les veines : encore et toujours ce lacrimosa. De grands manticores de combat roulent des mécaniques. Je perçois plus que ne voit des vampires qui s’amusent de la situation dans le fond, ravi de voir des faibles et pauvres tout tenter pour s’élever.

« Bienvenu à Pandémonium les mômes. » Dis-je finalement d’une voix presque suave au duo fraternel.

Elle a trop attiré l’attention dans le but de retrouver son seul lien mais puis-je lui en vouloir ? J’ai trahit ceux qui m’ont éduqué par vengeance pour ma mère moi. Je suis bien pire. Mon corps se détend et j’ai un petit sourire moqueur à l’égard du duo.

« Fuyez. »

J’aurais du les laisser. J’aurais put les laisser.
Mais quand j’avais leur âge, on m’a tendu la main et protéger. Qui suis-je pour agir comme un connard ? Une copie de mon pervers de paternel ? Non.

Je fonce tous crocs dehors me nourrir. Attaquer. Mon cache-œil tombe et révèle l’œil mort qu’il dissimulait. Le sang nous entoure et c’est une bataille pour la survie qui s’entame aux abords de la fosse. Une scène qui laisse indifférent les passants. Une scène si banale dans la violence quotidienne de La Benne. Et alors que je sombre dans l’inconscience, j’espère qu’Ellie et son frère ont réussi à trouver du soutien.