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Chroniques d'Irydaë
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 :: Les terres d'Irydaë :: My'trä :: Kharaal Gazar
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 Peux-tu dompter un dragon ?

Aesa Ishara
Aesa Ishara
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Peux-tu dompter un dragon ? EmptySam 8 Aoû - 13:05
Irys : 199969
Profession : Chasseuse / Mercenaire
My'trän +2 ~ Kharaal Gazar
17 août 936


Des hurlements retentissaient dans le campement, les derniers de ce carnage. Aesa était prostrée au sol, tenant le corps sanguinolent de Flemmeth entre ses bras. La jeune rousse s’était éteinte le corps criblé de balles… Ces créations démoniaque qui ne servaient que la mort et la destruction. Dévastée par l’horreur, la chasseresse criait sa peine, sa douleur, sa rage. A quelques centimètres à peine de son visage se tenait un canon tenu par nul autre que son ennemi personnifié. Sa crinière de blé n’avait rien de lumineuse, elle ne faisait que masquer ses yeux de vipère et souligner son sourire mauvais. C’était la fin. Mais il ne l’emporterait pas si facilement !


***


« Aesa ! » Glappit une voix suraigüe.

Figée, Aesa battit des cils. Assise dans son lit de fortune, la jeune femme venait vraisemblablement de se redresser brusquement. Son bras s’était tendu, laissant filer une lame qui s’était fichée non loin de la tête de son invitée surprise, arrachant au passage quelques cheveux blonds. Écarquillant les yeux un instant, la chasseresse se passa une main sur le visage, soupirant profondément.


« Tisha… Tu ne devrais pas surgir ainsi. J’aurais pu te blesser. 
- Encore un cauchemar ? 
Ce n’est rien. Dis-moi plutôt ce qui t’amène. »

Ce n’était ni le lieu ni le moment pour se plaindre. Ce n’était effectivement pas la première fois que le sommeil de la jeune femme se révélait aussi perturbé. Depuis l’arrivée des technologistes le chaos n’avait fait que s’accroître autour d’elle. Ses yeux s’étaient posés sur bien trop de massacres pour qu’elle n’en soit sortie indemne. Cependant la situation actuelle ne lui permettait pas de s’apitoyer inutilement. L’ennemi était toujours là, bien présent, et il avait un nom : Capitaine  Münch. Cet homme était à la tête d’une compagnie particulièrement retorde qui ne lui laissait aucun répit. Freiner son avancée était la priorité d’Aesa. Certains diraient que ce n'était que peine perdue mais la jeune femme avait une confiance inébranlable en ses guerriers. Même s'ils étaient moitié moins que leurs adversaires, leur hargne n'en était que doublée.

« Eh bien, je n’apporte pas de bonnes nouvelles. »

La chasseresse s’était relevée, s’affairant déjà à se vêtir. Mal à l’aise, la blonde s’était tue. D’un signe de tête, Aesa l’enjoignit à poursuivre.

« Ils ont reprit Aguu dans la nuit.
- Réuni immédiatement les autres dans la grande tente.
- Bien Hiryû. »

Tisha s’inclina respectueusement avant de quitter les lieux. Serrant le poing, Aesa laissa sa frustration prendre le dessus un instant. D’un geste rageur, celle-ci vint frapper le sol qui se fissura à son contact amplifié de magie. Quelques souffles plus tard, la jeune femme fini par reprendre contenance. Elle termina de sa vêtir, se coiffa d’une longue tresse puis se chaussa avant de quitter sa tente.

Sur le chemin, elle salua les mages qui composaient sa troupe. Tous de valeureux guerriers aux cœurs aussi meurtris que le siens mais dont le courage n’avait en rien terni. Ils venaient de tous horizons, ceux qui, des quatre coins de My’trä avaient répondu à son appel. Mages de Delkhii, Dalai, Sün, Khugatsaa, Amisgal, Orshin ou encore Möchlog se trouvaient dans ses rangs. Ils avaient fait de leurs différences une force. C’est ce qui leur avait permit de résister si bien jusqu’ici.

Sous la grande tente l’attendaient déjà les six autres représentants de son clan atypique. Il y avait parmi eux deux maîtres mais pourtant ils s’étaient tous ralliés à Aesa. Pourtant simple chasseuse, la jeune femme possédait un esprit vif, ses tactiques leur avait permis de nombreuses fois de s’en sortir. Cela couplé à ses valeurs en avait fait la chef de cette assemblée bien malgré elle.


« Bonjour à tous. Je ne vais pas passer par quatre chemins : Nous venons de subir une perte immense. Je veux savoir ce qu’il en est exactement. Quelles sont les pertes ? Jusqu’où l’ennemi à progressé ?
- Fort heureusement, certains d’entre nous ont réussi à s’en sortir mais nous avons subi de grandes pertes dans l’attaque, les autres ont été faits prisonniers. La ville n’est pas taillée pour un siège et nous n’étions pas suffisamment nombreux pour la protéger. Nous aurions dû être davantage vigilants...
- Ne te blâme pas Gharen, nous savions que les chances de garder Aguu en notre possession seraient minimes sans renfort. »

C'était peu de le dire. Cela faisait des semaines que la troupe d'Aesa tentait de maintenir position dans cette ville. C'était un point stratégique pour eux car il s'agissait de la plus proche des montagne. D'ordinaire Aguu représentait une étape avant de traverser la chaîne de montagne. Mais malgré leurs efforts, ils n'étaient pas de taille face à la supériorité numérique de leur ennemi. Pas tant que les renforts du conseil n'arrivaient pas... Et cela n'arriverait sans doute jamais. Malgré les appels de détresse de leur peuple ils restaient indécis dans leur tour d'ivoire !

« Qu’en est-il du col ?" Reprit Aesa, tâchant de ne pas montrer sa frustration.
- Il y a eu du mouvement mais on les a repoussés. Nos adeptes d’Amisgal ont plongé les montagnes dans une brume épaisse et nos illusionnistes masquent la position de nos troupes. Dans ces conditions nous avons pu garder l’avantage.
- Parfait, mais il va falloir faire plus à l'avenir. Désormais les montagnes sont notre priorité. L’ennemi ne doit surtout pas les traverser. On concentre notre défense uniquement à ce but.
- D’accord mais pour Aguu… ?
- Cela n’est plus de notre ressort.
- Mais…
- Si nous persistons à nous diviser, c’est nous que nous mettons en danger. Personne ne viendra nous secourir. Notre mission est d’empêcher les technologistes de progresser sur nos terres sinon d’autres villes suivront ! Et croyez-moi, après les bombardements déjà occasionnés, c’est déjà du pain prémâché pour eux.
- Très bien, je me rallie à ton avis. Cependant cela me répugne de devoir laisser nos compagnons entre les mains de ces monstres…
- Moi non plus cela ne me réjouis pas mais ce serait du suicide d’y retourner. C'est sans doute ce qu'ils attendent de nous et je ne peux plus me permettre de perdre des guerriers dans une quête qui finirait à nouveau en leur faveur. Je vous le redis, nous sommes seuls.
- Mh… J’ai peut-être une idée. C’est risqué mais pas impossible... »


***


Une diversion. Voilà à quoi ils servaient. L’idée n’était pas idiote d’envoyer quelques mages de Khugatsaa libérer les otages pendant que le reste attirerait l’attention des technologistes ailleurs. Seuls les illusionnistes pourraient passer inaperçu et si cela fonctionnait, la troupe n’aurait pas de trop d’accueillir de nouveaux membres parmi eux. Aesa croisait les doigts que leur stratagème fonctionne, ils risquaient gros sur ce coup-là. Si la mission échouait les instructions consistaient à saboter la ville. Quelques mages de Sün et Amisgal se tenaient prêts à intervenir. Quitte à perdre un point stratégique, autant qu'il ne serve à personne.

Le groupe d’Aesa était, lui, chargé de faire diversion. Une attaque visée pour déstabiliser leur adversaire. L’idée était de leur faire croire que son escouade tentait une percée, qui se révélerait un échec, le tout dans l’idée de les attirer dans un piège en les persuadant qu’ils prenaient la fuite. Dans le col étaient déjà positionné les modeleurs de roche, prêts à couvrir la retraite en déversant leur art dévastateur.

Tout était prévu dans le moindre détail… Mais c’était sans compter un contre-temps pour la jeune femme qui finira par se retourner contre elle. La jeune Tisha s'était retrouvée acculée face à deux soldats et si elle tardait à s'en dépêtrer le piège des mages l'emporterait elle aussi. Aesa fit alors volte-face pour lui porter secours. Un tir de flèche atteint la première cible ce qui laissa le temps à son amie de repousser le second opposant. Mais les roches allaient céder d'un moment à l'autre... La chasseresse bondit alors jusqu'à elle, la saisit pour la projeter en arrière. Tisha profita de ce geste pour se mettre en sécurité mais alors qu'Hiryû s'élançait à son tour une pierre la percuta de pleins fouet. Aesa s'écroula aussitôt telle une poupée de chiffon.

Joachim
Joachim
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Peux-tu dompter un dragon ? EmptyLun 10 Aoû - 17:49
Irys : 94982
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Jochen, l'arme au poing, contemplait le drapeau de son unité qui flottait sur le point le plus haut du bourg qu'ils venaient de prendre. Une victoire sans trop de mal, les mages avaient été pris de vitesse et n'avaient pas eu le temps de se retrancher efficacement. Le nombre aidant, une manœuvre de contournement les avait pris à contre pieds, et l'essentiel des combats s'étaient déroulés à ce niveau, pour maintenir une porte de sortie aussi longtemps que possible les mages s'étaient battus avec acharnement... mais cela n'avait pas empêché les troupes du jeune capitaine de refermer la nasse et de faire prisonnier un certain nombre de mages.

Rangeant son revolver dans son holster, Joachim revint vers les cinq hommes qu'il avait gardé avec lui pour surveiller les premiers soins attribués aux mages qu'ils avaient trouvés. En fermant le holster de son arme, le jeune homme croisa le regard d'un de ses prisonniers, l'abattement, la surprise, la colère, les yeux du jeune mage qu'il avait en face de lui recelaient un véritable maelström d'émotions. L'officier ferma les yeux et se dirigea vers le médecin de son unité qui, secondé par des civils, tentait de stabiliser une mage grièvement blessée.

- Diagnostic doc ?
- Pas bon, dit le médecin, j'ai bientôt fini de la stabiliser, on pourra la transporter bientôt... le chirurgien confirmera sans doute mon impression, mais les si elle passe les prochaines 24h, elle s'en sortira...

Le capitaine, qui s'était agenouillé derrière le médecin pour écouter le diagnostic et ne pas déranger les soins, se redressa. La mage qui se convulsait, retenue par des membres de son peuple volontaires pour aider les blessés, avait dû être une femme superbe, sa chevelure rousse éclaboussée de son sang faisait comme une nappe de flammes sur le sol, mais à présent, son visage déformé par la douleur n'offrait au capitaine que celui de la guerre et de ces horreurs. Alors qu'une manipulation du praticien tirait un cri étouffé de douleur à la jeune mage, Jochen s'en revint vers ses soldats et prisonniers.

- Comment qu'ça s'présente chef ?
- Pas bon sergent. Selon le doc, il devrait avoir bientôt fini de stabiliser la blessée, on pourra bientôt y aller, mais les prochaines 24h seront capitales pour elle...
- Si s'pas malheureux quand même... une femme aussi belle...
- La beauté dispenserait-elle qu'on se batte pour sa patrie, sergent ?
- S'pas s'que j'veux dire chef... on a beau être soldat on apprécie s'qui est beau, ça évoque d'autres temps, ça rappelle que la paix existe... s'pour ça qu'on aime bien vous r'garder faire vos bijoux... s'te pauvre gosse ne devrait pas êt' dans c't'état, s'pas normal...

Joachim ne répliqua pas. Les gens s'imaginaient souvent que le soldat appelle la guerre de ses vœux, mais rien n'est plus faux. Le soldat n'appelle pas la guerre, mais il est près à la mener, là où généraux et politiciens l'appellent, mais ne sont pas toujours près à la mener. Il leva de nouveaux les yeux vers le drapeau qui battait au vent. Une victoire oui, une de plus, mais pourquoi ?

**************

Joachim sorti de la tente d'état major où il était allé faire son rapport. Un Sergent l'attendait, accompagné d'un jeune et efficace Caporal. Le duo formé par ce vieux briscard qui ne s'en laissait pas compter (mais qui avait quand même lâché une larme quand le chirurgien avait dit que la jeune mage blessée et transférée allait sans doute s'en sortir) et le jeune et efficace Caporal faisait toujours sourire le jeune Capitaine, le choc des générations et de l'expérience, mais aussi la soif d'apprendre et l'envie d'enseigner... ce duo était un des plus soudés de son unité, comme père et fils.

- S'quoi la suite, Chef ?
- Rien de bien surprenant, Sergent, on se pose en défensive dans un des hameaux autour du bourg. Ce point est trop stratégique pour qu'ils le laissent sans tenter quoi que ce soit et l'état major pense qu'ils viendront bientôt tâter du terrain, ou carrément tenter de reprendre les lieux...
- Vous croyez qu'ils ont les moyens de mener un assaut sur nos positions, Capitaine ?
- J'en doute, Caporal, mais une action de renseignement, pour nous pousser à révéler nos positions, ne me surprendrait pas pour autant... ou pour libérer nos prisonniers...
- Ils feront choux blanc si tel est le cas, ceux qui le pouvaient encore ont été transférés dans un de nos camps de prisonniers, dit le jeune Caporal.

Joachim hocha la tête. Avant de faire son rapport, il avait interrogé un des prisonniers, le jeune mage dont il avait croisé le regard un peu plus tôt. Il n'avait rien révélé sur les positions de ses camarades, ni sur leurs forces et leurs plans, mais avait révélé un nom, dans une tentative de défis, il avait lâché le nom de son leader : Hiryu.

Jusqu'ici les confrontations avec ce leader My'tran n'avaient jamais été très tranchées, de petits gains territoriaux, des embuscades, des combats retardateurs... mais c'était la première fois que Jochen lui arrachait un bourg. Il leva les yeux vers les montagnes. De là où il était, il voyait le col sous une épaisse brume, œuvre des mages pour couvrir leurs positions. Les troupes envoyées là haut avaient été repoussées avec un nombre assez conséquent de blessés, et le jeune Capitaine sentait qu'il ne tarderait pas à les remplacer là haut.

Poussant un soupir amusé, un sourire étira son visage sur la droite. D'un signe il invita ses deux subalternes à le suivre pour la prise de leurs quartiers...

*****************************

L'affaire s'était déroulée très vite. Pile sur la position qu'il occupait avec sa compagnie, une force estimée à une escouade avait lancé un assaut. Au vu du rapport de force, Joachim avait conclu à une diversion et envoyé une estafette prévenir l'état major d'une éventuelle attaque avant de régler le problème poser par les mages en face de lui. Les mages, très vite sur la défensive, s'étaient fait déborder sur leurs deux flancs et avaient rapidement été mis en fuite. Un détail perturba Joachim cependant : les mages, organisés au début, se débandèrent trop vite à son goût. Flairant un piège, il calma les ardeurs de ses hommes à poursuivre leurs adversaires, mais les mages plus lents que les autres offrirent des proies trop tentantes pour certains de ses soldats, qui sortirent du rang pour se précipiter vers ses prisonniers faciles.

Un craquement sinistre annonça l'éboulement provoqué par les mages. Joachim vit deux femmes poursuivies par ces hommes, l'une d'elles presque capturée. Sa camarade fit demi-tour pour la sauver, mettant hors de combat un de ces hommes. Se précipitant à son tour pour aider son soldat, Joachim vit la jeune femme ayant sauvé sa camarade heurtée par une pierre, avant que le cataclysme provoqué par leurs camarades n'engloutisse les environs dans un grand nuage de poussière.

Pour l'heure, après avoir rapidement rédigé et envoyé un rapport de situation, Jochen était dans sa tente à travailler sur un projet de bracelet : une vipère s'avalant la queue, écailles de jade vert et blanc liserées d'or, yeux de Lapis Lazuli. Occupé à tailler une écaille dans du jade, il essayait de se calmer, pensant au dernier cri qu'il avait entendu de la jeune mage sauvée par sa camarade, lui laissant penser qu'il avait capturé Hiryu. Il allait enfin rencontrer son adversaire face à face.

- Excusez moi, Capitaine !

Joachim, toujours occupé à tailler son jade, fit signe au jeune caporal qu'il l'avait entendu et qu'il l'écoutait.

- Vous nous avez demandé de vous amener la prisonnière une fois qu'elle serait soignée et à même d'être interrogée... elle l'est selon notre autorité médicale.
- Si le doc vous entends l'appeler comme ça, Caporal, il risque fort de vous menacer d'être moins gentil le prochain coup qu'il vous recouds... il préfère qu'on l'appelle "Doc".
- Oui, Capitaine, j'ai juste encore du mal à appeler un supérieur de la sorte...
- Vous vous y ferez... faites la s'asseoir sur le lit je vous prie.
- Votre chat en occupe la majeur partie, Capitaine...

Jochen se retourna pour constater qu'en effet, la maine coon avait prit ses aises sur son lit de camp, étalée de tout son long sur la couverture. Poussant un soupir, il prit son ouvrage d'une main et se saisit de son fauve de l'autre avant de la poser dans un panier sur un petit guéridon. Il entendit le Caporal faire se poser la jeune femme sur le lit, ainsi qu'un bruit de chaîne.

- Laissez nous Caporal, mais restez dans les environs, je vous ferait signe lorsque nous en aurons fini.

Un bruit de draps et le silence. Jochen, qui avait chaussé une loupe pour vérifier que la taille de son écaille correspondait aux mesures qu'il avait prise, laissa le silence durer une petite minute avant d'enlever ladite loupe et de se retourner vers la jeune femme, son ouvrage toujours en main. Il leva finalement les yeux sur son adversaire.

Elle était très belle, un fait indéniable, des yeux bleus magnifique, qui évoquaient au joaillier amateur deux agates bleues dans lesquelles brillaient une colère sourde, un visage anguleux portait ces yeux, une bouche étirée en un sourire en coin donnant à la jeune femme un air de défis. Hormis le fait qu'il s'attendait plus à ce que son adversaire soit un homme, l'air de défis qu'elle affichait le confortait dans l'image qu'il avait de son meilleur adversaire.

- Eh bien... Hiryu. Ce n'est certes pas la première fois que nous nous rencontrons, mais c'est la première fois que nous sommes seuls à seuls. Avant toute chose, et bien que ce ne soit pas très professionnel, je vous avoue que j'admire vraiment la façon dont vous nous combattez dans ces montagnes, vos tactiques sont brillantes, et je ne vous cache pas qu'en d'autres circonstances j'aurai sans doute eu plaisir à deviser de tactique avec vous... Joachim se retourne, reprend un petit morceau de jade et entreprends de le tailler aux bonnes dimensions. Malheureusement, les circonstances n'aidant pas... vous voici à présent prisonnière, et moi interrogateur...

Il regarda Hiryu. Oui en d'autres temps, peut être lui aurait-il parlé... peut être...

- Ceci dit, votre petite opération de cette nuit m'a surpris, je ne vous savait pas suicidaire. Alors dites moi, votre but était-il vraiment de percer, comme vous avez voulu le faire croire, ou était-ce une diversion pour un motif plus... atteignable disons. Comme par exemple libérer des prisonniers ?

Les yeux toujours rivés sur Hiryu, il observa attentivement sa réaction à cette évocation.

Aesa Ishara
Aesa Ishara
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Peux-tu dompter un dragon ? EmptyMar 11 Aoû - 22:06
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Profession : Chasseuse / Mercenaire
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Un bruit assourdissant accompagnait la clarté du ciel, lui vrillant les tympans… Non, pas les tympans… C’était plus haut. Un mouvement de la tête lui provoqua une violente migraine. C’est ce qui attira l’attention de son guérisseur. Aussitôt quelques formes s’agitèrent autour de la mage, marmonnant des phrases encore inaudibles à son esprit embrumé. Mais où était-elle ? La dernière chose dont elle se souvenait c’était d’avoir mit à l’abri Tysha. Et puis tout était devenu sombre. Serait-elle… ?!

« Ola, doucement mademoiselle. On vous à soigné mais vous ne devriez pas vous agiter comme cela. »

Les deux pupilles de la jeune femme s’étaient arrondies, posées sur le visage vieillissant qui lui faisait face. Bien qu’il n’ait pas l’air hostile, la mage avait immédiatement senti les poils de ses bras se hérisser. Il ne faisait aucun doute qu’elle se trouvait nez à nez avec un technologiste. Cet endroit, ces hommes en arme à l’entrée de ce lieu voué à la guérison… Elle avait été capturée ! Instinctivement, elle voulut placer ses mains en avant pour le repousser de sa magie mais son geste n’eut de résultat que de lui causer une vive douleur : Des chaines avaient emprisonné ses mains, plaçant ses avants-bras dans une position fortement inconfortable.

« Du calme, je ne vous veux aucun mal. » En guise de bonne foi il tendit ses paumes. « Voyez, je suis médecin. »

Hiryû se mura dans le silence. Pourquoi l’avait-on soignée ? Dans quel but ? Il aurait été bien plus logique de se débarrasser d’elle une bonne fois pour toute. Sans elle à la tête de la troupe, ses camarades devaient être désarçonnés mais tant qu’elle vivait, l’espoir aussi. Renvoyer son corps inanimé dans les montagnes aurait provoqué un vent de panique dont leurs ennemis auraient pu profiter. Cela ne saurait tarder, sans doute. Son réveil avait attiré l’attention de l’homme à l’entrée et il se jouait déjà de savoir s’il pouvait emporter leur trophée. L’homme, nommé Doc, à ce qu’il semblait, s’y refusa dans un premier temps afin de pouvoir ausculter davantage la jeune femme. Une fois ses dernières vérifications établie, il autorisa deux hommes à s’emparer de leur captive.

Aesa suivit de mauvaise grâce, plus occupée à scruter ce qui l’entourait que de se fatiguer à de vaines tentatives de fuite. Il ne servait à rien de se débattre, en revanche elle tentait d’analyser tout ce qui pouvait passer sous son regard. Si jamais ils la gardaient captive, peut-être finirait-elle par en tirer avantage… si tant est qu’elle s’en sorte.

Finalement, ils arrivèrent jusqu’à une tente imposante. On la mena à l’intérieur sans plus de sommation. Toujours muette, la jeune femme était sur le qui-vive, écoutant la discussion quelque peu… étrange. Le contraste entre la situation de la mage et l’obstacle visiblement gênant du chat géant n’avait rien de banal. Pas plus que les occupations de leur supérieur. Le Capitaine, puisqu’il se nommait ainsi, était en pleins travail… De joaillerie.

Lâchée sur le lit tel un encombrant dont on se débarrasse avec hâte, la jeune femme suivit un instant du regard le Caporal se retirer avant de déposer ses prunelles d’un bleu profond se porter sur celui qui hantait ses cauchemars ces derniers jours. Vu de près il n’avait rien d’impressionnant. Un chef de guerre qui s’amuse à faire joujou avec des pierres précieuses de son temps libre et suffisamment à l’aise en terre hostile pour apporter une boule de poils géante dont la seule arme est une capacité de ronronnement attendrissant ? Aesa ne savait qu’en penser. A vrai dire elle ne s’était pas attendue à ça. Cet homme-là était à des kilomètres du fin tacticien qui lui avait déjà tant pris.

Lorsque l’homme daigna se tourner vers elle, leurs regards se croisèrent avec intensité. Le profond lagon rencontrant l’acier glacial. Puisqu’il maintenait le silence, la jeune femme avait tout le loisir de l’observer. Plutôt grand à la carrure suffisamment massive pour faire réfléchir à deux fois avant de tenter de s’en prendre à lui au corps à corps. A vrai dire, il n’était pas désagréable à regarder. C’était un problème. Difficile de diaboliser un bel homme portant entre ses doigts un bracelet d’une délicate finesse. Qu’à cela ne tienne, elle ne le laisserait pas la distraire. Étirant les lèvres dans une moue sauvage, elle le défiait en silence.

Silence que son opposant brisa finalement par de belles paroles. Qu’espérait-il ainsi à flatter l’ego de la mage ? Il l’admirait et adorerait deviser tactique avec celle qu’il tentait de briser depuis des mois ?


« En d'autres circonstances ? »

Aesa ne put réprimer un rire désabusé. Il était certains que l'entente ne pouvait pas être de mise lorsqu'un peuple envahit un autre pour l'exterminer ! La jeune femme n'eut pourtant pas le temps de verser dans l'ironie. Les paroles suivantes étaient bien plus sensées. Malgré son air innocent, le Capitaine était réellement futé. Il avait compris que les enjeux avaient été différents pour les mages. Cependant, loin d’afficher ses émotions Aesa se renfrogna davantage dans une attitude de défi.

« Cela vous amuse n’est-ce pas ? » Railla-t-elle avec mépris. « Ces pauvres petits mages qui se débattent inutilement, qu’on capture et répare pour mieux les briser. Je ne sais pas à quoi vous jouez avec moi mais soyez certain que je ne trahirai jamais les miens. »

Sans ciller, Aesa se redressa, faisant cliqueter ses chaînes. Elle s’extirpa du lit non sans mal avec ses membres entravés pour faire face à son étrange ennemi. Le menton relevé, signe d’une certaine fierté, la jeune femme allait probablement au devant des ennuis. Plus que tout à cet instant, la chasseresse voulait savoir à qui elle avait affaire. Jouait-il les bon samaritains pour tenter d’abaisser les défenses de sa captive et comptait-il persister dans cette voie ou bien se déciderait-il enfin à montrer son vrai visage ?

« En revanche vous avez tord de nous sous-estimez… Vous pensez que vous pouvez nous attirer avec le vain espoir de sauver les nôtres ? Vous pensez qu’ils tenteraient de me récupérer moi aussi ? Je ne suis pas assez sotte pour leur donner ce genre d’instruction, pas suffisamment non plus pour vous avouer ce que j’ai provoqué. Sachez juste que c'est déjà trop tard. »

La jeune femme avait bel et bien fini par céder à l’avis de ses compagnons mais pas seulement. Si le sauvetage échouait, et elle en avait parfaitement conscience, les mages avaient reçu pour instruction de provoquer un sabotage si grand qu’il impliquerait le destruction de ce point stratégique. Aesa l’avait perdu. Le Capitaine ne l’aurait pas non plus. La mage ferait n’importe quoi pour sa patrie et cela impliquait des sacrifices. Sa propre existence s’il le fallait.

Joachim
Joachim
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Peux-tu dompter un dragon ? EmptyJeu 13 Aoû - 23:53
Irys : 94982
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Dire qu'il n'avait rien tiré de ces premiers mots eût été mentir. En effet, à l'évocation du réel motif de l'attaque, le renfrognement de la jeune femme fit comprendre à l'officier qu'il avait vu juste. Dès lors une autre question lui vint à l'esprit : Pourquoi sacrifier autant de troupes dans une tentative d'en sauver d'autres, car au final, ceux qui avaient suivit Hiryu au combat avaient été sacrifiés...

- Cela vous amuse n’est-ce pas ? Ces pauvres petits mages qui se débattent inutilement, qu’on capture et répare pour mieux les briser. Je ne sais pas à quoi vous jouez avec moi mais soyez certain que je ne trahirai jamais les miens.

Joachim leva sur la jeune femme un regard franchement surpris. Visiblement elle croyait que toute la manœuvre faisait partie d'un plan pour la faire craquer. Il n'en était rien bien évidemment, mais l'absurdité de la remarque aux yeux du jeune homme le laissa interdit. Elle avait certes une grande valeur en tant que chef d'un groupe de résistants, mais pas au point qu'on use de ressources uniquement pour le briser psychologiquement...

La jeune femme se leva, faisant tinter ses chaînes. Roulée en boule dans son panier, la maine coon ouvrit un œil et bougea les oreilles, ce n'était pas la première fois qu'elle entendait ces bruits, et elle se rendormis vite. Jochen, lui, garda les yeux bien ouverts et détailla, puisqu'il le lui était permis, le corps habillé de la jeune femme. Un corps qu'il devinait musclé mais harmonieusement proportionné, qui rajoutait une séduction certaine à Hiryu, l'air de fierté, les yeux le défiant rajoutaient en plus cette noblesse des gens d'arme qu'il manquait à ceux qui se disaient nobles...

- En revanche vous avez tort de nous sous-estimer… Vous pensez que vous pouvez nous attirer avec le vain espoir de sauver les nôtres ? Vous pensez qu’ils tenteraient de me récupérer moi aussi ? Je ne suis pas assez sotte pour leur donner ce genre d’instruction, pas suffisamment non plus pour vous avouer ce que j’ai provoqué. Sachez juste que c'est déjà trop tard.

Le jeune capitaine accorda à sa prisonnière cette bravade farouche, toujours assis et taillant son jade, soufflant dessus de temps en temps pour enlever grossièrement la poussière, un sourire étirant son visage sur la gauche.

-Hiryu, Hiryu, Hiryu... vous avez certes de l'importance, après tout vous êtes la chef d'un groupe de résistant qui s'oppose efficacement depuis des semaines à notre progression, mais ce n'est aucunement pour vous briser que je vous ai fait soigner, c'est seulement les lois de la guerres qui exigent qu'un ennemi prisonnier soit bien traité et soigné. Quel intérêt aurai-je à soigner et briser des hommes et femmes qui n'ont sans doute aucune connaissance de vos plans ? Ce serait de la cruauté gratuite, et la guerre est déjà bien assez cruelle, ne trouvez vous pas ?

Joachim chaussa de nouveau sa loupe pour vérifier les dimensions de son morceau de jade, avant de la reposer et de reprendre son travail de taille.

- Sans parler du gaspillage de ressources qui seraient sans doute bien utiles ailleurs, mais ce n'est pas à vous que je vais apprendre ça. Ensuite, ce n'est pas non plus à vous que je vais apprendre que l'homme laisse souvent ses émotions prendre le contrôle de leurs actions, et même si vous leur avez donné des ordres contraire, je gage que certains de vos gens tenteront une action dès qu'ils sauront que vous êtes vivante et notre prisonnière... Je ne compte, cependant pas jouer là dessus pour les attirer dans un piège, votre dernière tentative a du leur apprendre qu'en l'état actuel des choses nos défenses étaient trop fortes.

Joachim regarda sa prisonnière, toujours débout, et attrapa de quoi polir le jade qu'il venait de finir de tailler. Il n'ajouta pas qu'il avait déjà eu une forme de renseignements dans l'attitude de la jeune femme et se remis au travail, frottant et humidifiant la pierre régulièrement avant de reprendre :

- Quand à ce qui est de vous sous estimer, pensez vous vraiment que je réussirait à  déjouer vos actions si je sous estimais votre peuple ? Pensez vous que je soignerai vos blessés ? Nous avons sauvé une des défenseurs de ce bourg aujourd'hui, une belle jeune femme rousse... bon, je m'avance un peu mais le doc nous a certifié que si elle passait la nuit, elle survivrait. Pensez vous que je ferais ça si je vous sous estimais ? Je respecte les lois de la guerre, et elles stipulent qu'un ennemi doit être traité avec respect, et sous estimer un adversaire est le meilleur moyen de se faire avoir !

Toujours polissant son morceau de jade, il attendit la réponse de la jeune femme. Il se doutait bien qu'elle attendait quelque chose de sa part, mais il avait décidé de rester passif pour le moment, voir comment elle allait réagir afin de mieux la cerner, et voir comment il pourrait obtenir d'autres renseignement de sa part. Examiner la gestuelle, c'était bien beau, mais on pouvait aussi se faire avoir par son biais... la bataille ne faisait que commencer !

Aesa Ishara
Aesa Ishara
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Peux-tu dompter un dragon ? EmptySam 15 Aoû - 11:12
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Profession : Chasseuse / Mercenaire
My'trän +2 ~ Kharaal Gazar
Quel être méprisant. Hiryû sentait chaque parcelle de sa peau s’électriser alors qu’elle ne se tenait qu’à quelques pas du technologiste. Süns lui en soit témoin c’est de sa foi renouvelée que lui avait été offert ces nouveaux dons. La jeune femme brûlait. De colère sourde, mais aussi littéralement, rendant tout contact aussi brûlant que de la braise. Quel comble pour cette khaarienne pourtant si calme d’ordinaire… Elle avait laissé ces Daënars atteindre son cœur plus surement qu’une flèche. L’homme qui lui faisait face n’aidant en rien à apaiser son tempérament. Aesa était une femme sauvage et indomptable mais la voici enchaînée, à la merci d’un ennemi bien trop suffisant pour daigner lever son séant.

C’est à peine s’il avait levé les yeux vers elle, lui faisant la morale, un sourire aux lèvres, comme le ferait un père de famille. Comment osait-il ?! Les yeux de de la jeune femme s’étrécirent et sa moue se fit plus étirée mais elle se retint. Le Capitaine était un homme bavard et quitte à le remettre à sa place, elle attendit qu’il eut terminer son monologue condescendant pour s’exprimer. Malgré l’animosité qui la consumait, c’est avec douceur qu’elle entama les hostilités, le fixant avec intensité.


« Non. C'est vrai. Je n'ai pas cette importance. Je ne suis pas un Capitaine, comme vous. Ni moi ni aucun autre de ma troupe. Je ne suis en rien leur supérieur et ma vie ne vaut pas qu'on y fasse de sacrifices inutiles. »

Autant que les choses soient claires, Aesa avait parfaitement conscience de sa position. Ce n’était qu’une chasseuse, une nomade, une exploratrice solitaire. Ce qui l’avait placée à la tête de la troupe n’était pas le résultat d’études poussée dans une quelconque branche militaire comme pouvaient très certainement le faire leurs opposants. Cela n’avait été que le résultat d’un élan de courage. Un appel à l’aide, une poussée d’héroïsme quand les tout puissants restaient sourds à la souffrance de leur peuple. La jeune femme était devenue chef car il le fallait. Ni plus ni moins. Et elle avait auprès d’elle sept autres personnes tout à fait aptes à prendre son relais si elle venait à disparaître. Ils étaient tous comme elle dans cette étrange troupe. Venant de tous horizons, de professions diverses. Oui, beaucoup d’entre eux savaient se battre, mais c’était leurs diversités qui faisait leur force.  

« Certes, dans ce que vous nommez "circonstances" il a été convenu que je mène les miens, cependant tâchez de peser vos mots. Une guerre dites-vous ? Je me permet de vous détromper : C'est une extermination. »

Prenant une longue inspiration, elle poursuivit, appuyant chaque mot importants, marquant bien son opinion au passage dans ses intonations de voix.

« Vous avez envahi nos terres. Sans avertissement aucun de vos intentions si ce n'est de seulement provoquer la peur et le désespoir. Vous avez saccagé nos villes sur votre chemin, pillé et dévasté nos terres. Vous avez démoli nos lieux de cultes. Vous vous êtes accaparé ce qui n’était pas à vous, chassé de chez eux nombre d’habitants de mon peuple. Et non contents d’assiéger Busard, vous avez envoyé vos dragons de fer annihiler le reste de notre pays. Ils ont tout dévasté, nos cultures, nos sanctuaires, nos villes et villages… Sous des pluies de vos "missiles". Vous avez tué tellement des miens. Des hommes, des femmes, des enfants. »

La voix se brisa, se bloquant dans la gorge de la jeune femme un instant. Elle revoyait des images horrifiantes, elle qui avait traversé les terres. Elle avait vu ces carnages. Ces morts… Tant de morts. Horribles. Ces gens défigurés, certains par les éclats de ces engins funestes. Des innocents. Ce n’était pas des guerriers. Il n’y avait rien de justifiable là dedans. Comment ce daënar pouvait-il parler de loi de la guerre soit disant respectables ? Il était honorable d’épargner certains et de bien les traiter lorsque de l’autre côté on tue sans distinction, sans honneur et avec une barbarie sans nom ? Cruauté gratuite avait-il dit ? Oui. Ce n’était que des monstres déguisés sous des traits humains.

Serrant les poings, Aesa fixait toujours son interlocuteur. Elle ne cillait pas, se raccrochant à ses émotions vives de ne se trouver qu’à quelques pas d’un coupable désigné à sa détresse. Lui, si apaisé, bien trop occupé à sa distraction pour prêter une réelle importance à sa captive.


« Vous n’avez rien d’honorable. Vous vous cachez juste derrière vos bonnes actions pour avoir la conscience tranquille. »

Subitement Aesa haussa le ton, ordonnant d’un ton impérieux :

« Regardez-moi ! Vous êtes là à jouer aux perles, ne soyez pas si désinvolte ! Ayez la décence de me traiter avec respect puisque vous prétendez avoir un code d’honneur. »

Joachim
Joachim
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Peux-tu dompter un dragon ? EmptySam 15 Aoû - 23:42
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Elle resta un moment silencieuse. Joachim en profita pour poser l'écaille qu'il venait de finir de tailler et en repris une autre. Il sentait posé sur lui le regard brûlant de la jeune femme, son attitude, à défaut de la déstabiliser, semblait visiblement l'énerver. Le jeune Capitaine en ignorait la raison, mais il se doutait que les prochaines salves de paroles seraient tirées à boulets rouges. Il la regarda de nouveau en se redressant dans son siège. Ce faisant, il se retrouva presque de la même hauteur que sa captive, il n'avait pas encore remarqué que, bien qu'elle fut debout, il était, assis, quasiment de la même taille, et ce détail étira d'avantage son sourire sur la gauche.

- Non. C'est vrai. Je n'ai pas cette importance. Je ne suis pas un Capitaine, comme vous. Ni moi ni aucun autre de ma troupe. Je ne suis en rien leur supérieur et ma vie ne vaut pas qu'on fasse de sacrifices inutiles.

Une information de plus, les résistants n'avaient pas de chaîne de commandement fixe, ce qui était une chance comme une nouvelle épine dans le pied : en décapitant la résistance, une ou plusieurs têtes pouvaient repousser et il faudrait encore plusieurs combats pour apprendre à les connaître, alors que Joachim avait commencé à plus ou moins cerner les méthodes de Hiryu... l'information, sans doute bénigne aux yeux de la jeune femme, avait un assez gros impact pour le jeune Capitaine... toujours occupé à tailler son jade, il écoutait avec une attention redoublée les propos de la jeune femme, convaincu qu'elle allait lui donner à son insu de nouvelles informations capitales... s'il avait su...

- Certes, dans ce que vous nommez "circonstances" il a été convenu que je mène les miens, cependant tâchez de peser vos mots. Une guerre dites-vous ? Je me permet de vous détromper : C'est une extermination.
- Que... ?!!

Joachim fut tellement surpris qu'il ne fit pas attention et se planta son outil dans le pouce gauche. Une extermination ?? Comment pouvait-elle tenir de tels propos ? Cette affirmation résonna dans la tête du jeune homme bien plus fort que les propos qu'Hiryu tint juste après, et trouva un écho dans les rumeurs qui courraient sur les conditions de vie des My'Trans dans les Ghettos avant leur départ. C'était impossible. La guerre avait des règles, et l'une d'elle stipulait que les civils étaient intouchables, les attaquer sciemment constituant un crime de guerre. Aux yeux du jeune homme, un crime de guerre était une des pires infamies et quiconque s'en rendait coupable ne méritait ni clémence, ni jugement.

Se battre pour des gens s'en rendant coupable causait un énorme cas de conscience au jeune homme, qui se battait avant tout pour son pays. Mais si ce pays se lançait dans une guerre d'extermination, que valait-il, lui qui se battait en son nom ? Il serra les poings, la main droite enserrant son outil de travail, la gauche dégoulinant du sang de la blessure qu'il n'avait pas encore remarquée. Il avait arrêté de tailler du jade à présent, tourmenté par toutes ces questions que la jeune femme venait, d'un simple mot, de faire naître en lui, toutes remettant en cause son serment de combattre pour Daenastre et pour la justice. En fond, il entendait la voix de sa prisonnière qui continuait de parler, mais il n'y prêtait plus attention. Lui tournant le dos, elle ne pouvait pas voir qu'il ne s'adonnait plus à son passe temps.

- Regardez-moi ! Vous êtes là à jouer aux perles, ne soyez pas si désinvolte ! Ayez la décence de me traiter avec respect puisque vous prétendez avoir un code d’honneur.
- FERMEZ LA !!!!!!!!!!! rugit Joachim en assénant un coup de poing d'une telle violence sur sa table que tout son matériel vola dans la tente, que son outil s'enfonça profondément dans le plateau et que les pieds métalliques de la table se plièrent. Vous voulez que nous parlions honneur ? Parlons de vous alors, vous qui vous réfugiez derrière votre magie, vous qui profitez d'une force qui n'est pas la vôtre, vous qui nous avez contraint à la guerre... j'affronte l'adversité au corps à corps moi, je ne me dissimule pas derrière la magie, ce que je suis c'est à moi et à moi seul que je le dois !!!

Il se redressa enfin et se retourna pour faire face à la jeune femme. Il n'était plus le jeune homme passif qui s'occupait à tailler du jade, il était un homme perdu dans une mer de doutes, furieux de voir son honneur intact bafoué par quelqu'un dont il avait sûrement sauvé la vie.

- Vous traiter avec respect, est-ce vous laisser dans une cage dehors, dormir dans la boue et être nourrie d'un quignon de pain et d'une gamelle d'eau jetée nonchalamment à travers les barreaux ?!!  Si c'est ce que vous attendiez, navré mais vous avez frappé à la mauvaise porte !!! Allez voir chez les vôtres, je suis persuadé que c'est ainsi que vous vous traitez vos prisonniers !!! Allez leur demander s'ils viennent au secours des populations civiles dont la guerre a dévasté récoltes et maisons !! Allez leur demander s'ils dorment à douze par tente pour donner celles libérées à des civils sans abris, demandez leur s'ils en sont réduit à diviser leur réserves de nourriture par deux pour nourrir aussi les populations rencontrées !!! Demandez-leurs si leurs fournitures médicales servent d’avantage aux soins des populations qu'à ceux des troupes !!! Pensez ce que vous voulez, mais je ne me suis rendu coupable d'aucun acte répréhensible, MOI, j'ai les mains et la conscience propre !!

Il brandit devant le visage de la jeune femme un index sanglant, ses yeux étincelaient d'une fureur contenue à grand peine.

- Quant à croire à vos élucubrations... Accuser de crimes de guerre n'est pas une petite chose, car les crimes de guerres ne sont pas pardonnables... et je n'ai été mis au courant d'aucune action pouvant s'en approcher. En aurai-je été informé, ce dont je doute, je serais allé protester !! Mais je vous interdit - je vous in-ter-dit, vous m'entendez ? - de m'insulter encore de la sorte !!  

Le jeune Capitaine se dirigea d'un bon pas vers la sortie de sa tente. Le Caporal et quelques soldats attendaient à l’extérieur, indécis. Il leur fit signe d'approcher et les précéda dans la tente.

- Nous reprendront cet interrogatoire demain. Un repas chaud vous sera servit dans votre cellule. Si vous avez besoin d'une couverture supplémentaire il vous suffira de demander au garde. Je vous souhaite malgré tout une bonne nuit.

Il ne regarda pas ses soldats embarquer Hiryu, pas plus qu'il remarqua que le caporal était toujours là. Les mains derrière le dos, il regardait tout l'attirail de joaillerie de son officier éparpillé partout dans la tente, et Léa, la Maine coon qui, terrifiée et le poil hérissé, attendait derrière la cantine de son maître.

- Ca ne s'est pas passé comme vous l'attendiez on dirait, chef... dit le jeune homme quand son chef se fut un peu calmé.
- C'est un doux euphémisme, Caporal... Hiryu m'a pris à contrepied... un coup de chance sans doute, mais un coup de maître. Elle a su appuyer où ça fait mal...
- La guerre ?
- D'une certaine façon oui... surtout les exactions qui viennent avec... elle m'a accusé d'en avoir commis et de me réfugier derrière des bonnes actions pour laver ma conscience...
- Elle n'est pas la mieux placée pour parler... a-t-elle donné des informations ?
- Deux... je vous les confierai plus tard, Caporal, j'ai besoin de me remettre les idées en place...
- Et besoin de vous faire soigner aussi, Chef, vous saignez et en avez mis plein sur votre uniforme...

C'est seulement à ce moment que Joachim s'apperçu qu'il était blessé au pouce. Le Caporal, un sourire aux lèvres indiqua du pouce la tente médicale à son officier. Le Capitaine eut un sourire fatigué et s'y dirigea. En passant à côté de son sous officier, il posa une main chaleureuse sur son épaule et s'en fut voir le Doc.

********************************

Le lendemain matin, et malgré un bon bain la veille, Joachim était à côté de ses bottes. Son projet de bracelet était fichu et il devrait récupérer ce qu'il pouvait pour le refondre ou le reformer en autre chose, son bureau avait été replacé par quelque chose d'un peu plus solide, les pieds de l'ancien ayant rendu l'âme pendant le rangement de la tente, et son chat se méfiait de lui depuis son coup de gueule de la veille. Il avait de plus passé une nuit exécrable, occupée pour une grosse moitié à écrire à sa hiérarchie pour se renseigner sur d'éventuelles missions effectuées contre des civils My'Trans, l'autre moitié pleine de Hiryu qui lui envoyait de nouveau les accusations de crimes de guerre au visage. Attablé devant un petit déjeuner, il attendait l'arrivée de sa prisonnière pour l'entamer.

Elle arriva enfin. Joachim se leva pour l'accueillir, machinalement, trop endormi encore pour reprendre un quelconque rôle.

- Bonjour Hiryu, j'espère que vous avez mieux dormi que moi... que prenez vous comme petit déjeuner ? Nous ignorons si vous avez des interdits alimentaires alors nous avons exceptionnellement, ouvert un peu de tout : des fruits, du lait, thé, café, confiture, miel, pain, nous avons trois fromages et un peu de viande séchée...

Joachim se fit un bon bol de thé avec une petite cuillerée de miel. Le pouce gauche parcouru sur toute sa hauteur par des agrafes, il essaya maladroitement de se faire une tartine de confiture de fruits rouges sans l'utiliser, mais ne réussi qu'à faire tomber ladite tartine sur la table. De guerre lasse, il décida qu'il se contenterait de thé ce matin.

L'esprit encore un peu embrumé par sa mauvaise nuit, il comptait sur la théine pour l'aider à se réveiller. En fait, l'idée de prendre son petit déjeuner avec Hiryu, il ne savait vraiment pas comment il l'avait eue, ni où ça le mènerait. Prendrait-ce son adversaire à contre pieds ? Serait elle perdue par cette attitude ? Serait elle confortée ? Joachim n'y avait absolument pas réfléchi, si ça n'avait tenu qu'à lui, il se serait offert une grasse matinée, mais en tant qu'officier, il avait des devoirs, et celui de partager les longues journées de ces hommes en était un.

Aesa Ishara
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Peux-tu dompter un dragon ? EmptyDim 16 Aoû - 12:54
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« FERMEZ-LA !!!!!!!!!!! »

Aesa resta interdite à l’égard de la violence de son geôlier. D’un geste rageur celui-ci venait de fracasser son atelier de fortune, faisant voler dans les airs ses matériaux. La jeune femme s’était attendue à une réaction, elle l’avait provoqué consciemment, mais l’homme impassible s’était révélé tout son contraire. Un homme empli de véhémence, déversant sa hargne telle une source intarissable. Sans le savoir, Hiryû avait frappé au bon endroit : L’honneur. Blessé dans sa fierté, le Capitaine s’était retrouvé acculé. Il riposta, aussitôt, s’attaquant à ce qui lui étranger.

« ... J'affronte l'adversité au corps à corps moi, je ne me dissimule pas derrière la magie, ce que je suis c'est à moi et à moi seul que je le dois !!!
Alors allez-y vous aussi, ne vous cachez pas derrière votre technologie ! Détachez-moi qu’on se batte à la loyale, vous ne me faites pas peur ! »

C’est à ce moment-là que l’homme se redressa de toute sa hauteur. Il n’était pas seulement grand : C’était un géant en comparaison de la jeune femme qui lui arrivait en dessous des épaules. Pour autant, elle avait relevé les yeux, lui tenant tête. Son corps tremblait pourtant, à la fois agité par sa propre colère mais aussi parce qu’une partie de son être était intimidée malgré elle. D’un geste il pouvait la balayer telle une poupée de chiffon. Aesa était si concentrée à tenir bon face à ce ouragan bâti de muscles qu’elle occulta une bonne partie des vociférations de son interlocuteur. Elle eut un mouvement de recul alors qu’il s’était rapproché d’elle, levant une main ensanglantée. Les pupilles s’arrondissant sous la crainte, son souffle mourut dans le creux de sa gorge. Allait-il saisir le cou de la prétendue menteuse pour mettre un terme aux propos qui heurtaient sa conscience ?

Il n’en fut rien. Plutôt que d’assouvir sa frustration sur l’étrangère, il préféra quitter la tente. Aesa expira avec force, ventilant ses poumons, leur redonnant l’air dont ils avaient été privés par anxiété. En elle son cœur s’était mit à battre à tout rompre. Alors qu’il se décida à congédier sa captive, des soldats vinrent se saisir d’Aesa. Celle-ci les laissa l’emmener sans réagir, bien trop troublée par ce qu’il venait de se dérouler.

Comme annoncé, on la plaça dans une cellule relativement confortable. L’un des soldats vint lui détacher les chaines, rendant à ses bras le confort de remuer normalement. Un repas lui fut servit puis on la laissa seule dans sa cage dorée. Enroulée dans la douce couverture offerte, Aesa ne pouvait empêcher ses pensées de venir la hanter. Malgré ses propos tenus devant le capitaine, la chasseresse n’était qu’une fillette terrorisée. L’avait-il perçut ? Quelle honte… Aesa n’avait pas le droit à l’erreur, elle se devait d’être forte. Elle se l’était jurée, quoi qu’il se passe, quoi qu’il lui en coûte. Protéger les siens c’était sa mission. Cela en avait toujours été ainsi. Avec douceur, la jeune femme enserra son pendentif renfermant son plus grand trésors. Il ne fallait pas qu’elle perde espoir, pour eux.



***


C’est après une nuit agitée et extrêmement courte que la jeune femme se réveilla. Le camp était encore silencieux, très peu d’hommes étaient éveillés à cette heure. Ceux de garde uniquement. Cela laissait à Aesa le temps de faire le point sur les événements de la veille. Bien qu’en position délicate, la jeune femme avait tout de même réussi à percevoir des informations utiles sur son opposant. Le Capitaine se voulait être un homme d’une certaine sensibilité et d’une droiture d’esprit. L’honneur avait une place omniprésente pour lui et dictait sa manière de diriger. Cela pourrait sans doute s’avérer utile. Il lui faudrait toutefois gérer ses élans destructeurs mais il semblerait qu’il ne soit pas impossible d’ouvrir un réel échange avec lui. S’il était vraiment ce qu’il affirmait être, peut-être pourrait-il être sensible aux arguments de la jeune femme ? Ce n’est pas comme si elle pouvait lui faire confiance… Mais il se pourrait qu’en agissant avec plus de délicatesse il ne lui révèle plus d’informations qu’il n’escomptait lui en recueillir.

Finalement, un garde vint à sa rencontre. Il lui remit les chaines, lui épargnant toutefois de les placer en arrière, ce qui laissait à la jeune femme une plus grande aisance de mouvement. Ci-fait, il la guida jusqu’à son supérieur. Celui-ci était attablé devant ce qui était de toute évidence un festin au vu de la quantité de mets à disposition. Il se leva alors, l’accueillant avec… chaleur ?! Aesa battit des cils, quelque peu surprise.


« Bonjour Capitaine. » Répondit-elle poliment. « Vous n’auriez pas dû vous donner cette peine, je ne suis pas bien difficile. » Ajouta-t-elle bien que sur un ton peu assuré. « Mais merci. »

Malgré la méfiance affichée, Aesa n’était pas une ingrate. Cela avait put échapper au daënar la veille compte tenu de la situation, mais si l’honneur était une valeur d’une grande importance pour la jeune femme, l’hospitalité et la courtoisie étaient tout aussi importants. Tandis que le garde rebroussait chemin et que son hôte se rassit, la mage en fit finalement de même. Elle se servit un bol de lait et attrapa une pêche qu’elle croqua à pleine dents en silence.

Cependant, elle ne pouvait s’empêcher d’observer le blondinet bien gauche qui lui faisait face. Celui-ci venait de faire tomber sa tartine de pain avant de finalement laisser les choses en l’état. Reposant le fruit, Aesa prit alors une initiative spontanée. Elle se saisit à son tour d’une tartine, qu’elle agrémenta de confiture avant de la tendre au Capitaine.


« Tenez. » Devant son hésitation, probablement surprise, elle ajouta : « Je ne l’ai pas empoisonnée, vous savez ? »

La main tendue, elle attendit qu’il réagisse.

Joachim
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Peux-tu dompter un dragon ? EmptyVen 19 Jan - 15:24
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Le nez dans sa tasse de thé, une tasse en porcelaine ridiculement petite dans ses mains, Jochen songeait à la quantité de boisson qui lui serait surement nécessaire pour tenir au cours de la journée. Les soldats sont formés à différentes techniques pour pouvoir saisir la moindre opportunité pour dormir, mais le jeune officier doutait de pouvoir les mettre en pratique aujourd'hui. Il attendait des réponses aux nombreuses missives envoyées durant la nuit et comptait bien y répondre vite afin d'accumuler rapidement le maximum d'informations suite aux propos de sa prisonnière la veille. Il ne pouvait pas s'empêcher d'y penser, et des souvenirs précédant son déploiement finissaient par rendre les propos de la my'tranne plus que crédibles, les souvenirs des tâches de police auxquelles lui et son unité avaient dû se plier de mauvaise grâce (et très inefficacement), la presse qui montait en épingle la volonté de riposte, de vengeance, de civilisation de ceux qu'ils présentaient comme des barbares. Les pièces de ce puzzle ne s'assemblaient que trop bien...

Perdu dans ses pensées, le champ de vision réduit par la fatigue, il n'avait pas perçu de suite le geste de sa prisonnière. Avec un sourire fatigué, il accepta volontiers la tartine et la remarque.

- Ne vous inquiétez pas, je ne redoutais pas un éventuel empoisonnement de votre part. Si nos accrochages m'ont appris une chose, Hiryû, c'est que ce n'est pas le genre de situation où votre honneur vous autorise ce genre d'actions.

Joignant le geste à la parole, il mordit à belles dents dans la tartine proposée. Tout en mastiquant sa bouchée, son regard se perdit de nouveau dans ses réflexions. Même si tout semblait aller dans le sens de sa prisonnière, il refusait d'admettre qu'il avait sans doute combattu pour faciliter l'exécution des exactions dont l'accusait la jeune femme en face de lui. Tout en lui ressentait à cette possibilité un écœurement terrible. Lors de sa formation, lors de ses classes, les instructeurs avaient bien insisté sur les codes de la guerre, et, s'il s'avérait que les propos de Hiryû étaient vrai, tout l'état major s'asseyait dessus allègrement. Que des politiques le fasse ne l'aurait pas étonné, ces individus n'avaient de loyauté que pour eux mêmes, mais que des hommes formés dans le respect des codes de la guerre le fasse était profondément choquant.

Son chat survint alors et, sautant sur les cuisses de son maître, elle le tira de ses réflexions, laissant tomber de sa gueule un objet qui, après rapide observation, s'avéra être sa brosse. Joachim entrepris alors de brosser le fauve qui, se tournant vers Hiryû, commença à ronronner bruyamment.

- Désolé, mais Lea a l'habitude d'être brossée tous les matins et tous les soirs, et j'ai déjà manqué à mes devoirs hier soir. J'espère que sa présence ne vous ennuis pas ?

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Peux-tu dompter un dragon ? EmptyVen 19 Jan - 21:30
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« Ne vous inquiétez pas, je ne redoutais pas un éventuel empoisonnement de votre part. Si nos accrochages m'ont appris une chose, Hiryû, c'est que ce n'est pas le genre de situation où votre honneur vous autorise ce genre d'actions.
- Ah non ? » reprit la surnommée Hiryû avec une pointe de sarcasme. « Vous ne me pensiez pourtant pas honorable il y a quelques heures. »

Il ne s'agissait que d’un simple constat, n’appelant pas forcément de réponse bien qu’elle était curieuse de savoir ce qu’il aurait bien à lui répliquer. Aesa avait touché un point sensible lorsque sa colère légitime avait pris le contrôle de son esprit. Ce matin, elle ne tenait pas à se laisser emporter de la sorte. Jauger son geôlier allait devenir son unique passe-temps puisque ce Capitaine ne pouvait s’empêcher de la faire venir à lui. La my’tränne n'y ajouta rien de plus, se contentant de l’observer sans ciller croquer dans la tartine offerte tout en faisant de même avec une viennoiserie.

Le silence s’établit entre eux, tout juste brisé par les sons de mastication des deux étrangers attablés ensemble. La chasseresse mangeait avec bon appétit, profitant sans la moindre gêne de ce confort gracieusement offert. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas pris le temps de se sustenter correctement sans éprouver de remords à faire disparaître de la nourriture dans son estomac réduit par la privation. D’ordinaire elle devait se faire violence pour ignorer ses propres grondements affamés. Les rations étaient devenues des denrées précieuses qu’il fallait partager. Si seulement ces soldats pouvaient vivre dans la faim à leur tour plutôt que de s’engraisser aux frais de la population qu’ils ont arrachée à leur domicile… Quoique son “hôte” ne semblait pas particulièrement avoir d’appétit, lui. L’homme blond paraissait ailleurs, son regard flottant dans le vide de pensées inatteignables pour la mage.

Seul l’arrivée du chat de compagnie du Capitaine parvint à l’extraire de ses réflexions. Là, enfin, l’étrange geôlier s’anima, brossant l’épais pelage de son animal tout en s’expliquant aurprès de la jeune femme. Pourquoi s’enquérir de l’opinion de sa prisonnière ? Aesa haussa les épaules, désinvolte.

« Faites-donc. Ce n’est pas comme si j’étais là de ma propre volonté n’est-ce pas ? » Elle pivota la tête, déviant le regard pour le porter au loin. « Mais je n’ai rien contre elle. »

Les félins apparaissent souvent comme des animaux indépendants et sauvages mais il n’en est rien. Ils sont routiniers et particulièrement attachés aux êtres qui leurs sont chers. Ils peuvent même se montrer empathiques et généreux. Cette Lea n’avait rien à faire dans une guerre et pourtant elle restait auprès de son maître malgré les circonstances. D’une certaine manière, cela ressemblait à la relation qu'Aesa entretenait avec Litha, même si leur lien était plus profond puisqu’il nouait leurs âmes ensemble en quelque sorte. En être séparée était toujours une souffrance pour la kharalienne. Une raison de plus de se sentir offusquée par la situation, indécise quant aux intentions de son ennemi.

Il n’avait pas le droit de conquérir ses terres puis de s’enquérir ensuite de ses états d'âmes. On ne joue pas avec un dragon. Si l’on touche à son trésor, soit on meurt sous son souffle ardent, soit on le terrasse. C’est un choix binaire simple. Qu’essayait-il de faire avec elle au juste ?

« Pourquoi m’avez-vous fait venir à votre table ? » demande-t-elle, ses yeux lagons impénétrables venant à nouveau se ficher dans leurs homologues. « Qu’espérez-vous obtenir en agissant ainsi ? Que je vous trouve sympathique et baisse ma garde parce que vous agissez comme si j’étais votre invitée ? »

Un soupir agita la poitrine de la kharalienne. Elle expire aussitôt. Une respiration brève, sèche. Remplie d'aigreur, de ressenti. Faire semblant n'était pas dans ses habitudes. Partager la table avec l'un des responsables de son malheur lui était insoutenable.

« Vous auriez dû m'éliminer. Ce que j’ai dis hier, j’en pense chaque mot. J’ai voué ma vie à occire des monstres et vous en êtes un à mes yeux. Ce n’est pas parce que vous avez l’air doux que ça change quoi que ce soit. On ne fait pas revenir des morts… Je ne pardonnerai jamais. »

Joachim
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Peux-tu dompter un dragon ? EmptyVen 19 Jan - 21:57
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Daënar +2 ~ Änkar (homme)
- Faites-donc. Ce n’est pas comme si j’étais là de ma propre volonté n’est-ce pas ? Mais je n’ai rien contre elle.

Le jeune capitaine, fatigué, ne releva même pas la remarque. L'eut-il fait, il n'était pas aussi énervé que la veille, et donc, n'aurait pas réagi de manière similaire. De plus, la tâche qui l'occupait actuellement était de celles qui le calme. Une main brossant, l'autre caressant, il entretenait l'épaisse fourrure de son animal de compagnie et évacuait ainsi une partie du stress qui faisait le quotidien d'un homme de son rang et de sa trempe. l'autre partie était évacuée par le minutieux travail d'orfèvrerie auquel il s'adonnait dès qu'il en avait l'opportunité. Et puis, finalement, sa prisonnière avait raison et Lea, animal très routinier, n'avait pas eu droit à sa séance de brossage la veille. Et ça relevait du crime de lèse majesté aux yeux de la représentante de la gent féline, qui faisait présentement profiter de son lourd ronronnement tout les gens aux alentours proches de la table.

- Pourquoi m’avez-vous fait venir à votre table ? Qu’espérez-vous obtenir en agissant ainsi ? Que je vous trouve sympathique et baisse ma garde parce que vous agissez comme si j’étais votre invitée ?

Joachim garda le silence. Pourquoi ? Il s'était lui même déjà posé la question. Il avait du avoir cette idée au cours d'une réflexion tellement pleine de méandres qu'il n'en avait retenu que le fait de l'inviter à sa table pour le petit déjeuner, et envoyant tout le reste aux oubliettes. Mais cela ne lui avait pas paru une mauvaise idée lorsqu'il avait donné l'ordre, se disant que la raison de ce choix lui reviendrait en temps voulu. Mais plus le temps passait, et moins il en était sûr.

La séduction ? Hiryû était une très belle femme et l'idée en soit n'était pas déplaisante, mais son patriotisme rendait la chose impossible. Même fatigué, Jochen savait qu'une telle tentative serait vaine, pire, qu'elle serait contre-productive. La sympathie ? Là encore l'idée n'était pas désagréable, Jochen était convaincu qu'en d'autres temps une amitié aurait pu naître, mais les circonstances n'aidaient pas, tout comme le caractère de la demoiselle à l'heure actuelle. La carte de l'apaisement semblait elle aussi relativement hors d'atteinte... alors pourquoi ? Pourquoi avait-il eu cette idée ? Si seulement il n'était pas aussi fatigué, peut-être s'en souviendrait-il ?

- Vous auriez dû m'éliminer. Ce que j’ai dis hier, j’en pense chaque mot. J’ai voué ma vie à occire des monstres et vous en êtes un à mes yeux. Ce n’est pas parce que vous avez l’air doux que ça change quoi que ce soit. On ne fait pas revenir des morts… Je ne pardonnerai jamais, lâcha la jeune femme après un soupir qui semblait exaspéré.

Les yeux toujours rivés sur son chat, ces propos le firent sortir de sa réflexion. Il enleva les poils qui commençaient à s'accumuler sur la brosse, en fit une petite boule qu'il posa sur sa cuisse et recommença à brosser Lea avant de répondre à sa prisonnière.

- Je ne pardonnerait pas d'avantage tout ces morts, je vous rassure. Une fois ce conflit réglé, il faudra que certains rendent des comptes, dans les deux camps. Quand à vous éliminer... Joachim leva les yeux et les riva à ceux de sa vis-à-vis, Vous n'auriez pas été désarmée et inconsciente, il est probable que je n'aurai pas hésité. Les lois de la guerre stipulent qu'un adversaire blessé et/ou désarmé doit être considéré comme prisonnier de guerre et traité comme tel. Que vous le vouliez ou non, j'obéis aux lois de la guerre.

Le jeune homme commença à caresser son chat pour voir s'il ne restait plus de poils morts dans sa fourrure, ce faisant il poursuivit.

- Et pour ce qui est de mon "air doux", comme vous le dites... eh bien je peux le lier à votre première question, qui était "pourquoi je vous ai invitée à ma table ce matin". En toute honnêteté, je ne sais plus. Cela m'a paru une bonne idée sur le coup, mais impossible de me rappeler pourquoi... il y a donc aucun calcul dans mon attitude, qui semble tant vous perturber, juste le respect de l'adversaire. Pourquoi cette attitude vous pertube-t-elle tant ? N'en avez vous pas l'habitude, vous qui êtes chef de guerre ? A vrai dire, j'ignore comment est respectée la hiérarchie au sein de vos troupes... peut-être ai-je commis un impair en vous traitant de la sorte ?

La curiosité dont il faisait preuve sur ces derniers mots pouvait sembler naïve, mais elle était réelle. Les supérieurs de Joachim n'avaient jamais daigné partager la moindre information sur l'organisation de la hiérarchie des troupes adverses... si toutefois ils la connaissaient, ce dont le jeune homme commençait légèrement à douter.

Aesa Ishara
Aesa Ishara
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Peux-tu dompter un dragon ? EmptyLun 22 Jan - 11:31
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Profession : Chasseuse / Mercenaire
My'trän +2 ~ Kharaal Gazar
Il ne pardonnerait pas non plus ? Ah ! Voilà une réflexion qui ne manqua pas d’extirper un rictus sarcastique aux lèvres de la captive. Un homme venu sur des terres étrangères pour combattre ses habitants escomptait régler des comptes, avec qui ? Sa conscience, peut-être. C’est que ce Capitaine ne cessait depuis le début de défendre ses principes chevaleresques, dressant à chaque fois l'étendard de la guerre pour justifier ses choix. L’honneur et la décence placés sur un piédestal tout autant qu’une douceur n’ayant pas sa place en ces circonstances. Au fil des paroles reçues, le regard de la chasseresse se fit plus incisif. Est-ce qu’un homme bon pouvait se permettre de fermer les yeux en se faisant l’arme de plus cruels ? Il semblerait que cette tête blonde ne se rendait pas compte de l’ironie de la situation. A moins que ce ne soit qu’un stratagème, une image que ce grand benêt se donnait pour obtenir quelque chose de la captive. Le doute était permis.

« C’est tout ce qui vous intéresse, vraiment ? La hiérarchie… tss… Je vous l’ai dit, pourtant, je ne suis personne. » Avec le peu de dignité lui restant, elle se releva, faisant tinter ses chaînes d’un mouvement pourtant lent. « Ne comparez pas ce qui n’a rien en commun. Je ne suis pas comme vous, je ne suis pas de ce que vous appelez soldat. Vous êtes un guerrier formé à mener ce que vous nommez guerre, moi je ne suis qu'une chasseuse dont les circonstances ont donné un rôle dans cette tragédie. »

Une civile, en d'autres mots. Comme beaucoup de ses compagnons d’infortune. L’instinct de survie rend les gens plus coriaces à contrer. Le désespoir pousse souvent à agir, qu'importe les risques puisqu'ils sont voués à se confronter à la mort de toute façon. Aesa a cet avantage de venir d'un clan aux coutumes guerrières l’ayant formée à se battre, d'être suffisamment stratège pour apprendre à se servir des failles d’une créature pour la vaincre malgré sa puissance et d'être devenue une chasseuse aguerrie. Mais elle n'éprouvait aucun plaisir à tuer, encore moins des hommes… quand bien même ressembleraient-ils à des monstres.

« Vous savez ce qui me met hors de moi ? Vous n’arrêtez pas de vous justifier derrière vos lois, vos codes d’honneur… Mais si vous êtes vraiment un homme bon, que faites-vous là ? Pour quelles raisons ne cessez-vous pas de vous battre ? Si c’est pour obéir à votre “hiérarchie”, vous n’êtes juste qu’un pantin. Une guerre… Une guerre… Ce n’est une bataille que pour vous ! Ce n’est pas votre foyer qu’on détruit, ce ne sont pas vos rivages qu’on accoste, ni votre ciel qui s’assombrit sous les flammes de machines infernales. Ce ne sont pas vos maisons que vous devez quitter, vos familles dont vous êtes séparés. Votre monde n’est pas en train de s’écrouler sous vos pieds, vous n’avez pas à fuir pour votre survie ni à craindre pour votre famille ! »

Incapable de tenir en place, la jeune femme se mis à marcher dans la tente. Le feu intérieur qui s'était éveillé en elle lui brûlait les poumons, enflammait sa gorge, irradiait sur sa peau. Elle qui avait toujours su contrôler ses émotions, se canaliser et faire preuve de retenue était hantée par des visions d’horreurs et consumée par la rage. Frustrée de ce constat, elle ne put que se prendre le visage entre ses mains emprisonnées de fer, le relâchant dans un geste las. Dans ses prunelles ne brillaient pas que de la colère. La douleur était omniprésente.

« Vous avez raison sur un point : Je ne vous comprends pas. Pourquoi ? Pourquoi venir sur des terres qui ne sont pas les vôtres ? Pourquoi nous chasser, nous traquer, tout détruire, tout prendre, tout voler, si cela ne vous plaît pas ? Je ne vous dirai pas merci de soigner les blessés : on ne remercie pas un enfant parce qu'il répare la poupée qu'il vient de briser, on lui demande d’en prendre soin la prochaine fois. Si vous ne voulez pas que l’on vous méprise, partez. Laissez-nous en paix. »

Joachim
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Peux-tu dompter un dragon ? EmptyVen 2 Fév - 12:18
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Ainsi la jeune femme était une chasseresse. Intéressant. Formée à attendre, à tendre des pièges, cela expliquait qu'elle avait pris à contre-pieds les prédécesseurs du jeune capitaine, trop engoncés dans la théorie pour pouvoir s'adapter face à l'inattendu. Cela pouvait aussi expliquer les exactions dont elle l'accusait. En effet, les civils prenant les armes ne sont pas protégés par les lois de la guerre, et son donc soumis au bon vouloir de leurs adversaires. Si par malchance ils tombent sur un officier trop imbu de lui même, il y a fort à parier que c'est un allez-simple vers l'au-delà qui les attend... Jochen soupira légèrement. Quelle était la quantité de sang qu'avaient sur les mains ses prédécesseurs ? Hiryu n'en avait cependant pas terminé avec lui.

- Vous savez ce qui me met hors de moi ? Vous n’arrêtez pas de vous justifier derrière vos lois, vos codes d’honneur… Mais si vous êtes vraiment un homme bon, que faites-vous là ? Pour quelles raisons ne cessez-vous pas de vous battre ? Si c’est pour obéir à votre “hiérarchie”, vous n’êtes juste qu’un pantin. Une guerre… Une guerre… Ce n’est une bataille que pour vous ! Ce n’est pas votre foyer qu’on détruit, ce ne sont pas vos rivages qu’on accoste, ni votre ciel qui s’assombrit sous les flammes de machines infernales. Ce ne sont pas vos maisons que vous devez quitter, vos familles dont vous êtes séparés. Votre monde n’est pas en train de s’écrouler sous vos pieds, vous n’avez pas à fuir pour votre survie ni à craindre pour votre famille !

A cette évocation de la famille, Joachim eut un sourire amer. Certes, au vu de ses moyens, sa famille ne risquait rien, Ils y aurait toujours quelqu'un pour se sacrifier à leur place. Même s'il restait proche de sa mère et de ses sœurs, les têtes de la famille n'en représentait plus une à ces yeux. De fait, Joachim ne se battait pas pour protéger sa famille, il se battait pour défendre ceux parmi son peuple qui ne le pouvaient pas. En cela, la jeune femme avait raison. Ce n'était pas sa vocation de se battre pour oppresser et envahir.

- Vous avez raison sur un point : Je ne vous comprends pas. Pourquoi ? Pourquoi venir sur des terres qui ne sont pas les vôtres ? Pourquoi nous chasser, nous traquer, tout détruire, tout prendre, tout voler, si cela ne vous plaît pas ? Je ne vous dirai pas merci de soigner les blessés : on ne remercie pas un enfant parce qu'il répare la poupée qu'il vient de briser, on lui demande d’en prendre soin la prochaine fois. Si vous ne voulez pas que l’on vous méprise, partez. Laissez-nous en paix.

Un nouveau point de concédé à la jeune femme. Le respect qu'il avait pour son adversaire ne cessait de grandir. Malgré la fatigue, le cerveau de Joachim s'était maintenant réveillé pour pouvoir encaisser et contrer les assauts verbaux de la jeune femme, qui faisait à présent les cents pas. Un étrange paradoxe que celui d'avoir une envie physique irrésistible de fermer les yeux et de s'abandonner au sommeil, alors que l'esprit et la pensée étaient, eux, en train de "turbiner" comme disaient les mécaniciens qu'il avait pu rencontrer. Les regards des deux antagonistes se croisèrent. Celui d'Hiryu semblait plein de peine, de douleur. Jochen comprenait, bien qu'il ne le vive pas, le mal qui hantait sa vis-à-vis. Il ferma les yeux un bref instant.

- Savez-vous ce qu'est un serment Hiryu ?

Il rouvrit les yeux et les riva dans ceux de la jeune femme.

- Je suis sûr que vous le savez, vous avez du faire celui de nous repousser de vos terre par tout les moyens. Vous savez donc ce que ça peut impliquer pour ceux qui y croient vraiment. Et bien j'ai fait celui de servir ma Nation comme soldat.

Sans attendre de réponse, il se leva et alla se placer devant la jeune femme, la dominant de toute sa taille, toujours sans la quitter des yeux.

- En plus de celui de servir ma Nation, j'ai fait celui, plus personnel, de servir son peuple. Je n'attend pas de remerciement de votre part pour ce qui est des soins apportés aux blessés. Je n'en ai ni l'envie, ni le besoin. Je souligne juste, en soulevant ce point, que le sort de votre peuple ne m'est pas si insignifiant que ce que vous semblez croire.

Il se pencha légèrement en avant, approchant son visage de celle de la jeune femme.

- Vous voulez que nous partions ? Je n'ai guère envie de rester. J'ignore ce qui a poussé ma hiérarchie à envahir vos terres, mais que voulez vous que je puisse faire à mon échelle ? L'avis d'un capitaine ne compte que pour les hommes qu'il a sous ses ordres. Aucun de mes hommes n'est prêt à trahir notre serment, et moi non plus. Alors tout ce que je peux faire, à mon échelle, c'est être le plus efficace possible, en ayant le moins d'impact possible sur les régions que nous traversons. Une fois cette guerre finie, le retour à la normale n'en sera que plus facile.

Son regard s’assombrit. Comme si "la normale" était possible. Les exactions dont l'accusait injustement son adversaire devaient avoir un fond de vérité. Quelle que soit l'issue du conflit, l'antagonisme resterait ancré, et pour longtemps. A quoi pouvaient bien penser les huiles, s'ils justifiaient ce massacre ? Des villes et des familles décimées, des champs brûlés, des temples pillés... et tout ça pour quoi ? La tristesse apparu, lointaine mais bien présente. Il fronça les sourcils, ferma les yeux et se redressa.

Aesa Ishara
Aesa Ishara
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Peux-tu dompter un dragon ? EmptyMer 21 Fév - 22:01
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Profession : Chasseuse / Mercenaire
My'trän +2 ~ Kharaal Gazar
Elle crut, ne serait-ce qu’un instant, avoir touché son geôlier. Le géant blond avait fermé les yeux comme on tenterait de chasser une vision dérangeante, une idée bien trop tangible qu’elle nous glace d’effroi. Mais cela ne dura pas plus longtemps qu’un battement d’ailes. Lorsque les pupilles acier se posèrent à nouveau sur elle, une question fusa aussitôt :

« Savez-vous ce qu'est un serment Hiryu ? »
« Bien sûr que j…! » rétorqua-t-elle immédiatement avant que sa voix ne se coupe brutalement.

Elle aurait dû le voir venir, cet argument. “Le serment”. “L'allégeance”. Évidemment que la kharalienne avait conscience du poids et de l’importance d’un tel engagement. Malgré tout, n’est-ce pas différent de jurer protéger les siens du danger, de promettre de venger la mort injuste de ceux qui ont compté à ses yeux ? Il ne s’agit que d'amour dans cette intention-là. Mais l'honneur n’existe plus pour la chasseresse. Elle brûlait à présent d’un feu intérieur que seule la mort pourrait tempérer. Et c’est de “leur” faute.

Comment cet homme pouvait-il avoir l’air si peiné tout en affirmant continuer d'obéir ?  Saisie, la mage s’immobilisa totalement. La tension de ses muscles s’étant relâchée suffisamment alors que son esprit rationnel prenait à nouveau le contrôle. De la froideur transparaissait sur ses traits épuisés mais ses paroles sèches délivrèrent une simple vérité :

« Votre Nation n’a que faire du mal qu'elle vous impose de perpétrer. »

Il s’était approché, réduisant presque à néant l’espace vitale de sa prisonnière. Cette si grande montagne de muscles, imposante et oppressante, s’était penchée au point que leurs souffles se mêlaient ensemble. Impossible de soutenir ce regard plus longtemps. Non. Aesa ne me pouvait pas. Son cœur battait si fort qu’il en était douloureux. Ses entrailles se tordaient de dégoût. La jeune femme détourna la tête.

« Vous êtes donc un pantin dont les fils sont liés par un serment. » Conclut-elle avec amertume.

Cela ne servait à rien de lui parler, encore moins de lui expliquer le tort. Cet homme-là n’agissait pas pour lui-même, il ne pouvait pas s’offusquer, encore moins se rebeller. Peu importe ce qu'il en pensait réellement et aussi ignoble que ce soit d’envahir un peuple. Il n’en avait pas le “droit”... ou l’envie.

A moins… A moins qu’il ne le voit de ses propres yeux ? Alors peut-être pourrait-il commencer à douter.

Aesa ne se faisait pourtant pas d'illusions : Cela ne mettrait pas un terme à leurs combats. Ce soldat continuerait de suivre les ordres. Il a juré serment, après tout. Malgré tout, lui ouvrir les yeux n'était pas inutile. Un jour, sans doute, l’homme d’honneur voudra agir pour la justice.

« Très bien. » commenca-t-elle avec une ironie palpable. « Obéissez, restez et tentez donc d’avoir le moins d'impacte en espérant qu'un retour à la normale soit possible. Mais vous êtes dans l’erreur vous…. » Elle laissa ses mots flotter un instant, ses yeux lagon revenant seulement chercher leurs homologues. « Si vous voulez réellement comprendre, vous devez le voir par vous-même. Il y a… A une journée à cheval, à l’est, derrière les bois des vents hurlants, un village… Laissez-moi vous montrer. »

Il ne s’agissait pas du sien mais la chasseresse l’avait traversé. Elle savait l’horreur. La même chose s’était produite sous ses yeux. Mais lui, il ne sait pas.

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