Revenir en hautAller en bas
Chroniques d'Irydaë
Bonjour, et bienvenue sur les Chroniques d'Irydaë. Déjà inscrit ? N'attends plus, et connecte-toi dès maintenant en cliquant sur le bouton "Connexion" ci-dessous !

Vous êtes nouveaux, que ce soit sur ce forum ou dans le monde du RPG ? Le choix d'un forum sur lequel vous pourrez vous épanouir n'est pas anodin, et il vaut mieux pour cela connaître l'univers dans lequel vous vous trouvez ! Nous avons pensé à vous, en vous préparant un guide qui vous permettra de découvrir pas à pas le monde des Chroniques d'Irydaë.

Si malgré cela, des doutes subsistent, n'hésitez pas à adresser vos questions aux Administrateurs.

En vous souhaitant une agréable visite !
Chroniques d'Irydaë
Bonjour, et bienvenue sur les Chroniques d'Irydaë. Déjà inscrit ? N'attends plus, et connecte-toi dès maintenant en cliquant sur le bouton "Connexion" ci-dessous !

Vous êtes nouveaux, que ce soit sur ce forum ou dans le monde du RPG ? Le choix d'un forum sur lequel vous pourrez vous épanouir n'est pas anodin, et il vaut mieux pour cela connaître l'univers dans lequel vous vous trouvez ! Nous avons pensé à vous, en vous préparant un guide qui vous permettra de découvrir pas à pas le monde des Chroniques d'Irydaë.

Si malgré cela, des doutes subsistent, n'hésitez pas à adresser vos questions aux Administrateurs.

En vous souhaitant une agréable visite !
-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal




 :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Rathram
Page 1 sur 1


 Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un

Isha Varlega
Isha Varlega
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un Empty
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un EmptyMer 10 Mar - 9:26
Irys : 94961
Profession : Médecin du troisième cercle
Guilde +1 (femme)
Cerka, sous le feu et les flammes, sur le sang et le poussière. Isha n'avait jamais vu cette région, auparavant, elle ne pouvait pas en deviner la beauté d'autrefois. Quoi que fut cet horizon du chaos avant que ne débarquent les my'trans, il n'en reste désormais plus que ça ; un champ désolé, une ruine. Vers la cité, on remarquait une muraille détruite, effondrée, sous les pierres se jonchaient un millier de cadavres d'infanterie envoyée à la mort au nom de leur nation respective. Sous les rayons d'un soleil éclatant se reflétaient les nuances écarlates d'un conflit à la vaine portée. Une fois le choc passé, les bruits revenaient, une fois l'image enregistrée, l'orchestre de fusils, de foudre et de terre craquante se manifestait une fois encore pour rappeler à l'esprit qu'il n'est pire horreur que celle de n'être qu'une voix étouffée par l'ouragan. Aux oreilles sifflait le plomb, un rappel constant, exaspérant, qui disait qu'en ces lieux, il n'y avait plus de héros ; ils étaient tous morts en premier.

Dans les abris créés par les adeptes de Delkhii, par ses anciens semblables, Isha marchait d'un pas pressé et avec un regard sec. Penchant le visage sur chaque personne recroquevillée, sur le moindre blessé potentiel, elle jaugeait la gravité des plaies et passait son chemin s le mal était moindre. Les possibilités étaient si morbides qu'elle se retrouvait parfois à ignorer une balle logée dans une épaule au profit d'un fantassin revenu avec une balafre de la taille d'une main entre les deux yeux. C'était bien plus que ce qu'une troisième cercle était censée endurer, mais au final, c'était tout aussi compliqué que de survivre aux mains des barbares d'Als'kholyn. Fut un temps où elle aurait déploré les pertes, quelque part, elle le fait encore. Toutefois, la pression omniprésente empêche de tels états d'âmes, l'adrénaline et le sens de l'urgence bloque les émotions au profit de la survie.

Le secteur qu'elle couvrait seule faisait officiellement cent mètres de long, avec les morts récents dans les rangs des Cercles, il en faisait désormais cinq cent au jugé ... à en croire les cris, du moins. Son pas de course défilait dans les rangs, son visage se tournait à chaque embranchement, à la moindre complainte. Du côté my'tran, on entendait le plomb qui s'enfonçait dans la terre, explosant en des milliers d'éclat de fer. A sa droite, vers la ligne avant, le sol venait de violemment se soulever, fauchant tous ceux qui y étaient logés. Isha détourna les yeux, ce n'était pas sa responsabilité, et ils étaient très certainement déjà morts.

Entre le vent tranchant et la terre qui se soulevait en vagues, un cri retentit. C'était étrange, à force d'être ici, la troisième cercle avait fini par reconnaître le ton exact des hurlements qui pouvaient être sauvés. La différence entre le dernier râle d'un mort et sursis et celui de quelqu'un qui pouvait être sauvé était curieusement bien définie. La soigneuse se mit à accélérer le pas vers le Nord, où elle trouva le my'tran qui gesticulait, son bras sectionné net par une explosion, la laideur de la coupure en témoignait. Il tenait son membre arraché contre son buste et hurlait à pleins poumons. Isha s'agenouilla auprès de lui, glissant presque dans la boue et se dévêtant de la lourde sacoche qui lui tirait l'épaule. D'une des poches, elle sortit un bout d'ivoire cylindrique qu'elle tendit devant la bouche du blessé.

- Mords. Instruit-elle sèchement.

Il s'exécuta, paupières plissées et serrées, ses dents craquant presque tant il les appuyait déjà si fort. Elle souleva le moignon qui s'arrêtait avant le coude et regarda à l'intérieur de la chair qui, déjà, semblait pourrir. De la même poche, elle sortit des pinces et se mit à trifouiller dans le muscle pour en sortir les éclats d'obus qui y étaient restés. Ses vêtements étaient également déchirés au niveau du flanc, il devait y avoir des lamelles de métal qui s'y étaient logées, là aussi. Ce n'était pas aussi important que le bras sectionné, elle s'en occuperait plus tard, si le temps lui était accordé, mais ça ne lui paraissait pas mortel.

Lorsque les pinces retirèrent le premier éclat, le my'tran hurla de plus belle, envoyant un frisson d'effroi dans chacun de ses camarades autour de lui qui le regardaient avec angoisse. Ils étaient kharaaliens, c'était certainement l'un de ceux qui avaient construit les défenses en première ligne. La troisième cercle porta sa main au visage du bâtisseur et une lueur dorée y apparu, les cris cessèrent alors, la douleur s'était calmée mais pas complètement et pas indéfiniment. Cette anesthésie magique était faible et elle ne durait pas longtemps, mais c'était mieux que de devoir endurer les cris et tortillements du patient.

Isha était si concentrée sur son oeuvre qu'elle n'entendit pas arriver le convoi frappé du sigil de l'Aube, pas plus qu'elle entendit son nom lorsqu'il fut appelé la première fois. Elle était en train de finir de bander le moignon, mais à nouveau résonna la voix d'un de ses supérieurs.

- Varlega !

Elle se retourna promptement vers l'arrière des lignes et vit l'uniforme des Deuxièmes Cercles se tenir sous le soleil. A ses côtés, elle crut distinguer une tignasse blonde bien trop lumineuse pour avoir été nichée dans les tranchées de bataille. La jeune femme plissa les yeux, alors qu'elle appuya le bras arraché sur le torse de son propriétaire, lui glissant sobrement ;

- Tiens-moi ça. Elle s'approcha de son supérieur. De quoi s'agit-il, monsieur ? Si c'est pour des renforts vous pouvez les amener à deux cent mètres vers le Nord, Eldryn doit être débordée, si elle n'est pas déjà morte.

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un Empty
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un EmptyMer 10 Mar - 13:50
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Voilà quelque temps déjà que le quartier général est en pleine effervescence. La plupart des titulaires sont absents, déjà sur place depuis des lustres pour aider au mieux la population. Ils nous demandent donc d'apprendre plus vite que d'ordinaire, mais aussi de comprendre rapidement, d'analyser une situation sans perdre de temps mais surtout d'agir vite et bien sans poser de questions parasites.

Nous nous devons d'être prêt, même lorsque l'on ne l'est pas. On nous demande d'être réactif, même lorsque l'on ne comprend pas… Nous n'avons plus le temps à présent… et nous ne sommes clairement pas préparés à cela. Durant tout le trajet qui nous conduit à Cerka, je reste silencieuse. J'essaie de me conditionner mentalement à ce que je vais devoir affronter sur place. Je fais de mon mieux pour visualiser un lieu inconnu et des situations qui le seront tout autant. J'entends des membres du deuxième Cercle parler du front et de la situation dont j'ignorais tout jusque-là. Ils évoquent les morts, des blessés, un hôpital bondé, des rebelles et que sais-je encore… J'essaie vainement de ne pas y prêter trop attention. Je ne veux pas être effrayée par tout cela, je me dois d'être forte afin d'être efficace. J'essaie de lire un manuel d'anatomie, même si je le connais déjà par cœur. Je l'ai tellement parcouru, celui-ci, que les pages sont toutes cornées. Mais tant pis, cela me détend d'observer tous ces croquis… cela détourne mon attention de ces conversations inquiétantes et des plaintes des plus jeunes.

Je ne saurais dire combien de temps a duré ce voyage harassant, mais il m'a semblé durer une éternité. J'ai les jambes en coton, mon dos est douloureux et surtout je ressens cette agitation intérieure en moi, celle qui se manifeste lorsque je reste trop longtemps inactive. Malgré tout, et heureusement pour moi, on ne nous laisse aucun instant de repos. À peine l'appareil se pose-t-il que l'on nous ordonne de sortir au pas de course. Aucun de nous ne proteste, nous ne sommes pas là pour ça. Alors , on obéit, on court sans réfléchir pour rejoindre des personnes appartenant visiblement aux Cercles mais que je ne me souviens pas avoir déjà rencontré. Inutile de faire les présentations, le temps nous manque. Cela m'arrange à vrai dire, je ne sais jamais comment me présenter.

Le bruit est assourdissant… Des coups de feu, des hurlements de douleur, des ordres aboyés çà et là. Je peine à comprendre ce que nous raconte notre guide… Les détonations me perturbent, je n'entends qu'elles…. Je dois résister à l'envie de me boucher les oreilles… Il ne faudrait pas que je paraisse faible.

On nous conduit vers un camp de fortune. On nous explique que des mages de Delkii on aidé à leur érection. Je ne sais pas qui est Delkii… Je me promets de me renseigner plus tard. À l'intérieur, tout n'est que chaos. Il y a du sang partout, des cadavres sont déposés à même le sol sans que personne n'ait eu le temps de recouvrir les corps. J'évite de les regarder. La mort me met profondément mal à l'aise sans que je ne sache pourquoi. J'observe rapidement autour de moi. Tout cela m'évoque bizarrement une fourmilière géante sur laquelle on aurait tapé dessus. J'entends mon guide hurler un nom… Une femme couverte de sang se redresse et ne tarde pas à le rejoindre.

La femme semble protester, mais l'homme ne répond rien. Il se contente de se tourner vers mon groupe pour hurler de nouveau :

- Vous, vous resterez ici. Vous serez sous les ordres de Varlega. Les autres, avec moi !

Et c'était tout. Nous sommes cinq à rester. Il emmène le reste je ne sais où. Aucun de nous ne sait quoi faire, personne ne nous a rien expliqué et quelque chose me dit que cette femme n'en sait guère plus.

-Nous sommes à votre disposition, madame, lui dis-je en me tenant bien droite. Par quoi devrions-nous commencer ?



Isha Varlega
Isha Varlega
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un Empty
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un EmptyJeu 11 Mar - 12:17
Irys : 94961
Profession : Médecin du troisième cercle
Guilde +1 (femme)
Pas de réponse, pas plus d'instructions, le second cercle n'avait définitivement pas de temps pour les débats, quand bien même Isha aurait maintenu que son point de vue était le bon. Un, deux ... cinq recrues pour toute une zone alors que celle du dessus aurait tout aussi bien pu être vide. Bref, ils avaient certainement prévu le nécessaire pour les autres lignes, autant ne pas tergiverser en pensées et "inquiétudes" inutiles, si l'on pouvait appeler ça ainsi.

... en revanche, c'était une promotion rapide. Généralement, on ne confiait pas de responsabilité hiérarchique à un troisième cercle, à moins qu'il ne s'agisse de quatrièmes cercles. Pour cette raison, lorsqu'elle avait entendu les mots "sous les ordres" et son nom qui suivit, la médecin garda des yeux ronds et une bouche hésitante. Les barbares d'Als'Kholyn lui avaient appris à gérer la douleur et l'angoisse, mais l'abasourdissement d'une escouade de débutants à gérer, ce n'était pas quelque chose dont on pouvait facilement masquer la surprise. Surtout qu'Isha n'avait jamais eu d'hommes à diriger, et quand bien même elle avait déjà fait Ekhlen, soigner des blessures de créatures sauvages ne revenait pas à avoir des qualités de meneuse. Et surtout, elle ne supportait pas l'idée d'être le petit flocon de neige spécial des Cercles de l'Aube, elle voulait juste bien faire, rien d'autre.

En l'occurrence, dans la situation actuelle, "bien faire" revenait à devoir dire qui fait quoi et de vite le décider, car le temps presse toujours lorsque l'on travaille pour sauver des vies. Fermant les yeux par dépit alors que le second cercle faisait chemin vers le Nord, elle les rouvrit avec un lourd soupir. Elle regarda la pièce, il y avait des blessés, oui, mais pas très graves. L'intérêt de telles blessures était de ne pas les élargir, par conséquent, il fallait répartir la gravité selon le tremblement des mains de ces ... novices. Trop d'angoisse génère le risque, du plus serein au plus inquiet, elle les désigna un par un.

- Toi et toi, vous prenez la toile et vous allez à l'entrée du bâtiment, juste derrière la ligne d'assaut pour ramener les blessés. Vous deux, vous vous occupez des blessés mineurs. Quant à toi, tu vas m'aider à maintenir les causes perdues dans un état stable.

"Causes perdues", terme peu rassurant, mais il n'y avait pas moyen de l'entendre parler au travers des explosions d'obus et des hurlements, à moins d'être la personne à laquelle elle s'adressait. Déjà alors, les recrues se mirent à s'activer et Isha fit signe à la blonde qui avait parlé. C'est pour ça qu'au lieu de l'envoyer avec les autres, elle l'avait prise avec elle, si elle parlait pour tous alors elle était plus expérimentée, et pourtant ... elle était plus vieille, non ? N'était-elle pas censée partager son grade ? Peu importe, rien ne se passait comme prévu de toute manière. La kharaalienne esquissa une enjambée vers l'homme dont elle avait bandé le moignon. Elle n'avait pas fini avec lui, mais il ne nécessitait pas l'intervention de deux personnes.

Il fallait cependant qu'elle cautérise le bras pour que rien ne pourrisse et qu'un maître magicien puisse plus tard le lui recoller. Ce luxe n'est pas partagé avec les daenars. Essuyant le sang sur son front, ne faisant donc que l'étaler, Isha soupira longuement tandis que de sa main gauche elle tenait le membre arraché par le poignet et de la main droite, elle passait une lueur dorée sur la chair arrachée. Elle maintint le contact pendant plusieurs dizaines de secondes avant de commencer à perdre l'équilibre, essoufflée. Elle demeura cependant sur ses appuis et d'une voix assurée, bien qu'haletante, elle ordonna à sa comparse blonde.

- Tu t'y connais en métabolisme ? La question était rhétorique. Il faudrait que tu ailles analyser l'état du blessé au fond, là-bas. Je veux que tu me dises ce qu'il lui arrive et l'intervention dont il a besoin, pendant que je finis avec celui-là.

De là où elle était, Isha ne voyait pas grand-chose à part une tâche de sang immense sur le tissu haut qui recouvrait le ventre. De manière purement hypothétique, elle se disait qu'il devait s'agir d'une coupure profonde, ou bien d'un tir directement asséné à l'abdomen inférieur. Qu'importent les hypothèses, seul compte le diagnostic.

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un Empty
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un EmptyJeu 11 Mar - 13:28
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)

Le regard de cette Varlega en dit long sur son désarroi. Il est clair qu'elle ne sait pas quoi faire de nous, pauvres novices. Cela se comprend, le second Cercle nous a simplement collé dans ses pattes sans se donner la peine de formuler quelques directives. Les plus jeunes semblent perdus, mal à l'aise. Je peux le comprendre, je ne suis pas particulièrement sûre de moi non plus. Néanmoins, nous ne sommes pas venus ici pour rester plantés là, bêtement. Autant nous rendre utile.

Heureusement, celle qui appartient visiblement au troisième cercle finit par prendre la parole nous donnant une tâche à tous. La mienne consistant à rester avec elle pour, d'après ses propres mots, l'aider à maintenir ces causes perdues en état stable. Malgré la cacophonie ambiante, je l'ai bel et bien entendu. Et tandis que les autres se séparent pour s'affairer de leur côté, je ne peux m'empêcher de lancer un regard interrogateur aux personnes se trouvant dans l'abri de fortune.

Je ne m'attarde pas plus, car déjà ma supérieure m'envoie ausculter un blessé se trouvant de l'autre côté de la pièce. Je m'exécute immédiatement sans perdre plus de temps. L'homme est assis sur une planche de bois mainte fois souillée par du sang appartenant probablement à une dizaine d'autres personnes s'étant trouvé ici avant lui. Je le trouve plutôt confus, mais cela n'a rien d'étonnant vu l'importance de son hémorragie. Je l'aide à retirer sa chemise tachée et rendue poisseuse par cette incroyable quantité de sang.

Rapidement, je constate une plaie pénétrante à l'abdomen. Par arme blanche, dirais-je, c'est ce qui me paraît le plus logique. Il n'y a qu'un point d'entrée, pas de sortie, ce qui confirme mon hypothèse. En apparence, même si elle est assez large, l'entaille des chairs n'est guère profonde et aucun organe ne semble touché. Tant mieux.  Cela signifie qu'un simple nettoyage et une bonne dizaine de points de suture devraient suffire sauf si l'un de ces mages la fait disparaître sous une lumière blanche… Mais voilà, quelque chose me paraît bien étrange et surtout bien plus inquiétant. SI le visage du patient est anormalement pâle, presque livide, le contour de ses yeux semble bien plus foncé… C'est là que je les remarque, ces hématomes semblables à des lunettes qui se forment doucement. Cela ne me dit rien qui vaille puisque cela peut évoquer une fracture du crâne...

-La plaie abdominale est superficielle, m'exclamé-je à l'attention de ma supérieure. Mais je pense qu'il y a plus grave,

Avant de me précipiter et afin de m'assurer qu'il ne s'agit pas d'une fracture, j'interroge mon patient. Celui-ci m'annonce avoir été propulsé vers l'arrière après une explosion mais qu'il ne se souvient pas de la suite simplement parce qu'il s'est évanoui. Pas bon. Je palpe l'arrière de son crâne et ne décèle aucune bosse… En revanche, mon examen paraît douloureux puisqu'à plusieurs reprises je vois que l'homme grimace en fermant les yeux… Yeux qui arborent d'ailleurs des pupilles anormalement dilatées … Toutefois, je n'ai guère le temps de les observer davantage car c'est à ce moment-là que le contenu de son repas vient se  répandre  sur mes chaussures… D'accord, ça, ce n'est pas bon du tout.

- Fracture du crâne, criais-je finalement avant d'allonger le patient sur le brancard de fortune et ce, juste à temps puisque son corps se met à bouger en tout sens de manière incontrôlable Il convulse !

Je le maintiens tant bien que mal sur le côté, en essayant de préserver sa plaie toujours ouverte. Il ne faudrait pas que celle-ci s'aggrave même si l'urgence se trouve ailleurs.


Isha Varlega
Isha Varlega
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un Empty
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un EmptyMar 16 Mar - 15:08
Irys : 94961
Profession : Médecin du troisième cercle
Guilde +1 (femme)
L'avantage d'avoir un membre arraché ? On ne sent pas la brûlure de l'alcool lorsqu'on le verse pour le désinfecter. A quoi bon s'ennuyer à s'attarder en premier lieu sur un membre arraché ? Les maîtres magiciens de Suhury ont toujours un talent lorsqu'il s'agit de rattacher des pertes aussi graves. En comparaison, le don profane d'Isha faisait bien pâle figure, et elle débutait encore à cet art qu'est le cadeau des Architectes. Elle ne l'utilisait qu'à petites doses, à peine suffisantes pour annihiler la douleur des plus graves blessures. Il s'agissait également d'un jeu dangereux ... pour le moment, tandis que l'assistante qu'elle s'était attitrée lui adressait son analyse, elle s'occupait à bander le bras sectionné avec des pansements imbibés d'anti-sceptiques. S'il le récupère un jour, ce serait bien qu'il ne soit pas nécrosé, ça économisera du temps aux soigneurs de l'arrière. Les maîtres de Möchlog étaient trop précieux, les risquer sur le front était une stratégie qui pouvait s'avérer efficace, mais leur perte serait bien trop déplorable.

Si la blessure abdominale était véritablement une atteinte de surface, alors celui-là pouvait bien libérer la place qu'il prenait pour aller saigner ailleurs. C'était une pensée cruelle, mais nécessaire lorsque la plupart des my'trans ici présents étaient toujours allongés à même le sol. Isha avait consacré bien trop de temps au bras sectionné, l'urgence était ailleurs, l'urgence est toujours ailleurs sur un champ de bataille. Brièvement, elle passe dans les rangs de mutilés adossés à la terre solide, mais si froide qu'ont érigée les adeptes du bâtisseur. Une mâchoire brisée, une bouche étendue par une balle à la lèvre ... la troisième cercle continue à passer. Son regard se baisse sur un soldat immobile, du sang coulant sur son menton. A un my'tran posté là en attente et uniquement à cet usage, elle adresse un signe de la main. Lorsqu'il est à portée de murmure, elle lui glisse d'un ton grave, mais bien peu ému.

- Celui-là est déjà mort, sortez-le.

Il ne fallait pas laisser les autres blesser voir ça, la panique d'un retour imminent à leur créateur diminuait les risques de survie, l'agitation, la peur, ces émotions se répandent plus facilement qu'une infection. Comme des moutons à l'abattoir, il ne fallait pas leur laisser voir la lame qui menaçait de trancher chacune de leurs gorges. L'optimisme est un remède, l'espoir est une cure, il faut les cultiver autant que possible, quitte à leur mentir pour leur propre bien.

Retentit alors l'annonce d'une analyse dont la troisième cercle se serait bien passée. Une fracture du crâne était incurable tel quel, même avec du matériel d'opération, il est extrêmement compliqué de combler les fissures creusées. Le bruit du corps battant contre la table précéda l'alerte de la jeune femme, forçant Isha à se détacher de sa vérification des patients pour s'atteler en urgence au patient. Le choc à la tête a ce genre de répercussions dégénératives, en particulier si le cerveau a été atteint. La médecine simple ne peut pas grand chose à cela, mais intérieurement, la troisième cercle se félicitait d'être sortie des préconisations de son père adoptif. Toujours aussi calme et sèche, elle se hâta vers de donner son ordre.

- Maintiens son corps !

Le blessé se remuait, se secouait, l'arrière de son crâne faisait résonner des échos sourds dans la pièce tandis que petit à petit il ouvrait plus grand encore la plaie qui avait causé ce travers. Avec un linge aussi propre que la situation le permettait, la kharaalienne le lui maintint à l'endroit d'où s'écoulait une quantité abondante de sang. Appuyant sa main libre sur son front, et avec les dents serrées, elle immobilisa son visage tandis qu'une lueur dorée bien plus lumineuse que les précédentes rayonna depuis les écarts entre ses doigts. Il fallait l'endormir complètement, atteindre les parties "inconscientes" du cerveau pour les éteindre momentanément. Progressivement, les secousses se calmèrent et après des secondes qui parurent durer des heures, il finit enfin par s'endormir.

Le teint d'Isha s'affaissa à la mesure de la lourde expiration, passant du mat appuyé à un marron laiteux. Un puissant vertige la secoua tandis que ses talons se mirent à ployer et elle se renversa sur son genou droit, pas encore tombée, mais lourdement appuyée sur la table d'intervention. En comparaison d'autres magiciens, elle faisait certainement partie des pires et des moins durables. Autour d'elle, le monde tournait et elle eut à peine le temps de saisir le visage de sa collègue entre les traits flous qui défilaient comme souffle le vent. Exténuée, elle parvint à affirmer en des marmonnements pourtant bien articulés ;

- C'est bon, je vais bien ... Elle leva la sacoche qu'elle portait depuis tout à l'heure. Prends ça, tu devrais trouver un tranquilisant à l'intérieur. Ce n'est pas pour lui, s'il survit à la prochaine heure, alors il s'en tirera.

D'un coup de visage, elle désigna celui dont le crâne avait été atteint, avant de dériver vers un type qui psalmodiait des insanités sans queue ni tête. Deux de ses compères le maintenait, car il luttait, comme s'il essayait de s'échapper. Son regard était meurtrier, il était paniqué, Isha imaginait que ce qui était réel n'était pas ce qui se retranscrivait au travers des yeux de l'agité.

- C'est certainement le résultat d'une illusio-magilithe, il faut que tu trouves un moyen de le calmer, dans son état, il pourrait achever chacun de ses camarades sans le savoir.

Elle, elle avait besoin d'un peu de temps pour souffler.

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un Empty
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un EmptyMer 17 Mar - 10:12
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Le temps semble s'être suspendu, comme si tout ne tournait plus qu'autour de cet homme au corps parcouru de spams si violent qu'il m'est difficile de le maintenir. Je ne sais que faire… Probablement parce que je ne peux strictement rien faire pour lui si ce n'est de l'empêcher de se blesser davantage. Mais je suis bien trop faible pour cela. Il me faut user de toutes mes maigres forces pour y parvenir au mieux en attendant que ma supérieur ne me rejoigne. Elle a les traits tirés, ses cernes sont si creusés que son teint me rappelle celui d'un cadavre. Elle est épuisée, évidemment. Il y a beaucoup trop de monde ici pour elle toute seule et je ne suis, malheureusement, pas d'une grande aide…

Je détourne brusquement le regard pour ne pas paraître impolie ou trop indiscrète. L'état du patient mérite toute notre attention, même si, nous savons sans doute toutes les deux que nous ne pourrons rien faire pour lui… Toutes les deux ? Non… La troisième cercle sait quoi faire, contrairement à moi qui ne possède point ce pouvoir si précieux… Je sens cette chaleur caractéristique émaner d'elle ou plutôt de ses mains qu'elle vient poser sur le crâne fracturé du pauvre homme… Puis, doucement, la blessé s'apaisa… Mais en soulageant cet homme, ma supérieure a dû puiser dans ses dernières forces et c'est plus impuissante que jamais que je la vois s'écrouler sur ses jambes.

Elle tient bon, elle n'a pas d'autre choix. C'est une bien lourde responsabilité qui pèse sur ses épaules, nous en sommes bien conscientes. Je veux être un soutien pour cette femme qui mérite tout mon respect. Nous ne devrions pas être là, le premier Cercle voulait préserver les membres de l'Ordre… Et pourtant, il nous faut agir avec nos maigres ressources pour ne pas laisser toutes ces personnes à l'abandon. Alors, j'obéis. Je fouille dans le sac qu'elle me désigne pour récupérer le tranquillisant se trouvant à l'intérieur. L'homme hurle, se débat… Je ne sais pas ce qu'est une illusio-magilithe. Du moins, si j'en connais le nom, je n'en connais pas les effets en détail. L'inconnu est visiblement en proie à d'importantes hallucinations paranoïaque. Il suffit d'entendre ses propos pour le comprendre… Et elle me demande de trouver le moyen de le calmer…

Mon premier réflexe est donc d'administrer cette dose de calmant afin de préserver les personnes qui peinent à le maintenir et toutes celles se trouvant autour qu'il pourrait blesser. Le produit agit. Ses mouvements se font moins agressifs, il perd en force. Mais son regard en dit long sur la souffrance intérieure qu'il ressent… Pauvre homme, je n'ose imaginer les visions qui s'imposent à lui. Sans réfléchir, je pose mes deux mains froides sur ses joues, mon front sur le sien. Je prends ma voix la plus douce, la plus calme pour lui décrire une scène bien plus agréable.

Je l'invite à s'imaginer chez lui, loin de cet abri glacial et de ces inconnus. Je lui parle de la température bien plus douce qu'elle ne l'est réellement. Dans cette vision guidée, les rires remplacent les plaintes et les hurlements. Le chant des oiseaux prennent le dessus sur le fatras provoqué par les explosions au loin. L'odeur d'un délicieux repas s'empare de ses narines faisant ainsi disparaître celle plus acide du sang et des chairs brûlées. Lentement, peu à peu, l'homme ferme les yeux et finit par s'endormir… Je ne saurais dire si ma voix a réellement eu un tel effet ou si le tranquillisant est plus puissant que je le pensais. Mais qu'importe… J'aide à l'allonger sur une paillasse installée au fond de la pièce. Nous ne pouvons pas réserver une table pour lui. D'autres blessés attendent leur tour… Il y en a tellement.

La journée défile à toute vitesse… Je n'ai guère le temps de penser à ce qui se passe autour de nous. J'oublie le brouhaha lointain et me focalise sur ma tâche. Et quand vient la relève, je ne peux que m'écrouler à mon tour comme si l'énergie qui m'animait jusque-là m'abandonne brutalement. Il me faut alors quelques petites secondes pour me ressaisir. Une fois de nouveau sur mes jambes endolories, je me dirige vers l'espace de repos. Une femme me tend un bol de soupe, je m'en empare et en demande un second. Celui-ci, je le porte à ma supérieure ainsi qu'une tasse d'infusion d'herbes malodorantes mais qui a la réputation de fortifier le corps. Je pose le tout sur la table avant de m'installer face à elle.

-Ce fut une longue journée… Comment vous sentez-vous ?

Isha Varlega
Isha Varlega
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un Empty
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un EmptyLun 22 Mar - 9:47
Irys : 94961
Profession : Médecin du troisième cercle
Guilde +1 (femme)
Isha ne sait pas ce qu'elle doit penser de cette blonde qui lui sert d'aide, elle est trop docile, pas d'initiative, mais au moins elle fait le nécessaire. L'ennui, c'est que la notion de minimum vital n'est jamais assez en situation de crise, et la kharaalienne a l'impression que c'est cette attitude qui caractérise les Cercles depuis qu'elle est revenue d'Aildor. Les médecins lésinent et ceux qui mettent vraiment les mains à la patte sont ceux qui meurent en premier. La troisième cercle ne se considère pas comme douée, mais juste extrêmement chanceuse de ne pas encore avoir été happée par l'explosion d'un obus, ou bien une balle perdue. Vu le nombre qui fusaient, là-dehors, il ne s'agirait que d'une bête coïncidence, qu'un stupide coup de poisse pour que tout s'arrête.

Il n'y avait pas de médecins au-delà de la deuxième tranchée, c'était pour le mieux, le pire était donc ici. Cette fille n'avait pas le cran de travailler dans des conditions pareilles, elle était mieux lotie à un hôpital de campagne, ou un hospice de rue qui fait dans la charité sans trop se mouiller. Heureusement, à l'heure de ces pensées, la foudre est retombée et un semblant de calme est retrouvé, quand bien même Isha entend encore l'orage gronder au loin, là où la cité se décompose, bloc par bloc. Elle ne le dira jamais à haute voix, car le règlement des Cercles l'interdit, mais elle était contente de voir que les technologistes perdaient du terrain. C'était une bonne chose, à polluer la terre, ils en payaient enfin le prix.

Une explosion importante retentit au sein des murs de Cerka, n'arrachant à Isha rien d'autre qu'un regard sérieux, droit. C'était nécessaire, en-dehors de son rôle de soigneuse, elle trouvait un certain réconfort à regarder la nation des daenars perdre du terrain. Elle n'avait jamais été missionnée ici, c'était elle qui avait choisi de revenir ici. La vérité, c'était qu'à peine échappée des nordiques, elle était redescendue vers la région la moins hostile au niveau du climat et elle y avait trouvée une autre guerre. Par deux fois elle avait soigné les ennemis de Daenastre, car son travail est son serment et les barbares d'Aildor avaient trouvé une utilité à ses dons de soigneuse. Cette arrivée n'avait rien d'une assignation, c'était une initiative et si elle pouvait indirectement faire pencher la balance du côté qu'elle souhaitait voir gagner, alors elle ne se priverait pas. D'autant qu'on ne pourra jamais lui reprocher quoi que ce soit si ce n'est qu'elle faisait son devoir en tant que membre des Cercles.

Peut-être était-ce visible, Isha ne portait pas l'uniforme, pas plus qu'elle n'avait quelconque insigne qui indiquait son affiliation. Le second cercle ne l'avait reconnue que de son visage typique des contrées orientales de My'tra et de son physique excessivement développé pour un médecin. C'était l'entraînement de Tuli qui voulait ça, il disait que soigner des gens ne sert à rien si l'on n'est pas capable de se sauver soi-même. Il avait raison et c'est tout autant de médecins ignorants de ce principe qui sont tombés.

Avec le reflet de l'explosion brillant dans ses yeux serrés, elle garda une seconde d'hésitation avant de répondre à celle qui lui avait servi de bras droit pendant les dernières heures. Elle faisait partie de ceux qui n'avaient rien à faire en seconde ligne ... mais elle s'en était bien tirée. Rien qui méritait néanmoins des compliments, elle aussi n'avait fait que son devoir et le moral d'Isha ne se prêtait pas à ce genre de conversation. Les morts méritaient que l'on compatisse à leur humeur, il n'y avait pas de joie à survivre à une bataille d'où tous ne sont pas sortis vivants. L'air est encore souillé de leur odeur, même d'aussi loin ... les charniers brûlés coupaient l'appétit, mais il fallait manger. Remerciant donc l'infirmière, elle accepta son repas du soir, avant de répondre sobrement.

- Vivante. C'est pas le cas de tout le monde ... avec l'enfer qui hurle là-bas, c'est un privilège. Et il hurlait encore. Je n'aurais pas pensé que nos illustres dirigeants auraient envoyés des novices pour aider les troisièmes cercles au front. La situation doit être vraiment désespérée ...

Ce serait plus facile si tous les médecins se ralliaient derrière un seul front.

Norwin Mererson
Norwin Mererson
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un Empty
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un EmptyLun 22 Mar - 17:55
Irys : 282007
Profession : Médecin - Chef des Cercles de l'Aube
Guilde +3 (homme)
La guerre était une ignominie. La guerre était une horreur sans nom. La guerre était un affront, une honte à l’humanité. Que l’on aime les architectes ou non, que l’on apprécie la technologie ou non, au final, tous les Irydärs étaient des créations égales, et les deux « camps » révélaient leurs pires côtés durant ces instants martiaux. Violence, meurtres, haine, racisme, rejet de l’autre, torture, machinations diverses et variées… Et surtout, la douleur, étaient partagés par les membres des deux camps belligérants. En ces instants, qu’importe vos idéaux, une balle, ou un sort, créera les mêmes dommages chez vous, que chez l’adversaire. La douleur est universelle… Tout comme la bêtise, vraisemblablement.

En tout cas, c’était ce que Norwin pensait de plus en plus depuis le début de cette guerre inutile. Lui qui avait défendu la paix avec véhémence lors de la conférence de Godolphin, lui qui avait été ferme face aux Hauts Généraux de Daënastre et aux dirigeants de Myträ, se retrouvait perpétuellement triste, alors qu’il lisait chaque semaine les comptes rendus des médecins et chirurgiens en charge des hôpitaux déployés par les Cercles.

Selon la convention sanitaire et médicale signée par les deux belligérants, chaque camp devait assurer la médecine d’urgence, c’est-à-dire, les soins médicaux et paramédicaux au cœur des tranchées et au milieu des champs de batailles. Les brancardiers militaires devaient ensuite rapatrier les blessés aux centres de triages de l’armée, qui s’occupait des corps, ou de transférer les cas les plus graves ou les plus complexes, plus loin en arrière… Jusqu’aux camps des Cercles. Norwin n’avait autorisé la présence de ses médecins et infirmiers que dans ces camps-ci, avec quelques exceptions dans les transports entre camps militaires et hôpitaux des Cercles. Et, pour parachever cette organisation, quelques seconds Cercles travaillaient dans les hôpitaux militaires pour administrer l’organisation, sans jamais se mettre en danger.

Seulement voilà, la situation avait changé pour Daënastre. La région de Rathram, et son chef-lieu Cerka, faisaient face aux assauts des mages, et la restructuration de la chaîne de soin n’avait pas été suffisamment rapide pour réussir à éloigner un des établissements des Cercles, de la ligne de front. Alors présent sur l’île, au-dessus de Zochlom, Norwin avait reçu une montagne de lettres et de signalements de la part du second Cercle responsable de l’hôpital des Cercles à Cerka. La situation était, selon ses dires, désastreuse. Pire, certains médecins furent blessés, et ce, malgré leur entraînement très poussé pour la survie sur des terres hostiles comme Ekhlen. Pire encore, des novices et des infirmières furent tuées… Un sacrifice que Norwin avait pourtant refusé.

Alors, le Premier Cercle avait décidé de se rendre immédiatement à Cerka. Sa frégate fut apprêtée, équipée, et décolla finalement pour rejoindre Cerka en quelques jours. Lorsqu’il arriva, Norwin fut surpris par l’étendue des dégâts. La région et la cité étaient déformées par l’artillerie technologiste et les sorts destructeurs des mages assaillants. Et l’hôpital des Cercles avait pâti de cette situation. Le génie médical, à la personnalité autistique, avait tout de même ressenti une grande peine lorsqu’il passa devant la morgue qui renfermait les corps des Cercles tombés. Il était déjà épuisé d’être sur tous les fronts depuis le début de cette guerre, lui qui était seul à diriger une telle guilde si puissante. Mais voir ces morts fut comme un coup de massue supplémentaire, celui de trop sans doute.

Ses tics nerveux se firent plus présents, sa démarche plus rapide, son esprit plus morne. Il avait passé une partie de l’après-midi avec le second Cercle en charge, tentant de diagnostiquer tous les problèmes administratifs et organisationnels, afin de pouvoir y appliquer un traitement, et tirer tout ce petit monde de ce guêpier, le plus vite possible. Et cela, immédiatement après son arrivée, et en dépit de la fatigue, et de sa terrible insomnie de la veille.

Lorsque vint le soir, Norwin était épuisé. Ses petits yeux cernés, cachés derrière des lunettes rondes, lui permettaient à peine d’avancer dans ces couloirs à l’électricité chancelante en raison des vibrations du sol. Il était temps de manger. Personne n’était au courant de sa présence, aussi, un hoquet de stupeur général se fit entendre lorsqu’il entra dans le self, et que les Cercles, les infirmières, et les novices, purent poser leurs mires sur celui qui était le chef de toute une guilde. N’en prêtant pas attention, Norwin, comme à son habitude… Avança jusqu’aux cuisiniers, se fit servir, et chercha une place où il pouvait être seul.

En chemin, il croisa un visage qu’il connaissait bien : Isha. Et puis un second, Blanche. La première avait disparue pendant deux bonnes années, et avait failli compromettre l’intégrité des Cercles lors de la conférence avec les chefs militaires de Daënastre. L’autre, était une miraculée… Qui portait le nom que Norwin avait proposé, puisqu’elle était amnésique. Norwin s’arrêta devant elles, comme intrigué, et il les dévisagea de ses yeux pochés.
- Vous ne portez pas votre brassard, troisième Cercle. Dit-il en dévisageant Isha Varlega. Mettez-le, je vous prie. Les règles des Cercles s’appliquent à tous. Il tourna son visage ensuite vers Blanche. D’ordinaire, je suis un partisan de la tranquillité individuelle pour ce qui est du repas pré-nocturne et des ablutions vespérales, mais la situation impose à des restrictions. Aussi, puis-je m’asseoir ici ?

La guerre n’avait pas changé l’incapacité sociale du plus intelligent des médecins.

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un Empty
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un EmptyMer 24 Mar - 9:08
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Je ne saurais dire si m'asseoir face à elle est réellement une bonne idée ou non. Si je devais me baser à son regard froid, voire glacial, je dirais que non… Si je devais me fier à sa mine épuisée, blasée, contrariée ou au ton qu'elle emploie pour me répondre… Je dirais que … non. À l'évidence, le troisième cercle voulait être seule, pour quelques raisons qui n'appartiennent qu'à elle. Je suppose que la guerre n'est décidément pas le bon moment pour faire connaissance. A vrai dire, j'en sais trop rien… Je ne comprends même pas pourquoi ce conflit a éclaté. Certain ont bien essayé de m'expliquer en m'exposant les faits, me parlant d'un attentat survenu quelques années plus tôt ou encore d'une guerre silencieuse existant depuis si longtemps qu'elle en était devenue héréditaire. Mais qu'importe les raisons, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, je ne réussis toujours pas à comprendre. Deux peuples, certes différents, du moins dans leur façon de vivre, dans leurs croyances vivaient pourtant suffisamment loin l'un de l'autre pour mener leurs existences paisiblement sans avoir à se préoccuper de l'autre… Mais pourtant, c'était loin d'être le cas. Je ne sais pas pourquoi ce genre de chose arrive, je ne suis pas suffisamment intelligente pour cela, pas suffisamment instruite non plus, mais pourtant j'estime que chacun d'eux, ces humains, méritent mon respect et ma reconnaissance. Et cette femme, face à moi, je la respecte profondément. Alors je ne veux pas la laisser seule avec ses pensées que je devine extrêmement sombres.

-Je pense que toute aide est bonne à prendre, non ? Même celle des novices. Non seulement nous pouvons prêter mains fortes aux médecins afin de les soulager au mieux des tâches qui ne nécessite pas leur expérience, mais aussi nous pouvons apprendre des choses que nous ne pourrons jamais voir au quartier général. Ce n'est pas rien. Et puis, même si nous manquons encore d'expérience, nous appartenons tous à ce monde nous sommes donc forcément concernés nous aussi.

Enfin, "nous"... Je ne sais même pas à quel camp j'appartiens. J'ai certes été trouvée en Daënastre, cela ne signifie pas pour autant que j'étais réellement Daënare. Aussi, je ne peux que me considérer comme irydare, tout simplement irydare. Mais ça, je ne peux le dire à mon interlocutrice. Je ne la connais pas et je ne tiens pas spécialement à ce qu'elle me voit comme une sorte d'attardée mentale ou comme une handicapée. Peu de gens savent pour moi, en réalité et quelque part, je tiens à ce que cela reste secret. Et puis, quelle importance dans ce contexte de ne pas savoir qui je suis ou d'où je viens. Je suis seulement là pour aider les personnes qui en ont besoin. C'est tout. C'est en partie pour cela que je suis restée au QG, même lorsque le docteur Mererson m'a dit que je pouvais aller où je le souhaitais… Mais où aurais-je pu aller en réalité. Tout ce monde m'était et m'est encore inconnu. Personne ne m'attendait nulle part, je le savais et le sais toujours. Alors autant aider ceux qui en ont plus besoin que moi.

-Vous avez donné beaucoup de votre énergie aujourd'hui et vous en donnerez encore demain. Il vous faut reprendre des forces et surtout vous vider la tête. Personne n'est utile lorsque ses pensées sont brouillées, même quand tout autour nous rappelle la réalité.

C'est à peu près tout ce que je peux lui dire. Je ne tiens pas à m'avancer sur quelques sujets que je ne maîtrise pas. De toute façon, quand bien même le voudrais-je, l'apparition d'une personnalité que personne ne s'attendait à voir ici, coupa court à notre conversation. Le premier cercle nous rejoint, ordonnant à Isha de porter son brassard avant de nous demander s'il peut s'attabler avec nous. Norwin Mererson est le seul visage que je peux considérer comme familier. Il m'a sauvé la vie, donné un nom… S'il n'était pas si jeune, je le considérerais probablement comme un père. Pour autant, jamais je n'oserais me montrer trop familière envers lui. Ce n'est pas n'importe qui après tout.

-Docteur Mererson, je suis heureuse de vous voir… Enfin, je suppose que je ne devrais pas l'être, ce n'est pas vraiment un endroit pour vous après tout. Asseyez-vous, je vous en prie, prenez mon bol, je n'y ai pas encore touché. Je vais m'en chercher un autre.

Je me relève avec empressement, les laissant seule pour retourner faire la queue au milieu de la masse affamée.

Contenu sponsorisé
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un Empty
Leçon n°1 : Soigner les dommages collatéraux, ne pas en devenir un Empty

Chroniques d'Irydaë :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Rathram
 Sujets similaires
-
» Dommages et intérêts !
» Devenir partenaire [Ouvert]
» Devenir Parrain/Marraine
» Comment devenir capitaine en quatre leçons [Terminé]