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 La Fosse Rouge

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La Fosse Rouge EmptyVen 20 Avr - 13:53
929, La Fosse Rouge

La Fosse Rouge se trouve à Aildor, dans un des nombreux tunnels sombres et sans vie, ou les règlements de compte ont tendance à être commis. Sous une des multiples trappes connues des initiés se trouve la plus sanglante et sauvage des arènes de la ville, on y combat pas pour la gloire mais pour l’argent et uniquement à mort, deux entrants pour un seul sortant.
Les combattants portent tous un masque horrible, souvent fait avec la peau d’un animal, ours, chèvre, loup ou en simplement une cagoule de cuir. Aucune protection n’est permise, ni aucune arme à feu, de jet, ni aucune magie, rien que du corps à corps violent et brutal à souhait.

Le sang coule à flot continu d’où le nom de l’endroit. L’arène est un octogone d’environ six mètres de diamètre, elle s’enfonce de trois mètres dans le sol pour laisser libre de large balcon autour d’elle. Les murs sont en roche brut et ne sont pas aussi lisse que le voudrait certain combattant, un sable très fin recouvre l’aire de combat sur quelque centimètres pouvant recouvrir les orteils. La luminosité est cependant époustouflante, entre les balcons éclairés de torches par dizaine et l’arène par un énorme lustre, on y voit aussi clair qu’en plein jour.

Les visiteurs, parieurs, entraineurs et autres spectateur ont à leurs dispositions quatre points de vus pourvus de gradin sur les ailes. Trois autres parties ont étaient aménagées de tables, chaises et comptoirs qui permettent de déguster un cuissot de chèvre grillé, avec une bière fraiche, tout en admirant deux mastodontes s’étriper à coup de poing, de couteau ou hache aiguisée. Le dernier balcon, légèrement surélevé et drapé de riche tenture est réservé à l’élite de la ville, les magnats du crime qui préfèrent rester discret et ne pas être surveillés.

Le décor étant planté, ne reste plus qu’à voir arriver la jeune Isyel qui du haut de ses dix-neuf ans n’a pas grand-chose à venir faire dans ce genre d’endroit, et pourtant. Doué de quelque talent théorique et pratique, elle ne pouvait pas passer à côté d’une des grandes spécialités du monde, la guerre. A ce moment-là, Isy savait se défendre, dans la tribu on pratique la lutte comme un sport et plus si besoin, mais elle n’était pas restée assez longtemps dans la montagne pour en avoir appris assez. En divaguant de-ci de-là dans la cité, elle avait entendu parler de la fosse, et curieuse, était venu voire avec son alibi de toujours, la musique.
Dans une soirée elle avait distillée des mélodies fortes et sanguines au son d’un petit tambour en peau de chèvre, appréciait les performances physiques, les uns développant une puissance musculaire pour écraser des crânes, les autres esquivant habilement et tailladant les points faibles de leurs adversaires.
C’est de cette façon qu’elle voulait se battre, évidement vu sa carrure. Elle chercha donc un professeur mais ceux-ci lui riaient aux nez. Elle passa des jours à tendre l’oreille et à venir jouer à la fosse, jusqu’à ce qu’un vétéran Khashan qu’elle n’avait jamais vu accepta de lui transmettre son savoir ancestral, de Khashan à Khashan.

L’entrainement fut long et difficile, d’ailleurs il ne s’arrêta qu’après son départ vers My’trä, quatre ans ou chaque semaine elle recevait les enseignements de son maitre, je m’égare, elle commençait à peine. Elle retrouva donc maitre Kha’han, tous les samedis, dans le sous-sol de sa maison, une grande pièce rectangulaire au mur de brique nu, au sol recouvert d’un gravier grossier qui plus tard laisserait à ses plantes de pieds de grande cicatrices indélébiles.
Le maitre ne lui enseigna pas le combat tout de suite, elle devait préparer son corps, son cœur et son âme avant toute chose, mystérieux.

Le renforcement corporel passa par divers exercice plus ridicule les uns que les autres, il fallut du temps à la jeune fille pour les prendre pleinement au sérieux. Elle devait passer une demi-heure en équilibre sur un pied, puis sur l’autre ou sautiller sur place avec une corde, traverser un fil tendu à travers la pièce ou monter sur une poutre du plafond à deux mètre cinquante et rester accroché pendant une heure, la tête en bas à remonter des gobelets d’eau d’un tonneau au sol vers des sceaux plus haut sur cette poutre.

La préparation du cœur arriva beaucoup plus tard, l’élève ayant fait preuves de pugnacité et de résilience. Cela consistait simplement à acquérir divers réflexe musculaire en évitant des cailloux lancés par le maitre, ou en s’exerçant sur le «Tam-Tam», une sorte de mannequin de bois enchâssé de bâton qui tournait grâce à un ingénieux système de roue et poulie encordées. Plus facile de s’en moquer que d’esquiver les coups, la mère d’Isyel c’était d’ailleurs beaucoup inquiétée en la voyant rentrée toute courbaturé et pleine d’ecchymose sur le corps durant cette période.

Enfin la paix de l’âme comme son maitre aimait à l’expliquer. Le premier jour, la stupéfaction et la peur avait étés évidentes, le gravier qui lui écorché les pieds n’était plus, à la place des charbons rougeoyait sous la chaleur, la pièce était elle aussi une fournaise. Les différents exercices allaient être un calvaire pour l’amatrice du froid.

Enfin au bout d’une année de préparation le maitre lui signifia qu’il serait honoré de l’entrainer aux arts du combat Khashan. Les rendez-vous continuèrent à être hebdomadaire mais le vendredi, le lieu changea lui aussi pour un dojo ou surprise elle ne serait plus seule. Trois garçons et une fille, tous ancien de différentes tribus Khashan et tous relativement du même âge qu’Isyel, une vingtaine d’années. Après deux ans d’apprentissage des postures, mouvements, attaque et contre-attaque.  Les quatre jeunes, car le plus frêle des garçons avait abandonné, étaient prêt au test final, la Fosse Rouge.

Isyel n’était pas la favorite du maitre, Lou, celle qui était devenue son amie, dans beaucoup de sens, était là meilleur d’entre eux, meilleur que les deux garçons qui n’étaient pas très assidus, l’un d’entre eux d’ailleurs ne voulut pas participer et fut exclu du dojo. Jack le rescapé comme nous aimions le taquiner fut le premier, et son combat fut bref. Son adversaire venait de Daënastre et d’après les rumeurs, avait agressé une prostituée, grave erreur. Jack n’en avait fait qu’une bouchée, veinard. Puis ce fut à Lou, le masque de renard sentait le moisi avait-elle confiée avant d’entrer dans l’arène.

Lou était toute petite, un mètre cinquante-cinq, pour à peine cinquante kilos. Son adversaire était un homme toute à fait moyen par la taille, le poids ou l’attitude. Un trafiquant du coin qui devait avoir des dettes ou venu se faire de l’argent sur un combat, il prit une posture inquiétante les poings devant le visage, les jambes légèrement pliés et il sautillait sur place. Lou exécutait méticuleusement ce qu’elle avait appris, au ras du sol, prête à bondir. L’homme n’en fut pas surpris et évita tranquillement les tentatives de frappes, Lou s’en sortait bien, esquive, contre-attaque, esquive arrière, attaque, après une trentaine de minute deux hachettes tombèrent au sol et là, le trafiquant se déchaina à croire qu’il n’attendait que ça, effectivement c’était le cas, il patientait pour recevoir une arme. Il atteignit Lou au bras puis, à la jambe, son sang s’écoulait lentement et avec lui les forces de la combattante. Un grand coup de pied plus tard et l’homme se tenait la debout avec devant elle, gisant au sol une fillette à la tête de renard.

Isyel regardait la scène horrifiée, elle hurlait et suppliait pour la vie de son amie. Rien n’y fut, la hachette s’abattit tel un jugement divin, s’enfonçant profondément jusqu’à quasiment séparer en deux la tête de renard. La jeune fille resta stupéfaite, sans réaction pendant une minute qui lui parue durer des années, des larmes s’écoulèrent lentement sur ses joues, fine et froide, son premier amour venait d’être tuée sous ses yeux. Le maitre à ses côtés compatissant voulu la retirer du prochain combat mais la rage commençait à remplacer la tristesse. Elle garda en elle se sentiment nouveau en traversant les tunnels qui la menèrent à l’entrée de l’arène.

Son adversaire était, un colosse de deux mètres dix, cent cinquante kilos au bas mot. Il n’attendit même pas et fonça comme un taureau sur sa cible, la projetant contre un mur avec fracas. Cette mise en bouche suffit à Isyel pour se calmer, un genou à terre, elle étira son dos dans une posture féline, juste avant d’éviter un grand coup de botte par une roulade à gauche. Allongé sur le dos elle plia les genoux pour frapper des deux pieds dans le mollet droit du géant qui en perdit l’équilibre. Une autre roulade en arrière remis Isyel sur pied, puis après deux petit mètres d’élan, profitant de la lenteur que son adversaire mit à se retourner, elle fit un bond frappant l’autre en pleine poitrine toujours de ses deux pieds. Le colosse en perdit le souffle et eut le dos propulsé dans le mur à dix centimètres derrière lui.
Isyel s’était écartée, il lui fallut respirer après un tel enchainement, le molosse lui semblait à la fois surpris et hors d’haleine. Il avança lentement vers le centre de l’arène et commença à grogner, la foule intéressée par tant d’acrobatie avait commencée à taper des mains en rythme.

Gros balèze grognait ou respirait vraiment très fort, il avançait lentement vers sa cible, qui l’évitait en tournant autour de lui. Les armes arrivèrent alors, deux dagues, courtes et effilées. Les spectateurs frappaient de plus en plus vite, toujours en rythme, les dagues hors d’atteinte pour Isyel. Molosse se baissa pour en attraper une et Isyel s’élança, son genou lui percuta violement le coup mais il resta accroupi, il en profita pour saisir d’une main ferme la jeune fille par la gorge tout en se relevant. Un bon coup de pied dans les bijoux du mec le fit s’agenouiller, lâchant sa prise en pestant. Isyel toussota et bondit vers la dague restante dans une pirouette agile, sa main droite étant maintenant armée, elle s’accroupit dans la posture apprise durant des mois avec son maitre.

Elle scrutait Molosse qui s’était relevé, armé lui aussi. Il boitillait légèrement de la jambe droite à cause du coup qu’elle lui avait porté quelque minute plus tôt, presque imperceptible. A ce moment de calme, elle eue la vision de son amie morte et toute la rage remonta en elle tel une vague hurlante, ses muscles se tendirent et son cœur se mit à palpiter à un rythme de plus en plus soutenu, elle entendait le son d’un tambour de guerre dans sa poitrine. La tresse qu’elle portait autour du coup c’était détachait et tombait à moitié au sol.

Cinq longues secondes et le combat repris. Toujours gagnait par l’adrénaline, Isyel se rua à gauche vers sa cible. Celui-ci était prêt à recevoir la charge mais la belle effectua une feinte de corps, se jetant avec vitesse et agilité sur la jambe droite qui comme elle espérait ne parvint pas à soutenir le poids du colosse dans son effort pour contre-attaquer. Il chancela une seconde, c’était une ouverture de rêve, de toute façon l’élan d’Isyel était déjà pris, plus d’autre choix que de continuer le mouvement. Elle taillada les chairs avec comme objectif le tendon d’Achille, il rompit avec un claquement dégoutant, arrachant à son propriétaire un hurlement gutturale à faire fuir un Matar*.

Voilà le combat terminé, Isyel resta méfiante vis-à-vis de la dague de son adversaire mais il était au sol, une jambe en moins en train de se vider de son sang. Il tenta de se relever à plusieurs reprise mais le combat l’avait épuisé et le ruisseau rouge qui s’écoulait vers les gouttières aménagées autour de l’aire de combat ne laissaient aucun doute, il était à point. Isyel reprenait son souffle en inspirant de grande goulée d’air vicié par l’odeur de sueur, de sang et de l’huile des torches. Elle leva les yeux vers son maitre qui lui fit un signe de tête sans ambiguïté. Elle avança prudemment, saisie le masque d’ours attaché au crâne du vaincue et lui trancha la gorge, sous les hourras de la foule en liesse qui hurlait comme des damnées à qui ont auraient annoncées la fin du purgatoire.

Isyel partit lentement, elle tituba en passant la porte et dut se retenir au chambranle pour ne pas tomber, son estomac se retourna et elle déglutit généreusement. Le maitre était venu la féliciter mais elle ne pourrait pas lui pardonner rapidement cette épreuve. Ses cheveux avaient baignés dans flot un rouge écarlate, et ce soir-là, elle fit d’horrible cauchemar d’ours, de renard et de sang.

*Matar : Bête féroce vivant sur les rives d’Als'kholyn

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La Fosse Rouge EmptyLun 23 Avr - 14:16
930, Cœur Ecarlate.

La jeune fille ne réussit pas à retourner au dojo du maitre avant plusieurs semaines, préférant partir se réfugier à Khashin, avec une bande de géologue Daënastre venu étudier la montagne. Ceux-ci étaient en ville depuis dix jours et ne parvenaient pas à trouver de guide pour une expédition de deux mois minimum, la majorité des sherpas préférant des trajets beaucoup plus court et surtout beaucoup mieux rémunérés. Isyel, elle, sauta sur l’occasion de s’aérer l’esprit et d’aller prier la montagne pour l’âme de son amie Lou. Le voyage fut silencieux, plus que d’habitude, les scientifiques s’émerveillaient de se trouver si près de la bordure nord-ouest d’Iridaë, quant aux porteurs et autres dresseurs de bukh, ils se félicitaient d’avoir la Khashan comme guide grâce sa réputation dans le domaine, qui n’avait fait qu’augmenter au fil des ans.

La vallée enneigée imposait le respect par sa stature, sinueuse mais agréable à traverser. Isyel connaissait parfaitement les routes les moins risquées, quitte à perdre quelque jours sur le planning, la sécurité du groupe primait avant toute autre chose et c’est ça qui faisait d’elle une accompagnatrice recherchée. Une fois au pied du mont qu’elle destinait à ses clients, elle les mena rapidement vers une grotte rustique installée depuis qu’elle avait commencé les expéditions, rien de bien distingué mais munie d’une solide porte en os. L’intérieur était aménagé de ballots de paille et d’un minimum de matériels dans des caisses en bois brut, torche, viande séché, couvertures et fourrures, de quoi passer plusieurs semaines en solitaire.
Au fond de la caverne de nombreux tunnels s’enfonçaient sous terre, eux aussi barré par une porte.

Les géologues avaient commencés le travail et la jeune fille les laissa sur place à explorer son refuge et se livrer à divers expérience sur les roches. Elle mit se temps à profit pour partir en pèlerinage vers la montagne de ses ancêtres, Arkh. Quelques jours de paisible solitude dans les souvenirs de son enfance, elle trouverait là-haut la paix et la tranquillité de son innocente enfance.
L’escalade fut difficile, elle n’avait rien oubliée des techniques à utiliser mais ça faisait trop longtemps qu’elle n’était pas venue, elle évitait de petit éboulis avec agilité et atteignit rapidement un promontoire gelé. La vue époustouflante la laissa rêveuse pendant de longue minute, oubliant tous des derniers événements, avant d’être rattrapée par le froid qui commençait à lui anesthésier le nez. Plongée dans les pensées tantôt sombre de la fosse, tantôt lumineux du regard de sa si jolie Lou. Isyel c’était mise en place mécaniquement, son campement de fortune en creusant dans la neige un abri, un igloo.

Prier la montagne pour elle, n’était pas un acte religieux, rien de formel, juste une façon de contacter son « moi intérieur », se percevoir comme elle observait le vent glacial, la neige fraiche ou les gigantesques amas rocheux, statique et sans émotion. Seulement l’éphémère réalité, crue, dure ; cela développait chez elle un sentiment d’empathie profond pour son environnement, elle ne faisait plus qu’un avec le monde et ne désirait rien.

Les scientifiques l’avaient totalement oubliée pendant cette longue semaine, elle revint apaisée et avait repris son caractère enthousiaste. Toujours curieuse mais surtout le cœur plus léger, elle questionnait ses clients avec avidités, ceux-ci jamais trop avare d’explication ce faisaient une joie de répondre aux questions. Entre temps la jeune Khashan partait chasser le bouquetin, plaçait des pièges avant la fin du jour, pour les renards des neiges et autres vermines tapis dans leur terrier et allait relever les collets à l’aube. Il y avait toujours quelque chose à faire, arranger le refuge pour ses futures visites, fumer ou saler viandes et poissons, fabriquer des meubles grossiers avec les bûches emmenés depuis Aildor, ou simplement s’exercer à la sculpture, musique ou aux enseignements du maitre dont, la méditation qui était devenue pour elle une activité qui lui faisait beaucoup de bien.

Le retour fut toujours sans embûche, la seule chose qui l’inquiétait vraiment c’était les Matars et les rares Möst Möch. Elle restait donc loin des rives d’ Als'kholyn pour éviter les premiers et gardait toujours sur elle des fioles jaunâtres contenant une odeur de Bunnalix pour prémunir la caravane des seconds. Les chercheurs très heureux du voyage lui avait remis une prime non prévu, une arme à feu Daënastre qu’Isyel s’empressa d’aller revendre, trop lourd, trop bruyant, trop salissant, trop d’entretien, trop voyant aussi. La jeune fille retrouva le dojo du maitre plus tard et s’expliqua avec lui, elle avait acceptée les enseignements reçus à la fosse même si la douleur, la fureur et le gout sang lui avait laissé une blessure béante à l’âme.

Il restait à la jeune Khashan moins de trois ans de vie à Aildor, mais elle ne le savait évidemment pas encore. Elle vivotait plus qu’elle ne vivait réellement, trainant dans la foule affairées des tunnels de la ville, et curieusement celui menant à la fosse rouge. Elle n’avait rien de spéciale à y faire mais ses pas la menaient invariablement à cet endroit, finalement après quelque jours à tourner en rond, elle décida d’y retourner. L’ambiance n’avait pas changé, toujours aussi violente, toujours meurtrière, dorénavant les habitués des lieux la reconnaissaient et la saluait respectueusement, en tant que musicienne mais aussi pour ceux qui en avaient étés témoin de la combattante. Elle revint encore et encore, laissant échapper un peu plus son douloureux souvenir à chaque visite, doucement elle reprenait ses habitudes, se cachant derrière le son du tambour ou de sa flûte.

Isyel n’était pas riche, mais avait fait des réserves d’Irys avec le temps, si bien qu’elle ne travaillait plus que par plaisir, n’ayant pas de gout particulier pour le faste ou les richesses. Sa seule vraie dépense étant pour sa mère et notamment les livres et parchemins. Elle passait énormément de temps à lire, à la fosse, dans un coin des balcons disposés en taverne, My’trä devenait pour elle une obsession, tous ces dieux, cette magie et ses contrées chimériques. Elle avait reçue de son père la curiosité envers le monde qui l’entoure et n’avait de cesse de s’y intéresser. Elle voulait se décider à quitter sa patrie pour le continent magique, vers cet architecte griffon couleur de neige capable de vous faire croire mille merveilles, mais elle ne pouvait se résigner à laisser sa mère seule.

Elle n’avait aucune intention de partir vénérer Khugatsaa, elle était curieuse et se sentait proche de ce créateur, en plus d’après ce qu’elle avait compris, « Il » habitait un pays froid comme le sien, Khurmag. Un groupe de Khurmis en vadrouille lui avait fait l’éloge de leur ville, Reoni, toute une soirée, lui vantant le « Carré des voluptés ». Ils étaient venus vérifier si la réputation d’Aildor en matière de « fête » n’était pas usurpée. D’après eux les maisons closes, tavernes et tables de jeux de la citée souterraine ne valait pas les leurs, même si pour certain c’était indéniable qu’ici, ils se sentaient comme à la maison ou presque.

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La Fosse Rouge EmptyMar 24 Avr - 13:44
931, Artère Rougeoyante

Isyel ne buvait aucun autre alcool que les bières légères et parfumées, d’un houblon affirmé ou sa boisson fétiche l’hydromel, il était donc très rare de la voir saoul. Cependant lors de soirée particulièrement agréable, avec la compagnie de personne digne de confiance, il lui arrivait de se bourrer la gueule comme un vieux pochtron, pilier de bar. Il lui suffisait de dépasser une limite physique pour changer de caractère et  devenir, comment dire, ... joyeusement directe à l’excès, plus de compromis, de patience ou de réflexion, et encore moins de bonne manière. Une occasion c’était présentée à la fosse quand Jack le rescapé avait débarqué avec le groupe de Khurmis. Le début de soirée gentillet c’était transformé en véritable carnage.

- Isy, ma belle t’es là, tiens. Avait-il commencé en arrivant vers eux.

- Jacky, mon grand, t’en tiens une belle ? Répondit-elle gentiment en voyant son partenaire d’entrainement au combat arriver, avec une jolie prostituée blonde, vêtue en tout et pour tout d’un cache-sexe en peau d’animal, non déterminé, ne s’attardant pas trop du regard.

- T’as vu, hein. C’est Topaze, parce qu’elle est blonde
- Tu m’en diras tant. Je te présente des connaissances venant de My’trä.

Les quatre My’träns allaient se lever pour se présenter mais Jack, qui visiblement avait déjà bien picolé leur fit signe de rester assis. Il s’empara d’une chaise et s’installa à table près de la Khashan.

- On t’as pas vu dans le coin depuis un moment rouquine ! s’exclamât-il en installant son invitée sur ses genoux.
- Mouais, j’étais en montagne, histoire de bouger un peu
- Avec des clients ?, tu vas pouvoir nous payer une pinte à tes amis et à moi, du coup. Continua t’il gaiement, pendant que le barman s’approchait d’un air menaçant.

- Hé, maigrichon, tu me dois 50 Irys depuis une semaine, va falloir raquer !

Jack, imperturbable plaça sa main sur l’épaule d’Isyel pour lui montrer que c’est elle qui payerait. Elle acquiesça de la tête et le barman s’en alla l’air satisfait. Topaze baissa alors discrètement les yeux sur son amant du soir, une légère grimace sur le visage, une main délicate effleura alors sa hanche pour déposer quelque pièce dans une minuscule poche de la « culotte », elle sourit gentiment à Isy puis la conversation continua.
Ce n’est pas que la Khashan était généreuse mais elle prenait soins de ses amis, même les mal élevé, en plus elle récupérerait son investissement d’une façon ou d’une autre par un service que lui rendrait son compère, elle avait d’ailleurs une idée en tête.

- Maigrichon, hein. Moqua la jeune fille.

Après deux heures d’histoire graveleuse de Jack, de chanson paillarde, de danse Khurmis et de quelque tournées, la nuit était tombée, mais en sous-sol peu importait. Il y avait eu quelque combat dans l’arène qui avait étonnés les nouveaux amis My’träns par leurs violences, rien de plus. Isy était bien éméchée et chantait à tue-tête un air du coin, laissant les autres hilares à cause des paroles et surtout de la très mauvaise interprétation vocale.

- Ha, la sa****, va te laver ton ***, malprôpre ! tireu li reuli, ti reula, tireuli reuli tireu la !

Un homme derrière elle se faisait copieusement arroser d’hydromel de par les mouvements de la chope qui tournoyait dans tous les sens. Il s’énervait et d’un coup se leva exaspéré.

- Elle va se calmer la sa****, ou faut que je la cal ...

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’une dague effilée s’était planté dans sa cuisse, il beugla ahuris, Jack et les khurmis eux aussi enivrés n’avait pas réalisés ce qui venait de se passer. Isyel toujours assise avait simplement saisie sa lame et avait plantée le gars sans aucune somation. L’homme retomba lourdement sur sa chaise quand la chanteuse ôta l’arme de la plaie, l’essuya sur sa jambe et rangea dans son fourreau.
Toujours d’un calme olympien elle lui dit doucement :

- Désolé, c’est partie tout seul, ... Tu devrais aller te faire recoudre, si j’ai touché une artère dans cinq minutes tu seras vidé de ton sang.

L’homme resta hébété mais se dépêcha de se faire un garrot avec sa ceinture avant de rapidement s’en aller, aidé par un de ses amis qui n’avait pas du tout réagit, et laissant derrière eux une belle trainée de sang. Il est vrai que la réaction fut totalement disproportionnée, mais la faute en revenait quasi exclusivement à l’alcool. Une excuse suffisante pour le tenancier, qui était coutumier de ce genre d’altercation, il envoya cependant trois vigiles à leurs tables pour une gentille évacuation des lieux. La rixe qui s’en suivit ne fit pas parler les armes, juste une bagarre de bar, rapidement maitrisés par les trois videurs, qui emportèrent la Kashan dans une cellule de l’arène destinée normalement aux esclaves prévus pour les combats.

Cette cage, creusée dans la roche et fermée par de lourd barreau en fer était assez spacieuse, mais d’une puanteur affolante. Heureusement Isyel était trop ivre et fatiguée pour en apprécier pleinement le parfum, elle s’endormit rapidement laissant entendre de lourd ronflement sonore. Le rêve qui la submergea cette nuit-là fut d’une réalité effrayante.

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La Fosse Rouge EmptyJeu 26 Avr - 14:07
Seule, au milieu des étendues gelées de Marnaka. Une myriade d’étoiles voltigeant sans but comme une nuée d’hirondelle dans un ciel d’orage. Aucune lune à l’horizon, aucune montagne pour la guider. Juste le grondement lointain d’une menace inconnu.
Seule, au milieu des étendues gelées de Marnaka, enchainée au sol par de lourds maillons, elle pleure. Larmes de désespoir qui s’écoule le long de ses joues, un torrent balayant la banquise, sinueux, écaillant la glace, engloutissant la moindre parcelle d’espace atour d’elle, jusqu’à la noyer dans une infinie lenteur.



Le réveil fut extrêmement brutal, on lui balança sans vergogne un sceau d’eau gelé qui devait bien contenir cent litre, au bas mot pour la pochtronne. Elle se leva d’un bond pour trébucher immédiatement, se ramassant une belle gamelle. Le geôlier pouffa de rire avant de sans aller en sifflotant joyeusement. La belle se remit sur ces jambes doucement, l’estomac en vrac. Elle stoppa net un spasme de l’œsophage avant de laisser une grande flaque visqueuse sur le sol, dans un bruit dégoutant. Lentement elle avança vers la porte grande ouverte et suivit la galerie qui remontait, gardant bien une main contre la paroi rugueuse et l’autre sur son crâne, dont la cervelle ne devait plus être que bouillit informe.

Oui, Isy ne tenait pas l’alcool et en plus, elle se tapait à présent une gueule de bois monumentale. Elle dut s’arrêter à plusieurs reprises à cause du sol qui se mélangeait au plafond et vice versa. La pente commençait à devenir difficile à gravir malgré les six ou sept mètres qu’elle venait de parcourir et enfin elle vit le bout du tunnel. Le barman l’accueillit avec un large sourire laissant voir des chicots mangée par les carries. Ceux-ci lui donnèrent immédiatement la nausée qu’elle réprima douloureusement, sa mâchoire avait pris un mauvais coup pendant la bagarre, légèrement enflée mais sa passerait. Le visage amusé de l’homme en face d’elle était devenu plus sérieux, habitué de ce qu’il voyait il prononçât doucement et articulant exagérément son propos :

Je sais que tu payeras, demain ça m’ira, alors oublie pas ta bourse, compris ?

Elle lui répondit simplement d’un « compris » avant de retourner chez sa mère, extrêmement lentement. La jeune femme se jeta directement au lit sans avoir pris soin de se sécher et s’endormit, d’un sommeil sans rêve. Le lendemain, elle engloutit un petit déjeuner d’ogre, après seize heures de sommeil, c’était plutôt le milieu d’après-midi. Sa mère lui banda le visage avec un onguent anti inflammatoire sans poser trop de question, sa fille était prudente alors pourquoi l’asticoter, puis Isyel s’en alla régler sa dette à la fosse.
Le tenancier fut encore plus heureux de la revoir que la fois précédente, après tout ne venait elle pas lui offrir de l’or. Ils firent les comptes ensemble, entre les différentes tournées, la dette de Jack, ainsi que les dégâts matériels, sa bourse y passa quasiment toute entière. Seules quelques piécettes échappèrent à la razzia.

La musicienne prit ensuite un passage étroit, pour rejoindre un quartier animé de la ville souterraine. Il y avait là, une grande cavité naturelle, les boutiques entassée les unes à côté des autres, aussi diverse, qu’étrange, laissaient échapper un flot continue de clients et visiteurs. Certain occupé à fixer étonné la boutique d’un trafiquant de drogue à peine dissimulé, d’autre hasardant un regard vers les différentes maisons closes. Isy s’approchait justement d’une d’entre elles, « La maison des Soupirs ». Nonchalamment, elle s’assit dans un fauteuil, devant un salon ouvert sur la rue, salon proposant ostensiblement une vue dégagée sur les filles disponibles. Immédiatement abordée, elle repoussa les avances avec mépris avant de sortit sa flûte pour un moment de détente. Sans oublier de poser à ses pieds un petit bol en bois et les pièces qui lui restaient, invitant ainsi à la remercier.

La place était moins bruyante que ce qu’il n’y paraissait, les gens ayant pris habitude de ne pas élever la voix pour éviter les échos produit dans ce lieu certes vaste, mais clos. Le son doux du pipeau n’était qu’un bruit de fond parmi d’autre, entendu par ceux qui y prenait la peine. Isyel ne jouait que pour elle seule, le public bien qu’accessoire était utile en plaçant des Irys dans son bol, rien de plus. Après quelque ritournelle d’échauffement les notes jaillirent, férocement comme poursuivis par des bêtes enragées, la cadence soutenue dévoila la dextérité de la flûtiste accoutumé à faire danser les convives d’une soirée. Les filles de la maison appréciaient l’évasion ainsi procurée et les clients l’ambiance produite.

Personne ne restait très longtemps à l’écouter sauf une des travailleuses, Ambroisie. Une très jolie blonde, vêtue d’une longue chemise de soie rose transparente, les cheveux longs et bouclés tombant sur sa poitrine laissant mystère de ses joyaux. Isy l’aimait bien, toute les deux affectionnaient les contes et légendes, alors elles passaient souvent du temps ensemble à rêvasser, sans aucune mauvaise pensée. Pour elle, la mélodie festive se transforma dans une transition maitrisée, le rythme saccadé propice à la danse laissa place à une complainte pure et sauvage transmise de génération en génération dans sa tribu. La gravité des blanches mettait un temps infini à s’envoler, s’enchainant sur une mesure plus rapide pour revenir paisiblement à leur place originelle, étirée et mystérieuse.

Ambroisie installait au côté d’Isy, les yeux fermés ressentant visiblement la musique. Elle frémissait sur les aigües et bougeait la tête en cadence. Mission accomplie pour la musicienne qui non content d’avoir pris une petite heure de relaxation avait fait plaisir à son amie. Le bol avait généreusement était garnie, lui offrant assez pour un tour le long des échoppes de la place. Deux énormes piliers jumeaux, sculptés de femme voluptueuse, soutenaient sur une dizaine de mètres un plafond vouté, éclairé par de magique feu follet bleutés ; le tableau tamisé ainsi, stimulait les sens des visiteurs venus apprécier une danse exotique tout en fumant une herbe euphorisante d’un recoin éloigné d Als'kholyn. Un quartier sensuel comme il en existe quelques autre en cette ville.

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La Fosse Rouge EmptyLun 30 Avr - 13:58
931, Ames & Vermeils

Les deux jeunes femmes parcouraient la rue côte à côte, attirant quelque regard qu’elles ne remarquèrent pas. Ambroisie voulait savoir ce qui était arrivé à son amie, en référence au bandage et si ça n’avait pas été trop difficile de jouer.

- Nan, t’en fait pas pour ça, demain j’aurai plus rien. T’imagine pas l’autre, ... j’espère que je l’ai pas tué, ça s’rait pas cool

Le rire de la blonde résonna une seconde en écho, puis s’évanouit dans le brouhaha. Isyel la poussa légèrement de son épaule en signe de désapprobation, mais un sourire aux lèvres. Elle expliqua ensuite qu’elle ne jouait pas avec la mâchoire mais les poumons et elles continuèrent à bavarder de tout et de rien en cheminant le long des étals. Devant une autre maison close les deux filles remarquèrent Jack, affalé dans un sofa avec topaze près de lui. Il vint à leur rencontre et Ambroisie partit immédiatement en saluant Isyel. C’est qu’elle ne l’aimait pas, trop pénible.

- Comment tu vas depuis hier, rouquine ?
- Mieux, mais je t’ai déjà dit de n’pas m’appeler comme ça !

Il sourit et invita Isy à le rejoindre, ce qu’elle déclina gentiment, l’invitant à son tour pour diner chez sa mère. Cela faisait déjà plusieurs mois que la jeune fille connaissait ce garçon du même âge qu’elle, il l’agaçait par ses tentatives de drague incessante mais au fond elle avait confiance en lui. Sa mère aussi la tannait, pour qu’elle s’unisse à lui par le mariage, un Khashan, inespéré pour cette fidèle des traditions. Alors elle l’invitait souvent, trop heureuse de retrouver un fils de substitution, sans pour autant se l’avouer. Isy retourna donc dans son « chez elle » avec la seule famille qui lui restait dans cette ville.

La maison bien que petite demeurait tout à fait douillette, Isyel retrouva sa mère dans la salle à manger en train de piler des plantes avec un mortier, elle avait étalée sur la table toute une série de feuille diverse à faire sécher et quelques bouteilles contenant certainement des huiles pour la fabrication des onguents. Son regard s’éclaira en voyant sa fille rentrer, elle ne dit mot attendant de voir qu’elle direction celle-ci allait prendre, chambre, cuisine, ou salle à manger. Isy s’asseya en face de l’apothicaire et lui donna un coup de main tout en discutant.

- J’ai invité Jack à venir manger, ça t’embête pas ? , elle ne la laissa pas répondre et continua, bien sûr que nan, hein. Par contre nous refais pas le couplet sur les traditions du mariage s’te plait, s’te plait.

- Ha, mais qu’elle fille ingrate !, avait-elle répliqué taquine, un grand sourire aux lèvres. Connaissant par cœur son enfant, elle voyait bien que quelque chose lui trottait dans la tête et elle la laissa parler sans l’interrompre, répondant par des hochements de tête.

- Tu sais que, ça fait un moment que j’réfléchie à aller voir ce qui se passe ailleurs. Encore hier, j’ai parlée avec des My’träns et j’aimerai beaucoup visiter leur région. Alors je m’suis dit qu’peut être si t’es d’accord ... Jack pouvait éventuellement prendre soins de toi pendant que j’suis pas là.

Oui, Isyel redoutait terriblement la réaction de sa mère, allait elle refuser nettement ce départ, se mettre à pleurer ou à la supplier de ne pas la quitter, ou alors simplement accepter les choses. La jeune fille n’avait besoin d’aucune autorisation, mais elle voulait absolument une bénédiction. Il y avait déjà eu pas mal de sous-entendu entre elles, allusion à My’trä, au architecte, à Khurmag et la réputation des fêtes de Réoni. Ce ne fut donc pas une surprise pour la matriarche, tout à fait consciente que le sujet viendrait tôt ou tard sur la table. La réponse qui arriva fut aussi inattendu qu’apaisante, non seulement sa mère acceptait, mais en plus elle l’encourageait à présent en vantant les joies de la vie nomade à sa fille.

Le début de soirée continua dans la cuisine où les deux femmes, surtout Anyelle préparaient le repas tout en papotant. Le ragout de lapin, plat préféré de jack, mijotait dans la marmite quand celui-ci tapa à la porte. Comme à son habitude pour ce genre de soirée, il c’était décrassé, était rasé de près, parfumé d’une douce eau de toilette et avait de beaux vêtements propres. (vous demandez pas pourquoi il plaisait autant à la mère) Isy accoutumé à ces attentions ne faisait plus de remarque à son ami, mais n’en pensait pas moins. Le séduisant gentleman arrivait toujours avec des compliments pour son hôte et un bouquet de fleur qui lui vaudrait surement une dette de plus. En ces moments-là il laissait dehors ses mauvaises manières d’enfant sans éducation, pour littéralement ce transformer en gendre idéal.

Voilà pourquoi Isyel voulait laissait sa mère aux bons soins de Jack, un orphelin exilé, ayant vécu comme il pouvait de tout et de rien, et qui après avoir découvert Isyel et sa mère, en avait fait une famille de substitution, à sa façon. Il était dragueur, voleur, menteur, facétieux, joueur et j’en passe ; mais jamais, au grand jamais il n’avait trahi la Khashan de quelque façon que ce soit. Elle aurait très bien pu succomber à son charme et à la pression maternelle dans ces diners, si une fois la porte de la maisonnette franchie il ne redevenait pas le Jack abonné aux maisons closes et parieur invétéré.

Le diner se passa sous les meilleurs auspices, le jeune homme maniant élégamment le verbe anima la soirée de façon courtoise, dévoilant ainsi une facette de sa personnalité toute fait appréciable. Le repas se concluant sur un accord de principe des trois protagonistes, jamais clairement énoncé, mais compris de tous. Isy allait partir après des préparatifs, Jack rendrait souvent visite à Anyelle, qui prendrait soin du jeune homme comme si c’était son fils.

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La Fosse Rouge EmptyMer 2 Mai - 13:48
931, Organe Cramoisi

Les mois suivant prirent pour la Khashan une tournure inhabituelle. En tant que guide elle préparait soigneusement ces excursions, sécurité oblige. Alors pour un long voyage dans des terres inconnues, sa préparation devrait être minutieuse. Elle avait toujours en tête à Aildor une règle simple et tacite dans les tunnels « On n’emmerde pas les honnête gens ». Alors elle ne fourrait jamais son nez dans des histoires qui ne la regardait pas, évitait soigneusement de tremper dans des affaires louches et ne traficotait jamais avec les différents gangs de quartier.

Elle avait bien trainé quelque temps avec de petite frappe ou des pickpockets à l’adolescence mais s’en était rapidement détourné en voyant les dégâts collatéraux. Aujourd’hui il lui fallait redécouvrir certains réseaux ou d’anciens complice pour préparer au mieux son départ vers My’trä. Mais avant d’aller rôder dans les tavernes gangrénées, elle commença par ses connaissances du quotidien. Le forgeron, le boulanger, le cordonnier ou le tisserand, chacun avait une opinion ou un avertissement à lui fournir, l’adresse d’une auberge reconnue ou d’un site d’où provenait leur marchandise. Chaque bribe d’information, même les plus anodines pourrait s’avérer utile.

Il y avait peu de bibliothèque à Aildor, Isy n’en connaissait qu’une en faites, et elle y avait déboursé des sommes effrayantes. Considérée comme une excellente cliente, le propriétaire lui avait permis de contribuer aux esquisses du cartographe de sa boutique, sur la géographie méconnue de Khashin. Elle gardait de bon rapport avec lui et quand elle lui expliqua son projet, il l’avait gratifié d’une aide précieuse, pas par des cartes, non, mais par une recommandation bien précise « Ne pas s’arrêter au limite visible, flâner sans but est le meilleur moyen de découvrir des trésors cachés ». Précisant bien que c’était contre-productif de ne pas conseiller l’achat de carte.

Encore plus troublant, sa discussion avec le poissonnier, qui avait entendu parler des intentions de sa voisine. D’après lui les différents ports continentaux étaient drastiquement surveillés par de différents groupes armés, il tenait l’information de ses fournisseurs. Ce petit Daënastre racontait à qui voulait bien l’entendre que dans sa jeunesse, il était pirate, abordant les navires marchands et faisant la fête avec de jolies minois dans chaque port d’escale. Elle s’était beaucoup amusée à l’écouter.

Le temps vint ensuite de rendre visite à Sonny, le loueur qui en réalité était le gestionnaire de son quartier. Une hiérarchie assez simple avait été mise en place, des guetteurs en majorité une bande de gamins, sillonnaient les rues en avertissant leurs superviseurs de ce qu’il voyait. Ces superviseurs rendaient eux aussi des compte à leurs administrateurs, gérants les différents secteurs d’activités variés du quartier. Tout en en haut de la pyramide, Sonny.
C’est un gars bien dans le fond, il ne trempait pas dans l’esclavagisme, peu dans la prostitution et juste un poil dans la drogue. Son fonds de commerce à lui résidait surtout sur un marché d’exportation de pierre venant de Khashin, c’est pourquoi il offrait asile à tous les exilés qui lui demandaient.
D’ailleurs ça n’avait rien de compliqué d’obtenir une audience auprès de lui, le tout étant de ne pas lui faire perdre son temps. Isyel alla le voire en toute confiance parce qu’ils se connaissaient un peu. Il l’avait fait chercher manu militari par un gros borgne, morte de trouille à l’époque, elle avait servie d’interprète dans une négociation avec une tribu et avait même gagnée quelque pièce pour ces services. Sonny, tout maigre, fumait cigarette sur cigarette, il boitait et parlait avec un accent bizarre que la jeune fille n’avait jamais entendu ailleurs que dans la bouche du gérant. Il souriait d’une façon toute à fait déplaisante, l’air carnassier, comme si il allait vous faire bouillir pour vous bouffer en fricassée.

Il avait bien entendu glané l’information d’un projet de départ et se doutait de ce qui amenait la Khashan. Il entama donc le dialogue par les banalités d’usage envers un habitant de son territoire. « Comment va ta mère ? », « et ton père toujours pas revenu ? », puis sans attendre de réponse il continua, lui rappelant les obligations qu’elle et sa famille avait envers lui, « ta mère a fait du bon boulot avec un de mes gars récemment, j’regrette pas votre venu ici »,  « par contre depuis que ton paternel c’est tiré, y a plus personne pour apprendre à compter à mes gamins, j’mettais habitué à c’qui sache négocier. »
Tout ce baratin pour lui signifier gentiment que bientôt, surement avant son départ, elle devrait lui rendre service pour qu’il garde un œil sur sa mère et pas refus possible.

Elle avait donc reçu un tas de réponse, à des questions qu’elle ne s’était même pas posées. Notamment sur l’obtention d’un Passeport, qui lui permettrai en tant voulu de franchir la douane. Elle ne savait pas du tout ce qu’était une douane, et encore moins un passeport, ses pas la menèrent donc dans un coin malfamé de la ville, encore que l’exception c’était son coin à elle. La majorité d’Aildor n’était pas aussi tranquille que son quartier, loin de là. Faut avouer que Sonny était très respecté, il réglait ses comptes grâce à la corruption plutôt que par le meurtre, donc à défaut d’être tenu par la peur, les gangs jouait les gardes patrouilles pour de l’or.

Voilà donc la petite Isy dans les grandes cavernes qui abritait Aildor, à peine avait-elle quitté sa zone de confort, qu’un gosse avait tâtait sa ceinture à la recherche d’une bourse, mal lui en pris parce qu’il reçut une belle gifle à la place. Un ivrogne à moitié affalé contre un mur lui avait demandé l’aumône avant de l’insulter copieusement pour son refus, décidément, Isyel préférait largement son coin tranquille, si bien entretenue par Sonny. Le quartier qu’elle arpentait à présent était connu pour ses faussaires, faux-monnayeurs ou maitre de la reproduction, qui mettait sur leurs étals des œuvres d’art copiées et même des Irys contrefaits.

Rien de tout ça n’intéressait la jeune fille, elle était venue chercher des papiers d’identités. Elle n’eue pas longtemps à attendre avant qu’un autre gosse vienne lui demander ce qu’elle voulait, un rabatteur. Il l’emmena donc dans une échoppe ou le propriétaire calligraphié des parchemins, l’homme ne parut pas surpris de la demande, sollicita quelques jours et quelques information bégnine, après quoi il repartit dans l’arrière-boutique sans s’occuper d’elle. Apparemment le faussaire avait reçu des instructions et Isy n’aimait pas ça, car il n’y avait qu’une seule explication plausible, Sonny. C’était sa façon d’obliger les gens à lui devoir des services, pour une simple information elle avait maintenant une dette, sans moyen de négociation. Profitant de l’occasion la jeune fille s’en alla errer dans les rues, songeuse.

Ici les habitations ressemblaient à des immeubles de deux ou trois étages munis de toits aplatis et de balcons instables. Les rues beaucoup moins entretenues que chez elle, abritaient un tas de vermine chassés par des enfants du coin, surement pour s’en nourrir. Le plafond rocheux laissait apparaitre ici ou là, de faible fissure lâchant la brise fraiche et un peu de neige dans les souterrains. Le port non loin ne l’attirait pas, alors elle bifurqua dans un sombre tunnel, restant consciente que c’est par là qu’on faisait passer les touristes trop naïf pour les dépouiller. Personne ne lui avait jamais proposé, selon l’expression consacrée « Une visite guidée touristique », ça la faisait bien rire de penser à ces crédules qui suivaient un inconnu, dans une ville à la réputation aussi pourrie qu’Aildor.


Dernière édition par Isyel Blacks le Dim 13 Mai - 13:57, édité 1 fois

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La Fosse Rouge EmptyJeu 3 Mai - 14:05

931, Entrailles incarnat

Sa ville avait plusieurs visages et celui qu’elle contemplait actuellement n’était pas beau à voir. Un tas de maison en décrépitude, alternant du gris poussiéreux, à la blancheur d’une fine pellicule de neige fraiche. Des gosses galopaient sur les toits en épiant les badauds, trop ivre ou désœuvré pour s’en rendre compte. A droite une bagarre de parieur emplissait l’atmosphère d’un fond sonore injurieux, tandis qu’à gauche une odeur âcre se dégageant d’une ruelle sombre, trahissait la présence d’un labo de substance chimique. Tout ceci lui rappelait son frère, Nath, habitué de ce genre d’endroit. Il jouait beaucoup, perdait souvent, et sa sœur n’avait pas encore les moyens de rembourser pour lui, alors un jour, il avait échangé ses dettes contre sa liberté.

Nathaniel, ressemblait énormément à Jack, sauf que ce dernier s’arrêtait avant le point de non-retour. La jeune fille perdue dans ses pensées ne remarqua pas tout de suite les trois types qui la suivaient, elle n’avait pas sa capuche et sa longue tresse libre, se balançait au grès de sa démarche chaloupée. Beaucoup trop tentant, au détour d’un virage ils avaient accélérés, arrivant presque à sa position, c’est à ce moment que le bruit de leurs bottes les trahirent. Isyel se réveilla vite, attentive ; un rapide coup d’œil en arrière et elle aussi, comme les gosses vus plut tôt, se mit à courir. Une cavalcade effrénée entre les passants, esquivant habilement, tantôt à droite, tantôt à gauche, puis à cinquante mètre une échelle.

Un sourire illuminait son visage alors qu’elle se dirigeait droit dessus, elle grimpait avec souplesse avant de vérifier si ses poursuivants étaient encore en vue. Heureusement oui, elle s’amusait comme une folle, tout en sachant qu’en cas d’échec sa pourrait très mal tourner. Elle scruta en contrebas et vit un des types en bas de la maison, elle attendit trois seconde, que le vicieux monte avant de flanquer un bon coup de pied pour faire tomber l’échelle, continuant ensuite le long du faîtage. Quelques enjambées plus tard, la voilà au bout du toit, plus rien ou s’accrocher, pas de gouttière (bah oui, sous terre) et un des vicieux la suit encore. Elle lui tourne le dos pour inspecter ses options, soit elle fait face dague en main, soit elle l’intimide ou ... , non, pas de risque.

La grimpeuse s’enfuirait, quatre ou cinq mètres de haut, trop pour une chute, assise sur l’arrête du bâtiment elle remarque une fenêtre, fermée certes, mais ça ferait l’affaire. Elle s’agrippe au rebord du toit et le vicieux arrive sur elle, tentant de la prendre par le bras pour la remonter, elle se balance et lâche sa prise in extremis avant de réussir à attraper l’encadrement de fenêtre, plus que trois mètres à descendre. La chute bien que rude fut amortie par une admirable roulade, le type ahuris sur son toit ne tenta pas sa chance. Le cœur battant, le souffle régulier, Isy replaça sa capuche et s’en alla discrètement dans la foule, souriant comme si cette course n’avait été qu’une blague.

Le lendemain matin tout allait au mieux, ou presque. Isyel avait passée trop de temps en compagnie de truands, voleurs et autre vermines des bas-fonds. Allongée dans son lit de plume, à moitié assoupie, elle rêvassait encore. Si son frère avait été présent, il lui aurait dit un truc du genre « T’en fait pas rouquine, j’suis là », sauf qu’il n’était pas là justement. Toujours à plaisanter de tout, la dernière fois qu’elle l’avait vue, il la taquiner une énième fois sur sa couleur de cheveu, avec cette manie de l’appeler « rouquine ». Soudain son esprit lui fit un flash, il était vendredi, elle allait être en retard.

Elle se leva rapidement descendit les marches quatre à quatre, pas le temps pour un thé. Elle se rua en oubliant sa veste et autres affaires, sa chemise négligemment fermée, laissait entrevoir les bandages cachant sa poitrine. En arrivant devant le dojo Jack l’attendait, ses yeux lubriques lorgnant impunément la jeune fille qui en rougit, elle se reboutonna vite et ils purent suivre leurs entrainements hebdomadaires. Le maitre leurs avaient concocté depuis plusieurs séances un programme de combat à la dague, les deux élèves étant demandeurs. Deux combattants d’une force relativement identique, l’un profitant d’une puissance physique toute masculine et l’autre d’une agilité féline. En quittant le dojo, Isyel était repartie directement chez elle, trouvant sur sa porte un petit mot de Sonny.

Une fois rafraichie et avoir pris son thé au miel matinal, elle n’avait pas eu d’autre choix que de répondre à la convocation du  baron local. La sécurité de sa tribu était en jeu et la Khashan ne reculerait devant rien pour les protéger. Accueillie par le borgne, bras droit du patron, il la fit patienter une bonne heure dans un salon privé, avant de la laisser pénétrer dans le bureau. Sonny assis dans son fauteuil, clope au bec triai des papiers l’air maussade, il ne prit pas la peine des politesses et commença directement :

- C’est pas le jour pour m’emmerder, j’te préviens.
Elle ne répondit pas.
- Ta rencontrée Nestor hier, bien
Toujours silencieuse, elle se doutait qu’il parlait du faussaire.
- J’avais une seule chose à te d’mander à la base mais, ... y a eu un pépin s’matin et ça urge alors t’aura deux truc à faire, ça t’va ?
Sans vraiment pouvoir refuser elle acquiesça d’un hochement de tête. Il lui tendit une enveloppe scellée de cire.

- Tiens, ça c’est pour un gars qui t’attend à la sortie nord vers Marnaka, ensuite t’ira à la fosse récupérer un sac à un type qui m’doit deux milles Irys. Tu compteras, pigé si il a pas la somme, hé ben paix à son âme.

Ça avait été vite mais elle avait tout retenu, même la partie ou elle aurait peut-être à assassiner un homme et ça sa la gênait. En prévision sa première étape fut la pharmacie de sa mère, il y avait là-bas le nécessaire pour parer à toute éventualité. Isyel avait piquetée la lame de sa dague au poinçon pour y faire adhérer un cataplasme empoisonné, une technique entendue d’une oreille baladeuse qu’elle avait expérimentée. Son mélange composé d’un peu de terre humidifié et agrémenté de plante à l’usage détourné, le tout imprégné sur un tissu qu’elle frottait sur la lame. Un usage de deux ou trois coups qui nécessitaient un rinçage de l’arme après utilisation. Son choix se porta sur des feuilles d’aconits qu’elle réduisit en poudre, avec comme effet, la faiblesse momentané du muscle touché.


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La Fosse Rouge EmptyLun 7 Mai - 14:33

La commission en zone de départ des convois fut rapide, Isyel connaissait parfaitement l’endroit. Le gars devait avoir une description d’elle parce qu’il l’avait abordé, un échange bref et mystérieux. La récupération du sac par contre, ce fut une toute autre affaire. Le type était bien là, mais au grand damne de la demoiselle, il n’avait pas tout le fric prévu. L’idée de le torturer ne lui vint à l’esprit qu’une fraction de seconde, juste le temps de lui mettre une bonne droite et de lui faire la morale. Le gars se laissa faire, trop effrayé par l’idée que la gamine n’était peut-être pas seule.

- T’es con ou quoi ?, tu te doutes bien que Sonny va pas t’lâcher, et moi je vais pas r’partir les mains dans les poches ? L’endetté tout penaud ne comprenait pas pourquoi il se prenait une engueulade et Isyel, en colère, continua
- Tu m’imagines retourner voir le boss avec comme explication « ben ... heu ... il avait pas la tune », Tu sais ce qu’il a dit ? Quasi mot pour mot « Paix à son âme » La jeune fille faisait les cent pas devant l’arnaqueur qui commençait à pâlir.
- Du coup, ..., moi j’ai pas l’choix. Soit on met des pièces dans ce foutu sac, soit c’est ta tête qui va dans l’sac, tu préfères quoi ? Elle c’était arrêtée une seconde puis continua de polir le sol.
- Mais merde quoi ! J’ai pas envie de te tuer, mais si j’le fait pas ils s’en prendront à ma mère plus tard, alors entre toi et elle s’est vite choisie !

La jeune Khashan n’était pas coutumière des long discours ou des crises de colères incontrôlées, mais la situation lui échappait. Elle n’avait pas beaucoup d’idée pour combler les cinq cents Irys manquant, puis en faites si. Elle se tourna vivement vers son débiteur et d’un ton autoritaire :
- On va aller chez toi, récupérer tout ce qu’on pourra revendre et voilà
Le gars surpris par les évènements ne savait pas quoi répondre, commençant à sentir les doutes chez son interlocuteur, Isyel porta la main à sa dague en signe d’intimidation. Ils se mirent donc en route, traversant les tunnels, cavernes et autre galerie pendant près d’une heure. Isy aux aguets d’une éventuelle embuscade avait les nerfs à vifs, les doigts parcourus de soubresaut intempestif. La cabane devant laquelle ils arrivèrent était, vraiment pourrie, si l’intérieur ressemblait à l’extérieur, elle serait dans une merde abyssale. Evidemment ce fut le cas, le grand benêt c’était bien foutu d’elle, mais vu l’état de son taudis, elle ne pouvait pas lui en vouloir.

Elle ne prit même pas la peine d’explorer les lieux, rien qu’en voyant la tête du mec, sa voulait tout dire. Elle reprit donc sa marche, tournant en rond comme une tigresse en cage. Pas après pas, elle dénouait les nœuds de sa réflexion. Elle ne voyait plus qu’un seul moyen de s’en sortir sans décapiter le malheureux, qui la regardait réfléchir ; si seulement il pouvait l’attaquer, sa serait vite fait, il était sec comme un hareng. Cinq cents pièces, une grosse somme, même pour elle.
- Ok, ducon. Je payerai Sonny, donne-moi ce foutu sac à emmerde.

Si on lui avait donnée cinq cents pièces pour tuer le hareng elle aurait refusée, alors sa solution lui reviendrait chère, mais au final sa conscience serait épargnée d’une nouvelle plaie. Elle se campa sur ses jambes, toisant son interlocuteur et d’un regard sévère :
- Ta pas intérêt à ce que, qui qu’ce soit, apprenne ce que j’fais là ! Compris !! Sinon j’reviens te voir et j’te saigne !
Elle devrait prendre dans ses économies, ce ne serait pas bien grave, au final Sonny veillerait sur la maison et l’herboristerie de sa mère. Elle en était sure, jusqu’ici il avait toujours tenu parole, même si quelque fois d’une façon détourné. Elle n’aurait plus qu’à retourner en expédition pour renflouer les caisses.

Une fois de retour dans le repaire du parrain local, un gros sac sous le bras. Elle ne pouvait pas s’empêcher de ronchonner contre tout et rien, trop anxieuse. Des sentinelles à l’air sinistre, débraillés et sentant le rat mort, laissèrent le passage libre, elle devait être attendue. Il n’y avait rien de changé depuis qu’elle avait reçu ses ordres de missions quelques heures plus tôt. Si, Sonny semblait encore plus carnassier qu’à son habitude, il y avait un problème.

Le grand patron affairé à inscrire des lignes sur ce qui semblait être un livre de compte, ne releva pas les yeux à l’arrivé de la jeune fille. Elle déposa le sac sur le bureau et la discussion commença.

- Voilà boss, deux milles comme prévu et il a toujours la tête sur les épaules.
- Bien, et le courier.
- Rien de spécial, le gars m’attendait, j’lui ai donné.
- Il t’attendait ? dit-il calmement, toujours le nez dans ses comptes.

La situation devenait étrange, Isyel ne comprenait pas du tout ou il voulait en venir. Elle avait fait exactement ce que l’on attendait d’elle, rien n’avait vraiment dérapé, dans le sens où il n’y avait pas eu de mort. Sonny posa délicatement sa plume et se leva doucement les mains appuyés sur le bureau. Un geste vif et colérique fusa alors, il abattit ses deux poings sur le bois sec, en arrachant un craquement au meuble. Le rouge lui monta au visage et il se mit à hurler sur la Khashan :
- Le gars à qui tu d’vait donner l’enveloppe est rentré y a une demi-heure en disant qu’il t’avait pas vu, c’est quoi l’embrouille ? Tu cherches à me doubler ? Tu crois être la première à essayer !

La fumée de cigarette lui sortait par les narines, tel un taureau furieux prêt à charger. La petite se fit encore plus minuscule, la sueur froide lui coulait entre les omoplates. Elle n’avait pas peur pour elle, mais pour sa mère. La jeune fille avait confiance en ses capacités pour pouvoir se sortir de ce guêpier, mais elle imaginait déjà les sbires du mafieux à sa porte. Elle se défendit donc sans grand succès.

- Tu m’as dit d’aller sortie nord et qu’un type m’attendait, on aurait dut prendre le thé ?
- Nan mais c’est que tu te fou de ma gueule en plus ! Ta donnée le paquet à un concurrent, mon gars il ta pas vu ! Tu vas bouger ton cul, et m’retrouver l’type dard-dard ou t’iras servir de sac à viande à la fosse rouge !

La discussion était close, pas d’argumentation possible. Isyel tourna les talons, toujours observé par son maitre chanteur. Elle n’avait aucune idée de qui chercher, ou le trouver et encore moins comment elle allait pouvoir s’en sortir au milieu de la guerre commerciale, territoriale et d’égo dans laquelle elle se trouvait.

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La Fosse Rouge EmptyDim 13 Mai - 15:26

Et la voilà, errante comme une âme en peine, les yeux rivés sur la pointe de ses bottes. Transis par l’angoisse, elle pensait aller décharger ses nerfs à la fosse rouge, mais cette idée se dissipa bien vite. Elle marchait, animée par ses muscles qui la menaient on ne sait où. Après dix longues minutes, lui vient une idée, et puis non en faites. Les économies pour voyager c’étaient envolés, alors elle ne pourrait payer personne pour des informations. Elle continua donc sa marche pensive, peut être qu’une prière à sa montagne pourrait l’aider.

"Oh Arkh, grande et majestueuse montagne.
Gardienne de mon âme et protectrice de mes nuits froides et glacées.
Oh montagne drapée de ton manteau blanc de l’éternité. Mère de tous mes ancêtres.
Permet moi le recours de ton aide en ces temps troubles et incertains."

Ça n’avait pas eu beaucoup d’effet. Son esprit l’emmena alors vers sa mère, « Prend soin de la tribu et la tribu prendra soin de toi » dirait-elle. Sa tribu se composait de peu de gens à l’heure actuelle, éventuellement Jack ou ... L’inspiration renaissait, une révélation, la jeune Khashan se mit à courir vers son espoir, Ambroisie. Il n’y avait rien qu’une prostituée d’Aildor ne savait pas, elles entendaient tout et ne disaient rien, accueillant en leurs seins les confidences sur l’oreiller.

Depuis ce matin ou elle c’était réveillée en retard, la jeune fille n’avait rien avalée d’autre qu’un thé et son estomac gargouillait. Isyel n’avait cependant pas le temps d’y penser en ce début d’après-midi, il fallait faire vite avant que toutes les pistes s’effacent. Une fois devant la maison close ou travaillait son amie, qu’elle ne tarda pas à la trouver en compagnie d’un client, devant l’urgence palpable, Ambroisie le laissa tombé. La Khashan lui décrivit alors l’objet de ses recherches : un homme d’environ un mètre quatre-vingts, cheveu court et brun, manteau de voyage noir, qui devait attendre une fille pour la berner. Rien ne vint à l’esprit de la blonde.

Elle s’en alla alors quelques instants pour revenir avec une de ses collègues, elle la questionna pour en tirer une info, effectivement elle avait entendu parler un type qui devait récupérer un paquet sortie nord. Etait-ce lui, ou pas, impossible à dire, cela dit, il trainait dans une taverne du bassin, pas très loin de là où ils se trouvaient. Isyel repris sa traque et bingo elle tomba dessus, il la reconnu instantanément et se rua vers la porte de derrière. Il courait vite et semblait connaitre les ruelles, il failli la semer à plusieurs reprises mais la Khashan lui collait au basque.
- Arrête de courir ! cria-elle

Bizarrement l’autre s’arrêta et c’était suspect, ça sentait le traquenard cette histoire. Le lascar avait ralenti jusqu’à stopper, quelque mètre seulement le séparant de sa poursuivante. Il se retourna lentement, les mains levées, l’air innocent.

- Qu’est-ce que tu veux ? Fait demi-tour avant de t’attirer des ennuis !
- J’peux pas m’en aller, il m’faut le paquet de s’matin
- Ah ouais, ben je l’ai plus, va falloir chercher ailleurs gamine
- Hum ... dans s’cas tu vas m’dire ou le trouver

L’autre se mit à sourire comme si une mauvaise blague venait de lui traverser l’esprit. Le boyau dans lequel ils se trouvaient, mesurait un mètre de large pour deux mètres de haut, il bifurquait derrière le voleur en une intersection en T. Isyel savait que le tunnel de gauche repartait vers le bassin mais celui de droite, elle n’en avait qu’une vague idée, une zone de stockage et d’entrepôt peut être. S’il partait par-là, elle aurait peu de chance de le rattraper. L’homme ne semblait pas plus essoufflé qu’elle, il gagnait du temps, pour réfléchir ou pour laisser à d’éventuels complices assez de temps pour une embuscade.

- Mon boss veut récupérer son paquet, toi on s’en fou. Tenta-t-elle
- Mon boss à récupérer ton paquet, de toi aussi on s’en fou
- Tu te sens prêt à vérifier derrière ton épaule tous les jours, du reste de ta vie ? Parce que c’est ça qui t’attend !
- Arrête ton papotage fillette, tu seras morte avant ce soir quand je ... Il s’interrompit et repris en riant
- Ha haha, Tu es forte ou alors je ne suis pas en forme, tu as failli m’en faire dire trop.

C’est à ce moment précis que la fulgurance se manifesta, une seconde d’inattention de l’homme qu’Isyel avait attendue pour se jeter sur lui dague en main. La charge fut rapide, il était sur ses gardes mais elle avait franchis la distance entre eux avec une vitesse insoupçonnée. La dague ne fit qu’effleurait la cuisse mais elle était toujours empoisonnée, elle tailla une seconde fois, dans le mouvement fluide de va et vient. Le lascar reprit sa course par réflexe, sans même avoir pris conscience des deux coupures sur sa jambe, vers le tunnel de droite évidemment.

Trois secondes plus tard et aucun effet, avait-elle bien dosée son mélange ? Six secondes toujours rien, et ha, un léger boitillement, dix secondes. Sa avait était long, mais l’homme était immobilisé, un genou à terre cherchant la cause de son mal. La jeune fille s’approcha doucement, vérifiant du regard la présence d’éventuelles armes mais il n’avait rien.
- T’en fait pas, dans une minute ou deux tu retrouveras l’usage de ta jambe.

Un bon coup du manche de la dague dans la tempe assomma le fuyard, ne resta plus qu’à le mettre sur ses épaules et repartir au repaire du patron pour finir la livraison. Tout le long du trajet elle discuta avec son paquet évanoui, croisant quelques badauds qui ne la regardèrent même pas, évitant de s’attirer des ennuis. Il y a bien un grand costaud qui lui avait demandé ce qu’elle pouvait bien faire avec mec sur les épaules, elle répondit simplement qu’il lui devait de l’argent et qu’il allait passer à la caisse.

Une fois devant l’antre de Sonny, elle confia son colis au borgne et s’en alla, sans aller voir le boss, il se débrouillerait bien pour le faire parler. Elle n’avait envie que d’une chose, manger, boire et dormir.

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