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Chroniques d'Irydaë
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Et merci d’avoir choisi notre agence de voyage - Page 2 EmptySam 23 Juin - 21:09
     Myträ savait se battre, c’était indéniable, même si Sakari aurait quand-même quelques choses à dire sur son manque d’aisance à combattre dans la neige. Elle aimait cependant autant la pédagogie de la parole que celle de l’œil. L’équipe était bien entendu munie de raquettes, de petite taille, qui étaient insuffisantes pour les aider réellement lors des marches, à moins d’y être entraîné, et leur permettait de combattre – c’était là leur principal intérêt. Malgré cela, Sakari minimisait autant que faire ce pouvait la prise de la neige sur ses pieds en bondissant d’un rocher affleurant à un autre. Il fallait savoir les reconnaître, et avoir des yeux habitués à la clarté aveuglante de la neige.
     Sakari était toutefois confiante. Son apprentie saurait s’y faire. Elle avait déjà montré ses compétences, autant au tir qu’au combat, bien qu’elle préférât le premier. Toutefois, l’utilisation du Vulcain aussi vite avait eu le désavantage de signaler sa position, alors que Tuwawi, à contre jour et planquée derrière des rochers, demeurait difficile à repérer.
     Les armes blanches ont l’avantage certain, dans les combats de ce genre, d’être silencieux. Le Goliath de Sakari était à portée en permanence, mais c’était plus avec son couteau qu’elle faisait des merveilles. Il y avait un premier ennemi, planqué derrière un rocher, qui avait repéré Myträ et s’apprêtait à lui décocher une flèche. Sakari lui tomba dessus, profitant d’une corniche surélevée.
     Elle s’était ensuite frayée un chemin, sans un bruit, par petits bonds dans la neige, jusqu’à la position d’une autre adversaire. Celle-ci avait eu l’ouïe fine et s’était retournée à temps. Elle dégaina un piolet tranchant. Pour lui empêcher de prendre l’initiative, Sakari utilisa la pente pour accélérer et utiliser toute la force cinétique pour parer le coup avec son avant-bras, protégé par de la maille solide. Le piolet vola sous le choc, et la femme fut projetée contre la pierre qui lui servait de couvert. Elle fut ensuite prestement poignardée.
     De leur côté, Ataneqi et Toklo ne perdaient pas leur temps. Ce dernier avait profité d’un instant où les tireurs embusqués rechargeaient et d’un tir de couverture d’Ataneqi pour sortir de son abri et se précipiter sur un escarpement qui le mettait hors de danger des flèches. Il se glissa entre deux volées, couvert par Ataneqi en bas et Tuwawi en haut, jusqu’à la position d’un ennemi. Sa hache immense faisait des merveilles.

     Voyant que le combat était perdu, et suite à la panique provoquée par ce qu’ils avaient pu constater de leurs pertes, les survivants tentèrent de fuir. Les arcs des Nunaqortoqut et le fusil de la Daënare eurent aisément raison d’eux.
     Tous se retrouvèrent en contrebas, dans le col. Ils se félicitèrent mutuellement. Toklo n’en avait tué qu’un seul, mais Ataneqi accepta de lui donner crédit pour cette action, bien qu’elle y eût amplement participé.
     Quelque chose qui aurait pu paraître particulièrement choquant à Myträ, et que Sakari n’avait pas fait depuis très longtemps, eu ensuite lieu : les Nunaqortoqut récupérèrent des trophées. Chacun collectait un os particulier sur ceux qu’ils avaient tué. Les mâchoires inférieures pour Ataneqi, les côtes pour Tuwawi, et les minuscules os de l’oreille pour Toklo. Ils découpèrent les parties concernées, les vidèrent de leur sang autant que faire se pouvait. Ils utilisèrent ensuite les vêtements des victimes pour en faire des sacs, afin de transporter leurs macabres trophées.
     Sakari, qui ne prenait pas part au massacre, mais en avait sacrément envie, voulut expliquer à Myträ.
     « Oui, bon, il est vrai que vous ne faites pas ça, chez vous. Ici, à Marnaka, la coutume veut que quand on tue un autre Marnakain, on lui ôte un os. Cet os servira ensuite à la confection d’un habit de cérémonie. On reconnaît un grand guerrier à son manteau d’os. Il faut qu’il soit ample, et que les os choisis soient rares et de la plus petite taille possible. On ne le fait pas seulement pour cela. Regarde autour de toi. Il n’y a pas beaucoup d’animaux, ici. Ces mutilations servent à attirer les charognards et les insectes, pour qu’eux vivent, vivent des morts. Les tués sont ainsi réintégrés dans la grande chaîne de la vie, alors que leurs corps sont absorbés non pas par la terre qui pourrait les transformer en plantes, car il n’y a pas de plantes, mais par les bêtes. »
     Ataneqi avait eu le temps de lui glisser un mot au sujet du fanatisme de l’apprentie. Il était très aisément perceptible que Sakari avait peur de sa réaction. Elle n’avait pas quitté son couteau, et regardait avec une certaine angoisse le fusil toujours dans les mains de Myträ.

     Mettant les pieds dans le plat, Tuwawi s’approcha en courant, et avec l’air de l’enfant qui joue à d’innocents jeux, elle s’adressa aux deux femmes :
     « Et vous, alors ? Tu vas prendre quel os, Mymy ? »
     Elle était simplement curieuse de savoir à quel point celle-ci s’estimait être une grande guerrière.

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Et merci d’avoir choisi notre agence de voyage - Page 2 EmptyLun 25 Juin - 19:33
Voyant qu’ils perdaient l’avantage les bandits abandonnèrent leur position les uns après les autres fuyant le combat pour lécher leurs blessures. C’était sans compter la militaire qui ne comptait pas laisser de tels déchets humains fuir pour perpétrer d’autres méfaits. Myträ courut derrière eux, louvoyant dans la neige en sautillant de rocher en rocher comme le faisait Sakari. Elle sauta ensuite sur un roc brisé qui s’élevait à plus de trois mètres de haut. La blonde se hissa en haut de son promontoire rocailleux et se remit en position de tir, lui permettant d’abattre les derniers fuyards qui voulaient disparaitre derrière l’horizon. Le monde était désormais plus… propre.

Là-haut, la militaire voyait les nunas s’éparpiller pour fouiller les cadavres. Chez elle, les pilleurs de cadavres étaient pendus haut et court, mais elle comprenait bien évidemment le comportement des indigènes. Dans une terre aussi hostile et désolée, c’était une question de survie que de récupérer tout ce qu’on pouvait sur ses ennemis. Ce n’était pas la cupidité qui les poussait mais seulement la nécessité. Myträ rejoignit donc Sakari, sans s’offusquer cette fois. Mais à bien y regarder, les nunas ne faisaient pas que dépouiller les cadavres. Ils les mutilaient atrocement.

Par chance la daënare ne vit pas le coup d’œil inquiet de Sakari. Elle était trop obnubilée par ce spectacle qui la plongeait dans un mélange d’incompréhension et d’horreur. En orient, ses morts étaient honorés. Ceux de l’ennemi étaient ignorés, mais plus par praticité que par mépris ; une armée en campagne de ne pouvait pas se permettre de perdre plusieurs heures à enterrer les corps de leurs adversaires. Cependant, il ne viendrait pas à l’idée d’un daënar de s‘acharner ainsi sur un mort. Ces gens étaient vraiment des sauvages…

Myträ lâcha un regard incrédule à Sakari qui tentait de justifier ce comportement. Pourtant chacun de ses arguments glissait sur elle comme de la pluie sur de l’ardoise. Comme pour enfoncer le clou, Wawi venait lui demander quel morceau elle comptait arracher pour elle-même. Si la petite nuna avait tendance à faire fondre son cœur de pierre, cette fois, ça ne marchait pas.

- Merci pour la leçon, cracha-t-elle en lançant le Vulcain à Sakari. Mes morts m’appartiennent. Ne vous avisez pas d'y toucher.

Sur ce, elle s’éloigna sans s’étendre sur le sujet. Parfois, le silence était préférable à un débat sans fin et inutile. Elle ne changerait pas les nunas et les nunas ne la changeraient pas. Du moins, pas sur un sujet tel que celui-là. Le choc des cultures était trop violent.

Myträ rejoignit Toklo. Non pas qu’il s’agissait de son nuna préféré mais lui au moins était aussi taciturne qu’elle, et puis, il était déjà prêt pour repartir. Il n’avait eu qu’un cadavre à mutiler et attendait donc que les autres aient fini. La blonde se mit donc derrière lui, n’offrant sa mine renfrognée qu’à la pointe de ses chaussures qu’elle fixait obstinément. Elle attendit ainsi que la colonne se reforme et qu’on se remette en route.

Cette fois, il ne fallait pas compter sur Myträ pour animer la marche d’une ambiance joyeuse et insouciante.


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Et merci d’avoir choisi notre agence de voyage - Page 2 EmptyJeu 28 Juin - 14:41
     Tuwawi avait un air un peu perdu. Cette étrangère était un grand mystère pour elle, et ça n’allait pas en s’améliorant. Elle avait, semblait-il, une grande colère en elle, qui était inexplicable à ses yeux de jeune fille. Comme tous ceux de son peuple, elle détestait profondément les Khashans, mais les Nunaqortoqut les voyaient plus comme des animaux que comme des humains, ils n’étaient donc même pas inclus dans leur système de valeur. Ce qu’ils faisaient était inhumain, bien évidemment, vu que c’était bestial. C’était donc normal. Il serait aussi sot de s’indigner de leur cannibalisme que de la violence des précipitations, ou de la pauvreté du sol, de la morsure du froid.
     Ce que Myträ éprouvait était bien différent. Elle considérait assurément les Nunaqortoqut comme des gens de son espèce ; des humains, mais abhorrait pourtant certains de leurs comportements. Pourtant, quand les premiers Nunaqortoqut avaient vu que les gens du sud laissaient les vieillards, les éclopés et les inutiles en vie, au lieu d’épargner à la planète et à la société le poids de leur existence, et que ces mêmes inutiles ne demandaient pas eux-même qu’on les supprime, ils avaient certes été profondément choqués, mais n’en avaient pas fait tout un plat. Et pour cause ; les sociétés des étrangers étaient prospères malgré la présence de ces inutiles, donc ils ne devaient manifestement pas être un frein. Il était donc inutile de perdre son temps à les supprimer.
     Ce sentiment, partagé par tous les membres du peuple de Tuwawi, venait du fait qu’ils savaient pertinemment qu’ils étaient parmi les plus faibles, les plus pauvres, les plus reculés, les plus ignorants de ce monde. Tout ce qu’ils découvraient à l’extérieur n’était que richesse, science, splendeur. Tous les peuples du monde étaient plus intéressants que le leur. Ce n’était certes pas une raison pour les préférer au sien, ni pour importer à tout crin la culture extérieure. Chaque Nunaqortoqut aimait profondément son pays, son peuple, sa famille, ses coutumes. Et pour cause ; il avait été élevé dedans.
     Si Tuwawi avait poussé le raisonnement, elle aurait sans doute supposé qu’étant donné que Myträ faisait partie d’une des cultures les plus puissantes de ce monde, il n’y en avait aucune pour l’impressionner, à part la sienne. Un sentiment de supériorité écrasant en était la conséquence immédiate. En clair, du nationalisme, chose complètement inconnue pour les Nunaqortoqut.

     Ataneqi avait inconsciemment presque fait glisser sa main jusqu’à son couteau quand elle avait entr’aperçu le regard de la militaire sur sa fille. Pour elle, tout ceci était une mauvaise idée. Sakari avait fait une folie en emmenant une étrangère, et elle-même avait fait une folie bien pire en la laissant fréquenter sa fille. Elle blâmait autant l’inconscience de sa cadette que la sienne propre.
     Les Aildorains sont des gens bien commodes, en comparaison. Ils ne posent pas de questions, ni de problèmes. Ils achètent, vendent, chez eux l’argent n’a pas d’odeur, et la force est la seule valeur respectée – avec la solvabilité. Tous avaient vu, voire commis, des actes de sauvagerie bien pires, et s’ils avaient osé dire quoi que ce soit, Toklo leur aurait rappelé la réalité en un regard. Myträ ne serait certainement pas impressionnée par un coup d’œil entendu du guerrier à la hache, hélas.

     Pour Sakari, ça c’était mieux passé que prévu. Maintenant que Myträ ne regardait plus, elle pouvait recueillir ses propres os. Elle avait commencé un manteau en phalanges, avant son départ, et ça l’embêtait de ne l’avoir jamais fini. Elle en avait tué suffisamment pour se faire un bout de manche. Les gens de haute famille comme elle confectionnaient en général leurs manteaux très tôt, car leurs parents étaient de haute famille car de grands guerriers, avec des traditions généalogiques de chefs et d’expéditionnaires de talent. Cette science guerrière se transmettait de générations en générations.
     Son apprentie était allé avec Toklo, et c’était peu-être pour le mieux. Il aurait beaucoup à lui apprendre, malgré son ton abusivement caustique et succinct. Il avait une dureté et une exigence proche de celle des entraîneurs militaires, et supérieure à bien des aspects. Peut-être que cette figure d’autorité lui conviendrait mieux.

     Toklo accueillit Myträ sans un bruit, bien évidemment. Il était sur un escarpement et regardait les collines et les nunataks, qui se multipliaient, avant d’arriver au Dédale. Ataneqi, en contrebas, le regardait. Il se retourna, fit quelques signes de main à son attention, puis retourna son attention vers la Daënare.
     « Tu me suis. »
     Il n’avait pas pris la peine de la regarder. Son regard plissé était perdu dans le lointain, scrutant le meilleur point de passage entre les pics rocheux.
     « Sakari est trop gentille. Tuwawi te déconcentre. Ataneqi est trop une mère. Et tu es ici pour apprendre la guerre. »
     Il parlait avec une certaine lenteur, voire difficulté.
     « Ah. Votre langue est atroce. »
     Il continua dans son patois, la regardant, cette fois. Il lui demanda si elle pouvait comprendre ses mots, si Tuwawi avait fait du bon travail. Puis il lui expliqua qu’ils allaient partir en reconnaissance, ce qui exigeait une très forte endurance, un regard acéré, et une connaissance poussée du terrain.
     En bref, ce n’était pas un exercice où on emmenait les débutants. On pouvait en comprendre que Toklo estimait suffisamment Myträ pour qu’il la juge apte, ou au contraire, et cette hypothèse était plus plausible, qu’il la méprisait, sentiment en rien amélioré par sa réaction devant leurs coutumes sacrées, et qu’il voulait la soumettre à une épreuve totalement hors de ses capacités afin de lui réexpliquer par les courbatures, l’essoufflement, le froid, le sang des pieds et des mains, qui pouvait se permettre de regarder de haut qui.
     Quoi qu’il en soit, il aurait réagi de la même manière, indifféremment de son sentiment profond.
     Il continua dans son patois. Il lui dit qu’il lui apprendrai les signes, les gestes, les mouvements, les poses, et tout ce qu’il fallait savoir pour se déplacer en vitesse dans un milieu hostile, mais qu’il ne se répéterait pas, à aucun moment.
     Les Nunaqortoqut étaient une civilisation de l’oral et de la mémoire, pas de l’écrit et de l’archive. Toklo méprisait les gratte-papiers qui s’usaient les yeux sur des pattes de mouche. Il méprisait la stérilisation mentale que produisait l’absence totale de mémorisation par cœur. Il comptait bien la bombarder d’informations, sans aucune considération pour ses capacités réelles. Si elle n’en saisissait qu’un dixième, estimait-il, ce serait toujours mieux que si elle comprenait tout auprès de Sakari.
     Celle-ci avait fait l’erreur d’avoir été trop compatissante, trop attendrie. C’était dans sa nature, mais en rien irréversible. Elle avait dézà été d’une grande dureté, voire cruauté. Toklo se chargerait de hausser le niveau d’exigence de son apprentie. Il ne voulait certainement pas se charger d’elle plus que pendant un ou deux jours, mais il estimait que ce serait suffisant pour que Sakari puisse revoir sa pédagogie à la hausse.

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Et merci d’avoir choisi notre agence de voyage - Page 2 EmptyVen 29 Juin - 17:18
Daënastre est supérieure. C’est l’élite de l’humanité dans tous les domaines ; culture, innovation, art et politique. Le seul peuple d’Irydaë assez évolué et puissant pour rivaliser avec les puissances surnaturelles de l’ouest. L’espoir du genre humain. Le dernier bastion contre la barbarie et le fanatisme. La lumière de la civilisation qui illumine comme un phare ce monde sauvage et hostile.

Ça, c’était les inepties qu’on rabâchait aux jeunes daënars lorsqu’ils sont encore naïfs et malléables. Que ce soit à l’école ou dans les récits de leurs parents, tout convergeait vers cette vision mirifique de la civilisation daënare. Myträ était une patriote et une militaire bornée, mais même elle parvenait à comprendre que ce n’était pas tout à fait exact. La preuve c’est que dans le cas contraire, elle ne se serait jamais rendue dans ce pays sauvage pour parfaire ces techniques avec les indigènes locaux. Si elle était là, c’est qu’elle reconnaissait que la civilisation daënare n’était pas la meilleure. Il y avait beaucoup à apprendre des autres cultures, même si certains aspects de ces cultures semblaient abjects. Il fallait essayer de passer outre sachant que ce serait dur, mais le jeu en valait la chandelle.

Myträ prenait donc sur elle. Les yeux fixés sur les bottes de Toklo, elle s’enfermait dans ses pensées en attendant que la marche reprenne. Elle mit quelques précieuses secondes avant de réaliser que l'homme lui parlait. Elle ne se rappelait pas avoir déjà entendue sa voix jusque-là, ou bien n’y avait-elle pas fait attention. Ce nuna l’intriguait particulièrement. D’abord parce qu’elle n’arrivait pas à déterminer son lien de famille avec les autres femmes, et ensuite parce qu’il émanait de lui une aura de menace presque palpable. Myträ était une guerrière baignée dans le combat depuis toute petite. Elle savait discerner le danger chez un potentiel adversaire rien que dans son regard. Celui de Toklo hérissait le duvet de sa nuque.

La moue de Myträ se crispa légèrement sous l’effet de la concentration lorsque Toklo enchaina dans sa langue. Tuwawi la lui avait enseigné en route, en effet, mais le nuna ne faisait aucun effort pour faciliter la compréhension de la daënare. Certains accents et intonations échappaient à la jeune femme mais elle comprenait tout de même l’essentiel de son discours. Aussi lui répondit-elle dans son idiome en trébuchant sur chaque mot, essayant de les prononcer distinctement, ou contournant certaines expressions inconnues par une syntaxe maladroite.

- Je comprends tes… phrases, confirma-t-elle. Je comprendrais mieux si… tes phrases, tu les dis lentement.

Myträ était enthousiaste à l’idée de tout ce que Toklo lui faisait miroiter, sans vraiment penser à la difficulté. Il était impensable qu’elle échoue. Pas devant cet homme qui ne tolèrerait aucune faiblesse de sa part. Il y avait aussi cette étrange sensation qui venait lui étreindre le ventre lorsqu’il posait les yeux sur elle. La blonde ne parvenait pas encore à identifier ce dont il s’agissait. En tous cas, cela l’incitait à affronter le mépris dont Toklo pouvait bien l’accabler. Un air de défi anima de nouveau les mires bleues de la militaire qui ne cillait pas devant l’homme à la hache.

D’après ce qu’elle comprenait du programme qui se profilait devant elle, la jeune femme allait souffrir. Tant mieux, elle ne s’était que trop laissée distraire par l’ambiance familiale du clan nuna. Le vrai entrainement allait débuter. Elle était là pour ça après tout.

- Je te suis, confirma-t-elle dans sa langue.

Ca y est, elle parvenait enfin à mettre le doigt sur ce qu’elle éprouvait à chaque fois que Toklo posait le regard sur elle : c’était de la Peur…


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Et merci d’avoir choisi notre agence de voyage - Page 2 EmptyMar 3 Juil - 16:54
     Lui qui ouvrait si rarement la bouche, cette jeune étrangère voulait en plus faire durer le plaisir en lui demandant de faire en sorte qu’elle puisse suivre. Elle n’avait pas compris le sens de la pédagogie de Toklo, manifestement. Il pensait qu’on ne pouvait apprendre que face à l’adversité, à un obstacle presque insurmontable, qui obligeait à produire de vrais efforts. Il aurait donc presque été tenté d’accélérer le rythme. L’enthousiasme apparent de Myträ le convainquit cependant. Il lui faudrait du temps, mais elle s’appliquerait. Ce n’était que ce qu’il demandait, du reste ; de ne pas avoir à la traîner comme un boulet.
     C’est pourtant exactement ce qui ce passa. Toklo allait vite, et le terrain ne pardonnait pas. Plus d’une fois, il attrapa l’apprentie par le col, pour la remettre sur pieds après qu’elle se soit trouvé le nez dans la neige suite à une pierre traître, comme il l’aurait fait avec Tuwawi. Plus d’une fois, il la réprimanda sèchement après qu’elle eut mis sa vie en danger en manquant de dégringoler d’une pente ou de tomber dans une crevasse dissimulée par la neige. Il la traitait comme une enfant, ce qu’elle était à ses yeux. Les enfants ne savent rien, mais sont plein d’assurance plus que de prudence. Pour être exact, il confondait en fait la résolution typiquement militaire – et donc qu’il ne pouvait comprendre – qui alimentait Myträ avec de la puérilité.
     Lors des pauses régulières, le temps de boire un coup, d’avaler quelque chose et d’observer le terrain, il dispensait par phrases laconiques des conseils.
     « Si tu ne peux repérer au premier coup d’œil où mettre le pieds et où ne pas le mettre, concentre-toi sur tes sensations. Comment est la neige. Jusqu’où tu t’enfonces. Et tâte-la avec ça. »
     Il lui lança un bâton de marche. Utile, pour sonder la profondeur avant de poser le pieds.

     Toklo dessinait aussi très, très bien les paysages. Des lignes claires, détaillées, rapides. Il n’aimait pas utiliser du papier, cette invention pernicieuse des terres du sud qui tuait la mémorisation, mais dessiner des montagnes lui plaisait, à titre de distraction. À chaque pause, il tâchait de trouver un massif aux formes intéressantes, et s’appliquait à les retranscrire avec un crayon de qualité moyenne. Il en avait tout de même trouvé l’avantage suivant : en les dessinant, il comprenait mieux les formes du relief ; leur âge, leur structure générale, leurs composants minéralogiques, les abris et les dangers qu’ils pouvaient comporter.
     Il ne s’en cachait d’ailleurs pas, mais refusait de répondre si d’aventure on lui posait des questions. Les curieux n’avaient qu’à observer, et se taire pour comprendre, comme il le faisait lui. Toklo n’allait certainement pas mâcher le travail de quiconque.

     La promenade par monts et par vaux dura jusqu’au soir, dès qu’il fut trop tard pour y voir quelque chose. En ces quelques heures restantes de jour, ils avaient couvert une grande distance. Ils étaient maintenant aux pieds du Dédale. On pouvait voir ses terrifiantes formes en pics acérés, et au loin, alors que le soleil les illuminait une dernière fois avant de disparaître, des points qui tournoyaient sur les sommets. Des créatures ailées peu recommandables qu’il faudrait sûrement affronter.
     « Demain, on y va. Tu ne survivras pas même avec moi, ni moi qu’avec toi, mais on peut tenter de grimper ce sommet, pour en savoir plus. »
     Il désigna un petit pic, très proche, qui semblait aisé à escalader en comparaison de ses grands frères, mais restait tout de même incroyablement pentu. Il dominait un val qui serpentait dans le Dédale, et était sa principale voie de traversée dans la région.

     Dès demain, Toklo enverrait des signaux aux femmes, leur indiquant par où passer, et les dangers rencontrés. Ils étaient pour la plupart de nature géologique : une pente qui menaçait de s’effondrer, un cours d’eau gelé qui montrait des signes de fragilité de la glace, une falaise, ce genre de choses.
     Ces signaux, Toklo l’avait expliqué tantôt à Myträ, étaient composés d’un feu des deux côtés, à heure fixe, afin de repérer où les deux parties se situaient. Ensuite, grâce à des épailles polies, ils s’enverraient des messages en morse, en reflétant la lumière du soleil par intermittence.

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Et merci d’avoir choisi notre agence de voyage - Page 2 EmptyMer 4 Juil - 19:04
La blonde approcha ses mains tremblotantes du feu qui lui léchait timidement le bout des doigts. La journée n’avait pas été de tout repos. Toklo l’avait fait crapahuter à rythme soutenu dans la neige, et même si le bâton l’aidait à ne plus tomber dedans, il ne changeait rien à la fatigue d’avoir à se débattre dans cette semoule blanche. Malgré la difficulté et les humiliations régulières de la part du nuna, pas une fois la daënare ne s’était plainte ou n’avait rechignée. Bon, elle s’était peut-être énervée une fois ou deux et elle avait repoussé sèchement l’homme qui la rabrouait une énième fois, mais c’était la fatigue et la frustration qui parlait. Elle n’aimait pas la façon qu’il avait de la considérer comme une enfant. Son ignorance et son manque d’expérience dans le milieu arctique n’était pas une excuse pour la traiter comme une gamine à qui on apprend les bonnes manières.

L’escalade avait été la partie la plus difficile. Plusieurs fois une prise s’était dérobée sous son pied et elle s’était retrouvée à se balancer au bout de la corde, uniquement reliée à Toklo. Elle devait ensuite puiser dans ce qui restait de ses forces pour trouver de nouvelles prises, tout cela sous l’ire du nuna qui n’appréciait guère devoir supporter le poids de sa partenaire maladroite. Heureusement que la jeune femme ne pesait pas bien lourd, au point que les à-coups de la corde qui se tendait sous sa chute ne le faisait pas bouger d’un pouce.

Lorsque ses doigts retrouvèrent leur agilité naturelle sous l’action bienvenue de la chaleur, Myträ entreprit de faire chauffer de la neige fraiche dans une bouilloire. Elle avait récupéré des lichens et des herbes coriaces qui s’accrochaient désespérément aux rares façades rocheuses encore vierges de neige. Sans vraiment savoir de quelle plante il s’agissait, la jeune femme les jeta toutes dans l’eau bouillante, pensant qu’une boisson chaude ferait un complément de chaleur bienvenue à leur triste dîner composé de viande séchée et de fromage.

« Demain, on y va. Tu ne survivras pas même avec moi, ni moi qu’avec toi, mais on peut tenter de grimper ce sommet, pour en savoir plus. »

- C’est très rassurant, commenta une Myträ pince-sans-rire.

Myträ lorgna sur les silhouettes montagneuses que Toklo traçait sur son papier. Elle ne pouvait faire que ça puisque l’homme la rabrouait d’un grognement à chaque fois qu’elle tentait de poser une question à ce sujet. C’était de l’art apparemment. A partir du moment où ça ne sert à rien, c’est ainsi qu’on peut le qualifier.

L’homme n’était pas très loquace, si ce n'est pour l'inonder d'un flot de recommandations. Ce qui arrangeait bien la daënare qui ne l’était pas non plus. Même lors des rares pauses que le nuna leur accordait, il arrivait qu’ils n’échangent pas un seul mot. Cependant, la curiosité aiguillonnait de plus en plus l’orientale qui ne savait quasiment rien du mystérieux guerrier à la hache. D’autant plus que les informations qu’elle avait essayé d’arracher à Wawi n'avaient qu'amplifiées le mystère au lieu de le dissiper.

Assise devant le feu, elle donna un coup de hanche pour se rapprocher de Toklo. Dans le ciel, le soleil se faisait avaler par le puits du monde, laissant derrière lui le froid et les ténèbres s’en donner à cœur joie. Elle fit passer à Toklo une tasse de son thé expérimental après qu’il eut suffisamment infusé et en prit elle-même une tasse fumante. Le liquide chaud semblait rappeler à son corps à quel point il était frigorifié car ses tremblements reprirent de plus belle et ses dents se mirent à jouer des castagnettes.

- C’est la première fois… que tu entraînes une daënare ? Demanda-t-elle en trébuchant toujours sur le langage nuna. Je demande parce que c’est Sakari qui est… hum… à qui on donne les Irys. Pourquoi tu m’entraines… toi ? Tu n'es pas obligé… … Merci ! En tous cas…

Après sa faible tentative pour engager la conversation, la petite blonde se recroquevilla sur ses jambes pour soustraire le plus possible son corps à la morsure du froid. Si vous pensez qu’il fait froid à Marnaka, attendez donc d'avoir à passer une nuit sur le flanc d’une montagne avec un pauvre petit feu comme seule source de chaleur.

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Et merci d’avoir choisi notre agence de voyage - Page 2 EmptyDim 8 Juil - 17:02
     Dans l’ensemble, Toklo avait été assez mécontent de Myträ, mais il ne s’attendait pas lui-même à ce qu’elle puisse faire plus que ce qu’elle avait déjà fait. Si ça avait été Sakari, la détermination toute militaire de l’apprentie aurait forcé le respect, mais Toklo n’avait que faire de quelqu’un de discipliné et de peu compétent – là où, à l’inverse, on aurait préféré avoir quelqu’un de discipliné mais de pas forcément compétent dans une armée.
     Il avait toutefois su apprécier son mutisme et son écoute. En comparaison, Sakari était un moulin à parole, mais aussi une des rares personnes capables de discuter longuement avec Toklo. Il serait beaucoup de dire que l’étrangère l’intriguait, mais il n’était pas dénué d’une certaine curiosité. Elle qui s’était montrée si revêche face aux coutumes les Nunaqortoqut après la bataille avait maintenant un caractère tout à fait différent. Même Sakari, qui pourtant sautait régulièrement du coq à l’âne, était plus constante. Il devait y avoir une raison supérieure, qui poussait Myträ à endurer cet entraînement. Ataneqi lui avait fait part de ses inquiétudes au sujet de l’étrangère, mais après ces heures de promenade, il commençait à douter de leur pertinence.

     Cette fois-ci, elle rompit le silence. Comme la nuit tombait et qu’on ne pouvait plus voir le paysage, il n’avait rien de mieux à faire. Il est vrai qu’il commençait à faire froid. Discuter un peu permettrait d’oublier cette sensation.
     « Je n’ai que faire de vos rondelettes de métal. Je me contente d’accompagner ceux qui descendent. »
     Il y avait un intérêt triple, pour les Nunaqortoqut qui faisaient la descente. Déjà, ça leur permettait d’échanger des biens. Les fourrures et les pièces d’artisanat qu’ils pouvaient se procurer étaient très prisées à Aildor, et jusqu’à Daënastre. En échange, ils obtenaient des fusils, des outils, des armes forgées, des conserves, dont le métal était ensuite fondu pour être récupéré, et d’autres biens utiles. Aussi et surtout, depuis que Sakari avait participé à la réorganisation du commerce avec Aildor, on essayait d’obtenir des connaissances. Des techniques de fabrication, de moulage, voire l’écriture, des récits sur le monde extérieur. Enfin, cela apportait beaucoup de prestige aux explorateurs, ce qui n’était pas un vain mot. Un grand expéditionnaire pouvait se voir confier la direction d’une armée contre les Khashans, ou encore devenir chef, ou voir un de ses enfants être entraîné pour devenir shaman. Les expéditions permettaient de sélectionner les meilleurs membres des tribus, et donc de leur donner les postes qu’ils méritaient.
     Toklo se moquait des biens et des savoirs des étrangers, et sa lignée maudite l’interdisait de rechercher la gloire et l’ascension sociale. Par contre, si on pouvait se souvenir de lui comme celui qui protégea ses amis et sa famille d’adoption, en bravant à leurs côtés les plus grands des risques, alors au moins les divins ancêtres pourraient le regarder sans avoir honte ou pitié de lui.
     « Sakari se moque aussi de vos rondelettes de métal. Tu lui demanderas. Et oui, c’est la première fois que je m’occupe d’une étrangère. Je le fais parce que je dois protéger tout le monde. On se protège les uns les autres. Or si je ne  m’occupe pas de toi, tu vas te tuer ou causer la mort de quelqu’un. »
     Après ça, il ne dit plus mot.

     Le Soleil finit de disparaître. Le couchant était quelque chose de splendide, sur ce bord du monde. La neige devenait dorée. Ce serait encore plus impressionnant quand ils seraient sur la grande plaine de Marnaka, où les pointes du Dédale se mettraient à projeter leur ombre sur les dizaines de kilomètres.
     Tous deux étaient dans un petit renfoncement, bien à l’abri du vent. Juste après sa réponse à Myträ, il se leva, alla se poser dans un coin où la neige bien tassée faisait un matelas très doux, et invita la Daënare à le rejoindre.
     « Viens dans mes bras. Je ne plaisante pas. C’est pour se tenir chaud. »

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Et merci d’avoir choisi notre agence de voyage - Page 2 EmptyLun 9 Juil - 19:42
Myträ lâcha un panache de vapeur après avoir prise une gorgée de son thé. C’était immonde. Toklo n’y avait même pas touché, présumant avec succès des pauvres talents de cuisinière de son apprentie. Cependant, la chaleur à elle seule parvenait à rendre l’expérience agréable. Tout en profitant de cette sensation, elle inclina la tête vers le nuna en l’écoutant affirmer qu’il ne s’intéressait pas aux Irys, et présuma immédiatement que Toklo ne se rendait simplement pas compte du pouvoir de ces « rondelettes de métal ». Ce qui n’était probablement pas le cas de Sakari, plus ou moins au fait des possibilités apportées par la technologie daënare. Ça se voyait à son équipement. Myträ n’était donc pas convaincue que la nuna crache aussi facilement sur le paiement de l’armée sachant que cela pour lui permettrait d’obtenir du matériel encore plus sophistiqué.

- Je lui demanderai, confirma la militaire.

Elle ne comptait pas se lancer dans un débat sur les bienfaits de la richesse dans une société capitaliste. Sa réponse était tranchante, coupant court à la conversation tout en signifiant que les dires de Toklo n’étaient pas crus sur paroles. Les nunas ne semblaient pas particulièrement intéressés par les techniques de combat que la Capitaine maitrisait. Ce qui tombait bien puisqu’elle n’était pas non plus disposée à partager ces connaissances. Aussi ne voyait-elle pas quel autre intérêt que la rémunération pouvait bien avoir sa présence parmi eux.

Toklo lui proposa ensuite de le rejoindre dans sa couche…

Myträ lui décocha un regard neutre, mais ne put garder bien longtemps son air sérieux. Son masque d'impassibilité se fissura lentement alors qu’un petit sourire amusé se dessina sur ses lèvres rougies. La jeune femme finit par être secouée d’un rire nerveux. Loin d’elle l’idée de se moquer du fier guerrier à la hache, mais le voir se justifier d’un « c’est pour se tenir chaud » avait quelque chose de risible.

Il avait raison de préciser et d’assumer automatiquement qu’une daënare avait une pruderie malvenue, car c’était effectivement le cas de la plupart d’entre elle. Cependant, Myträ était une guerrière avait d’être une femme. La pudeur devenait une notion toute relative quand on partageait le quotidien d'une caserne remplie d'hommes. De plus, elle avait une telle confiance en ses compétences martiales, qu’elle n’avait pas peur des hommes. Si beaucoup de femmes se sentiraient mal à l’aise de se mettre ainsi à la merci d’un inconnu, la militaire ne s’estimait pas en position d’infériorité. La confiance en Toklo n’a rien à voir là-dedans. Myträ était simplement meilleure au combat que lui. Du moins, c’est ce dont elle était convaincue.

Elle avait parfaitement conscience que le partage de chaleur était essentiel. C’était même une proposition bienvenue vu le froid glacial qui s’abattait sur eux. La blonde ne se fit pas prier et rejoignit le guerrier à la hache après avoir retiré la broche qui maintenait sa fourrure en place. Elle contribua ainsi à l’effort collectif en recouvrant l’homme dans sa fourrure, puis se glissa à l’intérieur de ses bras. Elle s’y blottit et fourra son museau dans le creux de son épaule. Ses cheveux dorées sentaient bon le seigle chaud, comme l’odeur des épis de blé laissés sous le soleil d’été ; celui de Daënastre, doux et réconfortant, et non celui de Marnaka, agressif et froid. La blonde était protégée des affres de cette région hostile dans son cocon ouaté. Si bien que ses tremblements finirent par mourir grâce au corps chaud collé contre elle.

- Tu es qui dans le clan ? Chuchota Myträ qui n’avait pas fini de bavardé semble-t-il. Je… croyais que tu étais père de Tuwawi, mais elle a dit « non » et elle était choquée. Je ne comprendre pas sa… hum… tête qu’elle a fait… Réaction ! Je ne comprendre pas sa réaction.

Sa faible maitrise de la langue lui donnait une bonne excuse pour ne pas se montrer diplomate, car elle n’avait pas la possibilité de choisir des mots plus subtils pour s’exprimer. Une bonne excuse il est vrai, même si elle aurait sans doute utilisé les mêmes mots dans le langage commun. L’hésitation en moins.

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Et merci d’avoir choisi notre agence de voyage - Page 2 EmptyJeu 12 Juil - 16:26
     Un rire ? Toklo eut un léger moment d’incompréhension. C’était donc à ça que Sakari faisait allusion, quand elle parlait du manque d’esprit pratique des gens du sud, et de leur préférence à des considérations autres que purement pratiques et liées à la survie. Il est vrai que, vu les températures des pays des étrangers, on pouvait sans doute se permettre la mollesse. Ce n’était pas le cas, à Marnaka. Ce n’était pas non plus le cas à la guerre. Myträ avait sûrement déjà connu des affrontements, des batailles, mais jamais la guerre, dans sa forme totale et s’étalant sur des années, avec les Mÿ’trans.
     Pour parfaire son entraînement, il faudrait l’emmener combattre des Khashans. La guerre entre eux et les toutes les tribus indigènes voisines durait depuis qu’ils existaient. Même si elle ne restait que le temps d’une expédition, ce serait suffisant.
     Toklo avait de l’expérience. Il se serra contre Myträ, la frictionna pour créer un peu de chaleur, et s’arrangea pour que les extrémités des deux soient recouverts par plusieurs couches de fourrure et de chair. C’était le meilleur moyen de ne pas les perdre au petit matin. Naturellement, ça impliquait un contact physique très proche, voire intime, mais son air occupé laissait très bien transparaître qu’il n’avait en rien l’intention de tirer du plaisir de cette situation. Jamais il ne se permettrait de faire quoi que ce soit à une étrangère, ce serait très inconvenant.
     Quelque part, il est même possible qu’il fût heureux que ce soit à lui de dormir avec la Daënare, autrement, elle aurait partagé la couche de Tuwawi. L’espièglerie de la jeune aurait pu être mal interprétée. N’en parlons même pas si ça avait été à Sakari de s’y coller.

     On n’allait tout de même pas échapper aux confidences sur l’oreiller. Si elle avait commis ce genre d’impair, elle allait les répéter. Ce n’était pas grave devant une enfant. Ce le serait plus devant qui que ce soit d’autre. Toklo savait d’ailleurs que s’il avait été à la place d’Ataneqi, dans la même situation, et qu’une étrangère avait osé suggéré qu’elle s’était accouplée à un Toklo pour faire sa fille, il aurait massacré cette étrangère sur-le-champ.
     « La famille est sacrée, chez nous. Sacrée. Quelque chose, je crois bien, que les orientaux ignorent. La famille de Sakari est couverte d’honneurs, de héros, de grands chefs. Elle est très-sacrée. La famille de Tuwawi est comparable. La mienne est maudite. À l’avenir, évite de poser des questions sur les clans, ou uniquement à Sakari, et fais en sorte que personne ne t’entende. Je ne connais pas d’offense comparable dans ta culture à ce que tu viens de dire, mais elle le sait sûrement, elle pourra t’expliquer. »
     Puis il retomba dans son mutisme, faisant clairement comprendre qu’il n’avait pas envie de parler plus. Il n’avait pas vraiment d’effort à faire en ce sens.

     Du côté de Sakari, la journée s’était bien mieux passée. Elle avait mis à profit ces heures pendant les quelles Toklo et son apprentie partaient en éclaireur pour entraîner les Kissipoq mère et fille au fusil. Tuwawi était modestement douée mais en tout cas plus que sa mère, qui avait un mal fou à sortir de la logique de l’arc. Elle avait évidemment déjà manié de telles armes, mais celle qu’on trouvait à Nunaqortoq avaient quelques générations de retard.
     Quand le message parvint aux femmes, elles en déduisirent l’itinéraire le plus aisé et le moins dangereux. Toklo et Myträ avaient mis plusieurs heures pour reconnaître le terrain comme il se devait, afin d’éviter tout tracas aux traversées ultérieures. Ainsi, le groupe de Sakari allait parcourir cet espace en trois heures à peine. Il avait été prévu que tous deux se retrouveraient dans la vallée repérée par Toklo, qui permettrait d’entre dans le Dédale. La désescalade du petit pic emprunté pour observer le terrain allait être plus longue encore que son escalade, en partie parce qu’il faudrait éviter de tuer Myträ lors de l’exercice.

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Une fois de plus, Myträ n’avait rien compris à ces histoires de familles sacrées, mais elle avait finalement saisie le tabou dont elles étaient entourées. Désormais, elle cesserait d’aborder le sujet. Ainsi ne ferait-elle pas d’impaire. Même si elle ne se rendait pas encore compte de l'importance des familles et de leur prestige chez les nunas, elle touchait du doigt la portée de ces paroles. Tuwawi qu’elle avait traumatisée, puis Toklo qui lui faisait remarquer sa grossièreté crasse, il n’en fallait pas plus pour la décider à fermer son clapet.

Ainsi les deux étrangers s’endormirent sans échanger un mot de plus, leurs deux corps combinant leurs efforts pour combattre le froid. Enfin… Dormir est un bien grand mot dans ces conditions. Disons qu’il arrivait parfois à Myträ de somnoler très légèrement, oubliant l’inconfort de sa position et la respiration de Toklo dans son oreille. Dans cette posture, la proximité d'un homme était loin d'être agréable. Elle attendit donc que se montre l'aube pour une autre journée sans avoir récupéré de la précédente. La militaire puisait dans ses réserves une fois de plus car la nuit n’avait pas été particulièrement reposante. Ce qui l‘handicapa particulièrement dans la descente de la montagne. Sa concentration lui échappait parfois et elle réitérait les mêmes erreurs que lors de son ascension. Les remontrances de Toklo n’y faisaient rien cette fois. Myträ était fatiguée et fourbue. Sa mauvaise connaissance de l’escalade lui faisait utiliser ses bras plutôt que ses jambes, si bien qu’elle se retrouvait vite tétanisée, incapable de garder ses prises.

Toklo était sans pitié, la poussant toujours plus et l’inondant de conseils. Mais il y avait bien longtemps que son cerveau n’imprimait plus ce qu’il lui disait. A la fin, elle ne comprenait même plus la langue nuna, la traduction mentale exigeant une concentration qu’elle ne pouvait maintenir plus de quelques secondes.

La fierté était la seule chose qui la faisait progresser sur les traces du guerrier à la hache. Bien que décidé à ne faire aucun cadeau à la daënar celui-ci avait dû ralentir le rythme. Ne serait-ce que pour accabler la blonde de ses reproches, l’homme était obligé d’adapter son pas. Reproches auxquelles Myträ ne répondait rien, comme à son habitude, s’emmurant dans son silence coutumier. Cette fois cependant, ce n’était pas lié à son caractère mais plutôt parce qu’elle était à deux doigts de l’évanouissement. Elle passait les crêtes escarpées et descendait en rappel à la manière d’un automate, comme si les fonctions de son corps étaient réduites à leur minimum.

Cependant, ce parcours du combattant avait une fin. Au pied du pic, les nunas attendaient d’être rejoins par leurs éclaireurs. Une précaution qui aurait été inutile si les dits éclaireurs n’étaient pas handicapés par une daënare lente et inexpérimentée. Toklo rejoignit bien évidement le groupe en premier suivi d’une Myträ en mauvais état. Le gel avait élu domicile sur les pics de sa tignasse blonde ainsi que sur ses cils, l’embellissant d’une jolie couronne de glace qu’elle n’avait même plus la force de chasser. La fatigue l’avait rendu livide et elle était aussi pâle que la neige dans laquelle elle trainait les pieds.

Elle parvint tout de même à rejoindre les nunas et à leur faire face. Elle leur décocha même une mine nauséeuse accompagnée d’une grimace qui devait sans doute être une tentative avortée de sourire.

-Bien. Continuons, les invita-t-elle toujours très laconiquement.

Myträ donna l’exemple et avança dans la direction qu’ils avaient marqués, elle et Toklo, lorsqu’ils avaient repéré le passage dans le dédale. Cependant, elle trébucha une nouvelle fois dans la neige, ne pensant même plus à utiliser son bâton de marche. Elle s’étala donc face en avant.

Mais cette fois, elle ne se releva pas…

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Et merci d’avoir choisi notre agence de voyage - Page 2 EmptyMer 18 Juil - 19:29
    « Tu l’as cassée. »
    Constat simple. Toklo haussa les épaules pour seule réponse. Tuwawi s’était précipitée sur Myträ, l’avait mise sur le côté, inspecté ses yeux et son souffle. Elle s’était évanouie de fatigue.
    « Bon, en même temps, je ne m’attendais pas à moins. Elle a été comment ?
    – Elle a tenu jusqu’ici. Avec toi, elle pourra y survivre.
    – Mais tu n’approuves pas.
    – Mais je n’approuve pas. Ataneqi ?
    – Mm ? Ah. »
    La mère étant la plus âgée, et du fait de la présence de sa fille, celle que avait le plus à perdre si le voyage se passait mal, la coutume voulait que ce fut à elle de trancher sur toutes les décisions importantes.
    La question était toutefois assez difficile, pour elle, car son sentiment sur Myträ était trop jeune pour avoir une quelconque valeur. Elle voulait vraiment ne pas être le jouet de l’impression première que lui avait faite l’étrangère, à savoir d’être une fanatique ignorante et dangereuse qui ferait mieux de rester aussi éloignée que possible de sa fille. Au moins, la résolution dont elle avait fait preuve était digne de respect. La présence de Toklo Pikkorippoq suffirait à faire faner les salades. S’il n’avait pas laissé l’étrangère mourir dans quelque doline, c’est que celle-ci avait eu assez de volonté de vivre pour s’accrocher coûte que coûte. On respectait beaucoup le courage, à Nunaqortoq.
    Si on devait lui demander son avis, elle dirait que ça valait la peine de l’emmener malgré tout. Toutefois, Ataneqi détestait prendre ce genre de décision. Elle était une mère, comme savent être les mères dans son pays, un archer de grand talent, une chasseuse experte, un professeur pour les plus jeunes, et elle maîtrisait les plantes et les onguents qui soignent, mais le rôle de chef lui était totalement étranger.
    « La décision finale revient à Sakari. C’est elle qui l’a amenée, c’est elle qui connaît le mieux les étrangers. »
    En son âme et conscience, elle n’aurait pas pu mieux faire. Ataneqi adressa une petite moue désolée à Sakari.
    « Hé bien, elle vient. Toklo, je te remercie pour ton avis et ta prise en charge, j’en prendrai compte. »
    Il ne répondit pas.

    Les Kissipoq mère et fille avaient été aux petits soins avec Myträ. Le groupe avait monté un camp, fait un feu, préparé une boisson chaude. Tuwawi s’était affairée à frictionner les extrémités de la Daënare pour leur transmettre de la chaleur, et avait débarrassé son visage de la glace qui parasitait ses cheveux.
    Toklo était parti inspecter les environs et chasser du petit gibier.
    Sakari avait repéré un petit bosquet qui poussait à l’abri du vent, et s’y était rendue.
    Il ne restait que les trois femmes quand Myträ se réveilla, réveil qui fut accueilli par un petit cri enthousiaste de Tuwawi, qui continua dans la langue commune.
    « Ah, Mymy, t’es réveillée ! Dis-donc, tu nous a fait peur. Ça va ? Tu dois avoir faim et soif. On t’a préparé une soupe. »
    Elle lui tendit un bol. De l’eau chaude, des herbes, des petits morceaux de viande, des racines, le tout formant un bouillon fort en goût.
    « Dès que tu seras remise, Sakariri aura une surprise pour toi. T’as tenu bon avec l’autre démon de guerre, c’est pas rien, ça mérite bien un petit quelque chose. »
    L’expression désignant Toklo, prononcée dans la langue des Nunaqortoqut, n’avait jamais été entendue par Myträ, mais elle pouvait faire le rapprochement avec sa propre langue, car les deux étaient relativement proches.

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Et merci d’avoir choisi notre agence de voyage - Page 2 EmptyJeu 19 Juil - 19:47
Myträ reprit ses esprits dans un sursaut. Pour elle, il ne s’était écoulé que quelques secondes entre le moment où elle s’était gaufrée dans la neige et où elle s’était réveillée, un peu comme si on l’avait débranchée puis rebranchée à l’aide d’un appétissant fumet de soupe à la viande. Elle se débattit donc quelques secondes comme pour se relever puis regarda autour d’elle tandis qu’elle reprenait pied avec la réalité.

- Merde, jura-t-elle en comprenant qu’elle s’était évanouie.

Elle écrasa un poing rageur sur le sol, mais se calma aussitôt en réalisant que c’est Wawi qui la veillait. Sa présence n'éteignait pas sa fureur mais la masquait au moins derrière une retenue polie. Myträ avait de quoi être vexée. Elle s’était tout de même évanouie devant toute la tribu. Et on l’avait même chouchouté et gardé un bol de soupe. L’humiliation était si grande qu’elle aurait payé cher pour s'être réveillée avec un bon coup de pied de Toklo dans les côtes plutôt qu'une soupe.

Elle accepta cependant le bol chaud avec reconnaissance. Celui-ci la brulait alors que le potage était seulement tiède, mais grâce à cela, elle cessa de greloter et sentit même un peu de vie revenir dans ses extrémités. Myträ prit son temps pour se remettre de sa mésaventure. De toute manière, il ne semblait pas qu’elle était attendue. Toklo avait disparu – peut-être parti de nouveau en éclaireur sans le boulet qu’était la daënare – et Sakari n’était pas non plus dans les parages. Quoiqu'après un bref tour d’horizon, la blonde l’aperçut qui trifouillait dans les buissons. Myträ détourna donc le regard car elle ne savait pas bien comment cela se passait chez les nunas, mais chez les orientaux, les besoins naturels faisaient partis de la longue liste de tabous liée à l’intimité.

Cependant, il semblerait que les activités de Sakari dans son buisson étaient toutes autres, et bien plus nobles, puisqu’elle s’affairait à préparer une ‘surprise’ d’après les dires de Wawi, elle qui s’était si bien occupée de la daënare. Cette dernière ne gardait aucune rancune de l’épisode de barbarie fâcheux dont elle avait pu témoigner sur le champ de bataille. Elle avait été juste choquée sur le moment mais cela ne changerait rien à ce que Myträ pensait déjà de la jeune fille. D’ailleurs elle s’attendait à être témoin d’autres scènes de ce genre. Il fallait seulement qu’elle parvienne à maitriser ses réactions à chaud. Après tout, tant qu’on ne la forçait pas à faire comme eux, l’orientale ne serait pas dérangée outre mesure. Du moins, pas au point de devenir un danger comme le craignait Ataneqi…

En effet, même si elle avait feint de ne rien avoir vu, elle avait parfaitement remarqué que la matriarche avait esquissé un mouvement vers son arme. Cela témoignait bien de la piètre opinion qu’elle avait de Myträ. Comment pouvait-elle s’imaginer qu’elle était folle au point de devenir une menace en raison d’une simple profanation de cadavre ? Certes, c’était horrible et irrespectueux mais ça ne méritait pas de réaction violente.

De nouveau en forme, Myträ se leva pour aller au-devant de Sakari ; la curiosité lui aiguillonnant les reins comme un picador frénétique. Dans sa plénitude physique, Myträ était bien plus agile dans la neige, signe que Toklo n’avait pas fait qu’user son endurance. La blonde héla la nuna de loin en agitant son bras qui dépassait de la fourrure noire.

- Wawi m’a dit que tu avais une surprise, lança-t-elle en faisant porter sa voix. J’espère que c’est une Armure Assistée.

Ah quelle joie que les déplacements dans de telles armures. La puissance mécanique à disposition du pilote lui permettait de rapides foulées sans jamais se fatiguer. Cependant, il y avait de grande chance que dans un environnement pareil, la machine soit plus un poids qu’un avantage à cause de l’entretien colossal qu’il faudrait déployer pour empêcher le givrage des systèmes mécaniques. Alors évidemment que la Capitaine plaisantait, même si c’était plutôt rare…

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