Pas de problèmes que des solutions ? [PV Kashira]

- "On en a assez fait pour aujourd'hui. On verra la suite demain !"

L'air est toujours aussi froid dans cette région malgré le mois de juin qui n'est plus qu'à quelques jours. Mieux vaut ne pas trop trainer dans les rues une fois le soleil couché. Et c'est exactement ce que compte faire Swenn en sortant de l'un des bâtiments de traitement de magilithe dans lequel il a passé la journée. Le besoin d'en apprendre toujours plus sur ce matériau qu'il ne maîtrise pas encore comme il le voudrait se fait sentir un peu trop régulièrement. Les limites des matières premières avec lesquelles il est habitué à travailler sont de plus en plus frustrantes. Pour aller au delà il en a conscience, il lui faut apprendre à utiliser cette pierre aux propriétés impressionnantes. Apporter des soins plus efficaces, capables de remettre sur pieds des blessés graves en un temps record. Gérer plusieurs personnes en même temps sans pour autant détériorer la qualité du travail effectué. Mais Swenn ne fait pas partie de ces scientifiques qui aiment apprendre dans les livres. Si de nombreux ouvrages passent inévitablement entre ses mains, ce qu'il préfère, c'est la connaissance tacite. Celle que possèdent ses confrères. Ceux qui ont l'expérience. Et qui peuvent la transmettre.

22 heures passées, le chimiste pousse donc la porte d'une taverne du troisième quartier, celui où il a passé la journée. Pas question de trainer trop longtemps dehors. Parce que s'il doit faire des efforts pour ne pas se montrer affreusement désagréable avec ces autres hommes de science qui acceptent - contre monnaie sonnante rien n'est gratuit... - de lui livrer quelques astuces, le soir venu, il lui faut en revanche décompresser. Et trouver une occasion de laisser la liberté à sa mauvaise humeur habituelle de s'exprimer. Pour ça, rien de mieux qu'un lieu composé d'ivrognes, où il peut ne pas finir en bien meilleur état.

Toujours suivi de son fidèle compagnon bruyant, Swenn entre dans l'un de ces établissements qu'il connait bien pour y avoir souvent élu domicile des nuits entières lorsqu'il habitait la région. Et que son travail impliquait de passer plusieurs jours à Änkar. Pas vraiment le genre de souvenir qu'il voudrait se remémorer, mais c'est assez difficile quand il y a des mois qu'il évite de remettre les pieds à Hinaus. Endroit où l'une des parties de sa vie dont il a bien du mal à faire le deuil se trouve. Heureusement, comme à chaque fois, les besoins liés au travail réussissent à le faire passer au dessus, et le voilà bien décidé à mener à bien ce nouvel objectif d'apprentissage.

Ce qui ne l'empêche pas pour autant de très vite tomber dans un état de morosité avancée. Installé seul à une table dans le fond de la pièce, une pinte de bière comme principale amie, il peut se permettre d'observer les alentours. Rien n'a beaucoup changé depuis la dernière fois qu'il est venu. La décoration parait toujours aussi austère, bien que plus élaborée que celle des tavernes des plus bas quartiers. Et surtout, le mobilier et la vaisselle utilisés paraissent beaucoup mieux entretenus. Pas de verre ébréché, ni de trou dans les murs. Il est même possible de trouver certains endroits du sol qui ne collent pas encore !

La plupart des personnes qui animent ce lieu sont relativement bien habillées. Il n'ira pas jusqu'à dire élégantes. On sent qu'il s'agit de personnes habituées à trimer pour obtenir de quoi vivre décemment. Pas d'arrivistes. Quelques uns qui commencent à être bien éméchés. La majorité de ces hommes et femmes doivent également avoir eu une journée de travail bien remplie avant de venir s'accorder quelques moments de détente en cet endroit.

Les minutes défilent, les clients aussi, et son verre se vide. Après avoir repris de quoi poursuivre son chemin vers l'ébriété, un rapide coup d’œil pour surveiller Din, le Novsh très occupé à inspecter le plancher et tout ce qui lui semble comestible, Swenn peut reprendre son observation. Si les lieux n'ont pas changé, les visages en revanche ne sont plus les mêmes que ceux qu'il a pu connaitre. Plutôt une bonne nouvelle, il n'a pas envie qu'une bonne âme à la mémoire supérieure à celle de tous les idiots qui peuvent s'amasser dans un tel endroit vienne lui faire la conversation. Beaucoup de petits groupes éparpillés en divers endroits. Quelques-uns qui paraissent ne pas réussir à quitter complètement le boulot. D'autres qui à l'inverse en sont très loin, le niveau sonore plus important accompagné de rires indélicats à intervalles rapprochés.

Et un autre groupe plus discret, non loin de lui, préférant également le fond de la salle. Pas très difficile pour le chimiste de deviner que les affaires qui doivent s'échanger de ce côté là n'ont rien de très légales. Pourtant, ces types n'ont pas l'air de sortir de la rue. Plus richement vêtus que la majorité des autres gus présents, ils gardent un comportement parfaitement adapté à l'image qu'ils renvoient. Si ces quelques détails interpellent Swenn, il n'a pas pour autant l'intention de se mêler de ces affaires. Non pas qu'il n'a pas envie de savoir ce qui peut se tramer, sa curiosité le pousserait à tendre l'oreille, mais sa présence à Änkar est purement professionnelle. S'il a une très bonne connaissance des différents réseaux de Cerka et qu'il tient à rester bien informé, ce qui peut se manigancer dans les autres villes du continent n'a pas autant d'importance à ses yeux. Et surtout, il n'a pas envie de prendre le risque d'être associé à quoi que ce soit d'illicite. Il tient à garder des portes de sorties sûres pour le cas où quelque chose foirerait trop dans sa région natale. Il a bien conscience du danger de jouer sur les deux tableaux.

Pour ce soir, il va donc plutôt se contenter de sa solitude - parfaitement appréciée ! - et de ses états d'âme - qui le sont un peu moins. A se laisser doucement aller vers cet état second où les sentiments ne sont pas plus faciles à gérer, mais où ils l'auront suffisamment embêtés pour le laisser tranquille une fois le soleil levé le lendemain. Prêt pour focaliser son attention sur le savoir qu'il est venu chercher en cet endroit si particulier du continent.

L'eau avait coulé sous les ponts depuis le départ de Keishar, et la vie de Kashira semblait prendre un tournant bien différent de celui qu'elle espérait... Sa quête lui laissant un arrière goût amer dans la bouche, c'est ainsi qu'elle entâma son voyage en terre inconnue. Elle savait que si elle voulait plus d'informations, il lui fallait voyager, et trouver ceux qui pourraient l'aider.
En prenant la route pour Cerka, elle ne pensait pas tombé sur autant d'informations. Kashi' savait très bien qu'elle devait trier tout ce qu'elle entendait, mais un certains points vint retenir son attention. Un groupe d'individus dit comme louche, semblait faire fureur du côté de Cerka, se vantant de bon nombre de larcins. Pourtant, cette mise en scène semblait cacher quelques choses, un petit je ne sais quoi de mystère. Comme s'ils cherchaient à camoufler quelques cadavres sous leurs larcins. Les habitant de la région d'Hinaus avaient de sérieux doute sur ces 5 comparses, et beaucoup de chose se raconter. Mais ce qui fit tiquer la jeune Kashira, ce fut certains détails, donner de ci de là, que seule des personnes concerné pouvait avoir en tête...

C'est donc ainsi qu'elle entama son long périple jusque Cerka. Certes pas facile, elle choisit la marche à pieds, préférant la solitude à la compagnie d'un n'importe qui survenue de nul part, et encore moins d'un animal domestique ... Rien de plus répugnant à ces yeux qu'un animal soumis aux ordres voraces d'un pauvre humain... Elle adorait la compagnie animal, mais elles leurs préférée de loin une certaine liberté ...
La route fut longue, le chemin tortueux, jusque Cerka, mais en arrivant à destination, elle sentit comme un poids se libérer dans sa poitrine, comme un sentiment de je ne sais quoi de renouveau, de futur, de quelque chose de bon elle ...
Bien évidemment, son premier réflexe en arrivant fut de trouver une auberge, quelconques, mais ou on lui servirait quelque chose de chaud, une bonne bière et surtout une chambre ou poser pied.

- Eh ! Une bière ! Bien fraîche ! Et un repas chaud par ici ! beugla t-elle en désignant une table à l'écart, à peine entré.

Si il y avait quelque chose dont elle n'avait pas peur, s'était qu'on la remarque. Peut être elle aussi, comme ce groupe de maraudeurs, pour camoufler quelque chose de bien trop lourd à porter. De toute évidence, Kashira n'était pas arrivée dans cette taverne précise par erreur. Bien sur que non. Au dire des informations qu'elle avait accumuler, ce groupe traînerais souvent par ici, cherchant bagarre à tout va... Kashi' ne comprenait vraiment pas pourquoi ils se faisaient remarquer ainsi, ils devenaient des proies bien trop facile....
Alors qu'elle réfléchissait à tout ça, essayant de démêler toutes les informations qu'elle avait en tête, on l'interrompit.

- Et la dame elle paye maintenant ?!

Peut comptant d'avoir était ainsi interpellé par une femme, le tavernier s'impatientait, piétinant du pieds devant la jeune femme.

- Maintenant, et pour une chambre aussi !

Elle sortit de sa besace un compte rond, et brillant. Le tavernier ne demanda pas son reste et tourna rapidement les talons après avoir encaissé son magot. Alors qu'elle l'observait depuis sa petite table à l'écart, un brouhaha lui fit tourner la tête.

- Ah mais qui voilà tiens .... marmonna t-elle pour elle même.

Tout en observant le groupe, elle avalait son repas, d'un air distrait. Tendant l'oreille elle essayait d'en savoir un peu plus sur leurs conversations. Ils semblaient préparer quelque chose mais de là ou elle était elle ne pouvait pas comprendre un traître mot de ce qu'ils racontaient.
Après de longue minutes à lire sur les lèvres, elle finit par comprendre quelques informations essentiels, juste ce qu'il lui fallait. Elle décida de se faire toute petite jusqu'à leurs départ, pour ensuite les prendre en filature. Ici, c'était bien trop dangereux pour elle de les approcher...
Alors qu'elle mâchonnait, la bouche ouverte, semblant distraite, elle aperçut du mouvement. D'un œil discret, elle pu observer le départ du groupe qu'elle espionnait quelques minutes auparavant. Elle les suivit distraitement du regard, et lorsque le dernier eu passer la porte, elle leurs emboîta le pas, finissant bien évidemment sa boisson avant de prendre la route.

HRP:

Ce qui l'amuse le plus lorsqu'il se retrouve seul dans une taverne, un verre en main ? Observer, analyser, et tenter d'en déduire qui est qui. Qui fait quoi. Le mari infidèle n'est pas très difficile à repérer. Dans un coin, loin des fenêtres comme de la porte d'entrée, à sourire exagérément devant cette jeune femme au corps parfait, le tout accompagné d'une gestuelle relativement explicite. La bonne copine sur qui on peut toujours compter pour mettre l'ambiance, qui anime le petit groupe non loin du bar non plus. Elle parle fort, souvent, et est toujours la première à rire, très vite suivie du reste de la bande, dans une ambiance qui respire la joie et la bonne humeur. Le frimeur qui a quitté son groupe initial pour alpaguer deux nanas un peu plus loin est grillé à des kilomètres. La démarche ridiculement assurée, le torse bombé, et un sourire horriblement cliché. Ils sont terriblement banals tous ces gens. Rien qui ne retient l'attention de Swenn plus de quelques secondes.

Évidemment, il y ses chouchous. Ces gars chelous dont il aimerait atrocement savoir ce qu'ils mijotent. Mais non. Il a dit pas ici. Ce ne sont pas ses affaires. N'empêche, ça le démange. S'approcher un peu ? Non, il se ferait repérer immédiatement. Ou si ce n'est pas le cas, c'est que ces types n'en valent finalement pas la peine. Et il serait déçu... Pour éviter toute tentation qui lui vaudrait à coup sûr de nouveaux ennuis dont il se passerait bien, Swenn reporte son attention sur le bar et son groupe de fêtards avec miss grande gueule en cheffe de file. Mais une nouvelle silhouette attire son attention. Pas besoin de l'avoir vue entrer pour savoir qu'elle vient d'arriver. Il y a plusieurs minutes qu'il passe chaque détail de la pièce au crible, une personne en plus il ne risque pas de la rater.

D'ailleurs, elle ne manque pas de confirmer bien vite qu'elle n'a franchit le pas de la porte que lors des dernières secondes. En faisant forte concurrence à sa voisine sur le terrain des décibels produits, exigeant sans manières de quoi se restaurer. Et s'hydrater... Ah, voilà qui est subitement beaucoup plus intéressant que tous ces péquenots de mineurs ! Non, elle, elle n'est pas du coin, ce n'est pas bien difficile à savoir. Tant mieux. Il avait bien besoin de distraction. Et elle a le parfait rôle. Le tenancier visiblement déjà agacé par son comportement, le spectacle s'annonce passionnant ! Et en plus, elle a l'intention de dormir sur place.

Le chimiste n'est pas le seul à porter son attention sur la dernière arrivante. Plusieurs regards, parfois indignés, parfois envieux, et parfois carrément dérangeants, sont pointés dans sa direction. Swenn ? Il est déjà très occupé à parier avec lui-même sur lequel de ces gus sera le premier à oser l'aborder. Et combien de secondes il tiendra avant de repartir tout penaud. Eh, pas besoin d'être un statisticien de génie pour se rendre compte qu'elle doit faire partie de ces femmes qui vous remballent sans le moindre égard pour une quelconque fierté masculine. Mais alors qu'il réajuste ses calculs en fonction de l'état d'avancement de la situation, une option qui n'avait pourtant qu'une faible probabilité de succès fait voler en éclat tous ses beaux projets. La demoiselle se lève, vide son verre, et quitte le bar.

Alors qu'elle avait déjà payé pour une chambre ? Et à quelques secondes d'intervalle avec la sortie de son groupe préféré. Oui celui d'hommes aux intentions pas nettes. Ils ne vont quand même pas l'abandonner au milieu de tous ces gens lambdas ennuyants à souhait ?! Pas d'ennuis durant son séjour à Hinaus hein... Allez savoir si c'est sa curiosité maladive ou l'alcool qui commence à lui faire prendre ce genre de décisions qu'on regrette le lendemain, toujours est-il que Swenn se lève à son tour, et imite sa favorite - sans connotation aucune je vous vois venir ! - à quelques secondes d'intervalle.

Merde, l'air extérieur est vraiment glacial. Même Din traine la patte à ne pas vouloir sa geler les plumes. "Ouais ouais je sais. Mais tout le monde ne peut pas se satisfaire d'une soirée à gober les restes qui tombent au sol ! Allez ramène toi." Et voilà qu'il recommence à parler - murmurer serait plus exact - à un piaf. Il va finir aussi taré que son abrutit de compagnon à ce rythme...

Cette conclusion déplaisante à l'esprit, le Doc prend la suite de la jeune femme aussi discrètement que possible. Tout en priant pour que le volatile ne se décide pas à s'égosiller à cet instant. Mais par chance, le froid ne semble pas le mettre d'humeur mélomane. Et la nuit associée au faible éclairage public lui facilite grandement la tâche. Il en avait bien besoin, parce qu'on ne peut pas dire que la filature soit son domaine de prédilection. Mais la demoiselle semble elle aussi occupée par ce qui se passe devant elle. Autant tirer profit de tous ces avantages combinés.

Malgré sa connaissance relative de la ville, le chimiste est très vite perdu. Et serait bien incapable de retrouver son chemin. Ah il est beau l'observateur... Mais c'est actuellement le dernier de ses soucis. Ils quittent effectivement les rues animées par les travailleurs bien contents d'avoir fini leur journée, pour rejoindre la zone résidentielle, beaucoup moins vivante. La plupart des occupants de ces foyers étant occupés à boire un peu plus loin. Il ne s'agirait que de simples voleurs ? Non, ils n'en avaient pas la dégaine. Et personne ne se donnerait la peine de les suivre avec ces températures insupportables s'il ne s'agissait que de ça.

Jusqu'à ce que tout s'arrête. Avec la distance de sécurité prise avec l'étrangère et le peu de lumière, Swenn n'a pas vu à seul moment le groupe de plus que probable crapules. Mais il n'a pas le moindre doute sur le fait qu'ils se trouvent bien là, à plusieurs mètres devant lui. Plaqué contre le mur d'une habitation, toute son attention portée sur ce qui va suivre, il en oublie même qu'il y a encore quelques secondes il devait se faire violence pour ne pas claquer des dents.