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 Les affres de ce monde

Norwin Mererson
Norwin Mererson
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Les affres de ce monde EmptyMar 30 Oct - 12:13
Irys : 282007
Profession : Médecin - Chef des Cercles de l'Aube
Guilde +3 (homme)
Problématique : « L’exposition de Gustave Wilson s’étant soldée par une explosion et une intervention catastrophique des architectes jumeaux, un afflux de blessés et de mourants sont signalés près de Yeronkhii, soit à proximité des quartiers généraux des Cercles de l’Aube. Norwin a bien entendu été alerté de la situation, et il lui revient de mobiliser les Cercles pour venir au renfort des sinistrés. Il fera face à une situation de crise, mais également à de nombreuses tensions entre nations. »



Le temps était doux dans cette région. Était-ce l'altitude du quartier général ? Le climat de la saison ? Il faut dire que les conditions environnementales sur l'île du quartier général étaient toujours propices à une vie douce, bercée par la brise marine et les vents d'altitude, le soleil du monde réchauffant les êtres et les âmes de cet îlot en lévitation. La taille du rocher permettait aisément le développement d'une petite ville autosuffisante, on comprend facilement pourquoi les Cercles de l'Aube décidèrent jadis de s'y implanter. Enfin... Ce serait bien réducteur de justifier cette implantation uniquement en se basant sur la douceur de la vie qu'on y mène. D'aucun dirait que ce choix est bien plus prosaïque, motivé par la recherche d'un terrain neutre, éloigné des vicissitudes des deux nations. Et c’est d’ailleurs là, la raison principale. Les Cercles de l’Aube furent depuis toujours désireux d’illuminer le monde de leurs connaissances, de rassembler les Hommes en prônant la paix et de faire passer l’entraide et l’humanité avant les querelles, qu’elles soient pérennes ou non. Une telle mission, dans le contexte actuel et passé des terres d’Irydaë, nécessitait un terrain neutre où l’art du soin et de la médecine ne souffrirait d’aucune manipulation politique, financière, religieuse ou militaire. Une mission naïve dites-vous ? Même la plus naïve des ambitions peut se transformer en un moteur formidable, car naïveté rime souvent avec sincérité.

Norwin se plaisait bien sur cet archipel. Il y avait ses quartiers depuis plusieurs années. En fait, il avait vécu ici plus de la moitié de sa vie, lorsqu’il quitta pour de bon le foyer familial, abandonnant la vie qui lui fut imposée jusqu’alors, son héritage, ses titres et sa richesse. Si ce choix fut très difficile pour lui, il ne le regretta aucunement. Ses études au sein de l’académie des Cercles furent brillantes. Le major de promotion passait plus de temps en compagnie de livres, de vieilles encyclopédies et de parchemins qu’en compagnie de ses propres camarades. On ne peut pas dire qu’il recherchait les relations humaines… On ne peut même pas dire qu’il était fait pour cela. Son intelligence lui permettait d’apprendre vite, de comprendre vite, d’exprimer une logique scientifique et technique surprenante, faisant de lui un excellent médecin et chirurgien et un très bon professeur. Si son poste de chef des Cercles de l’Aube l’obligeait à participer aux discussions de ce monde, fervent pacifiste et défenseur de la paix qu’il est, il ne lui permit pas de maîtriser l’art de la communication et du relationnel. Tel un Uulyn dans un magasin de porcelaine, il met souvent les pieds dans le plat, exposant son argumentation et ses conclusions sans préparer son audience ou prendre en considération l’expérience, les positions, les sentiments et les ressentis de celles et ceux qui viennent à l’écouter. Une chose est sure, le mensonge n’est pas réellement son fort, et s’il sait parfois qu’un petit mensonge permet de sauver les apparences ou les acquis menacés, il préférera mille fois exposer ses arguments. Et si vous n’êtes pas d’accord avec lui, préparez-vous à un débat à en donner d’incroyables maux de têtes.

Norwin, disais-je, profitait de l’environnement et des douces conditions climatiques de ce mois de Janvier. Il revenait à peine d’un voyage à Alexandria où il s’était rendu au quartier des Cercles de la ville, sous la demande d’un haut dignitaire. Parfois, son poste l’obligeait à agir davantage comme un dignitaire influent, et non comme un médecin compétent. Mais il ne changerait cela pour rien au monde, tant la satisfaction de vivre de sa passion, et sa fidélité pour la guilde et le crédo qui l’anime, lui permettent d’être réellement heureux. D’ailleurs, il savait qu’il lui fallait se rendre à l’exposition universelle de Gustave Wilson, à Yeronkhii. Un rapprochement entre les deux nations, dans un contexte culturel pacifique ne devait aucunement être laissé de côté, surtout pas par lui, qui défendait corps et âme le rapprochement entre nation et la paix des Hommes. Ignorer un tel évènement nuirait à son discours et serait cruellement contreproductif. Pas dans les habitudes hyper réglées et réfléchies de Norwin, donc…

Néanmoins, il s’était accordé un petit moment de répit, assis sur un des bancs de pierre polies, un parmi tout ceux qui furent éparpillés sur l’île. D’un naturel anxieux, ces moments-là étaient très recherchés par le médecin. Là, il était réellement seul. Il n’y avait ni livres, ni personne pour l’embêter. Il était seul face à ce vaste monde, ressentant une passion mêlée de crainte pour ce qui se trouve partout autour de cet îlot paradisiaque. Sa pipe à la bouche, il fumait de ce tabac raffiné qui ne se trouve pas partout, et qui se monnaye à prix d’or. Il n’irritait que très peu la trachée et les bronches, et ses propriétés permettaient de limiter l’inactivation ciliaires des cellules caliciformes à mucus, évitant ainsi l’apparition de pathologies broncho-pulmonaires associées et une bradypnée. Aheum… Norwin aime ce tabac car lui seul permet de limiter les conséquences négatives liées au fait de fumer. Quand je vous le disais… Aucun tact.

Mais voilà, la paix de ce moment devait forcément être troublée. Si ce n’était par le retentissement de la sonnerie des cours, ou par le passage intempestif et imprévu d’un messager ayant une missive urgente pour Norwin, ce serait par l’arrivée au pas de course d’un des médecins administrateur du quartier général. Visiblement, il est totalement paniqué. Ses yeux exorbités semblent vouloir se dérober tandis que son regard luie de mille-et-unes peurs incontrôlables. Que se passe-t-il ? Pourquoi cet homme semblait avoir perdu tout son sang-froid et courrait vers Norwin avec tout le désespoir d’une situation apocalyptique ?
- Docteur ! Docteur !dit-il en haletant, le souffle coupé. Chef !
- Que ce passe-t-il Alfred ? Avez-vous encore perdu vos souliers ?Dit Norwin en faisant référence à la nature inquiète et facilement perturbable de ce médecin qui ne faisait plus qu’administrer le quartier-général
- Je… Heu… Non chef ! Nous venons… De recevoir… Une missive… Extrêmement… ImportanteDit l’administrateur en tentant de reprendre son souffle..
- Comptez-vous m’annoncer le pourquoi de votre venue ou dois-je simplement écourter cet entretiens moi-même ? Répondit Norwin déjà agacé d’avoir été dérangé dans sa méditation.
- Un attentat ! Une bombe ! Il y a eu un attentat à la… Aux… Heu… A l’exposition universelle ! Il y a des morts par dizaines et des blessés par centaines ! Les Cercles sont appelés à l’aide !Dit enfin le médecin prénommé Alfred après un temps incroyablement long pour Norwin.

Norwin écarquilla ses yeux dans un rictus nerveux. Plus que tout, il redoutait qu’un tel évènement se produise. Tout ses travaux, toute cette dépense d’énergie, tout ce travail… Anéantis en une fraction de seconde par des fanatiques en manque de guerre, ou des exaltés nationalistes luttant pour la suprématie d’une nation sur l’autre. Norwin ne put s’empêcher un instant de reçasser les multiples discussions avec les hauts dignitaires Daënars et My’träns, où il faisait son possible pour promouvoir la paix et l’entente plutôt que de céder à la peur et au rejet de l’autre. Tout cela… Pour rien ? Non. Décidément non. Il balaya rapidement ses idées lorsqu’un raclement de gorge inquiet provenant d’Alfred le rappela à ses obligations et à l’instant présent. Inutile de reçasser le passé et les efforts déployés. Aujourd’hui encore, il fallait œuvrer pour la paix malgré l’instabilité alentour.
- Alfred, veuillez répondre à cette missive en urgence en indiquant à ces braves gens que nous allons leur venir en aide, voulez-vous ? Mais avant cela, faites sonner le rassemblement sur la cour cérémoniale. Là, il y aura assez de place pour pouvoir faire face à l’ensemble de nos ouailles. Merci Alfred.

Ledit Alfred ne demanda pas son reste. Il connaissait bien Norwin pour savoir que la fulgurance de ses réflexions exigeait une fulgurance dans les réactions de son entourage, aussi, il s’empressa de rejoindre le pôle administratif du quartier général pour sonner le rassemblement et renvoyer une missive là où avait lieu l’exposition attaquée.

Norwin fit mine d’être calme, mais ses pensées se bousculaient dans son esprit, et très vite, sa main tenant sa pipe se mit à tressauter de mouvements incontrôlables. Son naturel anxieux se manifestait à nouveau. Il prit le chemin de ses appartements, changea d’habit rapidement afin d’opter pour une tenue plus confortable mêlant le chic de sa position hiérarchique à la praticité de son activité médicale. Il le savait, il devrait faire face à une tension extrême entre les deux nations, et même au sein d’une même nation, tant les camps sont eux-mêmes divisés dans leurs opinions. Mais il savait aussi qu’il lui faudrait mettre les mains dans le cambouis – comme disait-il parfois – il se préparait à cette éventualité. Ainsi vêtu, il s’empara de sa trousse médicale en cuir qu’il avait toutes les peines du monde à refermer tant il avait de matériel à emporter. Stéthoscopes, garrots, ciseaux, scalpels, pinces, nécessaire à transfusion, dispositifs d’annotation de patients, une pléthore d’ustensiles dont il ne pouvait se séparer. Toujours dans l’empressement, il emporta avec lui de quoi avoir suffisamment de tabac pour plusieurs jours de terrain, ses lunettes, et quelques affaires personnelles. Il revêtit son manteau et prit le chemin de la cour cérémoniale. Si, d’habitude, les rassemblements dans cette cour étaient placés sous le signe de la fierté et de la félicité, aujourd’hui, la connotation était toute autre. Pauvres malheureux sacrifiés sur l’hôtel de la velléité… Au moins Norwin tenterait tout ce qui serait en son pouvoir pour sauver les blessés et les relations diplomatiques.

Tous les médecins, du deuxième au quatrième cercle, les élèves et praticiens, furent rassemblés, à l’exception, bien-sûr, de ceux qui étaient occupés à ausculter ou opérer. Norwin était devant eux, sur l’estrade dépourvue d’oriflammes et autres étendards. Il avait son brassard de la guilde, signe qu’une action extérieure allait-être envisagée. Toutes celles et tous ceux qui s’étaient rassemblés devant lui attendaient les mots de leur chef et les raisons de ce rassemblement aux allures martiales. Toujours sa pipe à sa bouche, et après avoir tiré une grande bouffée et réajuster ses lunettes, Norwin prit la parole.
- Mesdames et Messieurs, étudiants, médecins, chirurgiens, amis et membres et cette guilde à la mission sacrée. Le monde à besoin de nous, une fois de plus. Il prend une pause comme pour se recentrer lui-même alors qu’il place ses deux mains dans le dos pour cacher les mouvements frénétiques de sa main. L’exposition universelle de Monsieur Gustave Wilson a été attaquée il y a quelques minutes. Un attentat. Une bombe. Des dizaines de morts et beaucoup plus de blessés encore. Il se met à faire quelques pas sur l’estrade comme pour combattre un peu plus efficacement le stress de cette annonce. Vous l’aurez compris, ce sera l’enfer sur cette terre. Notre crédo sera respecté. Vos vœux devront être suivis. Vous avez prêté serment d’illuminer le monde vos connaissances et de votre dévotion médicale, aujourd’hui, vous avez l’occasion de prouver vos dires. Respectez votre parole ! Respectez votre serment. Si vous le brisez, c’est que vous n’avez pas votre place parmi nous. Il laisse volontairement peser un lourd silence sur l’assemblée silencieuse. Les regards des membres rassemblés suivent les mouvements du chef des Cercles, tandis que les esprits sont tout entiers tournés vers les paroles inquiétantes et les ordres qu’il prononce. L’explosion a eu lieu dans la salle du bal, là où se rassemblèrent les représentants des deux nations. Pourtant, deux pavillons furent créés, un pavillon Daënar et un pavillon My’trän. Voici mes ordres : je veux l’élaboration d’un poste médical et chirurgical avancé devant chaque pavillon. Vous procéderez comme ceci : un poste par nation, composé exclusivement de médecins et de soigneurs de la nation prise en charge. Pas de technologie auprès de nos amis mages. Pas de magie auprès de nos amis technophiles. Entre les deux dispositifs sera monté un poste d’organisation hiérarchique dans lequel je me trouverais. D’après les premières informations, la bombe aurait propagé un gaz toxique, et deux Architectes se seraient mêlés à la cohue générale, je ne sais encore pas comment. Eloignez le plus possible votre poste médical du bâtiment où se trouvait le bal. Je ne veux pas de médecin au tapis à cause du gaz ou à cause d’un terroriste suicidaire ! Chaque poste médical sera sous la supervision d’un médecin de deuxième cercle, et comprendra des membres du troisième et de quatrième cercle. Vous accueillerez les blessés, les trieraient en fonction de la gravité de leurs blessures, de leur empoisonnement et de leur état de santé. Les plus graves seront opérés sur place, les plus stables seront rapatriés au quartier général, les blessés légers et les impliqués seront, quant à eux, ausculté sur place et redirigé ensuite vers des emplacements plus propices. Le tout est d’être rapide, efficace et d’éviter l’engorgement ! L’organisation sera la même côté My’trän, bien que votre magie soit plus rapide et efficace. Si le besoin s’en fait ressentir, et uniquement en ce cas-là, quelques membre My’träns pourront s’occuper des blessés Daënars afin de désengorger le poste Daënars. Enfin, je ne veux personne dans le bâtiment ! Je m’organiserai pour que des gens responsables et chevronnés puissent s’occuper de récupérer les blessés dans les périmètres dangereux. Amis administrateur et logisticiens, veuillez mettre à disposition les aéronefs de la guilde afin de ramener les blessés aux blocs opératoires du quartier général. Veuillez à ce que tout le matériel utile soit transporté jusqu’au lieu de l’attentat : brancards, matériel chirurgical, tentes, kits de perfusions, transfusions, kits médicamenteux et tout autre matériel logistique qui permettra une bonne organisation. Votre mission sera de monter les tentes médicales et chirurgicales le plus rapidement possible, les lieux de triage et d’attente et le poste d’organisation hiérarchique. Vous aurez très peu de temps pour tout cela, mais je compte sur vous ! Ne me décevez pas ! Enfin, je ne veux ni tension, ni amalgame, ni implication politique ou religieuse entre vous ou entre vous et vos compatriotes. Vous êtes là en tant que médecin, non pas en tant que représentant d’une nation. Le moindre écart à cette conduite de gentilhomme sera sévèrement sanctionné. Soyez professionnels, Gentlemen, et intelligents. Je ne saurais tolérer aucun manquement à notre crédo ou à mes ordres. Est-ce que c’est clair ?Dit enfin Norwin pour conclure son discours.

Les hommes et les femmes présents devant Norwin, médecins, chirurgiens, professeurs, élèves, logisticiens, administrateurs, pharmaciens, psychologues et autres spécialistes répondirent un « Oui » tonitruant et galvanisant. Cette masse humaine avait répondue comme un seul Homme, ce qui procurait une certaine satisfaction à Norwin dont la main ne tressautait plus, pour l’instant. Il fit demi-tour sur place, rejoignit les médecins de second cycle qui étaient à ses côtés et leur annonça d’une voix ferme :
- Vous avez 10 minutes.

Un ordre express. Une main de fer dans un gant de velours. Peut-être que cette expression ne lui correspond pas exactement, tant il tient plus du leader que du dictateur. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il dirigeait la guilde d’une main ferme et sûre, qu’importe les situations rencontrées.

Le quartier général en ébullition exécutait les ordres du chef des Cercles de l’Aube. Les aéronefs de la guilde et personnels, notamment celui de Norwin, l’Edelweiss, furent mis à contribution et le matériel fut chargé en quatrième vitesse. Les membres des Cercles arborèrent des tenues adaptées à l’exercice à venir et tous portaient les brassards qui permettaient de les identifier. Lorsque tout fut prêt, l’ordre fut donné d’avancer. Dans les cieux s’élevèrent une vingtaine d’aéronefs qui emportaient médecins et matériels jusqu’au lieu de l’exposition. Par soucis pour les My’träns, ceux-ci furent embarqués sur des barques de bois suspendues en-dessous des aéronefs afin d’éviter au maximum les effets négatifs de la technologie sur leurs organismes. Le pari fut couronné de succès, bien que certains effets ne pussent évidemment pas être évités, et certains soigneurs My’träns ressentirent quelques maux de têtes ou de ventre durant le cours voyage jusqu’au lieu de l’exposition, qui était court, fort heureusement.

Très vite, les lieux de l’exposition furent à porter de vue, et très vite, les contours, puis les détails de ce lieu se dessinèrent devant les nouveaux arrivants. Il y avait de la fumée, des vitres cassées, des hurlements et des mouvements de foule. Les gardes qui devaient œuvrer à la sécurité des lieux tentaient d’organiser déjà un premier poste de secours et une orientation guidée et sécurisée de celles et ceux qui furent seulement impactés et non blessés. Ils virent l’arrivée des Cercles de l’Aube comme une libération très attendue. Les aéronefs se posèrent à même le lieu de l’exposition, n’hésitant pas à écraser les quelques étales qui se trouvaient en plein air. Les My’träns furent les premiers à poser un pied à terre, après quoi, ils furent rapidement rejoints par le reste de la guilde. Ni une ni deux, les premiers caissons furent déchargés et on s’attela rapidement à la mise en œuvre des postes médicaux. Tout se déroulait selon les plans de Norwin, tandis que les miliciens, revigorés par cette arrivée tant espérée, redoublèrent d’efforts pour faciliter la prise en charge de ce désastre humain. Norwin demanda à être amené à terre rapidement et à ce que son aéronef soit ensuite posé plus loin, pour que le matériel soit déchargé. Lui avait un tout autre travail à effectuer. Il prit la direction du poste de commandement des gardes et se présenta à eux.
- Bonjour Messieurs-dames, je suis Norwin Mererson, chef des Cercles de l’Aube. Nous avons bien réceptionné votre demande de secours et nous voici. Faites-moi un état des lieux. Dit-il sans autre forme de politesse..
- Ah ! Merci d’être intervenus aussi rapidement ! Par tous les Architectes, vous avez fort à faire ici ! Dit le responsable de la sécurité de l’évènement qui semblait au bord de l’attaque cardiaque. Une bombe à explosée dans la salle du bal, alors que Monsieur Wilson allait entamer son discours. Il est mort sur le coup. On dénombre une centaine de mort et deux voir trois fois plus de blessés dont une vingtaine dans un état critique. La bombe à libérée un gaz puissant, on ne peut s’aventurer dans le bâtiment que correctement protégé. Nous avons l’équipement, si cela vous intéresse. Une partie des blessés est rassemblée au niveau de l’espace des spectacles et dans les pavillons, les gardes forment un cordon de sécurité et contrôlent toutes les sorties. Néanmoins, je peux détacher un petit groupe de 5 ou 6 gardes, peut-être 8, pour vos besoins. Le gaz s’échappe par les vitres brisées et les trous dans la charpente, mais il en reste suffisamment pour faire des dégâts. C’est à peu près tout, je crois. Conclua le chef de la sécurité.
- 8 ? Reprit Norwin, quelque peu agacé. C’est trop peu. J’ai besoin d’au moins deux fois plus d’hommes. Il est hors de question que j’envois un de mes membres dans cet enfer. Morts, nous ne serviront à rien. Envoyé deux groupes de 10 hommes récupérer les blessés qui restent dans le bâtiment, qu’ils trient les individus par nation et qu’ils les dirigent vers les postes médicaux adaptés. Les postes se trouvent devant les pavillons, ils devraient être facile à retrouver même pour des chiens de combat comme vos hommes. Amenez les blessés les plus graves directement sur les deux aéronefs stationnés sur l’espace de… Jardin ? Les deux, là, qui sont en train d’être déchargés ! Amenez les blessés graves jusqu’à-eux, et nous les emmènerons jusqu’à notre quartier général où nous seront plus à même de les soigner. J’aurais aussi besoin que vos hommes soient attentifs aux… Gens. Vous comprenez ? Je ne veux pas que mes hommes se retrouvent au milieu d’une guerre civile. Il y a déjà suffisamment de tensions. Ordonna Norwin sans éprouver la moindre considération pour ce que les gardes avaient certainement subis depuis le début de cette tragédie.
- Heu… D’accord… Très bien monsieur. Répondit le chef de la sécurité en bredouillant.

Ses ordres transmis, Norwin prit le chemin de la sortie et se mit à courir en direction des postes médicaux et d’organisation. Ceux-ci étaient déjà presque terminés. Il ne manquait plus que certaines toiles à détacher, certains rideaux à tirer et des bancs, lits et brancards à ramener. Les caisses de matériels étaient déchargées, ouvertes puis vidées et les équipements furent dispatchés dans les différents box. Les morts étaient laissés dans la bâtiment où le bal avait eu lieu, à l’abri des regards. Ceux qui étaient décédé après être sortis, des suites de leurs blessures, étaient amenés à l’écart et recouverts d’un grand drap blanc. Norwin était au poste d’organisation et prêtait une oreille plus ou moins attentive aux complaintes de gens extérieurs, aux comptes rendus des médecins référents et à l’évolution des prises en charge. Il était quelque peu rassuré de voir que son plan se déroulait plus ou moins sans accro, si l’on oublis certaines erreurs de triages, certains nouveaux élèves paniqués devant leurs premières prises en charges médicales et autres diagnostics, et les réactions incontrôlables des blessés hébétés et des gens apeurés. Certains médecins étaient bousculés par une foule qui tentait de fuir, d’autres recevaient des injures de la part de blessés qui imputaient ce désastre à la nation adverse, aux terroristes prêts à tout, ou à quiconque ferait un bon bouc émissaire. L’ordre de neutralité – qui était bien plus qu’un ordre puisque carrément encré dans les commandements de la guilde – était respecté. Certains cas récalcitrants ou difficiles, néanmoins, demandaient une prise en charge plus expérimentée. Les médecins de seconds et troisièmes cercles s’en occupaient, mais quand toute discussion était impossible, l’usage de sédatif était autorisé. Ainsi, un récalcitrant endormi était plus facile à prendre en charge. Pour ce qui était des blessés légers ou des impliqués un peu trop véhéments, ils étaient simplement envoyés aux autorités présentes, et c’est tout.

Norwin avait beau être satisfait de voir tout ce petit monde au travail, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. Chassez le naturel, il revient au galop… Et la tension ambiante n’aidait absolument pas… Il était souvent pris à parti par des responsables de l’organisation, qu’importe la nation, et les proches de Monsieur Wilson qui avait tragiquement trouvé la mort. Sa posture de chef des Cercles était sérieusement malmenée, mais il réussissait à prendre le dessus sur la situation.
- Vous vous rendez compte Monsieur Mererson ? Dit un dignitaire Daënar. Cette attaque ne peut provenir que des My’träns, ces mages facétieux, perfides et manipulateurs ! Leur aveuglement pour leurs… Divinités est tel qu’ils agissent sous couvert de révélation ! Ils veulent la guerre ?! Ils l’auront !
- C’est votre faute ! Répondit un dignitaire My’trän au visage souillé de sang et qui se tenait le bras. Nous n’aurions pas dû venir ici ! Cette manifestation ne pouvait pas être autre chose qu’une tentative ignoble de prendre le dessus sur le monde ! Que les Architectes vous maudissent, vous et tous vos semblables ! Les païens bruleront dans les flammes purificatrices !

Un brouhaha recouvrit immédiatement les environs, alimenté par les véhémences de celles et ceux qui tentaient de se faire entendre. Les deux groupes, au départ séparés d’à peine un mètre ou deux, se rapprochèrent, et très vite, les premiers coups se mirent à fuser. Ces dignitaires étaient de ceux qui devaient aider à promouvoir la paix, si cet évènement réussissaient. Ils étaient venus jusqu’ici, sceptiques parfois, optimistes souvent, cherchant à apaiser les tensions dans leurs régions respectives. Certains étaient simplement curieux et cherchaient là à découvrir les trésors d’un monde inconnu, à se faire leurs propres opinions, ou à choisir un camp si une guerre venait à se déclarer. Le brouhaha était tel, que Norwin fut obligé de faire valoir son autorité.
- Mesdames et Messieurs, s’il vous plait, s’il vous plait !Dit-il, dans une tentative désespérée de se faire entendre. Devant l’échec de cette tentative, il décida d’agir autrement. Il se plaça au milieu de la cohue, tentant de séparer celles et ceux qui tentaient d’en venir aux mains. Il réussit quelque peu, jusqu’à-ce qu’un coup – qui n’était sans doute pas pour lui, mais rien n’est moins sûr – vint lui faire perdre ses lunettes et le mettre à genoux. Cette action, et ses conséquences associées, eurent pour effet de mettre fin à l’agitation entre les dignitaires. Norwin, quelque peu sonné, reprit ses lunettes déformées et fit constata les dégâts. Un carreau fissuré, un autre perdu, une broche totalement déformée… Elles étaient irrécupérables. D’un geste agacé, il les jeta par terre, alors qu’autour de lui, plus personne n’osait ni prendre la parole, ni agir. D’un geste presque mécanique, Norwin plongea sa main dans sa veste et en sortit une autre paire de lunette. Un mince filet de sang s’échappa lentement de sa narine droite, qui provoqua un reniflement désagréable alors qu’il mit enfin ses lunettes à son nez. De la même manière, il prit un de ses mouchoirs, et le plaça sur la narine en tapotant ainsi que sur sa lèvre. Puis, il prit la parole. Vous ne pensez pas qu’il y a eu assez de morts ? Ne trouvez-vous pas qu’il y a déjà eu trop de souffrance ? Vous en voulez encore plus ? Il laissa un court silence, assez lourd de par sa signification, alors qu’il porta à nouveau le mouchoir à sa narine et à sa lèvre ouverte. Monsieur Gustave Wilson voyait en cet évènement la possibilité de rapprocher les nations afin que plus jamais aucune mère n’ait à souffrir de la perte d’un fils, d’un mari, d’un frère ou d’un père, dans une guerre meurtrière. Ici, il voulait voir les Irydärs se liguer contre la guerre, contre le rejet de l’autre, contre la bêtise humaine. Norwin passe une dernière fois le mouchoir sur sa narine, puis, certain qu’il n’y aurait plus de sang, le laisse tomber par terre et pointe le doigt vers celui-ci. Que plus aucune goutte de sang ne coule sur ce monde ! Ne jouez pas le jeu de cette minorité grégaire plus motivée par l’avidité et la violence que par un réel élan patriotique. Aidez-moi. Aidez-nous. Aidez le monde. S’il vous plait. Ou nous mourrons tous, sans exception.

Ses mots résonnèrent dans l’esprit des belligérents comme résonnent ceux d’un père reprenant à l’ordre un enfant turbulent. Norwin tentait de faire vibrer la corde sensible de ces femmes et de ces hommes devant lui, cette même corde qui les avait fait venir jusqu’ici. Au moins partageaient-ils cela en commun, sinon, ils seraient restés chez eux. Il n’eut aucune réponse. Certains jetèrent à d’autres des regards assassins, d’autres baissèrent simplement les yeux. Certains encore acquiescèrent devant les propos du médecin, et d’autres, plus humbles, plus courageux et intelligents peut-être, montrèrent leur accord pour les dires de Norwin et échangèrent avec leurs adversaires d’un moment, quelques regards compatissants. Il n’y eut plus de combat entre ce groupe d’individus, et ils repartirent chacun dans leurs pavillons. Norwin, lui, se remit à son travail, conscient qu’une telle intervention ne serait pas la dernière, et qu’il lui faudrait encore payer de sa personne. Qu’importe, la guilde valait tous les sacrifices, il respecterait le crédo, son serment et ses attributions, et, jusqu’au bout, il œuvrerait pour la paix et pour les autres.


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