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Chroniques d'Irydaë
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 Le juge, les jurés et le bourreau

Luciole Aldebarra
Luciole Aldebarra
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyVen 8 Mar - 21:24
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 Separa10

J'étais planqué derrière une pile de grosses caisses remplies de bons breuvages, je pouvais le sentir à cette odeur de raisin mal oxygéné qui embrumait toute la pièce, et les quelques locataires qui y résidaient, comme des rats morts, des araignées velues, et autres cloportes tout droit sortis des catacombes de l'oublie. Mais l'heure n'était pas aux songes, et je devais trouver une solution afin de tirer notre ami Chafouin de cette mauvaise passe. Il faut dire qu'il n'y était pas allé de main morte, ironique quand on voit les reproches qu'il m'avait fait plus tard dans la journée, à moi, et au gros tas de muscles. Soit... Je le voyais bien, mes yeux camouflés dans l'ombre morbide de cette cave à vin. Il était agenouillé, face contre nous, dos à son assaillant, ce dernier dépassait de cinq têtes la sienne. Il était donc inenvisageable que je tente quelque chose, sous peine de tuer l'un des trois piliers de cette excursion. De plus, ma seule arme était mon pistolet à Aqua-Magilithe, la discrétion incarnée, vous vous en doutez !

Nul envie de faire capoter le plan, je me tasse contre le mur poussiéreux et orné de briques, attendant avec impatience de voir le géant agir. Il avait certainement un objet tranchant à lancer dans le dos du garde quand ce dernier prendra le cap avec Chafouin en guise de trophée, c'est là qu'il faudra le tuer !


Eylohr Lothar
Eylohr Lothar
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyDim 10 Mar - 19:15
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  • Les évènements s’enchainent. Tout ce petit monde entre dans la cave en silence et sans rien renverser. Non pas sans lorgner des yeux certaines bouteilles visiblement de très bonne qualité, mais au moins, point de bruit et point de faux pas. Mais visiblement, point non plus de bonne étoile au-dessus de cette entreprise risquée et sinistre. Car déjà, le vieux s’aplati contre le mur pour se dissimuler puis pour s’occuper des cas de deux gardes – ou mercenaires, allez savoir – qui décidèrent de s’offrir quelques bonnes bouteilles pour des raisons qui ne dépendent que d’eux. A ce moment-là, Eylohr dû trouver un moyen de cacher sa masse et sa taille dans cet espace clos. Heureusement pour lui que les râteliers montent sont plus grands que lui, et qu’il peut s’y cacher derrière, et au fond de la salle, là où aucune lumière ne filtre. Et heureusement, car la bidoche du colosse dépasse largement. Non pas qu’il soit une boule de graisse sur patte, mais au vu de la quantité de nourriture qu’il ingurgite pour nourrir son corps et ses muscles, il faut un gros estomac. Heureusement pour lui que sa panse n’est pas plus large que ses pectoraux.

    Il est caché, mais voilà. Le vieux s’est fait choper. Un troisième mercenaire passa le palier de la porte et prit en joug le vieux un peu trop sûr de lui. Ah, c’est beau d’éliminer deux menaces sans bruit, dans des mouvements fluides et maitrisés. Mais la venue d’un autre bonhomme, c’était trop pour le vieux. Tout ça pour ça hein ! L’espace d’un instant, Eylohr veut pester et maudire le vieux qui se prenait pour mieux qu’eux, mais là maintenant… C’est compliqué. Il vaut mieux ne pas se faire choper non plus, sinon, nul doute que le garde userait de son arme sans sourciller. Alors que faire…

    Il voit le pâlot faiblir. Ou est-ce de la remise en question ? Ou de la peur ? En tout cas, il fait comprendre au colosse qu’il faut qu’il agisse à sa place. Bah tiens. En plus de laisser des traces jusqu’à l’appartement de planification de l’opération, de faire livrer du vin jusqu’à la planque, et de devoir rattraper ses conneries, maintenant, il se fait discret et laisse les autres agir. Le jeunot est visiblement plus apte à faire n’importe quoi qu’à travailler en équipe, ou même, à travailler efficacement.

    Inutile de pester. Chafouin est là, les mains en l’air, et l’homme de main se place d’abord derrière lui, puis sur le côté, afin de vérifier ses armes et de pouvoir agir à la moindre incartade. Puis, il se place devant lui. Très bien. Très, très bien. Face à Chafouin, c’est être dos à Eylohr, tapis dans un coin. Doucement, il se baisse, attrape le couteau de combat qu’il possède à sa cheville, et le garde bien en main. Genoux baissés, points d’appuis vérifiés, il s’avance doucement. Le plus doucement possible. Et il est aidé, car le mercenaire semble subjugué par Chafouin et sa danse macabre de tout à l’heure, et il l’insulte copieusement, tout en lui posant des questions. A chaque insulte, ou mot prononcé un peu fort, Eylohr pose un pied devant l’autre, pour pouvoir être couvert un maximum par les bruits du mercenaire. Et lorsqu’enfin il est juste derrière le garde, Eylohr pose une main ferme sur sa bouche, et frappe d’un coup sec et fort dans la gorge du condamné, laquelle s’entrouvre et déverse des giclées et des flots de sang. Quelques secondes durant, il se débat, tentant de retirer la lame dans la gorge, de retirer la main sur sa bouche, mais le second mouvement d’Eylohr aura raison de lui. Avec force, d’un coup sec à nouveau, il fait ressortir la lame, mais pas par là où elle était entrée. Mais de côté. La gorge du pauvret est alors à moitié sectionnée, et le corps s’effondre, manquant de tomber sur Chafouin. Eylohr porte cette masse inerte, et dépose le cadavre sanguinolant à côté des deux encore chauds, et s’adresse à Chafouin :

    - T’peux mieux faire. Aller, on t’suis.


Chafouin
Chafouin
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyMer 13 Mar - 0:40
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-Maintenant au moindre mouvement, je te colle une balle dans ta caboche d'enfoiré, t'as compris ?

Chafouin ne bouge toujours pas, scrutant des yeux un éventuel mouvement de ses alliés, il ne répond pas au garde préférant se concentrer sur un éventuel bruit pouvant le trahir, ce dernier s'avance peu à peu, Chafouin garde les mains bien en l'air, il a juste pencher légèrement le bras pour mettre le grappin dans la trajectoire de la tête du garde et renfermer le poing d'un coup sec mais ce n'est pas la meilleure option, pas tout de suite. Le garde écarte du pied le couteau encore planté dans la gorge de son camarade, il écarte la tête une seconde, suffisamment pour Chafouin mais pas assez pour tenter une action sûr.

-Bordel tu les as massacré espèce de fumier, t'es venu pour quoi, voler des bouteilles ? Tuer le juge ?

Ce con se met parfaitement en face de Chafouin, il pense vraiment qu'il est tout seul dans cette pièce ? C'est exactement le genre d'occasion dont ils ont besoin et c'est Chien fou qui apparaît derrière, mais pourquoi lui ? Ricaneur serait bien mieux dans ce genre de situation avec son poids léger il se déplacerait sans faire de bruit alors que le colosse, lui, produit des bruits sourds à chaque pas, Chafouin doit absolument lui faire gagner du temps et couvrir son bruit.

-Écoute, je veux bien te répondre, à condition que tu me suces les boules. Répond t-il au garde sans pression.

Ça ne manque pas, ce dernier s'énerve et lui plante le canon de son arme sur le front, encore une erreur dont il pourrait en profiter mais un peu trop risqué encore, au moins ça marche, il s'énerve tout de suite.

-Tu te crois malin fils de pute ?! Tu sais pas qui je suis moi, je suis un ancien des forces spéciales et si tu me répond pas maintenant je vais m'assurer qu'on te torture pendant des heures avant de te tuer.

Exactement ce dont Chafouin a besoin, la façon dont il profère des insultes émet beaucoup de bruit, mais fait gagner encore quelques pas au géant, de plus il n'est pas plus impressionné qu'avant par son coup de bluff, un ancien des forces spéciales ne commettrait pas d'erreur aussi stupide et s'il avait un peu plus de jugeote il aurait tout de suite compris que Chafouin n'aurait jamais pu ouvrir la bouche d'égout tout seul vu le poids qu'elle pesait.

-OK OK, je vais te répondre. Dit-il en mimant sa peur. Je vais te balancer le nom de mon employeur et même sa localisation.

-Bah voilà, parle, qui c'est ? Répond t-il en se détendant un peu sur son arme.

-Ta pute de mère et elle juste derrière toi.


C'est ce moment que choisis Chien fou pour le choper et l'égorger, le coup provoque un bon geyser de sang dont une partie vint éclabousser Chafouin, il jure en s'essuyant le visage alors que le cadavre s'écroule devant lui, la tête à moitié désolidarisé du corps. Chafouin récupère tranquillement sa lame de combat toute poisseuse de sang et l'essuyant avec le manteau d'un des gardes, il se rend compte que l'un d'eux porte un trousseau de clé, il s'en saisit, on ne sait jamais ça peut toujours être utile.

-Je sais, mais la situation était totalement sous contrôle. Répondit-il à Chien fou avec un sourire moqueur quand il lui dit qu'il pouvait mieux faire. Il n'avait pas forcément tort, mais si Chafouin avait agis de lui-même sans attendre, le risque que le garde écrase son doigt sur la gâchette aurait été plus important, pour l'instant il faut maximiser les chances d'avancer sans se faire ralentir. Pas de temps à perdre avec des détails sauf un en particulier, Chafouin vint voir Ricaneur qui était sorti de sa cachette. Il le détailla.

-ôte moi d'un doute, t'as pas d'autres armes que ton pistolet sous la main ? Chafouin réprima un soufflement en entendant la réponse. Bon prends ça, il s’appelle reviens si tu te poses la question. Lui dit-il en lui tendant la manche de son couteau.

Il n'avait pas envie de passer plus de temps sur ce petit oubli de la part de Ricaneur, au moins avait-il eu l'intelligence de rester planqué sans déclencher plus de bruit. En parlant de bruit, la porte était toujours ouverte et personne d'autre ne s'était approché, mais aucune lueur n'était apparu dans l'escalier, les trois gardes morts étaient clairement des amateurs peu professionnel, cela risquait de ne pas durer.

-OK remettons nous en route. Déclara Chafouin.

Il ne souhaitait pas utiliser de lampe pour attirer plus d'attention que nécessaire alors il dut de nouveau s'habituer à l'obscurité, des escaliers en marbre remontait de la cave vers un endroit toujours aussi peu éclairé. Il dégaina de nouveau son revolver et avança à catimini dans les escaliers, ces trois gardes ne devaient certainement pas avoir mis leurs collègues au courant de leur larcin, il ne devait logiquement y avoir personne dans la cave dans ce cas. Heureusement le bruit de pas sur le marbre de l'escalier était assez ténu.

En remontant ces marches il aperçut une lueur sur le côté gauche, faisant rapidement le plan mental de manoir dans sa tête, il estima que ce couloir non éclairé devait mener à l'entrée, d'où venait cette lueur ténue. Il progressa lentement, toujours suivi de ses compagnons de crime. Arrivé au bout de ce couloir il se colla au mur qui faisait l'angle et jeta un coup d’œil, deux, non quatre gardes se tenaient autour d'une petite lampe à huile. Il les observa et compris que c'était la relève, tant mieux, la garde se relayait à peu près toutes les heures la nuit, ils étaient arrivés au bon moment. Un grand escalier se tenant derrière les gardes menait à un balcon qui devait lui-même mener aux chambres d'étages et donc, celle du juge.

Profitant de cette occasion rêvée, Chafouin fit signe à ses compagnons de se regrouper autour de lui.

-On est dans la dernière ligne droite, il y a un grand escalier, il doit sans doute mener à l'étage où sont dispersés les chambres, c'est bien simple, si on trouve le gars en armure, on trouve la chambre du juge. Il y a deux gardes devant l'escalier, je vais les abattre, à partir de là vous n'aurez plus qu'à foncer à l'étage pour vous charger du reste, je resterai sur vos talons.
Il les regarda un à un. Maintenant ce n'est plus une question de discrétion, soyez rapide, soyez efficace.

Il n'avait pas besoin d'en rajouter plus, ils savaient bien ce qu'ils avaient à faire, vérifiant une dernière fois que ses grappins n'allaient pas lui jouer de tour au moment fatidique, Chafouin se leva.

-C'est parti messieurs.

Il s'avança dans le hall d'entrée, alors que le duo relevé avait quitté le manoir par la porte d'entrée et que le nouveau s'installait autour de la lampe, voyant Chafouin arrivé, les deux gardes eurent à peine le temps de capter la présence de ce mystérieux personnage encapuchonné que leurs cerveaux était perforés par des pics. Il activa le retour grappin alors que ses deux compagnons le dépassaient pour se lancer dans l'ultime assaut. Chafouin, lui, se tourna vers la porte d'entrée en dégainant son revolver. C'était maintenant que tout se jouait pour de bon, le début avait bien commencé, à eux de réussir la fin ?

Luciole Aldebarra
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyMer 13 Mar - 20:37
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 Separa10

Le sang avait quelque peu inondé le sol poussiéreux, mais le spectacle était de toute beauté, je n'allais pas m'en plaindre ! Des émanations d'hémoglobine fortement chargées en fer, odeur qui enivrait tous mes sens. Ainsi, je sortais de ma cachette de fortune afin de me diriger vers le lieu de la décapitation... Ah, non ! Le travail a été visiblement bâclé puisque la tête était toujours accrochée à son tronc, sur une toute petite partie, oui, mais toujours accrochée. J'ai le sens du détail, et mon perfectionnisme refoulé m'avait alerté devant ce défaut de découpage. Après cette furtive analyse anatomique, mon regard se déposa dans les yeux de Chafouin, ce fourbe, qui avait été à deux doigts de délivrer mon identité, avec une pointe d'ironie non dissimulée, certes.

"Chafouin, tu ne l'aurais pas fait, pas vrai, gneh ?", murmurais-je l'air moqueur, le sourire sadique qui me caractérisait si bien tapissé sur tout mon visage.

Visage qui était d'ailleurs anormalement creusé, il faut dire que je n'avais pas beaucoup mangé ces derniers temps, faute à des préparatifs laborieux et épuisants à la longue. C'est alors qu'une idée sournoise me traversa l'esprit, un vieux remède de grand-mère contre la mauvaise mine ! Ah... Chère Tomenn, pensais-je sur le moment. Cette femme était d'un chic à toutes épreuves. Elle avait le don des bonnes idées, et le pire, c'est que ça marchait plus que ça n'échouait, nous mettrons ça sur le dos de la chance. Ainsi, je m'abaissa lentement afin de récolter du bout de mes fins doigts, un extrait de ce sang tout justement sorti de l'aorte, un sang pure et oxygéné à n'en plus finir, l'or rouge comme je l'appelais ! Une fois ma récolte terminée, j’amenais le sang à mon visage, créant alors quelques fresques de part et d'autre de mes joues, et sur mon front, pour la fantaisie. A présent, j'étais prêt à en découdre avec la vermine.

Après cette brève parenthèse, nous nous sommes remis en route vers le centre du manoir, prenant grand soin à ne rien laisser derrière nous, ni même les cadavres sanguinolents, que nous avons essayé de cacher entre deux pyramides de tonneaux, limitant ainsi leurs visibilités, bien que le sang, lui, était toujours prédominant au sol.  Arrivés en haut, au rez- de-chaussé, nous nous sommes mis en quête de trouver l'escalier à l'étage, une tâche sans grande difficulté puisque nous avions des plans plus ou moins précis de l'endroit en question, et qu'une lueur trompa la présence de deux gardes, qui, sous la ruse du vieux Chafouin, tombèrent sans grande difficulté là encore.

Il ne restait plus que moi et le Colosse, montant marche après marche avec la plus grande discrétion, bien aidés par le tapis rougeâtre qui ornait ce dernier, et camouflait les éventuelles résonances dues à nos souliers claquant contre le marbre blanc. Une fois arrivés au premier étage, deux choix s'offrait à nous, la droite ou la gauche ! Deux couloirs, deux issues possibles, mais encore une fois, seul celui logeant le garde en armure nous intéressait. Je lançai un regard au Colosse, avant de pointer le couloir gauche du doigt, en effet, chaque entrées de couloirs avaient pour décoration un tableau, sur celui de droite, deux enfants âges d'environ six à huit ans sur la peinture, de l'autre, le juge et sa dinde. Le choix était vite fait de mon côté, mais qu'en était-il du Colosse ? Le fixant d'un dernier regard excité, je lui fis un signe interrogateur en direction du couloir de gauche, allait-il confirmer mes doutes ? Si oui, il fallait alors se décider sur l'ordre de passage, plutôt moi, et mon pistolet ? Cela éveillerait certainement tous le monde, et nous n'aurions que très peu de temps afin de fuir. D'autant plus que le juge aurait largement le temps de se lever en sursaut, et de saisir une potentielle arme cachée dans sa chambre. Ou alors, la jouer à la volée, et prier pour qu'un seul coup suffise à mettre le garde au tapis, si toutes fois il y en avait bien un devant la porte de la chambre.

Eylohr Lothar
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyJeu 14 Mar - 18:38
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Profession : Terroriste en fuite - Hermite
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  • Le vieux se débrouillait bien, il fallait l’avouer. Il avait neutralisé les deux précédents gardes avec une certaine agilité, et il avait guidé le colosse et le pâlot sans difficulté. Pour sûr que ses observations des lieux avaient été bonnes, et que, lui au moins, il avait fourni un travail discret, efficace et fiable. Pas comme la pâlot, qui avait amené un livreur jusqu’à la planque, livreur qu’il avait dû abattre ensuite, pour ne parler que de cela. La planque devait également être nettoyée, et bien que le vieux se soit attelé à la tâche sérieusement et avec professionnalisme, Eylohr se voyait déjà devoir revenir et incendier l’endroit. Parfois, il y a des choses que seules les flammes peuvent faire avec brio.

    Mais pour le moment, ces considérations devaient cesser. Car le vieux allait lancer l’ultime phase du plan : l’attaque. Comme il le dit si bien, plus besoin d’être discret, il fallait être efficace. Ce qui voulait dire user des lames, mais aussi des balles. Faire du bruit. Détruire. Ne pas hésiter à utiliser toute la puissance de feu qui était à la portée du colosse pour mener la mission à bien. Le vieux alla à la rencontre des deux gardes pour s’en occuper, tandis que le pâlot prit la direction des escaliers, comme indiqué par le plan. Ils gravirent les escaliers lentement, mesurant l’impact de leurs pieds sur le marbre et la résonnance affiliée. Du moment que leurs pas n’excédaient pas les bruits de ceux des gardes, les hommes du haut pourraient penser que les mouvements du rez-de-chaussée seraient ceux des sentinelles et des gardes du juge. Aussi valait-il mieux éviter de dégringoler et d’attirer le colosse à l’armure assistée. Celui-là, Eylohr s’en occuperait lui-même.

    A droite, un couloir. A gauche, un autre. Mais le jeunot remarqua la présence de tableaux arborant tantôt des enfants, tantôt le juge et une vieille bonne femme. D’aucun pourrait en conclure que les ailes étaient celles dédiées aux enfants, et l’autre, celle du juge et de sa femme. La richesse permet bien des choses, et le juge en avait apparemment à revendre. Eylohr zyeuta d’abord à droite, et il ne remarqua qu’aucun garde en armure assistée n’était présent. Ce n’était donc pas là que le juge était sensé être. Il zyeuta à gauche et débusqua alors ledit garde en armure assistée. L’heure tardive pesait vraisemblablement sur les paupières du garde, qui avait prit possession d’une chaise pour se reposer tout en restant à proximité. L’occasion était trop belle, mais il ne pouvait pas agir seul. S’il s’attaquait à la machine ambulante, le jeunot devait s’occuper du juge, de telle sorte que même s’il venait à échouer à tuer le garde, la mission demeurerait tout de même un succès. La mort du juge était nécessaire, pas celle de tous les gardes.

    - P’tiot Dit-il en chuchotant. J’vais attaquer l’bonhomme au dernier moment. C’que j’te propose, c’d’te faufiler jusqu’dans la couche d’ce salopiaud et d’tuer tout l’monde à l’intérieur : l’juge et sa grosse si elle est là. Fait ça discrètement. Mais si l’molosse s’réveil, j’lui saute à la gorge et j’le réduit en charpie. Ca t’va ?


Chafouin
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyVen 22 Mar - 23:02
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Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
Ses deux compères avaient filés, rapides comme le vent et gardant en plus la discrétion dont ils avaient fait preuve plus tôt, tant mieux, Chafouin se pencha sur chacun des gardes qu'il avait tuer pour s'assurer qu'aucun ne bougeait plus, mais il avait parfaitement visé, cependant le sang commençait déjà à former une mare importante, imprimant même le tapis précieux, quel gâchis se dit-il. Il dégaina son revolver alors que des lueurs s'avançaient au-delà de la porte d'entrée. Chafouin craignit un moment qu'ils ne reviennent dans la demeure, mais elles s'éloignèrent de nouveaux, comme un rappel que leur mission devait elle aussi se terminer aussi rapidement que possible.

Ne lâchant pas le crosse de son arme, il monta à pas de loups l'escalier tout en jetant des coups d’yeux réguliers derrière lui, comme s'il craignait qu'une autre patrouille ne déboule à l'improviste. Arrivé en haut il jaugea la situation, Chien fou et Ricaneur étaient encore en train de chercher la direction ? Le garde en armure assisté était assis à côté d'une porte, comme une immense pancarte de métal attirant l'attention, qu'est ce qu'ils attendaient alors, l'occasion était trop belle, il n'y avait pas matière à tergiverser, il fallait foncer, ce nigaud de garde commençait en plus à s'assoupir. Ce type qui était resté comme une statue de pierre de longues heures dans le froid en regardant son maître peindre montrait enfin un signe de faiblesse, comment Chien fou pouvait-il même réfléchir au lieu de se jeter sur lui ?

Chafouin se retint de prendre les devants, le garde ne portait pas son casque, il pourrait le tuer aussi rapidement que tous ceux présent auparavant d'un tir de grappin bien ajusté mais une seule erreur de calcul et la pointe irait rebondir comme le métal renforcé de l'armure, le réveillant à coup sûr. Il ne craignait pas ce cas de figure, même dans la semi obscurité il n'envisageait pas de rater son coup, à vrai dire, bousculer Ricaneur et Chien fou pour se placer devant eux serait bien plus compliqué que de tuer ce type.

Alors qu'il entamait le premier pas, des bruits de marche se firent entendre dans le couloir de droite,  encore un groupe de garde, et merde. Ils portaient une lampe à huile et alors que leurs yeux n'étaient que peu habitués à l'obscurité à cause de la lumière constante fournie par cette lampe, ceux de Chafouin étaient biens rodés à repérer depuis l'ombre, ils ne les remarquaient pas tout de suite mais cela ne serait qu'une affaire de secondes, surtout que les grand type en armure semblait être quelque peu perturbé dans son sommeil par la lueur naissante. Chafouin les distinguait bien au présent, il y en avait au moins trois, bien plus concentrés que leur précédents collègues et Chafouin n'aurait pas autant l'avantage de la surprise cette fois.

Il regarda ces deux camarades, cette fois c'était certain, il y allait avoir de la casse, Ricaneur et Chien fou savaient ce qu'ils avaient à faire, le géant s'occuperait sans doute du garde alors que le jeune en profiterait pour se glisser dans la chambre de sa cible, quant à Chafouin il fallait qu'il s'occupe de ces nouveaux arrivants. Il lança un regard à ses compères pour leur faire comprendre qu'il se chargeait de cette nouvelle menace et leur tourna le deux pour s'approcher des gardes, à peine 2-3 secondes avant que la lueur de la lampe à huile ne l'arrache de l'obscurité, cela se jouait maintenant ou jamais.

Luciole Aldebarra
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptySam 23 Mar - 14:45
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 Separa10

Une, deux, trois... Quelques secondes, le temps d'un soupire, un souffle silencieux au creux de l'oreille d'un géant de ferraille, il était barricadé de toutes parts. Beaucoup crierait au suicide, et pourtant, il le fallait. A la vue de Chafouin le fourbe, les émanations lumineuses, et la tétanie générale, je me décidais à fondre sur le garde somnolent. La lame de Chafouin entre mes doigts habiles, mes pieds placés en pointe sur ces tapis recouvrant presque toutes résonances, je fonçais, le bras tenant la lame bien adossé derrière mon bassin. Au fond, j’espérais également que le Colosse était en train de me suivre, mais rien n'était sûr, et je devais prendre ce paramètre en considération... Arrivé à son flanc, ce dernier ne tarda pas à se réveiller en trombe, à se lever, imposant son corps de géant face à moi, agrippant alors mon bras gauche mécanisé de sa main droite, j'étais dans une mauvaise passe. Malgré cela, il n'avait pas vu la lame qui allait défaire son âme, et là était son erreur. Mon bras masqué par mon frêle corps, ce dernier poussant un dernier cris de stupeur, j'avais atteint un point sensible de son anatomie, tout comme lui, qui avait réussi à me priver d'un bras...

"Alerte ! Intrus au premier étage ! Petite merde. Aler... urgh...", pouvait-on entendre. Un appel qui allait à coup sur alerter les deux-trois compères du couloir de droite, mais ce n'était pas mon affaire, Chafouin pouvait très bien s'en sortir sans moi.

Je devais le tuer, et après, courir dans la chambre du juge avant que ce dernier n'ait le temps de prendre une arme, ou que sais-je d'autre qui pourrait compromettre sa mise à mort. Ainsi, j'accompagnais ma lame dans le crane de cette forteresse ambulante, dont le port du casque avait visiblement était oublié. Malgré cela, il n'était pas aisé de viser dans la stupeur générale et l'afflux massif d'adrénaline, son cou était protégé par son armure, je n'avais plus que la tête pour m'en défaire. La pointe arriva donc en plein dans sa tempe, faisant son bout de chemin jusqu'à ce qui semblait être une barrière infranchissable pour un couteau mal aiguisé, le crane. A côté de ça, ce dernier avait eu le temps de démolir mon bras gauche, coincé entre son corps et le mur, je pouvais apercevoir des pièces de mon armature tomber au sol, faisant un bruit sans précédent, il était devenu inutilisable.

Il essayait de se débattre du mieux qu'il le pouvait, mais s'en était fini pour lui, l’abondance de sang au sol en disait long sur ce qu'il restait en sa carcasse, et la perte de connaissance était imminente. L'étreinte puissante qu’exerçait son autre main, la gauche, sur mon frêle cou commençait doucement à se relâcher, me permettant alors détendre la plaie jusqu'à la base de sa joue, puis ses lèvres, une plaie beaucoup moins profonde, certes, mais qui avait le mérite de le faire lâcher une bonne fois pour toute mon être. Légèrement choqué, mais lucide, je lâcha le couteau de pacotille pour attraper mon pistolet à Aqua-Magilithe, toujours les fesses à terre. Tous les gardes étaient maintenant au courant de notre arrivée dans la demeure, et il n'était plus question de discrétion, mais de survie.

Ne regardant pas si le Colosse et Chafouin étaient toujours près de moi, je défonçais la porte d'un coup de pied énergique et puissant, mon bras gauche toujours en lambeau, et quelques pertes de sang ici et là, signe d'une blessure superficielle causée par l'enfoncement trop violent d'un des morceaux de ferrailles composant mon bras jusque dans ma chair. Qu'en était-il d'eux ?

Eylohr Lothar
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyLun 1 Avr - 19:05
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Profession : Terroriste en fuite - Hermite
Pérégrins -2
  • Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout s’était passé très vite. Eylohr pensait être celui qui allait devoir composer avec la bête d’acier en armure assistée, et prévoyait déjà quelques blessures plus ou moins sérieuses pour lui. Il faut dire que la dernière fois qu’il avait fait face à un individu armé et doté d’une armure de ce gabarit, il manqua de passer l’arme à gauche. Cinq balles, deux coups de lames, une explosion et un combat au corps à corps, voilà ce que cela lui avait coûté. Et un séjour dans une des pires prisons du continent, durant lequel, il allait être le jouet, la bête de foire et le pantin de plusieurs scientifiques et autres médecins peu scrupuleux. Faire une nouvelle fois face à un individu de ce genre, voilà qui l’inquiétait quelque peu. Mais voilà, le sort était jeté et… Le pâlot au regard fou prenait déjà la direction de bonhomme en armure assistée qui dormait sur une chaise, son casque loin de ses épaules. Le combat promettait d’être intéressant, mais voilà : le jeunot n’avait pas été assez rapide. Le garde eut le temps de crier quelques mots, une mise en garde à l’intention de ses collègues qui, à n’en pas douter, ne tarderaient pas à se faire connaître.

    Trois d’entre eux se présentaient par la droite, dans le couloir qui était sensé déboucher sur les chambres des enfants de la cible. Si toutefois la présence de tableau était une réelle information. Alors, conscient que le cri du premier garde plus l’arrivée de trois autre serait peut-être le glas de cette opération sensée être discrète, Eylohr dégaina son revolver, fit volte-face et s’élança dans une course très rapide étant donné le peu d’espace qui le séparait des trois gardes. Ouvrant ses bras, il baissa la tête et s’abaissa à leur hauteur, avant d’envoyer son épaule droite dans le plexus du premier garde. Puis le petit train fut lancé : le premier garde, qui devait bien peser une centaine de kilos sans son équipement, fut comme coupé en deux et heurta de plein fouet le second, lequel alla s’empaler contre le troisième. Et l’ensemble colosse-gardes s’écrasa au sol, tandis qu’Eylohr appuyait de tout son poids – presque un double quintal – afin d’être certains qu’ils seraient tous à terre. Seulement voilà…

    Il n’avait pas prévu les effets destructeurs de la lampe utilisée par les gardes pour éclairer leur chemin. Il n’avait pas non plus prévu les conséquences du cri d’alarme du précédent garde en armure assistée, dont la voix avait le mérite de porter loin. La lampe à huile vint s’écraser à l’entrée du couloir, pile devant Chafouin qui allait devoir en supporter les conséquences. L’huile bouillante conduisit à l’incendie de la moquette du couloir, et éclaboussa une partie des murs et du parquet du couloir. Les flammes étaient petites, mais ne tarderaient pas à prendre en ampleur alors que tout le contenu se répandait allégrement. Bientôt, les petites flammes devinrent grandes, et commencèrent à barrer le chemin au couloir de droite, là où se trouvait le colosse, qui ne pourrait bientôt plus faire machine arrière.

    Mais s’il avait lui aussi ressenti les éclaboussures incandescentes de la lampe à huile, le colosse venu du nord devait s’occuper du trio de garde armé jusqu’aux dents. Le premier fut coupé en deux, aussi était-il hors-jeu durant quelques temps. Le second du subir de plein fouet son camarade de devant et l’élan du colosse, mais rien de grave. La troisième, lui, avait déjà son revolver prêt à être utilisé. Et là encore tout se passa très vite. Eylohr n’eut pas le temps de se relever – certainement à cause de sa grande et grosse carcasse, mais il ne l’avouera jamais – que déjà le troisième homme avait réussit à se dégager de la mêlée écrasée au sol. Sans réelle précision, il tira deux coups. Le premier effleura le colosse qui ressentit une vive douleur et une grande brulure. La balle continua son trajet en plein milieu du couloir. Espérons pour Chafouin qu’il ne se trouvait pas sur la trajectoire. Le second coup, lui, fut tiré presque immédiatement après le premier, mais le recul de l’arme avait eut le mérite d’orienter le canon pile poile dans la direction d’Eylohr, l’Ours du Nord. La balle trouva le chemin de l’épaule gauche du colosse et y entra avec douleur et fracas, ce qui arracha un rictus nerveux et un grognement au géant qui se laissa choir sur le côté droit. Il allongea son grand bras droit et posa la main sur le canon chaud du garde. Une façon bien peu efficace de le désarmer, mais au moins n’allait-il pas tirer tout de suite à nouveau. Il savait qu’il devait prendre le dessus, aussi se traina-t-il de telle sorte à ce qu’il puisse tenir sur ses genoux. Une fois fait, il aligna de sa mire le garde qui avait eu l’outrecuidance de lui tirer dessus. Il tira deux balles en direction de la poitrine de l’homme qui rendit son dernier soupir une fois que le second projectile eut atteint le centre de sa poitrine. Le colosse fut si soulagé qu’il en oublia la présence des deux autres gardes. Si le premier était encore plié en deux, le second, lui, avait réussit à dégainer sa petite dague et à la planter dans la fesse gauche du colosse. Cette fois, Eylohr ne put réprimer le cri de douleur et sa grande et grosse voix fut audible partout autour de lui. Comme réponse, il asséna un violent coup de crosse à ce garde imberbe qui venait de lui trouer les fesses… - sans mauvais jeu de mot. Un sursaut de colère provoqué et par les douleurs et aussi par la honte d’une telle blessure firent oublier au colosse la notion de « discrétion » de l’opération qui était déjà de toute façon un échec à ce niveau, et tira deux autres balles dans le crâne du garde qui n’avait pas retiré le poignard du croupion du pirate. Et pour l’autre garde ? Celui qui était toujours étendu au sol ? Cette fois le colosse n’allait pas lui laisser l’initiative, et tira ses deux dernières balles dans le corps du pauvre type recroquevillé sur lui-même, sans même regarder si les projectiles allaient tuer l’homme ou juste le blesser.

    Il avait mal. D’un coup sec, il retira la lame de sa fesse gauche, soulagé qu’il était de voir que le saignement était faible. En revanche, le projectile dans son épaule avait provoqué plus de dégâts, et la perte de flux vital était plus signifiante alors. Bordel de merde ! se dit-il alors qu’il évaluait les dégâts. Il voulut trouver une solution à sa blessure, lorsqu’un rayonnement de chaleur grandissant commençait à irradier dans son dos. Il faisait de plus en plus chaud, et une odeur de braise et de bois brûlé vint à ses narines. Il y avait le feu. C’était bien la peine d’être discret tiens… Et comment il allait pouvoir sortir de là avec un incendie dans son dos ?! Il n’avait aucune issue.


    ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


    Pendant ce temps, Alfrid et Barde fumaient leurs cigarettes tout en faisant leur ronde. Ils se délectaient d’une nuit calme, d’un ciel éclairé par les lunes et de magnifiques étoiles, dont les lumières reflétées dans les arbres donnaient l’impression d’une jungle foisonnante de vie. Ils étaient heureux d’avoir accepté le contrat du juge, le jour où son chef de la sécurité, un certain « Adolpho Krüg » avait démarché le duo en quête de contrat dans une taverne chic mais bien au-dessus de leurs moyens. Au moins, le pari qu’ils tinrent en ce lieu fut payant : jouer les riches mercenaires pour s’enticher d’un commanditaire fortuné. Et ils étaient bien heureux ici, à gagner la meilleure paye de leurs vies, tout en surveillant les alentours d’une propriété confortable et magnifiquement entretenue. Ils s’éloignaient de la maison, et avaient encore une vingtaine de minutes à marcher avant de retourner au poste de garde pour y prendre une pause et un café bien mérité.

    Mais un cri vint attirer leur attention. Un cri quelque peu étouffé, provenant de la maison. Il n’était pas rare que le juge hurle dans sa demeure à cause d’un client un peu trop récalcitrant, ou de ses enfants un peu trop turbulents. Mais à cette heure-ci, cela pouvait soulever des questions. Ils s’apprêtèrent à reprendre leur ronde lorsqu’un bruit sourd se fit entendre, suivie de deux coups de feu. Quelque chose se tramait, et suffisamment grave pour ameuter le reste de la garde. Car de tous les côtés, les gardes qui étaient affectés à d’autres chemins de ronde, à la garde des entrées et sorties ou simplement en pause dans le poste de garde, tous prirent le chemin de la demeure. Certains étaient armés de fusils classe magnum, d’autres de revolvers simples, mais ils possédaient d’autres armes bien plus destructrices. Car le juge avait laissé des instructions : s’il devait lui arriver malheur, ses assassins ne devaient en aucun cas s’en sortir vivant, et ses gardes se transformaient alors en exécuteur de testament. Et celui qui tuerait l’assassin du juge allait recevoir une récompense de deux millions d’irys. Alors forcément, tous les gardes du coin iraient tenter leurs chances.

Chafouin
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptySam 6 Avr - 18:42
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Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
Chaque plan préparé à l'avance est selon toute vraisemblance facile, du moins si on s'en tient au procédé de base, qu'on le suit sans dévier d'un poil, bien sûr, il peut y avoir des imprévus, aucun plan n'est parfait mais toute personne doit apprendre à gérer avec, généralement, si chacun s'en tiens à sa tâche de base, est suffisant compétent pour réduire le risque de malchance et a contrario, provoquer de la chance lorsque cela est nécessaire, alors aucun plan n'est irréalisable même malgré les hospices les plus défavorables.

Mais parfois, alors qu'on semble sûr de réussir, un petit imprévu arrive, rien pour faire capoter un plan bien préparé, mais avec un coup du destin, ce petit imprévu met en chaîne une réactions de malchance et de mauvaises décisions qui font passer même les plans les mieux préparés pour une entreprise risquée menée par de parfaits abrutis.

Chafouin aurait aimé qu'il y ait un peu plus de petits imprévus, cela aurait mis du piment dans cette mission même s'il s'amusait déjà assez comme ça, mais en l’occurrence, le cri d'alerte provoqué par le garde de l'autre côté du couloir était largement assez suffisant en terme d'imprévu, les trois types prirent un air inquiet et se dépêchèrent vers la source du bruit révélant de plus en plus la silhouette de Chafouin alors qu'il apparaissait sous la lumière inquisitrice de la lampe.

Cela aurait pu être rapide, les deux bras levés, il aurait lancés ses grappins dans la tête de ceux qui ne portaient pas la lampe, le troisième aurait sans doute paniqué, il aurait profité de cette panique pour s'élancer vers lui, oh pas de plein front, sans doute en plantant un grappin sur un mur pour s'aider de la verticalité pour surprendre son adversaire avant de s'élancer pour lui sauter dessus. Cela aurait été risqué et il aurait peux être écopée d'une balle mais la probabilité n'était pas aussi élevé que cela et ce qui se serait passé aurait été sans fois plus efficace que la catastrophe qui arriva alors.

Alors qu'il s’apprêtait à presser les poings, une ombre gigantesque le dépassa, lui obstruant complètement son angle de tir et apparaissant d'un coup dans la vision des trois hommes. Il eut à peine le temps de crier «  Mais quel con !  » que le colosse percutait le trio ennemi avec force et fracas. Chafouin dans sa grande malchance ou chance peux être, manqua de peu de se faire asperger du liquide qui s’échappa de la lampe brisé. Provoquant des éclaboussures d'huile sur toute la moquette. Paniqué, il tenta d'éteindre les flammes les moins farouches en les étouffant avec ses pieds, mais du rapidement s’arrêter avant de prendre feu à son tour. Il regarda par delà les flammes naissantes Chien fou aux prises avec ses adversaires qui ne feraient sans doute pas un pli. Une balle vint lui frôler la tête, lui vrillant les oreilles et l'obligeant à s'accroupir.

Il maudit Chien fou pour sa stupidité, il maudit Ricaneur pour l'avoir choisi lui plutôt qu'un autre et surtout il se maudit lui-même pour n'avoir pas fait plus pour contredire le choix de son employeur. Il se souvint de son avertissement, quelques heures plus tôt, quoi qu'il puisse se passer, le plan serait foutu en l'air pour le dernier membre du trio. Honnêtement, il avait plus lancé ça sur le coup de la colère que par réelle conviction. Il n'aurait jamais cru que cela se produirait malgré tout et alors qu'il voyait ce géant étriper ses ennemis, il n'avait jamais été aussi énervé d'avoir eu raison.

Mais maintenant, il fallait réfléchir, analyser la situation, s'adapter, trouver des solutions. Si Chien fou était rendu ici, c'était que par un moyen ou un autre Ricaneur avait pu gérer le garde en armure comme l'exclamation étouffée quelques secondes auparavant l'avait prouvé. Ce qui signifiait aussi que la chambre du juge était libre, mais que leur voie de sortie allait se réduire de plus en plus de secondes en secondes maintenant que Chien fou venait de mettre le feu au couloir. De plus, ces flammes se transformeraient rapidement en incendie, ce qui allait rameuter les gardes à l'entrée, entrée qui débouchait directement sur l'escalier dont ils avaient besoin d'emprunter pour retourner vers leur échappatoire, aucune chance d'y accéder si le passage était bouché par une bonne douzaine de gardes surarmés voir plus, il leur fallait un moyen de passer, comme un otage par exemple.

Chafouin regarda à travers le rideau de flamme naissante, s'il n'avait pas le juge, son gosse ferait l'affaire. Il lança son grappin contre un mur, déclencha le retour grappin et pria pour traverser en un seul morceau. Cela réussit et il atterrit en dépassant Chien fou encore aux prises avec son dernier adversaire. Sans porter assistance au colosse, il défonça la chambre où était supposé se trouver le marmot. L'intérieur de la pièce lui donna raison, quelques jouets, des vêtements de taille enfant et surtout un lit avec un drap où se cachait clairement une silhouette tremblotante. Chafouin s'élança et enleva la couette sans ménagement, le garçon hurla de peur, visiblement l'astuce de se cacher sous les draps pour éviter les monstres ne marchait pas si bien que ça. Maintenant qu'il apparaissait comme un croque-mitaine démoniaque, Chafouin agrippa l'enfant par le col de son pyjama et lui intima de la fermer s'il voulait revoir son père.

En ressortant de la chambre avec son otage, il vit que Chien fou avait fini avec les gardes mais qu'il était blessé, il lui lança un regard mauvais, c'était de sa faute s'il était dans cette situation et il ne comptait pas le moins du monde l'aider à s'en sortir, tant que lui et Ricaneur survivait il n'avait rien à faire de la destiné du géant. Alors que le rideau de flamme devenait de plus en plus important, il activa une nouvelle fois son grappin pour traverser ce mur de flamme, tout en agrippant le gosse par la taille pour l'emporter avec lui. En arrivant de l'autre côté malgré l'intense chaleur des flammes il vit que son otage et lui-même étaient en un seul morceaux, enfin presque, son manteau commençait à cramer. Il s'agita pour enlever les flammes, mais préféra vite se débarrasser de son manteau pour le jeter dans les flammes, ce qui étouffa très succinctement ses dernières. Laissant une minuscule fenêtre au colosse pour échapper au brasier naissant, à voir s'il en profiterait.  

Alors que le gamin essayait de se barrer en douce il le chopa de nouveaux et s'élança vers la chambre du juge en le traînant. Il devait avoir une minute grand maximum avant que les flammes ne dévorent les alentours de l'escalier et leur bloque la sortie de l'entrée et du couloir menant aux égouts. Dans ce même temps les gardes auraient sans doute largement le temps de débouler. Arrivé à l'intersection du couloir il vit le garde en armure, mort, mais avec les restes du bras mécanique de Ricaneur dispersées sur le sol, le gamin ne l'avait pas tué sans laisser un peu de sa personne. La porte du juge était quant à elle défoncée et merde, Chafouin espérait ne pas être arrivé trop tard. Il agrippa le gosse plus fort et hurla pour attirer l'attention de Ricaneur qui était sans doute encore dans la chambre.

-Ricaneur, tue pas le juge ! Il faut qu'on l’emmène pour s'en servir d'otage, il faut qu'on se barre d'ici en vitesse, c'est vraiment la merde ! J'ai son fils avec moi, dit-lui que je le bute direct s'il fait mine de résister !

S'il était trop tard, garder le gosse en tant qu'otage serait-il suffisant ? Les gardes hésiteraient-ils à tirer ? Et surtout le trio aurait-il le temps de s'enfuir avant que les flammes ne les consument ?

Luciole Aldebarra
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyDim 7 Avr - 0:31
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 Separa10

Des cris, un coup de feu, puis, des cris... Encore des cris, puis, plus rien. La porte était à terre, la chambre au demeurant vide, mon bras gauche en lambeaux et légèrement saignant. J'avançai en son sein, l'arme dégainée, déterminé mais aussi très prudent. Le lit était vide, mais le désordre le composant indiquait bien qu'une ou plusieurs personnes s'y reposaient il y a de cela quelques secondes. Au fond de cette couche, une autre porte incrustée d'une tapisserie de mauvais goût, inconnue de nos plans, mais bien présente à cet instant. La pièce dans laquelle je me trouvais était vide, comme je m'y attendais, il n'y avait personne d'autre que moi, ici. Il existe des passages secrets, des portes et des salles secrètes dans toutes maisons de la haute bourgeoisie, ce qui m'amena rapidement à la conclusion suivante... Il, ou ils, avaient eu le temps de fuir les lieux et de se réfugier dans la pièce d'à côté. Une pièce qui devait très certainement recueillir quelques perles de l'ingénierie Daenar et avec elles, quelques belles armes de défense aux balles fourbes.

Alors que je me dirigeai en direction de la fameuse porte, une idée me vint à l'esprit. Arrivé à proximité du lit conjugal, j'attrapai une robe froissée et l’imprégna de quelques bonnes gouttes de mon sang fraîchement oxygéné, avant de la ranger dans une poche. Ce subterfuge allait très probablement m'aider dans les minutes à venir, prudent quant aux événements à venir et craintif des conséquences des actes du Colosse aux mains imprudentes. Continuant ma dangereuse avancée vers la planche de bois décorée, alignant pas après pas, le pistolet braqué en sa direction, je ne pensais plus, je n'étais plus moi-même... J'étais en chasse. Le prédateur traquant sa proie, le sourire sadique qui me caractérisait si bien imprégnant tout mon visage, j'avançai.

Alors que je m’apprêtai à tirer à vue, et ceci, avant même d'ouvrir la porte pour contrer toutes embuscades potentielles, une voix me coupa dans mon élan.

Il s'agissait de Chafouin, ce fourbe, qui avait vraisemblablement attrapé le joli petit blondinet qu'il avait vu sauter au cou du juge, il y a de cela quelques jours. Sa voix, bien que ferme et posée, me laissa présager une soupçon non négligeable d'anxiété, nous devions nous dépêcher... Une nouvelle qui raviva mon désir de destruction de cette jolie frontière de bois et me ramena à des pratiques plus en harmonie avec ma personnalité habituelle, la fourberie. Ainsi, je me contentai de déposer mon oreille contre la cloison (et non contre la porte) me séparant de ma victime du jour, tout en dictant ces quelques mots.

"Eh ! Monsieur Johanssen, c'est moi, Luciole ! Vous vous souvenez de moi ? J'espère que vous allez bien. Bon, soyons clairs, soyons efficaces si vous le voulez bien !"

Un gémissement de peur d'origine féminine se fît entendre à travers la serrure de la porte.

"Oh, mais... J'espère que je ne vous dérangeai pas ? Bon, écoutez-moi... Je vais faire vite, être clair et ne pas tourner autour du pot pendant trois heures, vos gardes sont beaucoup trop virulents et la prochaine vague ne va pas tarder à pointer le bout de son nez. Vous avez donc exactement cinq secondes pour vous présenter à moi, les mains sur la tête. Vous pouvez laisser votre compagne dans le placard à chaussures, elle ne m'intéresse pas !", disais-je alors.

Luciole replaça une mèche derrière son oreille avec le reste de bras métallisé qu'il lui restait.

"Si vous ne faites pas ce que je vous dis... Je l'envoi dans un camp de travail perdu au milieu de Klumpen, ou alors... Je peux le donner en pâture aux magnifiques créatures de My'Tra, ah !", ricanais-je.

A ces mots, l'objet de mes convoitises pointa le bout de sa voix.

"C'est bon, je sors, je sors ! Ne lui faites pas de mal !", hurla-t-il de vive voix, ouvrant la porte, exposant ses mains au premier plan, j'étais toujours armé.

"Oh... Mais que vous êtes beau ! Je peux vous confier quelque chose, entre bons vieux amis ?! La tunique ne vous va pas au teint, vraiment. Regardez-moi ce torse-poil des plus virils, c'est d'une gourmandise sans nom ! Mais ne nous perdons pas en discussions inutiles, nous ne sommes pas là pour ça.", rétorquais-je de nouveau.

L'homme s'avança vers moi, les yeux amplis de terreur, mais aussi plein de jugement, le jugement... Comme lors de mon procès, ce regard, cet aspect hautain mêlé à la pitié dont il faisait preuve à mon égard. C'était dans cette salle, je m'en souviens. Le marbre froid et grisâtre appuyait que plus encore la dureté de la peine qu'était la mienne. Il m'avait classifié de "fou", un enfant délaissé et oublié, parfois maltraité, mais dont la noirceur de l'âme ne pouvait être récupérée. Il ne me considérait pas comme un vulgaire tas de fumier et pourtant, c'est bien lui, cet homme qui m'a envoyé dans ce trou à rats complètement isolé de toutes présences humaines saines. Jamais je ne lui pardonnerai et il devra payer, au moment venu, le fruit de sa sévérité à mon égard. Le faisant signe d'avancer rapidement en direction du couloir, je constatai avec stupeur la montée de fumées toxiques, on devait faire vite.

Provoquant une accélération de la fréquence de nos pas grâce à mon canon menaçant, nous avons fini par arriver dans le couloir où était présent Chafouin et l'enfant, seul le Colosse manquait à l'appelle. A présent, c'était un autre problème qui allait venir perturber notre petite escapade, car la garde de relève était enfin arrivée au rez-de-chaussée et entamait la montée des vingt six marches composant l'escalier, prêt à en découdre. Nous avions l'avantage du terrain, la surprise, le juge et son enfant entre nos mains malsaines, la mère tétanisée à l'autre bout de la chambre et cette robe entachée de sang que je comptais utiliser comme moyen de pression, faisant croire à la garde que la femme était à l'agonie, et que, sans laissez passer de leur part, elle finirait par mourir vidée de son sang.  

A présent, j'attendais, non sans crainte, le Colosse et la réaction de Chafouin, qu'elle stratégie allions-nous adopter à présent ?

Eylohr Lothar
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyDim 7 Avr - 22:52
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  • Le ballet d’allers et retours de Chafouin avec ses grappins était impressionnant à voir. Réellement. L’espace d’un instant, le colosse aurait préféré être moins grand et moins lourd, pour pouvoir s’enfuir à l’aide de ces grappins, merveilles de technologies, que seuls les ingénieurs Daënars savent inventer, construire et perfectionner. Comme cela, il aurait pu suivre le chemin du vieux, traverser le brasier en devenir et ressortir de l’autre côté, à l’abri des flammes. Mais non. Il était grand, et il pesait son poids. Il est certain que même deux grappins ne sauraient faire face au double quintal du colosse, pas plus que les murs dans lesquels ils se planteraient. Dommage.

    Chafouin est parti avec un des enfants, pour ce qui semble être une ruse de dernière minute, un moyen soudain de combattre l’anéantissement de la discrétion et de s’assurer un moyen de sortie de cette demeure qui allait devenir un tombeau pour le trio. Il faut dire que le colosse n’avait pas été le plus rusé sur ce coup-ci… Il en avait déjà payé le prix, mais sans doute n’était-il pas assez lourd, ce prix. Car pour s’échapper d’une aile en flamme, sans pouvoir recourir aux escaliers… Les chances étaient minimes… A moins que…

    Une idée lui vint. Se relevant de la mêlée ensanglantée, il se dirigea vers la grande fenêtre qui donnait sur l’intérieur de la cour, au-dessus de là où se trouvaient les deux sentinelles en discussion tout à l’heure. L’étage était haut, bien sûr, mais peut-être pourrait-il trouver le moyen de s’enfuir en sautant. En une seconde, mille et unes idées naquirent en son esprit, avant de disparaître comme neige au soleil. Un des matelas des gosses ? Trop petite cible à atteindre. Une pile de vêtement en plus ? Non, improbable. Alors que faire… Là encore, une idée lui vint.

    ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

    Alfrid et Barde avaient quitté leurs chemins de rondes et la confortable routine qui allait avec. Plus de factions ennuyeuses, plus de gardes à fumer, boire et ricaner. Maintenant, ils devaient faire ce pourquoi ils étaient payés depuis si longtemps : défendre le juge et, si besoin, venger sa mort. Deux millions d’irys… Que voilà une récompense qui ferait pâlir de jalousie le plus riche baron, la plus opulente des princesses, et même le plus riche des généraux du continent. Alors imaginez ce que des portes flingues pourraient faire pour une telle somme…

    Ils rejoignirent le fameux Adolpho Krüg, le chef de la sécurité. Ce type était plutôt impressionnant. Il était un vétéran des Forces Expérimentales, spécialisé dans les opérations de hauts vols : parachutages, invasion de places fortes, sauvetages d’otages, bref, il avait connu à lui seul plus d’expériences de combat que la plupart des soldats de l’UNE réunis. D’ailleurs, il en portait encore les cicatrices. L’œil gauche crevé avec une cicatrice allant du front jusqu’au coin de la lèvre, un crâne rasé, une longue barbe soigneusement entretenue descendant jusqu’en haut de la poitrine, une taille respectable toisant le mètre 85 et une solide carrure dotée de muscles savamment travaillés par des entrainements de qualité. Adolpho organisa la résistance face à l’attaque. Il prit la quasi-totalité des gardes de surface, pour ne laisser que les gardes des sous-sols en faction, et quelques autres binômes aux sorties du domaine. Alfrid et Barde, eux, reçurent une toute autre mission : apporter l’arme. Oui, l’arme. Il s’agissait d’une mitrailleuse appartenant anciennement à l’armée et retirée des troupes pour son âge avancée. Le juge n’eut aucun mal à la racheter, à l’approvisionner en munitions et à la remettre en état. Elle était l’arme maîtresse dans l’arsenal des mercenaires. Ils le déployèrent devant la maison, face à l’entrée où s’engouffraient les mercenaires pour monter à l’étage et faire face au pâlot et au vieillot. Les consignes étaient claires : si le grabuge devait continuer, et si le juge était tué, les mercenaires quitteraient les lieux sur le champ pour que la mitrailleuse, armée spécialement de balles perforantes, puisse réaliser le carnage attendu. Bien-sûr, ils ne se doutaient pas encore que le juge fût retenu en otage, et qu’en plus de celui-ci, son fils, était également un bouclier. Et tandis qu’à l’intérieur, des cris se firent entendre et que le grabuge semblait présent mais toujours constant, les deux mercenaires, Alfrid et Barde, commencèrent à s’ennuyer et à allumer une cigarette. Quel doux retournement de situation. Car la situation était propice au colosse, voyez-vous.

    Dans la demeure, en revanche, la situation était toute autre. Le duo de tueurs était dans les escaliers, retenant en otage le juge et l’enfant, tandis qu’une partie de l’aile commençait à s’embraser. Les flammes grandissaient, se propageant en direction des chambres des enfants, et donc du colosse, mais également en direction des escaliers. La chaleur devenait étouffante, les flammes léchaient le duo de tueurs et menaçaient les mercenaires qui avançaient en leur direction. L’enfant hurlait de peur et de douleur, beaucoup moins résistant qu’il était face à la fureur des flammes. Le juge, lui, ne savait pas trop comment se comporter : être docile, ou demander aux mercenaires de faire feu ? Nul doute qu’une fusillade dans ces lieux provoquerait la mort des deux assassins, du juge lui-même et de son enfant. Et cela, il n’y était pas disposé.
    - Adopho ! Adolpho ! Dit le juge qui voyait déjà un massacre se produire ici, tandis que le bras de son tortionnaire l’empêchait de parler et de respirer confortablement. Ne tirez pas ! Ne tirez pas ! Ils ont mon enfant ! Mon enfant !

    Adolpho grinçait des dents. Il désirait plus que tout mettre fin à cela et éteindre ensuite l’incendie. Moins pour le juge que pour lui, car sa réputation de mercenaire était en jeu. Si son protégé mourait, personne ne voudrait l’engager ensuite, et il faudrait bien qu’il vive ! A moins qu’il ne tue l’assassin du juge, et ne gagne une retraite bien méritée. Son revolver pointé en direction des criminels, dont il discernait les formes mais très difficilement les visages à cause des flammes derrière eux, rendant une sorte de contrejour assombrissant les détails et les visages, Adoplho ne savait pas bien sur quel pied danser. Il devait suivre les ordres de son commanditaire, et il devait également suivre les protocoles mis en place. Que la situation était déplaisante… Et elle n’allait pas s’arranger, loin de là.

    ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

    Eylohr était toujours en proie aux flammes et au dilemme de sa survie. Traverser le mur de flamme ne l’effrayait pas. Cela serait douloureux, mais une épreuve de plus qui pourrait permettre au colosse de libérer un peu plus ses pulsions et ses envies de hargnes. Mais finir dévisager, brûlé, handicapé, n’était pas pour lui faire plaisir. Au contraire, cette idée l’effrayait même quelque peu. Il avait vu les dégâts des flammes sur les chaires, et il savait qu’il ne s’agissait pas d’un sort enviable. Il valait mieux se l’éviter. La fenêtre alors ? Pourquoi pas.

    Car en-dessous de la fenêtre se trouvait le fameux duo de tout à l’heure, derrière la mitrailleuse armée et prête à en découdre. Ils attendaient les instructions de ceux qui étaient dans la bâtisse, et même Eylohr pouvait entendre les cris et les ordres qui claquaient, malgré le crépitement des flammes qui s’approchaient inexorablement de lui. La chaleur devenait étouffante, et le rayonnement commençait à lui brûler le dos. Il fallait agir avant qu’il ne se transforme en un tas de viande fumante et carbonisée. Il dégaina son revolver à nouveau, fit quelques pas en arrière, autant qu’il le pu malgré les flammes, et s’élança en direction de la vitre. Il plongea en avant, dans un saut doté d’un puissant élan que sa masse musculaire lui permettait de réaliser sans trop de craintes, comme tout à l’heure face au trio de gardes qu’il plaqua au sol sans trop de problèmes. La vitre céda face à l’assaut brutal du colosse, se brisant en milles morceaux acérés tandis que le molosse, devenu projectile, tombait en direction du duo qui se trouvait non loin. Et si le bruit d’une vitre brisée sortit les deux mercenaires de leur torpeur, ils ne furent en rien préparés à recevoir un projectile de deux cent kilos.

    Eylohr tomba comme une masse. Les corps de deux mercenaires adoucirent globalement sa chute, mais pas pour la totalité de son corps. Mains en avant, coude fléchis, il chuta sur les deux mercenaires qui formèrent un tapis confortable. Pourtant, ses jambes, elles, rencontrèrent le sol sans aucune forme de confort. Ses genoux tombèrent au sol, puis ses pieds. Rien de cassé, mais une douleur aigüe fit son apparition à son genoux gauche alors que la rotule avait rencontré un caillou trop chanceux. Rien de cassé disait-on, mais une gêne handicapante tout de même, en plus de la blessure à l’épaule et à la fesse. La chute fut tout de même lourde, et le colosse prit deux ou trois secondes pour pouvoir reprendre ses esprits, bien que la douleur du genou permît de rapidement reprendre conscience de son corps et de l’urgence de la situation. Il avait survécu à une chute d’un étage, ce qui n’était pas impressionnant en soi, mais il fallait avouer que la bâtisse était bien plus haute que les autres.

    Le premier milicien souffrait atrocement. Il faut dire que la chute du colosse avait été rude. Barde avait prit le coup le plus fort, et plusieurs de ses côtes furent brisées, tandis qu’une autre facture, interne, beaucoup moins visible, faisait son office. Un des principaux vaisseaux de son abdomen avait cédé, tant le choc fut rude. Il allait mourir d’une hémorragie interne, mais avant, il aurait le temps de souffrir encore un peu. Le second, lui, avait reçu le coude droit du colosse dans la mâchoire, ce qui l’envoya directement au tapis, inconscient. Il souffrirait de quelques fractures bien-sûr, mais rien qui ne mettrait sa vie en danger.

    Se relevant difficilement, le genou endolori et l’épaule sanguinolente, il découvrit avec amusement et surprise l’arme de mort qui s’offrait à lui. Elle était armée, disposant de milliers de cartouches de réserves et d’une bonne centaine déjà armées. La douleur raviva son instinct. Pas l’instinct de survie, mais l’instinct de prédateur, l’instinct de guerrier, l’instinct bestial. Contemplant cette arme de mort, un sourire commençait à poindre sur son visage. Ce sourire commença à s’agrandir, sa bouche s’entrouvrant, découvrant ses dents blanches alors que son regard bleu océan laissait transparaître toute l’étendue de son ignominie. Un rire, d’abord nerveux, puis sadique, vint animer sa bouche alors qu’il posa doucement ses mains sur les poignées de la mitrailleuse. L’armurier qu’il fut était formel : les poignées permettait de viser, la gâchette, elle, se trouvait juste en-dessous. Il fallait appuyer sur les deux leviers en même temps pour pouvoir tirer des salves continues. Sa respiration se fit plus grande, plus profonde, alors que l’excitation commençait à atteindre son paroxysme. Il se souvint que deux compères se trouvaient à l’intérieur. Alors il tenta une ultime manœuvre avant de se laisser aller à sa furie et à sa folie destructrice.

    - Chafouin ! Luciole ! A couveeeeeeeeeeeeert !

    Son cri, ses mots, résonnèrent comme résonne le glas dans un village meurtri. Un ultime avertissement, une aide de dernier recours, une perche tendue à ses compagnons d’infortune afin que toute cette opération puisse être un succès et non un terrible désastre. Alors qu’il voyait les mercenaires refluer au rez-de-chaussée, signe que le duo et les otages avançait vers la sortie plutôt que de rester coincés à l’étage, Eylohr lâcha l’abonde à sa colère et à sa furie. Il visa en direction de l’ouverture du rez-de-chaussée, en direction de la cohue des mercenaires qui refluent, et apposa ses doigts sur les gâchettes. C’était le moment. Et un déluge de feu allait s’abattre sur tout ceux qui se trouveraient au rez-de-chaussée, tandis que la mitrailleuse déchirait l’air à chaque détonation.


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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyDim 7 Avr - 22:52
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyMar 9 Avr - 17:30
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Ricaneur avait finalement réussi son pari et il emmenait le juge avec lui, parfait, en plus de ça Chafouin avait toujours l'enfant, deux otages devraient maximiser leurs chances de partir d'ici en un seul morceau et tant pis pour le colosse, il n'était toujours pas sorti du brasier qui continuait de se former dans l'autre couloir. Il fallait d'ailleurs s'empresser de rejoindre l'escalier avant que ce dernier soit lui aussi bloqué. Il regarda Luciole qui se tenait derrière lui.


-Fait avancer le juge, on se rend à cette foutue sortie.


Mais en arrivant devant l'escalier ce ne fut pas moins de onze gardes qui les y attendaient dans l'escalier et au rez-de-chaussée. Le chef de la sécurité avait ramené le reste de la garde semblait-il et toute cette petite troupe s'était rassemblée pour les bloquer dans la demeure. Aussitôt qu'ils furent en vue, Chafouin leva bien haut le gosse pour se protéger le visage et colla son revolver sur la tempe de l'enfant, le juge pour sa part supplia ses hommes de ne pas tirer. Réaction plus que logique, surtout que Chafouin entendait le marmot se mettre à pleurer à chaudes larmes et encore, ce n'était que le début. Adolpho, le chef de la sécurité grinça des dents alors qu'il voyait ces assassins s'avancer avec le brasier qui les couvrait en arrière fond, il n'eut pas d'autre choix, s'il laissait le brasier les consumer, le juge et l'enfant mourraient tous les deux.


-Reculez, reculez ! Ordonna Adolpho.


-C'est ça, faites ce que dit votre chef. Commenta Chafouin qui voyait presque une porte de sortie alors qu'il s'éloignait peu à peu des flammes de l'étage, celles-ci cependant risquaient de gagner tout le reste de la demeure.


-Alignez vous au rez-de-chaussé, je veux que tout le monde jette son flingue, allez ! Vous pensez que je vais hésiter ? Fit Chafouin en plantant un peu plus son revolver dans la tempe du gosse.


-Vous êtes vraiment des grands malades vous ! Tiens bon Eric, on va te sortir de là mon gars. Répondit Adolpho qui laissa tomber son pistolet, tous les hommes firent de même en lançant des regards emplis de haine dans leur direction.


-Des paroles sensées, tu vois Eric, pratiquement plus personne n'aura à mourir aujourd'hui. Dit Chafouin en souriant. Il avançait toujours dans l'escalier et avait bientôt atteint ce fichu rez-de-chaussé. Mais il restait toujours à l’affût du moindre mouvement des gardes.


-Vous venez pour le juge n'est-ce pas ? Dit Adolpho d'un air inquiet. Laissez au moins le gamin ici, il ne vous a rien fait. Ce n'est qu'un enfant bon sang !


-Trop risqué, je ne voudrais pas me prendre une balle dans le dos. Répondit Chafouin.


-Une balle dans le dos ? Écoute moi bien salopard, vous débarquez ici en pleine nuit, vous tuez mes hommes et kidnapper des enfants. Vous pouvez être sûr qu'après tout ce que vous avez fait ici, je vous traquerais personnellement jusqu'au confins d'Irydaë. Et quand je vous aurais retrouvé. Et je vous retrouverais. Je peux t'assurer que je ferais bien plus que vous collez une balle dans le dos. Vous n'êtes que deux, vous ne pourrez pas vous cacher éternellement.


Pour une fois il ne répondit pas, Adolpho avait peux être raison sur un point, il retrouverait finalement sa trace s'il ne la jouait pas discrètement. Il ne savait pas pour Ricaneur et Chien fou, même s'il se fichait bien du sort de ce dernier, mais lui il n'était pas si difficile à trouver si on mettait les moyens pour le chercher, c'était pour ça qu'il faisait tout pour effectuer ses assassinats tel un fantôme, quitte à passer des semaines pour effacer ses traces. Un gars à l'air un peu vieux, aux cheveux grisonnants, même si on ne connaît pas son nom, on finit toujours pas le trouver. C'est ce qui poussa Chafouin à se poser cette question : combien de temps cela mettrait-il pour tuer les onze gardes de cette pièce ? Aucun d'entre eux ne devaient survivre s'il voulait continuer de dormir sur ses deux oreilles. Mais même lui, ne pourrait pas tous les tuer assez rapidement. Même avec l'aide de Luciole, l'un des gardes tenteraient forcément d'atteindre l'un des deux personnages en tachant de viser juste et ça se solderait sans doute en un bain de sang avec seulement des perdants de chaque côté.


Alors qu'il réfléchissait à la menace du chef de la garde, tout en réfléchissant s'il ne devait pas profiter du chaos des flammes pour tenter une attaque de dernière minute, après tout s'ils tuaient tout le monde ici, ils n'auraient plus à se soucier de rester discret pour la sortie. Un hurlement sauvage vint à leurs oreilles. C'était la voix du colosse, comment avait-il survécu aux flammes ? N’empêche que Chafouin n'eut pas le temps de comprendre, Adolpho fut plus rapide et reconnut la provenance des bruits.


-Bordel, la mitrailleuse ! À terre !


Les gardes se jetèrent à terre, Chafouin lui releva le gosse pour s'en servir définitivement comme bouclier humain, tant pis pour ce merdeux. Il crut entendre des balles siffler, mais ne sentit que la braise des flammes, reposant le gosse sur les escaliers, il lança un regard désespéré ou plutôt blasé à Ricaneur. Le colosse venait de perdre une autre occasion de s'illustrer, Chafouin jura qu'il s'en sortait, il lui ferait la peau. Cependant, sa petite action ne fut pas inutile, les gardes étaient maintenant bien couchés par terre et encore plus vulnérable. Enfin à part un, Chafouin le vit en train de le viser avec un fusil qu'il venait de ramasser, voulant tenter sa chance mais hésitant trop en risquant de toucher l'enfant. Il répliqua directement en tirant une balle sur le garde qui s'affaissa. Chafouin cria aussitôt.


-Dernier avertissement, si j'en vois encore un tenter quelque chose, je flingue le gosse pour de bon. Il s'avança et arriva au rez-de-chaussé. Il pensait que sa petite démonstration de force avait refroidit les gardes pour de bon, plus que dix se disait-il. Mais ça ne tourna pas comme ça.


Porter l'enfant au niveau de son visage d'une main commençait à bien lui peser, il le déposa juste une seconde et ce fut assez pour qu'un autre garde tente sa chance, d'une roulade sur le côté il dégaina son arme de poing et la balle qu'il tira manqua de peu le visage de Chafouin qui répondit de 3 balles de son revolver, créant ainsi un autre cadavre, mais le petit garçon, Eric, décida qu'il avait assez été brutalisé comme ça et profita que le revolver n'était plus sur sa tempe pour mordre violemment le bras de Chafouin qui le lâcha sur le coup de la douleur. Il vit alors un Adolpho bien remonté venir le percuter, il recula ainsi sur plusieurs mètres, les gardes tentaient alors de se lever et de récupérer leurs armes pour tenter le tout pour le tout. Tant pis si de nombreuses personnes mourraient, tant qu'ils protégeaient le juge ou l'enfant ou qu'à défaut, ils tuaient les trois assassins, le moindre survivants pourrait s'estimer gagnant, c'est ainsi qu'un débuta le dernier affrontement entre le trio et Adolpho et ses 8 derniers hommes.


Le chef de la sécurité avait Chafouin en cible bien précise, il avait bien compris que le chef des gardes entretenait une relation privilégié avec l'enfant du juge et qu'il comptait bien le faire payer de l'avoir pris comme otage. L'ancien militaire pour sa part, ne comptait pas perdre du temps avec ce chef particulièrement dangereux, son revolver était tombé suite au choc et il n'avait pas d'autres armes de distance à part deux gadgets bien précis. Il leva son bras gauche pour tirer au grappin, mais Adolpho avait prévu le coup et il se baissant dans son élan, le grappin le manqua de peu, mais alla se ficher dans le torse d'un autre garde. Chafouin fut en revanche plaqué par terre par Adolpho qui dégaina son poignard pour le planta à deux mains dans son torse. Il bloqua avec difficulté la lame de sa main valide et rembobina le grappin pour viser une nouvelle fois directement la tête du chef. Mais il dévia son couteau pour le planter dans le mécanisme de grappin portatif. Le mettant HS.


-Bordel, tu sais combien coûte un truc pareil ?! Hurla Chafouin en lui décrochant un coup de poing au visage. Mais Adolpho ne cilla, il était costaud le bougre. Il Lui rendit son coup de poing.


-Ferme là, ta vie ne vaut rien !


Mais avant qu'Adolpho ne puisse de nouveau lever son poignard pour le planter ou que Chafouin tire avec son grappin du poignet droit, encore valide. Un énorme craquement se fit entendre au-dessus d'eux. Des poutres en bois venaient de s'arracher du toit qui commençait à être sérieusement atteint pour les flammes. Les deux adversaires s'écartèrent pour éviter les chutes mortelles de bois. Se relevant tout deux, Chafouin n'avait plus sa lame ni son revolver et il ne lui restait plus que son grappin droit fonctionnel. Mais Adolpho s'attendait à le voir tirer et nul doute qu'il saurait agir en conséquence.


-Allez emmène toi fils de chien.


Les deux adversaires se toisaient, n'étant concentrés que l'un sur l'autre, ils n'avaient pas pris le temps de voir qui s'en tirait et qui d'autre était à terre, d'un bon, ils se jetèrent l'un sur l'autre, Chafouin espérait que les autres s'en tiraient mieux que lui.


Dernière édition par George "Chafouin" Deckter le Mer 17 Avr - 19:55, édité 1 fois

Luciole Aldebarra
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyMer 10 Avr - 12:42
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Malgré la cohue générale, Luciole tacha de garder son calme et de ne pas commettre ce qui pourrait, à court terme, causer la perte de notre expédition dans ce manoir. Ainsi, je laissais Chafouin le fourbe s'occuper de distraire la garde sanguine et son meneur, tandis que je me déportais, non sans crainte, vers le côté droit de l'escalier après l'avoir descendu avec prudence et retenue. Le juge me servait de bouclier, et pour preuve... Ce dernier faisait bien une demie tête de plus que moi et une largeur tout aussi importante, voir plus. Ils n'avaient donc aucun moyen de me mettre hors d'état de nuire sans sacrifier ce pour quoi ils se battaient, triste réalité. Adolpho voyait bien ce que je manigançais, mais il ne pouvait, au demeurant, pas faire grand chose. Son esprit était en grande partie focalisé par le fourbe qui tenait en otage l'enfant, le précieux de cet bâtisse, l'objet organique dont la valeur sentimentale et marchande est la plus forte. A cela, s'ajouta les paroles censées du juge, toujours aussi calme et réfléchit, dictant la démarche à suivre.

"Adolpho, occupez-vous de récupérer mon fils, ne vous en faites pas pour moi, ils ne me feront rien...", disait-il d'un ton calme et posé, une légèrement sueur naissante sur ses tempes.

Optimiste le bougre ! Il ne sait pas encore que c'est la dernière fois qui le voit, son joli petit garçon haut comme trois pommes... Oh tragédie, que de tristesse ! Mon cœur est... Mon cœur est brisé par tant de dramaturgie. Imaginez cet enfant, marchant derrière le cortège funéraire de son défunt père avec son incapable de mère, tout deux de noir vêtus, sur l'allée des cerisiers en fleur. Le curé badigeonnant le réceptacle d'une eau dont on ne connait la provenance et la famille, déposant multitudes de gerbes au pied de ce dernier. C'est comme s'y j'y étais ! Vous pensez qu'ils m'inviteront ? Personnellement, j'en serai ravis ! Cette histoire est tellement parfaite que je pourrais en faire une nouvelle dramatique, ou que dis-je, un roman ! Ainsi, je deviendrais un grand écrivain de notre ère et puis... Et puis... Hum !

"Chafouin ! Luciole ! A couveeeeeeeeeeeeert !"

Ce cri, c'était celui du Colosse. Je n'eus le temps de me coucher, pour être tout à fait honnête. Mon seul réflexe fût de positionner le juge en devant de ma personne, priant alors qui le voulait bien, que je ne reçoive pas une, deux, trois, ou un dizaine de balles perdues. Et que fût mon bonheur quand je vis que la mitrailleuse, visiblement plus toute jeune, était enraillée. Sur ce coup, j'avais eu beaucoup de chance, je dois l'avouer. A côté de moi, tout le monde était à terre, même Chafouin, qui manqua de peu de prendre une balle en pleine tête après une récidive d'un des gardes de nuit. C'est alors que mon esprit de survie prit le dessus. Déterminé à en finir avec ce déchet du milieu juridique, je lui indiquais d'avancer en direction de la cave, l'endroit d'où nous venions à la base, l'endroit où tout avait commencé. Là bas, où, bien sagement, l'attendait bidon d'essence, bois et cordages de marin. Il faut dire que j'avais bien pris soin d'observer les lieux au moment de notre arrivée et durant toute la mise en scène de Chafouin le fourbe avec ces trois gardes perdus. Je les avais bien vu, ces objets, précurseurs du bûcher, traîner au milieu des bidons de vin.

C'est alors que Adolpho sauta à la gorge de Chafouin, il n'était qu'une question de temps avant que toute la garde ne se lève pour lui trouer le corps d'une trentaine de balles de plomb.

"Si vous bougez, chers amis ! Je lui troue la tête ! Est-ce bien clair ! Oui, trois petits trous tout ronds dans son encéphale de dindon ! C'est ça que vous voulez ? Alors restez sagement couchés et observez le spectacle ! C'est simple, si je vous vois rappliquer tous ensemble dans la cave et que mes deux compères ne sont pas en vie, votre patron meurt. Vous savez, moi, je n'ai que faire de la vie, je n'ai plus rien à perdre ! En vérité, j'ai même tout à gagner, alors, ne croyez pas que j'ai un quelconque attachement à ce monde pourrit. Ah, ah, ah !", hurlais alors tout en reculant en direction de la cave, mon arme toujours pointée sur sa colonne vertébrale.

Je savais pertinemment qu'ils n'allaient pas tenter le diable, d'autant plus que mon petit discours avait capté assez l’attention durant ces quelques secondes pour que le Colosse puisse avoir le temps de rafistoler cette vielle machine de la décennie précédente et leur trouer la tête.

Ainsi, je me retirai dans les catacombes de la propriété, un sourire libérateur sur le visage. Il était temps. Il était temps de venger six mois de détention abominable, de maltraitance, de bagarre générale, de passage à tabac, de viol, de maltraitance et de tests expérimentaux sur ma personne. Ces chocs électriques, ces saignés, ces entretiens interminables avec le psychologue... Le rat de laboratoire allait enfin mordre l'objet de sa discorde, lui rendant alors, avec toute son affection, le venin dont il l'a fait hôte.

Eylohr Lothar
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  • Une puissance salvatrice, une apogée apocalyptique. Une arme destructrice, un outil utopique. Un instrument de mort, disposant d’un angle parfait, d’une mission écrite, d’un avenir tracé. Une pluie faite de fer, d’un métal emboutit, crachant les flammes, semant la souffrance, distribuant la mort dans d’horribles bruits mécaniques. Les devaient être détruits, les balles devaient fuser, et la bâtisse devait devenir un cimetière ensanglanté, un charnier indescriptible. Et au lieu de cela ? Rien. Rien ! Pas même le son du pontet de tir, pas une seule cartouche percutée, le silence. Le néant.

    La mitrailleuse entre les mains, Eylohr regardait ce fleuron de la technologie militaire lui faire l’affront de s’enrailler. Aucune détonation, autres que celles qui résonnèrent à l’intérieur de la bâtisse. Et toujours cette fiche épaule et le genou qui lançaient leurs messages d’alertes faite de douleurs pulsatiles et lancinantes. Bordel de merde, se dirait-il à nouveau.

    Mais le colosse n’avait pas dit son dernier mot. Du coin de l’œil, il voyait que tout était encore en train de se jouer à l’intérieur. Il ne distinguait pas le pâlot ni le vieux, mais il voyait les mercenaires se coucher au sol, et il voyait également les échanges de coups de feu, et les tentatives plus ou moins abouties de prendre le dessus sur l’un ou l’autre camp. Visiblement, tous étaient au courant de l’existence du colosse derrière la mitrailleuse, mais peu en firent cas, puisque Chafouin, Luciole, le Juge et l’enfant retenaient toutes leurs attentions. En même temps, cela était compréhensible. Les deux tueurs tenaient l’employeur et le joyau de cette demeure entre leurs mains, et Adolpho, le chef de la sécurité, éprouvait un grand respect pour le juge et un amour presque paternel pour le petit. Cette situation le déchirait en son for intérieur, et pourtant, il allait devoir agir.

    La poutre enflammée qui s’effondra entre Chafouin et lui fut l’occasion de mettre les deux protagonistes sur un pied plus égalitaire. Ils pourraient se battre, et Adolpho savait que si le vieux usait de son grapin, et du retour dont il était doté, il allait obtenir une à deux fenêtres de tir, qu’il pourrait saisir pour sauter à la gorge de l’imprudent, et en finir avec sa misérable vie. Tout une vie de combat, pour cet instant. Triste ironie, ou simple poursuite de carrière ? Qui sait.

    Le colosse, disait-on, était toujours derrière cette mitrailleuse outrageusement silencieuse. S’il le pouvait, il louerait à cet instant son ancienne vie de forgeron et d’armurier à Aildor, où il possédait – et possède toujours – une enseigne de forgeron et d’armurier florissante, qu’il avait laissé depuis bientôt une année entière aux bons soins de ses fidèles employés. Jetant un coup d’œil au mécanisme incriminé à la lueur des flammes dansantes qui devenaient de plus en plus grandes, il pu diagnostiquer le problème. Une des balles était mal chambrée. Lors de la percussion, plutôt que d’être percutée en son centre et déclencher l’explosion et le départ du projectile, elle fut touchée sur le côté, ce qui la détourna du pontet de tir. Elle était en mauvaise position et les gros doigts boudinés du colosse n’aiderait en rien à sa réparation. Mais il eut une idée.

    A ces côtés se trouvaient les deux miliciens, l’un bientôt mort et l’autre endormi. Il fouilla dans la poche de l’un d’eux pour trouver un stylo plume de bonne facture. Si le colosse avait un quelconque penchant pour l’écriture ou l’art de la calligraphie, nul doute qu’il ressentirait de la peine à l’idée de faire ce qu’il s’apprêtait à faire.

    Il désengagea la bande à munition en tirant sur un mécanisme d’armement manuel. Là, il pouvait enlever la bande de munition et avoir accès au projectile coincé. Il passa tant bien que mal la plume raffinée dans cette mâchoire de mort et tritura de telle sorte que la balle puisse choir et libérer le pontet de tir. Cette opération lui demanda quelques secondes qui parurent durer une éternité, mais enfin, le tintement métallique caractéristique se fit entendre, et la mitrailleuse était à nouveau libre. Il releva la tête, et son regard se porta sur un petit garçon en pleur qui fuyait de la demeure en se pensant en sécurité à l’extérieur de ce brasier en devenir. Il était pile dans la trajectoire de la machine de mort, et visiblement, il confondait le colosse avec un mercenaire puisqu’il avançait droit vers lui.

    Sans se soucier de cette pauvre âme innocente en détresse, le colosse réarma la mitrailleuse, s’assura que chaque étape de l’armement soit faite pour réussir cette fois, arma le pontet de tir et la détente, plaça ses grosses pognes sur les poignées et appuya une seconde fois sur la détente, dans l’idée de semer chao et désolation. Tant pis pour le gosse, il avait qu’à rester dans les bras de Chafouin. Etant donné la magnanimité du vieux, il s’en serait sorti vivant, pour sûr ! Et hors de question de prévenir les deux compères cette fois, ils se débrouilleraient pour éviter les balles.


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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyMer 17 Avr - 19:56
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Après quelques coups échangés, les deux adversaires se toisaient de nouveaux, Chafouin avait écopé d'une blessure de lame superficielle à l'épaule gauche, il était particulièrement désavantagé, à part son grappin droit encore fonctionnel, il n'avait aucune autre arme et Adolpho était bien trop rapide et prévenant pour éviter l'erreur de lui donner une fenêtre d'ouverture pour tirer au grappin, que ce soit au corps à corps ou à distance, le chef de la garde était bien trop expérimenté à son goût. Alors qu'Adolpho le repoussait, Chafouin se rendit compte qu'il avait manœuvré de sorte à le mettre bien en ligne de mire des quelques gardes encore debout, ces derniers n'avaient su où donner de la tête entre ricaneur qui emmenait le juge, Chafouin occupé avec Adolpho et Eric, leurs collègues blessés, l'incendie environnant et enfin Chien fou et le danger qu'il représentait toujours présent malgré le fait qu'il ait enrayé la mitrailleuse.

Mais deux des gardes s'étaient relevés et le mettait en joue. Cependant, Adolpho, alerté par un son, une mauvaise sensation où peux être un sixième sens, hurla d'une voix qui couvrit tous les autres sons environnant, alertant une personne en dehors du manoir.

-Eric ! Jette toi à terre !

Le bruit assourdissant des balles de mitrailleuse trancha la nuit, les deux gardes qui avaient mis Chafouin en joue furent fauché par les balles, comme deux autres de leurs collègues qui les rejoignirent rapidement. Adolpho s'était jeté par une fenêtre pour se rendre aussi vite que possible auprès d'Eric, par chance, ce combat avec Chafouin s'était déroulé de l'autre côté du hall d'entrée par rapport aux autres mercenaires. Tant et si bien que c'était eux à présent que recevait le gros de la salve de mitrailleuse, ce qui laissait le champ relativement libre à l'homme de main pour poursuivre Adolpho dans le jardin.

Il passa par la même fenêtre que son adversaire qui se tenait agenouillé, hors de la ligne de feu du colosse, mais abasourdi devant un autre spectacle. À quelques mètres devant la mitrailleuse, se trouvant le corps d'Eric, allongé face contre terre. Chafouin se dit que cet instant était le moment idéal pour en finir une bonne fois pour toute avec ce type. Il tendit la main pour activer une dernière fois pour son grappin, tant que Chien fou ne le confondait pas avec un des types de la sécurité, le grappin irait enfin perforer le crâne de son ennemi. Mais encore une fois, ça ne se passa pas comme ça.

Adolpho esquivait d'une rotation du bassin dont il profita pour lancer un couteau dans l'une des cuisses de Chafouin, le grappin de ce dernier alla se planter dans la terre et le garde se jeta sur lui de nouveau, il voulait vraiment en finir en corps à corps lui. Chafouin tenta de se défendre alors qu'il pouvait lire la haine sur le visage d'Adolpho, ce dernier en avait fait une affaire personnelle. De ses deux mains, il se mit à l'étrangler avec force, alors que Chafouin étouffait il activa le retour de son grappin. Mais Adolpho, sentant une nouvelle fois le danger arriver, lui lâcha la gorge pour récupérer son couteau, ce qui arracha un nouveau cri de douleur au mercenaire. Qui repoussa Adolpho d'un coup de pied.

En se relevant, il recula de quelques mètres et tendis son bras, sa jambe lui fessait un mal de chien et il boitait, mais tenait en respect le garde de sa main levée. Un seul faux mouvement et le grappin partirait une nouvelle fois, mais cette fois les deux adversaire se jaugeait encore et toujours. Adolpho était concentré sur le poignet de Chafouin pour calculer le moment où il refermerait le poing, tandis que ce dernier réfléchissait à un moyen de bluffer le chef des gardes pour réussir un tir mortel. Pendant ce temps-là, la mitrailleuse continuait de cracher, quelques rafales bien plus contrôlé semblait-il. Alors que les gardes lâchaient des ripostes sporadiques avant de se cacher pour tenter de survivre aux tirs. Alors que Chafouin se rendait compte qu'Adolpho avait de plus en plus l'avantage, une petite forme se releva près d'eux. Ils tournèrent tous les deux la tête pour voir un Eric bien vivant, le garçon s'était jeté juste à temps et il relevait une tête toujours abasourdie vers eux en murmurant un vague :

-Adolpho.

Ce dernier était souriant, mais se rappelant de la situation, il vint reporter son regard sur Chafouin, qui souriait lui aussi, mais pas pour les mêmes raisons. Il venait de comprendre qu'il ne vaincrait jamais Adolpho, quelle que soit la tactique employée, il ne pourrait pas le toucher. Eric en revanche... Il leva son bras dans la direction du garçon, ce qui entraîna un cri de la part du garde alors qu'il se ruait vers l'enfant.

Le grappin partit et rencontra rapidement un corps, qu'il perfora de part en part pour ressortir de l'autre côté en ayant bien transpercé quelques os du torse au passage, la silhouette s'effondra, devant un Eric terrifié. Chafouin enclencha le retour grappin, la pointe de celui-ci était rempli de sang bien rouge qui le rendait enfin heureux. Puis il s'approcha du gosse, trop tremblant devant le corps d'Adolpho pour esquisser le moindre mouvement, il leva une nouvelle fois le bras et referma la paume.

Mais pas assez fort pour enclencher le bouton, il regarda une dernière fois le gosse avant de baisser le bras, bah à croire qu'au final il n'avait pas la force nécessaire, peux être que les enfants étaient bien son seul point faible au final.

-Barre toi, si tu grandis assez pour avoir le temps de vouloir te venger, réfléchis-y bien à deux fois. Nous, on te rateras pas.

Il le laissa ainsi en plan à côté du cadavre. La mitrailleuse avait fini de cracher ses dernières balles. Chafouin récupéra un pistolet sur le corps d'Adolpho alors que les trois derniers gardes survivants tentaient une dernière sortie du manoir. Alors qu'ils concentraient leur feu sur le colosse, Chafouin prit l'arme à deux mains et se concentra malgré la douleur pour viser juste, avec trois balles, il réussit à en mettre un au tapis. Les deux derniers tachèrent de trouver une position défensive pour engager Chafouin, ce dernier se mit à couvert derrière un muret alors que quelques balles venaient le frôler. Le colosse en profita pour tirer à son tour et les deux miliciens restants se retrouvèrent bientôt pris en tenaille entre deux feux. Les deux assassins alternants chacun à leur tour tir de couverture et mouvement pour trouver une position de tir favorable, se débarrassèrent finalement des deux derniers adversaires. Un calme incroyablement silencieux, seulement ponctué par le bruit du feu qui s'était un peu calmé, s'installa dans la nuit. Chafouin regarda le bazar, un vrai carnage, Chien fou était blessé et lui aussi, mais rien de bien grave à première vu, malgré le fait qu'il boitait. Il regarda le colosse, d'habitude, il aurait bien lancé une vague plaisanterie pour terminer en beauté, mais il était plus d'humeur à quitter rapidement cet endroit de malheur et finir cette mission.

-Bon, on se dépêche de repasser par la cave avant que le feu n'arrive à la gagner ? Je pense qu'on pourra réussir à retrouver le chef sur le chemin, t'es partant ?

Luciole Aldebarra
Luciole Aldebarra
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyMer 17 Avr - 23:06
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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 Separa10

Des bruits de tirs en pagaille, des hurlements en provenance des gardes, puis, plus rien. Un silence morbide similaire à celui qu'on retrouve dans les morgues de notre continent, pensais-je sur le moment. Et moi, dans ce couloir assombri grâce à la destruction du système d'alimentation électrique par les flammes brûlantes et écarlates de l'étage, flammes qui, par ailleurs, continuaient certainement leur oeuvre en rongeant que plus encore les signes de richesse de cette famille superficielle. Les tapis, les tableaux, les sculptures, tout allait partir en fumée. Alignant pas après pas, je continuais ma descente dans les catacombes de la famille du juge, ce dernier, deux mètres devant moi, les mains au dessus de la tête, signe d'une soumission totale. Je n'oubliais cependant pas que mon seul bras encore en état de marche était celui qui tenait fermement mon pistolet à Aqua-Magilithe, canon en direction du bourreau qui m'avait fait condamner au tribunal il y a de cela quelques mois déjà, et que par conséquent, je n'étais pas en mesure de riposter à une attaque directe si ce dernier se trouvait trop proche de moi. Un périmètre de sécurité que je surveillais donc avec attention, tout en prenant garde à ne pas trébucher dans ces escaliers légèrement inclinés, marques d'architectes aux idées fourbes, indubitablement.

Une fois arrivés dans la cave où gisait encore, à ma grande surprise, une belle flaque de sang frais, j'indiquai à mon hôte du soir, la directive à suivre pour en finir au plus vite.

"Bien... Cher Juge ! Que vous êtes beaux en cette funeste soirée... Mais ne vous méprenez pas, vous allez bien mourir ce soir ! Ah, ah, ah...", disais-je alors tout en laissant échapper de mes fines lèvres, un rire des plus significatifs.

Le juge était immobile, debout, le regard vide, mais l'allure toujours fière, ce qui avait le don d’agacer la jeune anomalie que plus encore, laquelle commençait à perdre patience, le calme dont elle avait fait preuve depuis le départ de l'opération s'estompait aussi vite qu'arrivait à elle les airs supérieurs d'un juge résigné.

"Voyons, arrêtez-donc de me regarder avec ce regard de pitié ! Vous ne me faites pas peur et je n'épargnerai personne ce soir, personne ! Vous entendez bien cela ?! Personne ! J'ai attendu ce moment pendant des mois entiers, vous avez été ma raison de vivre Mr.Johanssen, durant toutes ces heures de souffrances, soyez-en flatté.", rétorquais-je de nouveau, tout en lui indiquant, d'un geste vif de mon arme, de saisir l'un des tonneaux d'essence qui traînait au milieu des outils, à côté de la vingtaine de tonneaux de bon vin.

L'homme s’exécuta et afficha un grand sourire, augmentant que plus encore la colère d'une Luciole en proie à la fureur.

"Bien ! Vous êtes bien brave Mr.Johansson. Maintenant, vous connaissez la suite, n'est-ce pas ? Avez-vous besoin d'un dessin explicatif ? Vous connaissez, je suppose, le supplice du bûcher ?! Voulez-vous que je vous raconte, avec multiples détails, en quoi il consiste ? Vous, votre peau, le feu, le combustible, la combustion...", disais-je alors tout en agitant l'arme de haut en bas, les émotions les plus meurtrières s'emparant petit à petit de tout mon être.

L'homme s'arrêta, puis, dicta ces quelques mots.

"Vous êtes malade, je n'ai rien à apprendre de vous."

La réponse était loin de satisfaire Luciole, qui commençait à perdre le contrôle.

"Comment ça, vous n'en avez que faire ?! Vous ne voulez pas savoir comment vous allez mourir, Mr.Johanssen ! Comment, et combien de temps vous allez brûler vif, dans les catacombes de votre maison ! Vous allez crever mon cher ! Crever ! Et nulle personne ne pourra vous reconnaître après cela. Il ne restera plus rien de vous après ça...", disais-je alors, la voix dorénavant grelottante, la sueur inondant mon front et mes tempes, les yeux gorgés de stries rougeâtres, un morceau de ma prothèse toujours planté dans l'épaule gauche, j'étais aux portes de la folie.

L'homme s'aspergea alors d'essence, en avala une bonne gorgée, essayant de ne pas la vomir par la même occasion. Certainement voulait-il en finir au plus vite ? Mais Luciole n'en avait que faire, il se délectait du moment présent, la détresse du juge était tout de même percevable malgré sa volonté de garder la face devant la personne qui, contre son grès, allait provoquer sa mort, une véritable descente aux enfers. Une mort douloureuse à n'en point douter. Luciole, alors à quelques cinq mètres du juge, déposa son arme au sol à vivre allure avant d'envoyer rapidement à ce dernier un paquet d'allumette qu'il avait récupérer dans l'épicerie qu'il avait brûlé il y a de cela quelques heures maintenant. Le juge comprit vite le reste du protocole, il devait lui même craquer l'allumette.

"Vous êtes vraiment qu'un pauvre fou... Sadique, sociopathe en puissance, vous êtes un danger pour notre société. J'espère que la milice aura raison de vous et qu'elle ne fera pas la même erreur de moi... Un jour viendra où vous périrez, Luciole. Et ce jour là, je serrai là pour vous faire remarquer le gâchis qu'a représenté l'entièreté votre existence.", rétorqua le juge, tout en renvoyant le paquet d'allumette aux pieds de Luciole d'un air désintéressé, en dernier signe de contestation, peut-être.

Luciole abaissa les yeux en direction de ses pieds poussiéreux de cendre et de suie, puis, releva son regard tout en le plongeant dans celui du juge, un regard sans émotion, des émotions disparues aussi rapidement qu'elles étaient apparues. Il lui dicta ces quelques mots, ces derniers mots.

"Mr.Johanssen, je suis déjà mort."

Le canon noirâtre en direction de l'ombre source de discorde, un dernier sourire, un dernier regard, puis une pression... S'en était fini. Une, puis deux, trois, puis quatre balles. Un trou, puis deux, trois, puis quatre. Un torse dessiné de quatre néants parsemés d'un rouge profond. Le juge était au sol, définitivement mort.

Dix secondes de silence suivirent cette action. Après cela, Luciole s'approcha du cadavre, déposant son arme dans la poche prévue à cet effet avec une certaine délicatesse, attrapa l'une des allumettes contenue dans la boîte, puis, tout en exerçant une pression de son bras pour maintenir la boîte immobile, craqua cette dernière. Il se releva alors, fixa le feu émit par la friction avec un certain intérêt, puis, lança cette derrière sur le cadavre qui prit feu presque instantanément.

"Adieu, Mr.Johanssen.", disait-il tout en tournant le dos au bûcher organique.

Son calvaire passé venait de trouver un coupable, ce coupable venait de payer, et plus rien n'était à faire en ces lieux. Libéré, soulagé d'avoir mis un terme à cette souffrance constante. Il attendait alors, avec la plus grande des impatiences, ces camarades de route. Si la mission principale avait réussi avec brio, la dernière, et la plus compliquée de toutes, était encore à faire. Il fallait sortir de ce trou à rats avant que la milice n'arrive et ne nous abatte sur place.

Alors que le feu continuait à s'échauffer contre le torse viril du juge, Luciole se demandait ce que devenait la femme de ce dernier. Peut-être était-elle encore dans le placard, tétanisée, n'ayant pas encore vu le feu arriver ? Une véritable tragédie familiale...

[Les dés] Avenir de la femme du juge:

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'Dé 10' : 1

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Le juge, les jurés et le bourreau - Page 2 EmptyJeu 18 Avr - 18:49
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  • La mort. Cette arme était une faiseuse de morts. Produit d’innovations technologiques caractéristiques de la nation païenne, cette arme était l’un des fleurons de l’armée de l’UNE. Dotée d’un réservoir à munition permettant de tirer 600 cartouches à la minute, la mitrailleuse rythmait les environs de sa cadence infernale. Les balles fusaient dans autant de détonations produisant éclats de flammes et odeurs de poudres tandis que les cartouches étaient éjectées les unes derrières les autres pour s’écraser dans l’herbe humide de la propriété du juge. Le pauvret qui courrait en direction du colosse n’eut aucune chance et fut découpé telle une pièce de viande sur la planche d’un boucher. Le reste des projectiles fut destiné à l’intérieur de la maison, et de là où il était, le colosse voyait les balles entrer dans les chaires, créant de grandes gerbes de sang tandis que les pauvres cibles s’effondraient dans des positions grotesques. Le colosse aurait apprécié voir la totalité des mercenaires tomber sous ses tirs, mais le premier échec n’était pas réellement prévisible… Au moins pouvait-il s’assurer que Chafouin avait également fait son travail. Une bonne chose.

    Il avait d’ailleurs vu du coin de l’œil le combat entre Adolpho et Chafouin. Et si la situation n’était pas autant critique, il aurait apprécié un canapé et du pop-corn pour pouvoir profiter du spectacle de cette lutte à mort. Mais la mitrailleuse s’arrêta nette, le bruit du percuteur s’activant dans le vide se rappela au colosse : il n’avait plus de munitions. Enfin si, il y en avait, mais décharger l’arme pour recharger une bande de munition pleine prendrait quelques secondes importantes maintenant, et puis pour quoi faire ? Il n’y avait plus personne à tuer.

    Lorsque Chafouin vint à sa rencontre, et lui indiqua la marche à suivre, le colosse n’eut aucunement envie de répondre ni de parler. Faut dire qu’il avait mal, et qu’il avait encore la hargne face à l’échec cuisant de tout à l’heure. Alors il devança le vieux, et il prit la direction de l’intérieur de la demeure. Les corps jonchaient le sol du couloir d’entrée, et quelques râles provenaient de cette masse informe. Tous n’étaient pas morts alors ? Très bien.

    - Dites que l’Ours du Nord s’ra bientôt là pour faire l’même chose à l’UNE. Bâtards !

    Et il continua sa route. Il rejoignit la cave, en passant devant les escaliers enflammés d’où les flammes commençaient à lécher chaque partie de la demeure qui ne sera bientôt qu’un tas de cendre. Et dire que tout cela est du à une petite lampe à huile renversée… Qui aurait pu croire que cela arriverait ? A vrai dire tout le monde. Plaquer au sol un garde qui tient dans ses mains une lampe à huile, c’est risquer de voir son contenu s’écraser au sol et se répandre comme une trainée de poudre sur l’ensemble de la bâtisse, laquelle n’allait pas tarder à devenir un tas de cendre et de braises incandescentes. L’espace d’un instant, l’idée qu’il aurait pu être prisonnier dans cette fournaise provoqua un frisson dans l’échine du colosse : quel sort désagréable. Il arriva enfin dans la cave et vit le cadavre troué du juge ainsi que le début d’un brasier de joie. Pas le temps de s’enquérir du pourquoi du comment, ni même de s’intéresser au cadavre du juge et à l’issue de cette mission. Il serait le premier à fuir et à faire le chemin inverse. Il descendit dans les égouts avant d’attendre l’arrivée de ses complices et de prendre la direction du chemin de repli.


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