Revenir en hautAller en bas
Chroniques d'Irydaë
Bonjour, et bienvenue sur les Chroniques d'Irydaë. Déjà inscrit ? N'attends plus, et connecte-toi dès maintenant en cliquant sur le bouton "Connexion" ci-dessous !

Vous êtes nouveaux, que ce soit sur ce forum ou dans le monde du RPG ? Le choix d'un forum sur lequel vous pourrez vous épanouir n'est pas anodin, et il vaut mieux pour cela connaître l'univers dans lequel vous vous trouvez ! Nous avons pensé à vous, en vous préparant un guide qui vous permettra de découvrir pas à pas le monde des Chroniques d'Irydaë.

Si malgré cela, des doutes subsistent, n'hésitez pas à adresser vos questions aux Administrateurs.

En vous souhaitant une agréable visite !
Chroniques d'Irydaë
Bonjour, et bienvenue sur les Chroniques d'Irydaë. Déjà inscrit ? N'attends plus, et connecte-toi dès maintenant en cliquant sur le bouton "Connexion" ci-dessous !

Vous êtes nouveaux, que ce soit sur ce forum ou dans le monde du RPG ? Le choix d'un forum sur lequel vous pourrez vous épanouir n'est pas anodin, et il vaut mieux pour cela connaître l'univers dans lequel vous vous trouvez ! Nous avons pensé à vous, en vous préparant un guide qui vous permettra de découvrir pas à pas le monde des Chroniques d'Irydaë.

Si malgré cela, des doutes subsistent, n'hésitez pas à adresser vos questions aux Administrateurs.

En vous souhaitant une agréable visite !
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal




 :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Ünellia
Page 1 sur 1


 Les deux côtés [PV Loreleï]

Raziel Harmony
Raziel Harmony
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptyMer 13 Mar - 0:30
Irys : 456686
Profession : scientifique fou
Daënar +1
Pénétrer dans le plan des versos revenait à se promener dans les remugles musqués d’une aisselle d’esclave. C’était en tout cas mon impression lorsque, pour la première fois, je quittais le plan des Astraux pour m’enfoncer profondément au cœur pestilentiel d’Alexandria. Je ne portais pas de tissu brodé ni de cape chatoyante et j’avais retiré tous les ornements qui auraient pu paraître décalés dans un tel endroit. Les Astraux n’étaient pas les bienvenus ici, et je n’avais vraiment pas envie de m’attirer de nouveaux ennuis. Pourtant, même s’il eut été difficile de faire croire à quelqu’un que j’étais l’héritier Harmony, je me rendis compte -un peu tard, je l’admets- que la propreté de mes vêtements suffisait à attirer à moi un nombre hallucinant de misérables vautours. Ils tournoyaient et s’attroupaient autour de moi. Les filles de joie offraient leur marchandise alors que des gosses à peine adultes s’égosillaient à me dire qu’un homme riche comme moi pouvait se payer mieux, une femme dans un lit toute une nuit, et, oui, une bouteille de rhum sur la table de chevet. Avec une résolution moindre, d’autres me proposaient des sucreries et des fruits mûrs. Je ne me doutais pas que, dès que je n’aurais plus un Irys en poche, on se contenterait de m’abandonner dans un caniveau ou au fond d’une ruelle. D’un froncement de sourcils, je les fis reculer. Je n’avais aucune envie de me reposer maintenant, et même si l’envie m’en prenait, je ne voulais pas risquer d’attraper des morpions dans un des misérables établissements du quartier. Pour ce qui était de se prélasser, le plan des Astraux était la meilleure des alternatives de tout Daënastre.

Je n’étais de toute façon pas venu pour cela. Je poursuivis donc ma route sans me préoccuper des poses aguicheuses qu’adoptaient ces femmes lorsque mon regard se posait par hasard sur l’une d’entre elles. Plus je m’enfonçais dans cet immonde dédale, plus la puanteur omniprésente me donnait envie de vomir. J’en vins à souhaiter de n’être jamais venu. Puis la raison de ma présence en ces lieux me revint et je continuais ma route avec plus d’ardeur. Je prenais garde de rester au milieu de la chaussée, loin des ruelles sombres et des prédateurs qui devaient y rôder, la plupart assez désespérés pour attaquer le premier qui passait à leur portée.

Lorsque je parvins à l’adresse indiquée, je constatais avec surprise, et une pointe de dégoût, qu’il s’agissait d’un bordel. De la lumière s’échappait de sous les volets des fenêtres basses. On entendait faiblement de la musique à l’intérieur, ainsi que le soprano un peu rauque d’une femme. Des pots de fleurs sur les marches s’efforçaient de parfumer l’air, tandis que deux lanternes en cuivre brillaient de part et d’autre de la porte verte et dorée. Les deux spadassins de garde me firent un sourire entendu. Tout à coup, je les détestais d’être si grands et si stupides, de gagner leur vie grâce à leurs seuls muscles. Ils croyaient que ce serait toujours suffisant, mais je n’étais pas dupe. J’eus envie de les saisir à la gorge, de cogner leurs visages souriants l’un contre l’autre, de sentir leurs crânes se défoncer mutuellement, os contre os. J’eus envie de sentir leur trachée s’écraser sous mes doigts, d’entendre leur dernier soupir fuir de leurs gorges broyées. J’étais de mauvaise humeur.

Je leur rendis leur sourire. Ils me regardèrent et leurs sourires se muèrent en rictus gênés. Enfin, ils me laissèrent monter en se ratatinant presque, et s’écartèrent de la porte afin que je passe.

Les portes du bordel se refermèrent derrière moi, en laissant dehors la boue et les remugles du quartier des versos. Je me tenais sur le tapis du hall d’entrée sous la lumière atténuée d’une lampe jaune. Un parfum de lavande flottait dans l’air. Le chant et le doux tambourinement qui l’accompagnait étaient plus forts. Un jeune domestique se tenait devant moi et désigna sans un mot mes bottes boueuses. Sur un bref hochement de tête de ma part, il bondit en avant avec une brosse pour enlever le plus gros de la fange, après quoi il procéda à un nettoyage soigneux à l’aide d’un chiffon. Ensuite, il versa de l’eau fraîche dans une cuvette et me la présenta. Je pris le tissu drapé sur le bras du garçon et m’essuyais la figure de la poussière. Enfin, le garçon me regarda sans mot dire, et je ne pus que lui donner une tape affectueuse sur la tête. Il me fit un sourire rayonnant et traversa rapidement la pièce pour ouvrir la deuxième porte.

Comme le battant blanc pivotait lentement sur ses gonds, le chant devint plus audible. Une femme blonde était assise en tailleur sur le sol et s’accompagnait de petits tambours tout en chantant quelque fadaise à propos de son amour vaillant disparu en mer. Je lui accordais tout juste un regard : ce n’était pas elle ni ses chansons sirupeuses que je venais chercher. Mais avant que je songe à m’impatienter, une autre femme s’était levée de son trône de coussins pour me prendre doucement le bras.

-Bienvenue mon cher ami… me susurra-t-elle à l’oreille.

Elle avait les cheveux noirs et son parfum pesait sur toute sa personne aussi lourdement que ses bijoux. Ses seins tremblaient dans son décolleté comme des vagues prêtes à inonder le bastingage. Je ne l’écoutais pas. Je savais bien que ses attentions avaient pour but de me flatter, et cela ne faisait que rendre plus irritante la scène que cette femme me jouait. Je jetais un coup d’œil alentour pour examiner la salle meublée avec goût et la poignée d’hommes et de femmes bien faits assis sur les fauteuils et les canapés à coussins. Deux femmes me sourirent, aucun des autres personnages ne croisa mon regard. Je revins à mon interlocutrice et interrompit le flot de son bavardage flatteur :

-Je veux voir Arya. Maintenant.

Elle fit une moue désapprobatrice.

-Quoi, vous vous croyez le seul à vouloir l’honorer ? Si vous voulez être certain de…

-Faites-la chercher. J’ai à lui parler.

-Croyez-vous possible que je frappe à une porte pour annoncer à un de mes autres clients qu’Arya est attendue ailleurs ? Croyez-vous que votre argent se dépense plus facilement que celui d’un autre ? Si vous vous présentez tard, vous devez choisir entre…

-Je suis de sang pur,
dis-je en jetant entre ses mains une bourse pleine.

Elle parut surprise un instant, puis reprit ses esprits et m’indiqua avec assurance l’un des deux escaliers. Sans doute n’avait-elle jamais entendu parler de ma famille, mais au moins elle avait l’assurance que je payerais mieux que quiconque pouvait se le permettre ici. Sans prêter attention à ses excuses, je gravis l’escalier incurvé qui partait d’un coin de la salle. Un instant, je restais immobile au premier étage puis je rejoignis la seule chambre auquel ce couloir donnait accès. Elle possédait une fenêtre qui donnait une vue sordide sur la rue. Je me retournais quand quelqu’un tapa à la porte. « Entrez », répondis-je d’un ton bourru.

-Je t’ai apporté de la tarte aux pommes chaude, dit Arya à mi-voix.

Je tournais la tête pour la contempler.

-C’est gentil, répondis-je d’un ton monocorde.

Je la regardais s’approcher de moi. Droite et fine, elle ne portait qu’une robe blanche. Elle était aussi grande que moi. Je pris place dans un fauteuil alors qu’elle posait l’assiette de porcelaine blanche devant moi. L’odeur de cannelle et de pomme de la préparation se mêlait au doux parfum d’Arya. Elle se redressa et je la contemplais un instant. Son regard noir rencontra sans passion le mien. Sa bouche n’exprimait rien. Je fus le premier à rompre ce silence :

-Un bordel ?

-Je ne suis pas né fille de gouverneur, moi,
dit-elle d’un tranchant.

-Certes. Je ne voulais pas te blesser, je suis simplement surpris.

-Garde ta surprise outragée pour toi.

Décidément, elle non plus n’était pas dans une humeur merveilleuse.

-C’est stupide ! Tu es plus que douée en ingénierie, tu n’as aucun intérêt à rester pourrir dans un tel établissement. Prend tes économies et monte une forge.


-Je n’ai plus d’économies.

Je la dévisageais d’un air soupçonneux :

-Tu as si vite bu la paie de nos dernières recherches ? Par le cul de Delkhii, je savais que tu étais ce genre de personne, mais je ne pensais pas que tu y laissais ton argent à cette allure !

-J’ai pris de la drogue, dit-elle d’un ton irritable.

Je la toisais à la lumière dansante des bougies.

-Oui, ça te ressemblerait, fis-je en me parlant à moi-même. Tu es capable de tout, hein, Arya Prism ?

-Pratiquement, répondit-elle, décidée à mettre fin à la conversation.

Je soupirais, fatigué de batailler. Il était impossible d’avoir le denier mot avec Arya, j’en avais déjà fait les frais lors de notre dernière collaboration. C’était lors de recherches sur les anomalies que je l’avais rencontré par hasard. Nous avions travaillé plusieurs fois ensemble par la suite mais c’était la première fois que je venais ici. Elle reprit plus doucement :

-Tu as un nouveau job à me proposer ?

-Pas encore, mais ça ne saurait tarder. Une de mes connaissances a besoin d’un revolver un peu spécial. Si tu le veux bien, tu élaboreras les plans pour son forgeron. Il paiera bien.

-Encore ? Les hommes n’auront-ils jamais assez d’armes ? C’est à croire que c’est le seul usage de la science. Bon… Quand est-ce qu’on commence ?

-Quand est-ce que TU commences : dès la semaine prochaine je t’enverrais le projet.


-Tu ne travailleras pas avec moi ?

-Pas cette fois-ci.

-Alors pourquoi t’as pris le temps de traîner ton gros cul d’Aristo bouffi jusqu’ici ? demanda-t-elle suspicieuse.

-Peut-être parce que je t’aime bien abrutie.

Elle parut étonnement touchée puis détourna le regard, gênée. Je poursuivis aussitôt :

-Bon, et bien, c’était tout ce que j’avais à t’annoncer. Tu m’excuseras, mais l’aristo ne se sent pas vraiment bien dans ce taudis et j’ai rendez-vous à l’aube demain matin.


Je ne réagis pas lorsqu’elle m’embrassa et je crois qu’elle-même se surprit à cela. J’eus soin de ne pas bouger en cet instant. Embrasser une pute ! Bah, j’en avais le droit si j’en avais envie. Je ne pus toutefois m’empêcher de me demander où avait été la bouche de la putain ce soir-là.

-Merci,
murmura-t-elle.

-Je t’en prie, répondis-je simplement.

J’eus soudain envie d’elle. Je ne pouvais, pas ici et maintenant.  Je me levais en hâte et bafouillais un « au revoir » sans grande conviction. Elle paraissait dépitée de me voir partir si vite, peut-être avait-elle également attendu autre chose. Je quittais la pièce avec un regard désolé puis descendit les escaliers. Je laissais le triste établissement avec un soulagement mêlé de regrets.

J’allongeais le pas dans l’espoir d’échapper à mes propres pensées. J’avais besoin de bouger.

Loreleï Piquier
Loreleï Piquier
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptyJeu 14 Mar - 22:52
Irys : 109979
Profession : Mafieuse, Bricoleuse
Daënar -1
Ces gamins… Est-ce qu’ils sont sérieux ?
Est-ce que ça ressemble désormais à ça, la jeunesse du plan verso ?

Tout un groupe de pré-ados passe à côté d’elle, dans la rue, poursuivit par un quarantenaire vêtu d’un tablier crasseux et armé d’une vieille pique rouillée. Ce dernier exprime bruyamment son mécontentement, leur ordonnant de s’arrêter « sur-le-champ » pour qu’il les corrige… requête à laquelle bien sûr, ils n’accèdent pas. Dans cette scène, rien ne choque véritablement Loreleï, habituée à ce que des vols soient commis quasi-quotidiennement – elle-même y prenant part de temps en temps, encore fallait-il le rappeler. Le coin n’a jamais été sûr pour les commerçants. Non, ce qui est inhabituel, c’est le détail suivant : ces garnements se débarrassent de leur butin en rigolant. Oui, ils jettent tout. L’un après l’autre, ils balancent les verres, les carafes, les poteries… tout ce qu’ils ont pu chiper. Et ils font ça sous le nez de leur victime, dont le cœur se brise en même temps que ses œuvres, au moment où celles-ci touchent le sol.

Voler pour détruire, voler pour se divertir, voler pour blesser… peu importe ce que le bonhomme leur a fait, il faut être idiot pour ne pas en profiter. Soit on vole pour se faire de l’argent, soit on casse pour émettre un avertissement… et quoi qu’il en soit, on ne peut jamais en rigoler. Ce sont des activités sérieuses qui ne peuvent et doivent jamais être pratiquées à des fins de divertissement. Encore moins être pris à la légère, comme le font ces jeunes gens. Sans quoi, un jour, on finit par déchanter.

L’artisan passe à son tour à côté de Loreleï, qui regarde tout ce beau monde disparaître au coin de la rue. Elle baisse les yeux, se remémorant quelques anecdotes sur les vols qu’elle a elle-même commis, accompagnée de May, Amélia et Linia. Des souvenirs parfois bons, parfois mauvais ; il en faut pour tous les goûts. Elle tourne ensuite la tête pour écouter les premières réactions scandalisées des gens, à base de « Vous avez vu ça ? », de « Qu’ils sont mal élevés ! » et autres « Si j’étais leur mère… ». Sachant que quelques personnes la regardent en prononçant ces indignations, Laure se voit dans l’obligation de hocher une ou deux fois la tête pour paraître plus sociale, puis elle s’éclipse sans se faire prier une fois le calme revenu.


C’est avec un autre groupe d’enfants voleurs qu’elle a « rendez-vous ». Une rencontre tout à fait officieuse, Laure n’étant pas réellement attendue par ces adolescents. Et à priori, sa présence n’est pas non plus désirée, puisque son but est de les prendre la main dans le sac. Pour ça, depuis plusieurs jours, elle les piste. Elle a repéré les lieux sur lesquels ils exercent leurs larcins, a observé leurs méthodes de travail… et désormais, les informations collectées sont suffisantes pour lui permettre d’agir. Alors, munie d’un sandwich, elle s’installe sur un banc, à la vue de tous, et commence à manger, l’esprit tranquille.
Moins de deux minutes plus tard, elle agrippe le poignet d’un garnement planqué derrière le banc, qui était en train de fouiller dans les poches de son manteau. Elle lui tord le poignet d’un coup sec pour l’obliger à se déplacer devant elle, puis le force, toujours grâce à sa prise, à se mettre à genoux devant elle.

- Loïcien… commence-t-elle, alors que le gosse se plaint, impuissant. Je ne vais pas te dire de ne pas « voler », chacun sa façon de vivre… mais par contre, faut pas se faire prendre. Dans notre monde, se faire prendre, c’est mourir. Techniquement, tu es mort.

Il n’a pas l’air de comprendre ni de se rendre compte… bien entendu, ce serait trop simple. Alors sans hésiter, elle pose son repas à côté d'elle, sort son arme et la pointe sur le front du gamin.

- Tu vois ? Boum, dead, sans sommation. Ça n'aura pris que quelques secondes.

Et elle presse la détente pour de vrai… non sans avoir préalablement décalé le canon de son pistolet de quelques centimètres. La victime s’en tirera avec une simple éraflure, mais un stigmate à vie quand celle-ci aura cicatrisé.

- Petit un : tu ne vas plus jamais traîner avec ton groupe. Petit deux : tu vas faire autre chose de ta vie. Un métier respectable, peintre par exemple. Tu sais, il n’y a pas de justice dans ce monde, tu ne peux pas te plaindre ou quoi. Tu peux juste faire ce que je te demande ou ne pas le faire. Mais je vais juste te dire ceci : à partir de maintenant, je vais te surveiller. Je serai dans l’ombre, quelque part derrière toi, jusqu'à la fin de tes jours. Et si je t'y reprends… crois-moi, cette fois, la balle ira se loger droit dans ton crâne. Maintenant, montre-moi ce que tu as volé aujourd’hui, tout.

Loreleï relâche un peu sa prise. Elle souhaite qu’il continue de souffrir, toujours sous son emprise, mais qu’il puisse être à peu près libre de ses mouvements. Et le garçon ne met pas longtemps à sortir une montre à gousset de sa poche, pour la tendre à la femme qui le prend en otage.

- Voilà madame, c’est tout ce que j’ai, je vous le jure !
- Décris-moi la personne à laquelle tu as dérobé ça stp, répond Laure en la lui prenant des mains.
- C’était un homme ! Assez grand, avec des cheveux longs, une barbe naissante… bien habillé et… et il puait la richesse ! Il n’avait pas beso…
- … besoin de cette montre ? le coupe-t-elle. Peut-être, peut-être pas. Par où est-il parti ?
- Il est entré dans la grande bâtisse là-bas !
- La maison de joie ? fait-elle après avoir tourné la tête, suivant le doigt pointé du garçon. Ok. Est-ce qu'il y est toujours ?
- Je… je crois…
- Ok. Je vais attendre qu’il sorte pour lui rendre ce qui tu lui as volé alors. Et toi, file, je ne veux plus te revoir dans le coin, tu m’as bien comprise Loïcien ?
- Oui madame ! supplique-t-il.

Et il ne se fait pas prier pour prendre la fuite, à peine libéré. Loreleï reprend son morceau de pain en soupirant. Elle se doutait que son petit frère ne la reconnaîtrait pas puisque dans sa famille, personne n’a jamais fait attention à elle. Personne n’a jamais fait attention aux enfants, mis à part les deux premiers qui sont nés. Triste constat que de voir cet enfant emprunter ce chemin… même si finalement, la jeune femme est loin d'en être bouleversée. Au moins, le petit l'a vouvoyé : il tient en respect ses aînés, ce n'est pas une cause perdue.
Elle termine tranquillement son encas tout en regardant la montre nouvellement acquise, en l’étudiant sous toutes les coutures. Joli objet. Quand elle le porte à son oreille, le tic-tac du mécanisme lui paraît pourtant… poussif, fatigué, étouffé. Ou juste différent de ce qu’elle entend d’habitude. Intriguant. Peut-être une nouvelle technique de fabrication ? La curiosité lui donne envie de l’ouvrir, le désosser pour vérifier. Mais elle n’a pas les outils pour. Elle pourrait la ramener chez elle… mais…

Direction la maison de joie. Loreleï se lève et s’approche de la bâtisse, qu’elle n’a curieusement jamais visitée. On brasse pourtant pas mal d’argent là-dedans… mais définitivement, ces gens ne possèdent aucun matériel intéressant. Pour le bricolage, ou le cambriolage. Et même si l’envie de forniquer lui prenait… ce n’est certainement pas ici qu’elle se rendrait. Peut-être à tort, peut-être à raison, peut-être fait-elle bien de ne pas se poser la question. La seule chose qui rend cet endroit digne d’intérêt, c’est que l’homme qu’elle recherche a l’air de s’y trouver. Alors que faire ? Entrer ? L'attendre à l'intérieur ? Ou rester dehors, là où elle pourra le voir passer ? Combien de temps cela lui prendra-t-il ? Est-il du genre à prolonger le plaisir, ou à faire son affaire puis partir ?
Heureusement, pas besoin de se torturer l'esprit trop longtemps : un homme correspondant à la description sort du bâtiment. Ni une ni deux, Loreleï l'aborde en lui tendant l'objet.

- Bonjour, je crois qu'on vous a volé ça. Alors je vous ai attendu pour vous le rendre.

Cette montre, elle la tient assez fermement au creux de sa main. S'il tente de s'en emparer, il pourra rencontrer une forte résistance.
Cette montre, Laure aurait pu la ramener chez elle… mais… elle empochera une plus grosse somme en la rendant dès maintenant à son propriétaire, qu'elle espère très reconnaissant.

Raziel Harmony
Raziel Harmony
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptySam 16 Mar - 18:05
Irys : 456686
Profession : scientifique fou
Daënar +1
-Arya, marmonnais-je d’une voix presque rêveuse, elle va crever comme elle est venue : dans la puanteur de cet immonde dédale.

Je contemplais la rue qui s’étalait devant moi, immobile devant le bordel que je venais de quitter. Je n’eus pas le temps de m’horrifier de la sévérité de mes propres paroles : je sentis que quelqu’un m’observait. Un autre que moi aurait pu ressentir de la crainte. Mais un autre que moi n’aurait pas jouit de mon talent à l’épée. Intrigué, je continuais à observer la ruelle tout en feignant d’ignorer sa présence. Pourtant, j’eus l’étrange sensation que mon attitude ne la trompait pas. Un jeu à l’intérieur d’un jeu, me dis-je, et j’eus un petit sourire.

Je fus le premier à céder et me tournais vers cette inconnue avec un air interrogateur, comme si je venais de découvrir sa présence. Mon front se plissa fugitivement : j’étais toujours prêt à affronter des situations inattendues lorsque je descendais dans de tels lieux, mais jamais on n’avait réussi à me voler quelque chose. Pourtant, quelqu’un m’avait visiblement délesté de ma montre à gousset puisque voilà qu’elle se trouvait dans les mains d’une autre. Je me maudis d’avoir été aussi distrait. Néanmoins, je gardais un sourire ironique sans laisser transparaître mon étonnement. Ma pose soigneusement étudiée suggérait la grâce languissante d’un félin en chasse. Non seulement ma haute taille me permettait de dominer l’inconnue mais l’expression amusée que j’affichais devait la persuader que nul ne pouvait me prendre par surprise.

Je gardais donc un air détaché lorsqu’elle leva ma montre à la hauteur de mon visage. Même alors, je ne fis pas un geste pour m’en emparer et j’examinais l’objet d’un œil amusé. Pourtant, dès l’instant où je le vis, je dû faire appel à toute ma maîtrise de soi pour ne pas m’en saisir aussitôt. Cette montre était une véritable œuvre d’art. Le cadran décoré était recouvert d’un écran de verre dont la surface ne portait pas la moindre égratignure. La matière avait une légère teinte bleutée, insuffisante néanmoins pour occulter la merveille qu’elle recelait : de minuscules aiguilles d’or sculptées marquaient le rythme du temps qui s’écoulait. Je reconnus le très léger tintement qu’elles produisaient au passage de chaque minute.  Je me rappelais nettement l’artisan qui avait gravé ce chef d’œuvre, car il était resté assis de longues heures dans son atelier, sous la froide lumière du matin, à sculpter le moindre recoin en une délicate harmonie. Nous n’avions pas parlé : le sculpteur en était incapable, je m’en étais abstenu. L’homme avait besoin du silence absolu pour se concentrer, tant les détails étaient précis. De toute façon je n’avais rien à lui dire. Je lui avais versé une avance exorbitante des mois auparavant. L’artiste, ancien esclave, avait la langue coupée. C’est pour cette raison que, lorsqu’il eut achevé son œuvre, il ne put que hocher la tête avec véhémence pour exprimer son extrême satisfaction devant la qualité de son propre travail, tout en manipulant avidement l’objet du bout des doigts.

Elle finit par m'adresser la parole d'un air détaché :

- Bonjour, je crois qu'on vous a volé ça. Alors je vous ai attendu pour vous le rendre.


-C’est très aimable de votre part de me la ramener si généreusement,
dis-je en me fendant d’un large sourire. Moi qui croyais que la jeunesse se perdait dans ces quartiers ! Vous êtes un ange tombé du ciel, j’y tiens énormément : un cadeau de ma défunte mère vous comprenez…

Sans un mot de plus, je tendis d’un geste gracieux une main ouverte, attendant de recevoir le trésor au creux de ma paume.


Dernière édition par Raziel Harmony le Mer 20 Mar - 11:12, édité 1 fois

Loreleï Piquier
Loreleï Piquier
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptyMar 19 Mar - 16:59
Irys : 109979
Profession : Mafieuse, Bricoleuse
Daënar -1
À cette demande, Loreleï se contente de répondre par un clignement d’yeux. Plusieurs à la suite à vrai dire, comme si elle ne saisissait pas quelque chose. Elle n’en est pas encore à se méfier… mais presque, parce que clairement, un détail cloche.

- Vous faites trop de compliments, ça ne me parait pas naturel, commence-t-elle, le visage toujours neutre. Et vous me regardez trop dans les yeux, alors que d’après ce que vous avancez, vous devriez être dans l’émotionnel, dans vos pensées. En général, ça cache un mensonge… à moins que vous ne soyez sur vos gardes, je ne saurais pas vraiment le déterminer…

Et pour tout dire, elle s’en fiche royalement. Son job ne consiste pas à s’auto-convaincre que la personne qui lui fait face est de bonne foi ou non. Loreleï n’est pas généreuse… et dans ce monde, dans le verso, personne ne l’est. Son but n’est pas non plus de provoquer son interlocuteur. Si la montre lui appartient réellement, les sentiments bienveillants qu’il exprimait jusque-là risquent de se détériorer, voire de totalement s’inverser. Et ça… ce n’est pas non plus l’effet que recherche la jeune femme. Vu le gaillard qui lui fait face, escalader dans la violence n’est pas dans son intérêt…
Reste qu’elle non plus n’est pas l’assurance incarnée : preuve en est, elle ne parvient pas à soutenir son regard. Tour à tour, elle observe ses yeux, ses épaules, son torse, à nouveau ses yeux, puis à droite, puis le sol… Difficile de contester sa franchise ou son malaise. Mais allez savoir. Peut-être qu’elle fait ça tout le temps, avec n’importe qui…

- Vous savez, un tel objet… reprend-elle, en mettant la montre au niveau de ses yeux pour la regarder. Dans pareil endroit, je le mets sous le nez de n’importe qui en demandant « C’est à vous ? », 9 fois sur 10, on me répondra « Oui, elle appartient à ma famille ! C’est le souvenir le plus précieux que j’ai ! ». Être généreux, c’est un défaut, c’est se faire pigeonner. Si je le donne au premier venu, un truand la récupèrera et la revendra, il se fera du blé sur mon dos. Et le véritable propriétaire s’en retrouve définitivement dépossédé… Très peu pour moi.

À nouveau, elle ne fait qu’exposer sa vision des faits. Qu’il y adhère, qu’il se range de son côté ou non, c’est une autre histoire. A-t-il seulement le choix ? C’est Laure, l’actuelle « gardienne » de ce trophée. Qu’elle en prenne si soin et qu’elle souhaite retrouver son véritable propriétaire… n’est-ce pas là un acte noble qui mérité d’être récompensé ? N’est-il pas fier d’être tombé sur « LA » personne qu’il fallait ? Dans tous les cas, un service pareil se monnaye. Pas forcément à la valeur de la marchandise, mais au moins à la valeur émotionnelle, sentimentale qui est y rattachée.

Après quelques secondes de flottement, Loreleï baisse le bras, tout en gardant la montre au creux de sa main. Elle regarde autour d’elle, puis reporte son attention sur notre inconnu. D’un mouvement répété du doigt, elle lui fait signe de la suivre. Elle s’approche alors d’un banc, tout près de là, sur lequel elle s’assoit. Elle ne prend pas toute la place, au contraire : c’est comme si elle se faisait toute petite pour ne pas déranger. Sa vision sur l’entrée de la maison de joie est dégagée, elle pourra observer les allées et venues. Qui sait… si elle remarque une autre personne qui possède un physique similaire à cet homme, peut-être qu’elle ira lui aussi l’aborder.

- J’ai besoin d’en savoir plus. Est-ce que quelque chose prouve que cette montre vous appartient ? Est-ce qu’elle a une histoire ? Une particularité qu’on pourrait vérifier ? Quelle est sa « valeur » à vos yeux ? Et, avant de lui laisser enfin la parole, elle précise. Et je ne fais pas tout ça pour taper la causette ou pour vous draguer, hein. En tout bien tout honneur, je souhaite juste que vous prouviez votre sincérité.

Qu’il ait le temps de jouer à ce petit manège ou non, il va devoir s’y plier. Elle finira bien par lui soutirer des informations… et s’il ne lui offre aucune récompense pécuniaire, gage que Laure aura trouvé autre chose dans ce qu’il aura raconté. Tout est bon à prendre.

Raziel Harmony
Raziel Harmony
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptyMer 20 Mar - 12:37
Irys : 456686
Profession : scientifique fou
Daënar +1
-Vous faites trop de compliments, ça ne me parait pas naturel, commença-t-elle, le visage toujours neutre. Et vous me regardez trop dans les yeux, alors que d’après ce que vous avancez, vous devriez être dans l’émotionnel, dans vos pensées. En général, ça cache un mensonge… à moins que vous ne soyez sur vos gardes, je ne saurais pas vraiment le déterminer…

-Qui ne serait pas sur ses gardes en découvrant qu’une inconnue a entre ses mains une montre volée. Et inutile d’essayer de me comprendre, mes amis me reprochent souvent d’être indéchiffrable,
ajoutais-je d’un air faussement amusé.

Je constatais avec satisfaction qu’elle ne parvenait pas à soutenir mon regard. Par manque de confiance ou par un sentiment de malaise, peu importe, cela me facilitait la tâche.

-Vous savez, un tel objet… reprit-elle, en mettant la montre au niveau de ses yeux pour la regarder. Dans pareil endroit, je le mets sous le nez de n’importe qui en demandant « C’est à vous ? », 9 fois sur 10, on me répondra « Oui, elle appartient à ma famille ! C’est le souvenir le plus précieux que j’ai ! ». Être généreux, c’est un défaut, c’est se faire pigeonner. Si je le donne au premier venu, un truand la récupèrera et la revendra, il se fera du blé sur mon dos. Et le véritable propriétaire s’en retrouve définitivement dépossédé… Très peu pour moi.

Bonne nouvelle : elle comptait réellement rendre cette montre à son véritable propriétaire. Mauvaise nouvelle : il allait falloir être plus convaincant que cela. Je me redressais de toute ma taille. Dans l’ensemble, j’avais belle allure, je le savais, et il m’arrivait de jouer de l’impression que je faisais sur les hommes et les femmes. J’étais grand, musclé en proportion. La coupe de ma veste mettait en valeur mes larges épaules et mon ventre plat. Je me sentais bel homme avec mon front haut, ma mâchoire ferme et mon nez droit au-dessus de mes lèvres finement dessinées. Le seul trait en moi qui me déplaisait était mes yeux, que je tenais de mon père, bleu pâle et délavés. Quand je croisais mon propre regard dans le miroir, j’y voyais mon père sec et intransigeant, sans une once de sentiments. Mes yeux me paraissaient vides, comme ceux d’un idiot. D’un autre homme, on aurait dit qu’il avait le regard doux et interrogateur. Moi, je m’efforçais d’entretenir un regard bleu de glace, tout en sachant que mes yeux étaient trop pâles pour y parvenir.

La femme qui me faisait face n’avait rien d’exceptionnel à première vue. Elle aurait pu être belle si son regard n’était pas aussi fuyant.  Elle m’indiqua un banc à quelques pas de là mais j’hésitais un instant avant de la suivre. Je commençais à m’impatienter et même si ma curiosité me poussait à engager la conversation avec cette inconnue, je n’avais aucune envie de le faire dans ce trou à rats. En un autre endroit, j’aurais simplement dégainé mon épée pour reprendre la montre de force. Mais je ne voulais pas attirer l’attention sur moi : personne ne devait apprendre que l’héritier Harmony s’était rendu dans un bordel dans le quartier des versos ou ce serait la fin de ma lignée. Résigné, je pris place à ses côtés sur le banc.

-Commençons,
soupirais-je.

- J’ai besoin d’en savoir plus. Est-ce que quelque chose prouve que cette montre vous appartient ? Est-ce qu’elle a une histoire ? Une particularité qu’on pourrait vérifier ? Quelle est sa « valeur » à vos yeux ? Et, avant de me laisser enfin la parole, elle précisa. Et je ne fais pas tout ça pour taper la causette ou pour vous draguer, hein. En tout bien tout honneur, je souhaite juste que vous prouviez votre sincérité.

-Toutes les heures, la montre émet trois battements sourds, presque comme des vibrations. Personne d’autre ne pourrait savoir ça hormis son propriétaire, ajoutais-je avec un sourire. Son histoire est plutôt simple : elle a été forgé par un artisan muet du plan des Astraux, un certain Manlear. Sa valeur à mes yeux…

J’hésitais un instant, réfléchissant à la façon dont je pourrais récupérer le plus facilement l’objet. Si j’en faisais trop, elle risquerait de m’en demander une somme exorbitante. Au contraire, si je ne lui accordais pas assez d’importance, elle voudrait la garder pour elle ou la revendre ailleurs. Je me surpris à vouloir tout simplement être honnête, malgré le fait qu’elle-même ne l’était certainement pas.

-Cette montre est une oeuvre que j’apprécie énormément, tant par sa beauté que par la complexité de son mécanisme. Il existe peu d’autres montres aussi précises et travaillées que celle-ci. J’ai dirigé moi-même son élaboration. Bien sûr, je ne l’ai pas forgé en personne, je ne suis pas assez habile pour cela, mais j’ai conçu les plans. J’aime bien bricoler.

C’était plus que bricoler, c’était pousser l’ingénierie jusqu’à l’art. Mais je me doutais que ce mot ne trouverait pas de sens aux yeux de mon interlocutrice concernant une simple montre, aussi limitais-je la description à du “bricolage”. Si cette aveu ne lui suffisait pas il allait falloir attendre les trois battements de la prochaine heure. Ce serait long...

Loreleï Piquier
Loreleï Piquier
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptyVen 22 Mar - 22:24
Irys : 109979
Profession : Mafieuse, Bricoleuse
Daënar -1
- C’est une vision très… matérialiste, répond la jeune femme, un peu décontenancée par ces révélations. Vous l’aimez parce qu’elle est bien fichue, c’est tout ?

La déception se fait ressentir dans le ton employé, conclut en apothéose par cette question… à la limite de l'effarement. Cette « valeur » là, Loreleï n’y accorde pas beaucoup d’intérêt. Qu’un objet ait été fabriqué par monsieur x ou par le premier venu, au fond, qu’est-ce que c’est censé changer ? Et sa complexité, qu’a-t-elle à voir avec sa qualité ? Parce que certains faiseurs font du meilleur travail que d’autres ? Parce que certaines personnes préfèrent les mécanismes compliqués au savoir-faire traditionnel ? Après avoir posé un pied sur le banc, avoir enlacé son genou avec son bras et avoir déposé son menton sur celui-ci, elle observe la montre… dégoutée… et finit par la tendre à l’inconnu, sans même plus la regarder.

- Pourquoi pas après tout. Mais ce que vous bricolez ou dessinez, comme vous dites, n’a pas plus de valeur que ce que je bricole moi. Et si c’est un mécanisme trop complexe, ça pourra difficilement être réparé… alors ça ne vaut rien, je vous la rends.

« La lui rendre », indice qu’elle le croit. « La lui rendre », signe qu’elle lui laisse sans même plus insister. Oui… Laure abandonne, comme ça, après quelques secondes de dialogue à peine. D’ailleurs, elle semble même bouder un instant, comme si son plaisir avait été gâché. Mais cette expression étant si proche de son visage neutre, son interlocuteur ne pourra pas vraiment le remarquer… hormis dans la posture qu’elle vient tout juste d’adopter.

Soupir. La tête baissée, elle repense à son petit frère qui aurait pu se faire prendre, tout ça pour récupérer un objet… extravagant, et, de surcroît, de mauvaise qualité. À qui aurait-il pu le refourguer ? Aucun être saint d’esprit n’en aurait voulu. Pas d'une marque connue, des « bruits sourds » toutes les heures, aucune garantie qu'elle fonctionnera très longtemps… autant de caractéristiques et de faiblesses qui la rendent invendable. Même les quelques richissimes hurluberlus qui se sont perdus dans le plan verso n’auraient pas donné un centime pour récupérer ce bibelot. D’ailleurs, ceux-là, mieux vaut les éviter… et la jeune femme se félicite d’avoir botté le derrière de son cadet, au moins pour cet aspect : il n’aura pas affaire à eux, et s’en tiendra désormais éloigné. Elle espère à jamais.
Fin de l’histoire.

- Z’êtes bricoleur alors ? reprend-elle assez familièrement, finalement curieuse. Qu’est-ce que vous fabriquez de beau, si ce n'est pas trop indiscret ? C’est quoi votre plus belle œuvre ? Ne me dites pas que c’est d’avoir collaboré pour concevoir cette montre hein, je parle de « vraie œuvre », précise-t-elle, sans même se demander si l’inconnu pourrait mal le prendre. Quelque chose pour aider un proche, ou quelque chose qui fait avancer la société, je ne sais pas. Un truc cool quoi.

Après son incartade, Loreleï s’est rassise correctement. Mais ça ne dure pas longtemps, parce que la jeune femme ne sait pas vraiment rester en place, ni se tenir convenablement. Alors elle tourne son corps vers lui, croise les jambes, et pose son avant-bras sur le dossier du banc. Et elle le dévisage, avec un peu plus d'attention qu'auparavant.
C'est une personne aisée, qui se paye le luxe d'aller voir les femmes de joie plutôt que de courtiser une dame pauvre du quartier. Enfin… c'est bien connu, ces gens-là ne veulent pas trop se mélanger. Et à raison, puisque la plupart du temps, les miséreux n'en ont qu'après leur argent, et ont vite fait de les assassiner pour les déposséder. Ce ne sont que des histoires bien sûr, des fables qu'on raconte pour les mettre en garde… parce qu'au final, Laure n'a pas souvenir qu'une telle chose soit arrivée dans la réalité. Mais bon. Elle connait des gens qui seraient prêts à le faire, s'ils en avaient la possibilité. La soif de pouvoir n'a pas vraiment de limite. Mais revenons à cet inconnu : il est bien vêtu, mais pas trop distingué non plus… Loreleï a en tout cas déjà vu mieux. Par contre, il n'est pas spécialement gros… et ça, c'est plutôt surprenant. Peut-être un nouveau riche, qui n'a pas encore eu le temps de manger et s'engraisser. Elle fait bien d'essayer de faire durer la conversation, il aura sûrement des choses dignes d'intérêt à lui apprendre.

Et dès qu'elle croise son regard, Laure détourne à nouveau les yeux. Décidément non, elle n'y arrivera jamais...

Raziel Harmony
Raziel Harmony
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptySam 23 Mar - 16:04
Irys : 456686
Profession : scientifique fou
Daënar +1
J’étais vexé par le ton qu’elle avait prit. Comment ça “c’est tout” ? C’était déjà beaucoup, mais bien sûr, elle ne pouvait pas comprendre cela. La complexité de la technologie lui échappait certainement. Irrité par sa remarque, je repris tout de même avec calme :

-Vous n’avez pas l’air d’apprécier mes paroles et vous semblez croire que cette objet n’est finalement pas si important à mes yeux.  

Je n’avais rien à prouver à personne et j’aurais pu tout simplement repartir avec la montre qu’elle venait de me rendre, mais son comportement m’avait piqué au vif. J’étais également curieux de savoir ce qui pouvait bien la pousser à agir ainsi : la vie n’est pas facile dans ce plan alors pourquoi rendre un objet d’une telle valeur ? Je fis donc mine de m’installer confortablement afin de lui signaler que la conversation n’était pas terminée.

-Vous vous trompez. Ce n’est pas “tout”. Puisque vous semblez vraiment y accorder de l’importance, je vais vous dire tout ce que cette montre a de précieux à mes yeux. Tout d’abord, cette objet est solide. il traversera les âges sans faillir. L’or est inoxydable, et toute la montre et faite d’or ou d’alliage dérivé conservant cette caractéristique. Ensuite, la beauté de cet objet en fait également un objet d’art. Peut-être n’êtes vous pas sensible à ce genre de détail mais la douce sonorité du tintement des aiguilles est très agréable. Je suis ingénieur, et réaliser cette montre a été pour moi une sorte de défi : joindre la beauté à l’utilité de la technologie. Sans compter qu’il m’a fallu trouver quelqu’un d’assez habile pour réaliser une telle œuvre. Si vous ouvrez l’arrière en appuyant ici, vous verrez apparaître ces rouages si fins dont le doux cliquetis forme un ronronnement gracieux. Enfin, savez-vous ce qui nous distingue des croyants qui vivent de l’autre côté de la mer ? La notion du temps : ils n’utilisent pas de montre mais suivent le cycle solaire pour se repérer. En tant que Daënar, cette montre est avant tout le symbole de notre patrie, ce mécanisme qui me suit partout où je vais et qui organise ma vie. Dans les inventions technologiques, l’esprit humain a dépensé plus d'imagination que partout ailleurs. Je ne crois pas être un patriote fanatique, mais je sais reconnaître la Terre qui m’a vu naître.

Je me tus enfin. J’en avais peut-être un peu trop dit, mais au moins on ne pourrait plus me reprocher de ne pas suffisamment tenir à cette montre. Je me surpris à avoir cédé devant le jugement de cette inconnue. Je me fichais pas mal de ce que pouvait penser une habitante du plan verso… Vraiment ? Pourtant, il ne lui avait fallu que quelques mots pour blesser mon orgueil.

- Z’êtes bricoleur alors ? reprit-elle assez familièrement. Qu’est-ce que vous fabriquez de beau, si ce n'est pas trop indiscret ? C’est quoi votre plus belle œuvre ? Ne me dites pas que c’est d’avoir collaboré pour concevoir cette montre hein, je parle de « vraie œuvre », précisa-t-elle. Quelque chose pour aider un proche, ou quelque chose qui fait avancer la société, je ne sais pas. Un truc cool quoi.

Belle leçon de morale, et venant d’une habitante du plan verso qui plus est ! Juger la beauté d’une œuvre selon l’aide qu’elle apporter à la société était une façon d’agir que j’avais depuis longtemps caractérisé de primaire. Mais en un tel lieu, les objets inutiles n’ont de valeur que ce qu’on peut en tirer en Irys, ni plus ni moins. Sa définition des inventions “cool” s’arrêtait donc aux œuvres utiles. Ni la complexité, ni la beauté n’étaient visiblement des motifs suffisants. Je pris le temps de lister intérieurement tous les projets sur lesquels j’avais travaillé mais aucun ne correspondait parfaitement à ce que j’aurais voulu montrer à l’inconnue. Dans le domaine technologique, je n’avais à vrai dire accompli aucun haut fait. J’étais encore bien trop ignorant sur le sujet, alors je me contentais d’apprendre le maximum dès que l’occasion m’en était donnée. Je fouillais dans mes souvenirs pour trouver quelque chose d’impressionnant et, finalement, je finis par me remémorer un de mes voyages en Rathram.

-Je… J’ai déjà élaboré un système de pompage et d’irrigation pour un petit village de Rathram lors de l’un de mes voyages. C’était en pleine période sèche et le village n’avait plus d’eau. Trois personnes sont mortes de déshydratation et mon Griffon aurait pu y passer aussi. Après avoir réussi à obtenir des réserves d’un village voisin, on s’est lancés dans ce projet pour que cette erreur n’arrive plus jamais. Ce n’est pas extraordinaire, mais j’ai entendu dire que depuis, ce petit hameau prospère.

Je souriais d’un air gêné. C’était loin d’être une gloire pour moi, je venais d’ailleurs à peine de m’en rappeler. Je n’avais rien appris d’intéressant durant cet évènement. J’avais seulement agit par excès de conscience mais n’avais pris aucun plaisir à accomplir cette tâche. Pourtant, j’étais persuadé que cela trouverait beaucoup plus de sens auprès d’elle que n’importe lequel de mes autres travaux. Je haussais les épaules comme pour m’excuser du peu que c’était.

-Et vous ? Qu’est-ce que vous bricolez ?

Loreleï Piquier
Loreleï Piquier
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptyMar 26 Mar - 16:45
Irys : 109979
Profession : Mafieuse, Bricoleuse
Daënar -1
Le beau discours ne l’a pas du tout convaincue… à tel point que toute cette explication sur la montre a été éclipsée par ce qu’il a dit ensuite. Loreleï est très sélective dans son écoute, et ne retiendra que ce qui l’intéresse réellement, au grand dam de ses interlocuteurs. Pas simple de l’introduire à de nouveaux concepts dans de telles conditions.

- Un système de pompage et d’irrigation ? Hum. Je crois en avoir déjà entendu parler…

Problème de vocabulaire. « Irrigation » ? Ce n’est pas un mot qu’elle a entendu ni employé très souvent… Dans le plan verso, où le Soleil – une boule blanche dans le ciel, parait-il – ne brille jamais, il n’existe pas énormément de cultures de légumes différents. Culture. Agriculture. L’association de mots est faite. Et rapidement, Loreleï se rappelle d’où lui vient ce savoir : Amelia Earhart, celle qui vivait au-delà de ce monde souterrain. C’est elle qui lui a parlé de « champs de fleurs et de blés », des terres recouvertes de verdure, se nourrissant du Soleil et de la pluie.

- Attendez… Vous voulez dire que vous venez d’autre part ? Que vous êtes déjà sorti du plan verso, c’est vrai ? l’interroge-t-elle, les yeux tout ronds. Je croyais que tout le monde voulait le quitter pour ne plus jamais y remettre les pieds… Qu’est-ce que vous faites ici ?

Une question à laquelle elle n’aura jamais de réponse… parce qu’elle enchaine sans lui laisser le temps de respirer. Par ailleurs, elle a de nouveau baissé la tête.

- Je ne savais même pas qu’il y avait de tels problèmes à l’extérieur… Devoir mettre en place un système de pompage pour tout un village parce qu’ils n’ont pas d’eau ? Ça a l’air aussi… « noir » qu’ici finalement… Et vous avez fait ça seul alors ? dit-elle en relevant les yeux. Vous avez sauvé la vie autant de gens miséreux ? C’est impressionnant ! J’imagine que ça prouve que quand les gens veulent, ils peuvent… et que si vous l’avez fait, il se pourrait que j’en sois capable aussi.

Le fait est que dans le plan verso, « on ne peut pas ». Difficile d’expliquer pourquoi ici, la situation ne s’est jamais améliorée, mais c’est une réalité. Peur, égoïsme, replis sur soi-même… les gens essayent de survivre, ils ne résolvent les problèmes que quand ils arrivent chez eux. Personne n’a jamais cherché à guérir les maux à la source, à prendre les choses en main pour tout changer…
Laure se rend alors compte de l’accomplissement de cet inconnu… et mine de rien, c’est beaucoup pour un seul homme. Elle n’a pas spécialement de raison de douter de sa parole, il n’a rien à y gagner. Faire forte impression à une quidam du plan verso, quelle belle jambe ça lui ferait.

- Sans vouloir vous offenser, bien sûr, continue-t-elle, sachant pertinemment que les gens ne sont pas égaux devant le talent, et que certains sont plus « capables » que les autres. J’ignore si vous êtes un génie ou non, mais j’espère faire quelque chose d’aussi efficace un jour. Rapidement.

Elle pense au Brik, ce vaisseau qu’elle est en train de retaper. Tant de mois, tant d’années de travail acharné… et pourtant, une telle « œuvre » ne permettra de transporter que quelques personnes. Cela dit, s’échapper d’ici sera toujours une victoire ; les gens qu’elle emportera avec elle seront autant de gens sauvés.
Elle pense également au groupe qu’elle forme avec Amelia et Linia, cette alliance qui pourra se développer. La création d’une grande famille… les nombreux beaux moments à partager… et surtout, la fin définitive de l’ignorance et du rejet. Plus la famille sera nombreuse, plus tous ensemble, ils et elles pourront changer les choses à plus grande échelle. Après tout… il parait que le monde extérieur est environ 10 fois plus grand que le plan verso !

Mais… dans le cadre de leur présente conversation, Laure ne peut pas révéler ces informations. Alors elle va rester dans le cadre officiel du boulot qu’elle fournit.

- Et moi, hm… disons que je suis plutôt la « bricoleuse locale » quoi. Je répare un peu tout pour tout le monde, j’essaye d’assembler des objets sans rapport pour les fusionner. Je fais un peu… le contraire de ce que vous disiez tout à l’heure. Pas de la beauté, mais du fonctionnel. « C’est dégueulasse, mais ça fait le taff » comme on dit.

Et surtout… ça rapporte. Beaucoup plus que la création pure et dure. Et quand, comme Loreleï, on a presque toujours des chiffres et des montants dans la tête… le choix est vite fait.

Raziel Harmony
Raziel Harmony
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptySam 30 Mar - 15:22
Irys : 456686
Profession : scientifique fou
Daënar +1
-Ça fait le taff...répétais-je d’un air songeur sans avoir la moindre idée de ce que cela pouvait bien signifier. Je suppose que d’une certaine façon, la beauté est utile aux hommes. Enfin bref, je ne pense que cela vous plaise de m’entendre parler philosophie. Dites-moi, vous n’avez jamais quitté le plan verso ? C’est ce que vous avez laissé entendre tout à l’heure.

Je n’avais jamais envisagé une telle possibilité. Je savais que les habitants de ce plan ne jouissaient pas d’une très grande mobilité sociale, mais de là à vivre toute sa vie dans ce dépotoire… Je frissonnais à la simple pensée d’être condamné à une telle existence. Pris d’une soudaine curiosité, je lui demandais :

-Cela vous plairait de quitter le plan Verso ? De voir le Monde ? Je peux vous y aider si vous le désirez.


Une simple proposition qui pourrait paraître insensée. Mais j’étais tout à fait sérieux. Après tout pourquoi pas ? Dévoiler à ses yeux profanes les secrets du Monde extérieur serait quelque chose de formidable. A cet instant, je compris le sort terrible destiné aux habitants du plan des versos : l’ignorance et la fatalité d’une vie sans beauté. Ils n’étaient libres de rien, enfermés dans les abysses de ce dédale infernal pour toujours. Les rares qui s’en échappaient ne revenaient plus. Le pire, dans tout cela, c’était leur incapacité à changer les choses d’eux-même. L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l’équation qui formait le plan des versos. Etait-ce le cas pour Arya ? Non, je le savais : elle était revenue ici après avoir visité la surface. J’avais cru que c’était par choix, mais c’était impossible. Qui devait-elle protéger en ces lieux ? Quels remords l’avaient ramené ici ? La réalité de la situation des versos m’avaient ouvert les yeux sur des problèmes que je ne soupçonnais pas. Je me sentis soudain terriblement coupable des problèmes que devaient affronter ces habitants. J’avais toujours vécu dans l’opulence, ou presque. Mes années à l’armée avaient été difficiles certes, et mes voyages en tant que simple citoyen également, mais jamais je n’avais dû survivre dans de telles conditions. Même lors de mes pires périples, j’avais toujours jouit de la lumière du soleil et de la lune pour éclairer mes pas ainsi que de mes connaissances pour me soutenir. Ici, il n’y avait rien de tout cela. Je repris, songeur :

-Au-delà de ces murs s’étend une nature magnifique dont vous ne pouvez pas même imaginer la beauté. Si vous acceptez ma proposition, vous pourriez y voyager et constater mes paroles par vous-même.

J’ignorais entièrement quelle serait sa réponse. Qu’est-ce qui pouvait bien retenir quelqu’un comme elle dans un tel endroit ? La famille bien sûr, songeais-je. Mais ce n’était pas un obstacle insurmontable, ils pouvaient partir tous ensemble. Alors pourquoi rester ici ? Par peur peut-être… La peur de ce qui les attend en-dehors de ce plan, la peur d’un Monde inconnu. Mais elle était encore jeune, et je doutais que la peur soit un motif suffisant pour la cloîtrer dans ces quartiers. Peut-être la simple étrangeté de ma proposition la rebuterait. j’attendis patiemment sa réponse. Elle n’avait qu’un mot à dire et le Monde s’ouvrirait devant elle. Voilà les pouvoirs que conféraient l’argent et le statut social : je pouvais changer la vie de cette inconnue qui avait su piquer ma curiosité.

Loreleï Piquier
Loreleï Piquier
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptySam 6 Avr - 12:00
Irys : 109979
Profession : Mafieuse, Bricoleuse
Daënar -1
Cet homme est un rêveur… et même si Loreleï l’est également, jamais elle ne pourra accepter une telle proposition. Il y a des dizaines de paramètres à prendre en compte, peut-être même une centaine. Abandonner sa famille ? Impossible. Risquer de partir avec rien dans les poches ? C’est un coup à devenir esclave de quelqu’un qui profitera d’elle, de ses talents. Laure ne compte plus les histoires qui lui ont été contées, à elle et à ses frères et sœurs, à ce propos : des gens à qui on promettait monts et merveilles… et qui ont fini au plus bas, pour ne pas dire six pieds sous terre. Toujours se méfier des propositions des inconnus, plus encore quand ils sont « beaux » et « riches ». Quelque chose qu'on enseigne aux enfants et qui pourtant, reste ancré dans le caractère de l'adulte méfiante qu'est devenue Loreleï.
Jamais elle ne prendra le risque.
Elle ne fera confiance qu’à elle-même, qu’aux membres de sa famille et personne d’autre.

- Je crois bien que tout le monde souhaite quitter le plan verso… à tel point que je comprends pas pourquoi certains empruntent le chemin inverse. Venir se perdre ici, alors qu'on est originaire du monde extérieur... perso, je trouverais ça dangereux, mais bon…

Parce que si le monde extérieur est si magnifique qu’on le prétend, atterrir ici revient à entrer dans un monde oppressant, étouffant. Pourquoi s'infliger pareille souffrance ?

- … comme vous avez pu le remarquer, je suis de nature méfiante.

Elle refait référence à la montre, pas besoin d'épiloguer. Mais après avoir prononcé cette phrase, elle ouvre de grands yeux et tourne la tête sur le côté, en reprenant une posture normale sur le banc. Qu'est-elle en train de raconter ? Il ne faudrait pas qu'elle se mette à se confier à n'importe qui, elle a déjà sa famille pour ça. En dire un peu, passe encore, mais aller jusqu'à décrire ses défauts à un inconnu, ce n'est pas tellement le comportement idéal pour une « mafieuse ». Apprentie mafieuse.
Pendant quelques instants, elle a posé sa main sur son visage et a secoué la tête, pendant que son autre bras était croisé sur ses jambes. Elle soupire, et finit par poser ses bras et ses coudes sur le dossier du banc, et laisser aller sa tête en arrière. Elle regarde silencieusement le plafond du plan verso… imaginant des paysages surprenants avec toutes les connaissances qu'elle a du monde extérieur.

- En fait… pour vous aider à comprendre l'état d'esprit des gens ici… enfin, de beaucoup d'entre eux on va dire, imaginons le créateur de cette montre, son état d’esprit peu avant de la fabriquer, commence-t-elle, partie pour une longue explication. Quel était son rêve ? Concevoir la montre la plus « belle » et… « perfectionnée » qui soit, ou juste la posséder ? Est-ce que l’intérêt, c’est le résultat, ou l’acheminement qui mène au résultat ? Est-ce qu'on préfère avoir tout sur un plateau d'argent, ou en chier pour y arriver nous-même ? Je crois que c’est assez clair, en tout cas pour moi : la bonne réponse est la seconde solution… et c’est pour ça que je ne partirai pas d’ici tout de suite, même si je rêve de découvrir le monde extérieur. Enfin… après tout, j’ai envie de le découvrir avec mes mates, mes amies.

Hors de question de partir sans Amelia et Linia. Et même s’il proposait de les emmener toutes les trois, ce serait hors de question. La réponse de ses deux compagnes serait de toute façon la même.

- Heureusement que c'est à moi que vous l'avez proposé, fait-elle en pouffant de rire, elles ne sont pas aussi tendre que moi, et vous auraient engueulé pour ce que vous venez de dire. De vraies petites teignes !

Une fois encore, Laure sent qu'elle en dit trop. Oui, elles sont en train de tout mettre en œuvre pour partir d'ici, et oui, actuellement, elles en « chient ». À quel point ? Pour combien de temps encore ? Quel est leur plan d'évasion ?

Loreleï se redresse encore, et se tourne vers l'inconnu, le sérieux retrouvé. Qui est cet homme ? Pourquoi est-ce qu'il parle de tout ça ? Pourquoi est-ce qu'elle se met à parler de tout ça ? Existe-t-il, là-haut, des gens qui viennent surveiller que les gens d'en bas y restent ? Fait-il partie de ces envoyés ? Trop de coïncidences dans le fait qu'il parle bricolage, puis de s'échapper d'ici… comme s'il savait exactement à qui il parlait. La montre aurait alors été la façon de les faire se rencontrer par hasard. « Par hasard », hm.
Elle est trop ouverte. Elle a peut-être été trop sûre d'elle, pensant qu'elle menait l'échange depuis le début. Ou peut-être est-ce à cause de Linia, qui finit par la rendre paranoïaque, méfiante de tout…

- Comment est-ce que je m'appelle ? demande-t-elle, tout à fait sérieusement. Et vous, vous êtes qui ?

On n'a pas dû la lui faire souvent, celle-là.

Raziel Harmony
Raziel Harmony
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptyDim 7 Avr - 0:34
Irys : 456686
Profession : scientifique fou
Daënar +1
- Je crois bien que tout le monde souhaite quitter le plan verso… à tel point que je comprends pas pourquoi certains empruntent le chemin inverse. Venir se perdre ici, alors qu'on est originaire du monde extérieur... perso, je trouverais ça dangereux, mais bon…

-C’est dangereux… Mais je suis venu voir une amie… Ah ! Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour une femme ? Plus sérieusement, s’il m’arrivait la moindre broutille mon père serait capable de foutre le feu à la cité entière. Et le pire dans tout ça c’est qu’il parviendrait quand même à faire passer ça pour un incident. Oui,  il est susceptible. Et n’allez pas croire qu’il m’aime, non, il en est incapable. Mais il se doit de laver l’honneur de la famille. Un jour j’ai volé une pâtisserie dans une boutique en ville. Pour me punir, il m’a fait donner des coups de fouet. J’ai failli en mourir : il a fallu qu’il m’emmène voir un médecin à Skingrad. Vous pensez que je suis fragile ? Que quelques coups de fouets n’ont jamais tué un homme robuste ? Vous avez raison. En revanche, un enfant, oui : j’avais 9 ans.

je la laissais méditer mes paroles. J’étais peut-être de la surface et de bonne famille, mais la vie était dure partout où l’homme vit. Elle reprit :

- … comme vous avez pu le remarquer, je suis de nature méfiante.

-Si j’ai bien saisi l’ambiance de ces quartiers, c’est ici ce qui distingue les vivants des morts.

- En fait… pour vous aider à comprendre l'état d'esprit des gens ici… enfin, de beaucoup d'entre eux on va dire, imaginons le créateur de cette montre, son état d’esprit peu avant de la fabriquer, commence-t-elle, partie pour une longue explication. Quel était son rêve ? Concevoir la montre la plus « belle » et… « perfectionnée » qui soit, ou juste la posséder ? Est-ce que l’intérêt, c’est le résultat, ou l’acheminement qui mène au résultat ? Est-ce qu'on préfère avoir tout sur un plateau d'argent, ou en chier pour y arriver nous-même ? Je crois que c’est assez clair, en tout cas pour moi : la bonne réponse est la seconde solution… et c’est pour ça que je ne partirai pas d’ici tout de suite, même si je rêve de découvrir le monde extérieur. Enfin… après tout, j’ai envie de le découvrir avec mes mates, mes amies.

-Vous êtes en train de me dire que si j’offre une bourse pleine d’Irys au premier badaud qui passe il va la refuser parce qu’il veut gagner lui-même son argent à la sueur de son front ? J’ai bien peur que vous ne soyez la seule à défendre ces valeurs ici Mademoiselle. Mais je comprends vos paroles… Même si je ne suis pas sûr d’y adhérer moi-même. Si je pouvais atteindre mes objectifs sans lever le petit doigt, je le ferais sans hésiter, tant que cela ne rentre pas en conflit avec mes principes. Vous êtes courageuse, c’est bien, j’espère que vos amis vous méritent réellement.

- Heureusement que c'est à moi que vous l'avez proposé, fait-elle en pouffant de rire, elles ne sont pas aussi tendre que moi, et vous auraient engueulé pour ce que vous venez de dire. De vraies petites teignes !

-Hé bien ! Engueulé pour vous avoir proposé de l’aide ? Je ne savais pas les habitants du plan Verso aussi orgueilleux. A moins que ce ne soit une forme d’honneur ? Peu importe, les deux sont plus ou moins indissociables de toute façon.

Soudain, elle se tourna vers moi avec un air sérieux :

- Comment est-ce que je m'appelle ? Et vous, vous êtes qui ?

-Heu… Il ne me semble pas que vous m’ayez donné votre nom mais je me ferais une joie de vous le demander. Quant à moi, je suis le Seigneur Raziel Harmony de la famille des Harmony de Joründ, descendants des premiers hommes de Ti’Rey. C’est en tout cas ce que je devrais annoncer en un autre lieu, mais tu peux m'appeler Raz’.


J’ignorais pourquoi, mais je me sentais très à l’aise avec elle. Passé les premiers instants de discussion, je m’étais facilement adapté à sa façon de parler et à son comportement : le résultat de mes nombreuses expériences sociales et de mes escapades dans les quartiers pauvres de Joründ.

Loreleï Piquier
Loreleï Piquier
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptyMer 24 Avr - 16:56
Irys : 109979
Profession : Mafieuse, Bricoleuse
Daënar -1
Ce n’est pas très… « prudent » de se confier si facilement, pense la jeune femme. Aussi sûr qu’on ne donne pas son nom de famille à des inconnus, afin d’éviter qu’ils puissent nous retrouver, on n’est pas censé donner autant de détails sur sa vie. Loreleï en est étonnée… et bougrement mal à l’aise. Tout ce qui sort de l’ordinaire a toujours eu le don de la bloquer, de la paralyser… et dans le cas présent, cet homme fait exactement l’inverse de tous comportements habituels auxquels elle est accoutumée. Elle en reste bouche bée.
De plus, l’histoire qu’il raconte est horrible… en plus de réveiller un souvenir chez Laure. L’une des seules fois où son père et sa mère ont daigné poser les yeux sur elle, c’est le jour où elle a ramené un pistolet dans la cuisine, pensant manipuler un jouet. Et la fillette qu’elle était n’avait alors reçu qu’une baffe… ce qui n’est en aucun cas comparable à la violence d’un coup de fouet. Ceux qui ont l’attention de leurs parents sont vernis… mais l’excès d’attention doit aussi entrainer ses difficultés. À ce point-là, quand même… Loreleï n’aurait jamais pu l’imaginer.

Heureusement, il lui laisse une échappatoire… parce qu’elle n’aurait jamais pu rebondir sur un tel sujet de conversation, surtout après de telles confessions. Elle n’aurait pas su trouver les mots et un silence gênant se serait alors installé. Grâce à l’amusante méprise dont il est victime, Laure a de quoi reprendre la parole, pour cette fois mieux s’expliquer.

- Mais non, les gens ne refusent ni l’aide ni l’argent ! fait-elle, de nouveau détendue et amusée, comme s’il avait plaisanté. C’est juste que tout service rendu est monnayé, c’est un crédit sur l’avenir. Et même si quelqu’un vous offre gracieusement son aide, gageons qu’il attend une chose de plus grande valeur en retour.

Elle ne dit pas ça pour lui… mais en même temps, elle ne peut s’empêcher d’y penser. Loreleï souhaite juste lui montrer qu’elle n’est ni stupide, ni naïve. Quoiqu’elle ne soit pas très intelligente non plus, parfois à son grand regret.
« Avoir de l’argent »… La jeune femme n’avait pas parlé d’argent dans sa première explication, mais le sujet est plus qu’intéressant. Les yeux dans le vide, Laure remarque un petit groupe d’enfants non loin, en train de jouer avec ce qu’elle imagine être des billes. Ils sont pauvres, certes… mais quel pourrait être leur rêve ?

- D’ailleurs, ce n’est pas vraiment un rêve, de gagner de l’argent, reprend-elle après ce moment de réflexion. Je parlais vraiment d’un rêve, de l’objectif de votre vie. « Avoir de l’argent » n’est pas un objectif, mais « nourrir sa famille » pourrait en être un par exemple. Si on vous donne de l’argent et que vous parvenez à nourrir votre famille avec, c’est votre fait, votre choix, vous êtes content ; en revanche, si n’importe qui vient et nourrit votre famille, ce n’est pas votre fait et vous n’êtes pas heureux, quand bien même l’objectif est atteint. Au bout du compte, il y a même des chances que vous soyez jaloux.

Jaloux, ou pas. Dans tous les cas, c’est quelqu’un d’autre qui aura atteint votre but. Et pour Laure, dont l’objectif actuel est de faire sortir ses compagnes du monde verso pour découvrir avec elles le monde extérieur, il est impensable de laisser les rênes à qui que ce soit. Elle est l’instigatrice, l’atout majeur de ce projet, de cette fuite, et personne d’autre. Tout ce que pourrait faire Raz, c’est l’aider en tant que simple subordonné… mais ça, Loreleï oublie de le lui expliquer. Ils ne se doivent rien l’un l’autre, pourquoi est-ce qu’elle irait penser à ça ?
Et s’il est capable de faire des allers venues comme il veut… il n’a pas spécialement besoin d’elle, Laure n’a rien à lui apporter. Si ce n’est pas donnant-donnant, elle n’a rien d’autre à lui proposer en échange de ses services.

- Mais il ne faut pas prendre ce que je dis pour une généralité, on est un peu spéciales… ‘fin, vous l’avez sans doute déjà remarqué.

La plupart des gens normaux ne créent pas de « gang », c’est certain.

- Le Seigneur Raziel Harmony de la famille des Harmony de Joründ, descendants des premiers hommes de Ti’Rey… répète-t-elle, quasiment sans faute de prononciation. C’est vrai que c’est un peu long, je ne saurais pas le retenir… et je ne comprends pas la moitié des mots, Raz’ c’est bien. Moi c’est Laure. Pour Loreleï. Mais on peut continuer de parler de vous, c’est plus intéressant. Vous connaissez mon rêve, quel est le vôtre ?

Il l’a convaincue : elle n’a pas spécialement besoin de se méfier de lui. Quand Amelia et Linia l’apprendront, elles lui feront sans doute la morale, mais bon. Vu le visage et l’honnêteté de cet homme, ça ne peut pas être si terrible. Et puis, elle aime bien qu’on lui fasse la morale.

Raziel Harmony
Raziel Harmony
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptyDim 5 Mai - 22:46
Irys : 456686
Profession : scientifique fou
Daënar +1
-Je suis flatté d’être considéré comme plus intéressant mais crois-moi ma vie ne se résume généralement qu’à passer mes journées le nez dans des bouquins poussiéreux que personne n’a eu le courage de lire excepté quelques fous. Même si cette description est un peu moins vraie ces derniers temps. Et mon rêve… Hmmm… Il est beaucoup moins réaliste que le tien : je veux découvrir le plus de choses possibles. Je suis un éternel curieux, tout m’intéresse, de la botanique à l’archéologie en passant par la forge et même la sociologie. C’est pour cela que je lis beaucoup. Mais pas seulement, j’adore aussi rencontrer des gens, savoir quels choix les ont mené jusque là, ce qu’ils font de leur vie, ce qu’ils aiment. Je crois que je suis passionné par la vie en fait. Et je ne compte pas quitter ce Monde sans y laisser une trace de mon existence.

C’était une bonne représentation de mon état d’esprit : passionné par la vie. Tellement attaché à la vie que je ne comptais pas laisser la mort m’en séparer. Les trois battements sourds retentirent. Je baissais les yeux sur ma montre puis repris la parole :

-C’était toi qui m’avais volé la montre ? Et pourquoi me l’avoir rendu ? Tu aurais pu en tirer un très bon prix sans aucun problème. Il doit bien y avoir ici des gens prêt à tuer pour un tel objet. En tout cas merci, j’essaierai de ne pas l’égarer à nouveau.

J’étais presque sûr que ce n’était pas elle qui m’avait volé la montre, sinon pourquoi la rapporter ? Peut-être avait-elle regretté son acte. Je refusais presque immédiatement de croire une théorie pareille : Laure n’avait vraiment pas l’air repentante lorsqu’elle m’avait abordé mais plutôt nonchalante, comme si cet objet n’avait pas d’importance à ses yeux.

Je les entendis approcher avant même de les voir. Ils étaient six, tous dotés d’une musculature impressionnante et armés de sabres. Je compris quelles étaient leurs intentions au moment même où je les aperçus. Un rictus au coin des lèvres, l’air arrogant, le plus grand d’entre eux se plaça face à moi, le reste de la racaille quelques pas derrière lui. Je levais un regard insouciant sur la fine équipe tout en fourrant précipitamment ma montre dans la poche de ma veste :

-Je peux vous aider ?

-Tu peux, donne nous ton fric saleté de sang bleu.

Je ne me posais pas plus de questions. Il avait certainement dû entendre la conversation que j’avais eu avec la propriétaire du bordel plus tôt. Il était donc inutile d’essayer de lui faire croire que je ne possédais pas d’argent sur moi. Je jetais un coup d’oeil à Laure, autant pour la prévenir que pour savoir si elle comptait participer à la suite des évènements.

Heureusement pour moi, aucun d’entre eux ne portait d’arme à feu, une grossière erreur. Tout alla très vite : je frappais mon interlocuteur à la mâchoire et bondis derrière le banc pour avoir le temps de dégainer mon épée sans finir embroché. Aussitôt les hostilités engagées, les cinq autres voleurs se ruèrent en avant. Quel honorable combat ! Six contre un, ou contre deux si j’avais de la chance. Je n’avais pas voulu entraîner Laure dans un tel affrontement mais je n’avais pas vraiment eut le choix. Il était hors de question que je donne le moindre Irys à cette bande d’abrutis et de lâches.

Grâce au banc, j’avais pu gêner la progression de mes ennemis. Le premier qui tenta de l’enjamber s’empêtra dans sa cape et je lui tranchais la gorge d’un geste rapide et précis. Une manière stupide de mourir qui me laissa le temps de me retourner pour affronter deux autres adversaires qui approchaient.

Loreleï Piquier
Loreleï Piquier
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptyMar 7 Mai - 16:01
Irys : 109979
Profession : Mafieuse, Bricoleuse
Daënar -1
Plus il parle, plus Loreleï est dubitative. Découvrir le plus de choses possibles ? C’est tout ? Ce n’est pas une vie… La connaissance, ça nous fait une belle jambe de la posséder quand nous sommes allongés sur notre lit de mort, devenus incapables de parler. Heureusement, Raz’ conclut en disant vouloir laisser une trace de son existence… et d’un coup, le raisonnement retrouve toute sa logique. Développer son savoir pour l’appliquer et le transmettre aux générations suivantes, ça c’est une vie. Et avec le système de pompage et d’irrigation qu’il a mis en place pour un petit village… la trace de son passage, il l’a déjà laissée.
La jeune femme est visiblement rassurée, puisqu’elle ne cache pas un soupir de soulagement. Le geste vaut sans doute mieux que toute une réponse.

- De quoi ? fait-elle quelques secondes plus tard, interloquée par l’accusation. Euh, non, je ne vous ai absolument rien volé, continue-t-elle en se levant et en le fixant, l’expression redevenue neutre. D’où sortez-vous une conclusion pareille ? J’étais sur les traces du voleur et…

Elle se stoppe immédiatement quand elle voit le groupe de six gaillards apparaitre.
Analyse de la situation : il s’agit d’un gang de lourdauds. Le plus baraqué s’avance vers Raz’, sans faire attention à la jeune femme qui l’accompagne. Ils n’ont pas l’air d’être optimalement équipés – dans l’esprit de la jeune femme, une arme à feu est plus efficace que n’importe quelle arme blanche… et elle en possède une, cachée sous ses vêtements – mais puisque nos deux protagonistes les laissent approcher, ils les laissent prendre l’avantage. Pas très malin.
La miss s’écarte très légèrement et relève son écharpe devant sa bouche, gardant son sang-froid et son air neutre, comme si la situation n’avait rien d’exceptionnel. Les deux hommes, qui se font maintenant face, échangent un mot. La tension monte d’un cran. Et alors qu’elle pense intervenir pour les chasser, en les menaçant avec son arme… le Seigneur Harmony passe à l’attaque. Il la prend de court ; elle a le réflexe de s’écarter davantage, pour ne pas devenir la cible ni l’otage de ces messieurs agresseurs… « Agresseurs » ou « agressés », puisqu’ils n’ont finalement pas levé le poing les premiers.

Nouvelle analyse de la situation : Raz’ sait se battre… mais pas elle. Et tout seul face à six adversaires, il aura beau se démener, il finira par se faire lyncher. À moins qu’il ne décide de fuir… et si c’est le cas, il attend certainement que celle avec qui il discutait s’éloigne avant de lui-même prendre la poudre d’escampette. Certes. Mais déguerpir, ce n’est pas dans les habitudes d’une Loreleï ; quand on est à la tête de l’un des clans les plus influents du verso, on ne fuit pas. On glisse tranquillement sa main dans son vêtement, on sort son arme, on relève le chien avec son pouce, on vise, et on tire. Le bras tendu vers le plafond, pour que le bruit fasse cesser cette mascarade.
Laure est à trois mètres du groupe, une distance confortable. Elle replie tranquillement son bras, et relève une nouvelle fois le chien de son arme, encore fumante. Cette fois, elle tend le bras vers le groupe… et tire. La balle passe au milieu d’eux, à quelques centimètres de la tempe de certains. Elle redresse une troisième fois, et tire encore : la balle ne touche toujours pas… mais s’approche dangereusement. C’est quand elle va tirer pour la quatrième fois, et que tout le monde est par terre, que l’un des six gaillards tend les bras en signe de détente.

- Attends attends, tire pas !

Elle tire quand même, entre ses deux jambes.
L’ambiance s’est tout de suite calmée.

- Z’êtes qui vous ? demande sereinement Laure, en relevant encore le chien de son arme. Je ne vous ai jamais vu dans le coin.
- Attends, attends je te dis ! répond l’homme visé, pas loin de se pisser dessus. On s’en va, promis !
- Ben… non, vous restez là et vous me répondez.
- D’accord… d’accord, d’accord ! s’empresse-t-il d’ajouter en levant les bras quand elle fait mine de perdre patience. On fait partie du gang des Barraqueurs ! On détrousse ces enflures de riches qui viennent nous narguer en se pointant dans le verso. Et toi, pourquoi est-ce que tu le protèges ? rugit-il.

Une vraie bête sauvage. Son regard, un peu trop insistant, oblige Loreleï à détourner les yeux quelques instants. Mauvais réflexe. Quand elle le fixe à nouveau, c’est l’un des quatre autres adversaires encore debout qui a lancé son arme vers elle. L’épée rebondit sur l’épaule de la jeune femme qui, bousculée par ce projectile lancé avec une telle force, chancèle. Quand elle retrouve sa posture, elle jette un œil vers Raz’, tendit que deux monstres se jettent sur elle. La jeune femme recule d’un pas, braque son arme sur eux et prononce simplement ces mots.

- Linia Ròng.

Ces deux-là se figent finalement.

Raziel Harmony
Raziel Harmony
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptyJeu 9 Mai - 0:19
Irys : 456686
Profession : scientifique fou
Daënar +1
Le sang gouttait abondamment le long de ma lame et je me surpris à apprécier la douce sensation du pouvoir de vie et de mort alors que le cadavre s’écroulait avec un bruit sourd. Mon air satisfait et les menaces armées de Loreleï ramenèrent le calme parmi les misérables qui avaient voulu me détrousser. Ils avaient cru s’attaquer à un bourgeois plein aux as et impotent mais malheureusement pour eux, ils étaient tombés sur le mauvais individu. Mes deux ans à l’armée et ma vie de voyage m’avaient souvent laissé dans des situations bien pires et c’était loin d’être la première fois que je me servais de mon épée. Laure paraissait plus soucieuse de les épargner que moi et son indulgence aurait pu les sauver.

Mais ce n’était pas fini : profitant de son regard fuyant, l’un d’entre eux projeta son épée dans une attaque désespérée avant de mourir sous le feu du revolver de ma récente amie. C’était de loin la tentative la plus stupide que j’avais rencontré jusque là. Sans attendre plus longtemps, je repartis à la charge pour mener une dernière danse mortelle avec ces abrutis. Lorsque je touchais enfin un premier adversaire qui s’effondra en criant, le deuxième survivant s’enfuit sans demander son reste. Laure de son côté avait exécuté froidement les autres à l’aide de son revolver : un combat propre et sans accroche.


Je ne me lançais pas à la poursuite du dernier adversaire. J’avais mieux à faire que courir après de la racaille et frapper un ennemi dans le dos me répugnait. Je jetais un regard en coin à Laure pour savoir si elle comptait faire feu pour se débarrasser de lui. Ce serait faire preuve d’un zèle excessif : nous ne craignions rien de ce genre d’agresseurs. Le combat achevé, j’essuyais ma lame sur la chemise d’un des cadavres et passait ma manche sur mon visage pour en faire disparaître les éclats de sang. Puis, tout à fait calme, je me tournais vers Laure :

-Excuse-moi de t’avoir entraîné là-dedans, mais je n’avais pas vraiment le choix. C’est de ma faute, j’aurais dû être plus prudent. Ça se voit tant que ça que je ne suis pas d’ici ?


Je me doutais déjà de la réponse. Tout le monde en voulait à mon argent depuis que j’étais descendu ici, des arnaqueurs aux prostituées.

-Ne restons pas ici. Je ne sais pas qui fait régner l’ordre dans le coin mais je doute qu’ils apprécient ce genre de massacre et je ne compte pas me faire arrêter maintenant.

Y avait-il au moins une milice ? Une garde qui tentait d’arranger l’état de cette zone ? Si c’était le cas, ils devaient avoir de quoi faire. Le taux de criminalité dans ces lieux étaient étrangement élevé, en témoignent les cadavres qui gisaient à nos pieds. Le vacarme avait forcément attiré des curieux et d’ici quelques instants nous aurions des problèmes. Tuer quelques hommes ne devaient pas être très exceptionnel dans les quartiers Verso mais je ne devais en aucun cas risquer d’être arrêté. Ma quête de l’Atronos était bien trop important pour que je perde la moindre seconde enfermé dans un cachot morbide dans les tréfonds d’Alexandria. J’ignorais s’il y avait eut des témoins de notre petite altercation mais il était clair que je n’avais pas agi en légitime défense. Je ne le regrettais d’ailleurs absolument pas car je savais par expérience que nous aurions été forcés à combattre quoi qu’il arrive : autant avoir l’avantage de la surprise, ce qui n’était pas de trop dans un combat à 2 contre 6.

Loreleï Piquier
Loreleï Piquier
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptyMar 11 Juin - 17:31
Irys : 109979
Profession : Mafieuse, Bricoleuse
Daënar -1
Le gaillard s’enfuit sans demander son reste, alors que Loreleï continue de braquer son arme sur lui… pistolet qui ne contient plus qu’une unique balle, soit dit en passant. La jeune femme n’aurait jamais pu faire feu, sous peine de se retrouver sans défense. Pas de munitions… elle ne s’attendait pas à devoir faire face à une agression de la sorte aujourd’hui. Elle a néanmoins gardé son calme tout du long, s’attendant à ce que les types s’arrêtent ou partent après les derniers mots prononcés.
Alors qu’elle range son arme sous son vêtement, Raz’ s’approche et la questionne. Il se demande si sa situation sociale est si facilement décelable.

- Euh, oui, fait-elle, le reluquant de la tête aux pieds, se demandant un instant si sa remarque était sarcastique ou non. Ça se voit beaucoup. Quelqu’un à l’œil affuté et aux idées douteuses pourrait même vous assimiler à un « pigeon », sans vouloir vous offenser.

En réalité… ce « quelqu’un » la désigne elle tout autant qu’un autre. Laure aussi avait pour but premier de l’escroquer, quand ils se sont croisés. Et ce ne sont ni les regrets, ni sa belle bouille qui sont à l’origine de ce revirement, mais bien la déception de ne rien pouvoir y gagner. Elle agit finalement comme ces gugusses… à ceci près qu’ils sont beaucoup moins subtils qu’elle. Et moins puissants, si ce n’est physiquement.
Raziel a raison sur un autre point : Loreleï, et par extension tous les membres de sa guilde, n’apprécie nullement qu’un massacre de ce genre ait lieu en plein milieu de son territoire. Non pas à cause de la nature de l’évènement, une tuerie, mais bien parce que les trois leaders, et tous les mafieux en général, détestent qu’une transaction ou qu’un incident puisse échapper à leur contrôle. Pour sûr, représailles il y aura… à moins que le nom prononcé par la jeune femme ait provoqué l’affolement chez ces énergumènes. Une peur si forte qu’elle les aura convaincus de s’enfuir et de se cacher, loin et de façon définitive. Elle l’espère en tout cas pour eux…

- Vous faire arrêter ? questionne-t-elle après avoir fait quelque pas et lui avoir adressé un signe de main pour l’inviter à la suivre. Être pris en otage et retenu captif vous voulez dire ? Hm… non, ça ne se fait pas trop, les fauteurs de troubles sont plus souvent tués par l’organisation la plus influente du coin, en fonction de ce qu’ils ont fait. Pour l’exemple quoi. Ce qui est sûr, c’est qu’elle est déjà au courant de ce qui vient de se passer et a un œil posé sur vous. Maintenant… sachant que ces abrutis n’appartenaient pas au clan le plus influent de cet endroit, il n’y a pas à s’en faire : l’œil est plutôt bienveillant. Ils sont sûrement curieux, et vous inviterons peut-être à les rencontrer pour discuter.

C’est elle leur représentante… bien sûr qu’elle a tout vu et que son œil est bienveillant. Et l’inviter à papoter, c’est peut-être déjà ce qu’elle fait depuis plusieurs minutes, non ? Du côté de Raz’, le fait que son interlocutrice sache que ces personnes n’appartenaient pas à l’organisation la plus influente pourrait lui mettre la puce à l’oreille. À moins qu’un tel savoir soit chose commune ici…

- Je ne sais pas si vous saisissez bien le concept, parce qu’il y a différentes formes d’ordre. Une autre, plus… « locale » on va dire, c’est un peu ce que faisait mon père quand il était plus jeune : parce qu’il a toujours été de bonne constitution physique, il faisait payer ses services de protection aux habitants du quartier. Pas d’agressions pendant que vous vous baladez, pas de cambriolages quand vous vous absentez ou pendant que vous dormez… bref, pouvoir vivre une existence tranquille sans avoir à flipper devant chaque coin de rue, puisqu’on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Par exemple, il pourrait y avoir un groupe de tueurs, là derrière, illustre-t-elle en désignant du doigt un chemin qui bifurque sur la droite, chemin sur lequel il et elle n’ont justement aucune visibilité. Pourtant, elle passe devant sans s’arrêter ni même regarder. Ceux qui ne payent pas « ont ou auront » des ennuis, mais la faute leur reviendra entièrement. Personne ne peut se permettre d’être un bienfaiteur gratuitement, c’est trop… couteux, dans beaucoup de sens du terme.

Ce qu’elle dit est en contradiction avec ce qu’elle a fait… parce que gratuitement, elle lui a rendu ce qu’on lui avait volé. D’ailleurs, si Raz’ en doutait ou ne s’en rendait pas encore compte jusqu’à maintenant, Loreleï lui explique ici clairement que ce qu’elle souhaitait en retour de son service, c’était de l’argent. Ou pas. Tout dépend de ce qu’il peut encore valoir, en tant que personne. Il n’y a pas que l’argent dans la vie. Et la jeune femme est loin d’être une sainte ou une héroïne masquée qui offrirait protection aux pauvres ou aux ignorants.

- Même chose pour les organisations, à plus grande échelle. Si vous leur rendez service, comme là… ben non, pas de représailles, personne ne va vous attaquer. La pire chose qui pourrait vous arriver, c’est que cette bande de types revienne vous voir en plus grand nombre. Mais normalement non. Enfin… ça dépend de ce que je viens de vous expliquer…

« Si vous passez dans le coin, n’oubliez pas de faire appel à notre service de protection »… c’est presque ce que seraient capable de dire ses deux comparses, si elles avaient été à sa place. Laure est un peu plus subtile, elle déteste dire les choses brute de décoffrage. Elle préfère que les gens devinent, qu’ils proposent eux-mêmes et soient certains d’avoir eu le choix et d’avoir décidé.
Arrivés devant une bâtisse à l’enseigne sobre, indiquant pourtant une espèce de bar, Loreleï s’avance vers les portes qu’elle pousse et bloque de son corps, invitant son compagnon à entrer. Avec un signe et un large sourire.

- Bienvenue en sécurité ! Entrez monsieur Raz’, faites comme chez vous.

À l’intérieur, elle adresse un bonjour général très cordial à tous les clients, et va se placer au bar.

Raziel Harmony
Raziel Harmony
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptyMer 12 Juin - 1:00
Irys : 456686
Profession : scientifique fou
Daënar +1
Je soupirais en entendant la réponse de Loreleï : je ne me fondais absolument pas dans la masse malgré mes tentatives de déguisement. Pour ma défense, c’était la première fois que je me rendais dans le quartier Verso et cette pauvreté urbaine si caractéristique à Alexandria ne pouvait pas vraiment être observée ailleurs. j’avais dû me fier à mon imagination pour paraître respectable sans éveiller des soupçons sur ma véritable richesse. Mais je comprenais maintenant que la simple propreté excessive de ma personne me trahissait.

-Heureusement pour moi, je t’ai rencontré avec de les rencontrer eux. A un contre six la situation aurait été un peu plus délicate. Et je ne comptais pas vraiment terminer ma vie dans ce tas de… enfin ici,
me repris-je aussitôt.

Je me maudis intérieurement de n’avoir pas réfléchi avant de parler. Même si l’endroit n’était pas des plus luxueux, il s’agissait tout de même des quartiers où vivait Laure et les insulter pouvait être blessant.

-Excuse-moi, ce n’est pas ce que je voulais dire.


Compréhensive, elle n’en tint pas compte et continua de m’expliquer quels étaient les ordres en place dans ces quartiers. Ceux-ci prenaient petit à petit la forme d’un monde étranger à mes yeux dans lequel les us et coutumes étaient totalement différents. Je me demandais si les astraux réalisaient réellement ce qu’il se passait sous leurs pieds dans cette univers de violence et de misère. Et pourtant, malgré cette pauvreté, je savais bien laquelle des deux parties d’Alexandria était la plus dépravée : les riches astraux s'étouffaient dans le luxe et les plaisirs malsains, profitants de leur pouvoir pour faire taire quiconque s’opposait à leurs agissements. J’avais assisté à des combats à mort pour satisfaire un simple désir d’amusement de la part de certains puissants de cette société.

Lorsque Laure évoqua l’oeil, je souris. l’idée de rencontrer une telle organisation m'était des plus agréables. J’étais curieux d’en apprendre plus sur celle-ci.

-Une telle rencontre me plairait bien je crois. Et toi Laure, tu participes à tous ces jeux de pouvoir ?

Je la pensais capable d’en faire effectivement partie. Même si son regard fuyant devait lui couper l’accès aux postes à responsabilités, elle possédait un sang-froid à tout épreuve et n’hésitait pas à agir s’il le fallait. La petite altercation que nous avions affronté plus tôt en était la preuve.

La conversation que nous étions en train de mener me dévoila également que la jeune femme était pourvue d’un esprit diplomatique que je ne m’attendais pas à retrouver en de tels lieux. Ses paroles étaient pleines de sous-entendus. Mais en avait-elle seulement conscience ? Je ne répondis à la première de ces subtilités, à peine dissimulée : la montre m’appartenait et je ne pensais pas devoir payer pour récupérer ce qui m’appartenait de droit. lorsqu’elle évoqua la nécessité de se faire protéger dans ces quartiers, je répondis simplement :

-Pour ma part je n’ai pas d’argent à investir dans une telle protection. Et sans vouloir me vanter, je me suffis généralement à moi seul.


Laure me menait à travers les rues de la ville jusqu’à un bar dans laquelle régnait une ambiance joyeuse. A la façon dont elle salua les personnes présentes, je compris qu’elle était une habituée du coin, où du moins, qu’elle était connue dans ce quartier. Le responsable des lieux nous salua. C’était une belle journée et j’avais besoin d’oublier le visage des hommes que j’avais tué plus tôt. Je déposais quelques pièces de valeur sur le comptoir et demandait une tournée générale. Le barman parut perplexe devant une telle générosité et je me demandais aussitôt si un tel acte était aussi courant ici que dans le reste de Daënastre. Je jetais un coup d’oeil par dessus l’épaule de Laure pour apercevoir le sourire ravi des clients qui avaient m’avaient entendu parler.

Un homme en particulier retint mon attention. Vêtu d’un bleu si foncé qu’il paraissait noir, il se tenait dos au mur, immobile et muet.

Loreleï Piquier
Loreleï Piquier
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] EmptyLun 24 Juin - 17:39
Irys : 109979
Profession : Mafieuse, Bricoleuse
Daënar -1
Tournée générale…
Raz’ en a, de l’argent à dépenser. Si le but de la manœuvre était de se faire remarquer, c’est réussi : tout le monde le regarde suspicieusement désormais. Même Laure lui jette un coup d’œil en coin, en avalant d’un trait un cocktail que lui a servi le barman sans qu’elle n’ait eu à lui réclamer quoi que ce soit.

Il aurait facilement pu allonger la monnaie…
… dommage qu’elle n’ait pas insisté.

Bientôt, les habitués du bar se lèvent, tout sourire, et viennent remercier leur bienfaiteur. Un brouhaha se déclenche alors, empêchant Loreleï de discuter tranquillement comme elle l’aurait souhaité. Les gens entourent Raz’, lui donnent des tapes dans le dos ou sur l’épaule, insistent pour trinquer avec lui… une jolie jeune femme l’aborde même pour faire plus ample connaissance, les atouts physiques bien en avant, bien en évidence. Une seconde arrive, reléguant la beauté de la première au rang « d’acceptable »… aussi alcoolisée que soit cette nouvelle intruse. D’aucuns diront que cela accroit son charme et excuse son léger débraillement. Ne souhaitant pas intervenir dans leurs affaires, Laure s’est un peu écartée pour échanger quelques mots avec le serveur, un homme grisonnant dont le visage est marqué par les années et la maigreur.

- Des types baraqués nous sont tombés dessus, tu as des infos sur eux ? Des nouveaux qui veulent faire leur malin ?
- Hum… fait-il en fronçant les sourcils. Sûrement la bande à Réguis, des culturistes qu’on a vu trainer dans le coin.
- Culturistes ? répond Loreleï, étonnée, en buvant une gorgée. Ils sont intelligents ?
- Non, pas « cultivés », « culturistes », reprend le serveur, apparemment au fait des lacunes de vocabulaire de son interlocutrice. Des gens musclés, des individus dont la première préoccupation est d’impressionner les autres par la taille démesurée de leurs muscles.
- Ah bon. Oui, ça doit être ça alors… ils n’avaient pas d’armes à feu, sans doute trop confiants dans leurs pecs. Ils font n’importe quoi n’importe comment, pas la peine d’essayer quoi que ce soit avec des brutes pareilles… alors je veux bien une petite mise à prix sur leur tête.
- Bien madame, ce sera fait.

Après avoir vidé son verre d’un trait, l’avoir posé et repoussé pour signifier qu’elle ne souhaitait pas être resservie, Loreleï adresse un pouce levé au serveur, puis se tourne à nouveau vers Raz’ pour voir s’il a terminé/conclu. Quand il est à nouveau disponible, elle lui lance la remarque suivante, l’air enjouée.

- Vérifiez vos poches, ce serait dommage que cette montre vous ait échappé à nouveau, fait-elle, comme prête à éclater de rire s’il s’avérait qu’il se l’était effectivement fait voler. Pour en revenir à ce que vous disiez tout à l’heure, c’est juste : tout le monde n’a pas besoin d’assistance pour se défendre. C’est simplement… quelque chose auquel on consent pour plus de tranquillité. Sinon, on se sent un peu « seul contre tous », surtout face aux grandes organisations. Ou face aux coutumes, ou choses qu’on ne connait pas trop.

Exemple d’assistance : recevoir des conseils quand on vient d’offrir une tournée générale et que des gens viennent nous remercier d’un peu trop près. La situation colle parfaitement à ce que Laure vient de décrire… et à dire vrai, la jeune femme n’a absolument pas vérifié si on lui faisait les poches, alors même qu’elle savait que cela pourrait arriver. C’est effectivement comme un jeu, pour elle… et étonnamment, c’est toujours avec les étrangers qu’elle s’amuse le plus. De son avis, c’est toujours mieux que de sombrer dans le dramatisme.

- Et vous souhaitiez savoir si je participe à ce jeu de pouvoir… hm… dit-elle, sourire en coin, le faisant languir et le regardant cette fois-ci droit dans les yeux, sans ciller. Bonne question, qu’est-ce que vous en pensez ? Est-ce que je parle comme quelqu’un qui sait ? Est-ce que vous pensez qu’il faut me croire moi plutôt qu’une autre personne ? Pensez-vous qu’en un claquement de doigts de ma part, tous les gens présents ici vous sauteront dessus pour vous capturer ?

Loreleï lève le bras, laisse sa main bien en évidence, et place son majeur sur son pouce en repliant les autres doigts. Et sans lui laisser le temps de cligner des yeux, elle claque des doigts. Et il ne se passe rien. Elle émet un bref rire cristallin, avant de l’inviter à prendre un autre verre, souhaitant se faire pardonner pour ce moment de tension inutile… Elle ne faisait que le taquiner un peu, n’est-ce pas ?
Derrière elle, dans son dos, le type vêtu d’un bleu paraissant noir se lève, se retourne et s’approche discrètement.

Contenu sponsorisé
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty
Les deux côtés [PV Loreleï] Empty

Chroniques d'Irydaë :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Ünellia
 Sujets similaires
-
» Ils savaient compter deux par deux et lacer leurs chaussures, jusqu'à ce jour fatidique...
» Deux âmes, deux destins différents.
» Loreleï Piquier
» Quand la méprise mène à l'infortune. [Pv Loreleï]
» [Accomplie] A deux pas du vol.