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Chroniques d'Irydaë
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Chafouin
Chafouin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyLun 6 Mai - 20:30
Irys : 938177
Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
Une canne à pèche, un tabouret et une bouteille de bière, cela ne semblait pas mauvais comme situation pour passer un jeudi après-midi d'octobre. Avec l'hiver qui commençait à s’installer en plus de cela, la forêt environnante se pavait de couleurs ambres qui donnaient à ce petit coin bucolique une aura enchanteresse. Chafouin se posait deux questions alors qu'il finissait sa bouteille en constatant que ça ne mordait pas mieux que les trente minutes auparavant. Premièrement, qu'est-ce que cela faisait de vivre dans ce coin isolé, quasiment sans aucune présence de technologie et deuxièmement. Est-ce que My'trä ressemblait à cette terre ? Les alentours de Fort Felsberg était pour la plupart réservés aux manœuvres militaires, mais ils subsistaient çà et là des petits hameaux qui résistaient à la modernité. Le genre de coin parfait pour les voyageurs, ou pour cacher des fugitifs, ou des my'träns.

Une résistance dans sa ligne le tira de ses pensées, il réussit sans grande difficulté à sortir sa prise de l'eau et à la saisir par la queue alors qu'elle se débattait. Il jeta un coup d’œil à son trophée, une carpe, mais de taille ridicule, à peine assez grosse pour une personne. Bizarrement, alors qu'il voyait sa proie se débattre, il ne put s’empêcher de se comparer au régisseur qui l'avait poursuivi il y a quelques jours. Alors, c'était ce sentiment-là que le monstre devait eu avoir ? Si cette chose pouvait un tant soi peux éprouver un sentiment. Chafouin claqua le poisson contre une roche, celui-ci arrêta de se débattre. Il éprouva un horrible frisson, cela avait été facile, bien trop facile.

Une fois qu'il eut jeter sans ménager sa bouteille dans la nature et ranger ses affaires et sa prise, il se remit en route. Sa destination, une petite chaumière dans les bois clairsemés du nord de Fort Felserg. Là-bas se trouvait la raison pour laquelle il avait fuit de Prorig deux jours plus tôt. En son for intérieur, il espérait toujours que la présence de la forteresse daënar proche d'ici suffirait à démotiver le poursuivant de sa protégée de s'approcher. Mais en vérité, il ne se faisait pas tellement d'illusion, ce qui empêchait le régisseur de poursuivre sa traque devait être une somme de circonstances aléatoires qui rendaient leur plan d'évasion viable.

Et trouver cette modeste masure en plein sud était tout autant un signe de chance. Sans ça, les soins apportés à l'anomalie my'träne aurait été retardés. Sa bonne fortune avait aussi fait que l'officier qu'il comptait contacter était situé non loin en manœuvre. Celui-ci avait pu lui fournir un médecin, spécialisé en médecine traditionnelle. Pour s'assurer que les pratiques ne recourraient pas à divers engins technologiques. Bien sûr, son ancien camarade, le lieutenant Philbert avait tout de suite sentit le pot aux roses. Mais il ne lui en avait pas tenu rigueur, en souvenir du temps passé à l'armée et à quelques nombreuses faveurs qu'il devait à Chafouin.  

Et le voilà justement qui revenait vers la masure. Pour rapatrier le médecin qu'avait demandé Chafouin, l'infirmier était resté de nombreuses heures au chevet de la jeune femme. Tant et si bien qu'il avait dit à Chafouin de trouver autre chose à faire que de faire les cent pas dans la maisonnée pendant qu'il l'auscultait. Maisonnée qu'ils partageaient avec une vieille dame qui le leur avait gracieusement louer. Il était alors parti pécher, histoire de remercier la vieille dame en plus du panier de nourriture qu'ils avaient emportés de la frégate qui les avait emmenés ici.

Philbert, plus connu sous son surnom de frelon, pour une obscure raison. Envoya un soldat dans la maison pour faire comprendre qu'il était temps que le médecin retourne à l'armée. Frelon regarda Chafouin arriver avec un rire moqueur.

-Regarde toi, on dirait bien un vrai péquenaud avec ta canne à pèche. Toi qui te moquais de Pedzouille dans le temps. Il te manque plus que le chapeau de paille.


-Content de te revoir aussi. Alors, le gong a sonné ? Tu rembarques ton homme ?

Frelon hocha la tête en signe d'affirmation, il prit un ton plus grave.

-S'il reste plus longtemps, quelqu'un finira par trouver ça louche. J'espère que tu comprends le risque que je prends moi et mes hommes en t'aidant ?

Chafouin ne sut que répondre. Il lui avait déjà expliqué le pourquoi du comment et Frelon avait accepté de parvenir à sa requête malgré tout. Il ne pouvait pas lui demander plus. Frelon lança un regard vers le médecin qui revenait.

-S'en est vraiment une alors ? Elle a le visage d'un ange pourtant.

Chafouin devinait ce qu'il sous-entendait, on avait habitués les daënars à considérer les anomalies comme ce que la magie pouvait produire de pire. Alors, quand il avait annoncé la nature de celle qu'il devait soigner, il craignait qu'on lui rigole au nez voire même qu'on l’arrête. Mais Frelon était resté de son côté. Chafouin avisa le médecin qui revenait, cet homme-là semblait aux anges, on lui avait dit qu'il avait souhaité toute sa vie étudier une anomalie de près.

-Alors, docteur, comment se porte sa jambe ?

-Elle guérira, lentement, mais sûrement, j'ai pu empêcher l'ablation du membre, il ne reste qu'à laisser le temps faire son office. Elle aura besoin de beaucoup de repos, j'ai laissé une béquille à sa disposition.

-Je vois, je vous remercie.


-Chafouin, je suis désolé de te demander ça, mais dès qu'elle sera prête à bouger, il faut que tu l'éloignes le plus possible de Fort Felsberg. Je ne peux me permettre qu'elle fasse courir un risque à mes hommes par sa présence.

Chafouin voulu répliquer, mais il se garda de répondre. Il comprenait parfaitement les inquiétudes de Philbert, sans doute nombreuses. Et il l'avait déjà assez aidé comme ça, il le remercia puis ils se souhaitèrent bon courage. Une fois la troupe de soldat reparti, Chafouin rentra dans la masure. À l'intérieur, une vieille femme et Laurelin, allongée dans un lit. Depuis qu'elle s'était évanouie, de nombreuses formes circulaires et arabesques s'étaient révélés sur ses bras et sa nuque. Attestant la présence de magilithe qu'elle devait cacher en temps normal par sa magie. Chafouin, ayant une forte horreur de ce cristal avait conseillé plusieurs fois à la dame qui les hébergeait de brûler les draps ensuite. Mais le médecin les en avait dissuadé, lui promettant que cela ne craignait rien. Cette même dame détailla Chafouin quand il rentra et l'interpella avec son accent bien à elle.

-V'la donc pas que c'est not' grand sauveur qui r'viens. Avec un f'stin d'merde en plus d'ça !

-Ouais, pas la peine de me remercier moi et le panier remplis de bectance que j'ai ramené pour pardonner ma venue.

-Oui ben tu causes b'coup, mais tu t'rend pas très utile ! Commences donc à couper l'poisson.

Sans un mot de plus, Chafouin se mit à écailler le poisson avant de le vider. Encore cette même sensation désagréable qui lui revenait après qu'il l'ait pécher. Il lui semblait que l'œil vitreux de la poiscaille le fixait un peu trop. Il détourna le regard vers la vieille dame et lui dit :

-Il me semble que je ne vous ai pas dit merci, en plus de ça vous avez bien voulu héberger une my'träne, doublée d'une anomalie, ce n'est pas rien.

-Bah, c'est la moind' des choses, mon r'grété Robert, paix à son âme, a vécu bien plus longtemps grâc' à un mage. Tous les médecins du coin p'vaient rien faire pour sa maladie, sauf ce bougre-là. Un coup d'sorcellerie et il était d'bout, frais comme un âne. Alors, j'me dis qu'aider cette jeune fille. C'est l'moins qu'je puisse faire pour lui rendre mes hommages.

Il hocha la tête face à cette explication, mais n'osait pas plus confronter le regard de la carpe décédée. Il avait envie de faire une pause et la situation tourna justement à son avantage quand la mémé l'interpella.

-R'gardez donc ! La v'la qui rouvre l’œil !

Laurelin
Laurelin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyMer 8 Mai - 19:42
Irys : 419918
Profession : Maîtresse fondatrice des Célestiens.
My'trän +2 ~ Khurmag
L’inconscience. Le dernier souvenir que je possède, c’est de me téléporter sur l’aéronef où se trouvait le dénommé Chafouin, ressentir l’effroyable connexion entre mon esprit et celui du régisseur enragé, et la douleur de la chute que ma jambe meurtrie n’avait pas su encaisser. Et quelle douleur… L’os qui craque et le sang qui s’écoule, alors que la nausée m’envahit… Et quelle nausée là aussi. La dernière fois que j’en ai ressenti une de cette force, c’était… C’était lorsque ces cyan-ti-piques m’avaient enfermée dans ce qu’ils nommaient un labi… Lano… Laboratoire. Une sorte de temple peut-être ? Je ne saurais le dire, mais ma première soirée en ces lieux avait provoqué d’énormes nausées et autre vomissements… Et sur cet aéronef, tout semblait sur le point de recommencer. Fort heureusement, mon esprit, trop faible, ne put lutter plus avant, et je sombrais dans l’inconscience et le néant. Cela avait au moins eu le mérite de mettre un terme à ces sensations ô combien horribles et oppressantes.

Je ne sais pas combien de temps je suis restée inconsciente et loin de toute vie. Par moments, je me souviens de bribes de discussions, d’un doux sifflement tandis que coulait de l’eau et qu’on passait une sorte d’éponge sur de la vaisselle. D’odeurs de cuisson à en faire saliver le commun des mortels. Et d’une présence rassurante, bien qu’aucun visage ne soit clairement identifiable par mes yeux humectés et voilés. Mais au moins, plus d’envies de vomir, ni aucune autre nausée. Ce qui était déjà une avancée en soit.

Puis un jour vint le réveil, le vrai. Mes yeux s’ouvrent, et je n’ai plus aucun voile devant eux. Mes oreilles entendent clairement, et je reprends peu à peu conscience de mon propre corps. Mes cheveux, mes mains, mon visage, ma bouche, tout me revient comme lors d’une seconde naissance. Mes yeux font le point et je reconnais une femme somme toute âgée, et au visage marqué par une vie visiblement difficile mais simple. Et pourtant, son regard semble empli de bonté. Une bonté rude, mais existante tout de même et j’en suis très réceptive. Mes membres engourdis se raidissent soudainement, dans un étirement total, comme si je m’éveillais d’une simple sieste. Je passe ensuite une main sur mon visage encore endormi, pour finalement toucher mes cheveux. Mes longs cheveux, dont la sensation au passage de mes doigts est très agréable, comme si une présence rassurante s’occupait de moi.

Je me redresse doucement, m’appuyant alors sur mes coudes alors que quelques mèches tombent sur l’ovale de mon visage. Mes yeux piquent, aussi, je fronce les sourcils et me force à les fermer afin que les picotements puissent disparaître. Puis je les rouvre, et cligne frénétiquement des yeux. Tout va bien. Et oh… Je reconnais Chafouin. Il semble ramener quelque victuaille durement gagnée. L’environnement semble sommaire et rural. Çà et là, des trophées de chasse ornent les murs tandis que tout l’attirail du parfait chasseur cueilleur est visible sur et au-dessus d’un meuble au bois massif. Sommes-nous en Myträ ? Ou existe-t-il pareils endroits chez les païens ? Est-ce encore possible ? Une vie au grand air, comme avant la grande scission entre nous et les païens ? Tous ne sont peut-être pas perdus alors.
- Où… Où sommes-nous ? Qui êtes-vous ? Dis-je en regardant la vieille dame alors que je tente de m’écarter d’elle. La douleur de ma jambe se rappelle vivement et violemment à moi. Instinctivement, je porte ma main sur ladite jambe et je me recroqueville alors que j’étouffe un cri et que mon visage se déforme sous la douleur. Où est le régisseur ? Il va venir ! Je vous dis qu’il va venir ! Il faut fuir, loin, très loin, fuyez ! Il faut fuir !

Panique, quand tu nous tiens…

Chafouin
Chafouin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyVen 10 Mai - 20:33
Irys : 938177
Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
Ah, le réveil de la princesse, enfin une princesse avec des cheveux non coiffés, qui tombent sur son visage et avec un air de petit animal apeuré qui scrute la vieille dame avec crainte en demandant où elle se trouve.

-En sécurité, c'est tout ce que tu as besoin de savoir pour l'instant.

Mais Cette explication ne semble pas la détendre pour autant, elle veut replier sa jambe contre elle-même pour prendre une posture défensive, mais se heurte bien vite à la douleur que ce mouvement provoque. D'emblée, Chafouin a envie de lui mettre une rouste pour cet élan de stupidité. Et puis, il doit toujours se venger de la baffe qu'il s'est prit lors de leur rencontre. Même si, elle était plutôt légitime. Laure se met à paniquer de plus bel. Devant sa panique envers son régisseur, la vieille dame ouvre de grand yeux et regarde Chafouin, il ne lui a jamais vraiment parler de la nature de ce qu'ils cherchaient à fuir sur le moment et c'est sans doute mieux ainsi. Chafouin lui, prend à tabouret et tâche de s’asseoir à côté d'elle pour la calmer.

-Oh Laure, regarde moi, le régisseur n'est plus là, on est en sécurité. Tu peux sentir sa présence non ? Vérifie, il est loin de nous pour l'instant.

Comment Chafouin a pu déduire cela ? Oh c'est très simple, si le régisseur était dans le coin, ils seraient déjà morts à l'heure qu'il est. Mais pas sûr qu'expliquer cela soit la meilleure façon de la rassurer. La créature infernale s'est sans doute concentré sur d'autres anomalies, plus proche de son secteur. Et Chafouin se met à souhaiter qu'il y ai nombre d'anomalies entre eux et le régisseur. Laurelin ne serait sans doute pas de cet avis et il se le rappelle bien maintenant, les deux personnages sont complètement opposés au niveau psychologique. Lui est prêt à tout pour assurer sa survie, quitte à sacrifier les autres, quitte à sacrifier la vieille femme de la pièce par exemple. Laure, c'est différent, il ne la connait pas en effet, mais elle semble trop pacifique, pas taillée pour la survie. Sans lui, elle se serait faite taillée en pièce. Il se demanderait presque comment elle ait pu rester en vie aussi longtemps. Il a beaucoup de questions à lui poser, mais ce sera pour plus tard.

-Ne replis plus ta jambe, tu t'es énormément blessée, tu vas avoir besoin de beaucoup de temps pour récupérer. Mais Heureusement.
Il lui montre la béquille de bois que le médecin à laisser à son intention. Le type qui t'a soigné à laisser cette merveille de l'artisanat daënar, tâche de pas l’abîmer.

Il se lève, mais ne peux pas s'empêcher de vouloir pousser sa gueulante.

-Tu m'énerves, tu le sais ça ? Tu serais pas autant dans la mouise si tu m'avais écouté et que t'avais fait attention aux pièges en rentrant dans l'entrepôt. T'as rien dans le crâne ou quoi ?

Il lève deux grands bras dans le ciel avant de se retourner comme un ours mal léché, sans même faire mine de vouloir discuter. Il laisse Laurelin parler avec la dame qui doit sans doute être bien plus diplomate que lui. Il se remet sur son poisson, encore cette tête à l’œil vitreux. Il finit de couper la tête pour s'en débarrasser pour de bon et enlève les arêtes. Pendant qu'il s'occupe ainsi, ça lui permet de penser à la suite. Ok pour l'instant ils sont en vie et après ? Il devra bien un jour ou l'autre rentrer à Prorig et se séparer de Laure. Mais quand ? S'il l'abandonne maintenant, il a l'impression qu'il commettra la même erreur qu'il a fait 14 ans plus tôt. Il jette un regard pour se persuader de nouveau. Oui, c'est bien elle cette petite fille qu'il a abandonné à la mort. Mais que pouvait-il faire à ce moment-là ? Est-ce qu'elle a devinée que c'était bien lui au moins ? Si elle le sait, que pense-t-elle de lui ? Le hait elle ? Il veut savoir, cela fait partie d'un des rares événement de sa vie qu'il aimerait bien modifier. Il a besoin, non il veut entendre qu'elle ne le hait point pour ça.

Mais peu importe ce qu'il se passera et après, ils se séparent, c'est tout ? Il y a toujours cette promesse qui lui semble vaine maintenant, celle de s'occuper des harponneurs. Ce groupe de pirates qui avaient emmener une femme sous leurs yeux. Ils n'avaient rien fait, l'un comme l'autre, s'ils devaient revenir sur ça ils s’engueuleraient certainement. De toute manière les harponneurs sont loin maintenant. Un instant, Chafouin réfléchit à une possibilité, non ils ne sont peux être pas si loin que ça, peux être même à quelques jours de marche. Mais c'est encore quelque chose à voir plus tard. Il faut se concentrer sur les choses simples pour l'instant.

Après qu'il ait fini d'enlever les arêtes. Il met le poisson à cuire. Il lance un regard vers Laurelin, qui le confronte aussi du sien. Il ne parvient pas à la soutenir plus de quelques secondes et détourne toujours les yeux. Putain c'est troublant, il a l'impression qu'elle peut lire dans ses pensées. Il décide finalement de revenir sur son tabouret au chevet de la jeune femme. Il se penche et croise ses deux mains devant lui, cachant ses lèvres et affichant un regard soucieux. Va-t-il s'excuser de lui avoir grogné dessus, comme cette fois sur la plage ? Ah ça sûrement pas !

-Comment tu te sens en ce moment ? La douleur est vive ?

Laurelin
Laurelin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptySam 11 Mai - 14:01
Irys : 419918
Profession : Maîtresse fondatrice des Célestiens.
My'trän +2 ~ Khurmag

La peur. Ce sentiment puissant provoquant l’impuissance et la paralysie. Une sensation étrange, l’impression d’être spectatrice de sa propre vie, de cet instant critique, sans que rien ne soit envisageable à moins que la peur ne passe, ou que la source ne disparaisse. Un instant de sensibilité extrême, de fragilité totale. D’aucun penserait qu’il s’agit d’un des pires défauts de ce monde. Souvent, on m’affubla des pires qualificatifs : faible, inutile, fardeau, abomination, incapable… Et bien d’autres encore. Peut-être que ces gens avaient raison depuis le début…

Je me souviens, lorsque je vivais sous la tutelle de maître Visïr Rökov, maître de Khugatsaa et adepte d’Amisgal, qu’il nous arrivait parfois d’agir de manière peu recommandable. Outre le vol de fruits et d’aliments sur des étales et dans des champs et autres fermes, il nous arrivait de forcer des serrures afin de trouver un toit pour une nuit. Et lorsqu’il fallait se défendre, il nous arrivait… Enfin, il lui arrivait de faire usage de ses pouvoirs et de faire preuve de force, de fermeté voir parfois de violence, afin de pouvoir sortir son épingle du jeu et vivre, ou survivre. J’avais déjà vu des gens mourir avant cela… J’avais vu ma famille être anéantie sur la plage lorsque les corsaires et autres contrebandiers attaquèrent par un beau matin brumeux. J’avais vu mon petit village brûler, les hommes être exécutés et les femmes être transformées en esclaves, en objets… En défouloir… J’avais vu et subie la violence, la douleur, le mal… Et pourtant, à chaque fois qu’il arrivait à maître Rökov d’user de violence et de blesser, voir de tuer… Je me sentais réellement malheureuse… Et pourtant, sans cela, je serais morte depuis longtemps… Il m’a sauvé la vie si souvent que j’en ai perdu le compte… Et maintenant, je rencontre cet homme qui venait de s’évertuer à me sauver la vie d’une menace implacable et immortelle et qui semble… Frustré, de me voir aussi naïve et aussi douce… Et cet homme… J’ai l’impression de le connaître. J’ai l’impression de l’avoir déjà vu il y a longtemps, très longtemps. Et puis ce qu’il m’avait dit alors… « C’est toi ? » Que voulait-il dire… ?

La douleur est grande, mais je comprends alors que je suis en terrain ami et protégé. L’homme se montre parfois doux, parfois autoritaire, parfois compréhensif… Parfois à cran. C’est comme si son esprit était aussi actif que le mien, mais que les pensées et les actions qui résultent de cette hyperactivité sont parfois contraires, provoquant des paroles ou des actions totalement opposées d’une seconde à l’autre. Mais alors que je remarque cela et que je réfléchis aux tenants et aboutissants de ma présence ici et de ma blessure, je me rappelle de ce qui s’est passé ces derniers mois… Cette anomalie, qui me recommandait de changer. Ce Khurmi qui disait que j’étais une fanatique en quelque sorte, mais une fanatique du pacifisme et que ceci me conduirait à ma perte. Et tous les autres qui, s’ils étaient parfois subjugués par mes pouvoirs, par mes habiletés, par ma philosophie et même parfois par ma psychologie, me disaient aussi qu’un jour, ma chance allait me quitter et que je mourrais misérablement, violemment, parce que je serais incapable de me défendre… Ont-ils tous raison, en fin de compte ?

J’étend ma jambe, comme me l’a conseillé l’homme au nom déjà oublié. Je le regarde, sans jamais détourner les yeux. Quelque chose m’intéresse chez lui, j’ai réellement l’impression de l’avoir vu il y a longtemps… Mais où… Qui est-il… J’ai de nouveau des forces, alors je compte les utiliser. Doucement, l’illusion reprend sa place. Les cristaux en forme de cercle et d’arabesques disparaissent sur ma peau qui redevient de nacre et aussi lisse qu’une pierre polie. J’en profite pour passer ma main dans mes cheveux afin de les dompter le plus possible, et j’illusionne un maquillage simple : le contour de mes yeux devient noir, faisant ressortir le vert de jade de mes yeux, tandis que ma peau devient moins scintillante. Néanmoins, je me couvre, car je suis à moitié nue. Et je regarde à nouveau l’homme qui va et vient. Bien qu’il soit un païen, il doit se douter, maintenant, que je possède certains pouvoirs et que je cherche à percer son esprit afin d’instaurer un contact mnémotechnique et télépathique. Je ne veux pas lui faire de mal, je veux seulement savoir à quoi il pense, et surtout, savoir qui il est.
- Ca va. Si je bouge, c’est douloureux, mais j’ai vécu bien pire. La guérison prendra combien de temps ? Je dois souvent changer d’endroits, et je n’ai pas l’habitude d’être enfermée.

Je sais que je demande beaucoup de choses. J’ai même l’air d’être ingrate, de ne pas mesurer le don de cette femme et le courage de cet homme juste pour pouvoir me sauver. J’espère sincèrement que ma jambe va guérir rapidement, j’ai beaucoup de choses à faire et je crois que cet homme est… Je ne sais pas comment le formuler, mais j’ai l’impression que sa présence est un message, un don des Architectes, une bénédiction de mes divinités au regard des épreuves traversées.


Chafouin
Chafouin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyLun 13 Mai - 0:13
Irys : 938177
Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
Il ne s'attendait pas à des questions en guise de réponse, elle semblait impatiente, mais quoi de plus normal quand on passe sa vie à fuir. Elle allait malheureusement s'habituer au fait qu'elle doive rester quelques temps clouée au lit pour récupérer. Mais bon, si ce n'était pas lui qui la faisait bouger, un soldat passerait bien à un moment ou un autre pour les faire partir et cette fois, sans douceur. Chafouin remarqua aussi que les reflets colorés avaient disparus de sa peau et que son visage était bien plus présentable et maquillé qu'avant et à moins qu'elle n'ait caché une trousse à maquillage, ce dont il doutait, il y avait anguille sous roche. Il se rappela que c'était une illusionniste, comme la fois où elle avait simulé sa présence au régisseur, il n'avait sans doute vu qu'un petit échantillon de ce qu'elle était capable, son pouvoir pouvait servir d'arme redoutable. Contre une bande comme les harponneurs par exemple. Quoiqu'il en soit, ses inquiétudes étaient légitimes et il se devait d'y répondre un minimum.

-Ta guérison, c'est toi qui jugera quand tu seras prête à repartir, mais vu comment tu t'es entaillée, ça pourrai prendre des mois, mais bon on sera sans doute obligé de bouger avant, d'ici là.

Il lui montra la béquille qu'il plaça à son chevet. La vieille femme intervint en finissant de couper des carottes et des pommes de terre pour assaisonner le repas. Qui serait bien maigre s'ils se contentaient de la faible prise de Chafouin.

-J'vous entend parler d'puis t'la heure, sur la guérison d'la jeune dame et tout l'tointoin, mais l'chose que j'peux vous garantir, c'est qu'un bon r'pas aide plus à r'trouver la patate que toutes les herbes médicinales d'monde ! Allez à table !

-Voilà, écoute donc ces paroles pleines de bons sens et de sagesse.


L’humble pitance offerte par Chafouin se maria bien mieux avec les pommes de terre, les carottes, les herbes et surtout le savoir-faire de la maîtresse de logis. Il sembla que la perspective de ce dîner du soir était un moteur bien plus que suffisant pour redonner du cœur et de l'énergie aux trois personnages, tour à tour, ils parlèrent de leur expérience passée. La vieille femme était originaire d'Alexandria, mais avait dû partir quand son père avait accumulé trop de dettes au jeu. Elle avait déménagé dans le sud avant de rencontrer un soldat revenant tout juste de la dernière guerre, ensemble ils s'étaient installés à cet endroit où elle pouvait rester près de lui malgré son engagement  militaire. Quand le tour passa à Chafouin, il resta plus qu'évasif sur le sujet, il conta une enfance modeste d'orphelin à Skingrad, un engagement dans l'armée dans sa jeunesse, mais il n’omit pas le fait qu'il avait bien fait partie de la marine. Puis il détailla rapidement son établissement à Prorig. Un résumé plutôt honnête et simpliste de sa vie, mais qui omettait beaucoup de détails croustillants et en particulier toutes les saloperies qu'il avait dû faire pour en arriver où il était aujourd'hui. Puis ce fut au tour de Laurelin.

Une fois le repas fini et la vaisselle faite, le soir pointait le bout de son nez et Laurelin ne semblait pas prête de s'endormir. Chafouin ne savait pas trop quoi faire sur le moment, il n'avait pas trop envie de parler et était passablement à court de jeu pour l'occuper. Il décida de jouer au premier truc qui lui passa par la tête pour l'occuper : le jeu du pouce. Il profita de ses mains sacrément grande pour la battre quatre fois d’affilée avant de se perdre dans ses pensées et de se faire battre à la cinquième tentative. À peine la jeune femme eut elle gagnée qu'elle ferma les yeux dans un sourire vainqueur qu'il reprit lui-même en rabattant le bras de Laure sur sa poitrine, la laissant dormir. La vieille dame leva les yeux de sa lecture en regardant la scène d'un regard attendri.

-Vous m'rappelez mon mari, on vous a d'ja dit qu'vous f'riez un bon père ?

-Mêlez vous d'vos oignons vous. Fit Chafouin en dissimulant son sourire. Je sors dormir dehors, comme hier.

-Ouais ben c'vrez vous bien. Ça commence à vraiment cailler pour la saison.

Comme le soir d'hier, il s'abrita sous le porche avec plusieurs fourrures de bête bien épaisse en plus de ses habits et s'assit sur le fauteuil à bascule qui lui avait servi de lit, comme la nuit précédente. Et encore comme avant, il ne trouva pas le sommeil, ou plutôt il se refusait à dormir. Depuis deux jours, Laurelin l'avait sans doute senti à ses petits tremblements quand ils jouaient, le manque de sommeil commençait à le peser. Pourtant, il ne voulait pas s'abandonner au sommeil, il se rappelait le moment où le régisseur était rentré dans son esprit, il avait ressenti la même chose qu'il ressentait à chaque réveil avec un de ses cauchemars nocturnes, mais amplifié, c'est pourquoi il craignait que la prochaine nuit ne se révèle encore pire. Cependant, ce refus de repos se payait de plus en plus, non seulement il montait la garde sous le porche, mais il avait dégainé sans réfléchir son revolver qu'il gardait posé sur sa cuisse, tout tremblant. Il clignait à peine des yeux, les gardant autant ouvert qu'il pouvait, mais il passa sa main sur son visage en soufflant et son regard se porta sur le panier de bouteille qui était restée dans la frégate, il avait délesté cet alcool du véhicule en descendant. C'était lui ou les soldats avaient carotté quelques bouteilles quand ils étaient venus ? Bah, c'était pas comme s'il en avait quelque chose à faire après tout, il se pencha pour prendre une bouteille et murmura en lisant.

-Castiel-Ranviel, 919, tiens marrant, c'est la même année que... Pfeuh.

Il allait tout de même s'ouvrir cette bouteille quand il vit une personne, ou plutôt une forme au loin, il plissa les yeux et les écarquilla.

-Pedzouille ?

Il lâcha sa prise et se lança à la poursuite de ce qu'il supposait être une hallucination, il la coursa quelques minutes avant de la retrouver, Pedzouille était penché contre un arbre, en train de vider sa vessie tout en sifflant.

-Pedzouille, nan, c'est ma saleté de cervelle qui me joue des tours.

-T'as saleté de cervelle ? Et si j'étais pas simplement revenu m'engager à l'armée ? Fit le jeune homme en remontant sa braguette et en s'adossant contre un arbre tout en croisant les bras. Peux être que je suis venu te voir pour te donner des conseils. T'aurais besoin de quoi en ce moment ?

-Là ? Je crois bien que je tuerais les parents que j'ai jamais eu pour un bon jeu de cartes, tu sais à quel point c'est dur de tenir Laurelin occupée au lit ?

-Ah la jeune femme, elle s'en ait tiré alors. Mais dit moi Chafouin, tu sais bien que tu as besoin d'autres choses qu'un jeu de cartes pour régler ton problème en ce moment non ?

Il grogna pour toute première réponse avant de poursuivre.

-Le problème que j'ai maintenant, c'est qu'en admettant que je règle ce que je voulais régler avec Laure et putain je saurais même pas par quoi commencer avec elle. Je m'en voudrais toute ma vie de me séparer d'elle pour ensuite apprendre qu'elle s'est fait tuer. Tu l'as vu comme moi, c'est pas une survivante. C'est déjà un miracle qu'elle soit arrivée là où elle est en ce moment.


-Eh bien ? Le problème semble simple non ? Apprend lui à survivre.


-Oui, mais ?

-Mais quoi ? Tu as tout le temps devant toi pour lui faire un enseignement théorique et quand elle commencera à être remis, l’entraînement pratique. Tu sais que les harponneurs sont à portée de marche, à vous deux, vous pouvez très bien les niquer, tiens et quand on parle du loup, regarde qui voilà. Bon je te laisse.

Chafouin tourna la tête un instant puis reporta son attention sur l'endroit où se tenait Pedzouille, évidemment il avait disparu, mais ce qu'il trouvait le plus incroyable, c'était celle qui avançait vers lui en se tenant sur sa béquille. L'espace d'un instant, il espéra qu'elle ne l'avait pas entendu parler tout seul et surtout qu'elle ne le prendrait pas pour un fou.

-T'es vraiment pas croyable toi, on t'a pas dit de rester au lit ? Ta jambe va pas se guérir toute seule.

Mais elle n'en tint pas compte, elle souhaitait aussi savoir à qui il parlait, merde alors, elle l'avait vraiment entendu.

-Heu ben, c'est pas tes oignons, viens on va plutôt se poser contre un arbre. Là, laisse moi t'aider, ah pas la peine de grimacer à cause de ta douleur, c'est toi qui as voulu sortir de ton lit je te signale.

Il tâcha de la poser avec le plus de délicatesse possible, mais cela ne se fit pas sans douleur, puis ils se posèrent chacun d'un côté de l'arbre aux couleurs orangées, la nuit était étrangement lumineuse, pourtant ce n'était pas la pleine lune.

-C'est vachement dangereux de traîner dans le coin la nuit tu sais, il paraît qu'il y a des loups, sans compter les trucs plus exotiques comme les nokhois et les dundajs. Mes avis qu'on pourrait aussi trouver deux-trois régisseurs en maraude. Oula, je plaisante je plaisante ! Détend toi un peu mince.


-En vérité, je voulais revenir sur ce que tu as fait cette nuit, pour t'en sortir. Tu peux en être fier, c'était vachement courageux de ta part de me faire confiance, ça compte pour moi tu sais. Enfin bon tout s'est pas passé pour le mieux, mais au moins on est en vie non ? Faisons en sorte que ça dure.

Il passa une main sur son visage tiré, il avait l'impression de voir des fantômes à chaque coin d'arbre, cette fois il allait essayer de dormir, il en avait vraiment besoin.

-Demain, j'irais chercher un jeu de cartes, si tu me promets de rester au lit pour te reposer, je sais que ça te plaît pas, mais crois moi t'en as besoin. Allez, je te raccompagne jusqu'à ta couchette princesse ?

Laurelin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyMar 14 Mai - 22:20
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Profession : Maîtresse fondatrice des Célestiens.
My'trän +2 ~ Khurmag

Je baisse les yeux. Il a raison. Ma jambe est meurtrie, et je dois prendre le temps de guérir. Quel dommage que nous ne soyons pas sur les terres ancestrales de Myträ. Là, nous aurions pu trouver un adepte de Möchlog qui se serait empressé d’user de ses pouvoirs pour pouvoir s’occuper de ma blessure, et je pourrais immédiatement reprendre mon chemin vers… Je ne sais pas vers où, en réalité. Je regarde les motifs brodés sur la couverture qui me sert à pare-à-vue et de douce alcôve, et je me perds subitement dans des pensées abstraites. Voilà longtemps que je ne m’étais pas retrouvée dans une telle situation, et voilà encore plus longtemps que je n’avais pas été… Accompagnée. La solitude, lorsqu’elle devient habituelle, à la curieuse manie de vous faire douter de tout et de tout le monde, de faire développer les craintes les plus inutiles qui soient, et de rendre la compagnie d’autrui… Presque insupportable. Pourtant, je sais qu’un peu de compagnie me ferait du bien. Vivre seule, se bercer d’illusions, s’imaginer une vie que la magie contrefait… Après tout, peut-être est-ce là l’origine de ma propre folie ? J’ai entendu tellement de fois ce qualificatif… Suis-je réellement folle ?

Une voix forte et quelque que graveleuse me tire de ma rêverie. C’est l’hôte de ces lieux à la dentition imparfaite qui parle de son accent ô combien spécifique et de sa bonne humeur campagnarde. J’ai l’impression, un instant durant, que cette rudesse de parole et cette attitude campagnarde est en faite une expression sincère de gentillesse et de bien. Cette femme, sous ses airs rustres, est une femme de bien, et l’amour qu’elle portait jadis semble toujours guider ses pas.

Le repas se passe bien, il est même plutôt agréable, malgré les douleurs lorsque je dois me déplacer et la gêne ressentie par ces béquilles. Dès que je fini ma plâtrée, je ne peux m’empêcher de glisser un petit mot d’une voix douce à la dame qui nous héberge et à l’homme qui est mon sauveur.
Que voilà un frugal repas, mais vous aviez raison Madame : toutes les herbes médicinales ne sont rien en comparaison d’un repas frais et servi avec amour. J’offre mon plus beau sourire à la femme. Mes yeux se plissent, accentuant encore plus la couleur verte de mes yeux soulignés de noir. Dés que ma jambe me le permettra, je vous promet de vous chasser un incroyable diner à tous les deux. Ce sera ma façon de vous remercier.

Je maintien mon expression de sourire et de bienveillance. Je ne m’y force pas, mais j’insiste pour arborer ce visage accueillant et amical, afin qu’il souligne mes mots et la douce promesse offerte gracieusement. Je suis reconnaissante, même si la gestion de mes émotions n’est pas chose maîtrisée. Je me lève donc, usant péniblement des béquilles, et retourne dans ma couche. Je ne sais pas pourquoi, mais tout d’un coup, la fatigue semble m’emporter, et je m’égare hors de la pensée et du temps.

Lorsque je me réveil, il n’y a plus personne. Les lumières sont tamisées, la vaisselle est faite, la table est desservie et propre, il n’y a plus d’odeur de cuisson et… Tout est calme. Encore entre deux eaux, j’ai l’impression d’être seule à nouveau. D’être seule, dans la nuit, comme d’habitude. Mais le confort de ma couche et le paysage de la demeure se rappellent à moi. Je suis seule, à cet instant, mais je demeure entourée. Quelle notion rassurante et pourtant si étrangère. Dans un raidissement généralisé, j’étire mes bras haut vers le plafond comme le ferais un croyant avant une prière. Je tourne la tête à gauche, enfonce mon menton au creux de ma poitrine, et me tortille dans des positions abracadabrantesques pour pouvoir étirer mes articulations et mes muscles, et me sentir réveillée. Les longues mèches de cheveux tombent alors que les côtés et le devant de mon visage, réduisant mon champ de vision alors qu’un œil est caché par ma main qui vient le frotter afin de le délester de ses picotements. J’expire longuement, et je reste immobile quelques secondes.

Je suis toute à cette méditation somnolente lorsque je crois entendre une voix familière au-dehors. Ou est-ce dans ma tête ? Parfois, je ne sais plus ce qui appartient à la réalité de ce qui appartient à mes illusions. Et parfois, la barrière est si mince que ces deux mondes s’entrecroisent, et c’est aussi magique que perturbant…

Pourtant, je ne sens aucune vibration, aucun signe intérieur. Ce n’est ni de la télépathie, ni de la magie. Il y a quelqu’un dehors, et il n’est pas seul. Y aurait-il quelqu’un d’autre que nous dans cet endroit perdu ?

Je me lève et j’oublie – encore une fois – ma condition d’infirme. A peine eu-je posée mon pied que ma blessure se rappelle à moi de la plus douloureuse des manières, et je manque de m’allonger de nouveau, plus prêt du sol cette fois. Heureusement, le reste de mon corps me permet de me rattraper et de ne pas chuter honteusement. J’empoigne les béquilles, je me lève, et je me dirige vers les voix. Je mentirais en disant que je fus surprise de découvrir Chafouin. Je m’y attendais, évidemment. Mais je ne savais pas qu’il était en proie à une certaine folie lui aussi. Est-il victime d’hallucination ? Son esprit est-il coincé dans un passé tortueux ? Est-il fou ? Il m’a vu. Ou m’a-t-il entendu ? Les deux ?
-T'es vraiment pas croyable toi, on t'a pas dit de rester au lit ? Ta jambe va pas se guérir toute seule.
- A qui parliez-vous ? Demandais-je presque innocemment.
- -Heu ben, c'est pas tes oignons, viens on va plutôt se poser contre un arbre. Là, laisse moi t'aider, ah pas la peine de grimacer à cause de ta douleur, c'est toi qui as voulu sortir de ton lit je te signale. Répondit-il, sur un ton à la fois paternel et colérique. Nous nous asseyons contre un arbre, sur un petit muret naturel.
-C'est vachement dangereux de traîner dans le coin la nuit tu sais, il paraît qu'il y a des loups, sans compter les trucs plus exotiques comme les nokhois et les dundajs. Mes avis qu'on pourrait aussi trouver deux-trois régisseurs en maraude. Oula, je plaisante je plaisante ! Détends-toi un peu mince.
En vérité, je voulais revenir sur ce que tu as fait cette nuit, pour t'en sortir. Tu peux en être fier, c'était vachement courageux de ta part de me faire confiance, ça compte pour moi tu sais. Enfin bon tout ne s’est pas passé pour le mieux, mais au moins on est en vie non ? Faisons-en sorte que ça dure. Demain, j'irais chercher un jeu de cartes, si tu me promets de rester au lit pour te reposer, je sais que ça ne te plaît pas, mais crois moi t'en as besoin. Allez, je te raccompagne jusqu'à ta couchette princesse ?

Je ne réponds pas. Je plonge mon regard dans le sien, pour peu que ce soit possible alors que la nuit est déjà bien tombée. Je cherche à comprendre. Pourquoi a-t-il prit le risque de mourir de la pire des manières, pour moi, alors qu’il avait laissé cette pauvre femme à la merci de ce groupe de criminels ? Pourquoi moi plutôt qu’elle ? Etait-ce à cause de cette fameuse question qu’il m’avait posé alors ? « C’est toi ? »

Il semble agir comme un père qui n’est pas habitué à la présence de sa fille, comme une personne fuyant les émotions d’autrui, les ressentis… La gentillesse ? Est-il de ceux qui voient la gentillesse comme une faiblesse ? Encore un ? Qu’est-ce donc que ce fléau qui condamne l’humanisme et l’humanité, la gentillesse et la compassion, au rang de faiblesse ? J’aimerais creuser…
- J’aime être dehors. Voyez-vous, je n’ai pas eu de chez moi depuis… Depuis… Le simple fait de repenser à ces évènements tragiques me ramène des années en arrière, et mon visage se baisse au fur et à mesure que la tristesse s’accentue. Depuis des années. Je suis plus à ma place dehors, à la belle étoile, que dans un nid douillet.

J’ouvre ma main gauche. Et, doucement, sortent de ma paume plusieurs lucioles dorées. Elles vont et viennent, toujours plus nombreuses, virevoltant entre l’homme et moi dans une chorégraphie chaleureuse. Une véritable rêverie, un moment de pure douceur. Les lucioles virevoltent doucement, et peu à peu, l’endroit devient aussi illuminé qu’un ciel couvert d’étoiles. J’illusionne également une chose plus discrète : mon bras. J’illusionne la présence de mon bras droit, tandis qu’en réalité, il se trouve derrière la tête de Chafouin, mon pouce et mon majeur enserrant son crâne comme un diadème. Je cherche à créer un lien, sans qu’il ne s’en rende compte. Je fais cela le plus doucement possible, afin qu’il ne décèle ni ma présence, ni les habituels fourmillements et autres picotements typiques d’un contact télépathique et mnémotechnique.
- Pourquoi m’avoir sauvée ? Qu’ai-je de plus que cette femme dans la crique ? A qui parliez-vous ?

Il faut qu’il parle, qu’il ouvre son esprit pour me répondre en argumentant. Plus il argumentera, plus il sera ouvert à la discussion et plus je pourrais établir un lien puissant.


Chafouin
Chafouin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyDim 19 Mai - 11:58
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Sa proposition ne sembla pas l'intéresser plus que ça, elle était habituée à vivre dehors, résultat d'une vie d’errance et de fuite sans doute, elle commença à vouloir parler de son passé, mais elle buta rapidement sur des souvenirs visiblement douloureux.

- J’aime être dehors. Voyez-vous, je n’ai pas eu de chez moi depuis… Depuis…

-Tu n'as pas besoin d'en parler. Fit-il simplement pour qu'elle évite de ressasser une vieille blessure.

C'est assez bizarre, elle semble vouloir passer le plus de temps à l'extérieur alors que lui a toujours trimé toute sa vie pour s'offrir un toit. Il se demanda ce qu'il aurait fait à sa place s'il était devenu une anomalie. Bah il serait sans doute mort beaucoup plus rapidement qu'elle, il n'avait pas ses pouvoirs merveilleux après tout. En parlant de pouvoir, la voilà qui commence à les utiliser en faisant apparaître petites lucioles qui remplissent l'espace de leur présence, donnant une aura enchanteresse à la petite clairière dans laquelle ils se trouvent. Mais pourquoi une telle exhibition de ses pouvoirs ? Est-ce pour l'impressionner, l'amadouer, ou juste pour lui faire profiter d'un moment de calme et de détente. C'est vrai que les derniers jours ont étés assez stressants pour lui. Il se contente alors de chasser les questions de son esprit et de profiter du spectacle, à vrai dire il n'a jamais rien vu de tel.

-C'est, c'est magnifique.

C'est peux être le spectacle de ces centaines de lucioles autour de lui, mais il ressent une douce sensation, toutefois en entendant les trois questions de Laure, il a un long moment d'hésitation. Qu'est ce qu'elle est curieuse celle-là et honnêtement il ne sait pas trop quoi répondre sur le moment, alors il commence par la dernière question, la plus simple pour lui.

-À qui je parle, cela n'a pas d'importance, ce que j'en ai tiré en revanche est bien plus intéressant.
Devant sa curiosité, il continua. Et ce que j'en ai tiré, c'est que seule dans ton état, tu finiras bien par mourir, même si tu t'en remets, tes pouvoirs ne seront pas toujours là pour t'aider. Il arrivera bien un moment où tu te retrouveras privée d'eux ou alors ils seront inefficaces. Tu feras quoi à ce moment-là, quand tu n'auras d'autres choix que de te battre ?

-Et qu'est-ce que tu as de spécial, tu veux dire à part être une anomalie doublée d'une illusionniste, ah ? Eh bien honnêtement en te regardant bien comme ça tu es très jolie c'est sûr mais ça ne suffit pas, quand on regarde ton visage on a l'impression que t'aurais besoin de, d'essayer d'avoir l'air, plus heu...

*Bon je vais quand même pas lui dire qu'elle a un regard de victime, ça se fait pas, bah, depuis quand je pense comme ça moi ?*


-Laisse tomber, en fait comparé à l'autre dame, tu me rappelles quelqu'un dans ma jeunesse, quelqu'un que j'aurais pu sauver. C'est sans doute pour ça que je t'ai aidé... Ça a l'air con, pas vrai ?


Il soupira en regardant les lucioles, les pouvoirs de Laurelin étaient vraiment extraordinaires, dommage qu'elle ne s'en serve que pour fabriquer des illusions aussi simples, remarque, quelqu'un de mal intentionné aurait vite eu fait de l'utiliser pour son propre intérêt. Il commença à passer ses mains derrière sa tête.

-Dis, tu t'es déjà demandée ce que tu ferais si tu pouvais modifier une scène précise de ton passé ? Mais je me demande encore...Quoi, mais c'est ?

Il agrippa plus fort l'espèce de branche molle qu'il pensa avoir autour de son crâne, mais il se rendit compte que la branche bougeait. Il enserra sa prise plus fortement et se rendit compte que le bras droit de Laurelin disparaissait pour réapparaître ou l'endroit où il tenait sa prise. Il écarquilla les yeux alors que la sensation précédente disparaissait, remplacée pour une angoisse tiraillante. Il s'écarta de l'arbre d'un bond et se rendit compte qu'elle l'avait trompé, dans quel but, il ne le savait point, mais il se sentait trahi, comme si le peu de confiance qu'il avait en elle disparaissait d'un coup.

-Bordel, qu'est-ce que t'essayais de faire ? Tu voulais rentrer dans ma tête c'est ça ? Comme ce régisseur ?

Il avait une voix chevrotante alors qu'il disait cela et sa main tremblait sur la crosse de son revolver alors qu'il lançait non pas un regard agressif, mais plutôt désespéré à Laurelin.

Laurelin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptySam 8 Juin - 15:26
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Le moment est doux. L’homme est subjugué par l’illusion que je matérialise sous ses yeux. Les lucioles qui nous entourent volent et virevoltent autour de nous, se posant à l’envie sur une épaule libre, une main, voir même sur mes cheveux. Je sens leurs petites pattes crochues effleurer ma peau dans de douce caresses. Est-ce que Chafouin les ressent aussi ? Ces pattes crochues, avançant doucement sur sa peau avec une grâce toute particulière, dont la sensation ressemble d’avantage au passage des doigts d’une main gracile et douce, dont le bout des ongles, effleurant légèrement la peau, produit une agréable sensation apaisante ? Car si ce sont des insectes qui sont matérialisés ici, les sensations procurées, elles, sont plus proches d’une main humaine produisant des chatouilles et autres douces caresses. C’est aussi cela la magie de l’illusion.

L’homme commence à ouvrir quelque peu son esprit, et je sens alors que le lien télépathique s’installe. Je visualise l’esprit de l’homme et un courant électrique, digne d’une douce tempête, introduire chaque parcelle de l’esprit jusqu’à entrer en symbiose. Mais si l’imagination est rapide, la réalisation d’un tel lien demande beaucoup plus longtemps. Et celui-ci n’en est qu’au début.

Il commence une phrase à propos de mon regard, mais s’interrompt brusquement. Cela manque de faire vaciller ma concentration, mais j’arrive à me rétablir. Presque tout autour de moi semble abstrait, même la douleur semble disparaître alors que ma jambe n’est encore pas guérie. Et je commence… Je commence à ressentir de plus en plus de choses, de plus en plus de pensées. Les miennes, mais également celles de l’homme, et je sens que son propre esprit est plein de contradictions. Il ressent quelque chose pour moi. Ce n’est pas de l’amour, ce n’est pas de l’empathie. Cela ressemble à un mélange de pitié et à une projection du passé, celle-là même qu’il verbalise à l’instant. Une femme, de son passé, lui faisait penser à moi. Mais pourquoi ?


Je tente d’approfondir le lien. Je dois me concentrer d’avantage, pénétrer l’esprit d’un technologiste n’est pas chose aisée lorsque cet esprit ne jure que par le roc, l’acier et l’or, et non par les choses spirituelles. Lorsque soudainement, sa mon touche mon bras. Il se rend compte de l’état de chaire de cela, ce n’est pas une branche. Et voilà l’explosion. Il s’éloigne et se retourne, son visage cri à la trahison et son regard se fait assassin. Mais sa voix semble… Triste. Sa colère se mélange à l’incompréhension et à la déception de l’instant.

Moi, je reste pratiquement stoïque. Alors que je vois sa main tremblotante s’approcher et s’éloigner de la crosse de son revolver, je rabaisse doucement mon bras droit afin que celui-ci se pose sur ma hanche. Je tente de rester calme, mais en réalité, je scrute l’esprit de l’homme afin de savoir si le lien est suffisamment fort ou suffisamment stable pour pouvoir l’utiliser. Et très vite, je me rends compte que le lien, s’il est présent, ne l’est pas suffisamment pour pouvoir entrer en télépathie et ressentir chacune de ses pensées. Je dois encore accentuer le travail.
- Tu caches quelque chose. Un souvenir du passé fut capable de faire changer ton regard sur deux femmes presque similaires : de la pitié à la compassion. Tu caches quelque chose, George.

J’utilise le nom de l’homme pour créer un impact supplémentaire dans l’esprit. Mais Chafouin reste une menace potentielle, et surtout, il demeure transit de colère et de douleur. Il faut intervenir.

Je décide alors de passer à une autre étape de l’illusion. Je fais alors resplendir mon corps tout entier d’une couleur dorée agréable aux yeux. Cette lumière se fait de plus en plus grande, de plus en plus puissante, presque aveuglante pour Chafouin. Et lorsque cette lumière atteint son paroxysme, qu’elle nécessite de se couvrir les yeux et de détourner le regard, je me rends invisible dans un nuage de lucioles ardentes. Des milliers de lucioles qui, au départ, dessinaient ma forme physique, s’éloignent toutes ensembles dans des directions différentes, montrant aux yeux de Chafouin que je suis dorénavant partie. Et pourtant, je suis encore là. Grâce aux vents d’Amisgal, je soulage le poids porté par ma jambe blessée afin de pouvoir marcher normalement. Je me place derrière Chafouin et place mes deux mains sur ses tempes. Et pour faire bonne figure, je le paralyse. Ou plutôt, je prends suffisamment contrôle de son esprit pour qu’il ne puisse décider d’aucun mouvement, outre le fait de respirer et de tourner des yeux.

J’entre dans son esprit. Il doit ressentir une sensation de picotement dans tout le crâne, et l’impression que des vibrations s’emparent de lui. D’abord dans le crâne, ces vibrations descendent jusqu’aux pieds, signe d’une soumission de son esprit. Et là, je commence à comprendre. Je vois ce qu’il voit. Imaginez à cet instant que ses yeux deviennent des projecteurs, projetant sur une toile absente, le film de sa vie. Je vois alors cette scène dont il parlait à demi-mots : la jeune femme de son enfance, qu’il aurait pu sauver. Cette jeune femme était une fille, elle avait un bras attaché au sien par une chaine de fer ayant rongé les peaux. Le navire semble attaqué, car je vois partout autour d’elle et de lui, voler des éclats de bois et des giclées de sang. Je me concentre sur cette jeune fille… Elle semble meurtrie. Elle a pleurée, elle pleur encore. Et ce bras, relié au sien par cette monstrueuse chaîne… Mais… Oh non… Oh !

Tout se brise. Ce voyage beaucoup trop familier provoque une véritable explosion dans mon esprit, qui doit sans doute se répercuter dans celui de Chafouin. Je suis projetée en arrière, plus par mon esprit qui tente de se sauver que par une explosion quelconque ou une action de Chafouin. Je tombe en arrière, et les douleurs se ravivent à moi comme le ferait un fouet martelant de coup un dos offert en pâture. Je suis dos sur le sol, le regard pointant droit sur les étoiles de cette belle nuit sans nuage, et pourtant, ma vue se brouille. Mes mains et mes bras se rapprochent machinalement de mon corps, et mes doigts commencent à se crisper dans des positions abjectes. Ce voyage était trop violent pour moi, et mon esprit est au bord de l’implosion. Je dois lutter pour ne pas sombrer, car je risque de m’oublier moi-même et mon esprit, risque d’imploser, ce qui ferait de moi une coquille vide, une enveloppe sans esprit. Et je récite machinalement ces quelques mots qui n’ont de sens que pour moi, et pour chafouin.
- Prend l’arme païenne, coupe et fui. Prend l’arme païenne, coupe et fui. Fui… Fui… L’escalier, fui… Maman… Maman…

Chafouin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyLun 10 Juin - 12:06
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-Tu caches quelque chose. Un souvenir du passé fut capable de faire changer ton regard sur deux femmes presque similaires : de la pitié à la compassion. Tu caches quelque chose, George.

Ses yeux s'écarquillent sous la surprise et l'incompréhension, mais cette surprise est vite remplacée par une colère brûlante, sourde à toute autre parole prononcé, ainsi elle est bien rentrée dans son esprit cette garce, sa main qui se faisait tremblante devient dure et stable comme un roc alors qu'il dégaine pour de bon son revolver en la pointant sur Laurelin.

-Espèce de... !

Mais une lumière douce au début et de plus en plus intense émanant de Laure le force à plisser les yeux et détourner le regard pour ne pas devenir aveugle sur le coup. Lorsque cette lumière se disperse en un millier de lucioles, Laurelin n'est plus là évidemment. Chafouin baisse son arme l'espace d'un moment en se demandant ce qui vient de se passer, mais il devine très bien qu'une autre illusion est encore à l’œuvre, la jeune femme semble les manier à la perfection.

-Je sais très bien que tu es encore là Laurelin. Confronte moi au lieu de te cacher espèce de lâche, je finirais bien par t'étriper de toute manière.

Il balade le canon de son arme dans tous les sens, mais n'ose pas tirer, par peur d'attirer des bêtes, gâcher des balles ou même blesser Laurelin ? Cette dernière hypothèse l'énerve plus qu'autre chose quand il l'envisage, alors pourquoi est-ce celle qui lui semble la plus concrète pour l'instant ? Il a envie de faire subir mille tourments à la jeune femme pour s'être introduit dans son esprit, sans permission sans même qu'il ait eu son mot à dire. Elle s'est servie d'elle-même pour extirper un secret non pas important, mais terriblement précieux pour lui et ça, il ne sait pas s'il pourra lui pardonner. Cependant, la fatigue le frappe d'un coup. En un instant, il a l'impression de perdre totalement le contrôle de son corps, une vague de picotements le traverse de part en part. L'espace d'un instant, il a l'impression de comprendre totalement ce qui se passe, puis tout disparaît.

***

Sa vision se brouille d'un liquide humide, des larmes salées viennent envahir ses joues alors qu'il lâche ce couteau par terre, un regard sur ses mains tremblantes et couvertes de sang le paralyse, mais les supplications de sa mère le ramène à un objectif ultime : Fuir, l'escalier. Le tonnerre sur le pont supérieur semble être le seul guide vers la liberté. L'escalier, fuir. Il tâche d’ignorer le moignon sanguinolent encore lié à lui par la chaîne, dans la pénombre de la cale, une seule lueur semble être salutaire. L'escalier, l'escalier, l'escalier.

Il se stoppe devant la première marche, il parvient sans trop de difficultés à distinguer la silhouette en haut des marches car il sait pertinemment qu'elle est lui, lui. Lui qui se tient en haut, rasé de prêt sans un poil sur le caillou. Bien plus jeune, mais avec ce même regard désespéré, sachant très bien qu'il est impuissant et qu'il le restera devant cette scène, on ne change pas le passé après tout, on ne peut que le revivre. Il sait pertinemment ce qui va se passer ensuite, mais ses yeux fixent une dernière fois ce jeune homme en haut de cet escalier avant que sa vision ne se brouille pour de bon.

-C'est toi.

***

Il tombe lourdement vers l'avant alors que l'étrange sensation disparaît d'un coup. Après que son visage ait heurté la terre dans un grommellement de douleur, la première chose qu'il fait est de planter sa main bien profondément dans la terre pour ressentir une sensation, il a enfin retrouvé le plein contrôle de son corps. Les pensées lui reviennent ensuite peu à peu, ce qu'il a vu, ce n'était pas la réalité non, où est-il ? Il essaie de fouiller sa mémoire, la forêt, Laurelin, l'intrusion dans ses pensées et son nom, oh.

La colère lui revient d'un coup sec, toujours aussi importante, la jeune femme s'est permise de rentrer dans son dernier bastion et pour cela il veut qu'elle paie. Il voit son revolver par terre et s'en saisit avant de se relever et de chercher Laurelin du regard. Dès qu'il la voit, sa colère s’amplifie d'autant plus, il va se venger, il a une idée très nette de ce qu'il va faire. D'abord, ses jambes, il va les briser chacune pour la faire hurler, ensuite de quoi il la frappera au visage, jusqu'à ce qu'il soit calmé, puis une balle de la tête pour l'achever, oui cela le calmera et réglera enfin tous ses soucis.

Il s'approche d'elle en déclenchant le chien du revolver, si elle fait un mouvement brusque, tant pis il la descendra, pas question de se faire avoir une deuxième fois. Mais arrivé devant, il ne trouve qu'un Laurelin prostrée qui gémit des paroles. Il le regarde longuement avant de la mettre en joue, elle est toujours coincée dans son passé d'après ses paroles. Mais en la regardant, il hésite à tirer dans ses jambes, bon sang, elle est au bord de la démence, une voix lui dicte de l'abattre sans sommation, ce serait tellement plus simple.

-Prend l’arme païenne, coupe et fui. Prend l’arme païenne, coupe et fui. Fui… Fui… L’escalier, fui… Maman… Maman…

Ses dents se crispent à ses paroles, alors que ses souvenirs, non les souvenirs de Laurelin, lui revienne en mémoire, il se rend compte qu'il a ressenti exactement ce qu'elle a ressenti. Et sa détermination ainsi que sa colère se fait plus vacillante. Pourquoi est-ce si difficile d'un coup ? S'il veut l'aider il n'y a qu'une solution à ce moment, elle lui fait plus pitié qu'autre chose, non, c'est une autre sensation qu'il ressent en ce moment. Lentement, le canon de l'arme se baisse et il le range dans son holster, sa tête se baisse et il jure silencieusement.

-Bordel, tu me simplifie jamais les choses toi, t'es vraiment un boulet.

Il s'agenouille devant elle pour lui tenir le menton et la forcer à le regarder, mais son visage est toujours aussi voilé de tristesse et de mélancolie. Il tâche de prendre sa voix la plus rassurante possible, mais son visage ne peut s'empêcher de rester dur.

-C'est terminé Laurelin, tu as réussi à remonter cet escalier, tu es en sécurité maintenant.

Il pousse lentement sa tête contre son épaule et agrippe une de ses mains pour tenter de le calmer. Le tremblement qu'il ressent de la part de la jeune femme se calme au bout de quelques secondes, puis le souffle de Laurelin se fait plus court, plus contrôlé, son corps finit par se détendre et elle tombe dans un sommeil. Finalement, Chafouin la dépose sur le sol et s'enquiert de l'état de sa jambe, elle ne semble pas trop amoché, tant mieux. Il regarde autour de lui, bon sang il a vraiment besoin de sommeil.


Le lendemain.


Ce qu'il craignait est arrivé forcément, il s'est réveillé brusquement en dehors de la maison avec une douleur au crâne et des cauchemars pleins la tête, mais ce ne fut pas aussi violent qu'il l'avait imaginé. Quand il rentra dans la maison, Laurelin était dans son lit encore endormie, la vieille femme était partie faire des courses au marché. Elle lui avait dit qu'elle resterait occupé un moment et qu'il faudrait qu'il se charge de l'entretien de la chaumière et de la bouffe. C'est donc ce qu'il fit.

Quelques heures après, alors que le repas était en train de cuire et qu'il jouait au jeu du couteau en endommageant le mobilier sans état d'âme, il entendit la jeune femme se réveiller et il stoppa son jeu d'un coup.

-Interdiction de bouger de ton lit. Dit-il en lui lançant un regard noir.

Chafouin était toujours aussi énervé envers elle, même si son envie de la tuer s'était légèrement calmé. Cependant, il lui servit tout de même à manger même s'il avait une forte envie d'empoisonner son repas. Il intima à Laurelin de manger puis il ne dit plus rien, dans le peu de regards qu'il pouvait s'échanger, elle ne pouvait voir que la colère de quelqu'un de profondément blessé au fond de ses yeux. Quoi qu'elle puisse dire, il ne répondait pas, il faisait littéralement la gueule.

Finalement, après mangé alors qu'il faisait la vaisselle, il se retourna d'un coup, cette fois il avait décidé de parler.

*T'aurais pu me demander avant de fouiller dans ma tête, on aurait pu s'expliquer autrement, regarde où ça t'a menée, t'es vraiment qu'une idiote Laure !*


Il ne s'était pas rendu compte qu'il avait communiqué par télépathie, pas plus qu'il ne comprit le petit rire qu'elle émit alors. Il se stoppa et se saisit d'une cuillère pour la jeter sur elle, mais se retint en craignant qu'elle puisse recevoir l'ustensile sur sa jambe blessée.

-Pff, t'as de la chance d'être infirme toi.

Il reposa l'ustensile et recommença à bouder, sortant de temps en temps pour faire les cent pas. Il se demandait combien de temps cela prendrait encore à Laurelin pour se rétablir pleinement. Il commençait à craindre pas tellement pour le régisseur, mais plus pour les soldats. Ils pouvaient se montrer extrêmement répressifs dans certaines circonstances. Il exposerait son plan à la jeune femme bientôt. Il trouva une occasion de bouger quand la vieille femme revint du marché. Elle n'était pas stupide, elle avait bien vu qu'il était en rogne et que c'était à cause de Laurelin, mais il n'avait pas envie de faire subir sa colère à la vieille femme non plus.

-J'ai vu un arc à l'extérieur ainsi qu'une cible d’entraînement, j'ai besoin de me changer les idées. Dit Chafouin à l'intention de la femme, puis il se tourna vers Laurelin et lui dit comme s'il annonçait une invitation. Je ne serai pas très loin.

Laurelin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyLun 10 Juin - 14:01
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Profession : Maîtresse fondatrice des Célestiens.
My'trän +2 ~ Khurmag

Mes songes sont horribles. Je revis chaque moment, je ressens chaque émotion, chaque pensée, chaque douleur. Tandis que je suis allongée sur le sol humide de cette forêt soudainement moins accueillante, mon esprit demeure dans le lointain, à divaguer entre réalité et illusion, entre vérité et songes. D’ordinaire, je maîtrise parfaitement cet état de transe, toute habituée que je suis de vivre dans les illusions. Mais là, à ce moment-là… Tout est confus. L’illusion se confond dans le réel, une distorsion qui vous provoque des hauts le cœur effroyables et qui vous perdent un peu plus encore. Je ne vois rien. Je suis tétanisée et tremblotante, jusqu’à-ce que je sente mon corps changer de position. Je ne suis plus couchée, et quelque chose me porte, ou plutôt, me supporte. Une parole réconfortante, et une présence réconfortante. Je crois même ressentir une main passer dans mes cheveux, ce qui stoppe presque immédiatement mes tremblements. La crise cesse, la panique s’envole, l’illusion s’éteins et le réel reprend forme. Ma respiration se calme, et je suis de nouveau là, bien présente sur cette terre, dans cette vie que j’aurais, un temps seulement, souhaité abandonner.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Le Lendemain ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Le réveil fut difficile, et très désagréable. Mes songes étaient si sombres, mes cauchemars si réels. J’étais comme le fantôme dont la mort, brutale, perturbait le repos éternel d’une âme condamnée à revivre encore et encore sa mort jusqu’à-ce que quelque chose, ou quelqu’un, puisse l’en délivrer, par la grâce des Architectes.

Mais les nausées et les maux de têtes s’effacent à mesure que je me réveille pleinement, et que la douce odeur d’un repas préparé avec une certaine attention parvient à mes narines. Je me réveil, et je sens ce que je n’avais pas ressenti depuis longtemps : un repos, un véritable repos. Je ne ressens plus le poids de la fatigue sur mes yeux, de la culpabilité sur mon esprit, de la malédiction sur mon cœur et mon existence. Je suis comme libérée. Libérée d’un fardeau qui sera à jamais enfoui dans mon cœur mais dont le poids se fait soudainement plus acceptable. Je me relève, m’adosse contre le dossier du canapé et plante ma tête dans mes bras. J’ai des questions à poser à cet homme, car je sens que ma vie toute entière se trouve dorénavant changée. Cette perpétuelle fuite en avant semble s’être stoppée pour ne plus être que le début d’une marche vers un futur qui, je l’espère, et je prie les Architectes, sera bien plus radieux que par le passé.

La sommation stricte et forte de Chafouin se rappelle à moi. Pas le droit de bouger, d’accord chef. Mais se doute-t-il de la complexité de cette demande ? De cet ordre ? Me demander de rester à une place donnée, voilà quelque chose d’irréalisable. S’en doute-t-il ? J’imagine que oui. Mais pour le moment, je m’exécute. Je prends soigneusement l’assiette qu’il me tend ainsi que les couverts et je m’en repais avec appétit. Chafouin semble en rogne. Une rogne un peu spéciale, plus de douleur et de blessure que de colère et de rancœur. Il est blessé, et son orgueil – et peut être son cœur – crient de concert « à la trahison ». Est-ce que cet homme ressentirait-il bien plus de choses qu’il ne laisse paraître ? Des sentiments pour… Moi ? Est-ce qu’un tel homme est capable de ressentir autre chose que de la colère et de la pitié ?

Et voilà qu’une chose aussi inattendue que spectaculaire s’impose à moi. Chafouin rompt le silence, ou plutôt… Il rompt l’absence. L’absence de lien et de contact. Il parle, et ce qu’il pense avoir été dit tout haut a en fait été prononcé tout bas : de la télépathie. Cela m’arrache un léger rire à moitié étouffé, qu’il a également ressenti, je sens de nouveau le poids de la colère arriver dans l’esprit de Chafouin lorsqu’il comprend ce qu’il vient de se passer. Mais je ne dis rien.

Une nouvelle fois, je m’occupe d’illusionner mon physique. Cette faible illusion est plus que maîtrisée, et je la maintiens sans peine aucune. Et lorsque la vieille dame rentre, et que George sort pour s’entrainer avec un arc, je ne peux m’empêcher de lui demander une faveur tout particulière. Nous sommes entre femme, après tout.
- Madame ? Je chuchote afin d’éviter d’être entendu par Chafouin. Puis-je… Puis-je emprunter votre salle d’eau ? Voilà des jours que je n’ai pas eu l’occasion de prendre soin de moi. Une femme a besoin d’hygiène, vous savez ?
- Eh ?! Dit-elle sans prendre le temps d’être discrète. Didiou ! J’me d’mandais si vous étiez comme nous aut’ ! Ouais, y a la salle d’eau, mais faut sortir d’la maison pour aller dans la p’tite cabane dans l’jardin ! Y’a un s’pèce d’générateur qui t’permett’ra d’prendre une douche chaude ! Sinon, c’s’ra à l’os ! Mais faut d’ja que t’arrives à t’trainer jusqu’là bas !

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle me vit me lever derechef. Ma jambe n’était pas en bon état, c’est vrai. Je sentais quelques douleurs peu agréables, et en baissant la tête, je pouvais voir les plaies. Le bandage s’était forcément élargi et était devenu lâche. Il faudrait le refaire, mais je pense pouvoir m’en occuper. Après tout, quinze années de vadrouille et d’exile m’auront appris pas mal de choses. Je fouille dans mes affaires. Bénie soit Amisgal pour ses dons. En créant un léger tapis venteux sous ma jambe atteinte, cela réduit mon poids et je peux vadrouiller presque normalement sans aucune douleur. Je prends mon sac, celui dans lequel se trouvent des extraits de safran et de lavande, du savon, du shampoing, et de quoi me maquiller. Car j’utilise l’illusion, oui, mais je préfère largement le maquillage, ce qui me permet de libérer mon esprit et de penser à autre chose. Le temps dehors est plutôt chaud, et les vents doux rendent ce climat très agréable. J’opte alors pour une longue robe typiquement Myträne, de couleur bleu très clair. Le haut est juste-au-corps, tandis que le bas s’évase comme une robe typique, sans trainée en revanche. Elle me permet de marcher, mais également de courir, de grimper et de faire ce que j’ai à faire pour survivre. Peut-être devrais-je un jour opter pour des vêtements plus… Comment dire… Adaptés à la survie ?

Je prends donc mes affaires, et je sors en direction de la petite cabane où se trouve le nécessaire d’hygiène. Bien que la présence de la technologie à cet endroit soit une source de faibles nausées, je décide de m’en satisfaire, car une véritable douche chaude est bien plus agréable que des louchées d’eau froide. Je l’actionne alors grâce au gros bouton « marche/arrêt ». Et la mécanique se met en marche, dégageant un potin d’enfer et une faible fumée aux odeurs désagréables. J’entre dans la petite cabane, et je me sens enfin femme. L’eau chaude purifie ma peau, alors que je la sens ruisseler tout du long de mon corps. Mes cheveux deviennent lourds, et l’ambiance se sature en humidité. Mais cet instant est grandiose. Un véritable bonheur pour moi qui portait les mêmes vêtements depuis des jours. Ce doit être la première fois de ma vie – la première fois depuis quinze ans – que je goûte au confort d’une vie de sédentaire.

Une fois lavée, propre et essuyée, je sors de cet espace devenu sauna. Dehors, un petit porche permettait d’abriter un miroir, un évier et un robinet. Là, j’enlève la serviette pour pouvoir m’habiller. La robe est en partie faite de soie, ce qui rend son contact avec ma peau très agréable. Je tresse mes cheveux en une seule natte longue et épaisse, en attendant qu’ils puissent sécher sous ce soleil d’été. Je sens bon la lavande, ce qui est autant agréable pour les autres que pour moi-même. Une brosse à dent, un petit lavage et hop, je suis pleinement nettoyée, si l’on pouvait le dire ainsi. Je m’attèle ensuite au maquillage. J’aime beaucoup ce moment, car je le trouve artistique. L’art de mettre en valeur sa bouche, son regard, ses yeux, ses pommettes… Que cette sensation est agréable. Une fois les choses terminées, je récupère mes affaires « sales » et j’éteins le dispositif païen qui fut… Fort utile, que les Architectes me pardonnent.

Je rentre à nouveau dans la demeure et la vieille femme me tend ses bras. Voyant que je ne comprends pas la situation, elle place ses deux mains sur mon paquet de vêtements et me le prend de force. Je la remercie d’un sourire. Elle est décidemment très gentille. Je vois d’ailleurs ce qu’elle était partie faire ce matin : elle était aller chercher des provisions loin, très loin, étant donné le caractère reculé de sa demeure. Une femme gentille et courageuse, qui se sacrifie pour des gens qu’elle ne connaissait encore pas il y a une semaine… Comment pourrions-nous lui montrer notre reconnaissance ? Ma reconnaissance éternelle ?

Une idée me vient. J’ai des armes moi aussi, et bien que je sois infirme pour le moment, la grâce d’Amisgal et la bénédiction de Khugatsaa me permettent de me rendre utile, de ne plus être un fardeau pour qui que ce soit. Alors, je retourne vers mes affaires laissées en vrac à proximité du canapé qui me sert de lit depuis plusieurs jours. J’en sors ma dague ornée à la gloire de Khugatsaa, et un arc de chasse, fait en bois et renforcé d’acier sur les parties centrales et extérieures. Mon carquois est à proximité, et il contient toujours les flèches que j’avais réussie à obtenir il y a de ça plusieurs lunes. Le carquois à l’épaule, la dague à la ceinture, l’arc dans la main, je sors enfin de la demeure et vois Chafouin s’entrainer sur une cible. Une idée me vient alors… Une bonne idée ? Une mauvaise idée ? Est-ce une volonté d’orgueil ?

J’avance le plus discrètement possible, et me place à quelques mètres derrière Chafouin et un peu sur le côté pour ne pas le blesser. Je prends une flèche et bande l’arc avec le plus de force possible. Je prends le temps de viser, et alors que le centre de la cible semble enfin acquis, je tire. J’utilise alors les vents d’Amisgal pour accentuer celui produit par la flèche qui passe à une dizaine ou vingtaine de centimètres de l’oreille droite de Chafouin, et d’assurer une arrivée pile au centre de la cible. Pour sûr, cela va le surprendre. Je lui adresse mon plus beau sourire alors que j’attends sa réaction.


Chafouin
Chafouin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyJeu 13 Juin - 9:03
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En sortant de la maison, il se place à une bonne quarantaine de mètres, il plante ses flèches dans le sol et observe sa cible, ça fait combien de temps qu'il n'a pas tiré à l'arc ? Depuis son passage à l'armée au moins, la tortue leur avait toujours répété qu'il serait toujours utile de savoir se servir d'un arc, surtout quand on est déployé à my'trä et que les munitions viennent à manquer. Alors, il s’entraîne, durant de nombreuses minutes où les réflexes de tir lui reviennent peu à peu. Cela lui permet de se détendre d'une certaine manière et ses gestes sont bien plus assurés maintenant que son corps ne tremble plus. Il avait vraiment besoin de cette nuit de sommeil.

Il se met à repenser à ce qu'il s'est passé la nuit dernière, il comprend que dans un certain sens il est lié à Laurelin maintenant, quelle grosse blague, lui qui se considère comme un salopard, pas le dernier, mais pas le premier non plus. Il fait équipe avec une jeune femme qui lui semble être la pureté incarnée, alors qu'il l'a abandonné quand il aurait pu la sauver, du moins c'est comme ça qu'il l’interprète. Est-ce qu'elle a compris aussi hier, quand elle redécouvrait la vérité. D'un coup, une tonne de pensées se bousculent dans sa tête, il essaie de mettre des mots sur ses pensées, mais tout est embrouillé. Alors, il tente de faire le vide. Ayant récupéré toutes ses flèches, il souffle un coup et imagine des personnes à la place de la cible d'archerie. Il commence à imaginer quelques types à qui il aurait aimé refaire le portrait, mais ce n'est que peu satisfaisant, il a une bonne idée de cible, le colonel Zakel, son ancien chef dans l'armée et celui-là même qui a donnée l'ordre de pilonner le navire où se trouvait Laurelin. En voilà une bonne cible. Il tire toutes ses flèches avant de venir les récupérer et d'imaginer une autre cible. Le régisseur tient, il a un coup de sang alors qu'il tire une nouvelle fois, mais toutes les flèches ne portent pas au but. Frustré, il vient de nouveau récupérer ses flèches et se pose un peu plus pour décider des prochaines cibles.

Les harponneurs, oui c'est une bonne idée. Il se rappelle de chacun de leurs visages après tout et il doit mentalement se préparer à les tuer. Avec ces types-là il n'a droit qu'à un essai, alors chaque flèche compte, surtout qu'il n'en a que sept. Une pour chaque pirate, une à une les flèches partent, toutes trouvent leur cible, jusqu'à la dernière qui passe à côté. Il jure, imaginant très bien ce que cela signifie en vrai. Durant ce moment, il a à peine remarqué l'odeur entêtante de lilas qui lui parvint maintenant aux narines. Un bref souffle passe à sa droite et l'instant d'après une autre flèche est plantée en plein milieu de la cible. Il a un mouvement de recul, la vieille femme maîtrise l'arc alors ? Pourtant en se retournant c'est bien Laurelin qu'il voit, qui lui décochant un sourire satisfait. Il réfléchit deux secondes regardant tour à tour la jeune femme et la cible d'archerie et lui décroche une mine satisfaite.

-Tu ferais une bonne chasseresse sans cette odeur de lilas. On peut te sentir à cinq lieux à la ronde.


Il affiche un petit sourire moqueur, mais sa mine se modifie en se rendant compte de deux choses, Laurelin a pris le temps de se nettoyer, ça veut aussi dire qu'elle s'est déplacée sans béquilles pendant tout ce temps.

-Comment tu peux te tenir debout avec ta jambe blessée ? Il acquiesce en entendant la réponse. Je vois, c'est plutôt pratique.

Il s'approche de la cible récupéra toutes les flèches avant de revenir la voir, il se dit qu'il était peut être temps de la mettre au courant, du moins si elle ne lisait pas dans son esprit, en était elle seulement capable d'ailleurs ? Aussi, si les soldats découvraient qu'elle pouvait se déplacer d'elle-même avec ses pouvoirs, ils les ficheraient tout de suite à la porte, en avait elle conscience ? Mais d'abord, il devait régler un point avec elle, une bonne fois pour toute.

-T'as envie de parler, de ce qui s'est passé cette nuit ? Demanda-t-il d'un air grave.

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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptySam 15 Juin - 18:51
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L’homme est surpris, à n’en point douter, mais il semble également fin observateur et doué d’un excellent esprit de déduction. Rien ne semble lui échapper, et je reconnais bien là un homme carré au passé strict, un militaire qui n’aura pas tout oublié. En revanche, son odorat acéré semble s’être trompé sur l’essence en elle-même, car ce n’est pas du lilas mais de la lavande. Cela à tout de même son importance, enfin, sur le moment. Néanmoins, je lui offre un sourire sincère alors que cette situation me fait rire et sourire. Il a l’air aussi gêné d’être face à moi que je le suis d’être face à lui. Néanmoins, je ne peux m’empêcher de répondre à sa petite pointe critique.
- Sache, George, que je n’ai pas survécu toutes ces année grâce à la chance, l’amour et l’eau fraîche. J’ai dû chasser, cueillir et même produire, lorsque je ne devais pas fuir mon ignoble condition. La seconde question, très pertinente encore une fois, me fais encore une fois sourire alors que je lui montre mon pied et le fait qu’il ne touche plus le sol. La magie est aussi pratique qu’elle est divine. Comme tu le vois, je ne suis pas totalement inutile.

Je me surprends moi-même. D’ordinaire, je n’aurais jamais été à ce point véhémente et critique. Je me serais contentée de sourire et de chercher à me cacher, ou à utiliser lien présent entre lui et moi pour pouvoir écouter son esprit sans qu’il ne parle, et pour pouvoir chercher à lui venir en aide. Sous ses airs sévères et son attitude droite, je sens un homme accablé d’un chagrin qu’il ne peu mesurer, et qui porte derrière lui nombre de traumatismes et de choses tristes. Et pourtant, je m’étais contentée de lui répondre, en usant de quelques piques critiques, faisant preuve d’une attitude tout à fait… Humaine ? Que m’arrive-t-il ? Je me sens… Différente, maintenant. Comme ci tout ceci avait provoqué un changement, un chamboulement… Les mots me manquent.
- Et toi, tu veux en parler ? Demandais-je simplement, en souriant légèrement alors que je sens qu’une telle discussion ne serait pas de tout repos.

Je remet l'arc autour de mon épaule et m'assois sur ce qui sert d'escalier en pierre à cette demeure. L'endroit est agréable, et la paix y est reposante. Je comprends pourquoi cette femme seule tient à y rester, malgré la proximité avec une zone militaire. Les chants des oiseaux, le bruit des rivières, le craquement des feuilles et des branches sous les douces volutes de vent. Un air de paradis, somme toute.

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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptySam 29 Juin - 16:00
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La réponse de Laurelin le prit au dépourvu et il baissa la tête en lâchant un petit rire alors qu'elle se plaçait sur ce qui servait d'escalier de pierre à cette demeure. Il releva la tête vers elle en levant les bras au ciel au ciel et en prenant une moue moqueuse.

-C'est lâche ça comme réponse Laure. Il s'approcha plus près d'elle en la pointant du doigt, mais sans entrer dans sa bulle de confort comme il l'avait fait lors de leur première rencontre. Et ne m’appelle pas comme tu viens de le faire, ce nom-là, tu me l'as volé, tu t'es introduite sans me demander la permission, comme si...Tu n'aurais pas dû...

Il baisse la main, en soupirant.

-Tu sais quoi ? Je laisse tomber et ne parlons plus de ça, ce qui est fait est fait.

Il lui tourna le dos et mit ses mains sur ses hanches, faisant quelques pas en arrière, faisant mine de partir, mais en grande partie pour profiter du calme de l'endroit et aussi pour mettre ses pensées en ordre. Il avait l'impression d'avoir tellement de choses à lui dire et paradoxalement aucune question ou déclaration ne lui vint sur le moment. Il se dit que Laurelin cherchait peux être à éviter cette discussion après tout, elle risquait de ne pas être agréable à entendre. Mais il devait mettre les choses à plat, au moins pour lui. Il imaginait qu'elle comprenait ce qu'il ressentait en ce moment, mais à vrai dire il n'était sûr de rien. D'un geste assuré, il se retourna et vint se placer juste devant elle.

-Ce jour-là, lorsque je suis arrivé sur ce navire pour secourir cette petite fille. Il se stoppa se rendant compte que ça ne servait plus à rien de dissimuler quoi que ce soit maintenant. Quand je suis venu, pour sauver les gens dans cette cale et que je t'ai vu toi. Il s'assit en face d'elle, maintenant le contact visuel. J'étais en état de panique total, je ne maîtrisais rien et j'étais terrorisé. Il ne me restait qu'une poignée de secondes pour prendre une décision qui aurait pu changer énormément de choses. Et ce jour-là, j'ai choisi de fuir.

Il hésita à prendre une cigarette, mais se rendit compte que de toute manière il n'avait aucune allumette sous la main.

-Évidemment, quand j'en ai parlé à mes camarades, ils m'ont dit que j'avais bien fait de sauver ma peau, que de toute manière, ce n'était pas moi qui avait ordonné de couler le navire. Mais ça ne servait à rien, je me sentais tout aussi coupable de ce qui t'était arrivé que je me sentais inutile d'avoir été incapable d’empêcher ça.
Finalement, j'ai réussi à oublier ce visage, avec de l'aide et du temps. Je pensais que tout ça était derrière moi. Tu vois, j'ai pas beaucoup de principe t'as bien du t'en rendre compte. Mais la lâcheté dont j'ai pu faire preuve ce jour-là, alors que pour une fois j'avais l'occasion de faire une vraie différence, je ne me le suis jamais pardonné.


-Alors, quand j'ai compris qui j'avais en face de moi sur cette plage, mon cœur a dû mettre une grosse mandale à mon cerveau pour prendre le contrôle. « C'est cette fille, la voilà ta seconde chance, la laisse pas dans la merde une seconde fois. » Que j'ai dû me dire.

À ce stade, il avait définitivement arrêté de regarder Laurelin dans les yeux, se livrer comme ça à quelqu'un, il ne l'avait jamais fait du plus loin qu'il s'en souvienne. Ça lui faisait du mal autant que du bien, mais le pire était encore à venir.

-Tu veux savoir ce qui est le plus drôle dans cette histoire ? La vérité c'est que si le régisseur s'était pointé sans que je ne sache qui tu étais vraiment, je t'aurais laissé crever, exactement comme cette femme. J'aurais eu absolument aucun remords. Je pense même que j'aurai éprouvé de l'amusement à voir ce monstre étripé quelqu'un comme toi. Quelle putain de blague...Quelle putain de merde humaine.

Il se rendit compte qu'il était ridicule dans son petit mélodrame. La vraie personne blessée ici, ce devait être Laurelin. Il se rappela comment il avait partagé son passé. Les sentiments qu'il avait ressentis à ce moment-là, la douleur, la peur lui avaient semblé si cruel. Et malgré l'effort qu'il avait pu faire, il ne comprenait pas ce qui permettait à Laurelin de continuer, pas après ce qu'elle avait enduré. Lui n'aurait jamais supporté. Il réunit son courage pour la confronter de nouveau dans les yeux.

-Je ne pourrais jamais changer le passé, mais il faut que je sache à quoi tout ça sert. Qu'est ce qui t'a fait tenir tout ce temps, tu as dû trancher le bras de ta mère bordel. Tu vis continuellement dans la peur qu'un régisseur te poursuive et malgré ça tu restes l'une des personnes les plus gentilles que j'ai jamais vu. Comment c'est possible. Comment as-tu fait pour rester...Pour rester si forte ?

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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyDim 30 Juin - 11:19
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L’endroit semble parfait pour une retraite paisible. Comment imaginer qu’ici, au milieu de cette végétation dense, sur ce petit ilot perdu dans la forêt, qui que ce soit ou quoi que ce soit puisse nous retrouver ? Me retrouver ? Les Architectes ont cette curieuse façon de guider les pas de leurs enfants vers la prochaine étape de leur vie, vers un autre apprentissage, vers de nouvelles épreuves. Fallait-il donc que je passe par le sang, le feu et la douleur, pour retrouver enfin mon passé et la mission qui était la mienne ? Pour sûr, les Architectes furent les guides qui guidèrent les fils de ma vie jusqu’à ce havre de paix. Il est dit que c’est ici que mon passé serait révélé et accepté. Et il est dit que c’est cet homme qui devait m’y aider, et que cet homme devait recevoir mon aide. Car si cette vie de misère, de douleur et de folie fut la mienne, les quelques secondes que nous eûmes ensemble il y a 15 ans, laissèrent leurs lots de malheur et de douleur dans l’esprit de l’homme.

Comment ai-je pu survivre ? Comment ai-je pu demeurer bienveillante, compatissante, gentille et forte ? Cette question, un être doté d’un esprit étriqué et mathématique l’aurait sans aucun doute posé encore et encore. Mais pour une fille des Architectes, pour une fille de Khugatsaa… Pour quelqu’un qui n’eut d’autre salut que les divinités, demeurer ainsi est une évidence, et un hommage aux dieux.
- Le sacrifice de ma mère ne fut pas la seule chose horrible qui me fut imposée. Laisse-moi te montrer.

Je ferme les yeux. Le lien entre lui et moi est suffisamment fort pour ne pas nécessiter de toucher ses tempes, ou un contact physique. Je me concentre et je visualise ma pensée sous forme de fluides, lesquels se connectent avec l’esprit de Chafouin. Son esprit, pas son cerveau. Cette différence à toute son importance.

Soudainement, nous ne sommes plus en Daënastre. Nous ne sommes plus sur cet escalier, au milieu de ce havre de paix. Nous ne sommes plus en 933, mais une quinzaine d’année en arrière. Il y a une plage de sable fin sur laquelle viennent s’écraser quelques vagues formées d’écume. Le territoire est baigné d’une lumière vive, mais les nuages s’alourdissent. Nous sommes à Khurmag, à la pointe Sud de la région, à proximité de mon village. Plusieurs barges se trouvent sur la plage alors que les traces de leur accostage sont petit à petit emportées par les flots. Il n’y a aucun bruit. Des traces de pas mènent des barges jusqu’à une petite dune où le sable se fait plus épais et plus ruisselant entre les pieds. Puis vint du sang. Quelques gouttes, qui mènent à des tâches éparses, lesquelles mènent enfin à un fin ruissellement carmin. Et des corps. Des hommes et des petits garçons qui tiennent encore dans leurs mains les filets et les cannes à pêche. On voit même les paniers en osiers où se trouvent leurs prises. Puis un coup de feu, qui résonne comme un coup de tonnerre après un orage. Des pirates. Des hommes de peu de foi et de peu de loi. Leurs visages sont sales, leurs sourires sont carnassiers. Leurs mains dégoulinent du sang des innocents. La scène est figée, il n’y a pas de mouvement, seulement des hommes figés avec leurs sourires dérangeants. Soudainement, telles des machines païennes, leurs visages se tournent vers le Nord, et leurs sourires se font plus grands, plus dérangeants, plus sadiques, plus terrorisant encore. Et au-devant d’eux, une petite fille qui tient une peluche. Elle pleure et elle s’enfuit. Père ! pouvait-on alors entendre.

Puis la scène se déplace, et c’est dorénavant un petit village fait de cahutes, de demeure de pierre, de terre, de glaise et de brique, qui brûle. La fumée couvre le ciel qui est maintenant noir, sans lumière. Les pirates sont là. Ils tiennent en respect les femmes et les jeunes filles du village. La scène est toujours figée, mais l’angle de vue se déplace d’une prise à l’autre. Les brigands ont leurs faciès figés dans une mimique sadique, leurs sourires sont effrayants. Ils prennent les femmes par les bras, arrachent les enfants à leurs mères. Ils brûlent les demeurent et pillent les foyers. Ils violent les plus récalcitrantes, et exécutent les plus âgées. La petite fille de tout à l’heure est là, entourée d’hommes, et tirée par sa mère et ses sœurs jusqu’à un endroit inconnu.

La scène d’après est sombre, très sombre. Il n’y a aucune lumière. Il n’y a aucun son. Quand tout à coup, des éclairs dissipent la pénombre. La scène est éclairée par à-coup, comme lorsque les éclairs tombent et qu’ils dissipent l’obscurité par la fenêtre d’une chambre, pour vous y replonger immédiatement après. A chaque éclair, un visage terrifiant apparait. Puis des scènes horribles se dessine. Un éclair, et une femme est égorgée. Un autre, et une femme est violée. Une troisième, et l’on voit une rangée de femmes liées entre elles par les poings et les pieds par des chaînes en fer. Les peaux sont meurtries, les visages sont éteints. Il n’y a plus que la souffrance. Et revoilà la petite fille, celle-là même qui était entourée d’homme dans le village, celle-là même qui était poursuivie sur la plage. Cette jeune fille, c’est moi.

Nouvel éclair, accompagné d’un cri strident. La jeune fille subie les assauts des hommes les uns après les autres. Les cheveux sont tirés en arrière, son corps et marqué de coups. Les mains des immondes molosses souillent le corps d’une jeune fille sans défense. Elle ne peut que pleurer. Les autres, ne peuvent que se lamenter. Les joues sont tuméfiées, les yeux sont emplis de larmes. La petite fille prie, la petite fille pleure, la petite fille se berce elle-même d’illusions tandis que les hommes continuent leurs assauts.

Puis, une explosion, comme un nouveau coup de tonnerre. La petite fille est enchainée, ses vêtements en guenille sont tâchés d’un sang qui semble être le sien. Les hommes ne sont plus là, mais les femmes demeurent attachées entre elles. Une lame tombe aux pieds de l’enfant qui regarde alors sa mère. L’enfant est liée à sa mère par une chaine à son poignet, cette dernière étant reliée à ses autres filles, jusqu’à-ce que la chaîne soit ancrée à l’acier du navire. Une voix de femme déchire les airs : - Prend ce couteau ma fille, et tranche mon bras ! Libère toi ! Nous sommes toutes condamnées mais toi tu peux vivre et honorer Khugatsaa. Prend cette lame païenne pour rendre hommage à notre architecte. Vit, ma fille, et va ! La voix raisonne. L’enfant prend la lame et tranche le bras. Le tumulte reprend alors, et les explosions s’enchainent. Tout s’illumine avant de retomber dans les ténèbres. L’enfant voit alors au bout du tunnel la lumière du jour, et alors qu’elle semble proche d’y arriver, elle se retourne. Sa mère et ses sœurs sont là, promises à une mort horrible. Maman !. Tout n’est plus que ténèbres.

L’illusion cesse. Le ciel bleu reprend son éclat et sa place, tout comme le vert des végétaux et les couleurs des fruits dans les arbres. Les bruits tonitruants des cris, des coups de feu, des explosions, s’estompent pour ne laisser place qu’au ruissellement de l’eau dans son lit, aux chants des oiseaux, et à cette sensation de paix dans un endroit béni des divinités.
- Vois-tu ce que le mal peu faire ? Ce que la folie, l’avidité, la méchanceté, peuvent réaliser en ce monde ? Elles n’ont que le pouvoir de détruire. Mais devenir comme ces mécréants aurait été une insulte aux divinités, et cela n’aurait pas rendu justice aux sacrifices de mon père, de mes frères, de mes sœurs et de ma mère. Le bien en revanche, l’amour, la compassion, permettent de construire. Les mots sont notre plus formidable source de remèdes : ils sèchent les larmes, apaisent l’esprit et gonflent les cœurs. Je devais utiliser mes dons pour répandre le bien autour de moi, car tous les êtres humains ont le bien en eux. Il est seulement plus commun et plus aisé de laisser le mal ressortir, car il est plus aisé d’être craint que d’être aimé. Quant à cet enfer… Ce sont les dons de Khugatsaa, les illusions, qui me permirent de vaincre ces tourments. Bien qu’aujourd’hui… Je ne puisse réellement toujours discerner ce qui demeure réel de ce qui reste illusion…

Suis-je réellement folle ?



Texte:

Chafouin
Chafouin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptySam 13 Juil - 23:15
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Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
Après une brève hésitation, Chafouin sent de nouveau ce lien s’immiscer dans son esprit, dès lors des images d'abord calmes qu'il réussit à assimiler au passé de Laurelin s'immiscent en lui. Les scènes en apparence calmes laissent place à la sauvagerie, des hommes aux visages déformés par la malveillance, le bellicisme et la volonté de réduire à néant ce qui est bon se jettent sur le passé de Laure comme une nuée de sauterelle. Telle une tempête de mort, ils réduisent à néant tout ce qu'un être humain puisse considérer comme un foyer, comme une famille. Un à un, la sécurité des abris disparaît, la chair des êtres humains est balayée. Tout est renvoyé à la cendre et à la mort, tout finit par disparaître, tout, sauf Laurelin.

Tel est-ce que Chafouin voit en traversant le passé. Il ne peut placer de mot sur ce qu'il voit de voir, la souffrance et la cruauté il connaît, mais à une telle échelle, ça ne semble même plus avoir de sens. Il a la certitude qu'il serait devenu fou après ce que Laurelin a vécue. Il a déjà du mal à retrouver ses esprits alors qu'elle lui parle. Comment la comprendre, elle qui a traversé un enfer qu'il aurait eu du mal à imaginer, en fait il connaissait bien la cruauté notoire des pirates de la flamme noire. Mais la mettre en scène dans de tels souvenirs semble faire dépasser la fiction à tous ces récits horribles qu'on murmure sur les pirates.

Il baisse les yeux tendis qu'elle lui explique comment elle a survécu en gardant ses valeurs. À vrai dire il ne sait pas quoi trop en penser, mais une chose est sûr, il est impressionné même s'il ne le montre pas. Impressionné qu'une petite fille ai subi autant de forme de torture sans perdre foi en l'âme humaine, impressionné qu'une jeune fille ai garder de la bonté alors qu'elle aurait toutes les raisons valables de vouloir exercer une juste vengeance. Mais ça, il ne saurait jamais comment l'exprimer. Alors, il relève une tête encore lourde de toutes les expériences traumatisantes partagée par la jeune femme.

-Je voudrais réussir à penser comme toi, j'aimerais penser comme toi. Mais pour moi le cœur des hommes n'est pas aussi pur que ce que tu sembles imaginer. Tu vois j'ai toujours penser qu'aucune personne ne penchait vraiment du côté du mal ou du bien et que chacun faisait ce qu'il avait à faire pour survivre, jusqu'à toi. Toi tu sembles capable de voir du bien même dans la plus sombre abysse d'infamie. Je ne sais pas comment tu peux faire, mais ce n'est pas de la faiblesse, ne laisse jamais personne te convaincre du contraire.


Il est plus facile de laisser le mal ressortir que le bien, oui Chafouin aimait bien cette pensée et il la trouvait adaptée pour Laurelin, mais chacun avait ses moments de faiblesse. Les illusions, elle les utilisait pour ça ? Revivre son passé, modifier ce passé ? Si c'est le cas pas étonnant qu'elle finisse par avoir du mal à discerner l'illusion de la réalité.

-Pour tes pouvoirs... Je ne peux pas te juger sur le fait dont ils te servent à fuir la réalité, personne ne mérite de subir ce que tu as subis. Mais si tu continues ainsi, ça te bouffera, continuer de te recréer la vie qu'on t'a enlevée, ce n'est pas le bon choix.

Ce n'était sans doute pas la manière la plus douce de le dire, ni ce que Laurelin souhaitait entendre, mais c'était peux être mieux ainsi. Cela devait être dur pour elle à avaler. Oui elle finirait folle si elle n'allait pas de l'avant et si elle n'utilisait pas ses pouvoirs pour autre chose que se remémorer son passé. Mais comment lui faire tourner la page, il y avait une autre chose que Chafouin devait voir avec elle, une chose très importante.

-Tu vois, ta bonté peut toucher, mais certains n'y seront jamais réceptifs malgré tous les efforts que tu pourra y mettre, parfois des solutions plus brutales s'imposent quand on a pas le choix. Tu te souviens de cette dame, sur la plage ? Si je te disais que non seulement je sais où elle se trouve, mais qu'on a peut être une chance de la sauver, tu me suivrais ?

Laurelin
Laurelin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyMar 3 Sep - 16:54
Irys : 419918
Profession : Maîtresse fondatrice des Célestiens.
My'trän +2 ~ Khurmag

Les situations changent autant que changent les gens. Et les gens changent autant que les situations obligent à s’adapter. Et Chafouin en était le parfait exemple à cet instant. Lui qui, par le passé, vivait de rapines, de manipulation, de contrats, de connaissances dans différents milieux sombres, m’avait sauvé la vie. Face à une entité surpuissante, il s’était dressé. Face à une magicienne, pourtant ennemie de bien des païens, il s’était adouci. Face aux visions, à la magie, il s’était assagit. Il venait de changer, quelque chose en lui venait d’éclore, je le sens. Cette graine va-t-elle devenir fleure, ou fanera-t-elle seule dans un terreau vidé de toute substance ?

Soudainement, quelque chose s’estompe dans mon esprit. J’ai l’impression que la terre se dérobe sous mes pieds. Mes oreilles bourdonnent, mon esprit s’obscurcit. Mon sourire s’estompe et mon visage s’assombrit. Tout est désespérément vide. Je baisse les yeux et je regarde vers le sol sans que rien ne se passe jamais. Je reste stoïque.

La suite, je ne saurais pas réellement m’en souvenir. Le pauvre Chafouin reste seul, moi, je fis demi-tour, doucement, et je pris la direction de la forêt voisine. La magie ne fait presque plus effet, et je me mets à boitiller tandis que la douleur semble étrangement agréable. En tout cas, elle ne m’arrache plus aucun rictus. Seule, dans le néant de mes pensées brouillées, j’avance. La forêt se déroule à mes pieds alors que je me fraye un chemin entre les buissons et les arbustes. Le temps semble figé, j’ai l’impression de ne plus rien reconnaître, de ne plus être dans mon propre corps. Et le pauvre Chafouin, je l’ai laissé seul…

Lorsque je me réveil, que je reprends conscience de mon corps, je suis au beau milieu de la forêt, apparemment seule. Devant moi, la forêt luxuriante, des racines jonchant le sol, un cours d’eau serpentant aux environ. Je ne le vois pas, mais je l’entends. Le doux bruit de l’eau qui coule me berce, au sens littéral du terme. Lorsque je reprends conscience de mes sens, que l’engourdissement s’éloigne de mon corps, je me surprends moi-même à me bercer, de droite à gauche, dans un léger mouvement de balançoire, comme on berce une enfant. Cela me fait légèrement sourire, et mon visage s’adoucit à nouveau. Je suis beaucoup plus sereine. Mes yeux se ferment, et le doux mouvement de balançoire m’emmène loin, dans une douce rêverie. Je place mes bras comme pour m’enlacer moi-même, mes mains touchant les côtes opposées, dans une fausse étreinte. Ma tête se penche sur le côté gauche, le côté des sentiments. Mes yeux, toujours fermés, me font pourtant voir une image féérique, propre à mon esprit.

Un fredonnement m’échappe. Un fredonnement qui se transforme en une mélodie chantée à haute voix, dont le tempo est calqué sur mes mouvements de balançoire. Puis, la mélodie devient une douce musique faite d’une flute et d’un violon. Pourtant, aucun instrument ne se trouve ici, et personne n’en joue. Mais la musique est si belle, si douce. Je me perds dans une illusion qui prend le dessus sur moi, tandis que l’illusion baigne tout autour de moi, offrant un spectacle cher à quiconque y assisterait. Pour moi, cette musique est couplée à un paysage magnifique fait de mer bleu azur, d’un vent doux et de vagues enivrantes, une plage de sable fin se déroulant sous mes pieds. Quelle serait cette illusion si quelqu’un d’autre était autour de moi…


Chafouin
Chafouin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyJeu 3 Oct - 21:27
Irys : 938177
Profession : Homme à tout faire
Daënar -2
S'il était bien une réponse auquel il ne s'attendait pas, c'était bien l'absence de réponse en fait, Laurelin avait soudainement perdu de sa prestance et son regard semblait ailleurs, comme si elle n'écoutait pas ce qu'il lui racontait. Et en effet elle ne l'écouta pas du tout vu qu'elle se lève pour partir, il écarquille les yeux devant cette réaction, vexé de se faire ignorer ainsi, surtout après ce qu'il vient de lui déballer.

-Ah d'accord, tu me dis si je te fais chier, je retourne dans mon coin sinon.

Ça ne semble pas la faire réagir plus que ça et il commence à s'énerver un peu plus, d'autant qu'elle part en boitillant vers la forêt, il savait bien que le statut d'anomalie rendait les gens plus que spéciaux, mais il ne savait pas que cela leur faisait aussi fondre le cerveau. Il fallait qu'il la rattrape avant qu'elle ne se blesse pour de bon, elle ne se rendait sans doute pas compte de la situation dans laquelle elle le mettait. Chafouin et elle étaient en quelque sorte dans une étape de sursis, si Frelon leur avait permis de rester, c'était uniquement en souvenir du bon vieux temps. Logiquement dans un cas comme celui-là rien ne l'obligeait à les aider, bien au contraire même. Chafouin ne se rappelait plus ce que disait le manuel des militaires au sujet des anomalies précisément, mais il était sûr qu'on recommandait aux soldats d’abattre les anomalies à vue ou en tout cas, c'était comme ça qu'on interprétait les recommandations du manuel. Si Frelon envoyait quelques gars pour vérifier comment se portait la protégée de Chafouin et qu'ils découvraient cette dernière en train de batifoler dans ce paysage bucolique alors qu'elle était censée se rétablir dans un lit, alors la magnanimité de Frelon risquait fort de s'évaporer dans l'air comme si elle n'avait jamais existé. Alors qu'il se rendait compte de cela en assimilant ça avec l'image de Laurelin en train de s'enfoncer dans les bois, une douche glacée lui parcourut le dos. Il se leva et se lança à la poursuite de la jeune brune. Il devait l’arrêter, par n'importe quel moyen.

-Bordel Laurelin reviens ici, tu comprends que dalle à ce qui se passe ici, je peux pas te laisser t'éloigner autant. Il remarque qu'elle ne l'écoute toujours pas. Reviens ici ou je te défonce l'autre guibolle avec du plomb putain ! Commence-t-il à hurler à son attention.

Mais alors qu'elle continue de s'enfoncer, peux être sans veiller à utiliser sa magie pour soulager sa jambe, vu l'état dans lequel elle se trouve. Chafouin trébuche à jurant à cause d'un filet de ronces, un mal de crâne l’assaille à ce moment-là et il se dégage difficilement à l'aide de son couteau des ronces qui entravent ses jambes. Il se relève en vitesse en imaginant Laurelin tomber sur le même genre de problème, mais il réalise que les choses semblent... différentes. La forêt semble auréolé d'un halo mauve, Chafouin aime bien le mauve, cette couleur a le don de le détendre. Le sol aussi laisse un chemin dégagé vers une table agréablement garni de mets succulents. Des bouteilles de bière qu'il reconnaît sortis d'une brasserie de Prorig qu'il affectionne particulièrement, des baies et des groseilles et surtout une bonne côte de Khippogin, sa viande préférée. Comment un tel buffet a-t-il pu apparaître ici ? Cela n’empêche pas Chafouin de s'approcher avec avidité, c'est alors qu'une silhouette surgit des arbres.

-Tiens Chafouin, le petit dîner que j'ai préparé te plaît ?

-Pedzouille ? Je me disais bien que c'était trop beau pour être vrai, mon cerveau me joue encore des tours, à moins que ce ne soit une illusion ?

-À toi de me le dire, moi je ne suis que le serveur. Je t'en pris assis toi.

Chafouin fit ce que lui ordonna Pedzouille, bien que n'y croyant pas vraiment, cela faisait bien trop de fois qu'il revoyait son ancien camarade et à chaque fois de violentes douleurs au crâne l'avait parcouru. Pourtant, le siège en osier sur lequel il s'asseyait lui semblait bien confortable et la senteur de nombreux plats sur la table était comme une délicieuse invitation à se repaître. Pourtant, il ne profita ni du confort du fauteuil, ni des aliments, au contraire de Pedzouille qui commençait déjà à engloutir la nourriture.

-On est pas bien là ? J'ai même trouvé un moyen de te ramener ta bière favorite.

-Pedzouille, tu sais que je ne peux pas rester.

-Et pourquoi pas ? Tu vois bien que cette fille est une cause perdue, profite plutôt de la vie, ne te lance pas dans des causes perdues voyons.

-Tu n'es pas réel, rien de tout ça n'est réel.

-Tu trouves ? Eh bien bienvenue dans la vie de ta petite protégée, ce siège il te semble réel non ? Et cette bouffe, je suis sûr que tu ne peux discerner si elle est vraiment réelle ou non.


-Vivre comme ça, ce n'est pas possible sans devenir fou.

Pourtant, les sensations qu'avait évoqué Pedzouille lui semblait tellement réelle, une faim tiraillante se fit ressentir alors que l'appel d'une pomme bien rouge résonnait autant dans ses yeux que dans ses narines. Pourtant s'il la mangeait, il était certain de n'obtenir aucune satisfaction, aucune faim ne serait rassasié, juste la fausse satisfaction qu'en tirerais son cerveau.

-Vivre comme ça, c'est le pied, t'occupe plus de cette jeune femme, profite juste du moment présent, elle est sans espoir non ? Laisse-là, retourne à Prorig, la faune où les régisseurs finiront bien par se charger de son cas, si c'est pas les pirates.

-Les pirates... Oui, ça lui revenait, il devait se charger des harponneurs, il ne savait pas ce qu'il voulait prouver à Laurelin ou à lui-même, mais il sentait que c'était la bonne chose à faire. Je dois quand même essayer. Fit-il en se levant.

Il entendit Pedzouille grogné quelque chose, à moins que ce ne fut son esprit qui était encore embrouillé ? Quoi qu'il en soit, quand il se leva de son siège qui se révéla être une souche d'arbre, Pedzouille et la table garnie de mets avaient disparus. Il se sentait toujours aussi bizarre, mais repéra quelques traces de pas dans le sol attirèrent son attention. Il se rendit compte en les suivant que la jeune femme n'avait été qu'à quelques mètres de lui. Elle semblait complètement dans son monde, ou plutôt dans son illusion. Chafouin ne savait pas s'il était toujours lui-même sous l'influence de cette illusion ou s'il voyait la vraie Laurelin. Après tout il n'y avait qu'une façon de le savoir. Il s'accroupit vers elle et s’apprêta à lui mettre une bonne baffe pour la tirer de sa rêverie, ou de sa transe ? Comment savoir dans quel état elle était ? Puis son regard se posa sur sa blessure et il se rappela que si elle faisait un mauvais mouvement, elle pouvait tout aussi bien trébucher de nouveau et l'aggraver. Il se contenta donc de calmer son énervement envers elle et de la secoua et de lui tapoter le visage aussi doucement (relativement doucement dans le cas de ses manières peu douces.) qu'il le pouvait. Elle sembla sortir de sa rêverie et posa ses yeux émeraudes sur lui. Il soupira.

-T'es parti dans la forêt depuis... Je ne sais combien de temps en fait, il s'est passé quoi exactement ?

Alors qu'elle lui répondait, des bruits de pas captèrent son attention. Il ne souhaitait pas vraiment être dérangé alors il chercha désespérément un moyen de s'abriter et sa seule option se présenta sous la forme de Laurelin.

-Tes pouvoirs, dissimule nous aux yeux de tous. Et surtout ne fais rien d'autre sans que je te le demande.

Il l'assit près d'une souche d'arbre sans ménagement et se posa à côté d'elle en priant pour que son sortilège soit assez efficace. D'emblée il ne détecta rien de vraiment différent quand elle utilisa les dons de Khugastaa, ce n'est qu'après que trois hommes en armes arrivèrent près d'eux qu'il constata que cela fonctionnait vraiment. L'un des hommes, plus jeune que les autres, ralentit le rythme et regarda autour de lui, l'air inquiet.

-Vous trouvez pas qu'elle a quelque chose de bizarre cette forêt ?

L'un des deux autres s’arrêta en grognant.

-C'est toi qu'est bizarre, on te dit que la vieille Gendva à recueillit une my'träne et toi tu te mets à voir de la sorcellerie partout, t'es qu'un superstitieux dégonflé Moralès, voilà c'que t'es.

-Fermez-là. Ordonna le troisième d'une voix forte. J'ai pas envie que les autres aient déjà graillé toutes les rations quand on reviendra. Alors on se grouille de dire à Chafouin que lui et sa petite copine ont plus que trois jours et après on revient. Ils seront plus les bienvenus dans le coin.

Les trois soldats reprirent leur route, sans doute vers la résidence de la vieille qui leur avait fourni le logis. Et merde, se dit Chafouin, ses craintes commençaient à se révéler vraies. Un ultimatum allait être délivré, sauf qu'ils ne seraient pas là pour l'entendre. Il se demandait comment réagirait les soldats, la situation pourrait être tendue. Quand il fut sûr que les soldats soient partis, il se releva.

-Merde, trois jours. Jura-t-il en posant son regard sur Laurelin et sa blessure. Dis-moi que tu vas te remettre rapidement. Ou que t'as un plan pour nous sortir de cette galère.

Il se rendit compte que sa voix se faisait bien moins assurée d'un coup et il décida de respirer un grand coup. Il sortit son tabac de sa poche et commença à rouler une cigarette, en se rendant compte au passage qu'il ne lui restait plus grande chose pour en refaire d'autre, peux être une ou deux de plus, une merde de plus. Il devait prendre un air plus assuré, malgré son âge, il avait l'impression que Laurelin restait une enfant, il devait avoir un air assuré et paternel pour qu'elle croit en lui un minimum. Après avoir  repris un peu de ses esprits et de sa prestance, il la regarda de nouveau.

-Tu sais, si ça continue comme ça, je parle de tes escapades et de tes moments... de rechute ? Je pourrais pas te protéger à chaque fois. On est sur la lame du rasoir et on a à peine trois jours avant de se jeter de nouveau dans la gueule du loup. Faut qu'on puisse se faire confiance Laure, tu crois que t'arrivera à contrôler ce qu'il t'arrive ? Il soupira. Si c'est pas le cas, je pourrais rien pour toi et je m'en irais.

Il disait cela d'une voix fataliste, mais pourtant on pouvait sentir dans son timbre de voix qu'il ne souhaitait pas en arriver là. La fumée sortit de ses narines, une partie de lui voulait reprendre sa vie normale, tourner le dos à cette personne en détresse, le genre qu'il ignorait royalement d'habitude en se contentant de les mépriser. Mais une autre partie de lui, particulièrement agaçante, continuait de se dire que ce serait un énorme gâchis de la laisser tomber maintenant. Durant un instant, il regarda Laurelin et il ne vit plus la jeune femme aux yeux émeraudes, mais la jeune adolescente qu'il avait un jour recueilli, Orange. De nombreuses pensées se bousculèrent dans sa tête et il pensa avec un sourire ironique qu'il avait un don pour trouver des cas désespérés, remarque sa rendait sa vie plus palpitante après tout. Il se rendait bien compte aussi maintenant que la jeune Laure ne devait plus avoir de mal à lire en lui comme un livre ouvert.

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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyMer 16 Oct - 10:18
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Une drôle de sensation étreint mon visage. Une sensation chaude, comme de petites claques suivies de caresses. L’illusion cesse, et j’ai l’impression que je chute d’un millier d’étage pour revenir doucement à mon corps. Chafouin est devant moi. Ses yeux légèrement ahuris témoignent de sa stupeur et de son agacement. Quelques secondes encore, et je reprends conscience de mon corps tout entier, et je commence alors à comprendre que je sors d’une crise, d’une absence, laquelle fut suffisamment puissante pour m’emmener loin de la sécurité de la demeure de la vieille dame, sans que je ne puisse tenter quoi que ce soit pour empêcher cette crise.

Cependant, un bruissement de feuille alerte Chafouin, lequel me demande d’user de mes pouvoirs pour nous cacher du monde qui s’approche, que ces gens soient gentils ou méchants. Ni une ni deux, je m’exécute, quand bien même cet exercice est plus difficile que d’ordinaire. Mais les résultats sont là, et les trois soldats passent devant nous. Leurs paroles n’augurent rien de bon, vraiment rien. Trois jours. C’est le délai qui nous est donné pour que je puisse guérir et m’enfuir. Et visiblement, le pauvre Chafouin est inquiet à l’idée de ne plus pouvoir compter sur la bonne volonté de son contact à l’armée. Mauvaise augure, portée par trois corbeaux noirs. Et le cœur de Chafouin qui semble manquer de chavirer. Il me pose une question, et je n’ose pas répondre. Il me parle à nouveau, mais sa demande cette fois semble ô combien difficile, ô combien horrible. Très honnêtement, je ne sais pas quoi lui répondre…
- Je ne sais pas Chafouin. Je ne sais pas… Il y a bien longtemps que mon esprit ne m’est plus confié à moi seule. Je ferais ce que je peux, mais je ne peux rien te promettre. Sache juste que je ferais mon maximum pour contrôler ce qui peut m’arriver.

Je décide de rentrer. Trois jours. Un délai à la fois long quand on n’a rien à faire, et trop court quand la santé est en jeu. Je sens que ma jambe me fait mal, et bien que les soins apportés soient satisfaisants, et que je puisse marcher en boitillant, je vais tout faire pour me rétablir rapidement. Cependant, consciente des craintes et des peurs de Chafouin après tout ce qu’il venait de vivre – je sais qu’il fut touché par l’illusion car je me sens extrêmement fatiguée, plus que d’ordinaire, signe que ma magie ne fonctionnait pas uniquement pour moi – je m’approche de lui et place tendrement une main sur sa joue, et dépose délicatement une bise sur l’autre. Un remerciement discret, pour montrer que tout ce qu’il fait pour moi ne passe pas inaperçu.

Durant trois jours, je suis à la lettre les recommandations de Chafouin et celles qui furent données par le guérisseur païen. De temps à autres, j’en viens à me demander pourquoi est-ce que ces gens, ces adorateurs de Technologie, eurent la folie de fuir la magie et les Architectes. Si seulement un maître de Möchlog, ou même un adepte, était présent dans les parages, ma blessure serait guérie en à peine quelques minutes. Mais je ravale cette sensation de colère passagère, et je m’applique. Je ne sors pas du lit, je mange beaucoup et je dors énormément, afin de laisser à mon corps toutes les forces nécessaires à sa guérison. Et ainsi vint le troisième jour.

Prudemment, je m’assois et me place sur le côté du lit. Je pose doucement mes pieds à plat sur le sol, appuyant de temps à autre du bout des orteils ou du plat du talon, afin de déceler d’éventuelles douleurs, toute craintive que je suis à l’idée que la blessure ne s’aggrave ou ne recommence. La douleur est là, pas besoin d’être guérisseur pour s’en douter. Cependant, les plaies sont plutôt belles et rien ne s’en échappe. Je me lève. L’opération est délicate. Tout mon poids – et je suis plutôt fine – s’appuis sur mes jambes et je prends alors conscience que j’ai eu beaucoup de chance, et que les Architectes eux-mêmes veillèrent sur moi alors que ma blessure aurait pu être gravissime. Sans doute aurais-je pu perdre ma jambe. Je fixe mon regard émeraude dans celui de Chafouin.
- Alors, que faisons-nous ?



Chafouin
Chafouin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyDim 20 Oct - 20:40
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Daënar -2
La réponse de Laurelin ne le convaincue pas évidemment, mais que pouvait-elle lui répondre d'autre ? Elle vivait perpétuellement de cette façon, autant demander à un aveugle d’arrêter de ne rien voir ! Il ne sut trop quoi répondre sur le moment et c'est quand il sentit la douce sensation de la main de Laurelin se poser sur sa joue et la bise sur l'autre qu'il réagit, légèrement troublé.

-Bon, on a pas tellement d'options alors, rentrons.

En y repensant sur le chemin, il était vrai qu'elle ne l'avait jamais vraiment remercié de tout ce qu'il avait fait pour elle, pas qu'il attendait sa reconnaissance particulièrement, mais il pensait qu'elle se présenterait sous une autre forme, du style un simple merci dénoué d’intérêt à ses yeux.

Le reste des jours fut plutôt tranquille, Laurelin se tenait enfin à carreaux sans faire de sienne. Ils avaient eus de la chance, ils étaient rentrés un peu après que la patrouille de garde soit partie, la vieille Gendva comme elle s'appelait, l'avait quelque peu rouspété de la mettre dans cette situation même s'il voyait bien que cela ne lui déplaisait pas d'avoir de la compagnie. À vrai dire Chafouin s'en fichait pas mal, elle serait bientôt de l'histoire ancienne pour lui.

Pour Chafouin les trois jours se résumèrent à une série d'actions assez redondantes. Il se levait, réfléchissait à un itinéraire de trajet et un plan pour combattre les harponneurs, grommelait en n'arrivant pas à se décider, puis voyant que Laure restait plus sagement dans son lit, il quittait la maisonnée et crapahutait dans la pampa. Il alla même jusqu'à la petite mer intérieure près du fort Felsberg. Mais rebroussait rapidement chemin, parfois il croisait une petite patrouille de garde, souvent la même bizarrement qui rodait près de leur cabane pour voir s'ils étaient toujours là. Leurs échanges se résumaient à des banalités qui laissaient souvent place à un certain gène, les gardes souhaitaient surtout savoir s'ils comptaient partir bientôt.

À la fin du deuxième jour, l'ancienne vint le rejoindre sur le porche de la cabane, après avoir échangé les banalités de types « pas encore couché ? » La vieille lui proposa une bouteille de vin.

-Ah ouais, sans verre ou chope ?

La vieille émit un « pfh » strident et déboucha la bouteille avant de l'avaler au goulot. Chafouin haussa les épaules et fit de même en prenant la bouteille.

-Donc vous partez demain 'lors. Vous comptez tuer qui ?

Il haussa un sourcil dans sa direction, comme si la question le surprenait.

-Voyons, j'suis vieille, pas idiote. J'ai ben vu qu'vous étiez un genre de tueur. Drôle de duo d'ailleurs que j'me suis dit.

-Vraiment ? Ben à dire vrai, les types que je compte tuer, c'est juste des types qui font beaucoup de mal, voilà tout.

-J'vois. Ben j'vous souhaite ben du courage alors. Dit-elle en commençant à retourner dans la maison.

-Hey un instant, je vais partir emmener cette fille vous ne savez pas où et ça vous fais rien de plus que ça ? Vous n'allez même pas tenter de me stopper ?

-Sans doute, mais à mon âge vous me voyez réussir à vous en empêcher ? Et puis, faut dire qu'vous maîtriser bien plus la situation qu'à votre arrivée, donc, chuis sûr que tout se passera bien pour vous deux.

Chafouin regarda la bouteille qu'il avait en main et se drapa dans sa grande toge avant de boire une gorgée, il trouva rapidement le sommeil après ça.

Le lendemain, alors que Laurelin se remettait littéralement sur ses pieds, il dessinait quelque chose, l'air concentré. Quand la jeune fille lui demanda ce qu'ils devaient faire, il regarda sa jambe, l'air satisfait, il lui tendit ce qu'il avait dessiné.

Magnifiquement fait sur paint:


-Nous on est là. Dit-il en pointant du doigt le point au-dessus de fort Felsberg. Ce point au nord d'où j'ai tracé une ligne, c'est Heirokil. Un petit village côtier situé à hum... Il jeta un coup d’œil à la jambe de Laurelin. Deux-trois jours de marche je dirais ? Si je te parle de ce coin paumé, c'est parce que les harponneurs s'en servent souvent de point de passage et de planque. Ils y passent généralement l'hiver. Ouais, juste sous le nez de la marine, ils sont plutôt malins les salopards. Si on part maintenant on a de grande chance de les retrouver là-bas, avec leur captive. Et, si tu le désire toujours, on peut la libérer.

-J'ai déjà un plan de prévu pour les approcher. Fit-il après avoir entendu sa réponse. Ces types-là sont peu nombreux mais ce ne sont pas des imbéciles. Je sais comment leur faire baisser leur garde mais je t'en parlerais plus tard. Contentons nous de nous préparer pour la marche. Il désigna une pile de vêtements. Un uniforme militaire, rempli de poches et bien plus confortable pour la marche que ton espèce de robe, tu m'enfiles ça sans rouspéter et après te voilà prêt à te mettre en route sous mon commandement. C'est compris bleu-bite ? Il lui lança un clin d’œil devant son incrédulité. Langage de l'armée, je suis sûr que tu vas adorer ça t'inquiète pas. Une chose avant qu'on parte. On ne devra surtout pas improviser contre les harponneurs, c'est pour ça qu'on fera quelques pauses sur la route pour que je t’apprenne deux-trois trucs utiles. Et Laurelin, quand on sera en face d'eux, ils ne nous feront pas de cadeaux, et le moindre d'entre eux qui s'en réchappera nous le fera payer mille fois, alors ils doivent tous mourir, sans exception. Tu comprends ce que ça implique ?

Laurelin
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Change, ou le monde te mangera. [pv Laurelin] EmptyVen 1 Nov - 11:01
Irys : 419918
Profession : Maîtresse fondatrice des Célestiens.
My'trän +2 ~ Khurmag

Le plan de Chafouin était simple. Ces capacités en dessin étaient sans doute moins grandes que celles de faire baisser sa garde à un individu aux faibles capacités cognitives, et bien moins grande encore que ses capacités et sa propension à ôter la vie à quiconque serait trop faible, trop dangereux, trop inquiétant ou trop malchanceux pour justifier une telle action aux yeux de l’ancien militaire. Serait-ce là l’héritage de cette époque qu’il semble détester autant qu’il en est nostalgique ? J’avais pu ressentir cela.

Lorsque mon esprit et le sien se connectèrent pour la première fois, le contrôle des fluides de nos deux pensées fut assez difficile dans un premier temps, et certaines facettes cachées de la personnalité de mon sauveur, tout comme certains souvenirs du passé, apparurent brusquement : la haine contre son supérieur en quête de médailles et de sang, l’amitié qu’il entretenait avec un autre matelot à la fois insupportable et pourtant si cher à Chafouin. D’autres détails étaient parvenus en mon esprit, certains disparus, d’autres flous, mais tous doivent demeurer secrets. S’il se sent redevable envers moi – ou plutôt mon passé et ses actes manqués – je sais qu’une nouvelle révélation d’un voyage dans son esprit contre son grès, aurait tôt fait de lui faire prendre le large.

J’écoute alors attentivement son plan. Et pendant qu’il m’annonce les informations liées au groupe de forban, ainsi que sa vision des choses, j’oscille le plus discrètement possible de ma jambe droite à ma jambe gauche. Tout d’abord pour tester. Je veux voir si des douleurs se réveillent, et si un appui prolongé ou forcé peut être supporté et supportable. L’appui, ça va. La marche est boitillante, mais les quelques moments de douleur sont supportables. Par contre, il vaut mieux ne pas avoir à courir, et encore moins à sauter… J’entends alors Chafouin qui me demande implicitement mon avis.
- Oui, je veux toujours la libérer. Elle ne mérite pas de mourir. Ce n’est pas de sa faute si sa beauté et sa jeunesse en ont fait un objet de convoitise pour des marins sans courage et sans honneur.

Quelle pugnacité ?! Je m’en trouve moi-même étonnée. Non pas que venir en aide à autrui ne me sois jamais arrivé par le passé, mais être aussi véhémente n’est pas dans mes habitudes. Quelque chose à changer en moi, j’ai l’impression de le ressentir… C’est comme si les volutes de mon esprit, si blanches auparavant, teintées parfois de couleurs joviales de bleu, de vert émeraude et de jaune étincelant, commençaient soudainement à se parer de noir, de gris et de rouge. Et un sentiment – point nouveau mais pas habituel pour autant – qui m’éprend de plus en plus : la colère. La colère contre l’injustice, contre la bêtise des Hommes, contre la violence et la perversion, contre les manipulations et les machinations, contre les vices, contre celles et ceux qui pensent qu’une vie se marchande une poignée de pièces dorées et contre ceux qui utilisent la faiblesse des autres pour dominer toute terre, toute vie, jusqu’à-ce qu’il ne reste plus rien. Quel changement… Effrayant. Je suis effrayée.

Chafouin m’indique une pile de vêtements, les mêmes que les militaires vus l’autre jour. Sous justification d’un grand nombre de poches et d’une plus grande utilité et adaptabilité, il faut que je me change et que je porte ces horreurs ? Pourtant, je n’ai jamais eu à me plaindre de mes robes et de mes tenues. D’autant qu’actuellement, je suis vêtue comme une femme Daënar : une robe descendant jusqu’aux genoux, un bas de laine, des chaussures de cuir et un petit tablier en haut pour pouvoir réaliser une sorte de corset. N’était-ce pas là l’habit traditionnel ? Je possède pourtant d’autres habits qui, en plus d’être agréables et fonctionnels, seront assurément à ma taille.
- Je ne mettrais pas ces horreurs. Laisse-moi me changer, j’ai ce qu’il faut. J’ai à peine achevée ma phrase qu’il me gratifie d’un surnom – ou d’un qualificatif – dont la signification m’échappe. Bleu… Quoi ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

Je continu à écouter les propos de Chafouin, tandis que je me change sous couvert à paravent installé préalablement par la vieille dame. Là, j’y troque mes habits pour un pantalon en cuir, pile à ma taille, disposant de poches réglementaires. Des chaussures montantes pour maintenir les chevilles, et aux semelles épaisses, me permettront de mettre ma jambe en sécurité. Ensuite, une ceinture de taille, sur laquelle pourront venir se greffer des ustensiles si besoin. Une chemise en lin, noire, comme mon pantalon par-dessus laquelle vient se greffer un gilet marron. Et enfin, un grand par-dessus avec capuche, au cas-où. Ce par-dessus est doté de nombreuses poches intérieures et surtout, il tient chaud ! Je suis prête, et lorsque je sors de derrière le paravent, m’attendant à récolter les critiques de mon sauveur, je me stop immédiatement lorsqu’un mot écœurant parvient à mes oreilles.

Ma bouche s’entrouvre légèrement alors que ma respiration se bloque, comme elle le ferait face à un choc physique. Mes yeux s’écarquillent, mes sourcils se haussent. Ma tête se penche frénétiquement du côté gauche, et mes bras s’écartent légèrement, paume des mains dirigées vers Chafouin, langage corporel indiquant une interrogation vive et une manifeste incompréhension. Finalement, je décide de m’approcher à grands pas de Chafouin, et le premier qui est fait sur ma jambe blessée me fait presque trébucher, mais je me rattrape in extrémis, en appuyant ma main sur mon genou, et en transférant mon poids sur ma jambe saine. Finalement, je m’adresse à lui, quelque peu effrayée.
- Les tuer ? Les tuer ?! Répétais-je comme pour lui faire se rendre compte de la portée de ses propos. Pourquoi ?! Parce que tu supposes qu’ils se vengerons ? Mais comment pourraient-ils se venger s’ils ne nous connaissent pas ? Ne nous reconnaissent pas ? Je prends conscience que mes arguments ne sont pas les plus recevables, cependant, je n’abandonne pas. Mes pouvoirs sont plus grands et plus larges que ce que tu as pu voir ou deviner. Je pourrais les faire changer, j’en suis certaine ! Toi, tu feras ce que tu veux. Mais moi, hors de question d’ôter la vie à un homme.

Ma décision est ferme et irrévocable. Et pour le lui montrer, je prends mon sac, ce grand « fourre-tout » que je trimballe depuis des années, je vérifie rapidement son agencement, et je le met à l’épaule, prête à partir.
- Alors, « commandant », je te suis.


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