[suite mini-event] Préparer l'après, après.

Norwin était incroyablement énervé. Il avait eu plusieurs entretiens avec la doctoresse Isha Varlega, et avait pu se rendre compte de ses appétences pour la divulgation d’informations sous la colère ou l’impulsivité. Elle était dotée d’une fougue typique d’une jeune femme, et quand bien même son mentor était connu de Norwin pour ses qualités – et ses défauts également – il semblait que certains aspects des Cercles n’étaient pas maîtrisés : la neutralité. La neutralité, ce n’est pas seulement se trouver au centre de l’échiquier politique tout en veillant de ne pencher ni d’un côté ni de l’autre, ce n’est pas seulement s’entretenir avec une nation et puis l’autre, c’est aussi savoir faire face aux divers évènements critiques, et savoir s’y adapter. En l’occurrence, la venue des Hauts-Généraux était à but uniquement diplomatique, via la ratification de la chartre. La divulgation des informations sensibles devait se faire en aparté, avec les personnels directement impliqués, ni plus, ni moins. Ce qu’Isha venait de faire était donc un manquement grave, très grave. Et connaissant la jeune femme, Norwin savait précisément où creuser et ou frapper.

En effet, la fougue de la jeune femme était trompeuse. Isha avait démontré une certaine affliction lorsqu’elle fut face à la légionnaire et à la menace de plusieurs armes. Elle avait suivi les instructions d’un capitaine qui ne connaissait rien à la médecine ni aux Cercles. Tout juste s’était-elle relevée avait-elle agie lorsque, dos au mur, il ne lui restait plus qu’une seule solution pour pouvoir espérer sortir vivante de toute cette histoire. Depuis, elle était prostrée chez elle, n’avait plus de contact avec qui que ce soit, et elle manifestait un trouble de stress post-traumatique évident. Ainsi, Norwin savait pertinemment que la jeune femme peinait à faire face à la pression, que celle-ci soit provoquée par un danger ou par une hiérarchie pesante.

Vêtu de son lourd manteau de cuir, suivi péniblement par Analya, frêle jeune femme moitié moins grande que lui et qui devait faire deux ou trois pas, là où Norwin n’en faisait qu’un, le chef de la guilde se dirigeait résolument en direction de son bureau, lequel se trouvait à quelques centaines de mètres du lieu de conférence. Il était tellement dans ses pensées qu’il en oublia les règles de galanterie : aider la pauvre Analya à avancer tout en évitant de laisser choir les épais classeurs et documents qu’elle portait. Décidément, elle était bien courageuse cette femme.

Après une course effrénée, ils arrivèrent enfin dans le bâtiment administratif. Ils montèrent quatre à quatre les escaliers pour arriver enfin au deuxième étage, l’étage du premier Cercle. Isha se trouvait dans la salle d’attente, comme convenue. Norwin ne prit pas le temps de lui accorder un seul regard : il soulagea enfin Analya de la tonne de paperasse qui engourdissait ses bras, entra dans son bureau qu’il déverrouilla, et installa les papiers dans une armoire qui avait la place. Analya, elle, entra dans son bureau et se plaça derrière celui-ci, lequel donnait directement sur la salle d’accueil, où rien ne pouvait manquer à ses yeux experts. L’avantage d’avoir un bureau ouvert, c’est que rien ne vous échappe. L’inconvénient, c’est que rien n’échappe non plus aux visiteurs, et l’intimité peut être quelque peu diminuée.

Norwin, après avoir rangé ses documents, prépara le bureau. Il y avait des dossiers liés aux discussions futures avec les Hauts-Généraux, le mini-bar était plein de très bons alcools, et la salle de réunion – dotée d’un grand confort – était prête pour que tout ce petit monde puisse y siéger. Un siège renforcé fut même préparé pour accueillir Anastasia et sa colossale armure. Le but ici n’était pas d’instaurer une quelconque position hiérarchique, ni même de se placer au-dessus de qui que ce soit. Ils étaient tous égaux dorénavant, et il fallait négocier le sortir de cette crise liée à une légionnaire entrée sur l’île, grâce à un militaire devenu traître.

Norwin retourna jusqu’à la porte et convoqua Isha d’une voix ferme et forte. Lorsque celle-ci fut entrée dans le bureau, il referma la porte avant de prendre sa place sur sa confortable chaise en cuir, derrière son large bureau. Il invita Isha à s’asseoir, et lorsque celle-ci s’exécuta, il commença son discours moralisateur :

- Docteur Varlega. Ce qu’il vient de se passer est tout bonnement inacceptable. Vous êtes allé à l’encontre de nombre de principes des Cercles, et par cette exposition en public de faits qui ne relèvent ni de vos compétences ni de votre habilitation, vous faites perdre l’avantage des Cercles sur ces négociations et vous nous mettez nous, et par conséquent, toutes les futures victimes de la future abomination guerrière, dans une fâcheuse position, si ce n’est en péril. Vous venez de donner aux Hauts-Généraux un levier conséquent pour pouvoir contrer le moindre de nos propos. Quoi que vous ayez eu à faire, ou que vous ayez fait pour vous sortir des griffes de cette légionnaire, vous n’êtes d’aucune légitimité ici ! Il frappe du poing sur la table alors qu’il sent un frisson de colère s’emparer de lui. Vous n’êtes qu’une troisième Cercle, Docteur Varlega. Estimez vous heureuse de ne pas avoir eu à leur servir le champagne et les petits fours, sans doute auriez-vous été plus efficace ! Cette pique acerbe et acide était purement planifiée. Il voulait la blesser, la heurter et briser le peu de confiance que son intervention non désirée avait engendrée. Pas pour la faire pleurer, pas par plaisir. La vie de nos professionnels et la pérennité des Cercles ne souffriront d’aucune entrave ni d’aucune trahison. Si nos médecins reçoivent comme consigne de sauver leur vie sur Ekhlen, ce n’est pas pour les mettre en danger ici. Je vous ferais radier de la guilde et du monde médical, si vous ne respectez pas nos règles. Norwin n'était pas sujet à la colère et aux accès de rage. Ardent défenseur de la paix, humaniste convaincue prêchant pour la vie, sa colère actuelle se justifiait par le fait qu'il avait prévu le déroulé de la soirée, de la conférence et de la réunion, jusque dans les moindres détails. Détails et organisation qui furent foulés au pied par Isha l'impétueuse, provoquant sa frustation et sa colère. Est-ce que c’est clair ? Il laisse un temps pour que la jeune femme puisse manifester sa compréhension. Bien. Ce sera votre ultime avertissement. Il y a des dizaines de jeunes femmes autrement plus douées et autrement plus motivées qui attendent votre place et de bénéficier des enseignements et du cadre de la guilde pour pouvoir œuvrer pour les autres et exercer leur métier. Ne l’oubliez pas. Vous n’êtes pas irremplaçable. Conscient que l’esprit d’Isha devait être chamboulé et qu’un message passe toujours mieux lorsque l’esprit de l’interlocuteur est laissé quelque peu au repos, il prit le temps d’ouvrir sa veste pour y dénicher sa pipe en bois, la bourra d’un tabac aux volutes de noisette et de chocolat, et l’alluma tout en tirant plusieurs bouffées de fumées. Puis, il pointa du doigt le mini-bar au fond à gauche du bureau. Prenez-vous un verre, vous allez en avoir besoin.

Si d’aucun savait que Norwin était un être incroyablement droit, dur et stricte, très peu avaient connaissance de ses passions. Outre l’incroyable amitié liée avec sa monture, Celebrian, un Griffon femelle adulte, il avait développé au fil des années une passion pour les alcools, notamment les liquides ambrés et les vins. Très pointilleux, il aimait à savoir les moindres étapes de la distillation, de la fermentation, de la conservation et de la maturation. Ne pouvant s’empêcher de mêler la science à la brasserie ou la malterie, il tentait de comprendre pourquoi et comment tel ou tel matériaux faisait que tel ou tel alcool prenait tel ou tel goût, tel ou tel arôme, avec beaucoup ou peu de tanin, une couleur peu ou très ambrée, un grand ou faible degré d’alcool… Il s’agissait d’une passion purement bénévole, qui ne lui apportait que plaisir et complétude. Très riche, de part son héritage et ses divers revenus, il n’hésitait pas à investir de grandes sommes dans des bouteilles rares où maintes fois primées. Aussi, lorsqu’Isha ouvrit les portes du mini-bar, elle pu voir l’ensemble des bouteilles et des alcools qui s’offraient à elle : whisky, vins, champagnes, cognacs, bourbon et autres liqueurs fortement dosées. Lorsqu’elle revint avec la bouteille et un verre de son choix, et qu’elle s’en servit quelque peu, Norwin revint à la charge.

- Les Hauts-Généraux vont nous rejoindre dans quelques minutes maintenant, mais je n’en ai pas fini avec vous. Je suis extrêmement déçu. Je commençais tout juste à voir quelques compétences en vous, mais maintenant, vous m’apparaissez comme immature. Si vous voulez continuer chez nous, il va falloir vous endurcir et faire preuve d’un peu de jugeote. Relisez le règlement des Cercles et le contrat que vous avez signé en vous engageant. Reliez le bien, car à la prochaine incartade, vous ne serez plus des nôtres. Si votre impétuosité peut être un atout, si les circonstances si prêtes, vous avez encore beaucoup à apprendre quant à sa maîtrise. Vous n’êtes plus médecin du troisième cercle. A partir de maintenant, vous êtes mon assistante. Vous ferez tout ce que je vous dis, et vous exécuterez toutes les missions que je vous donne. Vous n’aurez de compte à rendre qu’à moi ou à Mme Krowles. Vous me seconderais dans mes fonctions, et vous apprendrez. Cela ne vous dispense pas de vos obligations de médecins, aussi, je vous conseil de bien gérer votre emploi du temps. Vous avez 2 mois pour faire vos preuves. Si vous échouez, vous serez renvoyées sans compensation, et vous n’exercerez plus la médecine. Est-ce clair ? Bien. Prenez place dans la salle de réunion, les Hauts-Généraux ne devraient plus tarder.

En des temps ordinaires, un individu doté d’autant de responsabilités et d’autant de compétences était à la fois un être humain et un tyran. Un tyran, car il fallait bien être quelque peu autoritaire pour pouvoir faire tourner cette gigantesque machine que sont les Cercles. Un être humain, car il fallait à la fois écouter les demandes, les besoins et les interrogations, et agir de telle sorte que l’intérêt et le bien commun soient satisfaits. Chez Norwin, ce côté autoritaire était très bien assumé, et il était aussi respecté que craint quand il s’agissait de son travail individuel ou en équipe. Mais pour le côté humain, Norwin avait encore beaucoup de choses à apprendre.

Pour lui, les réactions humaines ne dépendent que d’impulsions nerveuses réalisées par des aires spécifiques du cerveau ou du cervelet, conduisant ces impulsions depuis le crâne jusqu’au bout des pieds, permettant les mouvements et les sensations. La sensibilité, les sentiments, eux, étaient dues à des signaux impliquant l’amygdale, le thalamus, l’hypothalamus et l’hypophyse, lesquels contrôlaient, avec d’autres organes, énormément d’hormones associées aux émotions. Tout n’était donc que faits scientifiques expliqués et explicables, contrôlés et contrôlables, et foncièrement primitifs. Ces aspects de sa vision des choses et de sa personnalité, ajoutés à sa grande stature et son regard vif, créaient une sorte d’aura. Certains étaient honorés, respectueux et s’estimaient chanceux d’être face à Norwin, un chef de guilde, médecin et chirurgien de talent et de renommé, tandis que d’autres n’étaient pas réellement à l’aise et, bien que les compétences soient reconnues, les aptitudes humaines et le côté agréable, eux, étaient absents. Ainsi, certains professionnels ne se trouvaient à proximité de Norwin que parce qu’il le fallait.

Cependant, le fait de diriger cette guilde depuis plusieurs années et d’être au contacts d’êtres humaines dans une situation hiérarchique et médicale, commencèrent à avoir quelques effets sur la personnalités de Norwin, et bien qu’il soit intimement convaincu du bienfondé de sa prise de position et de sa sévérité, l’attitude de la doctoresse et les larmes cachées, les tremblements incontrôlés et la franche tristesse, firent naître en l’esprit de Norwin une étrange sensation peu connue jusqu’alors : il avait des remords. Remorts alimentés par le fait que, d’une manière ou d’une autre, Isha incarnait plusieurs espoirs en lui : l’espoir que ce bout de femme puisse, un jour, devenir un médecin du second cercle accompli sur laquelle il pourrait se reposer. De plus, elle était jeune et très belle, et dotée d’une sensibilité qui, si elle n’était pas forcément bien venue dans le monde médical, faisait d’elle une femme douée de compassion et d’empathie. Cependant lorsqu’elle se leva pour prendre sa place et rejoindre la salle de réunion, il ne fit aucun commentaire ni aucune réaction. Il se contenta de reboucher la bouteille et de s’adonner à ses TOCS : remettre en place le col de sa chemise et de son veston, réajuster les documents de son bureau, bref, être psychorigide.

La suite fut plus simple. Les Hauts-Généraux entrèrent les uns derrières les autres une fois la porte du bureau ouverte. Ils se dirigèrent vers la salle de réunion, passant ainsi devant le bureau en chêne de Norwin qui s’était levé pour préparer un plateau sur lequel seraient servis les cafés et plusieurs alcools, au besoin, plateau qu’il rapporta en salle de réunion avant de s’asseoir auprès d’Isha. De la même manière que lors de la réunion, un côté de la table était occupé par les Cercles, tandis que l’autre, était occupé par les Hauts-Généraux. L’esprit concentré de Norwin, qui planifiait déjà des plans pour pouvoir prendre gagner une éventuelle confrontation, ou pour simplement tirer l’épingle des Cercles du jeu, fut interrompu par la prise de parole de Manfred de Richtofen. Des trois Hauts-Généraux, il s’attendait à entendre Elenor déverser son venin et se délecter des affres que celui-ci produirait. Cependant elle demeura calme et muette, soulignant cependant avec attention et un accord manifeste, les mots prononcés par Manfred. Son regard perçant était, en revanche, toujours aussi pesant.

- Je n’en attendais pas moins de votre part Général. Vous avez des obligations qu’il vous faut remplir et qui ne nécessitent rien d’autre que votre professionnalisme dénué de tout ressenti.

Cette phrase avait pour but de souligner les premiers mots de Manfred, à savoir que son envie d’en finir rapidement outrepasser ce que lui dictait son devoir, à savoir, faire un récapitulatif précis des choses échangées. Ce n’était pas une pique, bien que ses mots aient été prononcés sans aucune forme de procès ou de pitié. Il écouta cependant la suite, avant de répondre, d’abord à Manfred et à Anastasia :

- Ce que vous venez de dire ne m’étonne pas. Ce fameux V.I.P pensait que sa condition lui permettait d’obtenir toutes les faveurs du monde ainsi que tous les droits sur qui-que-ce-soit ou quoi-que-ce-soit. Aussi, cela ne m’étonne-t-il pas qu’il se soit permit d’outrepasser les règles et les règlements sous couvert de sa position et d’un je-ne-sais-quel pouvoir. Quelle ironie du sort que celle-ci : user de sa position pour pouvoir outrepasser les choses et être tué par cette fameuse chose. Je ne doute pas de vos capacités à contrôler vos chiens de guerre, et je ne doute pas non plus que vous puissiez lever le voile sur toute cette affaire. Je ne peux cependant oublier qu’un laboratoire fut détruit, que la doctoresse ici présente fut blessée physiquement et psychologiquement, que le dénommé capitaine Solar fut de nouveau opéré et prit en charge, que l’île entière fut mise en quarantaine durant plusieurs heures, qu’une infirmière est morte et que, dorénavant, nous avons le cadavre de votre légionnaire sur les bras. Sans compter les différents traumatismes de professionnels qui, bien qu’habitués aux affres des expéditions en Ekhlen, ne s’attendaient pas à pouvoir être tués dans leurs services, sur cette île pourtant connue de tous comme étant sécurisée et dédiée à la médecine. J’ai dors-et-déjà envoyé un courrier au conseil de l’union, et comme vous êtes les seuls représentants qui furent envoyés, je pense que nous pouvons discuter du montant des dommages et intérêts.

Puis, à Anastasia seule :

- Le Dr Varlega étant un témoin privilégié, vous pouvez être assurée de son honnêteté et de l’authenticité de son témoignage. Vous aurez cependant repéré sa jeunesse et son manque d’expérience quant à ces situations inhabituelles, ce qui lui est tout à fait pardonnable. Aussi, je vous demanderais de bien vouloir répondre à ses éventuelles questions avec autant d’honnêteté que son témoignage. Je vous en remercie d’avance.

Les choses se déroulaient maintenant avec une redoutable simplicité, et une efficacité typique des militaires de Daënastre. Les Hauts-Généraux s’exprimaient avec justesse et politesse, l’un après l’autre, se complétant de manière assez intéressante. Il y a quelques heures, on aurait pu croire qu’Elenor et Anastasia s’entendaient autant que la poule s’entend avec le renard, avec Manfred en guise de clôture. Mais dés lors qu’il s’agissait pleinement leurs rôles propres, ils étaient réglés comme du papier à musique. Ou peu s’en faut. Une autre chose fut quelque peu étonnante. Si Norwin s’attendait effectivement à ce que Manfred soit la voix de la raison, et même, d’une présence et de paroles rassurantes pour la jeune doctoresse, il ne s’attendait pas à ce qu’Anastasia emprunte également ce chemin, visiblement plus doux que son immense armure renforcée. Si Norwin n’avait pas été presque totalement captivé par la feuille griffonnée à la hâte par Elenor, nul doute qu’il aurait arqué un sourcil interrogateur et se serait montré, pour une fois… Surpris.

L’estimation d’Elenor était bien plus basse que celle de Norwin, mais cela était prévisible. Il fallait s’attendre au fait que l’Union allait, sinon négocier, s’assurer un rabais sur le montant total de la facture. Cependant, la proposition de favoriser l’accord entre les Cercles et l’Union, en réhaussant à 70% le montant total de la facture effectivement remboursée par l’Union, voilà une proposition intéressante.

Bien-sûr, Norwin s’intéressait à l’aspect financier de la problématique. Après tout, il devait s’occuper de la guilde qui, comme tout en ce bas monde, tournait grâce à un nerf principal : celui de l’or et de l’argent. Et il était le seul – ou presque – à devoir se soucier de cette problématique, car la volonté des Cercles était de faire passer la vie – et donc la médecine et la santé – au-dessus des aspects plus que terre à terre, liés à l’épaisseur des bourses d’irys de celles et ceux qui demandent l’aide des Cercles. Inutile ici de présenter le système de financement des Cercles, ce qui est important à savoir, c’est que les professionnels – toute profession confondue – sont suffisamment bien payés sur l’île pour pouvoir s’adonner pleinement à leurs actions et leurs professions, sans avoir peur de la fin du mois. Quand bien même ceux-ci vivent presque tous sur l’île, plusieurs semaines durant. La question du financement de la guilde et de la paye des professionnels ne relève que de Norwin, et un peu tout de même du service comptabilité.

L’idée de déposer officiellement une plainte contre la famille du ponte, bien que séduisante sur certaines formes, ne plaisait pas complètement à Norwin. En effet, si le fameux ponte était une affreuse personne, rien ne dit que sa famille soit également de la même trempe. Peut-être même vivait-elle un véritable enfer à cause des défauts de cet être peu recommandable. Et si l’argent ne semblait pas être un problème pour cette famille, Norwin ne savait pas réellement pourquoi ils devraient payer pour les fadaises et bêtises d’un parent. Malheureusement, après quelques intenses réflexions, Norwin devait bien l’avouer : Elenor avait raison. Le seul moyen de réparer les dégâts sans que cela n’impute plus que de raison les finances des Cercles, c’était une procédure judiciaire officielle.

- Général, je ne vous cacherait pas que je vois d’un mauvais œil l’idée de déposer la famille du défunt face aux autorités judiciaires compétentes dans la juridiction de rattachement. Le deuil d’un parent doit déjà être suffisamment désagréable pour eux, pour éviter d’être de nouveau accablé. Cependant, le geste que vous accordez quant à l’augmentation du recouvrement des dégâts n’est pas à négliger, et bien que l’Union soit responsable de manière directe et indirecte, le souci de neutralité m’oblige à ne pas accabler uniquement l’union dans cette affaire. Il est de mon devoir de penser à la neutralité des Cercles et au bien commun, aussi, j’accepte de lancer une procédure judiciaire officielle auprès des autorités compétentes afin que les préjudices, les dommages et les intérêts, puissent être compensés et versés à qui de droit. Général, je vous remercie de votre estimation.

Du grand Norwin. Une analyse factuelle, une procédure rodée et éprouvée, et une décision tranchée basée sur les statistiques et les articles des divers règlements impliqués ici. La demande d’Anastasia, elle, ne nécessitait pas de se plonger dans les protocoles pour y répondre. C’était plus une question de bon sens, plus qu’une question politique.

- Vous pouvez Général. Répondit-il de but en blanc. Si vous voulez emporter le corps, vous y êtes également autorisé. Nous n’en aurons aucun usage.