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Chroniques d'Irydaë
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 :: Les terres d'Irydaë :: Daënastre :: Hinaus
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 Retrouvaille dans de mauvais hospices

Ruby Nyë
Ruby Nyë
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptySam 2 Nov - 19:58
Irys : 722529
Profession : Âme errante
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20 juillet 934 à Hinaus

Il fallait bien l’avouer, cela plaisait à la jeune femme de jouer les voyous des bas-fond. L’arnaque, la supercherie, les bagarres et l’adrénaline que cela provoquait ne dérangeaient pas la jeune fille. Il faut dire qu’elle s’était trouvé un mentor à la hauteur dans un certain Chafoin qu’elle adulait littéralement. C’était bien un trait qui n’avait pas changé chez Ruby : Elle était influençable et désespérément en manque d’un modèle à suivre, aussi elle s’en était trouvé un en ce grand ours. Ce n’était pas forcément la meilleure décision de sa vie mais elle en avait plus qu’assez de tenter de bien faire les choses. Celui lui avait apporté quoi hein d’être gentille, serviable, charitable, honnête, brave et toute autre connerie du genre ? Que des emmerdes. Alors au diable les bonnes manières, fini de faire semblant, de bien se comporter et tenter de se fondre dans le moule pour avoir une vie tranquille. Tout ça c’était des fadaises, des contes qu’on lisait aux enfants pour les endormir et oublier que sous leur lit se trouvait le croc’mitaine.

Alors Ruby préférait disparaître complètement aux yeux des autres. Elle prenait ce qu’elle désirait, oui, littéralement en se servant, usant éhontément de sa magie à tout va. Changer son apparence, devenir invisible au sens propre, truquer la vision des autres afin de leur faire croire tout et n’importe quoi. Ceux qui osaient tenter de l’intimider elle leur faisait vivre un enfer, un enfer de l’esprit dont ils n’avaient pas la clé de sortie mais elle, oui. Peut importe ce qu’elle voulait faire il ne lui suffisait que de ruses pour l’obtenir. C’était beaucoup plus facile que de faire les choses selon la loi tout en restant honnête et elle-même. Les deux éléments n’allaient pas ensemble. Soit elle devenait un vraie daënare sans magie et ne serait plus jamais Ruby, soit elle s’acceptait complètement mais ne devait exister aux yeux de ces imbéciles qui ne comprenaient rien. La jeune fille avait fait son choix.

Ce jour-là, elle avait parié avec Chaf sur le nombre de vols qu’elle était capable de faire sans se faire repérer. Ce n’était qu’un simple jeu pour elle pour pimenter son après-midi et exercer son don. Elle se glissa sur la place du marché et marcha parmi les passants d’un pas lent.

Ruby était vêtue d’une cape rouge à surmontée d’une capuche qui lui masquait la moitié du visage. Sa tenue était sobre : un chemisier, un short gris et une paire de chaussure d’un noir classique mais comportant une bonne semelle capable d'amortir son poids et de ne pas glisser en cas de course poursuite. La capuche et sa tignasse qui en sortait masquait suffisamment son visage pour qu’elle n’ait pas prit la peine de placer une illusion mais en cas de problème elle pourrait toujours le faire.

Se déplaçant l’air de rien entre les stands, elle fit quelques poches aux passants qui eurent la malchance de la frôler. Mais ce qui l’amusait le plus était de prendre directement sur les étales. Bien sûr cela n’allait pas sans un petit coup de pouce. La mise en place d’une distraction, le fait qu’elle rende les objets invisibles avant de les saisir ou faisant semblant d’en faire tomber et de les remettre en place… Alors qu’elle ne rendait pas tout en réalité. Son petit manège dura tout le long de son parcourt et son sac, placé en bandoulière sur le côté était relativement bien chargé, mais elle comptait effectuer un dernier méfait sur le chemin du retour.

Une femme à la chevelure rousse composée de boucles soyeuses s’avançait dans une allée moins fréquentée et représentait un challenge supplémentaire pour la rebelle en herbe. La jeune fille accéléra le pas pour se rapprocher suffisamment pour la prendre à revers. C’est donc une ruelle adjacente qui lui permit de croiser l’inconnue de face. La sondant de ses yeux gris, Ruby repéra une bourse accrochée à la ceinture de cette femme à l’air austère. Est-ce qu’elle remarquerait l’absence d’un objet précieux dans sa bourse ? La jeune fille était certaine de parvenir à lui subtiliser quelque chose d’intéressant à l’intérieur sans se faire prendre. Marchant d’un pas assuré mais gardant la tête basse pour ne pas attirer l’attention, elle trébucha lorsqu’elles allèrent se croiser et tomba "malencontreusement" sur sa victime. Elle rendit sa main invisible et profita de la confusion pour piocher dans la bourse ce qui semblait être un cristal au niveau de sa texture, mais elle observerait son trophée plus tard. Elle rangea l’objet aussitôt dans sa poche et aida la rousse à se relever.


« Excusez-moi j’ai perdu l’équilibre. »

En se redressant, la capuche avait glissé sur le côté laissant sans doute entre-apercevoir la moitié de son visage mais elle la rabaissa rapidement et entreprit de reprendre son chemin l’air de rien.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptyLun 4 Nov - 11:40
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Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
La neige, encore et toujours, comme une vieille amie qui sans cesse ouvre la voie. Une fois encore, elle drapait le paysage à la manière d'une mère recouvrant son enfant. Cela faisait un an et pourtant rien ne semblait avoir changé. Toujours le même ciel, toujours les mêmes étoiles, toujours les mêmes maisons et toujours les mêmes lumières. Toujours la même route, toujours le même trottoir, toujours les mêmes pavés, mais pas une trace de sa naissance. Le cocon dont elle était sortie, treize mois de cela n'était plus. Il avait disparu, laissant de son apparition qu'une vague remembrance à peine perceptible de ceux qui ont subi son passage.


Ophélia se tenait devant la barrière à pointes qui délimitait les frontières d'une propriété. Au milieu d'une ruelle où seul le vent murmurait, elle observait l'endroit où elle avait rouvert les yeux, affichant un air mélancolique, comme celui que l'on pose sur une tombe. Elle n'avait pas compté les minutes qu'elle avait passées immobile devant cet autel personnel, nul doute que si elle l'avait fait, elle aurait perdu le compte. Il y avait un peu trop de questions dans son esprit. Pourquoi l'avait-on ramenée, était-ce du fait d'une divinité ou bien d'un phénomène purement chimique ? Comment choisir un camp quand deux natures tiraillent une seule conscience ? Après de longues réflexions, la réponse qui lui apparut sembla pourtant claire. Claire comme du cristal.

Elle balança un regard à sa droite, le boulevard était bondé, des gens riaient, semblaient joyeux. Quand l'on fixe un miroir, on ne voit que de la solitude, quand on fixe son idéal, on ne ressent que de la jalousie. Pourquoi eux et pas elle ? Pourquoi n'avait-elle jamais eu le droit à une vie de famille normale ? Un feu de cheminée, un fauteuil confortable, une tasse de thé bien chaud et la neige qui tombe hors de la fenêtre. Un homme à aimer, un enfant à chérir ... toutes ces choses si lointaines qu'elle ne pouvait effleurer qu'en rêve. Mieux valait les balayer, espérer pour des attentes réalistes, à son niveau.

A pas tranquilles, elle fit tapoter ses talons sur les pavés, démarquant sa silhouette de la lumière verticale de la ruelle. Effleurant la bourse à sa ceinture, une onde rousse vint couler le long de ses mèches, colorant à la teinte de l'aube embrasée sa chevelure serpentine. Son oeil bleu prit la teinte de son homologue émeraude, et elle entreprit de simplement marcher dans l'allée, se redirigeant vers un endroit bien précis qu'elle avait une très grande hâte de retrouver. Il y avait des docteurs et des infirmières qu'elle avait besoin de faire payer, juste pour pouvoir dormir un peu mieux. La vengeance ne résout rien ? Ce devaient être des gens sans soucis qui ont énoncé cette phrase, il n'y a qu'eux qui auraient eu le temps de le faire. Ophélia avait la maîtrise nécessaire pour venir à bout de vulgaires vigiles.

Ophé:

Dans toutes ses pensées projetées, l'anomalie ne remarqua pas une jeune silhouette lui rentrer dedans, la faisant tomber et la recouvrant par la même de sa taille. La jeune femme ne dut endurer aucune douleur, son dos ne pouvait pas en ressentir de toute manière, mais un craquement se fit ressentir dans un de ses cristaux. On le confondrait pour un os, de toute manière. Quel genre d'idiote avait autant pu se foirer ? C'était pas une chute anodine ça, et on se retrouve très rarement l'une sur l'autre lorsque l'on se renverse. Quand bien même la vaironne sous apparat ne fut pas écrasée, le contact avec le pavé n'est jamais agréable.

Elle attrapa un soupçon du visage de la petite, une ombre qui fit résonner en elle un souvenir outre la mort. Cette mine avait des airs de pureté qui évoquait la mémoire d'une enfant qu'Ophélia n'aurait pas cru revoir un jour, et à raison, elle était morte avant que le pas de cette dernière ne traverse à nouveau sa boutique. Peut-être qu'elle délirait, mais franchement, elle avait fait bien pire qu'héler à tort une gamine parce qu'elle pensait la connaître. Très bientôt, elle s'apprêtait à faire bien pire. Alors, elle lui attrapa l'épaule, avant qu'elle ne parte. D'un mouvement de l'index passé à sa propre ceinture, l'anomalie fit se soulever une minuscule brise pour lui ôter son capuchon.

- Ruby ?

C'était le nom qui lui était revenu, du moins. Avec une tonalité basse, étonnée et pourtant distante, elle constata l'évidence, devant elle était bien la petite qu'elle avait hébergé des semaines durant deux ans auparavant ... ou était-ce moins ? Vu son aspect, Ophélia ne se serait pas étonnée qu'elle ne la reconnaisse pas, elle l'avait connue brune et vaironne et maintenant elle était ... munie de cheveux blancs ? Une mèche avait volé devant ses yeux et elle en avait constaté la clarté. D'instinct, elle vint toucher la bourse dans laquelle elle avait entreposé sa pierre d'illusion. Elle n'y était plus. Une montée panique de colère s'empara de la jeune femme qui commença à regarder tout autour d'elle, sans voir quoi que ce soit.

- Merde !

Sifflant entre ses dents, elle n'avait vu aucun comportement qui aurait pu trahir quelconque larcin ... à un près. L'immaculée était paranoïaque. C'était un prérequis pour une anomalie, il fallait se méfier de tout et de tout le monde. La seule personne qu'elle avait touchée dans l'intervalle entre la teinte de ses cheveux était la petite bouille innocent devant elle. Alors, l'anomalie s'accroupit et avec un regard aussi sévère que conseiller, elle articula lentement.

- C'est Ophélia. Tu te souviens ? Si c'est toi qui as pris ma pierre, je veux que tu me la rendes, maintenant. J'en ai besoin.

Ce n'était pas une menace, mais ça aurait pu l'être. Il n'y avait rien que la jeune femme détestait plus qu'être prise pour cible par des actes immoraux. Mais elle attendit patiemment au lieu de s'emporter, au nom du bon vieux temps. Rester trop longtemps avec cet apparence, c'était risquer un signalement, elle était toujours recherchée. Cheveux blancs et yeux vairons, c'était un aspect singulier ...

Ruby Nyë
Ruby Nyë
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptyMar 5 Nov - 10:30
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Ruby pensait avoir réussi son coup et repartir sans être dérangée mais la femme qu’elle avait bousculée la retint par l’épaule. Un instant, la jeune fille se figea, prête à réagir brusquement, mais le visage de l’inconnue changea sous ses yeux ébahis. D’un roux sauvages, ses cheveux se peignirent d’un blanc neige et son œil vert vaironna son regard d’un bleu limpide. La petite mage resta donc interloquée lorsque la femme fit souffler sa capuche et n’eut pas le réflexe de modifier ses traits avant qu’il ne soit trop tard. Le regard étrange de l’inconnu s’arrondit en réponse alors qu’elle souffla doucement :

« Ruby ? »

La petite reste figée, incapable de bouger. Non pas que la main était fermement accrochée à son bras mais parce qu’elle connaissait ce regard. Il appartenait à quelqu’un. Quelqu’un de précieux. Une personne qui n’était plus. Et pourtant il était sur le visage de cette mage aux cheveux changeants. Cette personne connaissait le nom de la jeune fille mais ce n’était pas son Ophélia, ce n’était pas possible. Etait-ce un tour abject qu’on lui avait fait ? Comment cette pâle copie pouvait la connaître ?

Alors que la gamine s’interloquait, la femme brisa le contacte en constatant le larcin et quêtant autour d’elle d’un air nerveux. Elle siffla, agacée de constater qu’elle s’était fait avoir, puis elle reporta son attention sur Ruby, qui n’avait pas bougé d’un millimètre. Une simple voleuse aurait profité pour mettre les voiles depuis bien longtemps mais cette dernière avait l’esprit embrouillé. Il ne faudrait pas grand-chose pour qu’elle ne reprenne vie et agisse. Même si la direction de ses émotions était encore incertaine.

L’inconnue eut alors les paroles suffisantes pour ranimer la flamme dans le regard de la petite voleuse. Alors qu’elle s’accroupissait pour se trouver à hauteur égale avec la minuscule jeune fille, elle eut un regard sévère bien trop maternel pour être celui d’une parfaite inconnue, d’autant plus qu’elle osa se définir comme étant Ophélia. Les joues de la jeune fille s’empourprèrent alors violemment. Non pas de gêne mais d’une colère furieuse qui s’emparait de tout son être.


« Ce n’est pas vrai ! » Rugit-elle avec véhémence. « Menteuse ! »

Un an. Deux ans peut être ? Peut importe. Mais elle était seule depuis si longtemps. Elle avait vu sa maison. Détruite, démolie, sacagée. Et rien. Plus rien de son Ophélia. Pas la moindre trace de son existence, balayée à jamais. Ruby avait déjà pleuré toutes les larmes de son corps. Elle avait nié la chose puis haï la terre entière avant de sombrer dans une dépression qui avait faillit l’anéantir. Et puis elle avait remonté la pente jusqu’à faire son deuil. Et là, sous ses yeux, cette femme qui ne lui ressemblait que trop s’affirmait être son Ophélia ? Elle osait lui parler sur un ton dont elle n’avait aucune légitimité ? Prise dans un tourment qu’elle était bien incapable de gérer, elle lui jeta au visage tout ce qu’elle pensait, s’époumonant dans une rage mêlée pourtant d’une tristesse infinie.

« Arrêtez de mentir, vous n’êtes pas elle ! Enlevez votre masque, j’ai bien vu que vous changez de visage ! Vous n’êtes pas Ophélia ! Elle est morte ! »

Ruby baissa le regard vers la main tendit et se renfrogna. Elle tenait à son stupide objet ? Très bien...

« Tenez ! Prenez-le votre machin de malheur ! »

Elle glissa sa main dans sa poche et posa avec rage le cristal dans la main de son interlocutrice, avant de reculer de quelques pas, une expression peinte sur son visage qu’elle n’avait encore jamais eue. Haletant, le cœur battant à tout rompre, elle ne pouvait s’empêcher de dévisager cette femme. Ce visage impossible, qu’elle n’aurait jamais dû revoir. Et pourtant… Pourtant…

Tout autour des deux femmes la neige se mit à virevolter, se transformant en tempête dont le centre du cyclone serait les deux protagonistes. Il s’agissait d’un mirage, bien entendu, mais d’apparence on aurait dit que c’était l’oeuvre d’un mage de l’air qui faisait fouetter avec violence la glace dans un tourbillon infernal capable de blesser quiconque voudrait le traverser.

D’ordinaire, Ruby avait toujours été incapable de maîtriser sa magie sous l’émotion mais elle avait depuis fait quelques progrès, si elle ne pouvait empêcher son don de s’enclencher, elle savait en revanche le modeler selon son souhait. Et là elle voulait montrer toute sa fureur à cette femme. Si elle était vraiment son Ophélia elle saurait qu’elle ne risquerait rien, dans le cas contraire cela voudrait dire que Ruby avait raison et elle n’hésiterai pas à faire payer l’étrangère pour une imposture aussi sadique à son égard.

Ophélia Narcisse
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptyMer 13 Nov - 23:44
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Pérégrins -2
La réaction de l'enfant ... pour peu qu'elle puisse encore être ainsi qualifiée, fit s'esquisser un éclair de surprise chez la vaironne. Devant les grognements, elle recula un visage contrarié, tant par les propos que par le ton donné. Mentir, masque ... morte, tout était vrai, en fait, à un certain degré. Pour la survie au travers de l'ombre, on fait des choses que l'on ne se pardonne pas facilement. Et pourtant, Ophélia s'était expié elle-même de tout remords, il y a longtemps, pour devenir comme celles qu'elle avait admirées. Finalement, elle avait appris à ne se fier qu'à elle-même et ériger des barrières si grandes qu'elles en perçaient les cieux. Malgré leur hauteur, c'était la plus petite des choses qui allait les faire se rompre ? Comme quoi la grandeur ne sert qu'à rendre l'esprit amorphe.

Ruby recula, laissant l'anomalie à moitié accroupie, jambes fléchies seule dans son cercle. De toute évidence la dure vérité, bien qu'elle ne fut que partielle, s'était insufflée dans la conscience de la jeune my'tranne. Le regard dépareillé se jeta sur le flanc de sa propriétaire, le tapis immaculé au sol commençait à s'agiter. Une ronde sauvage commença à apparaître, la poussière blanche rampait sur elle-même, bougeant de son propre gré. Comme un prédateur traque la proie, la neige tournait autour d'elle, pernicieusement, s'accumulant jusqu'à former un véritable maelstrom poudreux au centre de la rue.

Bon sang, la dernière chose dont Ophélia avait besoin, c'était d'attention. Si on la découvrait avant qu'elle ne fasse son oeuvre à l'asile, c'en était fini d'elle. Par précaution, elle laissa glisser l'un de ses cristaux depuis son dos jusqu'au sol. Si les choses tournaient mal, elle la balancerait sur l'un des toits et elle s'esquiverait en vitesse. Mais l'essentiel dans l'immédiat, c'était de calmer Ruby, d'une manière ou d'une autre. Heureusement, l'anomalie n'était plus vraiment affectée par l'angoisse, en passant au travers de la mort et d'autres périples tout aussi pénibles, on finit par ne plus avoir peur de rien, pas même de ce qui nous menace réellement. Or, la situation n'avait rien de véritablement dangereuse, la petite était une prestidigitatrice, pas une sorcière. Rien de ce qui se passait autour n'était réel, quand bien même ce fut magnifique.

Calmement, elle fit un pas en avant, bras longeant le long de son corps. Sa paume gauche serra la pierre qui lui servait à modifier ses traits. Le bijou répondit d'une lueur noiraude, tandis que les cheveux blancs se foncèrent jusqu'à retrouver la teinte qu'elle avait avant qu'elle ne meurt dans cette bassine. Ayant repris son aspect originel, elle risqua une deuxième courte enjambée. Cherchant le regard de la jeune femme, elle articula avec une douce sévérité.

- C'est moi. C'est vraiment moi, petite diablesse.

Elle décolla à nouveau un talon du sol, le reposant en avant tout en déployant délicatement son pas. Penchant le visage, Ophélia arborait un regard qui se voulait persuasif.

- Je SUIS morte, on m'a tuée. Mais je suis revenue, je ne t'ai pas oubliée, je me souviens encore de toi !

Oh que oui, elle se souvenait, une étrangère dans sa boutique, une partie tordue de cache-cache et une conclusion qui n'avait rien à voir avec ses propres prévisions. Quel monstre elle était à cette époque ... et bien que son aspect n'ait plus rien à voir, le monstre demeurait, au fond. Ruby avait toujours eu le chance de ne jamais vraiment le croiser, maintenant, plus que n'importe quand la vaironne espérait qu'elle ne trahirait pas sa vraie nature. Toujours calme, elle tendit le doigt vers la neige en orbite, laissant le bout de son ongle traverser la barrière illusoire. Avec un sourire, elle expira.

- Tes rêves grandeur nature m'avaient manqués, Ruby, même si j'aurais préféré que tu me salues avec la même fleur que la première fois.

Comme un souvenir kinesthésique, le majeur et l'annulaire d'Ophélia s'abaissèrent sur sa paume levée devant ses yeux, remontant doucement jusqu'au dessous de leurs premières phalanges. La vaironne s'agenouilla patiemment sur le sol froid, joignant ses mains au-dessus de l'interstice qui séparait ses deux cuisses. Haussant sobrement une épaule, elle ne fit que conclure.

- Il y a certaines choses que l'on n'oublie pas, ma grande.

Et parfois des bonnes ...

Ruby Nyë
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptyJeu 14 Nov - 21:48
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Ce que l’inconnue ignorait c’était que personne à part elle ne pouvait voir l’illusion de Ruby. La rue était déserte pour l’instant, mais quand bien même, la mage avait fait en sorte qu’un regard étranger n’y voit qu’un échange banal, rien de la dispute et surement pas de la tempête qui faisait rage autour d’elles. Et oui, c’est qu’à force elle s’améliorait la petite… Qui commençait à ne plus être si petite après tout. La tornade de glace qui paraissait être aussi tranchante que du verre n’était qu’un test pour voir si cette femme à la chevelure de neige disait vrai. Et puis, la jeune fille était vraiment retournée. A moitié choquée mais aussi en colère. Elle était prête à basculer dans un sens comme dans l’autre. Soit elle céderait sous le poids des émotions soit elle ferait subir à cette femme les pires traumatismes si elle échouait à cette épreuve. Elle le pouvait. Elle l’avait déjà fait.

La femme se redressa après avoir observé la tempête avec surprise. Cependant, elle ne semblait pas anxieuse. Au contraire, l’inconnue restait le visage impassible et bien qu’une émotion transparaissait malgré tout, Ruby ne parvenait à la comprendre tant elle restait dans le déni. Et puis cela recommença… La femme changea à nouveau. Ses cheveux d’un blanc pur s’assombrirent jusqu’à ce que l’évidence soit complète. Ruby hoqueta, les yeux écarquillés et arrondis sous le choc qui se produisit dans sa poitrine. Elle porta une main à son cœur, le corps tendu à son extrême. Ainsi, la femme était trait pour trait comme son Ophélia. Elle avait ses yeux, ses cheveux… Et… Et sa voix… Qui prononçait ce surnom qu’elle seule lui avait donné.

Un pas après l’autre, elle s’avançait vers Ruby qui resta immobile, incapable de reculer à nouveau. Elle ne comprenait pas. Comment tout cela pouvait être possible ? Cela n’expliquait pas les certitudes de Ruby. Si elle était Ophélia… Pourquoi, par quelle magie était-elle en vie alors qu’elle avait disparue, qu’elle avait été anéantie ? Le fait qu’elle n’ai jamais répondu aux missives de Ruby, puis sa maison soufflée comme un fétu de paille, et ses recherches qu’elle avait mené qui lui avaient donné la même réponse. Comment ? Pourquoi ? La femme ne niait pas le fait d’être morte. Puis revenue ? Tout cela n’avait aucun sens…

Comme avec nostalgie, la femme laissa glisser ses doigts dans la neige illusoire. Un doux sourire flottait sur ses lèvres. Elle avait l’air heureuse voir même émerveillée. Et elle savait pour la fleur. A son tour, Ruby tomba sur ses genoux alors que son illusion se dissipa comme de la brume. Trop de choses concordaient. Mais la jeune fille s’était sentie si désemparée...


« Mais comment… ? » Bredouilla-t-elle, confuse. « Comment peux-tu être en vie si tu es morte ? »

Et puis, qui était-elle maintenant si c’était elle ? Elle était une femme introvertie, joueuse et avec une sorte de naïveté qui avait touché Ruby. Elle qui s’occupait avec passion de ses poupées et s’émerveillait devant la magie, n’avait plus rien de cela. Que s'était-il donc passé ? Pourquoi ne pas avoir donné de signe de vie ? Comment se faisait-il qu’elle soit magique elle aussi, soudainement ?

« Où étais-tu ? » Fut pourtant sa seule question. « Je t’ai cherchée partout. Où étais-tu ?! Pourquoi tu m’as laissée seule ? J’avais tellement besoin de toi… J’ai cru… J’ai cru… Où étais-tu ?!  »

Ruby se prit la tête entre ses mains crispées. Cette question tournait en boucle en elle et il fallait qu’elle l’exprime. Elle avait tant de ressentiments en elle qui ne demandait qu’à sortir. Peut-on seulement mesurer le lien qui lie deux êtres ensembles ? On dit qu’il n’y a rien de plus puissant que l’amour et même si Ruby n’était une enfant de rien, de personne, même si elle n’était qu’une âme errante, elle avait aimé Ophélia comme on aime une mère. Oh on peut en rire. Qui était-elle pour affirmer qu’une relation de quelques semaines, deux mois tout au plus, pouvait importer à ce point ? Ophélia l’avait traitée comme jamais elle on ne l’avait fait auparavant, avec amour, tendresse et complicité. Pouvait-on blâmer Ruby d’avoir voulu avoir un foyer elle qui n’étais qu’une enfant abandonnée et d’y avoir cru de toutes ses forces jusqu’à la désillusion la plus totale ?

« Je croyais que je comptais pour toi. »

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptyLun 2 Déc - 11:34
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Arrondissant sa lèvre basse, la vaironne laissa filtrer un souffle subtil, signe indicible de son soulagement lorsque l'illusion était tombée. Elle savait pertinemment que contre les adeptes du Menteur, il ne fallait jamais se préoccuper de ce qui semblait être, mais elle savait très bien de quelle manière ce genre de stimulations pouvaient l'affecter. Si ces manifestations s'étaient prolongées, il aurait été possible qu'elle perde le contrôle, par frustration. Heureusement, l'anomalie n'avait plus rien à voir avec l'idiote qui pleurait de ces hallucinations, bercée par la bêtise d'une vie orpheline. Elle avait grandi, appris la maîtrise et y trouvait un réconfort bien plus approprié que l'expression compulsive.

La confusion de l'enfant était palpable, compréhensible, surtout, mais Ophélia n'avait aucunement l'intention de laisser ça l'atteindre. Dans sa rigidité, bien qu'elle n'ignorait pas les questions de son ancienne protégée, les regards soulevaient des inquiétudes bien plus grandes encore dans le coeur de la vaironne. Hinaus était l'endroit où elle était le plus recherché en Daenastre, sous le profil de Nima, cheveux blancs, yeux dépareillés. Bien qu'elle ait viré au brun, les yeux urbains n'étaient pas dupes, au moins une personne dans la rue devaient l'avoir vue changer de couleur. Baladant un regard sévère sur les passants, elle se releva, tendant une main ouverte à la jeune fille, comptant bien qu'elle la saisisse.

- Viens.

Elle la tira hors du boulevard dans une ruelle qui était bien mieux cachée que le panorama découvert de la route aux commerces. Bien qu'elle ait vraisemblablement d'abord ignoré les mots de Ruby, ils résonnèrent néanmoins en elle lorsqu'elles furent hors de portée des observations indiscrètes. La vérité n'était pas une issue acceptable ... du moins, si la petite était une inconnue. Les my'trans n'ont pas pour habitude d'apprécier les anomalies, Ophélia en avait fait les frais à de très nombreuses reprises sur le continent occidental. Heureusement, elle était familière avec la petite, alors des explications franches paraissaient bien plus appropriées.

Après un instant à la sonder du regard, la vaironne secoua la tête, incrédule. Passant sa main derrière la nuque de la petite, elle l'attira contre elle en une brève accolade qu'elle voulait témoin de son affection intacte. Glissant ses doigts sur les joues de la jeunette, l'ancienne boutiquière fixa ses pupilles dans celles de la petite, insistant avec un ton ferme.

- On ne m'a PAS. Laissé. Le choix.

Oeillade à droite, à gauche, personne n'observait. Entre les plis de son manteau, Ophélia chercha un bouton et l'arracha, dévoilant une partie de sa peau pâle comme la neige. Ecartant les deux bords de son habit, elle démasqua l'impact qu'avait laissé la balle sur son thorax, caractérisé par un croquis si laiteux qu'il en devenait presque lumineux. Comme une vitre brisée, ces marques se répandaient en étoile sur le reste de l'épiderme. Se redressant, l'anomalie referma son vêtement, articulant avec un calme impérieux.

- Tu peux fouiller mes souvenirs, si tu veux savoir ce qu'il s'est passé, mais je te le déconseille. C'était très douloureux. Et fatal.

En guise de conclusion, Ophélia mis son épaule à nue, laissant les cristaux sur son omoplate droit briller sous la lueur des lampadaires. Elle les dissimula à nouveau dès qu'elle les eut dévoilés, personne ne devait voir sa vraie nature, ici, comme nul part ailleurs. Tout ça devait avoir achevé de convaincre la petite que, si elle était partie, ça n'était pas volontairement. La mort est une chienne très persuasive.

- Maintenant, écoute-moi, après qu'on m'ait tuée, j'ai été réanimée ici, dans cette ville. Des médecins m'ont prise et m'ont fait des choses horribles. C'est pour ça que je suis là, mais je ne veux pas que tu me suives, compris ?

Ses paupières se serrèrent alors.

- Depuis quand est-ce que tu voles les gens, de toute manière ?!

Ruby Nyë
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptySam 7 Déc - 15:28
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Ophélia resta froide, impassible face à cruelle souffrance de son ancienne protégée. Ruby aurait dû être heureuse, rire à gorge déployée et lui sauter au cou en pleurant de joie de la savoir vivante, c'est vrai, mais elle n'était plus une enfant naïve et ingénue. Le retour de cette femme si chère à son cœur lui renvoyait une réalité qui la blessait profondément : Elle avait survécu et refait sa vie sans Ruby, sans même lui signifier qu'elle n'avait pas à s'inquiéter pour elle. Cette idée laissait une amertume croissante dans le cœur de la mage. 

Pourtant la jeune fille restait encore hébétée, incapable d’ordonner son esprit et la tornade d’émotions qui sévissait en elle. C’est sans réfléchir qu’elle se saisit de la main tendue de celle qu’elle considérait comme sa mère. Les foulée de la petite femme s’articulèrent avec automatisme bien que ses doigts fins raffermissaient la prise sur la chaude main de la vaironne. C’était une ancre à laquelle elle s’accrochait avec force et que pourtant Ophélia lui reprit lorsqu’elle s’arrêtèrent dans une ruelle étroite. Mais après l’avoir sondé du regard avec insistance, l’ancienne boutiquière se saisit de sa protégée dans une étreinte bien qu’assez expéditive avant que la chaleur de sa paume ne vienne réchauffer le visage blême de Ruby.

Les justification qui s’ensuivirent ne laissèrent pas la jeune mage indifférente. Si elle ne comprenait pourquoi Ophélia se justifiait de ne pas avoir eu le choix, ses yeux s’arrondirent lorsque la femme s’extirpa d’une partie de ses vêtements pour lui dévoiler une cicatrice perturbante. Un impact de balle, des sillons qui se propageaient sur sa peau de porcelaine jusqu’à former des cristaux. Ruby entrouvrit les lèvres dans une mimique interdite, ses yeux de chat d’autant plus agrandis, et déplia son bras gauche pour le tendre vers la meurtrissure du corps mais elle se ravisa, rabattant sa main contre son propre cœur. Ces cristaux… Ses instructrices lui en avaient déjà parlé mais Ruby pensait que les anomalies relevaient du mythe, que ce n’était que des histoires pour effrayer les enfants et les pousser à rester dans le droit chemin.

Ophélia avait dû subir bien des épreuves et un calvaire sans fin depuis ce qu’elle appelait sa mort, mais Ruby était toujours à des années lumières d’appréhender la situation dans son ensemble. Elle était bien trop choquée pour ce que cela impliquait pour elle et ne parvenait pas à se détacher de ses sentiments qui s’ordonnaient doucement dans une direction que Ophélia n’avait pas soupçonnée. Serrant le poing calé contre sa poitrine, elle écouta les propos de la femme, partagée entre l’indignation que des gens aient fait du mal à son Ophélia et sa propre colère quant à l’attitude de celle qu’elle aimait si fort.

Ce fut les derniers propos qui tirèrent Ruby de son mutisme. Elle releva le menton, se pinçant la lèvre inférieur de sa canine gauche dans dernier geste pour tenter d’empêcher ses émotions négatives de l’envahir. Mais elle s’insurgeait devant l’air si hautain et distante de celle qui avait défié la mort. Elle n’avait aucun droit de la juger ni de dicter sa vie. Ce droit elle l’avait perdu dès l’instant ou Ruby avait parvenu à faire son deuil de son être si cher à son cœur.


« Qu’est-ce que ça peut te faire ce que je fais ?! » Siffla Ruby entre ses dents serrées. « Je ne te permets pas de me prendre de haut et de me juger. Et encore moins de t’octroyer le droit de me donner des ordres ! »

La jeune femme se dressait de toute sa hauteur devant l’anomalie, planta son regard sauvage empli de défiance dans les yeux vairons autrefois cachés aux yeux du monde mais pas à sa protégée. De toute évidence Ophélia la considérait toujours comme une enfant que l’on tient écarté pour ne pas risquer d’effrayer. Ruby était petite, frêle, mais tellement plus forte que ce que tout le monde voulait le croire et qu’elle-même avait osé oublié fut un temps. Il en était assez.

« Des gens t'on fait du mal et tu veux y retourner, sans moi ? Hors de question. Moi je ne t'abandonnerai jamais ! Je ne l'ai jamais fait ! Sais-tu seulement combien de lettres je t’ai adressées lorsque je me suis absentée ? Sais-tu combien de temps je t’ai cherchée alors que tout me poussait à croire que tu n’étais plus ? Te rends-tu seulement compte que pour la stupide orpheline que je suis tu étais ma seule famille et que ton absence m’a totalement anéantie ?! Et tu crois que parce que tu reviens de nul part et que tu me traites avec condescendance je vais te laisser m’abandonner à nouveau ?!  Et pourquoi d’ailleurs ?! Je t’ai toujours acceptée telle que tu es, ton regard si particulier, tes peines et tes peurs… Je ne t’ai jamais jugée. Et tu crois que d’avoir survécu à la mort pouvait changer ça, que ça te donnait le droit de me laisser en poursuivant ton chemin sans moi ?! »

Le souffle haletant et les joues empourprées, la jeune fille se tut, laissant un silence planer entre elles. Dans son élan, elle s’était à nouveau saisit des mains de son interlocutrice dans une prise ferme mais désespérée. Elle refusait de la lâcher. Plus jamais.

« Tu veux m’éloigner de toi ? Vas-y, forces-moi. »

Ophélia Narcisse
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptySam 7 Déc - 19:19
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Pérégrins -2
Les réactions de Ruby étaient étranges, la vaironne ne prétendait pas pouvoir les comprendre, elle en doutait énormément. Etait-ce vraiment devant elle, l'enfant qui avait joué à cache-cache tandis que s'étaient enveloppées des ténèbres sur un lieu que beaucoup jugeaient de sinistre, sombre. L'innocence de la gamine semblait avoir été ternie, par quoi, c'était ce qu'Ophélia cherchait à savoir, il devait y avoir une cause à ces changements, une raison pour laquelle l'amour qu'elles se portaient autrefois s'était changé en ... ça. Comment décrire avec exactitude ces réactions ? Ce n'était pas de la haine, de la rancune, certainement, mais ne comprenait-elle pas qu'il y avait à jeu, des facteurs bien plus puissants que l'anomalie ? En tant que femme, que daënare, elle n'avait jamais trouvé le contrôle sur sa propre vie, il avait toujours été octroyé à quelqu'un d'autre qu'elle. Son père, sa folie, sa solitude, sa mort, son retour, ses médecins ... tant de choses dont la vaironne se serait joyeusement débarrassé.

Evidemment qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle ne voulait pas qu'elle soit suivie, il n'y avait pas assez de détails qui impliquaient que, une fois qu'elle aurait trouvé ses bourreaux, Ophélia les anéantirait. Elle les détruirait, à la mesure de ce qu'ils lui ont fait. Elle trouverait sa vengeance, ça oui, mais comment assumer ça auprès d'une enfant à qui l'on tient autant ? Si elle l'avait oublié sans avoir le choix, c'était pourtant bien par sentiment du devoir que la vaironne se sentait de la mettre à l'écart de toute cette folie. Ce n'était pas ce qu'une fille aussi jeune devrait endurer, ni même voir, parce que, ce qu'elle allait faire, elle ne comptait laisser ça dans le cadre de la subtilité.

Maintenant, comment lui expliquer ... tous ces reproches donnaient à l'anomalie une sensation de chagrin qu'elle aurait préféré ne jamais retrouver. Si elle n'avait plus versé de larme pendant de longs mois, c'était grâce à cette carapace qui la protégeait de ses états d'âmes. Et, là, maintenant, les accusations de Ruby lui donnaient envie de verser des larmes inutiles. Merde, elle n'avait rien choisi de sa vie ! Et le peu qu'elle avait put saisir, c'était pour se préserver et préserver ceux qui comptaient pour elle qu'elle l'avait fait ! De toute manière, même si elle avait essayé de retrouver la petite, elle savait pertinemment que, dans l'immensité de ce monde, la seule raison qui les aurait poussées à se retrouver, ç'aurait été le hasard. N'avait-elle pas eu raison, finalement ?

Mais lorsqu'elle lui saisit les mains avec cette expression passionnée, Ophélia détourna les yeux, laissant, contre son gré s'échapper une goutte de sa paupière droite. Elle gardait un visage droit, ferme, fixé à sa gauche comme pour éviter que quiconque ne la voit ainsi. Pleurer était une faiblesse, elle ne devait plus jamais s'y abandonner, le chagrin lui avait fait trop mal par le passé. Mais évidemment, Ruby était une incarnation de la mémoire émotionnelle de l'anomalie, comment pouvait-elle y échapper, si revenait au présent ce qu'elle avait laissé sur son sillage ? Soit, s'il fallait assumer les faits pour qu'ils coupent moins, alors la vaironne se déciderait à laisser un peu de sa fichue dignité de côté pour l'enfant qu'elle aurait cent fois recueillie.

Les coins de bouche tremblants, elle essuya sa propre larme d'un passage rapide de l'épaule sur sa joue. Baissant le visage, elle chercha des mots appropriés, sans vraiment savoir si c'était ce dont la jeune fille avait besoin. Elle ne fit que murmurer.

- Je n'ai pas eu le choix ... Elle leva le visage, répétant avec une voix tremblante. - ... je n'ai pas eu le choix.

Elle ne savait pas comment lui expliquer, elle ne savait même pas si elle le devait. La dernière personne à qui elle avait confié ce secret était un homme empli de folies et qui voulait l'utiliser comme d'un appât ... affaire en suspens s'il en était. Mais Ruby n'était pas "tout le monde", bon sang, alors pourquoi est-ce que c'était si dur de tout lui dire ? Peut-être était-ce, parce qu'au fond, si elle devait décrire tout ce qui s'était passé après sa mort, la petite n'aurait jamais accepté que telles personnes puissent subsister. Tant par désir de protection que désir de vengeance personnelle, Ophélia n'accepterait jamais d'être celle qui encouragerait l'enfant à passer à l'acte. Elle ne connaissait que peu de choses du passé de la petite, mais elle ne lui apparaissait pas comme le genre à avoir déjà mis fin à une vie.

- Je suis désolée de t'avoir laissée seule. Avec ce qui me poursuit, je préfère ne pas devoir mettre à risque la vie de qui que ce soit ... elle prit une grande inspiration. ... à part la mienne.

Son visage se rétablit de son passage momentané dans les bras d'une émotion un peu trop vive. Il n'y aucune sensation plus forte que les reproches répétés d'une personne qui compte pour soi, encore plus lorsqu'ils sont motivés par une bonne intention.

- Allons voir ces gens ensemble, d'accord ? Elle sourit avec une tendresse qu'elle voulait sincère. - Où est passé ton animal ?

Ruby Nyë
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptySam 14 Déc - 11:47
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Les propos de Ruby secouèrent la vaironne au point qu’elle ne laisse échapper une larme. Cela eut pour effet de stopper la tornade intérieure de la jeune fille, qui se rendit alors compte de la dureté de ses mots. Mais pourquoi se sentait-elle coupable de peiner Ophélia ? C’était elle qui l’avait abandonnée, elle devait bien le lui faire comprendre. Non ? Pourtant face aux tremblements de sa mère adoptive Ruby se sentit mal à l’aise. La fissure dans ce masque d’indifférence n’avait rien de libérateur, ce n’était qu’un moyen d’atteindre la brune, qui était à présent aussi blanche que la neige. L’absence, l’incompréhension et ses propres tourments avait déclenché une rage qu’il avait été si facile de diriger contre Ophélia… Et à présent celle-ci se retrouva obligée de se justifier, s’excuser.

« Je n'ai pas eu le choix... Je n'ai pas eu le choix. » Bredouilla-t-elle l’air désemparé. « Je suis désolée de t'avoir laissée seule. Avec ce qui me poursuit, je préfère ne pas devoir mettre à risque la vie de qui que ce soit ... A part la mienne. »

Ruby serra les dents en retroussant les commissures de ses lèvres si bien qu’elle en dévoila ses canines. Des gens qui la poursuivaient ? L’obligeaient à risquer sa vie ? Ces paroles résonnèrent dans l’esprit, ranimant la flamme au creux de la mage qui ne demandait qu’à brûler tout sur son passage. Mais il était préférable que la rouquine dirige sa colère vers une autre source que son Ophélia bien-aimée, qu’importe si elle ne saisissait pas encore de qui il s’agissait et pourquoi. Hochant vivement la tête, Ruby répondit à la question de son adorable protectrice.

« Je ne laisserai personne te faire du mal. » Affirma-t-elle avec applomb. « Qui sont ces gens qui te poursuivent ? Pourquoi ils t’ont fait ça ? Je les laisserai pas s’en prendre à toi… C’est eux que tu vas voir ? Oui je viens avec toi, je te laisserai pas toute seule ! »

Elle plongea ses immenses yeux gris dans le regard de son interlocutrice, affichant un air plus déterminé que jamais avant de se rendre compte qu’une deuxième question avait été posée. Son animal?

« Lamya ? Je l’ai laissée en lieu sûr. Chez moi. » Dans son taudis qui lui servait de maison à vrai dire. « Ne t’inquiètes pas pour elle. Et puis c’est toi qui m’importe, je veux comprendre… Qu’est-ce qu’il s’est passé exactement ? Comment tu es… Morte, et puis plus ? Et pourquoi ils ont fait ça et qu’est-ce qui t’effraie à ce point ? Ce danger, c’est quoi ? Je peux tout entendre, tout. Et je le dois… Parce que ce que je ressens, là... » Elle posa la paume d’Ophélia sur son cœur. « Cette rage, cette rancœur… Je peux pas le supporter… Pas envers toi… »

Elle  baissa le regard, le dirigeant sur le sol. Son innocence avait disparut depuis bien longtemps, arrachée par petits morceaux. Ruby était bien loin de l’enfant naïve et joueuse d’avant, elle était depuis confrontée à la dure réalité d’une vie injuste et cruelle mais il lui restait encore quelques bribes d’espoir encrées en elle. Des gens sur qui compter, une mère qu’elle retrouvait et pour qui elle ferait n’importe quoi. Mais encore fallait-il qu’elle comprenne.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptyMer 25 Déc - 12:38
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Pérégrins -2
Un soupir s'échappa des lèvres dépitées de la vaironne. Elle aurait dû se douter que la curiosité de la petite ne saurait jamais se satisfaire d'être ainsi mise en suspens, quand bien même elle avait essayé d'être le plus conciliante possible. Il semblait qu'elle allait devoir jouer avec le flot sans se laisser emporter. Quoi qu'il arrive, elle demeurerait maîtresse de la situation, car, autrement, tout s'effondrerait et son existence n'aurait pas plus de sens que celle d'une poupée sans fils. Ruby posait tant de questions ... elle était blessée, c'était normal qu'elle lui en veuille ... sans doute. La véritable inquiétude d'Ophélia était son insensibilité par rapport à ça, comme si ce n'était qu'un fait, qu'une froide constatation sans saveur. Elle tenait à l'enfant, oui, mais tout ça lui paraissait si loin.

Regardant avec dépit sa propre paume que la rouquine avait posé sur son buste, elle dessina un bref sourire en coin au bord de ses lèvres, avant de baisser les yeux. L'asile n'était pas loin, mais il fallait bouger, elle ne voulait pas que l'on repère sa présence, tout tournerait au chaos si l'on voyait sa chevelure et ses pupilles. Alors, doucement, elle prit la main de Ruby, le temps de s'assurer qu'elles ne restent pas ici. Cela signifiait aussi qu'elle l'emmenait là-bas ... mais ce problème, elle le réglerait plus tard.

- Suis-moi, je vais t'expliquer en chemin.

Elle dévala la ruelle, jusque dans une autre, traversant ainsi tout un réseau de minuscules allées, tout durant lequel elle expliqua.

- Je n'étais pas une femme de bonté lorsque l'on s'est rencontrées, j'avais déjà tué des gens avant même que tu ne poses le pied dans ma boutique. J'étais ... malade. Elle ne semblait pas y croire, mais pourtant, c'était la vérité. En mars de l'année dernière, un homme m'a agressée dans ma boutique ... enfin, s'est défendu de moi et a réussi à m'échapper. Par colère, j'ai été réquisitionner l'armée, et là-bas, ils avaient découvert mes crimes, alors, après avoir récidivé ...

Elle s'arrêta un instant de parler, regardant au coin d'une autre ruelle pour voir si la voie était libre, tant pour poser le pas que pour élever des mots qui n'auraient convenu à personne. L'anomalie n'était déjà pas sûre qu'ils conviennent à la petite. Peut-être étaient-ils trop cruels de réalité, mais elle avait bien demandé de tout entendre.

- ... en tuant deux des leurs, ils m'ont abattue d'une balle en plein coeur. Elle garda un silence le temps de reprendre son souffle. Trois mois plus tard, je me réveillais dans un cocon blanc à quelques rues d'ici, et des gardes m'ont emmenée là où je t'emmène, à un asile, l'établissement Hoffnungslos.

Un nom étrange, à la signification obscure. Même dans les quartiers pauvres de Vereist, ceux d'où venait Ophélia et là où l'accent était prononcé, on n'avait pas inventé pareille appellation. Quoi que ça pouvait être, la vaironne se doutait bien qu'il s'agissait d'un nom froid, cruel, qui n'avait pour portée que l'utilité d'un patient pour son médecin, et non l'inverse. Yshkarès n'avait jamais servi la médecine après tout, seulement la science, et encore ...

- On m'y a enchaînée, électrocutée, saignée, étouffée, droguée et j'en passe. Les médecins là-bas cherchaient un remède à ma maladie, mon anomalie, sans succès. Ce qui me poursuit, ce ne sont pas des gens, Ruby, c'est un Régisseur. Crois-moi, si je pouvais le tuer je l'aurais fait depuis longtemps. C'est une condamnation, une sentence de mort prononcée par les dieux, on n'y échappe pas à moins de mourir de sa propre main. Et encore, ça ne préserverait que ma fierté ...

Sortant d'une ruelle, elles arrivèrent à un semblant de parvis assez large et vide. Une clôture de pointes se dressait en face, dessinant un maigre couloir d'herbes hautes, entre lesquelles se dressait une immense bâtisse carrée aux fenêtres barrées et aux portes massives. Ophélia savait très bien ce qu'il y avait à l'intérieur, c'était bien pour ça qu'elle était là.

- C'est ici. Elle se retourna vers la petite. Lorsque je me suis enfuie, j'ai tué mon infirmière et mon docteur, mais il en reste plein encore, avec des intentions tout aussi néfastes. Je ne compte pas les tuer, mais je suis bien résolue à faire s'évader tous ceux qu'ils ont torturés. Si je ne voulais pas que tu me suives, c'est parce que ce que je m'apprête à faire est extrêmement dangereux. Tu comprends ?

Son ton était très doux, sincère aussi. Si elle avait mis ses émotions sous cloche, elle en gardait tout de même une parcelle pour orner sa voix, car un discours sans sentiments, ce n'est rien d'autre que de belles paroles.

Ruby Nyë
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptyJeu 26 Déc - 16:15
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Enfin Ruby allait pouvoir donner du sens à l’absence de sa mère de substitution et pouvoir s’expliquer des changements qui s’étaient produits chez la femme qu’elle aimait tant. Elle obtempéra sur le champ lorsqu’elle lui demanda de la suivre car ce n’était qu’ainsi qu’elle obtiendrait des réponses.

Trottant d’un pas rapide, Ruby jetait régulièrement des regards autour d’elle. Le fait d’accompagner Ophélia ne la dérobait pas à ses réflexes d’analyser le chemin parcouru et ce qui l’entourait. Par expérience la jeune fille avait comprit qu’il fallait toujours rester sur ses gardes. Personne n’est à l’abri d’une mauvaise surprise : Un vol, une attaque… Un kidnapping. La vie dans les rues est instable, précaire et dangereuse.

Heureusement, Ophélia avait largement la distraire avec son incroyable histoire. Elle lui confia, peut être à regret mais sans hésiter, qu’elle avait été une femme horrible. Une tueuse sans âme. Ruby ne l’avait jamais envisagée ainsi mais cette déclaration ne l’effraya pas pour autant. Oui, Ophélia avait toujours été quelque peu étrange, recluse et terrifiée par le monde extérieur. Sans doute cela l’avait-il poussée à commettre l’irréparable… Ou bien était-ce la raison qui l’avait rendue si solitaire. Peut importe. La jeune mage ne voulu pas accorder une importance à ces faits. Après tout elle avait souvent côtoyé des tueurs et ce n’était pas forcément des gens mauvais. Cela dit c’est exactement à cause de la violence intérieure de la jeune femme qu’elle couru à sa perte.

Cependant… Pour une mystérieuse raison Ophélia avait survécut. Mais si elle avait changé depuis ce n’était qu’à cause de ces choses horribles qu’on lui fit subir ensuite. Un asile. Dans cet asile, là, devant elles, on avait torturé sa bien-aimée vaironne. Enchaînée, électrocutée, saignée et d’autres choses que la jeune fille ne retint pas tant la sourde colère bouillonnait déjà dans ses veine. Pourtant l’instant suivant, le sang de la fillette s’était glacé. Un Régisseur. Il n’y avait rien de plus effrayant que ces chasseurs d’anomalies… Mais pendant longtemps Ruby avait nié de but en blanc leur existence. Mais Ophélia était une anomalie et elle affirmait le fuir. Et Ruby la croyait sur parole.


« C'est ici. » Déclara Ophélia, s’arrêtant devant des grilles. « Lorsque je me suis enfuie, j'ai tué mon infirmière et mon docteur, mais il en reste plein encore, avec des intentions tout aussi néfastes. Je ne compte pas les tuer, mais je suis bien résolue à faire s'évader tous ceux qu'ils ont torturés. Si je ne voulais pas que tu me suives, c'est parce que ce que je m'apprête à faire est extrêmement dangereux. Tu comprends ? »

Le feu dans les veine de Ruby ne fit qu’un tour, enflammant à nouveau son corps. La vaironne n’était pas la seule à avoir évolué.

« Je comprend. » A son tour, Ruby rendit sa voix plus grave et sérieuse. « Ce n’est pas la première fois que je suis confrontée au danger. Mais je l’ai toujours affronté plutôt que de m’y plier et jusqu’ici personne n’a réussi à me dompter. Ça ne commencera pas ici, bien au contraire. Je vais t’aider à les sauver. »

Il y avait plus que cela. Ruby agissait toujours comme bon lui semblait et aider des gens était la bonne solution. Mais elle le faisait pour Ophélia, surtout parce qu’elle pouvait leur faire payer la souffrance qu’ils lui avaient causé. Elle ne les tuerait pas. Ruby n’avait jamais tué et ne le ferait sans doute jamais. Mais elle usera de sa magie, la déplorait comme jamais encore elle ne l’avait fait. Fini les jolies fleurs. Elle leur ferait vivre un chaos, une torture de l’esprit, la folie pure.

« Et ces… Docteurs… Je les ferai souffrir au passage. Je me fiche bien de ce que tu as pu faire ou être par le passé. Tu ES ma famille Ophélia. »

Ophélia Narcisse
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptySam 4 Jan - 14:44
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L'attitude de Ruby était ... étrange. Sa réaction s'écartait radicalement de l'innocence petite qu'elle avait connu, il y a longtemps dans sa boutique. Bien sûr qu'elle l'avait soupçonné, mais lorsque l'on voit une fois l'enfant, jamais il ne s'en va. C'était comme ça, lorsque l'on connaissait le meilleur d'une personne, la lumière nous aveugle et tout ce que l'on voit, c'est ce qui la projette, qu'importe la masse d'ombres qu'elle dissimule. Que la petite l'aide ne la dérangeait pas, bien au contraire. Ophélia savait ce dont elle était capable et elle ne pouvait pas nier que ce serait très utile. La seule inquiétude, à part les balles, de a vaironne, c'était les engins à l'intérieur. Il y avait un bon paquet de machines et outils technologiques là-dedans, quand bien même ça ne serait qu'une inconvenance, les nausées n'étaient pas agréables selon ce qu'elle avait entendu à My'tra.

La dernière remarque de Ruby, en revanche ... elle lui valut une absence complète de réaction de la part de l'anomalie, mais elle n'en pensait pas moins. Infliger la douleur était ce qui lui avait valu d'être ainsi damnée, jamais la cristallisée ne souhaiterait ça pour la jeune fille. Quand bien même ça partait d'un bon sentiment qui, en d'autres circonstances, aurait réchauffé le coeur de l'immaculée, elle ne pouvait pas accepter d'être celle qui ferait une tortionnaire de la fillette. Mais pour l'instant, mieux valait ne rien dire, elle se contenta de lui flatter le haut du crâne avec un air légèrement satisfait. La contrarier était inutile, si elles allaient faire ça, elles allaient devoir se concentrer et aucun écart n'allait être envisageable.

- Suis-moi, ne fais rien pour l'instant.

Comme un voile apposé, la couleur des cheveux et des pupilles d'Ophélia se cala sur celles de Ruby. Elle avait déjà essayé le brun bordé de roux, mais avec des yeux pareils, ça lui donnait un air complètement différent. C'était peu subtil, mais au moins, elles auraient l'air d'une famille un peu excentrique, et non des fouteuses de troubles. Comme le pensait souvent la vaironne "mieux vaut avoir l'air stupide que coupable", et il fallait bien souligner qu'elles étaient là en tant que soeurs ... la plus vieille des deux avait l'air trop jeune pour qu'elle puisse être la mère d'une fille aussi grandie. Après son séjour ici, c'était presque comme si elle connaissait l'endroit comme le fond de sa poche et elle savait exactement quel nom invoquer pour pouvoir passer la vigile à l'entrée. Elle s'approcha de la femme en service, qui les héla.

- Vous désirez ?
- Nous sommes là pour une visite.
- Quel nom ?
- Jerkins.
- Vous êtes les filles de Liam ?
- C'est ça.
- Nous ne vous avions jamais vues, auparavant, il parle beaucoup de vous, vous savez. J'ai peur que ça lui fasse un choc ... vous pouvez entrer, le réceptionniste vous donnera le numéro de sa chambre.
- Merci.

Sacré Liam ... il ne lui avait pas facilité la tache, lorsqu'elle s'était échappée de cet enfer. Au lieu de sortir, il avait lui-même refermé la porte de sa cellule, cet imbécile, maintenant, Ophélia était bien contente d'avoir attentivement écouté lors de ses promenades dans la minuscule cour. C'était un vieux bonhomme qui avait toujours bredouillé quelque chose sur une femme qu'il avait tué et deux enfants qu'il avait laissées derrière. Enfin, ce clown s'était avéré utile. Après avoir fouillé le duo, la vigile déverrouilla la porte et poussa le battant pour les laisser passer.

A l'intérieur, rien n'avait bougé, tout était comme la vaironne s'en souvenait, seuls les visages étaient différentes. L'homme de l'accueil n'était plus le même qu'à l'époque, et nul doute que le médecin en chef était lui aussi différent, après tout, le dernier en date était désormais décédé. Le hall d'entrée n'était pas gardé par une autre personne que le réceptionniste lui-même. Mieux valait rester sage, pour le moment. Elles n'avaient aucune protection et selon les estimations de la vaironne, en se basant sur sa dernière visite, il y avait au moins quatre membres de la sécurité à l'intérieur, sans compter l'homme derrière le bureau en face et la personne devant l'entrée.

- C'est pour ?
- Une visite.
- C'est à quel nom ?
- Jerkins.

Il sonna une clochette, gardant son air désabusé au visage. Un homme armé d'un fusil les rejoignit dans la salle.

- Rodrig, conduis ces dames à la chambre 14, s'il te plaît.

14 ? Le vieux Liam n'avait même pas eu le droit à un changement de cellule, pauvre bougre. Elles traversèrent les couloirs, se retrouvant de l'autre côté du jardin, dans la section du rez-de-chaussée à l'opposée de l'entrée. Le garde portait son fusil entre ses mains, il n'y avait pas de sangle. Lorsqu'il se campa devant la porte, cherchant dans sa poche pour ses clés, le manche de l'arme à feu ne tenait plus que dans une seule de ses paumes. Ils avaient passés la salle des gardes, et elle était fermée, il était prudent d'agir dès maintenant. Alors lorsqu'il inséra la clé dans la serrure, une brusque bourrasque fit voltiger l'arme hors de sa main, une seconde au niveau des talons le fit basculer en arrière et une troisième lui fit se cogner le crâne au sol. Avant qu'il ne se relève, Ophélia avait déjà le fusil en main et lui ficha la baïonnette dans la gorge. Pourvu que ça n'inspire pas Ruby ... du garde, elle récupéra deux trousseaux de clés, l'un devait être pour l'étage, l'autre pour le rez de chaussée.

En plus de cellules, il y avait un grenier, là-haut, qui rassemblait tout un panel d'équipements médicaux. C'était ça qu'elles devaient détruire, également. Calmement mais avec une voix saccadée par de fortes respirations saccadées, elle lui expliqua.

- Il faut qu'on libère le plus de personnes possibles, il y a un bureau au rez-de-chaussée, mais la plupart des salles de travail des docteurs sont à l'étage. Il doit rester environ quatre surveillants ici, sans compter celle à l'entrée. Si tu en croises un, n'hésite pas à tout donner. Ces clés-ci ouvrent les portes de ce couloir, je ne te quitte pas des yeux.

Fouillant les clés du trousseau, la vaironne décela enfin celle qui ouvrait le local à côté de l'escalier. Lorsqu'elle l'ouvrit, elle vit qu'il était rempli d'outils d'entretien et de matériel chirurgical. Il y avait beaucoup de choses coupantes, là-dedans, mais difficilement utilisables comme des armes, les flacons de produits ménagers, en revanche, étaient inflammables. Il fallait compter sur les malades ici pour distraire les gardes, et dans le tas, il y en avait qui avaient de sérieux problèmes.

- Surtout ne t'approche de personne ! Tout le monde ici est fou à lier, impossible de prévoir ce qu'ils vont faire, alors fais bien attention.

Ruby Nyë
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptyDim 9 Fév - 16:59
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Ophélia ne contredit pas la jeune fille pour une fois, au contraire elle sembla accepter la demande de Ruby. Celle-ci s'était apprêtée à montrer d'autant plus de fougue mais elle fut ravie de ne pas pas avoir à le faire.

La petite avait vécu l'enfer de nombreuses fois et sa dernière mésaventure l'avait poussée dans ses derniers retranchements. Depuis, elle repoussait au plus profond d'elle-même le souvenir sanglant qui l'avait traumatisée en affichant un masque d'assurance. Faire comme si elle n'avait pas peur était sa meilleure défense pour ne pas s'écrouler à nouveau.

Elle obtempéra sans rien à l'ordre de sa mère de substitution lorsqu'elle lui ordonna de la suivre et de lui obéir. Même si elle jouait les rebelle, Ophélia était une figure maternelle et autoritaire pour elle. Celle-ci eut même l'idée de transformer son apparence afin de ressembler à Ruby. La petite sentit ses joues s'empourprer légèrement, trouvant que sa mère était très belle ainsi.

Mais il n'était pas question de s'épancher sur des détails, elles arrivèrent très vite à l'asile. Ruby laissa Ophélia converser avec la dame à l’accueil, se contentant d’afficher un pâle sourire faussement contrit lorsqu’elle leur fit constater qu’elles n’avaient jamais daigné rendre visite à leur père encore. Cependant, on ne leur demanda pas d’autre justification et après une fouille rapprochée – à laquelle Ruby dût lutter contre l’envie d’écharper celui osait la toucher – elles purent entrer.

Enfin entrer… Passer le sas suivant. Elles durent à nouveau expliquer la raison de leur présence et se firent accompagner par un homme armé d’un fusil. Ruby sentit un frisson lui parcourir l’échine à la vue de l’objet de mort mais elle se mura derrière un masque d’illusion, ce qui empêcha les hommes aux alentours de percer à jour ses émotions passagères. Tout en traversant le bâtiment et son jardin, Ruby laissait ses yeux scruter les environs afin de trouver des points de repères efficaces. Contrairement à son aînée, elle ne connaissait pas les lieux et elle avait toujours eu cette bonne habitude. Se rappeler de son chemin, connaître les échappatoires et visualiser un lieu dans son ensemble était toujours avantageux lorsque la situation dérapait.

Enfin ils arrivèrent devant la cellule. Ophélia profita de l’inattention momentanée du garde pour l’assommer dans des gestes précis et violents mêlés d’une magie du vent. Ruby resta immobile, fixant la scène sans broncher. De faite, la jeune fille trouvait d’une barbarie le fait d’enfermer des gens dans ce si petits espaces. Pourquoi les daënars parquaient des humains ? Étaient-ils si impuissant face à la détresse mentale des êtres vivants qu’ils ne pouvaient pas faire mieux que les isoler ? Et faire régner la terreur avec leurs armes à feu… Ce que sa mère avait fait au garde ne l’émouvait pas, qu’il soit inconscient ou bien mort peu importe. De plus, elles purent ainsi récupérer des trousseaux de clés.

Avec un calme réfléchit, Ophélia expliqua brièvement à la jeune fille ce qu’elles allaient faire et où se trouvaient les zones de danger, à savoir les autres gardes. Elle l’avertit également des possibles réactions imprévisibles de gens qu’elles s’apprêtaient à sauver. Ne faire confiance à personne ? Aucun problème.


« Ok, je m’occupe de ce côté. »

Attrapant l’un des trousseaux, elle entreprit d’ouvrir la première cellule qui se présentait. Elle dut essayer deux ou trois clés avant de trouver la bonne mais le loquet sauta et la porte s’ouvrit sur un homme avachit qui marmonnait dans sa barbe le regard dans le vague.

« Tourne l’oiseau et plouf, tourne les vis et revisse l’oiseau. »
« Euh.. Vous pouvez sortir monsieur. » Déclara-t-elle à voix basse.
« S’envole l’oiseau ? Vis et revisse ? »
« Oui, l’oiseau s’envole, il est revissé. »

La tentative de communication sembla fonctionner et le pauvre ère releva son fessier. Ruby recula rapidement de l’encadrure de porte et s’éclipsa afin de délivrer un autre résident de cet endroit de malheur, qui n’était pas bien plus éveillé. Peut être que les hommes et femmes d’ici n’étaient pas équilibrés mais Ruby se rendit très vite compte que ces pauvres gens étaient bien plus frappés que de raison. Les « médecins » d’ici ne les soignaient pas, peut être même empiraient-ils leur état.

Quoi qu’il en soit, les deux jeunes femmes étaient efficaces et aussi silencieuses que possible. Pour l’instant aucune alerte ne fut donnée mais cela finirait bien par arriver car les malades n’avaient, eux, pas dans l’idée d’être discrets. L’un d’entre eux était sorti de sa cellule en courant et riant comme un forcené, un verre en pierre à la main qu’il se mit à fracasser contre les murs en riant de plus belle.


« Eh, shhh calmez-vous ! »

Tenta-t-elle de l’intimer au calme avant de poser impérieusement ses paumes sur les tempes du bougre et ainsi pénétrer son esprit le temps de lui envoyer une image apaisante. Cela eut le mérite de lui faire relâcher le gobelet et tirer un sourire béa sur ses lèvres.

« Oooh, regarde, elle à grondé Gresby ! » Pouffa une femme aux yeux vert perçant.
« Exactement. Je suis venue vous sortir d’ici mais il faut m’écouter. »
« Pffff… »
« Je peux te manger les cheveux ? »

Ruby écarquilla les yeux face à une pensionnaire aussi petite et chétive qu’elle mais au regard dérangeant. Elle venait de poser ses mains sur une mèche rouge et brun de la mage et rapprochait son visage, la langue pendue. Un instant la jeune fille se tétanisa mais cela ne dura qu’une fraction de secondes. Au lieu de s’effrayer, elle afficha un air sauvage.

« Fais ça et ta langue pendra jusqu’à tes pieds. »

Averti-elle d’une voix assurée. L’assemblée pouffa de plus belle tandis que l’importune referma la bouche sur la mèche avant de se reculer précipitamment en voyant sa langue, effectivement, s’agrandir au point de chuter jusqu’au sol. Un « Ooooh » médusé s’échappa des lèvres des autres.

« Prenez garde à ne pas me contrarier, vu ? Je suis une entité puissante et magique !  Maintenant, on me suit et on cesse de m’importuner. »

Ruby libéra la femme de son illusion et elle eut la bonne surprise de constater qu’ils la suivaient à présent presque courbés, l’un d’eux donna même un coup de poing en grognant lorsque d’un autre patient se mit à chantonner. Bien. Tant qu’ils se tenaient à carreaux, cela laissait à Ruby le temps d’en libérer d’autres, le plus possible avant de tomber sur un garde. Ca ne saurait tarder...

Ophélia Narcisse
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptyVen 28 Fév - 12:14
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Ruby était une bonne fille, dotée d'une bonne écoute et d'une loyauté dont Ophélia n'aurait jamais espéré l'existence. C'était rassurant d'une certaine manière de savoir qu'il existait des gens qui trahiraient leurs propres croyances pour elle. En dépit de tout, elle demeurait une my'tranne, c'était ses dieux qui tenaient le glaive maintenu sur sa nuque. Pourtant elle était là, à écouter et obéir ... comme une soldate. L'anomalie éclipsa une moue de dégoût, répugnée par ces pensées malsaines qui disaient que la petite n'était rien d'autre qu'un outil. Ce n'était pas comme ça qu'elle voulait la voir, mais sur l'instant, elle eut l'impression de parler à une mercenaire et pas à ce qui se rapprochait le plus de sa fille. Dans quoi l'avait-elle entraînée exactement ... ?

Ses yeux clignèrent, réalisant qu'elle regardait fixement Ruby qui commençait déjà à déverrouiller les cages pour en libérer les détenus. Finalement, ils étaient mieux dedans que dehors, ceux-là, la vaironne serait bien intervenue pour les calmer, mais elle avait mieux à faire. De toute manière, la jeune dame avait l'air de bien s'en tirer. En dépit de trouver une arme, elle détacha la baïonnette et la prit avec elle, avant de se retourner vers le placard d'entretien. Tirant une large bouteille d'éthanol, elle monta les escaliers pour ouvrir la porte qui menait à la "salle d'opération". Elle n'avait pas changé, le même siège au centre, les mêmes appareils électriques, les mêmes outils chirurgicaux ... doux souvenirs. Tout devait disparaître.

Aspergeant le sol comme les meubles de l'alcool, elle alluma un bec bunsen pour le jeter au sol, dans la plus large flaque qu'elle avait faite. Sublime hasard, au moment où elle s'était retournée pour redescendre, tandis que les flammes jaillissaient du parquet propre, une porte s'ouvrit au fond et un homme en blouse en sortit. Il constata les flammes avec une expression surprise, avant d'attraper un extincteur dans un coin de la pièce. Ophélia pesta, avant de soulever l'air sous les flammes d'un geste ascendant de la main. Leur morsure se propagea sur le visage du docteur, engendrant des hurlements qui s'étouffèrent derrière la serrure que l'anomalie verrouilla derrière elle.

Lorsqu'elle redescendit, elle vit une langue pendre jusqu'au sol. Arquant un sourcil, elle ne put néanmoins que constater l'efficacité d'une méthode aussi ... innocente. Elle n'avait pas tort de procéder ainsi, ces gens étaient des idiots terrifiés par le réel, la fantaisie était certainement la meilleure manière de pénétrer dans ce monde étrange qui est le leur. Les adeptes de Khugatsaa pouvaient vraiment s'enorgueillir d'être dans la tête des gens. C'était un pouvoir que l'immaculée n'aurait jamais souhaité, elle avait déjà bien assez de mal à lutter contre les voix dans son propre esprit.

Arrivant dans le dos de Ruby, sa main se posa sur son épaule pour lui murmurer à l'oreille.

- Fais leur suivre une fausse image de toi, on ne doit pas sortir avec eux.

Elle attendit que les aliénés ne s'engouffrent dans le couloir descendant qui menait à la sortie, avant de s'enfoncer dans celui en face, qui menait à l'infirmerie et passait par la salle de repos des gardes. Des clameurs se firent alors entendre dans l'enceinte de l'établissement, des cris retentissaient tandis que la présence des surveillants se fit manifeste. Le point positif, en revanche, c'était que les internés avaient l'air de réagir en conséquence, puisque des grognements nuancés de folie résonnaient entre les murs. Ce n'était plus leur problème, maintenant, il était important que Ruby aussi le comprenne et comme Ophélia la connaissait, elle ne serait certainement pas insensible à ces échos.

- Ne te retourne pas, ce n'est pas pour eux que nous sommes là.

Ses doigts lui attrapèrent même la main pour l'empêcher de se distraire, ce n'était pas exactement ce qu'elle voulait mais c'était mieux que de la laisser se faire attraper par la sécurité. Passant l'infirmerie, elle s'engouffra dans le cabinet médical, là où elle avait tué son cher responsable thérapeutique. Ouvrant brusquement le bureau, elle constata qu'il était vide, les fenêtres étaient fermées, mais celles-ci n'avaient pas de barreaux. C'était par là qu'elles devaient sortir, le feu allait se propager rapidement et elles n'avaient pas l'éternité à dépenser dans ce bureau.

... et il sortit enfin, passant les portes de la salle inférieure dans son habit de travail. Le médecin dont elle avait oublié le nom mais qui était en très grande partie responsable de ce qu'Ophélia avait traversé. Sa folie, c'était lui qui l'avait embrasée, c'était lui qui l'avait rallumée alors que la mort l'avait purgée de tout vice. C'était lui qui l'avait électrocutée, ce visage insolent, suffisant qui regardait de haut à chaque fois qu'il l'envoyait en enfer. C'était lui qui devait mourir.

Ses pas se pressèrent immédiatement vers lui, le renvoyant en un coup de vent de la salle dont il venait. Avant d'entrer à son tour, la vaironne jeta un regard par-dessus son épaule, considérant l'enfant qui aurait tout aussi bien pu être sa fille. Ses cheveux retournèrent au blanc, et ses yeux redevinrent dépareillés, elle ne savait pas exactement quelle expression elle était en train de lui jeter. Ce dont elle était sûre, c'est qu'il était hors de question qu'elle ne devienne complice d'un meurtre. Alors, sans dire un mot, elle s'avança dans la pièce en fermant la porte derrière elle et en glissant le loquet, laissant la my'tranne seule dans la salle.

Expirant longuement, elle releva les yeux vers son ancien bourreau qui avait reculé au milieu de la pièce.

- Bonjour docteur.
- Ha ... bonjour Nima ?

Des gouttes de sueur perlaient sur sa tempe, il paraissait pour le moins nerveux. Il se mit à courir vers une porte ouverte à sa droite, qui menait vers les couloirs. Avec un courant d'air violent, l'anomalie la referma sur lui avant de le renvoyer au fond de la pièce avec une seconde onde. Dos au mur, il leva les mains en signe de réédition.

- Tu ne peux pas m'en vouloir après ... deux ans ?
- C'était il y a un an.

Elle sortit la lame de sa manche et commença à avancer. Un teint mortuaire vint colorer sa peau, une lueur noire vint noyer ses yeux. Avec un aspect fantomatique, elle termina.

- Je n'ai rien oublié.

Et elle continuait à avancer.

Aspect Ophé:

Ruby Nyë
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptyMar 17 Mar - 18:33
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Ruby s’affairait à faire évader les patients de l’asile et maintenir un calme relatif dans cet océan de folie. La jeune femme n’avait aucune idée de ce que sa mère de cœur avait prévu de faire pendant ce temps-là. Les deux missions étaient claires : Sauver les patients et se venger de ces horribles personnes qui lui avaient fait du mal. Ruby en était consciente même si elle n’avait pas encore idée de ce qu’impliquait réellement ce dernier point… La mage n’avait de fait pas les idées claires à cet instant. D’un côté elle pensait agissait pour le mieux et avec bienveillance sous couvert de justifier ses mauvaises pensées qu’elle traînait avec elle depuis longtemps. Venger Ophélia… L’excuse était parfaite. Suffisante pour qu’elle ne proteste pas avec grande véhémence lorsque la vaironne revint lui ordonner de tromper la confiance des patients de l’établissement. Elle se contenta de hausser un sourcil interloqué et d’exécuter la demande.

Immobile, le regard fixe sur le groupe qui s’éloignait avec sa copie parfaite, Ruby s’interrogeait pourtant. Quel était le sens de les séparer ? Comment pourraient-elles leur permettre de s’évader si aucun guide fiable ne les aiguillait ? La question silencieuse s’évapora en même temps que l’illusion lorsque des cris retentirent subitement. Très rapidement, les deux complices se rendirent compte que les surveillants avaient repéré l’attroupement et décidé de se charger de mâter au plus vite les impertinents qui avaient retrouvé toute la sauvagerie dont leur folie les avaient dotés. La mage subit son premier électrochoc, ses yeux s’écarquillant en comprenant ce qu’Ophélia lui avait demandé de faire. Ils n’étaient qu’une diversion ? Juste une diversion?


« - Ne te retourne pas, ce n'est pas pour eux que nous sommes là. »
« On devait les sauver ! Ophélia, pourquoi tu... »

La jeune femme n’eut pas le temps d’en dire plus, se faisant saisir et attirée à la suite de l’anomalie. La petite rangea alors pour l’heure ses questionnements, elles n’en avaient pas le temps et son aînée n’avait pas l’intention de s’expliquer de toute évidence car l’urgence était de leur trouver une autre échappatoire… Etant donné le feu qui avait été allumé par la vaironne qui commençait à se propager. Elles s’arrêtèrent dans un cabinet médical. Celui-ci était pourvu d’une fenêtre. La voilà donc leur porte de sortie. Enfin, c’était l’idée jusqu’à ce qu’un homme, un médecin au vu de sa tenue, n’arrive. Ophélia le renvoya au loin d’une bourrasque avant de se précipiter à son tour dans la pièce adjacente…

Tout s’était déroulé à une vitesse que la rouquine n’avait put anticiper. Mais pas qu’elle n’était en mesure de comprendre. Ce regard. Ce seul regard en disait long. Cet homme était particulier, suffisamment pour qu’elle ait eut cette expression. Le sang de Ruby se glaça instantanément, ses yeux s’écarquillèrent. Ophélia était venue pour LUI. Elle ne voulait sauver personne. Elle voulait juste faire payer ce monstre. Quitte à en être un elle aussi. Et aussi furieuse que pouvait être la petite Ruby après tout ce qu’elle avait enduré ces dernières années, non elle ne pouvait pas rester là sans rien faire… Quoi qu’elle décide, elle devait le faire. Elle devait faire quelque chose… Quelque chose avant qu’il ne soit trop tard. Elle le sentait. Sans réfléchir, la jeune femme sentit ses jambes s’élancer à la suite de la vaironne mais trop tard. La porte se referma sur elle, verrouillée.


« Ophélia ! » S’époumona-t-elle. « Laisses-moi entrer ! »

Inutile d’insister. Ruby n’avait pas le temps pour ça. Il fallait qu’elle agisse et vite. Mais lui parler ne suffirait pas. Non, elle devait trouver le moyen de pénétrer dans cette pièce ! Et pourquoi pas par la porte qui venait de claquer avec violence ? C’était sa seule chance de la rejoindre. Alors c’est exactement ce qu’elle fit : Sortant à toute vitesse de la salle où elle se trouvait elle rejoignit le couloir qui la mènerait jusqu’à son Ophélia. C’était urgent. Vital. Désespéré. Ruby était envahie par un effroi intense. Mais de quoi ? Avait-elle peur que cet homme lui fasse encore du mal et qu’elle y soit à nouveau impuissante ou bien avait-elle peur qu’au contraire Ophélia ne sombre dans une folie vengeresse dont elle ne pourrait ressortir indemne ? Quoi qu’il en soit, sa propre fureur s’était muée en quelque chose d’autre. Elle protégerait son Ophélia. Quoi qu’il en coûte.

C’est avec cet état d’esprit que Ruby projeta à son tour la porte arrière avant de pénétrer à son tour. Ophélia était debout, le visage blafard, les yeux d’un noir infernal, un couteau brandit dangereusement vers l’homme prostré contre le mur. Avant que l’anomalie ne tente de l’écarter à nouveau c’est Ruby qui déploya sa magie en premier. La jeune femme insinua dans l’esprit du médecin qu’il ne pouvait plus ni parler ni se mouvoir, désormais bâillonné et ligoté dans son esprit. L’instant suivant, elle visa sa précieuse mère provoquant une distorsion de la vision de la vaironne. Désormais la cendrée ne voyait plus rien autour d’elle, plus rien si ce n’est son propre corps et celui de Ruby, comme si elles flottaient dans un vide infini.


« Ça suffit. Ophélia je t’interdit de faire cela. » Levant la main, elle afficha des miroirs tout autour de la vaironne. « Regarde-toi. Regarde ce qu’ils ont fait de toi. Je t’interdit d’être le monstre qu’ils voient en toi. Ne le tue pas. Ça ne changera rien au passé. N’as-tu pas déjà mit le feu ? Ils ont déjà payé, même ces pauvres âmes qui nous servent de distraction alors… Il n’est pas trop tard Ophélia, je sais qu’il y a du bon en toi. Allons-nous en. Je t’en prie, renonce à le tuer. »

Non… Elle ne la laisserait pas devenir un monstre. C’était une anomalie et alors ? Cela voudrait seulement dire qu’elle ne pouvait qu’agir dans la violence, le sang… ?

Ophélia Narcisse
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptyVen 20 Mar - 2:21
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Elle n'avait rien oublié. Ces mots résonnaient comme la tombée d'un pendule, qui avait fini de compter les secondes. Il n'y avait plus de temps, plus d'attente, plus de répit, maintenant l'horloge sonnait et il était hors de question que son appel soit ignoré. Un an, seulement un an ? Oh, mais une année entière peut être longue, très longue lorsqu'une pensée nous obsède. Il était impossible d'envisager que l'aiguille puisse entamer une nouvelle course, impossible de seulement considérer de remettre cette vengeance à plus tard.

Nuit après nuit, jour après jour, heure après heure, seconde après seconde, chaque instant de sa nouvelle vie avait rappelé Ophélia à cet endroit. Les décharges, les seringues, les scalpels, les lanières de cuir et les baillons qu'on lui mettaient sur les yeux et entre les dents. Dans ses cauchemars, elle se revoyait un an auparavant, en train de souffrir, dans ses rêves, elle se projetait toujours de revenir. Plus qu'un désir, c'était une promesse qu'elle s'était faite, une promesse qu'elle comptait honorer seule. La vie du tortionnaire était une offense à elle et à son genre dont elle ne pouvait tolérer l'existence. Sa mort n'était pas une priorité, elle était la priorité, il n'y avait rien d'autre qui importait plus que ficher une lame au travers de cette immonde gorge.

Elle s'était encore approchée, lame en main, accélérant le pas à mesure que l'écart rétrécissait. Le docteur tenta de bouger la jambe, l'anomalie lui plaqua le dos contre le mur avec une onde de choc. Il tenta de tourner le visage, elle le lui redressa avec un courant d'air tout aussi violent. Il tenta même d'ouvrir la mâchoire pour pouvoir s'expliquer ... mais la vaironne lui fit se cogner la tête sur la surface derrière lui. Sonné, il en était rendu à se recroqueviller sur lui-même, comme un chien que l'on bat. Il était pathétique et dans le regard d'Ophélia, on pouvait voir toute la médisance du monde s'abattre sur lui comme la pluie d'un orage.

Et soudain, il se rigidifia, pas de mot, pas de geste, il se tut, comme éteint. Les lumières disparurent à leur tour installant le vide dans la pièce, mais pas une seule fois l'immaculée ne tourne le dos. Ses pieds étaient fixes, son visage qu'elle bougeait à peine ne daigna même pas lui accorder une oeillade par-dessus son épaule. Elle constata avec amertume que c'était bien Ruby qui était responsable de ce nouveau paysage. Qui d'autre ? Du verre apparut dans le néant, de la glace polie qui reflétait l'aspect immonde qu'elle avait revêtu. Elle l'avait imaginé en rêve, cette scène, elle voulait que la dernière image que voit cette ordure, était celle du cadavre qu'il a ramassé ce jour-là. Car c'était ce qu'elle était. Un cadavre.

Elle écoutait sans répondre la supplique de la fille qui aurait dû être la sienne, dos à elle, elle se refusait à lui faire face, elle refusait de perdre le regard qu'elle avait fixé. Si elle l'avait fait, si elle avait plongé son regard dans celui de la my'tranne, alors elle aurait vu, elle aurait vu l'insensibilité que lui provoquait cet émoi. Peut-être le voyait-elle dans le miroir, peut-être comprenait-elle alors que dans cette entreprise, elle n'avait été qu'un bel outil utile. Il n'y avait pas d'Ophélia, ici, il n'y avait que Nima et ses obsessions vengeresses, il n'y avait personne à sauver, personne à rattraper ...

Elle reprit son apparence humaine, yeux vairons et cheveux cendrés.

- Je ne voulais pas que tu sois impliquée dans ça, Ruby. Déclara-t-elle avec un calme impérial. Mais je suis contente de voir que tu n'es pas comme moi.

Lorsqu'elle avait promis qu'elle l'aiderait à faire payer les médecins, la vaironne pensait qu'elle allait elle-même leur trancher la gorge. Ce n'était pas ce qu'elle voulait, c'était pour ça qu'elle avait fermé la porte derrière elle, pour l'écarter de toute complicité avec ce qui allait se passer. Pour l'instant, la jeune fille n'était responsable que de la liberté de quelques aliénés, il était hors de question que le poids d'un meurtre ne lui retombe sur les épaules.

- Souviens-toi, petite. Tu as essayé de m'arrêter. Mais même pour toi ...

Serrant les dents, Ophélia planta d'un geste net et vif sa lame vers un point fixe, ce point fixe qu'elle n'avait pas lâché depuis que l'illusion s'était manifestée, ce point fixe qu'elle avait refusé d'abandonner, n'aurait-ce été que pour voir son propre reflet. Ce point fixe, c'était là où était situé le poitrail du docteur et c'était là où elle avait frappé. Sentant sa main s'arrêter sur un obstacle, elle la leva plus encore, espérant déchirer l'intérieur de cet enfoiré, espérant de tout son coeur qu'il souffrait autant qu'elle avait souffert. Elle ne s'arrêta pas de remuer la lame, elle ne savait pas quand s'arrêter, elle ne voulait pas s'arrêter.

Il n'y avait personne à sauver, ici, il n'y avait personne à aider. Il n'y avait que du sang, de la vengeance et un monstre qui ne s'était jamais senti aussi bien. Au travers de ce néant, au travers de ce voile, l'anomalie imaginait les hurlements, les pleurs, les suppliques inutiles du goret qu'elle était en train de saigner. Et elle, elle grognait, elle rugissait, serrant la mâchoire à lui en tirer des larmes de joie comme de colère. La lame se retira, nacrée d'écarlate et l'anomalie tomba à genoux, expirant de tremblements emplis de soulagement.

Une année. Toute une année. Enfin ... Enfin ! Après une année à se morfondre, à souffrir, après une année de désir et de haine, enfin !

Elle était en paix.

Ruby Nyë
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptySam 21 Mar - 16:45
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« Ophélia… »

Ce regard si froid, si inhumain. Ruby pouvait le voir à travers le miroir. Fixé sur son objectif comme s’il pouvait être la seule réponse possible. Serrant les dents, la petite mage savait que ses chances de l’en détourner étaient minces. Ophélia connaissait ses pouvoirs. Et ses limites… Même sans le voir réellement, sans repères de l’espace autour d’elle, l’anomalie savait exactement où se trouvait sa cible. Mais si Ruby parvenait à lui faire détourner le regard, ne serait-ce qu’un peu…

« Si tu le fais il sera trop tard. Aussi agréable que ce soit sur l’instant, ça n’enlèvera jamais ta douleur passée. C’est un monstre mais pas toi… Ce qu’il a fait de toi ne te défini pas ! »

La jeune femme fit un pas vers la vaironne. Celle-ci reprit apparence humaine. Mais elle restait immobile. Insensible aux paroles de sa presque fille. Pourtant, elle ne l’ignorait pas totalement, s’adressant à sa protégée avec un certain soulagement de ne pas la savoir comme elle. Si elle savait. Ruby plissa le front, la mine pincée, s’avançant doucement, pas à pas, vers Ophélia.

« Comme quoi ? Quelqu’un de meurtri ? Effrayée, en colère, sans espoirs ? Je le sais. Je le comprend. Mais je suis là, je ne te laisserai plus jamais seule Ophélia ! »
« Souviens-toi, petite. Tu as essayé de m'arrêter. Mais même pour toi ...  »
« Non ! »

Elle n’était pourtant plus si loin. Trop tard. Trop tard… Le couteau traversa le corps immobile du docteur. Et si Ophélia n’en voyait rien, ce n’était pas le cas de sa protégée, qui vit les giclées de sang imbiber les vêtements de l’homme et se rependre sur la peau pâle et délicate de la vaironne. Ruby se saisit des mains adorées, tentant en vain de retenir ses coups. Mais Ophélia était en transe, appuyant chaque mouvement de sa rage dévorante.

« Arrêtes ! Arrêtes ! Il est mort, c’est fini ! Calmes toi... C'est fini... »

Se mit à sangloter la mage, dévastée face à son impuissance. Pourquoi tout devait être violence et chaos ? Pourtant un peu plus tôt, la jeune fille s’était sentie si haineuse envers ces hommes qui avaient brutaliser sa mère. Mais… Mais elle n’avait pas envisager l’horreur d’un meurtre de sang froid. Elle n’avait pas pensé qu’Ophélia était devenue un monstre à ses propres yeux et qu’elle avait perdu tout espoir. Ce n’était pas juste une vengeance c’était un anéantissement. De l’asile, de ses occupants mais… De son âme. Qu’en restait-il ? L’avait-elle détruite pour toujours, perdue à jamais par ce fluide écarlate qui la recouvrait à présent ?

Ophélia s’était finalement mise à genoux, le souffle court. Ruby se laissa tomber à son tour, se glissant impérieusement contre la vaironne, l’enserrant de ses bras, s’accrochant à elle avec force.


« Tu n’es pas un monstre… Je te le prouverai… Je suis tellement désolée... J'aurai dû rester. J'aurai pu tout empêcher. Mais je... Je te sauverai, maman… Je te sauverai tu m’entends ? Des hommes, de toi-même, des régisseurs même s’il le faut !... Je ne laisserai plus jamais quiconque te faire du mal… Je t’aime... »

Le visage parcourut de larmes, elle se recula, glissant une main sur le visage de celle qu’elle aimait plus que tout au monde, laissant sa paume se poser sur le front de celle-ci avant de fermer les yeux. Grâce à ce contact, elle se lia à elle. Elle lui transmit la chaleur de son amour et partagea ses souvenirs heureux lorsqu’elles n’étaient encore que toutes les deux, quand elles prenaient soin l’une de l’autre et que rien d’autre ne comptait à leurs yeux. Malgré tout ce temps passé, les sentiments de la jeune fille n’avaient jamais changé.

Ophélia Narcisse
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptySam 4 Avr - 21:57
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Pérégrins -2
Le brouillard maintenu continuait s'éclipsa soudainement lorsqu'une invisible étreinte s'extirpa des ombres illusoires pour l'enserrer. Ophélia entendit ses murmures comme ceux que l'âme glisse en rêve, brouillés, mais mémorables. Elle les saisit, sans pouvoir se souvenir de la voix, sans pouvoir donner une forme au ton, ni même aux larmes qui en façonnaient la mélodie. Cet air désarticulé n'était pas celui du réel, l'ambiance insensée, floue qui régnait n'était pas un autre acte de la jeune fille. Un silence avait posé son anathème sur le son du bois craquant, des cris hors du couloir et des gouttes incarnates qui glissaient du torse du docteur. Comme un instrument soliste sur un fond de mutisme, la voix de la jeune fille glissait sur une grise tonalité. Elle résonnait, comme l'écho de l'âme que l'on écoute sans entendre, comme un songe, une simple pensée.

Les pupilles cernées clignèrent, fixées jusqu'alors sur un corps délesté de la moindre once de vie. C'était tout ce qui avait importé jusque là, le regard vairon refusait de laisser partir cette précieuse vision. Doucement, une ombre vint glisser hors des lèvres de l'anomalie, exfiltrée aux coins de celles-ci, avant d'apposer son joug, imposant un doux sourire montant sur des lèvres qui n'en avaient plus la possibilité. Son regard dépareillé s'évanouit derrière des paupières sereines, illuminant son expression toute entière d'un éclat de tranquillité. Sa main droite glissa sur le dos de la my'tranne, avant que sa jumelle gauche ne vienne lui flatter les mèches arrières de ses cheveux. Du bout des doigts, elle dessinait l'expression d'un amour maternel qu'elle avait toujours convoité.

Attirant son front contre sa bouche, elle y déposa un baiser avant d'y déposer sa joue, inspirant profondément l'air nouveau qu'elle respirait. Il avait une belle saveur de ... liberté ? C'était ce que ça devait être, même si elle ne s'était débarrassée que de l'un de ses fardeaux. L'un d'eux était inscrit dans sa chair, à quoi bon lutter contre son poids ? Les dieux l'avaient condamnée, mais quelle plus belle insolence que celle de trouver de la joie dans pareille vie. Alors, si la meilleure insulte résidait dans un sourire, Ophélia comptait bien lever ces lèvres plus souvent.

- Je t'aime aussi, ma Ruby. Extrêmement fort.

A quoi bon jouer le monstre maintenant qu'il n'y avait plus rien pour la décrire en tant que tel ? Les autorités diraient autrement, mais sur l'instant, un sentiment de légèreté de sécurité s'était immiscé dans la tête de l'ancienne marchande. Rien ne pouvait l'atteindre maintenant, absolument rien. La mort, elle était habituée. Le néant ? Il ne viendrait pas. Quels soucis pouvait elle donc avoir ? Elle avait ce qu'elle voulait maintenant, la vengeance, c'était fait, une preuve d'amour ? C'était plus que fait. En bref, l'horloge indiquait à cette heure-ci le moment parfait pour mourir.

- Est-ce que c'est moi qui viens de la remarquer ou bien la vie est beaucoup plus belle qu'elle n'y parait ?

L'apaisement par la haine, par son accomplissement, celui qui osera dire que c'est une malsaine pensée n'a jamais connu l'enfer. Avec une jeune fille aussi adorable entre ses bras, Ophélia pouvait affirmer sans aucun mal que ça en valait la peine. Si seulement elle pouvait la garder, vivre avec elle jusqu'à ce que le monde s'effondre. Même dans cet état de béatitude, la vaironne en distinguait bien les limites. Ce n'était rien d'autre qu'une utopie, mais ce n'était pas grave !

Dans le couloir, une poutre venait de tomber, dégringolant en cendre d'un toit qui subissait la morsure des flammes. Le premier étage devait certainement avoir été presque entièrement consumé. La vaironne s'écarta affichant un regard amusé devant cette image de destruction. C'était son passé qui s'envolait là dans les cendres, dans les braises, à tel point que c'était comme si rien de tout cela n'avait existé. Elle se mit à rire, couvrant sa bouche devant cet élan d'émotion qui n'était le sien. S'arrêtant promptement, son regard se posa sur la petite brune. Hésitant quelques secondes, elle reprit.

- Je pense m'installer un jour, quelque part où je pourrai mourir de vieillesse, ou simplement par la main d'une personne que j'aime. Ce que je vois, c'est une maison perdue dans une campagne à perte de vue et où je pourrai à nouveau fabriquer des poupées de chiffon. J'ai cette pensée depuis que je suis une anomalie que peut-être, et bien peut-être, il y a un endroit sur ce monde pour les gens comme moi. Il doit y en avoir un !

Et elle rit de nouveau. Comment pourrait-il ne pas y en avoir un ? Evidemment qu'il y en avait un et s'il n'existait pas elle le créerait !

- Ce que je te demande, c'est si tu voudrais venir avec moi ?

Attendant quelques secondes supplémentaires, affichant le même sourire calme qu'elle avait apposé jusque là,

- Enfin, pas maintenant, dans longtemps sûrement, de toute manière une petite comme toi doit avoir autant de fantômes à l'esprit qu'une femme comme moi. Mais si tu as besoin d'aide pour t'en débarrasser, ou pour trouver un peu de repos après, je serais contente que tu m'accompagnes.

Une nouvelle fois, la main de la vaironne trouva la chevelure rougeoyante pour la frotter d'une incomparable tendresse. Un peu plus et Ophélia se reverrait comme la gamin de onze ans qui vivait en toute insouciance des problèmes qui l'entouraient. A cet instant, il n'y avait qu'elle, Ruby et le futur qu'elle lui souhaitait à elle, comme à elle-même.

Ruby Nyë
Ruby Nyë
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Retrouvaille dans de mauvais hospices EmptySam 18 Avr - 21:18
Irys : 722529
Profession : Âme errante
My'trän +2 ~ Khurmag
Tout n’était que chaos. Désordre. Violence. Ce n’était pas ce que la petite mage souhaitait. Quand est-ce que les choses avaient dérapé dans sa vie ? Tout n’avait été qu’une cascade de drames inutiles… Ruby aurait dû rester auprès d’Ophélia mais il n’était peut être pas trop tard. Un espoir, infime, vacillant, mais persistant existait encore dans son cœur mainte fois meurtri. Ruby usa de sa magie pour mêler ses souvenirs passés et ses sentiments, cherchant à raviver la part de douceur enfouie quelque part en sa mère adoptive.

Petit à petit l’ombre distordue de rage s’évapora chassé par cette vague d’amour profond et sincère. La pureté de la jeune fille avait atteint le cœur glacé de celle qu’elle aimait pardessus tout. Un sourire, un baiser, une étreinte… Pas à pas Ophélia revenait à la vie. Puis des mots d’amour. Des paroles si cruellement désirées depuis tant de temps. Trois petits mots mais pourtant si puissants. Chassant les doutes, les peurs, la souffrance. Et un sentiment de plénitude. Était-ce le sien ou celui de la vaironne ? Le lien était puissant, difficile de faire la différence. Qu’importe.


« Est-ce que c'est moi qui viens de la remarquer ou bien la vie est beaucoup plus belle qu'elle n'y parait ? »
« Sans toi elle n’avait aucun sens. »

C’était la seule explication valable. C’était comme de rester en apnée plongée dans l’océan, une pierre scellée à la cheville entraînant inévitablement dans ses profondeurs obscures. Et puis soudain on venait de l’en délivrer, la laisser refaire surface, inspirer à pleins poumons l’air vital qui lui faisait défaut. Tout était pourtant surréaliste. Le voile d’obscurité dissipé laissait une vision sur le monde extérieur en train de prendre feu. Le chaos n’était plus en elles mais tout autour. L’euphorie, l’allégresse régnait dans leurs cœurs unis. Et dans cet univers surréaliste Ophélia s’osa à souhaiter l’impossible. Un avenir idyllique, un morceau de paradis loin de portée.

« Evidemment que je viendrais. Je le trouverai, je le créerai moi-même s’il le faut. J’en suis capable, oui, je suis certaine qu’un jour je serai en mesure de donner vie à cette belle illusion pour en faire une réalité. Tu mérites d’être heureuse ma si chère Ophélia, bien plus que n’importe qui… Je ferai n’importe quoi pour toi. N’importe quoi pourvu que tu sois en paix. »

Avec tendresse Ruby laissa sa paume redescendre sur la joue qui s’était étirée d’un sourire heureux, rompant le lien magique pour le remplacer par son simple amour mais non moins puissant. Dans cet océan de noirceur la mage retrouvait enfin un éclat de vie. Un but à atteindre qui la poussait à retrouver sa hargne de vivre. Elle n’était plus insouciante mais tout aussi déterminée que par le passé.

« Mais pour cela il faut que tu te lèves. Prends ma main et allons-nous en. Partons de cet enfer qui n’est pas le notre. »

Sur ces paroles Ruby se redressa, attrapant la main délicate de sa merveilleuse comparse pour l’entraîner à sa suite vers leur porte de sortie. Elle l'emmena ainsi aussi loin qu’elle le put, ne desserrant sa prise pour rien au monde, l’éloignant de cet endroit de malheur, le laissant partir en lambeaux sans elles. Qu’il disparaisse à tout jamais, qu’il emporte la rage, la douleur, la tristesse et le désespoir d’Ophélia, pourvu qu’ils ne reviennent plus jamais hanter sa mère.

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