Le prix de l'humanité [Terminé]

Pourquoi ? Parce qu’elle s’était laissée aller à la tendresse du moment, à son envie de se donner corps et âme à un homme qui lui plaisait ? Luka frémit. La bourgeoisie daënar était effrayante d’ordres et d’obligations, infiniment loin de cette liberté brumeuse qu’elle aimait tant boire au goulot. Mais ma foi, si c’était là l’éducation dans laquelle Alisthiana avait baigné, elle devait s’y faire plutôt bien. On ne manque pas de ce que nous n’avons jamais connu…


La vie n’était pas très agitée à Grenze, du fait du peu d’habitants au périmètre. Néanmoins, le travail était rude et nécessitait souvent la digne consolation de l’alcool. Et tout un chacun savaient les ravages que ce dernier pouvait produire sur la mentalité et la moralité humaine… Une jeune demoiselle inconnue au bataillon et à la mise aussi charmante que celle de sa patiente, attirerait forcément quelques convoitises. Elle chassa pourtant l’argument de son esprit, jugeant qu’Alisthiana devait être en parfaite mesure de se défendre seule. On allait pas chasser dragons et aimshgiin sans un brin de combativité. Elle serra la main que la jeune femme lui tendait, non sans lui rendre son sourire avenant.


Cela n’aurait tenu qu’à elle, Alisthiana n’aurait eu à débourser aucune Irys. Elle n’avait toutefois pas la pleine responsabilité de ce cabinet, et les Cercles de l’Aube se devaient être financés pour poursuivre leurs bonnes œuvres.


Elle récupéra son dû et accompagna sa visiteuse jusqu’à la maigre porte qui les séparait du mauvais temps de Vereist, un sourire flottant toujours sur ses lèvres :


Cela ne se disait guère à haute voix, mais toutes deux savaient qu’elle lui souhaitait ardemment de ne pas prendre de risque avec sa grossesse en nature sauvage. Elle n’y perdrait pas uniquement son enfant, mais bien davantage… Et tandis que la scientifique s’aventurait dans la nuit, droite dans sa robe, Luka resta une poignée de secondes supplémentaires sur le parvis de la masure à contempler pensivement les ombres de l’obscurité.