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Chroniques d'Irydaë
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 [Terminé] L'enfance n’est donnée qu’à quelques-uns

Flavien Teleri
Flavien Teleri
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[Terminé] L'enfance n’est donnée qu’à quelques-uns - Page 2 EmptyLun 9 Avr - 22:16
Irys : 887826
Profession : Soigneur itinérant - Guérisseur
My'trän +2 ~ Chimères
Le soigneur secoua la tête aux dires d'Ophélia qui demandait d'une voix légère s'il ne ressentait pas la peine. D'une certainement façon, c'était vrai. Tout ce qui était lié à la mort ne l'inquiétait pas, il vivait sur cette terre le temps que les Architectes veuillent bien lui accorder leur protection, puis son enveloppe charnelle rejoignait la terre, rendant à leurs sculpteurs l'âme dont ils se servaient comme d'une matière première. Flavien ne craignait pas la mort, qu'il s'agisse de la sienne ou de celle d'un être proche. En revanche, il ne pouvait pas vraiment dire qu'il était exempt des peines et des tristesses de la vie.

- Pas exactement... Je n'éprouve aucun sentiment d'injustice face à la mort, mais les mages sont tous capables d'être affectés par les émotions négatives, Indiqua-t-il à Ophélia, La mort d'un proche ne me peinera pas, mais je ne suis pas indifférent à la souffrance pour autant. J'éprouve du chagrin, comme tout à chacun. La seule différence est que ce chagrin qui peut être dévorant lorsque les vôtres perdent l'un des leurs, nous ne l'expérimentons pas.

Ses explications n'étaient pas les plus complètes qui soient. Flavien n'avait jamais été du genre à se plonger corps et âme dans l'étude des Arts et de leur pouvoir sur le corps et l'esprit des mages. Ce domaine, c'était celui des Khorogs et autres de ses contemporains dévorés par une passion brûlante pour leurs Architectes. Le nomade avait toujours été plus dans la réserve dans son rapport à ses Créateurs. Il leur témoignait sa reconnaissance en mettant ses dons en œuvre lorsqu'une situation le demandait, mais il n'était pas de ceux qui se lançaient dans de merveilleuses prières à la gloire de son Architecte avant d'utiliser ses dons. La magie faisait partie de lui, tout simplement.

Ophélia fronça ses fins sourcils, répondant que les Architectes devaient être bien cruels. Elle ne laissait pas à Flavien le temps de mal interpréter ses paroles, précisant qu'elle entendait par là qu'une telle bénédiction aurait dû être partagée avec le peuple Daënare, surprenant le soigneur. Il était rare de croiser des non-mages assez philosophes pour comprendre l'oubli, alors rencontrer quelqu'un qui trouvait l'idée agréable... C'était une expérience à part entière pour l'admirateur d'Orshin.

- C'est le cas. Approuva le soigneur, La vie et le temps sont fugaces. Seuls les Architectes et leur magie sont constants.

Il passa une main dans ses cheveux, observant Ophélia travailler sans rien ajouter de plus. Pour toute la méfiance qu'il ressentait envers la jeune femme, ses réflexions aussi pertinentes d'étranges étaient source de bien d'interrogations. Aussi resta-t-il silencieux, attendant de voir si Ophélia avait quelque-chose à rajouter sur le sujet. La boutiquière n'en fit rien, travaillant avec une minutie insoupçonnée à la réparation de ses créations. Ses mains, tremblantes et meurtrières un temps, étaient à présent aussi précises que douces. Elle exerçait son œuvre avec soin, réparant un jouet qui grinçait avec peine quelques notes de musique.

Tout en réajustant les mécanismes auquel le soigneur ne comprenait pas grand-chose (et qu'il allait de toute façon éviter de regarder avec trop d'insistance), la Daënare le surprit une fois encore avec une déclaration aussi brûlante qu'étrange. Les créations qui trônaient de part et d'autre de la boutique étaient le fruit de son labeur, à ses yeux aussi chers et importants que ses propres enfants.

Troublé par les dires de la jeune femme, Flavien cligna des yeux et croisa son regard vairon alors qu'elle enchainait par une question toute aussi atypique. Accordait-il une valeur à la vie ? Quelle drôle de question pour l'admirateur de Möchlog qu'il était. Plutôt que de répondre par un haussement de sourcil, il lui dressa le portrait de sa vision des choses.

- La vie n'a aucune valeur. Elle est tout, et pourtant elle n'est rien. Expliqua-t-il, Il est impossible de lui donner une valeur. Cela n'aurait aucun sens.

Le nomade passa une nouvelle fois la main dans ses cheveux. Il était rare qu'il s'essaye à expliquer ses croyances et l'exercice était aussi périlleux qu'intéressant.

- Admettons que vous ayez à choisir entre venir en aide à l'un de vos proches et un parfait inconnu. Vous choisirez certainement de secourir la personne qui compte pour vous, peu importe le génie potentiel de l'inconnu. De manière générale, les Hommes associent la valeur d'une vie à l'attachement qu'ils y portent. Cela ne peut être un système équitable, il n'a donc pas lieu d'exister. Vous comprenez ?, Demanda-t-il, étrangement soucieux de ne pas rester incompris sur la question, Personnellement je considère la vie, toute vie, comme digne de respect.

Pour la première fois depuis qu'il avait quitté Valvonta, il se surprit à citer l'une des leçons de sa mère, qu'il avait entendu à ne plus la supporter et qui s'était gravé dans son esprit.

- Un guérisseur doit protéger la vie, mais pas parce qu'il il s'agit d'une chose précieuse, d'un quelconque cadeau de nos Créateurs. Non. Un guérisseur œuvre pour prolonger la vie de quiconque a encore des apprentissages à faire. La vie est l'occasion d'apprendre, de comprendre. Cet apprentissage, c'est le fruit de notre existence. Si le fruit est amer, l'exposition à la lumière peut encore le sauver, mais si le fruit est pourri, il n'y a plus rien à en tirer. C'est pourquoi, dans ce cas, il est préférable de rendre aux Architectes ce qui leur appartient. L'énergie rendue aux Créateurs donnera naissance à d'autres vies, plus fructueuses peut-être. Nous soignons, mais nous ne nous accrochons pas à la vie lorsque celle-ci nous fui entre les doigts, ou lorsque son porteur l'aura corrompu.

Flavien jeta un coup d'œil au plan de travail contre lequel était appuyé Ophélia. La Daënare regardait à présent les pièces détachées et bien amochées du diable dans sa boîte que Selmac avait renversé. Désignant l'amas de rouages, de tissus décousu et de ressorts tristement tordus, il reprit le fil de sa pensée.

- Ce jouet que vous essayez à tout prix de réparer... Pourquoi ne pas le désassembler entièrement ?, Demanda-t-il, curieux, Les dommages sont importants, mais cela n'empêche pas les éléments de votre création d'être en parfait état. Tout comme l'énergie que réutilisent nos Architectes, une petite partie de ce jouet perdurerait dans les nouvelles créations qui découleront suite à sa disparition. De la même manière que l'existence et le trépas sont liés, la vie ne se perd jamais vraiment, car elle ne nous appartient pas entièrement.

Il était rare que le soigneur parle autant. Et pour cause. Il était rare qu'il soit amené sur de tels sujets.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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[Terminé] L'enfance n’est donnée qu’à quelques-uns - Page 2 EmptyLun 9 Avr - 22:58
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Fut un temps où l'explication de Flavien aurait laissé Ophélia indifférente. Ses idées sur la valeur d'une vie étaient bel et bien tranchantes, mais en même temps, il était irréfutable qu'elle pouvait partager la plupart des idées de l'étranger, tout autant qu'elle pouvait rejeter certaines avec une vive ardeur. Elle ne se gêna d'ailleurs pas d'hausser le cil, dès la première phrase, lorsque le My'tran lui annonça qu'il n'accordait aucune valeur à la vie. Pendant un court instant, qui fut assez long pour qu'elle le regarde comme l'on fixe un enfant qui vient de répéter à haute voix une bêtise taboue. Mais l'explication qui suivie lui éclaircit les idées par rapport à cet état de fait.

La vaironne aurait aimé dire que toute cette démonstration ne pouvait s'appliquer à elle, âme solitaire condamnée à rester seule. Mais hélas, ou au contraire, fort heureusement, les derniers mois avaient fait offices de plusieurs rencontres, pour la plupart très pédagogues. Elle percevait le déséquilibre, notamment en prenant pour appui une certaine figure de proue. Entre sa fille et une jeune cliente du même âge, la question ne devait pas se poser, elle préférerait largement voir l'autre périr. Elle la tuerait même de ses propres mains s'il le fallait, mais cette pensée n'appartenait pas à une discussion comme celle-ci. 

Flavien enchaîna sur son rôle en tant que guérisseur, et Ophélia n'en comprit pas la moitié, et était en désaccord avec la seconde. Elle considérait déjà tous les adultes comme étant pourris jusqu'à la moelle, corrompus par une force qui dépassait sa conception de la vie. Ce fait était bien sûr complètement emprunt de subjectivité. Toujours était-il qu'elle ne voyait pas l'intérêt de prolonger une vie, si la mort était inévitable. Surtout si l'individu en question fait partie du commun des mortels, quelqu'un de classique, un moucheron. La tenancière avait horreur du surnuméraire et tout ce qui était inutile était à jeter. Mais les proches, eux, étaient utiles, et la vaironne était simplement incapable de se sortir de son point de vue propre. Ceux qu'elle ne connaissait pas valaient moins que ses poupées, étaient moins vivants qu'elles ne l'étaient et par conséquent, méritaient plus de mourir que ses créations ne méritaient de se briser. 

Non, c'étaient bien ses proches qu'elle considérait utiles, pour la canaliser, pour lui porter de l'attention et surtout pour l'aimer. A mesure que les jours passaient, elle se rendait compte que ce genre d'affection lui manquait, preuve que ses connaissances à elle ne venaient pas si souvent la visiter. La tenancière s'en trouvait d'ailleurs profondément peinée, trouvant réconfort encore et toujours dans la fabrication de poupées.

Une fois encore, la vision de Flavien lui semblait injuste, lorsqu'il évoqua qu'il fallait rendre aux dieux ce qui est légitimement leurs. Elle laissa d'ailleurs s'échapper ses pensées, si sincères qu'elle les soupira en une complainte presque sourde, alors qu'elle déposait son menton sur sa paume.

Et nous alors ...?


Jauger les individus n'était pas le fort d'Ophélia, aussi, elle n'aurait jamais pu poser le simple titre de "gentil" ou "méchant" sur quelqu'un. Les principes fondamentaux de l'humain lui étaient bien inconnus, tout ce qu'elle savait faire c'était distinguer le bienvenue, de l'indésirable. Le premier devait être bien traité, le second devait être éliminé. Cette confusion s'expliquait par le fait que la tenancière n'avait aucunement compris la métaphore du fruit de Flavien, et avait simplement retenu qu'il était normal de renvoyer une âme auprès des Architectes, quand bien même c'était un proche. Sa sourde remarque portait donc sur une nouvelle injustice, comme si les dieux qui là-haut existaient, s'amuseraient un jour à définitivement prendre Ruby d'elle, pour aucune raison valable. 

Inutile de préciser que sa conception des paroles de l'itinérant avait été complètement erronée, si ce n'est confuse.

Le regard de son interlocuteur se déporta sur la boîte qu'elle tenait entre ses mains, suggérant qu'elle ne la réutilise pour créer un autre jouet. Ophélia n'eut pour seule réaction que de déporter un regard attristé sur sa création, alors qu'elle baissait les épaules en désespoir de cause. Non, son enfant était définitivement irréparable. Sans quitter l'objet inanimé des yeux, elle lui répondit avec une voix taciturne et grave.

C'est ce que je compte faire ... mais c'est toujours un mal pour moi. C'est comme si vous voyiez votre fille mourir, et que je vous disais d'en refaire une pour compenser le comble. Je n'en prends aucunement offense, bien sûr, mais je ne m'attends pas vraiment à ce que vous compreniez. Autant que je ne comprends pas la moindre chose à vos Architectes. 


La vie ne se perd jamais, hein ? La vaironne prit un profond dégoût pour cette phrase qui remettait en question son fort instinct de territorialité. Son regard se raffermit avant de se déposer sur le nomade, puis sur toutes les pièces qui surplombaient son magasin.

Vos vies ne vous appartiennent peut-être pas, mais ici, il n'y a rien qui n'est pas en ma possession. Chaque poupée, chaque mécanisme, chaque rouage ici est animé par une force qui échappe à la conception de la vie. Pourtant, je ne la considère pas comme étant moindre. Ici, chaque objet échappe à l'influence de ces dieux que vous vénérez. Si mes créations pouvaient parler, penser, raisonner comme vous et moi, qui pensez-vous qu'elles prieraient ? Vos dieux ? 


Son ton était hautain, blasphématoire et offensant sans avoir l'intention de l'être. Dans sa conception, Ophélia trouvait ses pensées tout à fait raisonnées, bien qu'elles comparent vie et automatisation. Mais la technologie était bel et bien un concept qui échappait aux dieux, et elle, malgré l'hasard complet de cette vérité qu'elle venait de toucher, conclut en une phrase qui lui aurait fait mériter la foudre de Süns. 

Ici, s'il n'y avait qu'une personne à prier, ce serait moi.


S'engager dans la conversation avait rendu son aspect méprisable à la boutiquière, comme si elle sublimait la violence de ses actes à travers le tranchant de ses mots. 

Flavien Teleri
Flavien Teleri
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[Terminé] L'enfance n’est donnée qu’à quelques-uns - Page 2 EmptyMar 10 Avr - 21:07
Irys : 887826
Profession : Soigneur itinérant - Guérisseur
My'trän +2 ~ Chimères
La Daënare inspecta sa création d'un air attristé, relevant sur lui un regard chargé d'émotions. La mâchoire de la jeune femme était serrée et elle s'exprimait sur un ton grave, comme si ce qu'elle disait était d'une importance capitale et méritait toute l'attention de son hôte. Ce dernier fit d'ailleurs l'effort de rester à l'écoute de la boutiquière en remarquant l'offense qu'il semblait lui avoir fait par mégarde, repérant le changement de tonalité dans sa voix et s'en souciant un minimum. Ophélia avait quelques beaux instruments pointus à portée de main.

Les paroles de la jeune femme laissèrent le soigneur abasourdi, quoique légèrement songeur. Ophélia voyait ses créations comme ses enfants. Quelle terrifiante idée que de prêter tant d'importance à ces poupées de cires et ces pantins de métal. Être fier de son art était une chose, se l'approprier comme pouvait le faire Ophélia en était une autre. Elle les aimait comme s'ils étaient dotés d'une vie propre, ne s'arrêtant pas à leurs entrailles composées de d'engrenages, de rouages et de ressorts tortueux. Elle les mettait sur le même pied d'égalité que tous ces petits d'Homme qu'elle accueillait régulièrement dans sa boutique, voire pire encore. Elle les considérait comme plus précieux que ces enfants qui lui étaient étrangers. Ils ne lui appartenaient pas, comme c'était le cas pour ses créations. Êtres mécaniques plutôt qu'étant de chair et de sang, elle leur donnait une valeur sentimentale qui dérangeait le nomade.

Lui dont l'existence était étroitement liée à la faune et qui avait étudié le vivant et appris à le préserver, il était normal qu'il ne comprenne pas l'attachement d'Ophélia envers ses créations. Rajoutez à cela le fait qu'il passait sa vie sur les routes et détenait donc très peu de possessions matérielles et moins encore pour lesquelles il éprouvait un quelconque attachement, et il était assez facile de comprendre que le nomade ne saisissait pas comment la commerçante pouvait s'attacher à ce point à ce qu'elle fabriquait.

Néanmoins, cela ne le rendait pas aveugle. Il savait combien certains mercenaires considéraient leurs armes comme des membres de leur famille, quelles horreurs pouvaient être commises pour amasser des richesses qui n'avaient de valeurs que parce qu'on voulait bien leur en donner, et n'allait donc pas jeter ce tare sur la nature Daënare de la jeune femme. Chaque peuple avait son lot d'étranges individus. Lui qui préférait la compagnie des bêtes à celle des Hommes, il en faisait sans doute tout autant partie. Ce n'est donc pas cette réflexion étrange qui le gênait, mais bien ce que la jeune femme ajouta par après sur un ton de défi.

Elle ne comprenait pas ce que les Architectes représentaient, les comparants à des Dieux. Hautaine, elle ajouta que si la vie venait à habiter ses créations, elles n'auraient d'yeux que pour elle, qui les avait assemblés et modelées comme bon lui semblait. Flavien arqua un sourcil à cette remarque, premier signe que la conversation commençait à l'ennuyer. Oh, elle n'avait rien d'assommant en soi, elle devenait simplement agaçante. Le nomade était un piètre enseignant, et il n'avait que peu de patience devant l'ignorance de la Daënare.

Au fond il savait bien que ses mots étaient ceux qu'ils étaient car les croyances de son peuple avaient été défigurées par des récits contés de la voix d'ignorants. Qu'Ophélia ne faisait que lui répondre ce qu'on lui avait toujours présenté, rien de plus. Malgré tout, ses dires avaient du mal à passer auprès du soigneur. Non contente de se moquer des Architectes en ironisant sur le fait que ses créations, une fois dotées de vie, ne leur adresseraient pas un regard, elle semblait avoir la folie des grandeurs. Il y avait peu de choses sur cette terre que Flavien supportait moins que ceux qui se pensaient au-dessus des autres. Il en existait malheureusement beaucoup, et Ophélia avait l'air d'en faire partie.

" Mégalomaniaque. " Songea le nomade qui leva les yeux au ciel, agacé.
" Mégalomaquoi ? ", Répondit aussitôt Hua, toujours attentive aux pensées de son maître. La petite Tairakh était un peu perdue, " C'est dangereux ? "
" Mégalomaniaque ", Répéta Flavien en croisant les bras, répondant rapidement à son familier, " Pas forcément, tout dépend... mais ça peut le devenir. Autant pour les autres que pour soi-même. "
" Tu vois que j'avais raison ! "

Flavien secoua la tête, tant en réponse à la remarque d'Hua que pour réagir aux dires d'Ophélia.

- Vous vous méprenez. Nota Flavien. Son ton n'avait rien d'agressif, comme souvent en situation de conflit il était plat, détaché. Presque ennuyé. Je ne sais pas quels Dieux vous priez en Daënastre, ni même s'il vous arrive de prier. Les Architectes n'ont rien des souverains auxquels vous les comparez, ils ne prennent pas plaisir à être vénérés. Ils sont les guides de tous ceux qui acceptent et chérissent les facultés qu'ils nous offrent. Leurs enseignements sont nos boussoles et leurs dons nos outils. S'il est vrai que certains pratiquants estiment leur magie supérieure aux autres, ce n'est que le reflet des croyances de leur Architecte. Mais suivre cette dernière ou non reste au choix du mage. Son Architecte ne l'abandonnera pas pour autant.

Le nomade désigna d'un geste ample de la main l'ensemble de pièces détachées, de jouets à moitié réparés et de pantins correctement réassemblés sur la table.

- Vous dites représenter tout pour vos créations, qu'elles n'aimeraient que vous si elles venaient à naître à la vie. L'idée était saugrenue et particulièrement dérangeante, mais soit. Ce n'est pas ainsi que mon peuple voit les choses. Prenons cette boite à musique que vous avez réparée. Si vous lui avez donné forme, est-ce vous qui avez créé la mélodie qu'elle joue ? Les... parties, qui la composent. Les pigments qui la colorent... Vous les utilisez pour lui donner forme, mais vous n'en être pas la seule créatrice. Ceux qui vous fournissent les éléments qui la composent sont autant responsables de son existence que vous. C'est ainsi qu'œuvrent nos Architectes.

Flavien venait peut-être de froisser Ophélia, mais ce n'était pas la première fois qu'il volait dans les plumes de quelqu'un et ça ne serait certainement pas la dernière.

- Ensembles, avec leurs différences, ils nous donnent vie, chacun à leur niveau. Nous ne leur sommes redevables de rien, nous choisissons de suivre celui ou ceux dont on se sent le plus proche. Maudiriez-vous vos enfants s'ils se détournaient de vous pour suivre un autre enseignement que le vôtre ? Si tel est le cas, vous n'aurez rien d'un Architecte pour eux. Un parent n'est pas un dieu impitoyable.

Toujours les bras croisés, Flavien toisait la Daënare penchée sur ses œuvres. A mesure qu'il parlait, il réalisait combien ses paroles pouvaient sembler creuses pour une personne qui n'y connaissait rien à la magie des Architectes. Ophélia disait qu'elle la fascinait, mais était-elle au moins en capacité de comprendre d'où provenaient les facultés des mages ? Ce n'était pas que de simples artifices, encore moins des tours de passe-passe et certainement pas des miracles. Il s'agissait de dons tangibles, réels et faisant partie intégrante de leurs détenteurs. Attachée à leurs âmes, la magie grandissait en même temps qu'eux. Difficile, pour la représentante d'un peuple qui ne pensait qu'à son gain personnel, de saisir une telle dévotion libre de toute contrainte.

Son regard se porta sur la main d'Ophélia, venue se poser sur le bas de son dos. Il était clair qu'elle supportait en partie le poids de son corps sur le comptoir, souffrant toujours de la mauvaise chute que Selmac avait occasionné. Le nomade prit un air sérieux, déviant légèrement la conversation plutôt que de s'enfermer dans un discours stérile.

- Vous dites que la magie vous intéresse mais vous ne vous intéressez pas à nos Architectes. Pourtant elle ne fait qu'un avec eux. Dit-il sans reproche, énonçant un fait plutôt que de chercher à pointer l'ignorance d'Ophélia du doigt, Si vous le souhaitez, si vous êtes prête à observer le don de l'un des leurs et désirez vraiment en apprendre plus sur la magie... Je pourrais guérir cette blessure qui vous gêne, et répondre aux questions que vous vous posez ce faisant.

Il étendait une main devant lui, l'expression gardée. Il ne s'empêcha d'ailleurs pas d'ajouter un petit pique à l'attention de la jeune femme.

- Si vous êtes suffisamment confiante pour ne pas me mettre sous la gorge ce... machin.

Bon, la pique était un peu ratée, faute de connaissance dans le domaine des outils de pointe. Après tout, Flavien n'avait jamais vu un chasse-goupille de sa vie.

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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[Terminé] L'enfance n’est donnée qu’à quelques-uns - Page 2 EmptyMer 11 Avr - 14:21
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Jamais dans sa vie, pas une seule fois, pas une seule bouche n'avait osé blasphémer envers elle autant que celle de Flavien. L'oreille de la gérante avait été attentive jusque là, écoutant ses déblatérations sur ses dieux, comme quoi ils étaient moins tyrans que despotes bienfaisants. Ophélia n'y croyait pas une seconde. Pas un seul être en ce monde ne savait gérer le pouvoir qui leur était donné, la preuve lui avait été faite il y a longtemps de cela. Elle a garanti la liberté à ses clients de se servir et payer de leur propre initiative, mais chaque moucheron qui avait assez de jugeote pour enfreindre les règles établies en profitaient pour simplement  prendre la marchandise. Chacun d'entre eux a reçu son châtiment, justement attribué. La boutiquière déposait au-dessus de leurs têtes l'anathème de sa famille, l'épée de Damoclès de sa boutique, qui lui a valu une réputation des plus sinistres. Certains pensaient que seuls les enfants y étaient la bienvenue ... et ils avaient bien raison. 

Pourtant, un homme se tenait dedans, seul face à la gérante, il aurait bien compris dans quelle bourde il s'était embarqué, si seulement il avait tendu l'oreille aux rumeurs. Quel dommage que son sens social soit amoindri, il se serait évité bien des soucis s'il avait su directement aller à la gare. A la place, il se retrouvait face à face avec une femme qui désormais le voyait comme la dernière des ordures. La vaironne possédait une haine innée envers ceux qui manquaient de respect à son magasin, à ses créations. Mais questionner leur fondement même, son art à elle, oser insinuer que son rôle n'était que celui d'une large chaîne qui dépassait son égoïsme. Ce n'était pas un  affront, ni une insulte, purement et simplement un sacrilège envers le culte sacré que ses enfants lui vouaient à elle, elle et seulement elle. 

Chacun de ses mots de plus en plus long, chaque phrase que sa bouche crachait, chaque syllabe qui claquait au fond de son palais donnait de plus en plus envie à la boutiquière de lui arracher la langue. Et tout ce qu'il disait était dénué de sens. Comme Ophélia s'en doutait, il comprenait aussi bien sa manière de penser qu'elle ne comprenait la sienne. Ses enfants lui resteraient, jamais ils ne se détourneraient d'elle, car ils sont vivants à leur manière. Leur être est fait de rouages et de vérins, mais seule la jeune femme les voit tels qu'ils sont réellement. Comme elle, ils vivent pour servir une cause, faire sourire, sans jamais s'en donner le droit. Alors, depuis quand un étranger qui ne connaissait rien des moeurs et de la vie de Vereïst pouvait se donner la légitimité de seulement contester l'ordre établi entre ses murs ? La réponse était aussi limpide que brume sur miroir. 

La gérante l'encaissa du mieux qu'elle put, feignant la concentration sur son oeuvre, alors que son coeur se contractait. Sa gorge était serrée, obstruant ses voies digestives, les empêchant de régurgiter. Ses dents s'écrasaient les unes contre les autres et ses yeux commençaient à s'élargir et s'infuser de sanguines fêlures. Son visage était baissé sur son oeuvre, à tel point que seuls les sourcils étaient visibles à Flavien. Elle le laissait parler, continuer à soliloquer dans le vent, simulant l'attention distraite qu'elle avait eu jusque là, alors qu'elle poursuivait son oeuvre de fixer les lamelles sur le support destiné à cet effet. Lamelle ... ce n'était pas une mauvaise idée, tiens. Après tout, l'orage bloquait la rue et l'étranger commençait à s'approcher. L'espace entre le comptoir et le mur était assez réduit. D'autant que l'étranger se tenait en plein milieu, à quelques petits mètres du bout du meuble. Parfait.

Lorsqu'il vint à son côté, la vaironne leva son regard vers lui, apaisée par la pensée qui venait de lui soulager l'esprit. Ses yeux étaient calmes d'apparence, assez lassé aurait-il semblé, c'était bien normal, après tout, le débat était véhément de chaque côté et l'incompréhension avait don d'ennuyer. Lui offrant ses services, Flavien fit preuve d'une générosité presque inattendue, à laquelle Ophélia ne semblait absolument pas s'attendre, si bien qu'elle arqua même un sourcil. Hésitante durant quelques secondes, elle redirigeait son regard vers le comptoir, avant de lâcher son outil. Sa main droite vint couler le long de sa joue, tirant cette partie de son visage vers le bas, exprimant une profonde irritation liée au dialogue. Laissant s'échapper un soupir, craquant son dos avec ses paumes, elle semblait finalement s'être résolue à laisser le mage agir, pourtant, elle lui tourna le dos, non sans laisser s'échapper quelques mots au préalable.

Soit, mais d'abord je vous prierai de patienter, il y a quelque chose que vous devez voir. Sans quoi, vous ne pourrez comprendre mon point de vue.

Elle fit quelques enjambées lestes vers le mur qui faisait face à Flavien, avant de fouiller derrière des rideaux encastrés dans la paroi parallèle au comptoir. De l'alcôve, elle tira une large silhouette recouverte d'un drap lourd. La gérante la fit tourner plusieurs fois sur elle-même, cherchant le sens adapté, avant de retirer ce qui la dissimulait. C'était une immense poupée, dont le dos s'ornait d'une clé mécanique pointée vers le nomade. Ophélia caressa un court instant la joue de l'effigie, elle avait la même texture que la chair. Les cheveux qui coulaient dans son dos paraissaient si réelles et sa forme même, exception faite du bas en carré de roulettes, évoquait l'apparence exacte que revêtirait un corps féminin. Ses bras étaient cependant bien courts, comme s'ils s'arrêtaient aux coudes. 

Et elle se retourna. Le visiteur put alors voir un visage sur cette effigie, li n'avait pas l'air artificiel, il ressemblait trait pour trait à celui d'une femme, yeux clos et bouche à moitié ouverte. Un petit bruit aigu retentit de derrière la poupée, alors que sa créatrice venait d'enlever la légère attache qui empêchait le mécanisme de s'activer. La clé commença alors à tourner. Les avants-bras inexistants n'étaient pas une coïncidence, des lames se rétractèrent depuis les parties des membres déjà existantes, formant ainsi les continuités qui faisaient défaut à la poupée. D'un coup de pied sec, elle al fit dévaler l'espace du comptoir dans lequel Flavien se trouvait, alors que le mécanisme commençait à faire tourner les lames tout autour. 

Derrière, Ophélia souriait de sa risette la plus malsaine. Ses lèvres en coin s'étaient entre-ouvertes pour laisser dévoiler ses dents, et son oeil juxtaposé se cachait derrière des paupières serrées. En opposition, sa bouche du côté gauche était close et presque droitement effacé, tandis que son oeil était grand ouvert et fixait sa plus belle création foncer sur son invité qui désormais était devenu indésirable. Sa main gauche vint chercher sa dague, enfouie sous son manteau et la passa dans sa jumelle, jouant avec quelques instants, avant de la garder serrée au poing. Sa voix douce résonna à nouveau, mais elle était plus aigue et bien plus joueuse que d'ordinaire.

Voici Lamelle, ma partenaire de vie. Hihi ... n'est-elle pas charmante ? 

Ses rires tout aussi immatures venaient rebondir contre le mur qui la surplombait, alors qu'elle semblait presque s'étouffer dedans. Prise dans son hystérie, sa main gauche vint tenir sa joue alors que l'intégralité de son visage s'ouvrait en de grands yeux injectés de sang. Ses lèvres dévoilaient en profondeur l'intégralité de l'intérieur de sa mâchoire et les iris qui ponctuaient ses yeux s'étaient rétrécis jusqu'à ne ressembler qu'à deux points noyés dans des masses saphir et émeraude. Et son regard suivait Flavien ...

Flavien Teleri
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[Terminé] L'enfance n’est donnée qu’à quelques-uns - Page 2 EmptyMer 11 Avr - 22:16
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Ophélia ne répondit rien, plongée dans ses pensées. Elle n'avait pas beaucoup bougée pendant qu'il parlait et Flavien avait supposé que la jeune femme s'imprégnait de ces paroles pas forcément évidentes à saisir pour quelqu'un qui n'avait qu'une vague idée de ce que le don de magie symbolisait. Concentrée sur le matériel qui attendait de reprendre forme et vie entre ses doigts, la boutiquière resta silencieuse un bon moment. Elle reprit vie d'un claquement de doigts, aussi soudainement que l'un de ses pantins farceurs.

D'un pas léger masquant sa douleur, elle passa devant le soigneur pour rejoindre l'autre bout de la pièce, clamant qu'elle avait quelque-chose à lui montrer avant d'accepter son offre. Jamais elle ne croisa son regard, ses yeux cachés derrière sa chevelure soyeuse. Ses gestes étaient mécaniques, pareils à ses poupées articulées. Des frissons remontèrent le long de l'échine du nomade qui l'observait pousser devant elle une large chose recouverte d'un drap.

Découvrant l'objet précieux, Ophélia sourit de toutes ses dents lorsque le drap tomba au sol, faisant place à une poupée articulée qui ressemblait à s'y méprendre à une réelle jeune fille. Seule la clé métallique logée au niveau de sa poitrine révélait sa véritable nature.

Flavien détourna les yeux de la création, se demandant furtivement si son malaise provenait de la complexité des mécanismes de la poupée, ou si les moignons qui servaient de bras à la poupée l’avaient surpris. Peut-être que le sourire d'Ophélia, occupée à caresser amoureusement la joue de sa fille, ne lui disait simplement rien qui vaille. La montée d'adrénaline qu'il sentait courir dans ses veines provenait certainement de son incompréhension face aux actions d'Ophélia. Complaisante et souriante un moment, elle n'avait à présent d'yeux que pour sa poupée. Finalement, il avait peut-être bien fait de rester près du comptoir et de ne pas suivre la jeune femme.

La boutiquière enclencha le mécanisme de sa création et si son Aitah n'avait pas fait le dos rond avant de se réfugier près de lui aux premiers signes de vie de la chose, les lames qui sortirent des moignons de la poupée, la parant d'une paire de bras dont l'étreinte devait être mortelle, était un signe assez clair qu'il devait bouger. Les bras de la poupée se mirent à tournoyer, les lames fendant l'air. La création tranchait l'air autour d'elle avec une rapidité que les plus habiles épéistes lui envieraient certainement.

Maintenant n'était pas le moment de philosopher sur les prouesses de ce monstre mécanique. Ophélia venait d'envoyer sa poupée dans sa direction sans le moindre avertissement.

Flavien s'écarta de la trajectoire de la poupée bien avant qu'elle ne l'atteigne, s'éloignant tout de même de plusieurs pas pour éviter d'être pris pour cible par la tornade de lames de l'effrayante création. Selmac couru se cacher dans un recoin sombre de la pièce, possédant assez de jugeote pour comprendre qu'un pantin brandissant des lames à l'aveugle ne se gênerait pas pour lui rouler dessus. Sur l'épaule du soigneur, Hua grogna sourdement, alternant son attention entre Ophélia et sa créature, dont les mouvements se firent rapidement plus lents, réclamant d'être remonté une deuxième fois.

Le nomade pour sa part n'avait pas lâché Ophélia des yeux après s'être mis à l'abri. La Daënare avait sorti une dague d'il ne sait où, la pointant vers l'admirateur d'Orshin qui décidemment ne comprenait plus rien à toute cette histoire. Il fléchit légèrement les genoux, adoptant une posture défensive en amenant ses bras à l'avant. Il avait bien un coutelas assez facile d'accès à disposition, mais prendre exemple sur la jeune femme ne semblait pas être la chose à faire dans cette situation.

" Qu'est-ce qui lui prend ?! "
" Elle est complètement folle ! " Siffla Hua à son oreille. La Tairakh était furieuse comme rarement. " Et tu proposes encore de l'aider ! "
" Je ne comprends pas. Je n'ai rien fait pour... "
" Cherche pas à comprendre ! Barre-toi ! "
" Il va falloir passer devant elle. "

Un rictus joyeux mais foncièrement mauvais fleurissait sur les lèvres d'Ophélia à présent qu'elle lui présentait l'horreur qui avait manqué de le hacher menu. Lamelle. Quelle blague. Flavien aurait certainement levé les yeux au ciel si la petite voix dans un esprit ne lui hurlait pas de focaliser toute son attention sur la boutiquière. Plus que sa voix faussement enfantine, ce fut le rire de la Daënare qui irrita le nomade. Il l'associait plus à celui d'un jeune enfant s'amusant follement qu'au rire mature d'une jeune femme qui était en pleine possession de ses moyens. Son sourire était démesuré à présent. Il n'avait rien de joyeux ni d'honnête. Il était effrayant, pratiquement plus que la création aux bras tranchants.

Ophélia observait Flavien tel un prédateur observant sa proie. Son rire était spasmodique, incontrôlable. Elle n'était clairement plus elle-même... Ou bien avait-elle fait tomber les masques et avait-elle décidé que les faires semblants avaient assez durés ? Le My'trän n'en savait trop rien, mais après tout il ne comptait pas rester assez longtemps en la compagnie de la jeune femme dérangée pour avoir réponse à ses questions.

Si un mélange d'anxiété et de colère l'habitaient, une part de lui éprouvait de la pitié envers cette jeune femme perdue. Peu importe ce qui pouvait déclencher ses crises, elle était l'esclave de ses émotions. Une bien triste vie, selon le soigneur. Il n'en dit rien, évidemment. Il n'était peut-être pas fin psychologue (il guérissait le corps, pas l'esprit), mais il savait reconnaitre une situation nécessitant de prendre du recul.

- Un nom bien trouvé. Dit-il entre ses dents, taisant les remarques acerbes qu'il sentait monter en lui.

Tout en concentrant son énergie vers ses muscles, s'accordant une détente plus aisée si jamais la situation venait à dégénérer complètement, Flavien reprit la parole.

- Dois-je comprendre que votre point de vue est que vous préféreriez me voir partir ? Vous pouvez simplement me le dire, ce n'est pas la peine de risquer qu'il arrive du mal à votre précieuse fille.

L'admirateur d'Orshin n'avait que cette déclaration à faire. Il semblait que, quoi qu'il dise, Ophélia finisse par se braquer au bout du chemin. Elle était pareille à ses créations : magnifique et resplendissante à l'extérieur, faites de mécanismes intriqués à l'intérieur. Il n'avait aucune patience pour les individus de ce genre, mais il avait une mission à remplir. Il n'allait pas finir sa vie ici, tailladé par les bras-ciseaux d'un automate, ni par la dague d'une Daënare névrosée. Ça lui apprendrait à donner crédit au premier Daënar à l'air un peu engageant venu. La déception n'était pas un art réservé à Khugatsaa.

Ophélia Narcisse
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[Terminé] L'enfance n’est donnée qu’à quelques-uns - Page 2 EmptyJeu 12 Avr - 10:17
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Telle ne fut pas la déception d'Ophélia devant l'inefficacité de Lamelle. Oh, peu importait, elle avait encore ses petits jouets à elle, et après tout, la poupée n'avait pas tout à fait fini son office. Elle esquissa un rire coquet devant le compliment bafoué par son convié, au moins, il avait le goût des belles choses, le rat d'égouts. Quel dommage que son don ne soit pas utile ... il devra continuer à se soigner jusqu'à ce qu'il finisse par complètement se vider de son sang, un plan qui en valait un autre, non pas qu'il fut intelligemment mijoté par la Daënare.

Elle tira sur le câble attaché à un écrou dans le bas de la nuque de sa poupée, elle n'était jamais efficace deux fois d'affilée, triste réalité que la vaironne détestait toujours autant assumer. Mais la noiraude ne prit pas le temps de la ranger, la laissant simplement rouler jusqu'à elle, retirant le mousqueton qui la reliait à sa large corde de fer. Glissant l'hameçon dans le creux de sa lame, qu'elle avait elle-même creusé, elle retint son lien d'acier entre ses paumes, le faisant glisser sur sa peau. Le regard psychotique qu'elle esquissait vint se reposer sur la cachette de Flavien alors qu'elle s'apprêtait à recommencer un autre petit jeu. 

Vous voir partir ? Mais l'orage est encore si fort dehors ... Pourquoi ne resteriez-vous pas ? Hum ? Hihihi ...


Le fouet ... "improvisé", bien qu'il était clair que cette lame était faite pour s'accrocher à un câble, battait l'air en une petite ronde, alors que la gérante le faisait tourner dans le creux de sa paume. Elle continuait son rire malsain, qui pourtant sonnait si innocent alors que la prunelle de ses yeux semblaient perdues dans les échos d'une femme qui n'aurait jamais du revenir à la vie. 

Ophélia grimpa sur son comptoir, et s'y assit simplement, comme l'on se repose les jambes. Elle se tenait en biais par rapport à son invité, son flanc droit lui faisait face alors qu'elle tenait la finition du câble dans sa main gauche. La lame, elle, attendait que sa maîtresse ne lui donne l'autorisation de voler hors de sa paume. Ses doigts se baladaient spastiquement sur le manche, comme appréhendant avec une hâtive anticipation le moment où l'acier aiguisé pourrait écorcher la chair du charmant convive qui avait trop de conversation pour son propre bien. 

Ses insinuations l'avaient grandement froissée dans sa plus importante conception de sa propre vie même. L'instinct territorial avait prit le dessus sur la raison, et de simples mots jaillirent des conséquences démesurées. Quel dommage qu'il ait du quitter la dame douée de raison, qui avait raccompagné chez eux des enfants coincés dans la tempête ... tout ça pour retrouver une timbrée qui adorait ses poupées au-delà même de sa propre vie. La vaironne espérait qu'elle lui manquait, cette gentille boutiquière, c'était lui-même et ses animaux de malheur qui l'avaient fait déserter ce magasin. Désormais, les conséquences d'actions arrogantes revenaient trouver redevance. La voix de la jeune femme retentissait encore dans le hall, avec son ton éternellement aigu, bien trop accentué pour qu'il ne paraisse pas hypocrite et encore moins menaçant.

Hé ... hé ! Vous ne sortez pas ? Mais c'est pas drôle si vous ne sortez pas.


Son expression était contrariée, ses yeux ronds demeuraient vides alors que ses lèvres avaient perdu leur sourire, s'ornant d'une moue aussi expressive que celle d'une des poupées qui ornaient ses étales. Le couteau qui vrombissait l'air se décida finalement de partir de sa main en une ligne droite vers le bout du comptoir. Il ne toucha rien, c'était plus une incitation à sortir qu'une véritable tentative de le blesser, cette étape viendrait après. Sa lame vint érafler la bordure du meuble, laissant une petite marque alors que, comme un serpentin, Ophélia le ramena vers elle en tirant sur le bout du câble. 

Elle n'essaya même pas de le rattraper, pas assez hors d'esprit pour risquer d'entailler sa propre main. L'arme venait simplement rebondir contre le mur derrière elle et se posait sur le sol, suite de quoi, la vaironne revint la repêcher. Faisant à nouveau tourner le fouet artisanal, elle continuait d'insister pour que le nomade ne pointe le visage hors de ce bout de meuble contraignant.

Sorteeeez ... sor-teeeeez.


Et, une fois encore, elle balança son arme. Mais cette fois, elle visa l'intérieur du magasine et décrivit une courbe avec le câble, décrivant un arc de cercle qui s'abattit latéralement sur l'extrémité du meuble, alors que le fil de fer se tordit sur le coin de la manufacture. Et, sans même savoir si elle l'avait oui ou non touché, Ophélia recommençait ses assauts, encore et encore. Elle ne riait même plus, son visage était devenu blanc, blanc de teint et blanc de ton. Seuls ses yeux demeuraient ronds, fixant un Flavien invisible, de son regard vairon. Si la couleur de leurs pupilles différaient, elles n'en demeuraient pas moins fixées sur le même objectif.

La tenancière n'avait aucune intention de laisser le nomade partir, et, assise sur son comptoir, elle ne s'épuisait pas du peu d'effort qu'elle avait à faire pour le mettre à mal. Toutefois, ses entailles s'arrêtèrent, alors qu'une idée lui vint. Si l'étranger gardait une de ses bestioles sur lui, l'autre s'amusait beaucoup de ne pas s'y réfugier, alors, Ophélia chercha des yeux la petite ordure qui avait brisé son enfant. Belle monnaie d'échange que serait sa fourrure si elle réussissait à lui planter une dague dans le ventre. Et pendant qu'elle cherchait son attention se dégagea de sa cible initiale.

Flavien Teleri
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[Terminé] L'enfance n’est donnée qu’à quelques-uns - Page 2 EmptyJeu 12 Avr - 22:40
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Toujours d'une voix enfantine, Ophélia balaya sa proposition au profit d'une moue boudeuse, déplorant le mauvais temps à l'extérieur et l'invitant à rester encore un peu en sa compagnie, le temps que l'orage passe. Flavien n'aurait su dire si le rapide "Dans tes rêves !" qui flasha dans son esprit provenait d'Hua ou de lui. Comme souvent en situation de crise, les pensées de ses proches familiers et les siennes ne faisaient presque qu'une.

La boutiquière se mis alors en mouvement. Elle s'approcha de lui d'un pas leste, les bras ballants et un immense sourire figé sur ses traits. Flavien recula d'un pas en avisant l'arme qu'elle faisait tournoyer devant elle avec un sourire malsain. Il buta contre le mur derrière le comptoir et resta figé une fraction de seconde, hypnotisé par la folie en œuvre devant lui. La jeune femme si douce n'était plus. A sa place se tenait une diablesse au rire léger, une femme ayant perdu la raison, prête à attaquer sans raison un visiteur qu'elle avait semblé si bien accueillir.

Ophélia avançait toujours et le sifflement du fouet qui tournoyait dans l'air ne mis pas longtemps à faire réagir le soigneur qui, à défaut de mieux, se réfugia sous le comptoir. L'action ne sembla pas au goût de la boutiquière qui se plaignait de le voir disparaitre. Son petit rire et ses railleries étaient déjà bien assez difficiles à supporter. Rajoutez à cela le craquellement du bois rongé par la lame, et vous obtiendrez la recette d'une situation aussi dérangeante que périlleuse.

Flavien colla son dos contre le bois et serra ses mains l'une contre l'autre, reposant son menton sur ses appuis tremblants. Hua hurlait dans son esprit mais il ne pouvait lui accorder plus d'attention pour le moment. Il devait se sortir de là au plus vite. L'admirateur d'Orshin ferma les yeux et lança son appel à l'aide, laissant son corps vulnérable derrière lui pour partir en quête d'un compagnon de combat capable de le tirer d'une mauvaise passe telle que celle-ci. L'opération était risquée, mais le soigneur n'avait pas vraiment le choix sur la question. Il se concentra autant que possible, avec les ricanements d'Ophélia lui vrillant les tympans et la crainte d'Hua accélérant son rythme cardiaque. Il n'avait pas le droit à l'erreur.

Au bout d'une petite minute de recherche, une créature répondit à son appel. Un Do-khyi originaire des plaines glacées de Vereist se décida à prêter main forte au soigneur. Le mastiff était un chien errant de la région, déçu par la méchanceté des habitants des villes qui le chassaient à coup de pierres et parfois même à coups de feu. Effrayés par son apparence, rares étaient les Daënars qui lui accordaient un minimum leur confiance, et la noble bête qui n'avait vécu que pour servir son maître de longues années avant sa mort tragique leur en voulait énormément pour cela. Il l'aiderait à s'enfuir, prenant d'assaut Ophélia à la première opportunité. Peut-être qu'avec l'aide de Kal-Den, il arriverait à se tirer de là.

Flavien débuta son incantation. Complètement ailleurs ou presque, il ne remarqua pas le déplacement de la boutiquière. Lasse d'attendre que son invité se décide à se montrer, Ophélia grimpa sur le comptoir, jetant sa lame au hasard de-ci de-là. Elle cherchait à accrocher Flavien, à l'écorcher comme ses mots avaient pu le faire. Elle y parvint d'ailleurs, sa lame écorchant la peau du dos d'une des mains du soigneur, déchiquetant la peau à son passage. Inconscient du danger imminent, Flavien ne sentit rien. Tout le contraire d'Hua qui, à la vue du sang, sentit une colère sombre monter en elle. La Tairakh ferait regretter à cette dégénérée de s'en être pris à son maître.

La salve de coups s'arrêta brusquement et Hua n'eut pas besoin d'en savoir plus. La petite carnivore passa la tête au-dessus du comptoir, se faufila habilement au sommet de ce dernier, et se lança sur Ophélia qui lui tournait le dos, sans chercher à comprendre pourquoi la Daënare avait stoppée son attaque. Rapide comme l'éclair et motivée par la rage, Hua fondit sur Ophélia, plantant ses canines protubérantes dans le bras armé de la jeune femme. Elle serra la mâchoire comme elle l'aurait fait quand il s'agissait de rompre le cou d'une proie et injecta son venin dans le membre meurtrier de la femme dérangée.

Celle-ci ne se laissa évidemment pas faire. Elle s'arracha à la prise d'Hua, envoyant la Tairakh voler à travers la pièce et s'écraser de tout son poids contre un mur près de l'alcôve. La carnivore glapit de douleur en heurtant la paroi, mais savoura la douleur occasionnée. Elle avait pris un coup, certes, mais il s'agissait d'un coup que son maître n'avait pas pris à sa place. Rien que pour cela, elle était heureuse. Quoiqu'Ophélia fasse d'elle, elle lui avait fait lâcher son arme en paralysant son bras. Elle n'avait pas eu assez de temps pour injecter tout son venin, mais celui-ci allait se propager assez rapidement dans les veines de la Daënare et la mettre hors d'état de nuire.

" Hua ?! "

La voix paniquée de son maître fit sourire la petite carnivore. Il était de retour et, à en juger par les grognements qui se réverbéraient dans la boutique, il était accompagné. Son invocation venait de se matérialiser à ses côtés, atterrissant près de lui après l'éclat de plusieurs cristaux de magilith.

Flavien avait repris pied au même moment où Ophélia projetait Hua à travers la pièce. La douleur de son familier fit grimacer Flavien et il serra les poings. A ses côtés Kal-Den grognait, reconnaissant facilement celle qui allait devenir sa cible. Bondissant par-dessus le comptoir avec une agilité déconcertante pour un si grand chien, le Do-khyi bondit sur Ophélia, renversant la jeune femme sous son poids. Retroussant les babines, le molosse grogna sourdement.

Avec Kal-Den à ses côtés, Flavien n'avait plus rien à craindre d'Ophélia et de ses armes tranchantes. La Daënare ne pourrait pas se défaire facilement de l'emprise du canidé qui n'avait d'yeux que pour elle. Les sombres iris du chien fixaient la boutiquière avec férocité, la mettant au défi de bouger. Si elle l'avait voulu, elle ne l'aurait pas pu. Le venin d'Hua, paralysant et soporifique, faisait déjà effet.

Sans prêter attention aux dires d'Ophélia, Flavien se précipita vers Hua. D'une main, il récupéra la Tairakh et s'assura qu'elle ne saignait pas (il verrait après si elle n'avait vraiment rien de cassé). Il la glissa ensuite à l'abri de la poche de son manteau. Selmac bondit hors de l'alcôve, terrifié, et se percha sur l'épaule de son maître qu'il regardait avec angoisse. Flavien ne leur adressa pas la parole, conscient que partir au plus vite était l'unique option. Il s'élança vers la porte et enleva la planche qui protégeait l'entrée, plissant les yeux lorsqu'un vent glacial balaya son visage fiévreux.

" Kal-Den, on y va ! "

L'immense chien aboya au visage d'Ophélia et se retourna, rejoignant Flavien et ses familiers à l'entrée. Tous les quatre s'échappèrent de la boutique en vitesse et sans cérémonie, laissant la porte grande ouverte derrière eux. Flavien n'allait certainement pas rester un instant de plus en compagnie d'Ophélia et de ses créations de malheur.

Le soigneur marcha une bonne demi-heure sans savoir où il se rendait ni où il était. A ses côtés, Kal-Den assurait une présence rassurante. Quant à Selmac et Hua, ils s'étaient réfugiés dans le manteau de leur maître, Hua n'ayant pas quitté la poche où Flavien l'avait délicatement posée, Selmac emmitouflé dans le capuchon du soigneur. La Tairakh avait mal, mais elle assura à Flavien que tout allait bien, tout en sachant pertinemment qu'il savait très bien qu'elle aurait de belles ecchymoses dues à sa chute.

Un aboiement attira son attention et le nomade suivit la piste de son invocation, soupirant de soulagement lorsqu'il le dirigea vers une ruelle peu fréquentée, mais orientée de façon à ce que la tempête de neige ne l'atteigne pas réellement. Ils pourraient attendre la fin de la tempête ici, à l'abri du vent à défaut du froid. Un frisson parcouru l'échine du soigneur et il s'installa sur le sol froid, plaçant sa tête entre ses mains et frottant vigoureusement son visage. Par Orshin, qu'est-ce qui lui avait pris d'agir de la sorte ?

Sa main blessée le tiraillait, le froid réveillant la brûlure occasionnée par la lame, mais Flavien n'y prenait pas attention. Sa rencontre avec Ophélia ainsi que son invocation et la mise en danger de ses familiers lui importaient trop pour qu'il se souci d'une telle coupure. Il guérirait bien assez rapidement.

Un geignement lui fit relever la tête et une langue aussi brûlante que gluante lui lécha la joue. Flavien sourit tristement à Kal-Den qui s'installa à côté de lui, offrant un peu de sa chaleur corporelle au soigneur secoué. Il allait devoir renvoyer le molosse chez lui, le laisser s'épanouir dans la nature sauvage, loin des villes Daënares et de ses habitants. Il le ferait, mais pas maintenant. Il caressa le poil rêche de l'animal qui lui rendit sa gentillesse en s'appuyant de tout son poids contre lui. Pas maintenant. La tempête devait d'abord se calmer.

S'il parlait de celle qui hurlait sur la ville, ou de celle qui faisait un ravage dans son esprit, Flavien n'en savait trop rien.

HRP:

Ophélia Narcisse
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[Terminé] L'enfance n’est donnée qu’à quelques-uns - Page 2 EmptyVen 13 Avr - 0:29
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Tournant les yeux sur la pièce pour trouver la petite ordure que ce chien avait nommé Selmac, Ophélia ne trouvait aucunement satisfaction. Ce minuscule rapiat se faufilait partout et il était bien trop discret pour qu'elle ne le remarque finalement. Distraitement, elle tira la dague jusqu'à ses yeux pour constater qu'il y avait bel et bien un lignage de sang qui en ornait le fil. Un large sourire se dessina sur son visage, alors qu'elle se délectait de cette victoire au détail près. Mais sa satisfaction disparut aussi tôt, alors qu'elle vit des canines entrer dans son champ de vision, focalisée sur son couteau tâché de l'intérieur de Flavien. L'autre parasite venait de planter ses crocs dans sa peau, dans l'encolure du pouce, et dans la veine qui suivait l'index. Grognant de rage, imitant presque la sale bestiole, la gérante encaissa sa douleur au travers de sa haine. 

Attrapant le petit ventre de cette saloperie, la vaironne le balança d'un revers sur le mur qui précédait son maître. Essoufflée, celle-ci courba le dos pour essayer de mieux respirer ... essoufflée ? Ce n'était pas normal, il lui en avait fallu bien peu cette fois, d'autant que ses mouvements n'étaient pas gourmands en énergie. Relevant sa main devant elle, contemplant les deux marques creusées dans sa peau. Ils étaient petits, mais la teneur pourpre de ce qu'Ophélia pensait être du sang ne la rassurait pas quant à ce qu'elle venait de subir. Elle avait lâché son arme sous la surprise, la laissant tomber sur le bord du comptoir. Etourdie, elle commençait à réaliser qu'elle ne pourrait plus soutenir le manche. Ses membres s'engourdissaient et ses doigts laissèrent tomber le fil. 

Son regard était trouble, ne voyait même plus correctement sur sa vision périphérique. L'expression déjantée qu'elle avait arborée jusque là s'effaça dès que la morsure avait laissé sa marque. Son ton était celui d'une femme fatigué, yeux à moitiés clos et oreilles presque sourde. Son cou leste décrivit un arc de cercle, faisant se balader son regard sur l'intégralité de la pièce avant de le retourner vers l'invité qu'elle avait tenté de tuer. Mais elle ne vit pas son visage, une masse sombre vint la faucher de son perchoir, lui infligeant une chute de deux mètres de haut dont la totalité du choc fut encaissé par le dos déjà endommagé de la tenancière. 

L'arrière de son crâne tapa contre le parquet, achevant de la mettre hors d'état de réagir. Ses épaules sentaient à peine les lourdes pattes du molosse qui venait lui lécher le visage du bout de son museau. Elle lui aurait bien percé la peau à cette immondice, si seulement elle avait pu bouger. La chose lui grognait au visage, prête à lui percer la gorge de ses canines si elle venait à esquisser le moindre mouvement. Manque de chance pour le canidé, Ophélia était déjà sur le bord de l'inconscience. De sanguines gouttelettes venaient orner le sol qui suivait l'arrière de sa tête. Et, à bout d'endurance, la vaironne ferma ses yeux qui désormais, n'affichaient plus qu'une tranquille mélancolie, empreinte de regrets que son invité ne verrait jamais. 

A son réveil, elle était était seule dans l'enceinte de son magasin, dont la porte battait. Relevant la tête, elle sentit une grave douleur lui serrer l'arrière du crâne. Dehors, il faisait presque nuit et la tempête s'était apaisée. La brune se mit péniblement sur le ventre, tentant de se relever avec l'aide de ses mains, constatant par la même occasion qu'un bout de sa peau derrière sa chevelure laissait sortir du sang en très basses quantités. Après être retombée une demi-douzaine de fois sur ses genoux, la vaironne parvint finalement à reposer les jambes au sol, non sans les tordre vers l'intérieur une fois son équilibre presque retrouvé. Maintenue droite par le comptoir à sa droite, elle écrasa sa paume gauche sur son visage tentant de faire passer la douleur et la brutalité d'un tel réveil. 

Ophélia se réveilla alors complètement, réalisant ce qu'elle "venait" de faire. Une fois de trop, elle avait laissé parler la fille de son père, celle qui tuait sans compter et qui ne trouvait de repos qu'à travers le décès d'autrui. Ses paupières se serrèrent l'une sur l'autre et ses dents se broyaient à serrer leurs homologues. Son regard balaya son magasin, constatant que plus de poupées encore qu'auparavant était à terre. Les poings qu'elle gardait sur ses flancs se refermèrent. Ce n'était pas tant la honte qui avait pris possession d'elle, mais bien une rancoeur amère qu'elle comptait bien achever. La situation était à son avantage, lui, était dans une lande étrangère à laquelle il était inconnu. 

Dès le lendemain, quelques rumeurs commençaient à circuler, comme quoi la gérante d'une boutique de jouets avait été agressée par un magicien venant du continent d'en face, accompagnés d'animaux aux abords inoffensifs mais mortellement dangereux. Et, chaque fois qu'un enfant venait lui dire qu'il aurait du rester pour la protéger du méchant monsieur, elle le regardait avec une bienveillance redevable, des bandages blancs lui serrant le front. Et bien souvent, lorsqu'elle se détournait du visage qui l'observait, elle esquissait un sourire satisfait. Une vengeance toutefois bien maigre par rapport à ce qu'elle comptait entreprendre par la suite. Flavien venait de My'tran, le continent d'en face. Ophélia savait bien peu des militaires et de leurs pratiques, mais la nation à laquelle il appartenait n'était pas la sienne. 

Elle décida donc de se mettre à la recherche d'une de ses connaissances qui l'avait, pendant bien trop longtemps ignoré ... une militaire. Si elle ne pouvait faire payer le nomade de par ses propres moyens, elle emploierait une manière détournée. Et, sur le seuil de la porte de sa boutique ... elle attendait que passe cette occasion. 

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