[Terminé]Promenons-nous dans les bois

Il était temps pour Adam de partir de Zuhause. Il avait d’ailleurs eu vent d’un travail de garde du corps à Cerka. Après ce qu’il avait dépensé dans la capitale de Vereist, il ne lui restait pas grand-chose de son pécule, et il ne pouvait se permettre de dépenser encore un voyage en train. La chance lui avait visiblement sourit puisqu’il avait trouvé un petit travail de livreur entre Zuhause et Cerka. Les vivres, bien que peu affriolants, lui étaient fournis et si tout arrivait à bon port en bon état, il gagnerait quelques piécette.

C’est ainsi qu’il se retrouva, quelques jours après son départ, à la lisière de la forêt de Kyaz, son sac agrémenté de deux petites boîtes au contenu inconnu et quelques provisions. La forêt n’avait pas l’air des plus accueillante, il n’avait cependant pas le choix. Heureusement qu’un chemin avait été tracé par les voyageurs qui bravaient l’endroit, ainsi que les autochtones. On lui avait fourni un description vague de l’itinéraire qu’il devait emprunter, heureusement qu’il avait bien suivit ses cours de géographie à l’école. Il espérait ainsi tomber sur un hameau pour dormir cette nuit. Il n’avait pas vraiment le matériel pour camper. Le temps étant pour l’instant au beau fixe mais la neige toujours présente n’était pas accueillante.

Il ne sut combien de temps avait passé depuis qu’il était entré dans le royaume des conifères, avant d’entendre un cri. Le jeune homme avait bien l’impression qu’il s’agissait d’un humain. Il ne voulait pas non plus trop présumer, ne connaissant pas la faune des lieux. Dans tous les cas, il risquait d’être vite fixé car le son était proche de lui. Par sécurité, il dégaina sa dague, prêt à se défendre le cas échéant. En voyant les possibilités que lui donnait son travail temporaire, il n’avait pas pensé qu’il pourrait se trouver face à des créatures dangereuses et n’était donc pas armé en conséquence.

Un deuxième hurlement s’éleva, plus proche encore cette fois-ci. Adam s’arrêta, l’oreille tendue, à l’affut d’un indicateur de ce qui risquait de lui tomber dessus. Le seul indice qu’il reçut fut un bruit de course, affolant des petits oiseaux qui devaient faire une sieste à une trentaine de mètres de lui.

Une femme d’âge moyen déboucha des arbres, l’air affolée. Ses yeux bleus avaient des pupilles dilatées par l’émotion forte qu’elle vivait, ses traits étaient crispés, son souffle était erratique. Voyant l’homme baraqué en face d’elle, elle se précipita derrière lui sans demander son reste. Le jeune homme la sentait trembler, certainement de peur, et des petites mains vinrent s’accrocher à son manteau. Quel que soit le danger, il était suffisant pour qu’une femme de Vereist, généralement capables de se défendre, se précipite derrière un inconnu armé. Une voix claire, hachurée, lui confirma cela.

« Aidez…moi...pi…pitié »

« Qu’est-ce qu… »

Il n’eut pas besoin de finir sa phrase, qu’il connut enfin l’objet des frayeurs de la dame. Un énorme félin, dont la tête arrivait à son poitrail, se présenta devant eux, d’un pas tranquille. Comme si il ne venait pas de pourchasser une proie. Le pelage noir de l’animal luisait de reflets bleu nuit, tandis que les yeux dorés fixait les deux humains. La bête feula, laissant entrevoir les dents acérés de sa gueule. Sa queue battait de manière régulière, soulevant de la neige au passage. L’effet était saisissant. Si le danger n’avait pas été présent, Adam aurait sans doute trouvé ce spectacle magnifique.

La fuite n’était visiblement pas une solution, le félin était trop rapide pour eux, surtout que la femme ne semblait pas pouvoir aller plus loin. Lui-même n’était pas assez armé face à un bestiau de cette taille et de cette puissance. Leur seul salut viendrait probablement d’un tiers plus armé, ou d’un groupe de personnes assez important pour faire abandonner le prédateur. Pour l’instant, l’ancien mineur ne put que continuer à regarder leur attaquant droit dans les yeux, évitant ainsi de se placer dans la position de faible proie.

HRP:

Voila plusieurs mois passé à vagabonder autour de la cité de Zuhause, Unitchi a réunis suffisamment de vivre pour son voyage, la traversée de Zuhause à Cerka n’est pas très longue, mais son étude de la forêt risque de prendre beaucoup de temps au vu de ses envies.

Après deux semaines de vagabondage dans la forêt de Kyaz, en suivant plus ou moins les quelques rares chemins tracées, il commença a traqué avec l’aide de son loup Maïsha d’éventuelle trace d’un animal ou d’un troupeau qui pourrait susciter un intérêt pour ses recherches et découvertes.

Après avoir trouvé plusieurs troupeaux d’herbivore sans réel intérêt, Maïsha renifla une piste qui l’enchantait bien moins, avançant sur la défensive voir à reculons. Unitchi posa une main sur sa tête en regardant les restes de traces de pas à moitié effacer par les proies de l’animal.

«  hum… félin, assez gros… erf ça sera toujours quelques matériaux à revendre, les animaux rares ne sont pas très présents ici… »

Il prendra donc la chasse de la créature pendant plusieurs jours, profitant d’une chasse qui, pour l’instant, ne mettait pas grand monde en danger. Mais il ne se fessait pas d’illusion, ce genre d’animal reste rarement sur une proie facile et en jouant la prudence, il limite ses chances de mauvaise surprise.

Au bout des quelques jours à la poursuite de l’animal, il perdit la piste non loin du chemin principal, visiblement ayant trouvé de quoi manger. Unitchi remonta le chemin à l’écart, restant au milieu des arbres afin de ne pas rester à découvert, Maïsha à ses côtés fort peu rassurer.

« Allons ma grande, c’est pas un gros chat qui va nous faire peur. »

Après quelques heurs passé à avancer, fusil en mains, il entendit des hurlements, à deux reprise puis une discussion affolée au fur et a mesure qu’il approcha de l’origine. Il trouva les deux personnes pris en chasse par la bête.

Avec un simple sifflement, Maïsha oublia la peur qu’elle possédait et se placera en vitesse entre la bête et le petit groupe, pendant que Unitchi se décalera pour obtenir un angle de tir meilleur sur le prédateur, profitant des quelques secondes de surprise crée par son loup. Il prit le temps d’ajuster son tir et toucha la bête a la patte avant, donne un coup de levier, fusil toujours à l’épaule et tire une nouvelle fois, touchant au flanc pour ce coup. La créature fût surprit de l’arriver impromptus d’adversaires suffisamment préparer et s’enfuit sans suite, saignant abondement.

En rappelant son compagnon à ses côtés, Unitchi se rapprocha des deux personnes encore un peu sous le choc des faits.

« Bonjour. Pas de blessure ? »

Il en profite pour recharger son fusil, et une fois en face des deux, rangera son fusil dans le dos avec la sangle, Maïsha assise à ses côtés.

La chance était visiblement de leur côté car un loup vint se positionner entre eux et le prédateur. Enfin, pas seulement la chance, car les deux coups de fusil qu’Adam entendit lui fit comprendre que quelqu’un était bel et bien venu à leur secours. La patte et le flanc touché, la bête du se sentir en danger car elle partit, non sans un dernier feulement.

L’ancien mineur se permit de soupirer de soulagement, puis regarda le loup se placer aux côtés de leur sauveur. L’homme devait avoir à peu près son âge, et malgré une corpulence légèrement moins impressionnante que la sienne, il n’était certainement pas à prendre à la légère. Le matériel qu’il portait, ainsi que sa tenue, laissait penser qu’il s’agissait de quelqu’un tout à fait à l’aise dans ce genre d’environnement.

« Bonjour. Pas de blessure ? »

Adam le vit s’occuper de son fusil avec habileté, tout en leur parlant. Il reprit contenance afin de lui répondre

« Non ça va, vous êtes arrivé à temps. Merci pour le coup de main »

Il sourit à l’homme avant de se tourner vers la dame qui se trouvait toujours derrière lui. Elle ne semblait toujours pas rassurée par le départ de la bête.

« La bête est partie Madame, vous pouvez vous détendre. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Je pense pas qu’un gros félin comme ça aurait dû être aussi près du chemin »

En effet, la forêt n’était peut-être pas l’endroit le plus sûr de la planète, mais personne ne traverserait si le danger était trop important aussi près des chemins. Quelque chose avait dû attirer le félin. Peut-être était-ce la dame qui s’était aventurée trop loin ? Peut-être autre chose avait dérangé la bête ? Il fallait qu’ils aient une réponse pour ne pas avoir de surprise.

« Je…J’étais allé près d’un coin à baies. Normalement c’est sans danger…Là la bête était déjà là…dès qu’elle m’a vue… »

Un petit cri très féminin sorti de sa bouche, exprimant de nouveau la peur qu’elle avait ressentie. Elle se resserra contre le jeune homme, ses tremblements ne s’étant pas calmés. L’animal n’aurait donc pas dû se trouver là, quelque chose avait dû l’énerver assez pour qu’il s’aventure hors de son territoire. Rien ne disait donc que la bête ne s’approcherait pas de nouveau de la route malgré ses blessures, ou qu’elle n’attaquerait personne dans les bois. Dans tous les cas, la dame n’était pas en état de rentrer seule.

Regardant de nouveau le chasseur, il s’adressa à lui :

« Je sais que vous nous avez déjà aidé, mais est-ce que ça vous embêterait de nous accompagner jusqu’au prochain hameau ? Elle n’est pas en état d’y aller toute seule et je ne suis pas assez armé si une autre bestiole de ce gabarit nous attaque. »

Il essaierait ainsi de voir avec l’homme s’il avait aperçu d’autres choses étranges dans les environs. Ca lui assurerait ainsi qu’il pourrait finir la traversée sans heurts.

«Non ça va, vous êtes arrivé à temps. Merci pour le coup de main »

« de rien. »

Il regarda la dame encore sous le choc, l’arrivée de la bête à cet endroit de la forêt n’est pas foncièrement le plus inquiétant, mais avec un peu de chance les autorités locales lui demanderont de sens occupé.

« La bête est partie Madame, vous pouvez vous détendre. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Je pense pas qu’un gros félin comme ça aurait dû être aussi près du chemin »

« Je…J’étais allé près d’un coin à baies. Normalement c’est sans danger…Là la bête était déjà là…dès qu’elle m’a vue… »

Donc le félin était probablement affamé, pourtant il a repéré beaucoup de gibier potentiel avant… à moins que la femelle a mis bas plus tôt que prévu...

« Je sais que vous nous avez déjà aidé, mais est-ce que ça vous embêterait de nous accompagner jusqu’au prochain hameau ? Elle n’est pas en état d’y aller toute seule et je ne suis pas assez armé si une autre bestiole de ce gabarit nous attaque. »


Ressortant de ses réflexions par la demande de l’homme, il ne réfléchit pas bien longtemps, même blesser ce genre de créature revient souvent à la charge, et tant qu’à faire il ne refusera pas quelques vivres supplémentaires afin de rester plus longtemps ici.

« Vous n’avez pas de quoi vous défendre ? Hum…. Très bien, on n’est pas très loin mais moins on traîne plus vite je reprendrais la traque, le laisser comme ça est trop dangereux. »


Il sortit simplement un morceau de viande cru qu’il donna à son loup, Maïsha n’en fit qu’une bouchée et repartit toute contente faire de grands tours dans les bois pour d’éventuels prédateurs.
Unitchi se retourna pour reprendre la route, en suivant cette fois-ci le chemin.

« Vous compter vous rendre jusqu’où sans protection dans cette forêt ? Elle n’est pas très dangereuse en soi certes, mais on ne sait jamais. »

Il attendra une réponse en marchant lentement afin de laisser les deux suivre sans trop de problèmes.

L’homme avait raison, la bête pouvait tout à fait attaquer de nouveau, mais ils ne pouvaient décemment pas laisser la femme seule en plein milieu de la forêt, choquée par sa mésaventure. Dans tous les cas, leur sauveur avait l’air de vouloir les aider de nouveau puisqu’il attaqua la route après avoir nourrit son animal de compagnie.

Adam trouvait étrange de vois un loup suivre un homme, mais il ne connaissait que très peu le monde, d’autres choses plus étranges existaient certainement.

« Vous compter vous rendre jusqu’où sans protection dans cette forêt ? Elle n’est pas très dangereuse en soi certes, mais on ne sait jamais. »

« Je traverse la forêt. Pour l’instant ce qui m’inquiètes, c’est d’amener cette dame à l’abri. Le hameau doit se trouver à une trentaine de minutes d’ici normalement. On pourra prévenir les habitants pour que personne d’autre n’aille se mettre dans le pétrin. »

Il s'entretiendrait avec les habitants, et négocierait de quoi aller chasser la bête. Il ne comptait pas laisser ce prédateur attaquer impunément, et il souhaitait aussi comprendre ce qu’il s’était passé. Il continuait à croire que la situation n’était pas normale.

Sentant que la dame les ralentissait grandement, à mi-chemin, il soupira et s’arrêta un instant. Il expliqua à la victime son intention, et sans lui laisser le temps d’accepter ou de refuser, il la prit dans les bras. Il lui intima de s’accrocher et il put enfin marcher à un rythme un peu plus normal. Il ne fallut que quelques pas pour que la pauvre s’endorme. Le reste du trajet se passa dans un silence relatif, ne laissant entendre que les sons habituels de la forêt.

Le jeune homme profita d’être encore à quelques mètres du village pour parler plus librement avec le chasseur.

« Je vais demander aux habitant de me prêter une arme et je vais vous accompagner. Y’a quelque chose qui sent pas bon dans toute cette histoire. Je pense que vous ça vous a parut bizarre aussi ? »

Il regarda le loup, marcher tranquillement à leurs côtés et sourit à son accompagnateur

« C’est bien rare d’avoir un compagnon comme le vôtre. Il doit être plus utile qu’un simple toutou. »

L’ancien mineur ne se rendait pas compte que ses paroles pouvaient être interprétées comme méprisantes. Il ne voyait que le côté utile de la chose, n’ayant jamais eu de compagnon animal il ne comprenait pas vraiment le côté sentimental de ce genre de relations.

Un gamin les vit et courut vers le cœur du village, certainement pour aller chercher des adultes. Ils allaient pouvoir attaquer sous peu les choses sérieuses.

HRP:

« Je traverse la forêt. Pour l’instant ce qui m’inquiète, c’est d’amener cette dame à l’abri. Le hameau doit se trouver à une trentaine de minutes d’ici normalement. On pourra prévenir les habitants pour que personne d’autre n’aille se mettre dans le pétrin. »

Cela ne répondait pas à sa question mais Unitchi ne dit rien de plus, continuant de marcher tranquillement tandis que Maïsha continuait ses allées et retour, restant dans un rayon de 50 mètre pour un éventuel danger. Une fois qu’ils auront prévenus le danger, la chasse devrait être légèrement plus simple, mais pas sans risque.

« Je vais demander aux habitants de me prêter une arme et je vais vous accompagner. Y’a quelque chose qui sent pas bon dans toute cette histoire. Je pense que vous ça vous a parut bizarre aussi ? »

Il fut légèrement étonné de cette proposition, habituellement les civils qui ne chassent pas évite toujours de venir, mais une paire de bras supplémentaire ne peuvent pas faire de mal si le jeune homme connaît les risques.

« Hum, j’ai une arme de rechange si vous compter prendre le risque de la chasse avec moi. Mais oui vous pouvez demander. »

Le village étant proche, il siffla son loup pour qu’il se replace à quelques mètres, il préfère la savoir à côté de lui au cas où plutôt que perdu dans un coin entourer d’enfant trop curieux.

« C’est bien rare d’avoir un compagnon comme le vôtre. Il doit être plus utile qu’un simple toutou.»

Un petit rictus rapide apparus sur ses lèvres. Ce n’est pas la première question que les gens on l’habitude de lui poser généralement, mais en soi ce n’est pas plus mal.

«  Je l’élève depuis ses 3 mois, la petite meute fut décimée par un Aimshgiin et elle était coincée sous sa mère, elle est très utile pour la chasse oui. Bien plus que ce que une meute de chien peut l’être, car elle est bien plus vive et c’est son élément. »

En voyant les enfants courir Maïsha voulut faire de même pour jouer, mais fut rapidement rappelé a l’ordre par un sifflement sec qui la fit ripper dans la neige pour revenir, elle tourna un peu autour d’Unitchi en le regardant comme un chien qui se fait gronder, mais il continua simplement de marcher pour finir d’arrivé au village.

Il sortit son colt du holster et en vérifia le chargement, puis se retourna vers l’homme.

«  Vous savez utiliser une arme à feu ? Dite moi votre préférence, j’ai ma valise polymorphique au cas où vous avez une préférence particulière. »

HRP:

Ecoutant l’histoire de la louve qui se trouvait à leurs côtés, Adam comprit mieux l’obéissance qu’elle avait pour son humain. En entendant la confiance que celui-ci avait en les capacités de l’animal, il comprit que ce couple fonctionnait donc parfaitement pour la chasse. Il n’en restait que l’homme était le maître, car la louve s’était durement fait rappeler à l’ordre lorsqu’elle tenta de s’éloigner plus. Bon point, elle écoutait parfaitement.

«  Vous savez utiliser une arme à feu ? Dite moi votre préférence, j’ai ma valise polymorphique au cas où vous avez une préférence particulière. »

Adam regarda l’arme que lui proposait le jeune homme. C’était certes plus léger que le magnum qu’il maitrisait, mais ça ferait parfaitement l’affaire.

« Non le colt me va bien. Je suis pas un as de la gâchette mais je me débrouille. »

Il tenta de réveiller la dame dans ses bras en la secouant légèrement, et en lui parlant, lui intimant de se réveiller. Celle-ci papillonna des yeux et Adam pu la faire descendre. Il la maintint debout le temps qu’elle remette en place les évènements, alors que des adultes faisaient enfin leur apparition. Un homme plus âgé se précipita vers la victime, la prenant dans ses bras. Visiblement, l’air secoué de la femme avait suffi à lui faire comprendre qu’un problème avait eu lieu.

« Lena qu’est-ce qu’il se passe ? Qui sont ces hommes. »

« Ils m’ont sauvée Papa…je me suis faite attaquée par une grosse panthère près du coin à baies. »

Les quelques adultes présents eurent l’air effrayés, une femme allant même jusqu’à mettre la main devant sa bouche. Cela renforça la conviction de l’ancien mineur que quelque chose ne tournait pas rond. Il décida de se présenter, et d’ensuite questionner le vieillard :

« Bonjour Monsieur. Je m’appelle Adam Vaughn. Je traverse la forêt et j’ai vu la bête qui a attaqué votre fille. »

Il se rendit compte qu’il n’avait même pas demandé au chasseur son nom, et se nota de lui demander après la discussion, si il ne se présentait pas de lui-même.

« Ce jeune homme a blessé la bête mais elle reste dangereuse. On va aller finir le travail. Dites-nous juste si c’est déjà arrivé. »

L’homme avait, semblait-il, resserré l’étreinte sur sa fille à l’entente des évènements. Ses sourcils se froncèrent, il était visiblement soucieux.

« Et bien…c’est déjà arrivé que les bêtes s’approchent de la route ou du hameau. C’était soit pendant un hiver rigoureux, soit qu’un chasseur avait tué ou enlevé un petit.»

Comme l’hiver n’était pas rigoureux, surtout qu’ils étaient sur la fin de la mauvaise période, il semblait qu’ils avaient la raison désormais. Ca ne changerait rien au fait qu’ils devaient abattre l’animal. Après les balles qu’il, ou plutôt elle visiblement, avait reçu, il n’était plus possible de la guérir. Seule une mort propre apporterait lui apporterait la paix. Avant de partir, il laissa une consigne aux villageois, plus précisément au vieillard. Les personnes les plus âgés sont souvent considérés comme des sages, et donc écoutés.

« Faites en sorte que personne ne se balade là-bas pour le moment. »

Adam se tourna vers le chasseur et montra la forêt de la tête.

« Je vous suis.»

« Non le colt me va bien. Je suis pas un as de la gâchette, mais je me débrouille. »
Au moins il n’était pas compliqué. Le temps qu’il libère la jeune fille a sa famille et qu’il leur donne quelques instructions, Unitchi prépara son colt en vérifia qu’il était bien plein puis le tendit au jeune homme.

« Il est assez lourd pour un colt, mais il est rustique et ne lâchera pas peut importe la situation, enfin sauf si vous n’avez plus de balle. » Lui dit-il avec un petit sourire narquois.

Maintenant qu’ils pouvaient prendre la traque, il siffla à son loup de suivre la piste et pris la direction montrer. Maïsha ne prit que quelques minutes à retrouver une piste suffisante.

«  C’est bien ce qu’il me semblait… visiblement les herbivores étaient trop compliqués pour elle…
Cette bête commençait à regarder de bien prêt le village. Mais il y aura probablement la portée avec... »

Même si ce n’est pas très étonnant, Unitchi n’aimait pas ça. Une telle bête qui se rapproche autant d’un village n’est jamais bon présage, mais la tanière doit être plus loin. Il espéra, sans grand espoir non plus, qu’il n’aura pas le besoin de tuer les bêtes si toute une portée est là-bas, pour l’instant il se concentra sur la route à suivre à travers la forêt.

Il vérifia au passage son fusil et le garda en mains pour tout le trajet, les sens aux aguets maintenant que la chasse était de nouveau la. Ses vieux réflexes de retour, il reste silencieux tant que son partenaire temporaire était la. Cela devait bien faire plusieurs années qu’il n’a pas eu de partenaire de chasse autre que son loup, même si cela ne le dérange pas il préfère toujours chasser avec uniquement son loup, plus discret et mortel que beaucoup d’autre. Voyons ce que celui la allais donner, tant qu’il ne se met pas en danger inutilement cela devrait aller.

Adam suivi aussi discrètement que possible le chasseur. Pour lui s’était une question d ‘attention à tout moment. Sa carrure n’était pas faite pour la discrétion, s’accrochant facilement dans les branchages et ronces. De toute façon, il n’avait jamais vraiment eu besoin de cette compétence. Il mettait donc une sacrée dose de concentration pour se faire le plus silencieux possible. De toute façon, son compagnon menant la traque, il n’avait qu’à suivre.

«  C’est bien ce qu’il me semblait… visiblement les herbivores étaient trop compliqués pour elle…
Cette bête commençait à regarder de bien prêt le village. Mais il y aura probablement la portée avec... »

Donc apparemment elle cherchait la facilité. C’est vrai que les villageois avaient l’air particulièrement désarmés pour vivre en pleine forêt. La bête aurait facilement pû prendre un peu de nourriture en lisière du hameau sans être vraiment embêtée. Au retour, il en parlerait au vieil homme.

Ils suivaient toujours le canidé, qui ne s’arrêta qu’une fois qu’ils furent à plus d’un kilomètre de leur point de départ. Adam se cacha derrière un sapin au tronc épais et vit ce qui avait arrêté leur pisteur. La bête était dans une petite grotte, en train de lécher ses plaies, trois petits lui tournant autour. Les rejetons n’arrêtaient pas de faire des cercles autour d’elle, montrant visiblement de l’inquiétude.

L’ancien mineur était un moment attendrit par le spectacle. Jusqu’à ce qu’il se rappelle que la mère des rejetons était un prédateur pouvant tuer quelqu’un d’un simple coup de patte bien placé. Il vérifia de nouveau le chargement du barillet du colt qui lui avait été prêté, abaissa le chien pour être prêt et attendit que le professionnel de la situation lui indique ce qu’il souhaitait qu’il fasse.

Adam n’était pas dans son domaine d’action, et sentait que l’autre homme était plus qu’à l’aise. Il chuchota, assez bas pour ne pas se faire entendre des animaux, une question lui trottait tout de même dans la tête.

« Qu’est-ce qu’on fait ? Je ne sais pas si c’est une si bonne idée que ça de tuer la mère et laisser les petits tous seuls. »

En effet, les petits risquaient de mourir de faim et ils n’avaient encore rien fait pour mériter un tel sort. Les félins ne s’attaquaient pas aux humains habituellement, sauf si danger, et les fautes des parents ne devaient pas rejaillir sur les enfants. Peut-être Adam humanisait trop sa vision des choses. Le chasseur, certainement plus au fait de ce genre de situation, aurait probablement une réaction moins empathique. En tous cas c’est ce que l’on pense communément de la plupart des hommes qui vivent de la traque.

Au bout d’une rapide marche, un peu plus d’un kilomètre, Maïsha trouva la tanière de la bête, qui léchait ses plaies entourées de la portée. Il s’installa lui aussi à l’arrière d’un arbre, suffisamment loin pour ne pas être repérée à l’odeur, et plaça un genou à terre pour ce stabilisé et observer plus amplement la scène. Bien quel soit joli elle lui permit surtout de trouver assez rapidement une réponse à ses questions.

" Seulement 3… donc le mâle doit être mort et une partie de la portée avec, ce qui explique la peur de la mère de prendre des risques… "

« Qu’est-ce qu’on fait ? Je ne sais pas si c’est une si bonne idée que ça de tuer la mère et laisser les petits tous seuls. »

Même si l’idée de laisser une portée seule ne l’enchante pas… Ils deviendront un danger plus tard si ils survivent. Il remonta son fusil à son épaule, en chuchotant simplement :

«  Ils sont suffisamment grands pour chasser ensemble, et n’hésiteront pas d’attaquer les villageois aux vus de la proximité du village. Ça m’enchante pas mais parfois il faut nettoyer une meute pour sauver des villageois. »

Il prit le temps de viser correctement la tête de l’animal, prévoyant un éventuel mouvement. Et maintiens sa respiration pour ne pas trembler bêtement, ils chercheraient plus tard ce qui à attaquer en premier cette meute, pour l’instant la sécurité des villageois était en danger.

«  Viser un des petits si possible, on aura pas beaucoup de tir possible et moins ils souffriront, mieux je me porterais. »

Peu importe ce que l’homme pensait leurs options n’étaient pas nombreuses et dans l’immédiat autant permettre aux villageois de vivre un peu plus longtemps.

Comme l’avait pensé le jeune homme, le chasseur avait décidé de tuer tous les petits. D’un côté, il n’avait pas tort. Mieux valait sauver tout un village d’humains que trois petits félins, aussi adorable soient-ils. Si le temps n’avait pas joué contre eux, ils auraient pu voir avec les villageois pour vendre les bestiaux à des dresseurs. Le cadavre de la mère aurait était une publicité pour la beauté future des panthères. Le hameau aurait certainement obtenu des fonds suffisants pour s’armer contre toute nouvelle menace.

Adam regarda l’autre homme se préparer. Aucun mouvement n’était superflu, dénotant l’expérience. La main sur le fusil paraissait sûre, et son œil vint se loger sur l’arme comme si cela était naturel pour lui. Il avait même coupé sa respiration pour se concentrer uniquement sur son but. L’ancien mineur tenta de suivre l’exemple. Il avait déjà préparé le colt entre ses mains. Ne lui restait plus qu’à se mettre face aux cibles et de les viser également, ce qu’il fit. Il pressa le doigt sur la gâchette et le coup partit.

La balle atteignit la tête de sa proie, l’animal tombant raide, les yeux grands ouverts. Il ne s’attarda pas sur le spectacle, rabaissant le chien immédiatement, et tenta de viser un deuxième petit. Il eut du mal à se focaliser sur la tête, mais tira tout de même. Que ce soit la tête ou le cou, le bestiau finirait par rendre l’âme tout de même. Seule la durée serait différente.

Voyant les deux autres cadavres, l’ancien mineur comprit que leur tâche était pour l’instant terminée. Dès lors, la menace était amoindrie. Restait à trouver le cadavre du mâle et du reste de la portée pour en savoir plus. Une fois proche de toute la petite famille, il eut le résultat de son tir. Une nouvelle fois, il avait bien visé la tête. Aucune de ses victimes n'avait donc souffert.

Quelques flocons vinrent atterrir dans les cheveux noirs de livreur temporaire. Il faisait encore trop froid en ce mois de Février pour que la neige fonde, et seuls ceux qui touchaient son cuir chevelu se muèrent en eau. Le temps était à l’action, pourtant un sentiment de nostalgie s’empara du grand gaillard. La neige avait bercé son enfance. Il ne s’était pas aperçu de l’importance que pouvait avoir un élément du paysage jusqu’à ce qu’il quitte sa ville d’origine. Lorsque la neige n'était pas présente, c'était comme si quelque chose manquait. On ne s’aperçoit de ce qu’on que lorsqu’on ne l’a plus comme disent les anciens. Pourtant les panoramas n'en étaient pas toujours amoindris. Il avait apprit à découvrir une toute autre beauté au fur et à mesure de ses voyages.

Malgré l’épais toit que formaient les arbres, un blanc manteau couvrirait bientôt le précédent, effaçant la plupart des pistes qu’ils pourraient suivre. Tout ce qui serait sous ce voile épais serait oublié.

« Nous devons nous dépêcher, bientôt nous ne pourrons plus avoir aucun indice pour retrouver le mâle. »

Bien entendu, le chasseur ne devait pas avoir besoin qu’on le lui rappelle. Un homme aguerri à la nature le savait bien mieux que lui. Les paroles lui avaient cependant échappées. De nouveau, Adam s’en remettait au couple humain-bête pour les conduire jusqu’au prochain objectif.

Ellenir se rapprocha des bêtes afin de vérifier qu’aucune de se relèverais, et constata que tous les tirs ont touché.

« Il ne doit rester que le mâle et éventuellement les quelques petits les plus précoces, mais ça va être bien plus compliqué de les trouver en pleine chasse. »

Bien que ce fut étonnant que des petits à cet âge soit en mesure de suivre leur père dans les chasses, autant se préparer à les affronter, les mauvaises surprises ne sont pas vraiment du goût d’Ellenir.
Il fit glisser sa sangle deux points en arrière pour ranger son fusil dans son dos, et fit un rapide tour un peu plus loin de la tanière pour vérifier les éventuels pistes.

Une fois que Maïsha trouva une piste exploitable, il observa l’homme qui était visiblement en pleine contemplation.


« Nous devons nous dépêcher, bientôt nous ne pourrons plus avoir aucun indice pour retrouver le mâle. »

Il sourit, visiblement son compagnon temporaire avait eu un petit moment d’absence mais restait tout de même concentrer sur ses priorités. Il pointa Maïsha du doigt qui était déjà en train de partir à la recherche du dernier loup.

«  On attend plus que vous. »

L’ancien mineur marcha derrière la canidé qui suivait la piste du patriarche félin. La louve reniflait de plus en plus souvent le sol au fur et à mesure qu’ils s’enfonçaient entre les arbres. Ils n’eurent pas longtemps à attendre avant de trouver le cadavre d’une autre panthère noire, fort semblable à celle qu’ils avaient abattue plus tôt. Une grosse tête était face à eux, son corps couchée près d’une mare, ses yeux grands ouverts et inexpressifs.

Même si la bête était visiblement morte, les deux hommes s’approchèrent avec prudence, sous la vigilance de leur amie à quatre pattes. A quelques mètres de leur objectif, leur présence dérangea les charognards qui s’envolèrent, pour se poser sur les branches un peu plus loin. Ils observaient les intrus d’un air réprobateur, attendant leur départ pour reprendre leur festin.

L’animal était en effet en train de se décomposer, les muscles n’avaient pas été touchés. Aucun carnivore n’avait touché à la bête, laissant penser qu’une quelconque maladie l’avait achevé et seuls les corbeaux qui les avaient accueillis s’étaient aventurés à ce festin macabre. Aucune trace n’était visible dans la neige en-dehors des leurs.

Le danger était donc écarté, Adam voulait se rendre au hameau avant que le temps ne se fasse trop mauvais. Il rendit donc l’arme au chasseur et le salua

« Je vais prévenir les villageois qu’ils devraient être tranquille pour le moment, vous pouvez continuer votre chasse. »

Le grand gaillard reparti donc sur ses pas rapidement, les flocons tombant de plus en plus nombreux. Il fut accueilli par le vieil homme dont il avait sauvé la fille. Le chef du village était à la porte de chez lui et l’invita à entrer dans sa maison. Le jeune homme tapa la neige qui s’était agripée sur ses chaussures, rentra dans la masure et referma la porte derrière lui.

« _Nous avons tué la femelle qui a attaqué votre fille et ses petits. Nous avons retrouvé le mâle plus loin. J’ai l’impression qu’il est mort de maladie. Vous devriez engager quelqu’un de spécialisé pour faire des recherches là-dessus.

_Merci pour votre aide, vous et votre ami chasseur. Je contacterais Zuhause pour qu’un biologiste vienne. »

Le vieil homme l’invita à s’assoir à table avec lui, Lena était aux fourneaux un peu plus loin, en train de sortir une bouilloire du feu. Elle lui sourit et mit trois tasses sur la table.

« _Venez prendre le thé et restez chez nous ce soir Adam. Le temps ne vous permettra pas d’atteindre le prochain village ce soir et nous vous devons bien ça »

Le jeune homme fut bien content de pouvoir avoir le gîte et le couvert pour la nuit, il put même bénéficier d’un bain chaud. La compagnie de ce père et sa fille était aussi agréable, la soirée étant occupée aux anecdotes de la forêt et de ses alentours. De quoi se requinquer avant la suite du voyage vers Cerka.