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 Les paris sont ouverts [Ludou ♥]

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Les paris sont ouverts [Ludou ♥] EmptyMar 24 Avr - 23:44



Les paris sont ouverts


Les paris sont ouverts [Ludou ♥] 180424115131

- « Mademoiselle Aurore, puis-je savoir ce que vous êtes en train de faire ? »
- « Je mets la table pour le repas avant l’arrivée des invités. »
- « Des invités ? » questionna le majordome en écarquillant légèrement les yeux.
-       « Des invités. » précisa la rouquine sans rien ajouter.

L’homme resta immobile, détaillant la silhouette féminine qui se dressait à quelques pas de lui, l’incompréhension régnait dans le fond de ses yeux. Le maître des lieux ne l’ayant aucunement informé de la démarche, n’était-il peut être même pas au courant lui-même. Contournant la table, laissant ses gants blanc flirter avec le bois travaillé du meuble, il compta mentalement les assiettes, réajusta les couverts qui n’était pas placé au bon endroit, avant de finalement s’adosser contre le mobilier, croisant ses bras devant son torse, il s’autorisa quelques questions afin de s’assurer que sa supposition était juste.

- «  Monsieur est-il au courant de votre petite… organisation ? »
- « Absolument.... Pas. »
- « Je vois… Puis-je au moins savoir ce que vous avez en tête ? »
- « Pas tout de suite. »

La my’tränne semblait en pleine concentration, un torchon entre les lèvres qu’elle humidifiait de temps en temps pour retirer des traces purement imaginaires qui seraient potentiellement sur la vaisselle. L’employé de monsieur Strauss ne semblait guère plus s’étonner du comportement parfois déroutant de cette invitée un peu particulière, essuyant surprise sur surprise depuis qu’elle était là. Il tentait de rester parfaitement calme, de ne pas la froisser et surtout d’anticiper les éventuelles catastrophes qu’elle allait provoquer –parce qu’elle en provoquait tout le temps, même involontairement-.

- « Vous pourriez préparer une salle pour un jeu ? » questionna-t-elle en lui lançant un regard taquin
- « Un jeu ? »
- « Un jeu. »

Aurore l’avisa un long moment, les yeux pétillants de malice alors que l’homme commençait petit à petit à sentir un frisson parcourir son échine. Son employeur avait beau dire ce qu’il voulait, il avait véritablement du mal à comprendre sa nouvelle concubine. Celle-ci dénotée complètement avec l’univers de l’industriel, elle n’était ni une femme parlant la langue avec habilité, ni particulièrement doué dans les négociations, ni bourgeoise et avait cette désagréable habitude de le mettre mal à l’aise. Amenait-elle à la limite une petite once de fraîcheur dans la demeure.

- «  Ne faites pas cette tête » souffla doucement la jeune femme en s’approchant de son interlocuteur « J’organise une soirée de jeux »
- «Ici ? »
- « Ici. »
- « Mais… monsieur n’est pas au courant ? »
- « Non, c’est une surprise. J’ai bien compris que l’argent était quelque chose d’important ici, alors j’ai décidé d’organiser un jeu d’argent. Comme ça je pourrai prouver à Ludwig que je peux être une adversaire redoutable. Et comme je trouve Lud un peu trop calme en ce moment, j’ai eu envie de pimenter un peu tout ça… C’est une merveilleuse idée n’est-ce pas ? »

L’homme avala de travers, imitant une quinte de toux pour camoufler la gêne qui devait être parfaitement visiblement sur son visage. Avisant Aurore un peu plus longtemps, cherchant à déterminer l’humour dont elle devait forcément faire preuve sur l’instant… Il attendit longtemps, un peu trop avant de réaliser que la rouquine immobile, les yeux pétillants, était visiblement complètement sérieux. Passant une main derrière sa nuque, frottant la naissance de sa chevelure, il se répéta intérieurement qu’elle allait lui provoquer une montagne de cheveux gris. Toussotant, il reprit délicatement la parole :

- « Je ne suis pas certain de saisir mademoiselle Aurore… Vous avez organisé dans la demeure et sans en informer monsieur Strauss, une session de jeu d’argent ? »
- « C’est exactement ça. Et je vous demande de l’aide pour préparer une salle de la demeure pour les jeux. »
- « Parce que vous voulez que je sois votre complice ?! » s’offusqua presque l’homme de maison
- « Mh, sauf si vous préférez que j’explique à Ludwig que vous m’espionner lorsque je me positionne à la fenêtre pour réfléchir » large sourire sur les lèvres, petits jeux d’ongle sur la table, la rouquine marquait le point et elle le savait parfaitement.

Un silence s’installa entre eux, sans que cela ne soit forcement lourd, ou pesant. Il la jaugeait, elle le testait volontairement. Petit à petit Aurore avait fini par comprendre qu’il était très important qu’elle creuse sa place et qu’elle prouve à l’homme qu’elle aimait, qu’elle aussi pouvait être un requin. Si elle devait être amenée à mentir, à bluffer, autant faire une jolie démonstration lors d’un jeu d’argent, d’autant plus si elle parvenait à gagner les parties. Mettait-elle toute les chances de son côté, après tout le groupe allait jouer avec ses règles à ses jeux, si la soirée se passait parfaitement bien, elle se ferait une place parmi certain nom et en plus elle plumerait son cher et tendre. Quoi de mieux ?

- «  Que dois-je faire ? » questionna l’homme brisant la pensée satisfaisante de la my’tränne
- « Il nous faut plusieurs jeux de cartes, des cartes représentant les architectes pour lire l’avenir, un jeu de cartes complètement normal et des cartes vierges qui permettent de dessiner dessus. »
- « Rien que ça et comment je trouve les cartes de chez vous ? »
- « Aucune idée. »
- « Je vais me débrouiller. »
- « Merci. »

L’homme ne tarda pas à disparaître, ronchonnant quelque peu. Cette fois-ci, il était convaincu que monsieur Strauss allait bien être obligé de lui dire quelque chose, n’allait-il pas pouvoir la laisser faire tous ses caprices. Enfilant son manteau, il sortit faire les quelques achats sans avoir la moindre idée du nombre de participants, sans avoir la moindre idée des participants non plus. Passant le petit chemin menant au portail, il ne put s’empêcher de jeter un regard furtif vers le bureau de celui à qui appartenait le lieu. Aurore terminait de préparer la table, deux assiettes étaient présentes, signe que personne ne serait présent pour le dîner. La rouquine s’était mise en tête de préparer elle-même le repas pour parfaire l’effet de surprise, penserait-il naïvement qu’elle lui avait préparé un repas en amoureux et pourrait-elle –si elle ne craque pas avant- lui annoncer l’animation de la soirée. La croyante en deux architectes était un peu anxieuse, certaine que l’idée allait surprendre l’industriel, un peu moins qu’il allait franchement apprécier l’idée. Déposant un bouquet de fleurs au centre de la table, Aure sembla plus ou moins satisfaite par son décor.

Celle à la chevelure de feu semblait s’être appliquée sincèrement, elle avait disposé des verres à vin face à face, deux assiettes de la vaisselle préférée de l’homme d’affaires ne restait plus qu’à faire évacuer cette odeur de brûlé qui envahissait l’espace petit à petit, provoquant une quinte de toux.

- « Merde, merde, merde » grogna la jeune femme en ouvrant la porte du fourneau se brûlant la main au passage « AIE, fais chier » attrapant un torchon humide, Aurore sortie le pain qu’elle avait tenté de réaliser.

Avisant son pain complètement noir, dégageant une légère fumée noirâtre, elle lâcha un long et intense soupir, presque dépité. Heureusement qu’il restait le reste des plats, en entrée fœtus de canard, en plat des croques monsieur et madame et en dessert, une queue de castor et des œufs en neige. Aurore avait recherché les recettes et même si elle n’était pas certaine d’avoir toujours tout saisi, tout avait été parfaitement réalisé. S’essuyant le front en passant sur celui-ci elle avait laissé une trace noire, lâchant un soupir, avisant la cuisine qui n’était pas forcement dans un état de propreté extrême, il faut dire que la my’tränne avait dû s’étaler un peu pour tout préparer. Se déplaçant en bas des escaliers, elle tenta d’interpeller celui qui semblait travailler à l’étage :

- «  Luuuuuuuuuuud, c’est prêt » une main sur la hanche elle attendit sagement que l’homme daigne lui répondre sans grand succès

Aurore avait finalement décidé d’aller directement chercher l’industriel, dans le lieu où il travaillait, frappant délicatement à la porte, elle n’attendit pas qu’il l’invite à entrer pour le faire. Ses deux émeraudes détaillèrent un long moment l’homme qu’elle aimait, ses yeux brillants de cette intensité particulière.

- «  C’est prêt » fit-elle fièrement sans n’offrir davantage d’explication «  j’espère que tu as du temps à m’accorder, j’ai prévu une soirée parfaite, qui te plaira sans aucun doute. »

Dernièrement, Ludwig avait repris le travail, le minimum, les deux amants prenant le temps de se découvrir, de trouver un nouvel équilibre, de mettre en place une série d’habitude bien à eux. S’approchant de quelque peu, la rouquine s’était légèrement penchée, laissant ses lèvres se déposer sur les siennes, l’embrassant avec cette tendresse habituelle, terminant l’échange qu’elle avait voulu plutôt court par un simple bisou sur la joue. La my’tränne n’avait pas sa tenue habituelle, elle avait fait un effort, s’était faufilé dans le personnage de la compagne du grand Ludwig Strauss. Elle porté des talons hauts, une robe, un corset qui lui donnait toujours la sensation d’étouffer et avait relevé son imposante rousseur en une coiffure qu’elle avait voulu sophistiquée –il fallait avouer qu’il ne s’agissait que d’un chignon haut-  

- «  Monsieur me ferait-il l’honneur de partager le repas avec moi ? Ou serait-il un peu trop occupé pour passer du temps avec sa compagne ? » questionna-t-elle joueuse, savourant toujours ce délicieux mot qui la qualifiait, compagne.

Glissant sa main dans celle de l'industriel, elle le tira délicatement, cherchant à l’inciter à se lever, à l’empêcher toute forme de « non ». Allant jusqu’à afficher cette petite mine enfantine, boudeuse, qu’elle commençait à maîtriser à la perfection. La porte de la demeure se fit entendre et la voix de l’homme de la porte ne tarda pas à résonner dans les couloirs, appelant la my’tränne par son prénom, ce qui signifiait qu’il avait réussi sa mission.

- « Ah, ça c’est pour moi, tu me rejoins en bas ? Je dois terminer les préparations pour notre petite soirée… » abandonnant sa main non pas sans un clin d’œil complice elle ajouta «  Dis-moi, Ludwig, tu me ferais le plaisir de te faire beau ? Comme-ci tu allais à une réunion d’affaire avec tes amis ennuyants ? »

La rouquine ne lui laissa pas réellement le temps de répondre, priant ses architectes pour que son tendre ne réfléchisse pas trop et s’applique simplement à répondre positivement à sa demande. Une fois la porte fermée, elle hurla un j’arrive un peu trop joyeux, un peu trop plein de vie. Ludwig avait bien du souci à se faire, d’autant plus que les quelques invités ayant répondu positivement avaient été pris aléatoirement dans sa liste de contacts à lui. Il pouvait autant s’agir de commerciaux divers, que d’hommes de la mafia qu’Aure n’avait pas clairement identifiée. Une seule promesse dans cette invitation, le plaisir de parier, de sentir vibrer l’excitation du jeu. Une fois en bas, elle observa du coin de l’œil le majordome qui semblait visiblement satisfait de lui, il avait réussi à répondre positivement à la requête de la rouquine, pour le plus grand bonheur de celle-ci.

- «  Super merci, vous êtes parfaits ! Vous pourriez installer une pièce ? Idéalement il faut une table ronde, et des chaises, six exactement et puis, j’espère que vous me ferez le plaisir de jouer avec nous ? » entendant Ludwig descendent les marches elle se contenta de laisser entendre un « Pssssschhhhtttt » avant de pivoter vers l’homme qu’elle aimait « Te voilà déjà, je t’ai préparé le repas ! »

L’employé de monsieur Strauss se contenta de secouer doucement la tête, avisant le maître de maison, cherchait-il a lui faire comprendre dans un simple que regard que sa ‘femme’ avait vraiment de drôles idées, inclinant poliment la tête il se contenta de saluer le grand homme :

- «  Monsieur… » puis regardant Aurore «  Mademoiselle, je vais m’appliquer à réaliser votre demande. Tout sera prêt pour… »
- « Dans une heure et demie, ça serait parfait » fit-elle toujours aussi enjouée.
- « Bien… Je suppose que je dois vous souhaiter un bon appétit en ce cas. »

Il avait par la suite disparu, sans davantage d’explication, les cartes entre les mains, ne restait-il plus qu’Aurore et Ludwig qui se faisait lâchement entraîner dans la cuisine ou elle avait mis la table et où régnait encore une étrange odeur de cramée.

- «  TADAM »


Ludwig Strauss
Ludwig Strauss
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Les paris sont ouverts [Ludou ♥] EmptyMer 6 Juin - 20:44
Irys : 1073433
Profession : [Officielle] Propriétaire d'industries de l'armement [Officieusement] Baron du crime
Daënar -2
Tic tic tic tic tic tic … tic tic tic … sting !

Étirant ses doigts, l’entrepreneur s’allongea légèrement contre son siège, fixant d’un air absent le fin papier blanc qui sortait petit à petit de la machine à écrire, au rythme de la danse des doigts sur les touches noires. S’humectant les lèvres, l’homme constata que sa langue était pâteuse, chose qui lui arrivait souvent quand il s’enfermait dans cet état quasi-catatonique de bourreau de travail dont seuls les mains s’activaient comme des diablotins sur son champs de bataille remplit de papiers, documents et autres fournitures de bureau organisés du mieux qu’il pouvait de part leur nombre impressionnant.  

L’homme se massa l’arrête du nez en laissant échapper un soupir las et épuisé. Son absence prolongée laissait encore des séquelles au sein de son propre business, tant officiel que le domaine bien moins reluisant du crime organisé. Il avait apprit que certains pantins s’étaient détachés de leurs fils, se libérant des liens de leur maître disparu pour tenter de grignoter le vaste empire sous-terrain qu’il s’était efforcé à construire. Des entrepreneurs bien trop ambitieux s’étaient déjà intéressés à tourner autour de ses filiales commerciales tels des vautours volant au-dessus d’une carcasse bien trop alléchante. Les rapaces s’étaient aussi agglutinés autour de la fortune du grand industriel comme autant de nécrophages affamés.

Ludwig eut fort à faire pour remettre de l’ordre dans ce chaos naissant, constatant ainsi la fragilité des piliers qui supportaient son vaste domaine. Ainsi il s’était acharné à reprendre le flambeau qu’il avait laissé au soin de ses sbires, maîtrisant d’une main de fer le destrier bien trop fougueux de la finance et châtiant convenablement les félons qui s’étaient affranchis de ses chaînes dorées. Son arme était sa machine à écrire, qui concluait autant de contrats que de mises à mort. Un simple mot suffisait pour décider de la fin d’un traître, une simple feuille appâtait les alliés les plus improbables pour faire front commun.

Mais le travail constant était épuisant, éreintant même pour un bourreau du travail comme Ludwig. De plus, il y’avait eu les événements récents, la douleur, la perte, le désespoir, autant de facteurs qui s’étaient immiscés dans son cœur comme un poison insidieux, le rongeant doucement et sapant ses forces. Certains s’étaient inquiétés de l’état de santé du dirigeant des industries Strauss tandis que d’autres s’en frottaient malicieusement les mains, prêts à porter le coup de grâce pour collecter le sublime butin du dragon moustachu. Le monde était contre Ludwig et cela pouvait s’expliquer tout naturellement par son dernier coup d’éclat qui avait secoué l’ordre mondial, un coup qui avait blessé un architecte et attiré sur lui une malédiction des plus terribles.

Mais le daënar avait eut la chance de rencontrer sa rédemption, sa lumière et son flambeau d’espoir. Aurore l’avait sauvé, avait arrosé d’eau fraîche son âme aussi desséchée qu’une terre aride et craquelée, avait recouvert son cœur d’un baume réparateur et agréable. Chaque jour aux côtés de la douce chasseuse lui avait redonné un soupçon de bonheur, de félicité, de vie. Petit à petit il avait récupéré des forces pour la plus grande frustration de ses innombrables ennemis tapis dans l’ombre. Ludwig regagna goût à la vie et si ses ambitions s’étaient un peu « endormies », son esprit quant à lui avait été réparé de ses plaies béantes. Il avait apprit à aimer, non pas d’un amour purement superficiel et animé par des intérêts de lucres, mais bel et bien un amour sincère et profond. Pour une fois, il sentait ses ennuis et ses malheurs s’évaporer en compagnie de celle qu’il pouvait appeler, avec plaisir, sa femme.

Le gentleman reposa doucement les lunettes en demi-lune cerclées d’or qu’il portait sur son nez puis se massa les tempes d’un air pensif. Se retournant, il contempla, à travers sa fenêtre vitrée, son domaine, avec ses jardins fleuris et ses hauts grillages de métal le séparant des autres demeures de la classe aisée du Tyorum. Doucement, il passa sa main le long des mèches de sa moustache qui avait regagné de sa splendeur quand Aurore l’avait convaincue de faire un tour chez le coiffeur. Il fallait avouer que son état d’avant était digne d’un fantôme d’Aildor, ou d’un sauvage des contrées les plus éloignées de Niislegin. Contempler son territoire lui donnait une certaine satisfaction. C’était une preuve de richesse, un signe que ses efforts avaient payé tout au long de ces longues années de travail et de complots. Puis son regard de saphir se porta plus loin, vers d’autres demeures d’illustres personnages. Gouverneurs, commerçants dont le business s’étendait sur tout le continent, d’anciens nobles habitant dans des manoirs plus somptueux que les quartiers du O’meara. Voir l’immensité de leurs terres, véritables petits états, lui redonnait cette amère sensation d’insatisfaction, de faim et de cupidité. Dans sa tête, il se sentait comme une jeune pousse essayant tant bien que mal de se faufiler parmi les immenses arbres d’une forêt tropicale dans l’espoir de s’accaparer un peu de soleil et d’air frais.

Il en voulait encore, toujours plus. Sa soif n’était pas étanchée, elle n’était qu’engourdie par ces mois de repos. La bête en lui se réveillait et son appétit était plus féroce que jamais. Qui sait quelles idées tordues lui seraient passées par la tête si, en ce moment précis, la voix de sa tendre et bien-aimée n’avait pas rompu le silence de la pièce.

Se retournant vivement, son expression s’éclaircit lorsqu’il porta le regard sur le visage angélique d’Aurore, un petit sourire au coin des lèvres.

« J’ai toujours du temps à accorder à ma perle précieuse. »

Un petit haussement de sourcil indiqua qu’il se demandait ce qu’avait préparé l’espiègle demoiselle à la chevelure de braises, et il ne put s’empêcher de s’attarder sur les différents indices que le corps de sa dulcinée pouvait lui fournir. La tâche sombre sur son front, la rougeur de ses doigts et le léger parfum de roussit indiquait clairement qu’elle s’était affairé à préparer un dîner prometteur. Inutile donc de briser l’effet de surprise, il se contenta de sourire de plus belle, avant de répondre doucement au fugace baiser offert par la jeune my’tränne.

« Tu es ravissante. »

L’accoutrement daënar lui allait à ravir. Il voyait ainsi à quel point elle essayait de s’adapter à son style de vie, à cet environnement inédit et presque hostile pour elle. Avec un brin de nostalgie, il se rappela d’une Aurore en simple tenue, armée de son arc, les cheveux au vent et le regard déterminé. Une vraie personnification de la chasse.

Ne pouvant résister à sa mine enfantine et malicieuse, l’entrepreneur saisit la main de la my’tränne avant de se relever. Si, sur le moment, il avait désiré la prendre dans ses bras pour profiter encore de sa présence réconfortante, la précipitation enjouée de sa femme l’en empêcha. Avant qu’elle ne disparaisse avec cette énergie débordante qui la caractérisait, Aurore lui avait demandé de se faire beau comme lors de ses meetings avec les grands de la société moderne, ce qui arracha un nouveau haussement de sourcil ainsi qu’un frémissement de moustache au gentleman.

Pas le temps de poser des questions, la voilà déjà qui file comme un feu follet vers l’étage d’en dessous, laissant un homme pensif et un brin amusé. Après un instant de réflexion, il avisa son placard personnel, où pendait une variété homogène de costumes taillés sur mesure, réservés pour les grandes soirées. Et quelle plus grande soirée que celle où il passait des heures avec l’amour de sa vie ? C’est donc rapidement qu’il fit son choix vestimentaire, se parant d’un smoking d’un rouge sombre couronné par un nœud papillon noir mettant en valeur la blancheur immaculée de sa chemise. Il fixa son reflet sur le miroir installé dans son placard, serrant légèrement son nœud papillon.

Une fois satisfait de son état vestimentaire, il quitta sa pièce de travail, non sans avoir veillé à la verrouiller à double tour. Ses documents étaient pour la plupart aussi précieux que la vie d’un prolétaire, les laisser à la portée de mains curieuses et malintentionnées serait inadmissible. Quant au fait qu’on parvienne à crocheter la serrure de son bureau, il ne donnait pas cher de la peau du voleur qui aurait le malheur d’aventurer ses mains impies sur les étagères les mieux gardés de la pièce.

Une fois en bas, il surprit son majordome en pleine discussion avec la my’tränne, chose qui l’intrigua légèrement, surtout quand le vieux domestique porta, l’espace d’une seconde, un regard vers son maître qui laissait penser que la rousse avait quelques plans malicieux derrière la tête. Tandis que le majordome s’éloignait, Ludwig ne put s’empêcher de poser la question, tout en se faisant entraîner vers la salle à manger :

« Wolfgang semble troublé, ce qui me laisse croire que tu as une idée derrière la tête. Quel plan farfelu as-tu imposé à notre pauvre ami, Aurore ? »

Il se doutait bien qu’il n’allait recevoir aucune réponse satisfaisante puisque sa femme n’allait surement pas gâcher la surprise qu’elle avait préparée avec autant d’entrain.

« Sniff … tu n’as pas oublié quelque chose sur le feu ? Oh mais serait-ce des croque-monsieur que je vois ? »

Pour ponctuer sa phrase, le grondement indiscret de l’estomac du fortuné industriel trahit son appétit éveillé par les talents culinaires de sa campagne. S’approchant d’une des chaises disposées autour de la table sculptée dans le bois de chêne, il la tira doucement afin d’y inviter sa partenaire à s’installer comme le voulait les douces règles de la galanterie. Ce faisant, il prit ensuite place sur la seconde chaise au support de velours écarlate, avisant les ustensiles argentés disposés avec un ordre raisonnable sur la nappe immaculée.

« Tout cela semble particulièrement délicieux. Peut-être souhaites-tu m’offrir un petit discours avant que nous entamions les hostilités culinaires ? Ou mademoiselle est-elle trop absorbée par le spectacle envoûtant de mes yeux émerveillés ? »

Laissant échapper un petit rire entre la commissure de ses lèvres, le gentleman glissait déjà une serviette d’un blanc de neige autour du col de son smoking. Il en oubliait toutes les lourdes responsabilités de son travail, les pions à manipuler, les rouages à placer pour installer l’immense machine d’une fortune légendaire. Tout ce qui comptait, c’était l’instant présent, une agréable compagnie, un sourire angélique et un repas … fait avec amour !

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Les paris sont ouverts [Ludou ♥] EmptyMar 12 Juin - 23:36


Alternant instant de nervosité et d’excitation, Aurore attendait sagement son amant en bas des marches, un petit sourire en coin sur ses lèvres, la rouquine ne savait guère comment l’industriel allait prendre l’organisation de cette surprise. Dans un monde inconnu, mademoiselle Seraphon s’était arrangée pour que tout soit parfait, avec l’organisation propre aux my’trans, avec l’expérience qu’elle connaissait et les découvertes qu’elle avait pu faire de cette étrange manière de vivre daënastre. Son regard scrutait le majordome qui venait d’arriver, soulageant la nouvelle future maîtresse de maison en lui annonçant qu’il avait trouvé ce qu’il fallait. Chaque chose allait être en place, chaque chose allait parfaitement bien se dérouler, du moins essayait-elle de s’en convaincre et l’odeur de cramé se dégageant de la cuisine n’y changerait rien. Pinçant ses lèvres, l’employé de la demeure n’osait pas la contrarié, même si certaines phrases réprobatrices devaient sans aucun doute lui brûler la langue, il n’en fit rien. Convaincu que son patron ne lui pardonnerait pas de faire affront à celle qui partageait désormais sa vie. Coupé dans la conversation par l’arrivée de l’homme d’influence, Aure n’en fut que davantage satisfaite, détaillant avec ce brin de désir celui qui continuait jour après jour à faire battre son cœur. Si elle était évidemment et sans aucun doute troublée par l’éloignement de son peuple, troublée par cet avenir incertain, non commun pour des personnes comme elle. Étirant davantage ses lèvres, accueillant l’homme dans cette observation douce, saupoudrée de tendresse.

- «  Je suis innocente, ne t’ai-je que préparé un délicieux petit repas » répondit-elle en le fixant « Je crois qu’il ne me croit pas capable de réaliser un plat correct » soucieuse de désamorcer le moindre doute, elle ajouta « Il se trompe évidemment, n’est-ce pas ? »

Question piège ou discussion bien menée pour éloigner la moindre inquiétude de l’esprit de l’homme qui lui offrait ‘la chance’ de vivre ainsi avec lui. Glissant sa main dans la sienne, l’entraînant loin de ce hall, dans la cuisine ou tout chauffait doucement. Elle roula doucement les épaules, comme pour lui signifier qu’elle ne voyait pas de quoi il parlait, comme pour indiquer qu’elle était innocente. Jetant un coup d’œil vers l’arrière, elle fronça les sourcils devant la petite fumée noire qui s’échappait du four ou le pain était bien trop cuit. Soupirant, la my’tränne se précipita ouvra le récipient chaud en attrapant un torchon pour sortir le tout. Le morceau de pain, fait maison, était bien trop obscur pour être encore mangé et si Aurore n’en dit rien, elle semblait déçue de cet échec.

- «  Eh bien, nous n’avons déjà plus de pain » tenta-t-elle de relativiser avec un peu d’humour « Oui, j’ai était chercher un homme pour faire le croque-monsieur, c’est difficile à trouver comme viande » fit-elle le plus sérieusement du monde « Les livres de recettes ne sont pas très précises en plus. » Poursuivit-elle dans la même idée « Mais bon, j’ai finalement trouvé de quoi, j’suppose que les morts humains, c’comme les morts des animaux, si tu le manges vite ça va » elle hausse les épaules, toujours visiblement très sérieuses.

Laissant l’homme aux activités parfois illicite s’installer, elle se concentrait davantage pour ne pas rire, pour ne pas dévoiler à quel point elle n’était pas sérieuse, à quel point elle se moquait de lui. Attrapant le premier plat, elle en déposa un peu dans l’assiette de Ludwig, qui se retrouva avec des fœtus de canard, un croque-monsieur et dans un petit récipient un peu plus loin des blancs en neiges. Pleine de douceur et de bonne volonté, la rouquine reprit la parole d’une voix calme, douce et bienveillante.

- « Fœtus de canard et ses croque-monsieur accompagnés de ses blancs en neiges » plissant le nez elle ajouta « Vous avez des noms biens compliqués… D’ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi vous mangez de la peinture. » Souffla-t-elle en regarder les blancs « J’ai eu du mal à trouver de quoi réaliser tout ça sur le marché. » Conclut-elle en prenant en place « En tout cas, les dames étaient charmantes et n’ont eu de cesse de me souhaiter bonne chance » elle roule les épaules lentement «  Je ne comprends toujours pas pourquoi vos noms et vos préparations sont si étranges » termina-t-elle « Allez, attaque, bon appétit, inutile de faire un discourt, je préfère te regarder. ».

Le détaillant avec une certaine réserve, inquiète d’avoir loupé, alors que fallait-il l’avouer, si tout devait être horrible à première vue, avec des odeurs parfois particulièrement, Aurore n’avait pas commis d’impaire. La jeune femme avait suivi à la lettre les recettes, elle avait même pris la peine de questionner les commerçants sur les réalisations pour ne pas se tromper. Consciente néanmoins de sa méconnaissance et de ses questions parfois un peu bêtes vis-à-vis du quotidien des personnes vivant ici, avait-elle décidé d’en jouer pleinement le jeu de la naïveté. Osant s’attaquer au plat, la my’tränne mastiqua longuement, difficile de savoir si elle appréciait sa propre préparation, elle qui était habituée aux plats simples et efficaces… Ce n’était pas réellement son truc. Curieuse d’annoncer le programme de la soirée à Ludwig, elle reprit simplement la parole :

- « Je sais que j’ai beaucoup de lacunes à rattraper ici… » elle releva le regard vers lui  « Que je ne suis pas de ton monde » poursuit-elle un peu gênée « Alors, j’ai décidé de te faire une surprise et de te prouver que je m’étais améliorée. » Cette fois elle ne tenait pas son regard avait dû se mettre à briller légèrement « J’ai invité des amis à toi pour passer la soirée avec nous, je me suis dit que c’était une idée parfaite pour faire connaissance et pour commencer à me montrer à tes côtés ? Non ? » bougeant doucement sur sa chaise, visiblement excitée par l’idée, ravie même d’être présenté officiellement «  Bon, bon je sais, je sais, ne t’inquiète pas, j’ai révisé mes basiques et vu que j’avais un peu peur de ne pas trouver de sujet de conversation j’ai décidé d’organiser des jeux d’argents » énormes sourire de sa part.

Laissant un petit silence s’installer, le temps pour elle de mastiquer, de prendre le temps de savourer son repas, mais aussi de percevoir la réaction de l’industriel. La rouquine attendait beaucoup de lui, espérait-elle voir de la joie, le rendre fier de cette prise d’initiative. Comment pourrait-il en être autrement, comme pour terminer en apothéose, elle reprit la parole une dernière fois, si enjouée, si heureuse :

- «  Tes amis devraient arriver dans une heure, peut-être une heure trente…. Ça nous laisse un peu de temps pour nous en plus »

Malicieuse, les étoiles pleins les yeux, la my’tränne était dans l’attente d’une réaction, d’éventuelles questions, ou alors pourquoi pas d’un moment un peu plus complice. De son côté, Aure avait tout parfaitement préparé, manigancer pour que ce soit parfait, pour que l’homme soit heureux dans son élément, du moins le pensait-elle naïvement.

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