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Chroniques d'Irydaë
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 Aller au gré du vent ou s'en prendre un

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Aller au gré du vent ou s'en prendre un EmptyVen 16 Nov - 17:24
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Cela avait fait du temps qu'une certaine anomalie en quête vers le sud, toujours et encore le sud, n'avait décidé de sa propre volonté de faire une halte. Elle en avait vu, des paysages, tous aussi variés les uns que les autres, elle avait même vu le visage du néant aux frontières du monde. Et pourtant, même avec toute cette traversée, elle n'en demeurait pas moins peu désireuse de garder mère nature pour seule compagnie. Alors, les forêts, les clairières, les plaines même n'étaient d'aucune sécurité pour la vaironne, à moins qu'elle ne parvienne à trouver un moyen de conserver son camouflage, seul atout qu'arborent les gens de sa nature. Alors, cette pause durable qu'elle envisageait quelques jours durant, elle ne la mit en place qu'après avoir trouvé une ville assez grande pour que son arrivée ne soit pas source de rumeurs locales et autres broutilles sur une étrange étrangère ayant passé les portes de la cité le matin même.

La juridiction locale ne la connaissait que mal, il faut dire que les descriptions à son sujet, même à Khurmag, étaient déformées. Elle n'était pas la même à l'époque, tant de caractère que de physique, en dépit de ses yeux. Il y avait bien une solution pour éliminer cette différence, mais Ophélia, aussi tolérante à la douleur fut-elle, ne se sentait pas prête à s'arracher l'une de ses pupilles de par ses propres moyens. Alors, elle vivait avec, comptant sur la chance pour ne pas être découverte. C'était une brune que recherchaient les autorités nordiques, son pelage laiteux en incarnait l'opposé, elle comptait sur son apparat bien différent pour ne pas avoir besoin d'user de la conviction. 

D'ordinaire, l'anomalie se serait cachée, aurait évité le regard des autres, ou bien l'aurait soustrait de toute forme de conscience. Mais à cet instant, elle se sentait ... normale, une simple passante. La marre d'âmes qui flottaient dans les sinueuses allées, ou bien dans les larges avenues ne faisaient d'elle qu'une goutte dans la rivière, une sensation si agréable, savoir que personne ici ne se souciait de qui elle était, de ce qu'elle était. Une feuille tombée est heureuse tant que toutes les autres volent avec elle, la jeune femme, elle, flottait dans le vent qu'aucune d'entre elles n'aurait souhaité partager avec une créature comme elle. Hérésie, l'appelait-on, à raison, bien souvent. La vaironne avait cessé de vouloir convaincre autrui de ce qu'elle était simplement, une humaine, une mortelle, pas un sacrilège sur pattes. Mais c'était sa vérité, pas celle du monde. 

Alors, elle vagabondait, passant dans les magasins, hésitant à vouloir acheter et se rétractant par manque de fonds. Mais lorsqu'elle passa dans une échoppe aux mille couleurs, Ophélia devint moins assurée de ne rien vouloir que d'habitude. Souvent elle s'était demandée que faire de l'ennui qui la tenaille sans cesse, ce n'était déjà pas normal pour une anomalie de se languir, alors qu'y pouvait-elle ? Il y avait bien quelque chose qu'elle pouvait faire, et à vrai dire, tracer les schémas de ses poupées était autrefois l'une des plus amusantes parties de son travail. Alors, la peinture, n'était-ce pas quelque chose d'adapté, pour elle ? Baladant ses yeux pétillants sur les pinceaux disposés sur les étales, elle ne leva son regard que lorsqu'une voix féminine ne prit son attention.

- Vous désirez quelque chose, madame ?

Un sourire gêné, contredisant la risette accueillante et certifiée de la commerçante, prit les lèvres de la timide. Les relations humaines n'étaient pas son fort, mais Kelmina lui avait bien apprise deux-trois choses en matière de troc. Mais, à l'instant présent, elle n'avait qu'une chose à échanger ... le passé était dans le passé, il n'y a de totems que ceux que le coeur façonne. C'est ce dont Ophélia se persuada avant de retirer son médaillon d'Amisgal que lui avait transmise en souvenir son ancienne mère et de la tendre à la vendeuse. 

- Que pouvez-vous m'offrir en échange ? 

Et elle ressortit du magasin avec un pinceau, deux rouleaux de parchemins et quelques flacons d'encre, le tout entremêlé dans une sacoche qu'elle pendit à son épaule. Un peu d'irys vinrent également orner sa poche, la valeur du médaillon ayant quelque peu excédé les besoins de la vaironne. Elle ne désirait de toute manière ne dessiner qu'en noir, les couleurs étaient bien trop chères pour une bourse aussi fine que la sienne. 

Alors, dans le flux de la journée, elle s'assit sur un rebord de palissade, écoutant le monde vivre sans le regarder, focalisée sur l'impression de son imagination par la grâce de son poignet. A travers le pinceau, elle ne faisait pas resurgir son passé, elle exprimait son imagination, vagabonde au possible, même dans son esprit. Elle dessinait tels qu'elle les visualisait, des chiens, des loups, des renards et autres petites créatures qu'il lui a été donné de voir lors de ses pérégrinations. 

Et tandis que, muette, elle s'exprimait, son oreille remua une fois, tremblante. Le vent semblait agité par ici, était-ce bien normal au milieu de tant de bâtisses ? Des voix dans la brise faisaient sursauter ses sens, alors, tranquille comme elle l'était, incapable de reprendre sa concentration, elle fit l'examen des alentours. Quelques coups d'oeil suffirent pour dénicher une assemblée qui s'exerçait à un art qu'elle ne reconnut d'abord pas, dissimulés derrière des barrières. Elle voyait des bras bouger, brassant l'air comme s'il n'était qu'un vaste filet de draperies, flottant à leur entour avec une grâce presque éthérée. 

Bouche creuse, Ophélia réalisa alors que cette maîtrise à laquelle s'essayaient ces gens n'était autre que la même que celle à laquelle elle s'essayait de contrôler sans jamais totalement la dresser. Son vent était farouche, elle ne connaissait pas les manières de l'apprivoiser. Alors, elle tendit l'oreille écoutant l'instructeur et les consignes qu'il leur léguait. Imbibée dans cette éducation, comme si elle était elle-même une part de cette formation, elle s'essaya subtilement à conjurer sa magie. Mais au moment de la libérer, à son habitude, l'air devint chaotique juste devant elle. Assise comme elle était, son dos manqua de tomber de l'autre côté de la palissade, l'impulsion de cette boule de vent ayant été plus puissante et anarchique que ce qu'elle avait anticipé. 

De là où elle était, elle n'entendait que mal les échos de l'entrainement, caché par une barrière de bois. Faisant le tour de l'enclos, elle parvint à trouver un endroit où les planches étaient abîmées, creusant un trou assez large dans l'enceinte pour que la vaironne puisse profiter d'une vue de première classe à cette formation. Plus elle en apprenant, le mieux ce serait. Avec des yeux pétillants de curiosité, comme de passion, elle observait, agenouillée, pinceau et parchemin à la main ... elle aurait tant aimé être à l'intérieur avec eux.

Lavryn & Khardi
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Aller au gré du vent ou s'en prendre un EmptyMar 15 Jan - 14:37
Irys : 159968

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Glabooh Balbih

Quel merveilleux spectacle! Assis sur le bord de la petite estrade, Glabooh observe les gracieux mouvements de ses plus anciens élèves. L'enseignement qu'il leur distille à ses limites et il sera bientôt temps pour eux de s'envoler et de s'élever par leurs propres moyens dans la grâce d'Amisgal. La magie peut s'enseigner, certes. Mais l'expérience et la foi relèvent uniquement du vécu personnel et de la volonté dont Möchlog a doté les différents caractères de ce monde. Il leur montre le chemin, rien de plus. Le reste leur appartient...

Le vénérable lâche un nuage de fumée qui adopte délicatement la forme d'une spirale. Elle s'élève vers les cieux, guidée par les mouvements réguliers de son doigt. L'homme arrive encore à s'émerveiller même après tant d'années passées sous l'égide du merveilleux. Le sourire absent qui craquelle son visage marqué par le temps peut d'ailleurs en témoigner. Son corps tombera bientôt en poussière, il le sent dans son corps au moins autant qu'il le sait dans sa tête. Mais son esprit, lui, reste jeune. Peut-être est-ce le secret pour réussir à savourer la vie du premier cri que l'on pousse au dernier souffle que l'on lâche?
"Plus haut le bras, Vrolfhin! Et moins rigide!" corrige-t-il l'élève qui a attiré son attention. "Tes mouvements doivent évoquer le souffle divin d'Amisgal, pas celui d'un pantin désarticulé! Regarde!"
Et l'élève regarde, oui. Car si la remarque peut sembler abrupte, elle est prononcée sur un ton bienveillant. Glabooh n'aimerait pas ressembler à l'un de ces professeurs austères qui distillent davantage la crainte de mal faire que le désir de progresser. L'aîné, donc, se lance dans une danse gracile qu'il conclue en formant une petite tornade dans la paume de sa main. Un petit mouvement de la main plus tard, il la fait glisser dans celle de son interlocuteur. Et un sourire naît à nouveau sur son visage tandis qu'il lui décoche une tape d'encouragement sur l'épaule.
"Le secret réside dans la délicatesse!" rappelle-t-il. "Comme avec les femmes!"
Il appuie ensuite la réussite de son élève d'un clin d’œil avant d'arpenter les maigres rangs de ceux qui auront placé suffisamment de confiance en lui pour lui permettre de les guider vers une connaissance modeste. Les commentaires fusent, bienveillants. Les rires également. Ils atteignent leur paroxysme lorsque que, quelques minutes plus tard, le vénérable improvise un spectacle mettant en scène des animaux issus de la fumée de sa pipe. Animaux qui se dissipent bien vite lorsque les cocons d'air qui leur donnaient formes disparaissent. Glabooh a été suffisamment déconcentré pour relâcher son emprise sur son sort. La raison? Une pair d'yeux qui l'observent à travers un trou - qui n'était pas là il y a encore quelques minutes, il en est certain! - dans la palissade.
"Nous reprendrons demain mes amis! Dix heures tapantes!" lâche-t-il en reportant finalement son attention sur l'assemblée. "J'espère vous voir aussi nombreux et bien disposés qu'aujourd'hui! Merci à tous!"
L'espace se vide peu à peu, certains préférant rester pour discuter. En temps normal Glabooh se féliciterait du fait que ses leçons créent non seulement un lien entre ces gens et la déesse dragon mais aussi entre eux. C'est ainsi qu'il conçoit l'enseignement. Un enseignement qui se doit d'être accessible à tous. Sans contreparties. En revanche il ne voit guère l'intérêt de se cacher pour assister à ses leçons...
"Hum!" interpelle-t-il donc la vaironne en s'agenouillant difficilement de manière à pouvoir mieux la distinguer à travers le trou. "Je suis pratiquement certain que tu n'es pas bien installée, là! Pourquoi te cacher? Mes cours sont accessibles à tous, tu sais? Aurais-je affaire à une timide? Ou, peut-être, une curieuse? Un mélange des deux?"
Et un autre sourire vient ponctuer sa question. Avec le temps il a appris que ce simple geste pouvaient abattre le plus impénétrable des remparts. Il se relève avec difficulté, ne présentant ainsi à Ophélia que ses jambes. Il imagine sans peine la peur ou le plaisir qu'elle doit ressentir alors qu'il la fait léviter par dessus la palissade de manière à l'intégrer au cercle boisé.
"Là! N'est-ce pas plus agréable?" s'amuse-t-il. "Comment t'appelles-tu, jolie fleur? Moi, c'est Glabooh!"
L'aîné penche alors la tête sur le côté pour exprimer sa propre curiosité. La vie réserve tant de surprises. Et celle-ci semble agréable quoique un peu étrange...


Dernière édition par Lavryn & Khardi le Sam 19 Jan - 17:23, édité 1 fois

Ophélia Narcisse
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Aller au gré du vent ou s'en prendre un EmptyVen 18 Jan - 2:03
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Les remarques du formateur amusaient Ophélia de par leur consistance insolite, elle écoutait d'une oreille distraite les conseils prodigués et s'essayaient à les appliquer au travers d'un courant d'air faible qu'elle faisait glisser entre ses doigts. Elle n'était pas endurante, encore moins lorsqu'il était question de faire tenir sa maîtrise dans la durée, si elle devait trop forcer, on la ramasserait à la petite cuillère, joue contre l'herbe. Si les doigts qui l'effleureraient alors touchaient par mégarde la surface de sa peau qu'il ne faut absolument jamais sentir ... hé bien, ce serait très déplaisant. De plus, la vaironne avait eut vent de la haine centenaire que ce peuple vouait aux réprouvés de son espèce. Elle n'avait rien pour leur nuire, pas même la volonté, si l'on devait l'accuser de crimes, ce ne serait pas dans cette région que les arguments seraient le mieux appuyés. Mais parfois, la peur se passe de raisons pour exécuter les sentences. 

Une toux faussée juste derrière elle, de l'autre côté de planche vint lui faire dresser la tête en écarquillant les yeux, et un sursaut, l'anomalie se décala sur le côté, là où le trou ne pouvait pas dévoiler sa vision. Ophélia ne voulait pas qu'on la surprenne à espionner, ce devait forcément être suspect, n'est-ce pas ? Apparemment pas ... timide ? Curieuse ? La jeune femme était bien plus certaine du premier que de l'autre, lorsqu'elle se tient tranquille du moins. Elle avait ses moments où ... eh bien, elle n'était pas exactement maîtresse de ses émotions, autrement, la timidité n'était qu'un prérequis à sa survie. Ce n'est pas de bon coeur qu'elle se cachait des autres.

Mais le ton bienveillant l'incita à silencieusement avancer la tête pour percer la barrière du regard, délivrant au vieillard une oeillade en retrait, dissimulant le reste de son visage. Brièvement, elle voit son sourire, jusqu'à ce que seuls les bas-plis de la robe ne demeure. La vaironne reste un instant, hésitante, à observer au travers du trou et ce, jusqu'à ce que ses jambes ne quitte le sol contre son gré, et, avec un ton plus pâle que d'habitude et la mimique d'un cri d'un surprise, elle n'ait rejoint le terrain de formation. Déposée à terre, elle est allongée sur le sol, ses mains servant d'appui à son dos pour ne pas devoir endurer les grains de sable entre le textile de ses vêtements. 

Intimidée, d'abord par la silhouette du vieillard, puis par la présence d'encore quelques autres personnes alentours, l'immaculée ne cesse de jeter des oeillades méfiantes dans le coin de ses yeux. Rétractant son visage entre ses épaules, la jeune femme tente de chercher le couvert de son col, bien maigre. Le vieillard se présente, Ophélia n'a aucune idée de ce qu'elle doit répondre. Pourtant c'était clair ! La question était bénigne, classique, attendue, prévisible ! Mais pourquoi était-il si dur d'y répondre ? L'anomalie se sentait commence à paniquer, elle ne devrait pas être là, vraiment pas, mais pourtant elle avait tant envie d'en apprendre plus sur sa maîtrise ! 

Et puis ... "jolie fleur". Il fallait que ce soit ce surnom là que ce parfait étranger ait choisi. En plus d'être un mauvais jeu de mot, c'était ainsi que son père l'appelait quand il respirait encore, ça et bien d'autres surnoms débiles si affectueux. Parfois, il remplaçait le "jolie" par "petite", c'était souvent lorsqu'elle pleurait et qu'il lui disait que ce n'étaient pas des larmes qui la feraient bourgeonner. Luër était un adepte des métaphores tordues, un vrai poète perdu. Le temps de stupeur de l'ancienne daënare prit fin avec le train de ses pensées.

- Je ... hum ... Ophélia ? 

Elle lui avait lâché son nom comme si elle n'en était plus sûre elle-même, lui tendant du bout des doigts et attendant de voir s'il l'acceptait ... et si elle avait l'audace de considérer qu'il le prenait comme tel ? Devait-elle ajouter qu'elle s'appelait Narcisse ? Peut-être que ça l'aurait fait sourire ... mais non, c'était ... risible. Pourtant, la jeune femme n'attendit pas de savoir si son prénom lui convenait.

- Narc ... isse, Ophélia Narcisse. 

Son visage toujours baissé occultait celui du vieillard, attendant de voir s'il comprenait l'accoutumance qu'elle avait avec ce surnom qu'il venait de proférer. Elle le regardait du haut des paupières, sans oser redresser le visage pour lui faire directement face. La vaironne esquissa un sourire gêné qui ne dura qu'une brève seconde avant de s'affaisser sur un ton de confidence.

- Je ne devrais vraiment pas être ici. Je ne dure pas cinq minutes en utilisant la magie, je ... m'évanouirai probablement avant que vous ne puissiez m'apprendre quoi que ce soit, alors je pense que ... je devrais partir ... voilà. 

Elle continuait à dessiner ses risettes forcées par la gêne, cherchant du regard une sortie, considérant même de grimper les barrières pour retourner là où elle était. Bien sûr qu'elle voulait s'entraîner, elle le voulait presque plus que tout au monde, mais était-ce vraiment raisonnable ? Un surmenage et elle finirait au tapis, peut-être était-ce mieux de simplement arrêter maintenant ..? Et puis son usage de la magie est si brut, si violent, ce devait forcément être suspect ...

... et chacune de ces pensées s'imprimaient sur son visage, comme si les lignes apparaissaient au sein de ses pupilles à chaque fois qu'elles dérivaient de trop sur la gauche, ou bien vers le sol. Les moues que sa bouche articulait n'étaient pas plus discrètes, bien au contraire. Entre lèvres tremblantes, mâchoire rehaussée et dents serrées, il était certainement impossible de cacher le combat intérieur qu'elle menait pour ne pas rester.

Lavryn & Khardi
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Aller au gré du vent ou s'en prendre un EmptySam 19 Jan - 20:28
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Glabooh Balbih

Ce n'est pas la première qu'il rencontre une personne qui doute d'elle. Lui-même était parfaitement pareil quelques décennies plus tôt. Toutes les générations sont appelées à lutter contre ce mal invisible, celui qui peut se résumer au combat que chaque âme vivante doit livrer à elle-même. Le plus grand ennemi d'un humain, n'est-ce pas lui-même? Comment juger? Comment désapprouver? Ophélia vient de s'attirer la sympathie du vieillard. Elle est à nouveau gratifiée d'un sourire aussi doux qu'apaisant. Et peut-être aussi un peu taquin, il faut bien le dire...

La vieillesse était une grâce des dieux, l'homme sait en user à sa juste valeur. Si la plupart des gens se bornent à voir un corps rapiécé par le temps, ils oublient bien vite de considérer l'esprit affûté par les expériences. Ou tout simplement que l'âge ne prive pas les gens de leur humour. Glabooh, donc, commence par acquiescer aux propos de la jeune fille.
"Oui, tu as raison! Il est trop tard pour faire de toi une mage digne de ce nom!" approuve-t-il avec sérieux. "J'aurais voulu t'aider, vraiment! Mais je me rends compte à présent que ton manque de préparation ne pourra pas être comblé par le plus pertinent de mes cours! Quel dommage, Ophélia! Tu avais l'air si motivée..."
Cela l'amuse peut-être autant que cela le dérange de briser ce qui pourrait bien être le rêve de cette jeune femme. Mais il sait que de grands bonheurs peuvent naître des plus infimes déceptions. S'accrochant à cette évidence et restant conscient que toute bonne blague - fut-elle mauvaise - à une fin, il poursuit donc sur la lancée que son esprit joueur lui a imposé. Il décoche donc un regard compatissant à la demoiselle pour peu qu'elle le laisse enfin croiser le sien.

Puis l'homme tire quelques irys de sa bourse et les dépose dans la paume de la main délicatement capturée avant d'en refermer les doigts à la surface. À quoi sert l'argent si ce n'est pas à faire le bien autours de soi? Les richesses que l'on garde pour soi n'ont pas le moindre intérêt sinon celui de flatter l'ego. Glabooh désigne ensuite une rue cachée par les palissades. Mais la direction semble néanmoins évidente à suivre.
"Tu trouveras une excellente auberge dans cette rue: la Charrue de Pierre!" explique-t-il. "Cela m'ennuie de te laisser partir ainsi et je tiens à t'offrir la nuitée sur place! Et à te rappeler que c'est très mal poli de refuser un cadeau! Dis-leur que tu viens de ma part, ils te feront un prix! J'ai tellement bu de bières là-bas que je suis devenu un client important! Ho ça oui!"
Et il lève son doigt gercé comme pour appuyer cette affirmation. Pas plus tard que la veille, d'ailleurs, il était encore bien trop enivré! Ho ça va, qu'on lui foute la paix! Il a suffisamment vécu pour avoir le droit de finir minable de temps à autre. Et même tout le temps, s'il le souhaite! L'un des privilèges de la vieillesse! Encore un! Un dernier sourire à Ophélia puis il s'éloigne avant de se raviser, de longues secondes plus tard!
"Ho et... Achète-toi également un cahier relié en cuir! Les parchemins, ça vole partout!" ajoute-t-il, un air mutin à l'appui. "Et un deuxième pinceau, tiens! Parce que non, vraiment, tu ne pourras pas étudier dans ces conditions! Et je tiens à ce que mes élèves apprennent dans les meilleurs conditions, foi de Glabooh!"
Il lâche un rire étrangement cristallin pour son âge avant de s'éloigner en lui faisant un signe de la main par dessus son épaule. Il espère qu'elle sera là! Ce serait vraiment dommage qu'elle abandonne maintenant ou qu'elle se laisse convaincre de son incapacité à appréhender les arcanes du divin Dragon. La magie est limitée par la foi qui est elle-même limitée par l'esprit. Et l'esprit, lui, n'a aucune limite! L'age ne sera jamais une barrière! Jamais! Enfin, pas tout le temps...
"N'oublie pas, Ophélia Narcisse! Dix heures tapantes!" répète-t-il au cas où l'espionne n'aurait pas été aussi assidue qu'il le pensait. "Tu seras la plus narcissique des Narcisse quand j'en aurai terminé avec toi! Foi de Glabooh!"
Quoique... Il ne faudrait pas non plus en faire un monstre, si? Il lâche un dernier rire puis disparaît derrière la palissade! Demain sera une journée encore meilleure que celle-ci! Mais pour l'instant il n'aspire qu'à une chose: s'humecter le gosier! Et qui sait? Peut-être qu'Ophélia se joindra à lui si elle décide de suivre sa recommandation et de dormir dans la même auberge que lui...

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Aller au gré du vent ou s'en prendre un EmptyDim 20 Jan - 1:29
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Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
L'expression grise de la vaironne ne fait que s'affaisser à une nuance plus terne encore lorsqu'elle constate l'affirmation de son regret. Les paroles proférées n'avaient de confort que le fait que personne ne risquerait jamais de découvrir sa nature véritable, et que l'altercation avec ce "Glabooh" fut de bien brève durée. Elle n'en entendrait plus parler, sans doute, ne verrait plus ces rides qui avaient pourtant l'air bienveillantes et n'en apprendrait pas plus sur le murmure qui dort en elle. Peut-être était-ce mieux ainsi ? Mais Novembre passait si lentement, un mois d'attente pour retrouver Svenya, c'était ... trop. Peindre ne comblerait pas cet ennui, alors, lorsque le vieillard se ravisa, et qu'enfin Ophélia comprit la farce, son visage s'illumina, sans oser sourire.

Le poignet qu'elle levait, sans que ce soit son fait propre, vint récupérer une aumône dont le sens premier devait s'arrimer de pitié. Ces quelques intervalles où une auberge lui ouvrait ses portes étaient pour le moins rares, mais toujours une bonne opportunité à attraper, de vraies perles. Elle écoutait sans répondre les mots que prononçait l'instructeur, comme l'on écoute la brise mugir sans vraiment porter attention à son existence. Et bien qu'elle prenait le message porté par les mots, une étrange méfiance habituelle faisait se reculer son espoir. Mauvais réflexe, peut-être, impératif de survie, sûrement. 

Un mot semblait de mise, ici ... "étudier". En avait-elle seulement le droit ? Même enfant, on ne lui avait pas fait ce présent, qui pourtant, n'était qu'un héritage alloué à chaque mortel. Mais pas elle. C'était l'ordre des choses que de rester ignorante, que de ne savoir rien faire sauf des poupées. Alors, le regard qui esquivait sans cesse celui de son interlocuteur, ce même regard se figea sous ses paupières supérieures, sous les rideaux de chair qui lui voilaient l'âme, la vue et la connaissance. S'il savait, s'il pouvait voir au travers, il n'aurait pas la même sympathie pour elle que celle qu'il lui voue. Non, il la jetterait du haut d'une pente, la laisserait rouler entre des pierres plus solides que les siennes et la regarderait se briser. Parce que c'est ce que font les purs, et c'est ainsi que tourne le monde. Elle prendrait avantage de son mensonge, autant que possible, pour retourner les fourberies des favoris contre eux. 

La vaironne ne dit pas un mot pour répondre, une oeillade entre la crainte, la hâte et l'incertitude servit de salut pour la soirée, ou du moins, c'est ce qu'elle pensait. A reculons, elle demeurait fixée sur les bottes du vieux, et lorsqu'elle sentit la porte de sortie sur ses doigts, l'anomalie s'éclipsa précipitamment. Marchant avec vitesse dans la rue, Ophélia ne put s'empêche de regarder par-dessus son épaule ... il avait l'air gentil, alors il mourra. C'est toujours ainsi que vont les choses, car c'est ce qu'il se passe lorsque le positif rencontre le négatif, seul le second demeure. Du peu de mathématiques qu'elle avait faites, c'était tout ce dont elle pouvait se souvenir. Peut-être que l'immensité des preuves dont elle disposait suffirait à appuyer cette théorie, sur ce point, l'anomalie espérait toujours se méprendre.

Survivre n'est pas vivre, et vivre sans risque, ce n'est pas s'amuser. Le jeu en valait la chandelle et la jeune femme hésitait toujours à commencer cette partie. Et, malgré ses doutes, elle acheta dans l'heure qui suivit un cahier relié et un pinceau, comme l'avait conseillé Glabooh. Elle se maudit dans la seconde d'après d'avoir accepté de fouler cette route, elle le regretterait, elle le savait. 
T
Trop hâtive de ne pas devoir trouver un endroit où dormir en paix, la vaironne suivit la direction indiquée par le professeur et ne reconnut l'enseigne mentionnée qu'après un quatrième coup d'oeil au même endroit. Elle et l'orientation étaient comme des zagashiens et la diplomatie, en conflit permanent et insolvable. Poussant la porte, l'anomalie qu'elle était n'avait pas envisagé l'idée même qu'il y ait du monde à l'intérieur, pourtant, ce n'était que du bon sens, mais il fallait pardonner la naïve ignorance d'une telle créature. Du rose pâle au visage, la timide vint au tenancier et lui tendit la bourse, avant de presque bégayer.

- C'est Glabooh qui ... m'a dit de venir ici.

Elle n'était pas sûre que ses paroles n'aient de sens pour le tenancier, mais l'effet escompté serait peut-être une grande surprise. Les deux échangeaient peut-être un code ? Et qu'est-ce que c'était que ça, la "bière" ? Ophélia avait toujours cru que c'était là où l'on enfouissait ceux qui ne peuvent plus respirer, ceux de l'autre côté, là où elle était censée appartenir. Enfin ... le vieux avait bien dit qu'il les buvait, à ce point d'incompréhension, la vaironne espérait surtout que l'on ne servait pas des morts, ici.

Lavryn & Khardi
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Aller au gré du vent ou s'en prendre un EmptyMar 22 Jan - 18:16
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Glabooh Balbih

Ha, les fins de journée. C'est probablement le moment que Glabooh préfère. Le crépuscule a toujours eu l'avantage de faire resplendir le monde et les vastes paysages qui le composent. Il faut évidemment composer avec la fatigue accumulée au cours de la journée. Les visages tirés et les cernes qui se dessinent sous la plupart des regards témoignent des efforts consentis sous le regard bienveillant du soleil. Mais les soirées sont emplies de promesses. L'esprit est plus léger lorsque l'obscurité domine. Les chants, l'alcool ou le simple désir d'échanger avec autrui créent cette ambiance si particulière, si chère au coeur du vieillard. Une ambiance sublimée par le satisfaction personnelle du devoir accompli: celui d'avoir mené un peu plus avant la jeunesse, l'avenir du monde, sur la voie de la connaissance.

Comme bien souvent depuis qu'il s'est installé ici, Glabooh emprunte ce même chemin qui le mène tout d'abord vers les échoppes installées le long de la rue principale. Les marchands qu'il a appris à connaître avec le temps ont toujours la gentillesse de mettre de côté les fruits et les douceurs culinaires dont il raffole. Et comme d'ordinaire, il les a déjà gobés avec appétit avant même de rejoindre l'auberge dans laquelle il a pris ses aises. Bien qu'il loue sa chambre comme tout bon citoyen, il s'y sent néanmoins chez lui. La solitude n'a jamais été faite pour lui et vivre dans un lieu aussi animé que celui-ci lui rappelle ses jeunes années. Celles où il pouvait picoler sans se soucier des lendemains et des protestations de ce corps octroyé par Orshin. Que c'est loin tout ça...
"TOURNÉE GÉNÉRAAAAAALE!!!"
Ce cri de guerre, devenu lui aussi une tradition, s'immisce dans l'espace clos du rez-de-chaussé de l'auberge. Un très bref silence y répond. Puis une explosion de cris de joie répondent à l'annonce et toutes les chopes se lèvent à l'unisson comme pour honorer l'homme à la barbe blanche. Cette tradition attire des clients. La plupart s'interrogent sur la richesse de ce vieillard dont ils ne savent pas grand chose. Mais tous adhèrent à ces invitations répétées à la beuverie. Et l'aubergiste, lui, sait déjà qu'il fera un bon chiffre d'affaire. Comme tous les soirs! S'il tolère les excentricités de l'aîné, c'est avant tout parce qu'elles sont bonnes pour sa bourse.

Et voici donc Glabooh qui se glisse entre les tablées en entamant une danse qui allie la grâce octroyée par Amisgal et la douce folie accumulée au cours des années. Un sourire sur le visage, de la mélancolie dans le regard, il finit par atteindre le comptoir. Sa main craquelée si écrase et une chope glisse dans sa direction. Et ce n'est qu'à cet instant qu'il s'autorise à s'accouder contre le bois pour observer les personnes présentes. Il adresse de multiples signes de tête à ceux qui souhaitent le saluer à distance. Puis il la voit!
"Elle m'a dit qu'elle venait de ta part, Glab'!"
"Ah! Ma dernière recrue!"
"J'lui ai donné la p'tite chambre des combes!"
"Il n'y a pas des rats, là-haut?"
"Oui maiiiiis moins qu'avant!"
C'est un argument, ça? L’aîné se retourne et lui décoche un regard las. Dénué de jugement mais suffisamment sceptique pour lui faire comprendre qu'une dame mérite mieux qu'un galetas pour accueillir ses rêves. Un autre signe lui permet d'obtenir une seconde chope qu'il s'empresse ensuite d'aller déposer devant Ophélia. Et il accompagne ce présent de l'un des sourires dont il a le secret, évidemment. Glabooh Kalität!
"Content de te revoir! À un moment je me suis demandé si tu n'allais pas prendre l'argent et t'enfuir!" avoue-t-il. "Mais maintenant nous savons tous les deux que tu veux réellement apprendre! Et ça, Ophélia Narcisse, c'est le plus nécessaire des attributs! Ho que oui!"
Il ingurgite une grosse gorgée de bière puis lâche un rot sonore qui favorise à nouveau de multiples cris d'approbation! Oui, l'ambiance est quelque peu particulière en ces lieux. Mais c'est ce qui fait tout son charme, n'est-ce pas?
"Et sais-tu quel est le deuxième des attributs dont tu auras besoin? Et moi aussi, d'ailleurs?" l'interroge-t-il, rhétorique. "La confiance! Et le meilleur moyen pour favoriser sa croissance entre deux êtres, c'est encore qu'ils se prennent une bonne cuite ensemble! À Amisgal!"
Il l'invite donc à trinquer puis reprend une autre grande gorgée. On peut aisément deviner l'entraînement qu'il a dans ce domaine à la facilité avec laquelle il engloutit sa bière. Quant à la mousse qui s'est installée sur sa moustache, elle le rend peut-être un peu plus simplet. Mais qui s'en soucie?
"D'ailleurs, que sais-tu d'Amisgal? Pourquoi la déesse dragon a-t-elle recueilli tes faveurs?" demande-t-il. "On oublie parfois que ce sont les humains qui choisissent les dieux et non l'inverse!"
Qu'est-ce qui a séduit la vaironne? Pourquoi veut-elle maîtriser la magie du vent? Cette dernière question est l'une des plus primordiales et se retrouve pourtant encastrée dans le cours de la discussion d'une manière presque anodine. Mais Glabooh, lui, s'est fait une promesse il y a longtemps: il ne formera pas les personnes qui entendent user de la magie pour faire souffrir les autres! La vengeance n'a plus sa place dans son coeur depuis de longues années maintenant. Et malheureusement, s'il trouve cette demoiselle agréable, il ne peut guère s'avancer sur ses motivations. Ou les pensées qui rythment l'esprit qui se cache derrière ce merveilleux regard dépareillé...

Bolgokh
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Ophélia Narcisse
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Aller au gré du vent ou s'en prendre un EmptyVen 25 Jan - 10:18
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Pérégrins -2
La vaironne se vit redirigée vers une table, sans boisson, sans collation, juste une chaise et un support. Elle se sentait bien stupide à rester impassible, sans rien faire au milieu de tous ces bavardages, mais plus que toute autre chose, elle avait peur que quelqu'un ne vienne l'importuner avec ce jeu que jouent les purs, la "séduction". Ce n'était pas vraiment son intérêt, et même si elle a déjà succombé à l'appel du coeur, elle n'a jamais réussi à ne pas le regretter. C'est la vie d'anomalie, mais elle le prenait plutôt bien. Si c'était s'épargner un lourdaud que d'être une monstruosité cristallisée, alors peut-être que ça valait le coup ? Tant pis pour les mignons. 
Pas plus avancée sur ce qu'elle était censée faire, désormais, la jeune femme sortit simplement ses rouleaux, son encre et son pinceau. Elle n'avait pas d'inspiration pour choisir que dessiner et elle n'avait pas assez de calme autour d'elle pour se concentrer à prospecter ses souvenirs. Tout le matériel déballé rejoint bien vite son sac une nouvelle fois, faute de faire proférer sa fibre artistique. Avec un soupir ennuyé, l'anomalie laissa ses doigts taper sur la table pour imposer un rythme à sa lassitude. Peut-être qu'elle devrait simplement aller dormir, ça au moins, ce serait productif. 

Et elle allait se lever, lorsque le vieillard de plus tôt revint à elle. La vaironne fronça d'ailleurs les sourcils, le regardant avec un étrange intérêt alors qu'il s'incrustait à sa table. N'avait-elle donc pas compris les instructions données ? Elle ne pensait le revoir que le lendemain matin, mais apparemment, il empruntait bel et bien le sol de cette taverne comme lieu de repos. La jeune femme demeura silencieuse, d'abord, écoutant avec une attention non-assumée le discours que lui tenait Glabooh. Plus il parlait, moins elle le comprenait, en particulier lorsqu'elle dut faire l'impasse sur un mot en particulier.

- "Cuite" ? 

Sans mentionner l'invocation du nom de l'Architecte qu'elle, certes, détestait le moins, mais ne portait pas non plus dans son coeur. Peut-être valait-il mieux passer ce genre de détails sous silence, au moins le temps d'apprendre. Le caractère profane de sa magie n'était sans doute pas pour plaire, et quand bien même le vieux était agréable, la cristallisée ne pouvait s'empêcher de percevoir un aspect malsain dans sa sympathie excessive. Les purs avaient leur manière de prendre avantage de tous ceux qui n'étaient pas de leur sang, parfois même, ils ne se souciaient aucunement du sens de la famille. On ne réalise la chance qu'on a que lorsqu'elle n'est plus à disposition ... demandez à cette chère Flora.

Quoi qu'il en était, la vaironne ne pouvait s'empêcher de penser qu'on lui faisait passer un interrogatoire, et à force de se taire, elle avait perdu l'envie de parler. Son ton était froid, méfiant, même devant la choppe amenée elle ne pouvait s'empêcher de détourner les yeux. Elle ne savait rien d'Amisgal, enfin, si ! Elle en savait beaucoup trop d'ailleurs, à cause des livres de Kelmina, et bon sang ça la rendait folle de rage de plus en savoir sur ses ennemis qu'elle-même ! Mais elle se garderait bien de le montrer, la seule réaction offerte fut un sobre haussement des épaules. 

- J'ai ... besoin d'une raison ? 

Elle n'en avait pas, en fait, pas plus qu'elle n'avait d'objectif dans sa vie et plus que le peu de sens que les Architectes accordaient à son existence. La vaironne ne voulait pas s'inventer d'excuses, pas plus qu'elle n'avait envie d'entraîner le vieux dans un baratin sans fin. Elle préférait admettre qu'elle aimait la magie sans fin, juste pour ce qu'elle était et la sensation de contrôle qu'elle lui accordait. Son air était blasé au possible, mais pas impoli, juste neutre d'émotions et très importuné. Le blâme s'accordait à l'environnement, évidemment, Glabooh était d'une compagnie passable de reproches, même s'il était franchement bien trop chaleureux à son goût. Ophélia ne résuma son ressenti qu'avec une phrase.

- J'aime simplement ça.

Son menton vint s'appuyer sur sa paume gauche, accoudée à la table dans un air d'ennui. Pourtant, son index droit perça l'air, montée par un poignet lestement lâché et une main vagabonde qui remuait dans le vide. Le regard posé de la vaironne désignait le bout du doigt qui, doucement, commençait à tourner, entraînant une forme florale, le genre de dessin que l'on ne voit que dans les fresques, autour de sa dernière phalange. C'était l'air qui dansait, tournait, s'affinait, circulant lentement et sans s'interrompre, suivant le rythme imposé par le tournant de son index. 

Avec un soupir, Ophélia arrêta son petit manège, redonnant à sa nuque seule la responsabilité de faire tenir sa tête droite. Son attitude contrastait radicalement de celle du mage, comme si un miroir dépresseur se tenait entre elle et lui. Oui, elle n'était pas une fille excessivement drôle, juste divertissante lorsque l'on a des goûts bien particuliers.

- Je n'ai pas autant de ferveur que vos autres élèves, je pense. Mais il faut me pardonner, j'ai vraiment eu une vie de merde.

Bel euphémisme. Rien que les cristaux dans son dos étaient témoins de ce fait, et même maintenant elle demandait à un disciple de ses bourreaux de lui apprendre l'art qui pourrait la mettre à bas. Non, vraiment, ce n'était pas une existence paisible que la sienne. En plus d'être maudite, elle était recherchée. Enfin, quoi de plus logique pour une morte en suspens que de ne pas avoir d'instinct de survie. Après avoir lorgné deux-trois secondes la choppe devant elle, les pensées déprimantes qui la hantaient poussèrent la vaironne à imiter son interlocuteur et à prendre une large gorgée.

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Lavryn & Khardi
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Glabooh Balbih

Les réponses d'Ophélia surprennent le vieillard. Il l'exprime à sa manière, c'est à dire en observant un silence religieux à peine ponctué par les gorgées de bière fraîche. Difficile de dire ce qu'il peut penser des dires de la vaironne. Il la croit, c'est une évidence. Sans quoi il aurait déjà mis un terme à la discussion et changé de table. Glabooh, comme bien des gens, déteste la sournoiserie qui anime le mensonge. Et il se trouve qu'il est plutôt doué pour le déceler. Certains mettraient ça sur le compte de l'expérience acquise au fil du temps. D'autres, sur une empathie affûtée. Toujours est-il qu'il faut attendre la dernière phrase de la gamine pour qu'il esquisse le début d'une grimace et, donc, de réaction.

Mais il ne répond toujours pas et préfère visiblement lever bien haut sa chope afin d'attirer l'attention du tenancier et commander une seconde tournée. Ce que donner, ça donne soif. Et il entend bien mettre à profit cette soirée pour en apprendre plus sur son interlocutrice. L'échange, il l'a dit, est le seul moyen de gagner la confiance d'autrui. Peut-être qu'il se trompe, qui sait? La vieillesse n'est pas toujours sertie de sagesse après tout... Mais il est pourtant convaincu d'avoir raison à ce sujet. Et qui osera le contredire?
"Une raison, non!" répond-t-il finalement, répondant à la question de la vaironne. "Mais on n'apprend que rarement la magie sans une idée derrière la tête! C'est une discipline exigeante, qui requiert des sacrifices et du temps. Quel genre d'imbécile se lancerait dans son apprentissage sans un objectif précis en tête? Moi, je l'ai étudiée pour me venger! Et bien sûr, je ne le disais pas, ça, à l'époque!"
Il lui décoche un regard entendu et reprend une bonne grosse gorgée d'alcool. Peut-être fait-il l'erreur de transposer son cas à celui des autres. Mais il se souvient très bien pourquoi il s'était lancé dans le complexe apprentissage des arcanes. Pour la vengeance! Il n'en est pas fier aujourd'hui. Il ressent même une impression de gâchis considérant que la mort n'a jamais épanché la douleur qui vibre encore au fond de son coeur. Mais que faire sinon accepter les erreurs passés? Le temps est probablement le pire des adversaires. Il n'y a aucune victoire possible contre le passé...
"Tu sais je suis le premier à reconnaître que la magie est agréable à modeler selon sa volonté. Qui ne serait pas grisé par la capacité à maîtriser un élément issu directement des dieux? Ceux qui te diront l'inverse sont des hypocrites!" glisse-t-il sans mâcher ses mots. "Mais veille toujours à garder le contrôle sur la magie. Sinon c'est elle qui finira par te dominer! Elle n'est pas aussi dénuée de volonté qu'on voudrait bien le croire!"
Oh oui, il se rappelle de la sensation que lui avait procuré la magie lorsqu'il commençait tout juste à lui imprimer sa volonté. C'était il y a des décennies et pourtant le souvenir est aussi vivace qu'autrefois. Bon, oui, on n'oublie jamais sa première fois. Mais le visage de sa première femme s'est effacé de sa mémoire avec le temps. Pas la caresse de la première bourrasque de vent créée par ses soins...
"Et pour finir ce n'est pas à moi de te pardonner quoi que ce soit!" s'amuse-t-il. "Mais les gens qui peuvent se venter d'avoir eu une vie clémente sont plutôt rares. Tu n'es pas une exception! Et ton passé ne peut servir d'excuse aux actes que tu commets dans le présent ou le futur! Ce serait bien trop facile, tu ne crois pas?"
Un autre de ses sourires doux s'installe brièvement sur son visage fatigué. Le ton employé est doux mais néanmoins ferme. Elle espère qu'Ophélia aura saisi le message: il est hors de question qu'elle utilise son passé comme un bouclier. Ou pire encore: un tremplin à même de justifier ses futurs actions, peu importent leurs natures. Glabooh fait glisser sa main à travers la table et tapote le dos de celle de son interlocutrice. Un petit geste d'encouragement qui, il l'espère, ne sera pas mal perçu.
"Raconte-moi! N'aies crainte: je ne te jugerai pas!" l'encourage-t-il. "Mais pour pouvoir t'envoler dans la grâce d'Amisgal, il te faudra auparavant te délester du boulet que tu traînes derrière toi! Et puis franchement, je suis plutôt bon public! Sans parler du fait qu'il ne se passe pas grand chose d'intéressant dans le coin! Je t'en prie: satisfais la curiosité d'un vieux grigou!"
Il parle tout en tassant du tabac dans sa pipe. Une fois allumée, elle dégage un nuage de fumée qui ne tarde pas à inonder le plafond. L'homme bouge à son tour deux de ses doigts. Une vague brise empli la salle et vient capturer une part de ces volutes. Elles atterrissent sur la table, guidée par la volonté du mage qui leur donne alors la forme de deux êtres humains. Ils commencent alors tout deux à trottiner en se tenant la main. Une manière de lui faire comprendre qu'il peut l'aider de bien des façons. La magie est fort répandue. Mais la compassion et la capacité à écouter son prochain sont des denrées qui se font malheureusement bien plus rares...

Spoiler:

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Ophélia Narcisse
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Aller au gré du vent ou s'en prendre un EmptySam 16 Fév - 12:48
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Il ne savait rien, absolument rien de ce qu'était vraiment une "exception". Le vieux parlait comme s'il était prêt à accepter n'importe quoi, comme s'il était assez ouvert pour accepter la pire des rebuts dans ses cours pourvu qu'elle fasse preuve de discipline et de sérieux. Mais jamais il ne serait prêt à accepter quelque chose dans le genre de la vaironne, non, il la tuerait sur place, sans doute. C'est ce que font les my'trans, c'est ce que font les negiins, c'est ce que tout le monde fait. Après tout, elle n'était pas humaine alors pourquoi s'embarrasser à la traiter comme tel ? C'était bien normal, ainsi tourne le monde et personne ne s'en soucie, personne sauf les victimes de ce sort. 

Le plus amusant, c'était la contradiction que faisait Glabooh avec les actes de ses propres maîtres. Si le passé ou le futur ne peuvent pas servir d'excuse aux tares du présent, alors pourquoi y avait-il toujours cet enfoiré cristallin qui la suivait à la trace ? N'est-ce pas que du passé que cette résurrection ? Comme quoi, les disciples sont aussi pourris que leurs maîtres. Elle ne haïssait pas la foi, au contraire, elle-même était croyante à sa manière. Car il faut un autre dieu pour pouvoir contrecarrer la volonté de divinités, son retour en ce monde n'a pas été causé par l'hasard, c'était certain. Elle ne priait pas cet Etranger, mais elle s'interrogeait sur la destinée qu'il vouait à Irydaë, et pourquoi elle a dû être ramenée à la vie. Pas un instant elle ne doutait de sa bienveillance.

Et il insistait ... n'avait-il pas compris que la vaironne qu'il avait en face de lui n'avait pas plus envie de partager ses secrets avec un vieux schnok rencontré dans l'heure que de simplement aller se coucher ? Elle avait tant marché et l'alcool, ce n'était vraiment pas son truc. Toutes les attentions du vieillard ne lui inspiraient aucune confiance, c'était comme s'il voulait se frayer un chemin tranquille vers la sincérité d'Ophélia pour en tirer meilleur parti. Elle ne le laisserait pas faire, elle ne laisse jamais personne faire volontairement. Il en résulta que la vaironne se sentit bel et bien menacée, ici, elle ne comptait pas traîner et boire jusqu'à l'ivresse, qui sait ce qui peut arriver sans aucun contrôle ? 

Les bras croisés, dos enfoncé sur la chaise, elle fixait la table, observant sa choppe du breuvage dont elle n'appréciait que les effets secondaires, le goût, lui, était discutable. En fait, c'était comme s'essayer à siffler de la pisse de chat. Elle battait du pied, écoutant d'une oreille tant fatiguée que frustrée les mots qui se voulaient peut-être empathiques, compatissants ? Qu'est-ce qu'elle en avait à faire de ces émotions ? Pour elle, il n'y avait pas plus grand danger que quelqu'un capable de se mettre à sa place. C'était la porte ouverte à la révélation de sa nature véritable, et une allée droite vers le retour à la mort. Elle voulait éviter cela, ne pas gâcher la deuxième chance donnée par cet Inconnu. 

- Vous allez devoir vous divertir d'autres histoires, j'ai bien l'impression.

Alors du bout du doigt, elle repoussa la choppe vers le centre de la table. Elle était sèche dans son ton, mais la profondeur de sa voix indiquait une gêne certaine, si Glabooh était aussi empathique qu'il en avait l'air, alors il comprendrait que le passé de la vaironne n'est aucunement de ses soucis. Car, elle, elle était déjà levée et se retournait déjà pour prendre l'escalier vers la chambre qu'on lui avait indiquée plus tôt. 
- Dix heures demain, donc. Bonne nuit.

Et elle monta, ignorant les arguments qu'aurait à lui soumettre le vieux, aucun ne valait la peine qu'elle ne risque sa vie, encore moins de la basse beuverie. L'anomalie verrouilla sa porte, se dévêtit et s'assit sur son lit, tâtant les cristaux qui lui faisaient tant défaut. Peut-être qu'il fallait apprendre à vivre avec désormais, au lieu de constamment s'en plaindre. Ses doigts fins prirent la teinture de ses draps, la couleur remonta jusqu'à son bras, puis son cou. Elle émit un silencieux soupir, détachant son index de la couverture, redevenant blanche comme neige. Peut-être était-ce une bénédiction, finalement ?

La nuit-même, elle en rêva de ses cristaux, du vent, un amoncellement désordonné de songes qui lui valu une nuit agitée, mais pas moins reposante. Si bien qu'à dix heures, le lendemain, elle se trouvait aux portes de l'école, n'osant pas trop y pénétrer et préférant largement attendre devant que le vieux ne vienne lui ouvrir de lui-même ... s'il venait.

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Aller au gré du vent ou s'en prendre un EmptyDim 17 Fév - 13:52
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Glabooh Balbih

Ila regarde se lever en ayant la désagréable impression d'avoir été trop loin. A-t'il dépassé une ligne invisible? Glabooh considère la gamine avec un étrange mélange d'étonnement et de regret. Est-elle trop fatiguée pour discuter? Trop gênée pour répondre à ses questions? Oh, il tente bien de lever une main apaisante pour inciter Ophélia à lui donner une chance de s'expliquer. Ou peut-être de l'apaiser? Quelle étrange demoiselle... Mais il est vrai qu'il s'est peut-être montré trop curieux. La réaction de la vaironne souligne avant tout ses propres manquements.

Le vieillard n'insiste pas et se contente d'acquiescer avant de souhaiter une bonne nuit à la fille aux cheveux blancs. Il devrait probablement se réjouir: elle sera au moins en forme demain matin. Lui, c'est moins sûr. Il récupère la chope abandonnée de son élève avant de la vider d'une traite. La soirée est encore longue et il reste de nombreuses heures avant l'aube. Il avise alors les différentes tables et en choisit une plus ou moins au hasard.
"Vous connaissez le sloubi? Une petite partie, ça vous tente?"
Et le voici à leur expliquer les règles complexes à un auditoire quelque peu crédule. Mais la nouvelle tournée de bière qu'il commande lui permet d'obtenir leur patience. Et également d'affaiblir un peu plus leurs consciences. Il espère se refaire, ce soir. Les soirées précédentes ont été désastreuses. Non parce qu'à ce rythme il ne parviendra même plus à payer ses propres consommations...
Aller au gré du vent ou s'en prendre un Separa10
Mais qu'est-ce que ça cogne! Il titube encore à moitié lorsqu'il pénètre dans l'enceinte qui accueillera bientôt ses différents élèves et fait de son mieux pour répéter des mouvements basiques, devenus habituels, avec une efficacité acceptable. Il lorgne sur le petit seau de bois posé sous son pupitre en se demandant s'il en aura besoin. Ne devrait-il pas se faire vomir maintenant? Un professeur à moitié bourré, ce n'est tout de même pas très crédible...

Il n'a pas réellement le temps de creuser plus avant cette question puisque les cloches retentissent pour annoncer le début de la vie diurne. Il se contente d'engloutir une rasade d'eau puis de tremper une nouvelle fois sa tête - et sans le moindre ménagement - dans le grand tonneau sensé sustenter la soif des personnes désireuses de suivre ses cours. Ce qu'ils ne savent pas ne peut pas leur faire de mal, non?

Dégoulinant, les yeux marqués par une nuit compliquée et son souffle imbibé d'effluves alcoolisées, il ouvre à nouveau les portes avec l'espoir de découvrir la petite foule habituelle. Elle y est! De même qu'Ophélia! Il lui décoche un sourire avant de s'effacer pour permettre à sa vaillante troupe d'apprentis d'entrer. Les habitués retrouvent leurs place habituelles et Glabooh désigne à la vaironne une place au premier rang. Puis il prend appui contre un poteau, le loupe, et s'écrase à moitié sur le sol.
"Mmh..."
Il se redresse avec un semblant de vaillance et réajuste ses vêtements. Bon, il sait très bien que la scène n'aura échappé à personne. Il n'y a qu'à voir les sourires ou les regards échangés entre les élèves. Mais il choisit sagement de ne pas relever cette désastreuse ouverture de cours et préfère plutôt désigner Ophélia d'un signe accusateur.
"Voici Ophélia!" indique-t-il. "Elle sera votre camarade alors traitez-la comme telle, voulez-vous? Je vais me concentrer sur elle aujourd'hui! Vous, reprenez où vous en étiez! Shazam vous aidera si vous en avez besoin!"
Shazam, cet élève tellement doué qu'il fait de l'ombre aux autres, se lèvent et bombe fièrement le torse. Quel imbécile... Mais au moins il délestera quelque peu le vieillard de sa charge quotidienne. C'est que la fille aux cheveux immaculés à du retard sur ses collègues. Et qu'il s'agit à présent de le gommer. Va pour les leçons particulières, donc.

Le vieillard sort un petit étui en cuir et en retire avec précaution une dizaine de petite plumes. Il les place en éventail entre ses doigts pincés et les présente à son élève. L'intéressée peut ainsi se rendre compte que l'une d'elle est blanche alors que les autres sont noires ou grises. Il lève un doigt pour obtenir son attention.
"Un seul mot: fluctuation! Et une seule règle: la plume blanche ne doit pas toucher le sol!" explique-t-il. "C'est parti!"
Et il lance les plumes en l'air avec une nonchalance héritée d'une gueule de bois monumentale. Il s'en prend d'ailleurs une dans l'oeil et lâche un juron bien involontaire quoique nécessaire pour atténuer quelque peu la douleur. Mais il se ressaisit très vite et observe Ophélia de son iris encore valide. Il la prend peut-être un peu de cours mais, hé, c'est ça qui est bon!

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Aller au gré du vent ou s'en prendre un EmptyMar 26 Fév - 21:11
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Pérégrins -2
Une salle de classe ... ou de formation remplie de jeunes Negiins, fidèles d'Amisgal et de l'art qu'elle leur concède. Tellement d'yeux rivés sur elle, tellement de rumeurs glissées d'une oreille à l'autre, heureusement pour elle, la vaironne paraissait bien jeune en dépit de la teinte mûre de ses mèches. Comment en était-elle arrivée là, au juste ? Deux mois auparavant, elle mourrait de faim sous les porches de Suhury, couverte de gadoue et sentant la fange. Au final, Flavien avait raison, il y a de l'espoir tant que l'on garde la flamme allumée.


Mais si la vie n'est pas toujours hideuse, elle est parfois bien gênante, en particulier lorsque les circonstances font que bien trop de têtes se penchent sur des épaules trop habituées à être le centre de l'intérêt. Seule intempérie dans les prévisions de la vaironne ; ces regards-ci n'étaient pas exactement négatifs, ils étaient emplis du désir innocent de ragots et de la curiosité adolescente qui forge une jeunesse. Mais Ophélia ne voyait pas ces jugements d'un bon oeil, au contraire, elle en craignait l'écho.

Alors lorsque le doigt didactique d'un professeur en surplus d'attention déplacée vint la désigner, les joues diaphanes se vêtirent d'une robe églantine. Les pupilles désassorties s'éclipsèrent comme bourgeon au milieu de pétales liliaux, arrondies par un sursaut du coeur. Se faire ainsi désignée, ce n'était pas du domaine de l'habitude, et lorsque ça arrivait, la seule suite qu'y donnait la vaironne était un orchestre de coups de feux. La bonne fortune voulut que le professeur trouve un autre coq pour attirer les yeux de la basse-cour, faisant de l'ombre au portrait de petite graine qu'on lui dressait.

Le reste arriva bien vite, enfin, ce n'était là que pure discipline, Ophélia ne connaissait que la docilité. Les élèves s'écartèrent sous la supervision du jeune homme au nom singulier. Enfin, l'attention de l'altération naturelle qu'elle incarnait dût se reporter sur Glabooh, qui pointait un doigt ascendant devant son nez. Il tenait dans son autre main un paquet de plumes et seule une d'entre elle arborait la couleur de l'ivoire. Un seul panache blême pour tant d'assombris, la vaironne n'avait pas besoin de démonstration pour la repérer.

Les instructions données, en revanche, c'était tout de même bien autre chose. La singularité cristalline n'eut pas une seconde même le temps de contester, de questionner son instructeur. Son regard se tourna vers lui, ses lèvres prêtes à l'interpeller d'une interrogation auquel il ne répondrait certainement pas, et seulement alors l'amoncellement de plume se mit à planer.

Dans cette valse aux aspects de sieste, Ophélia avait perdu la blanche du regard. Les pupilles désappariées fouillaient entre les fibres volatiles, cherchant à s'accrocher à la première nuance chenue qu'elles trouveraient. Comme flocon dans la poussière, l'immaculée s'écarta du groupe en restant au centre, différente de par sa nature même. Viser la singulière, un objectif simple, même dans l'urgence de l'instant, l'anomalie n'était pas dénuée de ses moyens. Une spirale indiciblement grisâtre luit dans l'éclat lacté de ses yeux.

Une impulsion ascendante, centrée au milieu de la tornade de plumes fit s'écarter la plupart d'entre elles. L'art de la jeune femme était brusque, puissant, si bien qu'elle envoya la cible crème voler jusqu'au plafond. Doucement, elle la vit retomber, de déduction, l'étrangère conclut que ce n'était pas la fin de son exercice. Encore et encore, elle faisait brusquement se soulever l'air, baladant la plume sans qu'elle ne lui définisse une trajectoire précise, excepté vers le haut. Chaque manipulation envoyait une secousse dans l'échine d'Ophélia, comme si l'air qu'elle propulsait se faisait écho dans son buste.

Au bout d'une dizaine d'impulsion, son nez se mit à saigner, comme il le faisait toujours lorsqu'elle n'en pouvait plus. Elle continua néanmoins, obnubilée par la passion de l'acte. Ses expirations étaient de plus en plus fortes, comme s'essoufflant sur la durée. Ses pupilles, dilatées par l'extrême focalisation à laquelle elle s'essayait refusait de lâcher son oeuvre des yeux. Elle ne s'arrêta que sous la contrainte de sa carence respiratoire. Trop plongée dans l'acte, la vaironne oubliait toujours que c'était son corps qui recevait le coût de ces pouvoirs.

Penchée en avant, mains jointes sous son nez, elle fermait les paupières avec insistance, toussant comme après une suffocation. Redressant son visage, elle réprima deux expirations faussées avant de tourner son visage vers son professeur. Le dessus de son bec était nappé d'une flaque vermeille, tandis que devant elle, la plume se mit à tomber. C'était ainsi lorsque aucune entité ne prend en charge le coût de la magie.

Lavryn & Khardi
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Aller au gré du vent ou s'en prendre un EmptyDim 3 Mar - 22:59
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Glabooh Balbih

Son regard oscille entre la plume maintenue en l'air et les gestes qui lui donnent l'impulsion nécessaire à la réalisation de l'exercice. En réalité il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit capable de réussir l'exercice. C'est le genre de teste qu'il impose aux nouveaux pour évaluer leurs niveaux. D'ordinaire, ils échouent. Et c'est bien naturel. Mais Ophélia semble déjà dotée d'une certaine maîtrise. Et il ne peut que s'en réjouir dans la mesure où ils gagneront tout du temps. Le plus dur à acquérir, ce sont les bases. Le reste se résume principalement à de l'entraînement et au perfectionnement des sorts basiques. Oui, Glabooh est satisfait. Le sourire qui s'est installé sur son visage est d'ailleurs parfaitement révélateur de cet état de fait.

Mais son sourire, il le perd bien vite lorsque son regard se pose sur le visage de son élève. Des comportements similaires à ceux de la jeune femme, il en a vu bien plus qu'il ne l'aurait voulu. Son regard se vide de toute bienveillance et se fait aussi dur que la pierre des kharaals. Un soupir agacé quitte ses lèvres mais il sort pourtant bien vite un mouchoir vierge de l'une de ses poches avant de le tendre à son élève.
"Nettoie-moi ça!"
Il lui laisse le soin de se débarbouiller avant d'aller s'hydrater une nouvelle fois. Il va falloir qu'il dessaoule au plus vite s'il veut pouvoir l'aider convenablement, celle-là! D'une certaine façon il lui en veut presque de le forcer à renouer au plus vite avec la réalité de cette matinée. Mais après quelques secondes il retrouve la paix d'âme qui le caractérise d'ordinaire. Aussi, lorsqu'il revient vers Ophélia, c'est avec un sourire retrouvé sur le visage et un livre extirpé de son pupitre à la main.
"L'exercice que je t'ai demandé de faire est le plus simple de tous!" explique-t-il. "Et regarde l'état dans lequel tu es!
La remarque sonne comme un reproche. Ce n'est pas ce qu'il souhaitait mais c'est pourtant ainsi que sa pensée s'est exprimée. Agacé par son manque de tact, quelque peu déçu par l'évidence qui s'extirpe de son observation, il lâche un autre soupir avant de s'asseoir et inviter la vaironne à s'installer à ses côtés. Il dépose alors le livre entre les deux et tapote dessus délicatement comme pour attirer l'attention de la jeune femme dessus.
"Tu sais... la magie n'a rien d'un droit! C'est un privilège que les dieux accordent à ceux qui placent leur foi en eux! Une récompense, si tu préfères!" souffle-t-il. "On peut la maîtriser à force d'obstination, oui. Et je crois savoir que certains peuvent en user sans toutefois accorder leur confiance aux divinités. Mais... Ophélia, comprends-tu que tout ceci à un prix?"
Et pensait-elle qu'il ne comprendrait pas ce que ces saignements signifient? Il sait faire la différence entre une fatigue liée au manque d'énergie offerte par les dieux à leurs disciples et celle inhérente à un corps auquel on en demande trop. Il ne la juge pas! Mais il se doit de lui exposer des évidences.
"Ce livre parle d'Amisgal! Il m'a beaucoup aidé il y a quelques décennies! Et peut-être qu'il t'aidera aussi!" explique-t-il. "Tu veux bien le lire quand tu as un peu de temps libre?"
Ce qui ne risque pas d'arriver! Car la pauvrette va devoir trimer si elle entend égaler ses camarades! Toujours est-il qu'il ne cherche pas à faire du prosélytisme. On ne choisit d'embrasser une foi. On y succombe ou on y reste imperméable. Et Glabooh n'est pas de ceux qui mettent des embûches sur la route des ambitions des autres. Il préfère fournir aux gens des clefs dont ils sont libres d'user à leur guise. Et dans l'intervalle:
"Debout, gamine!" commande-t-il sur un ton bourru. "Tu te reposeras lorsque tu te seras vidée de ton sang! Pas avant!"
Et cette fois-ci, ce n'est pas une plume blanche qu'il jette en l'air mais bien deux. Ils répéteront cet exercice autant de fois qu'il sera nécessaire pour que le corps de la demoiselle accepte sans broncher les efforts que sa propriétaire lui impose. C'est en forgeant que l'on devient forgeron, pas vrai? Mais sous cet étalage d'autorité, l'inquiétude reste présente. Et le regard résolument fixé sur les traits tirés de la vaironne prouve par ailleurs qu'il ne le laissera pas mourir pendant son cours. Foi de Glabooh!

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Aller au gré du vent ou s'en prendre un EmptyJeu 7 Mar - 14:40
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Toussant maigrement, la vaironne s’occupait à reprendre son souffle, fixant le plancher en se tenant la bouche. Elle essayait de masquer son épuisement, gardant un regard droit, altéré par les convulsions de son buste. Sa respiration s’étouffait d’elle-même, c’était sa propre volonté que de ne pas expirer. Relâcher son souffle était l’aveu d’une foi qui n’était pas celle du vieillard, alors, elle la taisait. Les gens changent, en bien, comme en mal, mais une chose était certaine, Ophélia ne mentait plus aussi bien qu’autrefois. Le vieux semblait avoir remarqué que quelque chose n’allait pas dans le sens qu’il aurait désiré. Comprenait-il qu’aucune foi ne l’animait ?

Le ton sec rendu était comme la lanière d’un fouet, claquant sur la nuque de l’anomalie et descendant sur son échine. C’était toujours si étrange de voir une expression que l’on ne penserait jamais se délester d’un sourire nous surprendre. Les basses humeurs n’étaient pas accordées aux traits du vieil homme, en fait, elle lui donnait des aspects de haine que la vaironne n’appréciait d’aucune manière. Heureusement, lorsqu’elle releva la tête du mouchoir dans lequel elle avait enfoui le nez, ce fut de nouveau la bonne vieille tête du vieux souriant qu’elle retrouva. Enfin, ça ne l’empêcha pas de baisser honteusement le menton.

Il s’assit à côté d’elle, lui parlant comme s’il était … bien plus proche d’elle qu’elle ne le savait. Regardant la couverture du livre, elle le reconnaissait, pour l’avoir déjà croisé et feuilleté dans les étagères de Kelmina. Elle n’avait à l’époque, trouvé qu’une maigre satisfaction fantaisiste à lire le surréel entre les lignes descriptives. Désormais, elle n’y voit qu’une parodie de ce qui devrait être. Pas d’Architectes, pas de destinée, rien d’autre qu’une vie sans objectif et la foi des vents n’y ferait rien. Amisgal n’avait pour elle qu’une inattention méprisable, Ophélia comptait bien lui rendre l’honneur. Ce livre lui servirait au mieux en tant que combustible.

Elle hocha néanmoins doucement la tête, sans dire mot. Ses yeux baissés s’élevèrent au rythme des paroles du vieillard, qui lui sommait de recommencer. Pas de repos pour elle, apparemment, la vaironne ne s’attendait pas à tant de dureté. Etait-ce de la rancœur ? Une colère pour le secret qu’elle venait de laisser se dévoiler ? Quoi qu’il en soit, il n’avait plus aucun cadeau à lui faire, passé le livre. Redressant son échine, l’anomalie le regardait dans les yeux, quelques éparses teintes rouges lui ornant encore le museau, alors qu’elle étouffa une exclamation abasourdie.

- Je … !

Mais lorsque les plumes volèrent, la vaironne n’eut pas un battement de cil de trop. Dès que leur danse commença, le regard exalté de la jeune femme se blanchit de ses pupilles alors qu’elle fixait les cibles comme l’on mire un adversaire. Elle doublait les impacts, sans qu’aucune finesse ne soit ajoutée, conservant une puissance brute qui enveloppait les plumes, les soulevant haut vers le toit. Les remous de ses épaules étaient plus brusques encore, accentuant les sursauts qui la secouaient. Et ce n’était que le début …

De longues minutes passèrent, et l’état d’Ophélia semblait s’aggraver à chaque pulsion qui secouait l’air. Son cou se nouait sur ses veines, les laissant transparaître comme cachés derrière une vitre. Le teint pâle qui lui était caractéristique était devenu cadavérique, ses respirations se limitaient à des expirations brèves, comme si elle s’étouffait. Et la ronde continuait …

Un, deux impacts, ses doigts se crispèrent sur le banc qui la soutenait. Un, deux. Ses ongles grattaient la surface du bois. Un, deux. Sa mâchoire se relâcha, laissant ses lèvres se séparer en un gémissement aigu. Un, deux. Ses yeux s’injectèrent de sang. Un … mais pas deux. La tête de l’anomalie s’effondra sur le banc, au bord de l’inconscience alors que ses traits revenaient progressivement à la normale. Ses deux pupilles vaironnes reprirent de leur éclat, à peine visible entre les deux paupières serrées. Poignet leste devant son nez, Ophélia toussait à s’en étouffer, sa seconde main couvrant sa bouche et son nez dont devinait l’abondance de sang. Elle ne tiendrait pas une minute de plus éveillée, pas avec les efforts fournis ici.

Elle se sentait vide, délestée d’énergie, incapable de se mouvoir. Une fois encore, elle se sentait comme morte … douce sensation. Et elle chavira dans l’inconscience.

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