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Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Sur place ou à emporter ? EmptyMer 10 Oct - 18:41
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Montagnes et plaines, collines et marais, champ de fleurs ou champs de neige, tant de paysages qu'aucune palette n'était assez large pour dessiner l'horizon qu'avait exploré Ophélia. Dans la vie, dans la mort, dans les rêves ou l'imagination, y avait-il une personne qui pouvait se vanter d'avoir plus voyagé encore ? La vaironne se sentait céleste, légère, comme si plus rien ne pouvait l'atteindre, la mettre à genou, la faire pleurer, la blesser. Elle se voyait grandie, toujours insouciante, mais d'un fait volontaire. Pour vivre un restant de vie heureux, l'anomalie n'avait trouvé d'autre manière que faire tomber le dramatique dans l'oubli. La mort lui manquait, elle s'était accoutumée à la souffrance, au final, tout ce qui l'attendait au terme était un joyeux retour au foyer. Enfin, elle s'accrochait tout de même à son existence. Lointaine d'elle l'envie de déjà tout abandonner. Seulement lorsque la visage de la mort braquerait son regard sur elle, seulement alors cédera-t-elle à son emprise et seulement alors mourra-elle de sa main, et sa propre main seule. L'ultime revanche contre les Architectes, passer leurs limites, s'approprier son âme, se reconquérir.

Et quelqu'un lui avait donné ce but, ou plutôt l'espoir de vivre pour aider ses semblables. C'était une voie qu'elle avait choisi, une récompense à un cruel pèlerinage, la réponse à une énigme irrésolue. Pour cette même lueur sur le chemin, Ophélia continuait à l'arpenter, ne se souciant ni des feuilles tombantes, ni des ténèbres qui se couchaient par-delà les arbres. Le vent soufflait dans son dos, la marche forcée qu'elle avait vécu s'était enfin apaisée. Ne restait désormais plus que la plus tranquille des balades, et pourtant, rien sur le chemin n'avait changé. La seule différence demeurait dans la perspective de la vaironne. Les nuances grises s'étaient envolées, les ombres aveuglantes mises en exil. Les rayons nouveaux du soleil venaient faire scintiller un sourire sur son visage de pureté renouvelée. Alors qu'en la situation même, pas une seule lumière n'était visible.

Car là où nulle herbe ne se dresse, tout est blanc. Un lit de neige sous chaque pas, un frisson de plus à chaque brise. Ils étaient cinq, des nomades itinérants qui voyageaient d'eux-mêmes, en famille. Partis de l'Est, ils s'étaient donnés le soleil pour aiguillage. Mais l'hiver avait rattrapé leurs bottes, et les manteaux qu'ils portaient arboraient désormais les couleurs du givre. L'anomalie les avait trouvés au milieu de la steppe de glace, en-dessous des montagnes éternellement dressées en gardiennes. Une sensation étrange s'en dégageait d'ailleurs, comme un déjà-vu. Quoi qu'il en fut, le vérin d'une des roues de leur charrette s'était pris de givre, et avait finalement cédé sous le poids du convoi. Ophélia les avait aidés à recharger le tout, et après quelques demandes peu subtiles, avait réussi à infiltrer leur repas du soir. Le lendemain, elle avait finalement décidé de les accompagner dans leur trajet, ne serait-ce que pour un temps. De plus, elle avait ses propres vivres et bien que la maternelle fut réticente à cette idée, le reste n'eut pas l'air de s'en déranger. 

Deux jours passèrent seulement, avant que le froid ne recommence à mordre, plus férocement encore que la veille. La vaironne voyait le convoi s'affaiblir, et elle avec. Mais elle était une fille de Vereïst, la glace n'était pas une étrangère pour sa personne. En revanche, les nomades, eux, ne semblaient pas du tout avoir anticipé l'arrivée du blizzard. La fille aînée fut la première à mourir, elle était la moins consistante de tous, mais aussi la plus stationnaire. Le père lui avait raconté qu'elle aimait rester dans des grandes villes pour leurs bibliothèques. Vint ensuite le dernier garçon, puis la mère et enfin, le père. Le dernier demeurant était le frère cadet, un habitué de la chasse et des balades pour le moins risquées. 

Ils étaient tous deux assis au milieu de quelques arbres perdus, un feu fébrile grommelant sur un sol dégarni de neige. Un cercle de pierre en dessinait le contour et les sacs des défunts servaient de sièges. Ophélia s'était doutée qu'un seul manteau de fourrure ne serait pas assez pour survivre au froid. A chaque défunt, le reste de la famille insistait pour conserver les cadavres à l'arrière de la caravane, sous un immense drap qui était censé leur servir de tapis. Ils s'étaient refusés de toucher à leurs possessions, par pur respect, mais la vaironne ne désirait pas mourir par stupidité. A chaque cadavre de plus, elle attendait que tout le monde ne dorme et rajoutait les manteaux des défunts qui lui allaient à ses couches déjà existantes. Elle en portait actuellement trois, celui de l'aînée, de la mère, puis le sien par-dessus. Au moins, elle avait attendu que le père soit assez faible pour se décider à cette désacralisation. Enfin, ce n'était pas comme s'ils en auraient besoin là où ils allaient. 

Le cadet, à peine moins vieux qu'elle, restait grelottant avec sa couche singulière de manteau. Il faisait peine à voir, avec ses dents claquantes et ses pieds gelés sous ses bottes trempées. Le pauvre avait plongé le pied dans un lac givré, après que la glace ne se soit fissurée sous son pas. Ophélia n'imaginait pas l'état de ses orteils après ça. Il était probable que le garçon ne tienne pas plus d'une nuit, son état physique aussi dégradé que son état moral. 

- Tu ne veux toujours pas prendre le manteau de ton père ? 
- Jamais. La mort est bien plus froide que n'importe quelle tempête.
- ... je suis presque sûre du contraire. murmura-t-elle à elle-même.

Il était borné et il s'appelait Logan, rien de plus qu'un fils de chasseur, un jeune homme bondé de présence d'esprit et d'instinct. Mais aussi un idiot obsédé par sa fierté, aveuglé par son amour à une charogne. Enfin, la vaironne pouvait difficilement le blâmer, elle savait ce qu'était la fixation à la vanité, mais la mort est meilleure conseillère que le sommeil. C'était dommage, tout de même ... vraiment dommage, elle l'aimait bien, ce garçon. Toutefois, là où il en était rendu, sans doute était-ce une meilleure fin pour lui que de rejoindre sa famille plutôt que de survivre seul avec leur souvenir à l'esprit. Une fois encore, Ophélia savait parfaitement que la mémoire de la mort était un sort bien pire que la mort elle-même. Cette dernière ... eh bien, elle lui avait laissé un chaleureux souvenir, presque doux.

- ... tu es vraiment sûr ? La mort ça a beau être reposant, ça ne va pas sans mal.
- Qu'est-ce que vous en sauriez de toute manière ? 
- Oh oui, c'est pas comme si j'avais déjà péri ou ... quoi que ce soit. 

L'avantage des cristaux par ailleurs, c'était qu'elle ne sentait absolument rien de la morsure du froid, l'idéal aurait été qu'ils grimpent jusqu'à sa nuque. Enfin, ça en addition des trois couches de fourrure, plus celle de tissu, non pas qu'elle soit d'importance capitale ... c'était plus confortable qu'un seul manteau. Elle plaignait le garçon, vraiment, mais que pouvait-elle y faire ? Elle voulait l'aider, et elle lui avait d'ailleurs répété plusieurs fois qu'il allait mourir s'il continuait à s'entêter. La fierté a eu raison de tous ses arguments. D'ici une nuit, la vaironne s'était donc préparée à avoir un cadavre sur les bras, enfin, un de plus. Quoi qu'elle ne s'encombrerait pas d'eux, elle ferait plutôt un immense feu de joie pour faire d'une pierre deux coups. Et puis l'odeur dans la caravane commençait à devenir insupportable ! Certes, la viande était congelée, mais il restait cet arrière-parfum dont elle n'arrivait pas à se débarrasser. 

- Et ... tu es sûr de vouloir mourir ? Enfin ... ça ne te dérange pas ?
- Je survivrai à cette tempête. Je le jure devant Orshin.
- ... continue à t'obstiner et tu pourrais bien le rencontrer, oui.
- Vos remarques ne m'amusent pas plus qu'elles me confortent, Ophélia. Nous aurions dû écouter ma mère et vous laisser dans la nature.
- Ne sois pas ridicule, si vous aviez fait ça, il n'y aurait personne pour brûler vos corps.
- JE NE SUIS PAS ENCORE MORT !

Le jeune homme voulut se lever pour imposer son point de vue, finalement, ses jambes étaient belles et bien trop faibles et ses pieds ne le portaient plus. Il se maintint fléchi, le temps d'exprimer sa douleur et surtout de la réaliser, avant de se rasseoir sur le sac de sa soeur aînée. Si les paroles d'Ophélia paraissaient dures et acerbes, elle n'en signifiait pourtant aucun de ces traits. Elle était simplement directe, elle n'avait plus aucun filtre à ses pensées, travers de caractère qui lui avait d'ailleurs fait défaut dans un passé proche. Mais le garçon l'avait déjà envoyée bouler assez de fois pour qu'elle n'en puisse plus de se soucier de son sort. Sans plus d'espoir pour lui, elle lâcha finalement.

- Non. En effet. Mais ça ne saurait tarder.

Le garçon ne dit pas un mot de plus, son silence plus éloquent que n'importe quelle insulte. La vaironne, elle, contemplait l'énormité de ce gâchis sans en ressentir la peine. A force de trop pleurer, on perd ses émotions, Ophélia n'avait que peu d'empathie à partager.


Dernière édition par Ophélia Narcisse le Mer 17 Oct - 21:32, édité 2 fois

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Sur place ou à emporter ? EmptyMar 16 Oct - 19:30

Peut-on seulement s'habituer à une tempête aussi assassine que le Khoral? Existe-t-il vraiment un moyen d'échapper à son insatiable gourmandise? La nature, ici, semble vivante. Elle désire ardemment reprendre ses droits. La survie est une affaire de tous les instants. La moindre faiblesse conduit à la mort. Zora n'est que trop consciente de cette évidence. Et ne peut d'ailleurs s'empêcher de témoigner un certain respect à ces khurmis qui restent ancrés sur ces terres inhospitalières. S'agit-il d'une forme de courage ou de folie? Elle n'est pas bien sûre de la réponse qu'il convient d'apporter à cette réponse...

Ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'il vaut mieux pour elle qu'elle rejoindre la demeure de Vithis avec les cadavres que cette dernière l'a envoyée chercher. Les pensées de la rouquine se portent presque naturellement vers Althéa. Là encore, elle hésite: est-elle chanceuse d'éviter la corvée qui consiste à ramener des cadavres frais à la vieille? Ou au contraire malchanceuse de rester seule en présence de la nécromancienne? L'un vaut-il mieux que l'autre? La fanatique savait que les choses ne seraient pas faciles, que percer les secrets de la mort lui demanderait nombre d'efforts de sacrifices. Et pourtant elle découvre jours après jours qu'elle les avait largement sous-estimés. Mais peu importe: elle parviendra à faire la fierté de Möchlog. Elle le sait peut-être autant qu'elle le sent!

Son pied s'enfonce dans la neige et fait resplendir la fine pellicule dorée qui englobe sa silhouette et la protège des morsures glaciales du Khoral. Mais elle ne peut pas lutter contre la fatigue et les élément en même temps. La rouquine s'accorde une brève pause, joignant ses mains à ses genoux, respirant bruyamment. Les deux Éveillés qui ouvrent le chemin marquent à leur tour un temps d'arrêt et échangent un regard vitreux. Contemplent-ils sa faiblesse? Car il s'agit bien d'une faiblesse, qu'elle le souhaite ou non.
"À ce rythme c'est ton cadavre qu'on finira par rapporter à Vithis!"  
"La ferme!"
"Je suis certaine que notre maîtresse apprécierait un tel présent!"
"Ouais? Et bien ça me donne une bonne raison de lui refuser ce plaisir, alors!"
Elle trouve dans cette perspective la force de se redresser et d'avancer à nouveau. Elle ignore les sourires morbides du duo de cadavres. Et finit par les oublier lorsqu'elle perçoit à travers les nimbes enneigées l'ombre de ce qui pourrait être un caravane à l'arrêt! Elle lâche un soupire de satisfaction lorsqu'elle découvre la lumière vacillante d'un feu et, avec elle, la promesse d'obtenir des cadavres frais.

La trentenaire en devenir désigne d'un vague signe de la tête l'endroit à ses gardes-chiourmes, les invitant à la suivre. Car malheureusement, et bien que cela lui déplaise, elle n'est pas en mesure de leur imposer quoi que ce soit. C'est la magie de la vielle qui les anime et non la sienne. Autrement dit, ils sont libre d'agir à leur guise. Zora compte d'ailleurs sur la crainte inspirée par leur maîtresse et la menace qu'elle fait constamment peser sur eux pour obtenir leur collaboration à défaut d'obtenir leur obéissance absolue...

Il leur faut de longues minutes pour atteindre cette destination providentielle. De longues minutes que Zora met à profit pour envier une fois de plus l'aisance avec laquelle les cadavres bravent la tempête. Le froid, pas plus que le vent ou l'épaisse couche de neige n'est en mesure de les retenir. Ils sont de parfaits instruments là où elle n'est qu'une humaine limitée dans sa marge de manœuvre. Elle se réconforte néanmoins en se disant que d'ici quelques jours ces deux-là ne seront plus qu'un tas de chair inerte. Le sursis qu'ils ont obtenu touche à sa fin. Et elle trouve là matière à ne pas trop envier leur situation.

Lorsque le trio parvient finalement aux abords du feu, Zora s'accorde une nouvelle pause. Elle dévisage les deux personnes présentes. La première, une jeune femme aux cheveux aussi immaculé que la neige alentours, est encore vivante. Il faut dire que l'épaisse couche de vêtements qu'elle porte doit la protéger plus ou moins efficacement. Toujours est-il que le second, un jeune homme cette fois, semble avoir été emporté par la mort. Un peu plus loin, à l'arrière de cette étrange caravane, se trouvent d'autres cadavres à peine discernables à cette distance.
"Récupérez les morts, vous voulez bien?" demande-t-elle aux serviteurs de la vieille. "Cinq cadavres! Pas moins! Et certainement pas plus! Le jour où je ferai du zèle pour l'autre abrutie n'est pas près d'arriver!"
De son côté elle garde son regard ambré résolument ancré dans celui, étonnement perturbant, de la fille. Les yeux vairons ne sont gère courant. Et à vrai dire Zora ne saurait dire s'il s'agit d'un don d'Orshin ou d'une malédiction évoquant un défaut. Peu importe, dans le fond. Le temps où elle tuait pour des choses aussi triviales que des cicatrices est révolu. Tant mieux pour elle. Ou peut-être pas! Le quota sera-t-il atteint avec ceux qui ont déjà succombé à l'appétit de l'hiver khurmis?
"Il y en a quatre, ici!"
"Ce qui fait donc cinq avec le garçon!" calcule-t-elle aisément. "Le compte est bon!"
Pas tout à fait, à vrai dire! Car le garçon en question ouvre les yeux lorsque la main glacée de cadavre se pose sur lui. La surprise est plus que visible dans son regard. Et il doit probablement puiser dans ses maigres forces pour se redresser! Un acte dicté par l'instinct de survie! Comment lui en vouloir? Quoi qu'il en soit son sort est scellé lorsque l'Éveillé lui brise la nuque avec une aisance malsaine. Le problème semble donc réglé. Ne reste plus qu'à rapporter la marchandise à Vithis, selon ses souhaits. Ils feront des sujets d'études tout à fait convenables. Et le froid aura au moins permis de les conserver! Un bon point!
"On dirait que c'est ton jour de chance, pas vrai?"
La question, posée d'une voix étrangement douce au vue des circonstances, est accompagnée d'un sourire au relents bienveillants. Zora n'a pas le moindre intérêt à gaspiller de l'énergie pour tuer cette inconnue. Pas quand elle est si précieuse pour évoluer à travers le Khoral. Oui, cette fille est chanceuse! Du moins, autant que le laisse supposer sa présence au sein de la tempête...

Et tandis que les Éveillés se chargent de regrouper les cadavres pour les attacher ensemble comme s'il s'agissait d'une simple marchandise - ce qui, dont le fond, ils sont! - la rouquine continue d'observer la survivante. On ne sait jamais, des fois qu'elle tente de faire une bêtise...

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Sur place ou à emporter ? EmptyMar 16 Oct - 21:27
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Pérégrins -2
L'air danse toujours autour d'Ophélia, le froid joint à la ronde ne semble pas la quitter d'un pas et l'ardeur de sa volonté glaciale demeure dans le vent et la brise. Son regard baissé vers la neige songe à ce qui sera et ce qui a été, comment elle vivra, comment elle mourra et quels regrets elle pourrait laisser derrière elle. Ce dont elle était certaine, c'est qu'elle ne périrait sûrement pas ici, à l'inverse de Logan, dont elle n'aurait d'ailleurs aucun regret à laisser partir. Les yeux vairons se relevèrent, cherchant les pupilles du cadet. Elles étaient endormies, perdues entre le givre et le chagrin. Pour lui, l'anomalie voyait deux issues. Soit il se laissait endormir et rejoindrait sa famille, soit il continuait à vivre et ressortirait plus fort que tout autre homme en ce monde de ce blizzard. A vrai dire, il était difficile de discerner s'il respirait encore, la seule certitude qu'avait la jeune femme était qu'il ne devait rien percevoir de se qui se tramait autour de lui.

La manifestation d'une présence vint percuter les oreilles d'Ophélia. Entre les gémissements du vent et les murmures de l'air, le craquement de la neige se fit entendre. Les pas étaient lourds, venant probablement d'être aussi robustes qu'imposants. La vérité se dévoila d'entre les flocons, et il s'avéra qu'en fait, la source de ces sons n'était pas aussi massive que ce que laissait défiler l'imagination. Trois personnes, une femme et deux ... hommes ? Dans les yeux de ces deux derniers, le feu ne laissait qu'une maigre réflexion. Une opacité vitreuse bloquait la lumière, comme si celle qui faisait brûler leur âme s'était éteinte longtemps auparavant. La chair moisie sur leurs mollets, les os apparents, les profondes blessures laissées en vestige par elle ne savait quelle lame. Ce physique n'était pas celui d'un homme, c'était celui d'un cadavre.

La vaironne n'eut aucun mouvement du visage, si ce n'est l'arrondissement de ses yeux pour témoigner de sa surprise. Elle demeurait assise, fixant les deux décharnés avec un intérêt particulier. Hésitant entre l'inquiétude et la fascination, l'anomalie se contenta de prendre pour acquise cette information : elle n'était pas la seule morte ambulante en ce monde. Bon à savoir, moins facile à assumer, ce qui comptait au final, c'était que ce trio n'avait aucunement fait de présentation. A l'évidence, ils ne venaient pas pour engager une conversation, et s'ils le faisaient, la jeune femme se doutait bien qu'elle serait très courte. 

Elle les écoutait compter les corps, énumérer les cadavres. Il y avait quatre défunts dans la caravane, mais c'était de cinq qu'ils avaient besoin. Pourquoi ? Ophélia se doutait bien que les deux pourris marchaient pour une raison, au final, elle avait peut-être parlé trop tôt lorsqu'elle s'était proposée de faire des cadavres un feu de camp. Quoi qu'il en était, il y avait un cadavre manquant ... qui fut vite trouvé. Battre des cils n'était certainement pas la meilleure manière de dissuader la mort de vous prendre. Encore moins lorsque ce décès s'annonce par la présence de ce genre de créature. 

Quant à la vaironne en elle-même, la surprise passée, elle restait de marbre, une expression neutre, pourtant empreinte d'un minutieux sourire décorant son visage. Elle avait déjà vu des gens mourir, ce n'était pas un spectacle nouveau pour elle. Elle avait déjà connu la souffrance, le mal n'est qu'un vieil ami, quant au visage de la mort, il n'est pas si hideux que ce que croient les gens. Alors, lorsque la rouquine, beaucoup mieux entretenue que les deux autres vint à elle, Ophélia n'eut pour réponse que l'usage de sa voix éternellement mielleuse, quoi qu'un peu tremblante. Le froid étant à blâmer. 

- Ce n'est de la chance que si le reste la journée s'écoule aussi bien ... du moins, pour moi.

Elle accentua son sourire l'espace d'une seconde, clignant des cils pour dégager les flocons incrustés dans ses paupières. Se levant doucement, la vaironne observe de ses deux pupilles dépareillées la braise qui brille dans celles de la rouquine. Les os de la jeune femme aux cheveux de neige craquent alors que se redresse son dos. En réponse à cette émission, preuve de son inactivité prolongée, l'anomalie inclina la tête avec une expression de stupeur sarcastique. Son regard se balade du haut du crâne de son interlocutrice jusqu'à ses bottes. Celle-là avait l'air plus vivante que les deux autres, se pourrait-il qu'elle fut la seule réellement en vie, ici ? 

- Enfin, le gamin n'avait plus de famille, ni de jambes. D'un certain point de vue, votre ami a ... abrégé ses souffrances ? Quoique je ne saurais dire, on ne m'a jamais brisé le cou. 

Lâchant un soupir, la vaironne traîne le pas jusqu'au cadavre de Logan, d'une démarche étrangement assurée pour un si gros blizzard. Ophélia avait tout de même une dignité à préserver, et elle ne désirait pas exactement montrer de la faiblesse envers des gens qui pouvaient plausiblement la tuer. Non pas que ça la tétanise exactement, mais elle avait des choses à faire avant de relâcher son dernier souffle. Sa trajectoire fut cependant coupée par l'un des décharnés et s'il y avait bien deux choses à admettre c'était que d'une, son haleine était encore plus terrible que ce que laissaient paraître les aspects, et de deux, qu'il était quand même loin d'être petit.

- Pardon, j'aimerais juste ... récupérer sa fourrure. Ne vous en faîtes pas, je ne compte sûrement pas vous le prendre, tout ce qu'il y a en dessous du manteau est à ... vous.

L'air vide d'émotions de la créature moisie eut vite fait de faire taire l'élan, devenu réflexe d'Ophélia. Détournant la tête du cadavre, la vaironne préféra se raccrocher à la plus accueillante des visions ici présentes. La rouquine ne la rassurait pas véritablement, mais elle préférait largement sa compagnie à n'importe laquelle des deux autres. Ses lèvres s'ouvrirent, comme pour dire quelque chose, mais la nuance de son idée s'effaça bien vite au profit d'un soupir résigné. Remuant les épaules, la vaironne fit glisser le manteau de fourrure qui lui servait de première couche et le tendit à celle qui tremblait le plus dans le trio.

- Je vous en prie, ne faîtes pas comme ce gosse et ne refusez pas ceci sous prétexte du respect ou d'une ... "fierté" mal placée. Voyez où ça l'a mené, et je ne pense pas qu'il soit désirable de vous ajouter au tas de cadavre, n'est-ce pas ? 

Le morbide de ses paroles nuançait drastiquement avec l'air ravi sur son visage. Son sourire dessinait un arc soulevant ses pommettes tant il était radieux. Un mort par journée était un rythme suffisant, l'accélérer ne ferait qu'augmenter les chances de s'inclure dans le lot. 

- Vous pouvez m'appeler Ophélia.


Dernière édition par Ophélia Narcisse le Mer 17 Oct - 21:36, édité 2 fois

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Sur place ou à emporter ? EmptyMer 17 Oct - 14:31

La réaction de la jeune femme l'étonne au plus au point. Zora hausse un sourcil marqué par le scepticisme tandis qu'elle s'interroge sur la véracité du détachement dont semble faire preuve l'inconnue. Ne devrait-elle pas être terrorisée par la présence des deux cadavres? Outrée par le sort réservé à ceux qui étaient vraisemblablement ses compagnons d'infortune? Ou n'est-ce que le comportement d'une personne acceptant la mort promise par le Khoral? Seule, éloignée de toute forme de civilisation, la rouquine doute que la vaironne puisse s'extirper de ce piège immaculé.

Après un bref instant, donc, la disciple de Möchlog décoche un vague signe de tête affirmatif en guise de réponse à la première remarque de l'inconnue. Oui, sa chance risque bel et bien d'être momentanée. Mais n'est-ce pas le lot de toutes les créatures arpentant Irydaë? La fortune est une maîtresse bien capricieuse. Malgré sa place particulière dans ce qui sert de coeur à Möchlog, la fanatique a également pu s'en rendre compte au cours de ses voyages. Mais pour l'instant du moins, la Chouette semble avoir octroyé un sursis à la propriétaire de cette splendide chevelure laiteuse.

La rouquine se rapproche alors du feu pour lui présenter ses paumes glacées. L'énergie de Süns se propage peu à peu dans son organisme aidé, il est vrai, d'un brin de magie. Puis son regard se pose à nouveau sur l'inconnue tandis que cette dernière s'aventure sur un terrain dont les subtilités semblent évidemment lui échapper. Un sourire se dessine lentement sur les lèvres de Zora lorsque l'autre lui fait remarquer qu'on ne lui a jamais brisé le cou. Voudrait-elle essayer?
"Abrégé ses souffrances?" relève-t-elle. "Ce n'est pas exactement ainsi que j'aurai résumé la chose mais j'imagine qu'elle contient tout de même une part de vérité, oui!"
Elle ne s'est jamais réellement mise à la place d'un Éveillé. À ses yeux, ils ne sont que des outils. Du moins se force-t-elle à les considérer ainsi, même s'ils sont doués d'émotions. Ils ne sont guère différents des esclaves. Et s'y attacher, c'est leur donner l'opportunité d'avoir une quelconque influence sur vous. Force est de constater, cependant, que Zora leur témoigne peut-être plus d'affection qu'aux êtres humains. Ne sont-ils pas des expressions directes du pouvoir de Möchlog? Ils portent quelque chose de divin en eux, c'est évident! Le fait est qu'ils doivent bien souvent servir la personne qui les a privés de la vie. Douce ironie...

Toujours est-il que la fanatique n'esquisse pas le moindre geste pour empêcher celle qui semble être sa cadette de récupérer le manteau de fourrure. Le cadavre n'en a effectivement plus besoin. La survie ou la mort de cette inconnue lui importe peu. Et à vrai dire, sa présence est plutôt agréable. Elle n'a guère l'occasion de croiser d'autres vivants qu'Althéa ou Vithis. Et si la disciple de Möchlog n'a jamais été une grande adepte des relations sociales, elle s'est néanmoins rendue compte que la compagnie des morts n'était pas toujours très distrayante. Cette fille apporte donc un peu de distraction dans une existence qui en manque cruellement depuis quelques semaines.

Un mouvement la tire de ses réflexions. L'inconnue s'est mise en tête de lui offrir le manteau de la dernière victime des Éveillés. Un geste... inattendu! Zora plisse les yeux comme si elle cherchait une quelconque trace de duplicité susceptible d'animer cet altruisme inopiné. Mais... rien! Elle hésite. Peut-être trop longtemps pour que les mots qu'elle prononce dans la foulée puisse être interprétés comme véridiques.
"Si j'avais besoin de ce manteau, il serait déjà sur mes épaules!" rétorque-t-elle avec une véhémence davantage forgée par l'habitude que par une réelle volonté. "Garde-le, tu en auras davantage besoin que moi! Et puis, qui sait? Tu feras peut-être partie de la prochaine récolte! Il vaut mieux que la marchandise reste fraîche..."
Cela n'est peut-être pas évident au premier abord mais c'est bel et bien une forme d'humour. Morbide, certes, et probablement teintée d'un éclat de vérité. Néanmoins le sourire amusé qui se dessine maintenant sur les lèvres de la rouquine aurait tendance à confirmer à cette hypothèse. Sourire qu'elle perd lentement lorsque l'autre se présente. N'est-ce pas la base d'une interaction sociale? La fanatique n'est toujours pas certaine qu'elle souhaite échanger plus que de raison avec cette Ophélia. Le nom lui évoque d'ailleurs quelque chose. Elle sonde un bref instant sa mémoire à la recherche d'une trace de ce prénom. Sans toutefois obtenir une réponse satisfaisante.
"Moi c'est Zora!"
Elle ne juge toutefois pas utile de lui donner son nom, s'accordant ainsi avec la déclaration de la fille aux cheveux immaculés. la rouquine reste encore un instant auprès du feu avant de se ménager une place sur une bûche proche qu'elle débarrasse auparavant de son chargement de flocons. Elle décoche alors un regard en direction des deux Éveillés et constate qu'ils en auront encore pour quelques minutes. Autant les mettre à profit.
"D'où viens-tu, Ophélia?" s'enquit-elle. "Parle-moi des dernières rumeurs que tu as entendues. il se passe quelque chose d'inhabituel sur le continent? Cela fait un certain temps que je suis coupée du monde, vois-tu! Et je reconnais que ma curiosité aurait bien besoin d'être contentée..."
Quitte à être en sa présence, autant tirer de cette jeune femme des informations utiles. Les daënars sont-ils finalement passés à l'action? Le peuple s'est-il finalement élevé contre la gestion désastreuse du Conseil? Que se passe-t-il?

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Quelque peu exaspérée, mais pas autant énervée que frustrée, Ophélia rabaisse sa main, levant ses yeux au ciel au refus de la rouquine. Qu'est-ce qui n'allait pas chez les my'trans, exactement ? Souhaitaient-ils donc tant rejoindre leurs dieux qu'ils n'avaient pas peur de mourir ? Enfin, s'ils étaient fous, qu'y pouvait-elle ? Secouant la tête, la vaironne se voyait déjà enterrer une sixième personne en une semaine de délai. Enfin, tout comme avec Logan, l'obstination n'avait que la raison pour remède et l'anomalie n'était pas capable d'en dispenser suffisamment. Jetant la fourrure dans la caravane, ses poings retournés vinrent serrer ses hanches en une posture contrariée. 

Toutefois, la laiteuse écoute d'une oreille faussement distraite la remarque de la rouquine, et, qu'importe le morbide de la réplique, elle parvint néanmoins à arracher un sourire dans l'expression frustrée de la cristallisée. L'auto-dérision était son faible, de plus, elle était parfaitement au courant de sa situation. Si parler de sa propre mort pourrait déstabiliser le commun des mortels, Ophélia en avait fait une anecdote dans sa vie. Elle viendrait, d'une manière ou d'une autre, lentement ou aussi vite que la foudre, mais la vaironne était prête. Le jour où la fin viendrait la lécher du regard, elle ne détournerait pas les yeux ni ne battrait du cil. Mieux encore, elle sourirait. Sur le ton de la dérision, conforté par le sourire de la rouquine, l'anomalie se permet une remarque tout aussi bénigne. 

- Si je dois en faire partie, de grâce, entretenez-moi mieux que ces deux-là. Même le gel de la plaine ne saurait taire l'odeur de leur chair.

L'étrangère s'introduit à son tour, ce qui, au final, est un bon signe. Au moins, ça signifiait que l'une des personnes du trio était encline à la conversation, et donc à la raison. Zora, alors. Elle n'en avait jamais entendu parler, aussi, fallait-il dire que se souvenir de noms à l'importance supposée dérisoire n'était pas une priorité. Dans la flopée des feuilles d'automne, le teint orange ne ressort pas de la marée jaunâtre, pas plus qu'un nom dans la foule. Elle le prend simplement pour acquis, après tout, la damoiselle avait eu la bonté de ne pas voler son travail à son Régisseur. 

Vient ensuite la question, la seule et unique interrogation piège, mais tant attendue. Zagash lui avait appris bien des choses, y compris que parfois mentir, c'était survivre. Il fallait mieux perdre un peu d'honneur que perdre son âme, ce n'était que de bonne guerre. Kelmina lui avait autrefois inventé une histoire pour la couvrir, mais depuis le temps, Ophélia l'avait oubliée. Mais l'imagination avait ses vertus et il était plus que temps de les exploiter.

- Je viens d'un petit village sur le littoral Zolien, pas assez grand pour que vous puissiez en connaître le nom, j'en ai peur. Sachez juste que je ne regrette pas de l'avoir quitté, loin de là ... et même si mes pas m'ont guidée dans ce blizzard. Ma famille sont des pêcheurs, ils ont voulu m'enseigner comment attraper des poissons, j'ai préféré savoir comment fabriquer des harpons.

Elle pensait avoir plutôt bien menti, en toute modestie, et encore une fois, il y avait une part de vérité dans ses propos. La vaironne ne voyait dans son futur qu'une carrière artisanale conciliée à des actes illicites. Avenir peu noble selon certains, futur salvateur pour Ophélia. Ce qui lui importait désormais, c'était de nettoyer ses mains du sang qui les tâchait et d'aider quiconque accorderait de l'importance à son ingrate existence. Enfin, encore fallait-il survivre à cette tempête, les trois fourrures devraient aider à cette éventualité et maintenant, la vaironne "possédait" une charrette. Quoique la rouquine ne le verrait sûrement pas de cet oeil, il faudrait être patiente.

- Quant au continent ... eh bien je suis à peu près certaine qu'il est tel que vous l'avez laissé. Les ivrognes sont toujours aussi belliqueux et les zagashiens plus encore, ceux qui savent maîtriser la magie règnent en maître et ceux qui en sont démunis se contentent de ramasser les miettes ... c'est pas faute d'avoir essayé d'obtenir plus ...

Levant sa main sans dresser ses doigts, l'immaculée se concentra un court instant, sans en avoir trop l'air. La brise s'allégea autour de son poignet, virevoltant en ce qui ressemblait grossièrement à un cercle autour de la main de l'anomalie. Les flocons se faisaient porter dans ce petit tunnel de pression, formant comme un bracelet cristallin à la jeune femme. La manifestation ne dura pas, le vent s'affaissa aussi vite qu'il s'était enchanté et la neige tomba à nouveau en ligne droite. Ophélia se sentait de plus en plus à l'aise à ce genre d'exercice, mais elle était loin d'égaler son ancienne gardienne. Elle s'essouffla aussitôt, essuyant une sueur qui coulait sur sa tempe.

- ... mais ... comme vous le voyez, je ... ne suis pas la meilleure dans ce domaine.

L'origine des décharnés devint plus claire en un instant, illuminant le visage de la vaironne d'une lueur d'éclaircie. La bouche arrondit, elle releva le visage vers la rouquine, dévoilant ses yeux pétillants d'une admiration à peine dissimulée. 

- J'y pense, mais vous devez être sacrément douée si vous êtes capable de faire se tenir debout des cadavres ! Je vous envie, sachez-le ... faute de pouvoir avouer sans mal que je vous admire.

Joignant les mains, souriant d'une oreille à l'autre, le rose de ses pommettes vint ajouter une bienveillante lueur d'honnêteté à son visage parsemé de flocons. Dégageant ses mèches mouillées de son front, les relevant et essorant leur enchevêtrement en inclinant la tête vers l'arrière. L'eau de ses cheveux vint rejoindre la neige, et de sous sa manche, la vaironne sortit un bout de tissu qu'elle noua en un noeud à la base de sa queue-de-cheval. Certaines rebelles parmi ses épis décidèrent cependant de revenir sur son front, rendant l'effort moins utile. Soupirant, mais se décidant à outrepasser ce point de détail, Ophélia s'enquit sur le destin qui lui était désormais réservé.

- Et maintenant donc, j'imagine que je dois vous accompagner ? Enfin, de toute manière je ne pense pas que je survivrai là-dehors sans ça elle pointa la charrette du doigt. et j'imagine que vous ne comptez pas porter les cadavres à bout de bras donc ... je peux peut-être rendre service ? Ca ou vous me considérez comme une otage, en toute honnêteté, je préfère que ma chance soit éprouvée à votre côté qu'en seule compagnie du froid.


Dernière édition par Ophélia Narcisse le Mer 17 Oct - 21:39, édité 1 fois

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La roquine observe seconde Ophélia après que cette dernière lui ait exposé ses origines. Qu'elle mente ou pas, dans le fond, peu lui importe. Il semble évident qu'elle n'est pas une étrangère malgré son accent quelque peu... sauvage. Zolios n'est d'ailleurs pas une région qu'elle a eu l'occasion d'arpenter autant qu'elle le voudrait. Déjà, parce qu'avant d'user le feu pour le besoin de la cause divine, Zora le craignait. Les disciples de Süns étaient les adversaires qu'elle redoutait le plus, à vrai dire. Mourir immolée n'est pas exactement l'idée que l'on se fait d'une mort douce...

Et aujourd'hui ils ne lui inspirent plus grand chose tandis que ses appréhensions se sont peu à peu reportées sur les serviteurs de Khugaatsa. Protéger son corps est une chose. Mais il ne suffit pas d'un simple bouclier pour préserver ses pensées d'une intrusion non-désirée. Leynar le lui a d'ailleurs démontré! À sa façon, bien sûr! Mais elle en sait désormais plus sur les illusionnistes. Et ce que certains pourraient considérer comme un échec s'est révélé avant tout une possibilité de progresser. Les erreurs permettent d'évoluer. Les succès, eux, n'ont nulle autre vocation que celle de réconforter l'ego!
"Des harpons?" relève-t-elle. "Pourquoi pas, après tout..."
Ce faisant, elle vient de classer la jeune fille dans la catégorie des personnes sans importances. Certes, elle contribuera à aider les pêcheurs et donc à remplir des estomacs. Mais ce n'est pas ça qui sauvera My'trä, malheureusement. Mais peut-être que les talents de la zolienne ne se limitent pas à ces seules confections métalliques. Et les forgerons, eux, auront un rôle des plus importants à jouer. Quoi qu'il en soit Zora n'est pas en train d'évaluer l'utilité de la jeune femme. Et c'est sans doute un bon point pour cette dernière.

Elle répond ensuite à la demoiselle par un autre sourire lorsqu'elle évoque les dernières nouvelles des continents, profitant de l'occasion pour charger quelque peu les zagashiens. Sur ce point, elles sont d'accord! Le visage de Kali apparaît un instant dans ses pensées, suivi de celui d'Arianna et d'Enoch. Les deux premières peuvent aisément être qualifiées de sauvages. Quant au troisième, ses bonnes manières sont tout simplement éclipsées par la malédiction que les dieux lui ont infligée. Dommage. Mais on ne conteste pas la volonté divine. On contente de s'y plier, c'est tout!
"J'imagine qu'il faudra s'inquiéter le jour où les zagashiens adopteront un comportement similaire à celui des disciples de Delkhii, tu ne crois pas?" s'amuse-t-elle. "Peu de gens reconnaissent les qualités des serviteurs de Dalaï, c'est un fait! Mais leur aide nous sera précieuse quand... et bien quand Le moment sera venu!"
Elle se contente simplement d'un regard énigmatique à l'intention de la fille à la splendide chevelure. Son attention est alors captée par la magie dont elle use. Zora remarque alors que sa main s'est naturellement portée sur le simulacre de faux qui pend sur son flanc droit. Il lui faut un instant pour comprendre que l'autre n'a pas l'intention de l'attaquer mais tout simplement de souligner les propos qu'elle lui tient par l'exemple. Non, sa maîtrise est bien relative.
"Nous sommes tous passés par là un jour ou l'autre!" la rassure-t-elle. "On escalade une montagne depuis sa base, voilà tout! Mais le travail finit toujours pas payer!"
Et pourtant l'avenir est tributaire des désirs de Möchlog. Zora ne peut guère s'avancer sur la destinée de sa cadette, il ne lui appartient pas d'en décider. Elle est néanmoins certaine que la Chouette ne souhaite pas la voir mourir aujourd'hui. Qui sait? Peut-être qu'elle deviendra une grande guerrière et aura également son rôle à jouer dans l'émancipation de My'trä. Ou peut-être encore que son existence s'arrêtera quelque part dans ces contrées, happée par le Khoral. Dans tous les cas, quel mal y a-t-il à l'encourager?

Elle commence à déplier un morceau de cuir contenant de la viande séchée et rendue affreusement rigide par la température ambiante. Mais Ophélia revient à la charge, la gratifiant d'une autre question aussitôt suivie de compliments. La nécromancienne en devenir hausse un sourcil, ne sachant guère si l'autre se contente d'exprimer un ressenti ou oeuvre dans l'espoir de sauvegarder son existence. Ce qui, dans le fond, ne serait rien de plus qu'une réaction humaine et probablement dictée par le sempiternel instinct de survie...
"Ce ne sont pas mes serviteurs! Inutile d'avoir recours à la flatterie, donc! Moi aussi j'ai encore beaucoup de choses à apprendre!" soupire-t-elle. "Et je ne mentais pas lorsque je te disais que c'est ton jour de chance. Je ne compte pas te tuer et je n'ai pas besoin d'une otage! Tu es parfaitement libre d'aller où bon te semble! Cependant..."
Le regard ambré se pose sur la charrette puis sur les Éveillés. Ils seraient tout à fait capable de traîner les corps dans leurs sillages. Leur force est tout simplement impressionnante. Supérieure à celle qu'elle peut elle-même obtenir grâce à la magie. Mais il se trouve que Zora n'est guère encline à marcher dans un blizzard pareil quand il lui suffirait de profiter du confort de la charrette.
"Cependant je crois que je vais m'approprier ta caravane, oui!" lâche-t-elle simplement. "Tu peux nous accompagner si tu le souhaites! Du moins, un certain temps! Il t'appartient de choisir le moment qui conviendra le mieux pour poursuivre ton périple..."
Lui rendre service? Allons bon! Zora n'a pas besoin de demander une quelconque permission ou de compter sur la gentillesse d'autrui pour obtenir ce qu'elle souhaite. Elle s'est donc contentée d'exposer la façon dont les choses se dérouleront. Ni plus, ni moins. Ophélia est libre de s'y conformer ou de mourir. Le choix est plutôt simple. Et la réponse, forcément évidente!
"Très honnêtement je ne pense pas que tu seras capable de survivre sans ton attelage! Et rester avec nous n'est en rien un gage de longévité! De plus tu ne peux rejoindre la destination que nous visons!" explique-t-elle. "Alors, si tu le souhaites... Je peux t'éviter nombre d'efforts et de souffrances inutiles! Une mort douce est peut-être préférable à une longue agonie entre les griffes glaciales du Khoral, tu ne crois pas?"
Et bien que cela ne puisse guère évoquer l'altruisme, la proposition est tout à fait sérieuse. L'idée d'abandonner un cadavre potentiel sur les lieux la dérange quelque peu. Mais d'un autre côté les personnes assez stupides pour affronter le Khoral ne manquent pas. Elle était l'une d'elle deux ans plus tôt, après tout! La rouquine ne sait pas si Ophélia comprendra qu'elle lui tend la main. Mais sa réaction sera sans aucun doute intéressante. Révélatrice d'un caractère qu'elle a encore de la peine à cerner entièrement. Oui, cette fille est étrange! À la fois détachée de la réalité et affreusement conscient des exigences de cette dernière. Qui est-elle?
"Quoi qu'il en soit si tu comptes nous accompagner il faudra te montrer utile!" explique-t-elle avant de jeter un regard explicite aux cadavres à présent regroupés. "Il reste encore des cadavres à charger!"
La fanatique glisse alors un morceau de viande entre ses lèvres sans songer à en proposer à sa voisine. Peut-être a-t-elle de la nourriture en réserve? Mais dans le cas contraire il semble évident qu'une pitance se mérite...

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Sur place ou à emporter ? EmptyMer 17 Oct - 22:25
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Plus la conversation avançait, moins Ophélia avait l'impression d'avoir été victime d'une attaque véritable. Certes, Logan aurait définitivement désapprouvé cette affirmation, mais il fallait bien avouer que Zora était une agréable compagnie. Plus encore, le travail sur sa magie était une aspiration qui importait grandement à la vaironne. Cet art signifiait pour elle tant un moyen de défense que le souvenir de sa dernière véritable famille, pas celle qu'elle avait inventé à Zolios. Alors, le confort que lui apportèrent les paroles de la rouquine lui firent incliner la tête, se muant d'une timide gratitude alors que ses pommettes se soulevaient une nouvelle fois sur le penchant de son sourire. Sans vraiment oser imposer son regard pétillant à la supposée magicienne, elle murmura simplement.

- Vous êtes bien la première à me dire ça ... c'est très apprécié. 

Elle allait d'ailleurs lui retirer le compliment qu'elle lui avait légué sur son admirable maîtrise de la magie, mais ... elle n'avait pas vraiment envie. Rien n'avait coûté à Zora de l'encourager à cette formation et rien ne coûtait dès lors à Ophélia de ne pas lui dire quoi que ce soit de blessant. Au final, la vaironne n'était qu'à moitié rassurée que ce ne soit pas elle qui ait le contrôle sur les deux décharnés, à vrai dire, ça l'inquiétait plus qu'autre chose. La jeune femme à qui elle parlait, elle, était une conversation vraiment agréable, en plus d'être devenue un semblant de source d'inspiration. Alors que la volonté des corps soit animé par quelqu'un d'autre, ce n'était vraiment pas pour l'arranger. Tout ce qu'elle pouvait espérer, c'était que sa comparse partage le même sentiment. 

Et ... surprise, l'anomalie était libre comme l'air, ou du moins du point de vue de la rouquine. Le vent, les flocons, le froid et la glace, eux, définissaient bel et bien les limites qui lui étaient imposées. Quel choix avait-elle ? Ne pas craindre la mort ou la souffrance ne signifiait pas vouloir aller à leur rencontre, encore moins à pied. Un dilemme courtement réglé s'impose alors, dilemme auquel Zora propose d'ailleurs une solution qui ne manque pas de faire s'incliner le visage d'Ophélia. L'expression qui anime le visage de la vaironne ressemble alors au faciès de la fausse surprise. Le genre de visage souriant que l'on donne à son enfant lorsqu'elle assure qu'elle n'est pas coupable de la disparition de tous les biscuits secs. Sourcil levé, yeux plissés, sourire effacé et mâchoire remontée, la dernière fois qu'elle avait utilisé cette moue, c'était avec Ruby, si ses souvenirs étaient corrects. Après quelques secondes de latence, la jeune femme aux cheveux laiteux pointa du doigt la caravane, puis lâcha finalement.

- Je vais prendre l'option chariot, je pense. Bien que l'option mort douce soit enviable, je ne pense pas désirer quitter maintenant ce monde. Moi qui accusait ce pauvre garçon d'être têtu ... elle fixa le corps de Logan ... regardez donc qui s'entête désormais !

Elle passa sur le côté de Zora, ayant bien reçu le message que transmettait son regard et n'ayant même pas l'idée de lui demander de partager le morceau de viande. Mine de rien, la famille avait prévu des vivres pour cinq ... ils n'ont jamais eu le temps de les finir. Grand bien leur en fasse, Ophélia n'avait pas tout terminé, des fibres de chairs sèches devaient demeurer dans le fond de la caravane, chair animale, bien évidemment. Quoi qu'il en fut et malgré la faiblesse de ses bras, l'anomalie allait devoir se bouger. Pénible exercice, mais elle avait traversé bien pire ces derniers jours, porter le cadavre de ce garçon ne ferait de lui que la cinquième répétition de ce procédé. 

Au grand malheur de son dos, la jeune femme s'exerça à charger les cadavres descendus. Sans surprise, elle les avait tous tirés dans la neige avant de les monter par la faible force de ses épaules. Et après quelques minutes, les cinq corps furent ameutés de nouveau dans l'enceinte du convoi. La vaironne s'adossa contre la caravane, respirant un grand coup pour rattraper l'effort qu'on lui avait si gentiment demandé de manifester. Après tout, on ne l'avait pas obligé, ce n'était que sa vie qu'elle pariait si elle refusait, ce qui, de manière purement objective, ne signifiait pas grand-chose. Qui cela étonne-t-il ? Elle était une anomalie, une erreur de la nature et elle en était parfaitement consciente, y avait-il quelconque honte à accepter la vérité et se dire que sa mort ne serait qu'anecdote lorsqu'elle l'effleurerait ? 

- Bien ! Miss Zora, sommes-nous prêtes à partir ? Je n'ose pas demander aux deux autres leur avis, j'ai peur qu'ils ne m'arrachent la langue si je devais leur parler. Pourriez-vous faire relais, ou bien leur statut de mort nous dispense-t-il d'écouter leur opinion ? 

Un sourire malicieux vint pourfendre sa mine quelque peu déconfite de fatigue auparavant, indiquant toute la capacité sarcastique qu'avait insufflé Ophélia à ces demandes plutôt explicites et sans délicatesse, ni exprimée, ni souhaitée. Aussi, écarquillant les yeux et couvrant sa bouche du revers de sa main, elle ajouta sur le ton de la confidence, en un murmure.

- Honnêtement, ça m'arrangerait beaucoup qu'on choisisse la dernière option. Ils sont terrifiants, ces gigots sur pattes, bon sang !

Instantanément, elle détourna la tête, regardant vers l'avant du chariot, au travers de la fente entre le siège conducteur et le drap qui servait à couvrir le convoi. Elle croisa un court instant le regard vitreux d'un des morts, lui faisant s'arrêter son coeur dans l'éventualité où il aurait attrapé ses mots du creux de l'oreille. Finalement, il détourna simplement la tête, désintéressé. Des yeux vairons on ne peut plus ronds se tournèrent ainsi vers Zora, lentement, sous pression. Le regard d'Ophélia était si éloquent qu'on pouvait aisément déceler les mots "J'espère qu'il ne m'a pas entendu" à leur travers. Aussi, la vaironne fut prompte à changer de sujet.

- Bref ... et vous, Zora ? D'où venez vous, que faîtes-vous et plus important encore, pourquoi et comment en êtes-vous venue à supporter la compagnie de deux cha...rmantes personnes.

La jeune femme aux cheveux laiteux faillit trébucher sur le mot "charnier", mais sa conscience combinée à son instinct de survie parvinrent à rattraper le coup d'une manière qui ne devait sembler évidente qu'à la rouquine, tant est qu'elle l'écoutait. 

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Sur place ou à emporter ? EmptyVen 19 Oct - 15:51

Une nouvelle esquisse de sourire assombrit le visage de la rouquine lorsque Ophélia lui délivre sa réponse. Une réponse sensée et détachée à la fois, comme elle s'y attendait. Il faut une certaine force de caractère pour oser faire preuve d'une telle légèreté dans un environnement aussi meurtrier, en compagnie d'un trio non moins dangereux. Cette fille a une approche toute particulière des choses. C'est... plutôt agréable. Elle est forcé de le reconnaître même si l'expérience lui souffle de se méfier des gens qui sont susceptibles de se frayer un chemin jusqu'à ce que lui sert de coeur. Les sentiments, plaisant ou non, ne sont rien d'autres que des faiblesses.

Toujours est-il que la flamboyante rouquine comprend parfaitement le choix d'Ophélia. Baisser les bras maintenant aurait été un aveux d'impuissance. La vie est précieuse, c'est un fait. Et il est de mauvais ton de gaspiller ce présent généreusement offert par Möchlog aux créatures qui animent le monde. Car s'il y a bien une chose que la fanatique a pu apprendre aux côtés de Vithis, c'est que la mort a besoin de son penchant lumineux pour s'exprimer comme elle le doit. La décision de son interlocutrice l'honore, donc. Mais est-ce que cela sera suffisant?

La disciple de Möchlog glisse un autre morceau de viande glacée entre ses lèvres et grimace quelque peu lorsque la chair entend résister à la pression de sa mâchoire. Elle passe ensuite les secondes puis les minutes suivantes à observer la demoiselle aux cheveux immaculés mériter sa place au sein du convoi. Douce ironie dans la mesure où c'est tout de même le sien. Ou, du moins, qu'il l'était. Quoi qu'il en soit elle semble animée d'une bonne volonté. Un constat positif mais toutefois assombrit lorsque l'intéressée revient vers elle et reprend la parole.

Zora ne saurait dire si la prudence qui transpire dans les propos de son interlocutrice est fondée. Ou la peur, peut-être. Il est vrai que les Éveillés n'incitent pas à la confiance. Elle-même a encore beaucoup de choses à apprendre à leur sujet. Comment en vouloir à sa cadette pour son manque de discernement. Le regard ambré de la fanatique s'attarde un instant sur la vivante avant de vagabonder en direction des morts animés. Peut-être trop longtemps puisque la voix d'Ophélia parvient à nouveau à ses oreilles. Des... gigots?

La rouquine ne réagit pas encore, préférant observer un silence que ses rares proches auraient déjà interprété avec prudence. Un nouveau morceau de viande rejoint les précédents dans le creux de son estomac. Puis elle replie précautionneusement les pans de tissu sur le reste de ses victuailles. Elle ignore alors les questions probablement légitimes de sa voisine et se contente de se redresser lentement. Une retenue qui contraste bien vite avec la violence de la gifle qu'elle décoche d'un revers de la main à l'insolente.
"Les morts ne sont pas moins dignes de considération que les vivants!" souffle-t-elle d'une voix douce, mais ferme. "Ils ont leur propre volonté! Et, crois-le ou non, une forme de sensibilité! Ceux-là ne sont guère différents des vivants qu'ils furent autrefois! Et ils incarnent de bien des manière la toute puissance de Möchlog! Ne t'avises plus jamais de leur manquer de respect! Plus jamais! Ou je te délesterai moi-même de cette langue que tu manies avec une telle indolence!"
Les Éveillés, d'ailleurs, se sont retournés et observent le duo de leur regard livide. À priori ils n'ont rien entendu et c'est probablement mieux pour Ophélia. Bien qu'ils aient reçus l'ordre d'épauler la rouquine, cette dernière n'a que peu d'influence sur eux. Elle n'aurait guère le pouvoir de les arrêter s'ils se mettaient en tête de déchiqueter cette insolente demoiselle. Mais tenterait-elle seulement de le faire? Le fait est que la fanatique leur adresse un vague signe de la tête comme pour leur signaler que leur intervention n'est pas requise.
"Maintenant, en route!"
Elle ne s'attarde guère pour vérifier si Ophélia la suit ou non. En réalité elle se contente de l'ignorer en prenant place sous la bâche protectrice du chariot. Et de longues minutes encore après ça. Les deux revenants, quant à eux, prennent les rennes du convoi, faisant à la fois office de guides et de sentinelles. Permettant au passage aux deux jeunes femmes de prendre du repos si elles le désirent. Le sommeil est bel et bien présent mais Zora ne s'autorise guère à y succomber. Pas en présence d'une inconnue aux multiples variables. La sympathie n'induit pas la confiance...
"Je suis suhur..." glisse-t-elle après un temps interminable à sa cadette, contentant finalement la curiosité de cette dernière ou son propre désir d'échanger avec une autre âme vivante. "Quant à ce que je fais ici... Disons que Möchlog a souhaité me récompenser pour ma dévotion!"
Elle conclue cette relative explication par un bref haussement d'épaule. La vaironne n'a pas à en savoir plus. Ce serait même imprudent... Les habitants de la région n'apprécieraient sans doute pas d'apprendre qu'une nécromancienne demeure dans les environs. Du nombre naît parfois le courage. Et même Vithis ne pourrait pas résister longtemps aux assauts de toute une population. La nécromancie n'est pas seulement réprouvée: elle est également honnie. Mieux vaut rester vague à ce sujet, donc. Toujours est-il que la disciple de Möchlog tourne à présent son regard en direction du dos des deux revenants ouvrant la marche.
"Et tu sais, je ne suis pas certaine que ce soit réellement moi qui supporte leur présence. J'aurais presque tendance à dire que c'est l'inverse!" s'amuse-t-elle.
"Je confirme!"
"Ho que oui!"
"Merci pour vos interventions ô combien précieuses..."
Le ton exaspéré contraste avec le sourire qui s'installe à nouveau sur les lèvres gercées de l'apprentie de la maîtresse. Quelques secondes s'écoulent à nouveau, rythmées par les bourrasques bien trop régulières qui s'écrasent contre la toile protectrice. Zora s'emmitoufle davantage dans son manteau avant de reporter son attention sur sa vis-à-vis.
"Tu m'as appelée "Miss" tout à l'heure. Un terme qui n'est guère employé par les my'träns, fussent-ils aussi étranges que les zoliens!" fait-elle remarquer à la vaironne. "Et je ne crois pas avoir vu le moindre harpon dans le convoi. Et vous?"
"Je confirme!"
"Je m'en fiche!"
"C'est bien ce que je pensais!" souffle-t-elle. "Tu n'es donc pas venue écouler de la marchandise! Et je suppose que tu n'es pas venue non plus en acheter! Après tout les khurmis ne sont pas spécialement réputés pour leurs forges! Alors, tu comprends, je m'interroge: que fais-tu réellement ici? Le détachement dont tu as fait preuve quand ton camarade a été tué par Grigor me laisse penser que tu n'avais pas de réel lien avec lui. Ou avec les autres cadavres que nous avons récupérés. Et ne me dis pas que tu souhaitais gagner des irys! Il est tout à fait possible de s'enrichir sans pour autant plonger en plein Khoral!"
Elle fait preuve d'une assurance qui contraste pourtant avec ses doutes. La rouquine se contente simplement d'accuser sans avoir de réelles preuves quant à ce qu'elle imagine mais qu'elle n'avance pas encore ouvertement. D'une certaine façon, elle prêche le faux pour savoir le vrai.
"Tu n'es pas obligée de tout me dire! Nous avons tous nos petits secrets, après tout!" ajoute-t-elle. "Mais cela ne t'autorise pas pour autant à me mentir! Alors puisque nous en sommes aux confidences... Aurais-tu quelque chose à me dire, Ophélia de Zolios?"
Et pour conclure cette remarque, c'est un nouveau sourcil interrogateur qui s'élève au-dessus de l'un des yeux ambrés de la fanatique...

Ophélia Narcisse
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Sur place ou à emporter ? EmptyVen 19 Oct - 17:43
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Les mèches blanches de l'indolente, de son point de vue si injustement nommée qu'elle fut, volèrent au rythme imposé par son visage décalé par une gifle à laquelle elle ne s'attendait absolument pas. Son expression prit une teinte plus choquée que ce qu'elle n'avait su montrer lorsque le cadet est mort, nuque brisé devant elle ou bien lorsque les morts s'étaient mis à marcher sous son regard. Sa main vint doucement frotter sa joue, alors que ses yeux arrondis interrogeaient silencieusement Zora. Le vairon de ses pupilles était aussi assuré qu'elles étaient similaires l'une à l'autre, dans sa conception, rien ne lui avait valu de se faire violenter. Rien.

Et alors, aux dires de la rouquine, Ophélia fut prise d'un soudain ravalement de façade. A cet instant même, captivée par les dires de la dévote en face d'elle, mais toujours en retrait de la gifle ... elle avait envie de pleurer. Ce n'était pas une réaction poussée à l'extrême, ni même un moyen de se faire remarquer si elle devait délivrer les larmes qui s'accumulaient. Mais la magicienne l'avait dite elle-même. "Les morts ne sont pas moins dignes de considération que les vivants.", une my'tranne l'avait dit, une croyante l'avait dit ! Alors pourquoi était-ce la raison que le monde entier avait choisi pour en vouloir à sa vie ? Sa résurrection, ses cristaux, tout était vide de sens si revenir de la mort n'était pas une erreur. Alors son coeur craquelé délivra une furtive larme, essuyée par une main leste et un détournement du regard vers les deux ranimés. 

La jeune femme aux cheveux de neige laissa défiler plusieurs longues secondes de silence, écoulées par la mise en route du convoi. Ses lèvres rétractées l'une dans l'autre témoignaient d'une affliction plus que concernée dans le sort des deux revenants. De la part d'une morte, elle pouvait comprendre mieux que n'importe qui ce que ce duo-là pouvait ressentir. A quel point le royaume d'outre-tombe leur manquait-il ? Si c'était autant qu'elle, alors ils devaient n'en plus pouvoir de désirer s'ouvrir le coeur. Mais ils ne pouvaient pas, apparemment. Celle qui tirait les ficelles de leur vie était ailleurs et eux se retrouvaient de misérables esclaves coincés dans une enveloppe qui n'est plus leur propriété. Finalement, ravalant un sanglot et laissant place à la plus douce des voix, elle brise sa propre contemplation onirique. 

- Désolée ... je ne savais pas qu'ils ... enfin qu'ils étaient vraiment vivants. Je les ai pris pour des marionnettes, je ne pensais pas que ...

Elle détourna simplement le visage, secouant la tête pour arrêter ses mots. Soupirant du nez, l'anomalie regagnait autant de prestance que possible, essayant d'oublier le léger choc émotionnel causé par l'injustice de la vérité si brutalement acquise. Lorsque Zora reprit la conversation, elle retrouva le sourire qu'avait laissé la vaironne, mais ses pupilles, elles, demeuraient quelque peu brillantes. L'intervention commandée des deux ranimés eut pour effet d'arracher un petit rire à Ophélia, ses pommettes à nouveaux déployées. Les questions revinrent, néanmoins, non pas qu'elle s'y attendait et malgré le peu d'information partagé par sa contrepartie. De toute manière, la cristallisée était celle qui était la plus proche du statut d'otage, alors elle n'était pas vraiment surprise.

Alors, son mensonge fut percé ... mais bien étrangement d'ailleurs. Normal qu'il n'y avait aucun harpon dans le convoi, ni même à portée d'elle ou bien ou que ce soit aux alentours.

- Oh ce n'est pas mon chariot. C'est le leur.

Elle fit un mouvement désignatif du visage vers le tas de cadavres amoncelé à leurs pieds. La vaironne haussa les épaules, comme pour signifier qu'en dépit d'avoir un véritable propriétaire, désormais cette caravane était libre à la location. Pourquoi se gêner quand on peut se servir, et pourquoi ne pas se servir quand ça permet de survivre ? Il n'y avait ici rien que de très logique, même Ophélia pouvait s'en apercevoir, sûrement la rouquine l'avait également déjà compris. 

- Quant à ce que je fais là, eh bien, je vais à Nislegiin. En urgence, certes, mais voilà, le blizzard s'est plus imposé à moi que je ne me suis imposée à lui. Toutefois ...

L'anomalie se mordit les lèvres, jetant un regard anxieusement dubitatif à la rouquine. Elle hésitait grandement à révéler la vérité, enfin, elle ne le ferait pas, même si elle avait envie. Les souvenirs qu'avaient laissé Zagash des conséquences sur confesser que l'on était daënare ne l'encourageait pas vraiment à recommencer. Mais ... il y avait bien une vérité qu'elle pouvait confesser à Zora. Ophélia pencha la tête sur sa propre épaule, jetant son regard dans le brasier des pupilles de son interlocutrice avec un air résolu. Finalement, elle balança sa tête en arrière, comme pour laisser les souvenirs lui revenir du blanc cassé du drap du convoi.

- Ophélia de Zolios, ça sonne mal, hein ? elle soupira Ma mère tenait un pub au Tyorum, à Daenastre. Elle était my'tranne, une fidèle d'Amisgal qui fuyait quelque chose, sans doute. C'est elle qui m'a protégée là-bas, ce depuis ma naissance. Elle m'a donné un nom que les daënars ne lyncheraient pas et m'a appris à survivre en leur sein ... jusqu'à ce que l'on ait découvert ce que j'étais vraiment et que je sois forcée de partir. Je ne fabrique pas de harpons, mais j'aimerais apprendre. En vérité, je veux faire des armes et je veux qu'on les utilise à bon escient. Que ce soit tranchante, contondante, toxique même ! Je veux juste rendre justice à ceux qui ont causé du tort à des gens comme moi, pris entre deux feux et qui voulaient juste vivre en paix. 

Tout était vrai, bien qu'elle ait omis de parler de renaissance, plutôt que de véritable mise au monde. Si Zora tolérait la présence de ses deux amis, rien n'assurait qu'elle tolérerait la sienne tantôt qu'elle lui avouerait. Aussi, elle se garda bien de préciser que ceux qui lui avait causé du tort englobait la totalité des habitants de ce monde, sauf quelques rares exceptions. Elle conclut simplement, avec un haussement singulier de l'épaule gauche.

- C'est quelque chose que je préfère garder pour moi, les gens ont trop vite envie de m'embrocher lorsque je leur dis que je viens de Daënastre ... à raison.

Elle n'avait pas oublié le traitement que lui avaient fait subir ses geôliers, là-bas, de l'autre côté de la mer, et elle ne comptait pas oublier. L'insidieux désir de se faire justice mugissait encore dans les coins de son coeur qu'elle avait laissé en offrande aux ténèbres qui, autrefois, la cernaient. Maintenant, elle voulait juste trouver une utilité dans un monde qui voulait l'attirer dans le vide. Esquissant une moue assurée, elle ajouta finement.

- Enfin, il faut bien fuir quelque chose pour se retrouver happée par le Khoral, pas vrai ?

Son regard braqua la rouquine, l'accusant d'une étincelle de malice de ne pas tout lui avoir dit. Ce n'était pas la première venue qui se faisait accompagner de deux charognes et vu le comportement plutôt criminel de la dévote, Ophélia se doutait bien qu'elle n'était pas la seule ici à être poursuivie par les vestiges de son passé.

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Sur place ou à emporter ? EmptyVen 19 Oct - 21:54

C'est donc par méconnaissance qu'Ophélia a insulté les Éveillés. C'est... compréhensible. Et peut-être même pardonnable. N'est-ce pas une réaction logique, finalement? Des marionnettes... Oui, le mot pourrait être adapté! Et également nuancé en fonction du temps qui s'écoule avant la réanimation des cadavres. Des subtilités avec lesquelles elle n'embarrassera pas la vaironne. Déjà parce qu'elle ne voit pas l'intérêt de dévoiler les subtilités de la nécromancie à une fille qu'elle ne connaît que depuis une petite heure. Et aussi parce que l'intéressée, dans le fond, ne doit guère être intéressée par le sujet. Elle n'a pas réellement manifesté un quelconque intérêt pour la chose. Et c'est probablement mieux ainsi...

La rouquine, dès lors, s'emploie à écouter la demoiselle aux cheveux immaculés lui exposer un plus large pan de son histoire. Elle se rend à Nislegiin, donc. La patrie des dragonniers. Un endroit où elle n'a elle-même encore eu l'occasion de se rendre mais qu'elle aimerait beaucoup découvrir de ses yeux. Avoir l'une de ces farouches créatures comme monture serait... appréciable. Elle doute cependant qu'on veuille bien lui en remettre un. Ou alors, elle devra y mettre le prix. Une perspective qui ne plaît guère à la vagabonde dénuée de biens de valeurs qu'elle est.

Elle hoche donc doucement la tête, lui signifiant au passage qu'elle ne souhaite guère remettre en doute cette révélation. Dans le fond, elle se fiche de savoir ce que compte faire sa cadette. Mais lorsque lui intéressée lui avoue sa réelle histoire, elle ne peut guère rester de marbre. Zora rive un regard partagé entre la surprise et la désapprobation sur son interlocutrice. Elle perçoit au passage le regard que s'échangent les Éveillés. Ils ont assez côtoyé la rouquine pour savoir que cette déclaration compromet ses chances de survie.

Et pourtant nul bouclier ne vient priver la jeune femme de son essence vitale. La fanatique se contente de rester figée tandis qu'elle étudie l'information et les suites qu'il convient d'y apporter. Elle ne prête d'ailleurs plus la moindre importance à la suite de sa tirade au sujet de son désir d'offrir aux gens les moyens de se défendre. Elle entend mais n'écoute pas. Elle est donc la fille d'une traîtresse my'träne... Comment qualifier une personne souhaitant sciemment s'installer chez l'ennemi? Que pouvait-elle bien fuir pour s'infliger les maux inhérents à la présence des hérésies de Technologie?

Les pensées de la disciple de Möchlog se mêlent, les transformant en un véritable maelström. Ophélia mérite de mourir! Qu'elle l'accepte ou non, son âme a été contaminée par la fausse déesse de l'Est. Et pourtant elle présente les choses d'une manière qui laisse penser qu'elle est consciente de cette tare. Elle cherche à la réparer! Et le fait qu'elle ait pu manier la magie d'Amisgal peu auparavant ne tend pas seulement à confirmer cette hypothèse. Elle la prouve! Et ça, Zora ne peut guère l'ignorer! Les daënars peuvent donc se racheter? Elle en doutait mais... les faits semblent être là!

Et puis... N'est-elle pas elle-même issue d'une dynastie daënar? Comment reprocher à d'autres ce défaut qu'elle partage également? Ce serait... hypocrite! Pourtant Möchlog l'a accueillie sous son aile. Et aujourd'hui elle est en passe de devenir l'une de ses plus puissantes disciples. L'origine importe-t-il donc si peu? Cette idée est pure à accepter, quand bien même elle semble maintenant prouvée. Non, elle n'est pas une exception...  Et dans le fond c'est probablement ça qui la dérange vraiment en cet instant!
"Tu devrais faire attention à ce que tu dis! Et, surtout, à qui tu le dis!"
Son murmure répond tout juste à la dernière remarque de la vaironne. L'intéressée ne survivra pas longtemps si elle est si prompte à révéler la vérité. Peut-être a-t-elle les moyens de se défendre. Peut-être cache-t-elle bien son jeu. Mais ce qui est sûr c'est que les my'träns n'ont toujours pas pardonné les actes de leurs cousins de l'Est. Certains ne seront pas capables de refréner leurs justes désirs de vengeance. Et d'ailleurs si Zora est prête à fermer les yeux sur l'origine d'Ophélia, elle est moins encline à pardonner les erreurs de la mère.
"Comment s'appelait ta mère? Et que lui est-il arrivé? Dis m'en plus à son sujet!" demande-t-elle. "J'ai séjourné quelques temps au Tyorum! Je n'irais pas jusqu'à dire que je connais la cité mais probablement assez pour situer l'endroit où se trouvaitt son pub!"
De la simple curiosité? Plutôt les moyens d'obtenir des informations dignes d'être exploitées. Une femme fuyant les siens pour se réfugier à l'Est ne peut être irréprochable. En réalité l'explication qui lui semble la plus plausible est aussi la plus dérangeante.
"As-tu déjà entendu parler des anomalies, Ophélia?" ajoute-t-elle. "Ta mère avait-elle la peau recouverte de cristaux? Une telle chose n'aurait pu t'échapper!"
Elle tente de faire de son mieux pour garder un visage avenant et étouffer la lueur meurtrière dans son regard. Une traîtresse doublée d'une anomalie. Rien que pour ça, elle consentirait à faire le voyage jusqu'à Daënastre! Les deux Éveillés échangent un nouveau regard. L'un d'eux va même jusque à hocher la tête de gauche à droite en regardant la vaironne. Comme pour la dissuader d'être trop franche. Mais Zora ne vient rien! Ses pensées et son regard sont entièrement tournés vers sa cadette...

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Sur place ou à emporter ? EmptySam 20 Oct - 20:05
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Faire attention à ce qu'elle dit ... oui, à qui elle le dit était certainement là où l'emphase devait être apposée. S'il n'y avait que bienveillance en travers de son chemin, la vaironne n'aurait ni besoin de cacher sa nature, ni son origine. Elle vivrait dans un monde heureux, un monde onirique, un monde qui, vraiment, n'existe pas. Aussi rêveuse soit Ophélia, elle est néanmoins consciente que le bien ne vient que par opposition au mal. Si ce dernier n'existait pas, il n'y aurait aucun appui pour jauger le bon. Alors, les cristaux dans son dos, les gens qui veulent sa peau, le blizzard qui lui mord la chair, au fond d'elle, l'anomalie voulait croire qu'ils n'étaient qu'annonciateurs d'un bonheur retardé. Mais il viendrait, un jour, elle en était convaincue, elle en était si proche. 

Maintenant, était-il vraiment sage de confesser tout son passé à Zora ? Plus encore, ce n'était pas exclusivement le sien, mais celui qu'elle partageait avec Kelmina. Car si la vaironne était restée de marbre devant un meurtre, la rouquine n'avait eu aucun mal à en incarner la complice. Ophélia n'était en rien critique de ce genre de comportement, comment aurait-elle pu ? Elle tuait autrefois pour se divertir, toutes les raisons du monde étaient meilleures que les siennes. Ce que cela indiquait néanmoins, c'était que les interrogations seraient certainement mieux si laissées sans réponses. 

La jeune femme aux cheveux albâtre se retient alors de sourire en coin, à l'instigation d'une question qui ne concerne pas tant sa mère qu'elle-même. Si elle connaît les anomalies ? Et toi, tu connais la magie ? qu'elle voulait répondre. Enfin, mieux valait se mettre loin de ce genre de suspicions. Si la vaironne ne savait ce qu'impliquait être la fille d'une anomalie, elle préférait largement rester complètement hors de portée de tout indice flagrant d'hérésie. Les yeux aux pupilles inégales se baissèrent un instant comme hésitante, son visage se tordant d'une émotion qui s'apparente à de la tristesse. D'une voix faiblement tue, elle se contente de balbutier sans regarder Zora au prime abord.

- Elle n'était pas une anomalie, elle s'appelait Aemy et vous n'avez rien besoin de savoir sur elle ...

Son buste se souleva alors en une profonde inspiration saccadée, ses paupières battantes comme pour empêcher les larmes de s'amonceler, simple manifestation d'un profond trouble sentimental liée à la personne évoquée. Et bien qu'elle ait utilisé son propre nom d'autrefois, le souvenir de Kelmina restait une profonde dague enfoncée dans l'artère d'une mémoire qui n'appartenait plus à sa vie d'aujourd'hui. Finalement, et après un souffle qui lui débloqua sa gorge quelque peu nouée, elle lâcha.

- Parce qu'elle est morte.

Ses lèvres se retroussèrent, détournant le visage de son interlocutrice sur laquelle son regard s'était braqué un court instant. Le blanc de ses pupilles s'était teint d'une robe incarnate, Ophélia se savait bonne comédienne et elle aurait souhaité que la soie de larmes que tissait ses yeux ne soit qu'apparat. Mais on n'échappe pas si facilement à son passé et peu importe où était Kelmina en ce moment même, elle espérait qu'elle allait bien. La vaironne quant à elle, n'avait plus rien à dire. Muette comme une tombe, elle se contentait de regarder la neige qui la ramenait à sa vieille Zuhause. Une pensée pour sa boutique la surprit un court instant de par sa nostalgie manifeste. Pourtant, l'anomalie n'avait qu'un néant de regrets à offrir à Daenastre, à ses actes passés et au monstre qu'elle était. Ce temps était révolu. Ce temps était terminé. Ce temps ne reviendrait plus, elle en était persuadée. 

Le chariot s'arrêta alors brutalement, remuant le corps enseveli sous les fourrures de la vagabonde. Jetant un bref coup d'oeil dehors, elle ne décèle rien qui sort du normal. Ce genre de contretemps était presque routinier, du moins, quand la famille nomade était encore en vie. Par instinct de déduction, Ophélia se contenta simplement de commenter en aparté.

- La roue doit être encore bloquée ... je vais arranger ça.

Son ton était toujours bas, monotone. Le sourire dont Zora avait dû s'habituer depuis, n'était plus présent sur ses lèvres. La fadeur se lisait sur son visage, ses cils abaissés, ses sourcils droits, le tout accompagné d'un large soupir. Le talon de ses bottes vint s'enfoncer dans la neige, ses paupières se serrèrent sous l'exposition du vent. Dressant une main gardienne devant son front, la vaironne fit l'examen de la roue gauche ... rien. Un mouvement attira son regard, en face de la caravane. Un quatuor ... ou était-ce un quintet ? Non ... six silhouettes, certaines cachées par les flocons, d'autres s'exposant fièrement aux deux conducteurs. 

Déposant la main droite sur la bâche du convoi, Ophélia penche une tête curieuse sur son épaule, essayant d'y voir plus clair. Ils sont bien six, armés, équipés. Plastrons sous les fourrures, symboles de loup sur les boucliers, torches levées et ... rictus amers. La cristallisée ne connaissait que trop bien cette expression et ce qu'elle annonçait avivait le peu d'instinct de survie à sa disposition. Se précipitant derrière la caravane, elle signala aussi silencieusement que possible la nature véritable du problème à la rouquine.

- Zora ! Je crois que ce n'est pas la roue qui est en cause.

Son doigt pointa entre les décharnés, désignant les quelques lueurs flamboyantes qui se faisaient de plus en plus vives, de plus en plus proches. Ophélia, elle, restait cachée derrière le côté des bâches, observant de loin et couverte par la densité tant des ténèbres nocturnes que des flocons hivernaux. 

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Sur place ou à emporter ? EmptyLun 22 Oct - 11:06

Difficile de savoir si Ophélia mérite le bénéfice du doute ou les affres de la méfiance. Mais si les mots peuvent mentir, les émotions qui transparaissent sur un visage sont bien moins traîtres. Zora observe la jeune femme en silence. Si elle prône l'intérêt général et un altruisme global, se préoccuper d'une seule personne n'a jamais été son fort. Elle n'a ni les mots pour la réconforter, ni l'envie de le faire. Et même si c'était le cas, elle ferait probablement plus de mal que de bien. Le silence, donc, lui semble être la seule manière de répondre à la détresse qui se peint sur les traits de sa cadette. Une détresse qu'elle ne peut d'ailleurs pas comprendre...

Car la rouquine n'a qu'une vague idée de ce qu'est une mère et de ce qu'elle est susceptible d'apporter à l'existence d'une personne. Le relatif vide laissé par l'absence de sa génitrice est à présent empli d'une haine farouche. Et elle n'en souffre pas réellement. D'une certaine façon elle s'en satisfait. Car cela la rendue plus forte, détachée des valeurs morales et, probablement, des remords. L'amour ne renforce pas les gens. Il les affaiblis. Et la preuve se trouve en ce moment-même sous ses yeux, se manifestant à travers les émotions qui étrillent la fille aux cheveux blancs!
"Vois le bon côté des choses: ta mère n'a plus besoin de fuir désormais..." finit-elle par glisser à sa cadette. "Möchlog lui a peut-être accordé une meilleure existence!"
Elle hausse les épaules comme pour souligner la pragmatique évidence de ses propos. Et pourtant elle en doute elle-même. Comment la Chouette pourrait-elle récompenser une traîtresse? Zora espère qu'elle paiera chèrement le choix qui l'a menée à vivre parmi les daënars. Et à priver sa fille d'une éducation saine! Non, décidément, cette Aemy ne mérite pas la rédemption. Que toutes ses futures existences puissent être régies par la souffrance!
"J'imagine que sa mort est récente mais ne t'en fais pas, va! Tu l'oublieras bien vite!" explique-t-elle. "Elle ne sera bientôt plus rien pour toi!"
L'Oubli prendra peut-être un peu de temps à se manifester mais elle finira tôt ou tard par ne plus rien ressentir pour sa génitrice. Pour peu que sa foi ne se porte pas sur un dieu aussi étrange que Khugaatsa, évidemment. Mais cette fille semble avoir la tête sur les épaules. Suffisamment, en tout cas, pour vénérer des dieux véritablement dignes de respect. Amisgal prendra soin d'elle. La rouquine en est convaincue même si elle garde cette conviction pour elle. Il est inutile d'insuffler trop d'espoirs à Ophélia. Ce dernier est probablement plus destructeur que la perte d'un être aimé...

Sans chercher à véritablement changer de sujet ou à briser le silence qui s'installe, la fanatique cherche un nouveau moyen d'abreuver la conversation. Le destin fait cependant bien les choses puisque un choc immobilise le chariot. Une roue cassée? Il est difficile de deviner ce qui se cache sous la manteau blanc qui recouvre Khurmag en cette période de l'année. Aussi Zora ne songe-t-elle même pas à reprocher ce qu'elle  ne perçoit alors que comme un simple contre-temps aux Éveillés qui mènent l'attelage. Tout au plus se contente-t-elle d'un vague soupir. Vithis va encore râler s'ils ont trop de retard!

Fort heureusement Ophélia semble bien décidée à prendre les choses en mains. Elle doute qu'elle puisse véritablement être utile mais n'esquisse pas le moindre geste pour l'en empêcher. Quant à la disciple de Möchlog, elle semble bien décidée à ne pas mettre la main à l'ouvrage. Sa seule préoccupation, pour l'heure, consiste à trouver une position plus ou moins confortable en prévision de la suite du trajet. Ou encore à sonder son corps grâce aux arcanes médicales à la recherche d'une engelure qui aurait échappé à sa vigilance. Il y a des priorités, dans la vie!

Mais le retour d'Ophélia l'arrache bien assez vite de la relative torpeur dans laquelle elle menaçait de sombrer. Elle suit du doigt la direction indiquée par la vaironne et découvre des lueurs qui témoignent de la présence d'autres êtres vivants. Une observation plus attentive lui fait aisément comprendre qu'elle n'aura guère le loisir de se reposer plus longtemps. Et que ces foutus mercenaires sont dotés d'une obstination qui frise l'entendement. Combien sont-ils? Et combien faudra-t-il en tuer pour obtenir le droit d'avoir la paix?
"J'ai bien peur que nous ne puissions éviter ce combat..."
Peur? Le ton enjoué de la nécromancienne tend plutôt à prouver qu'elle trouve là manière à se divertir. L'affrontement ne sera probablement pas aisé. Mais il contrastera avec la monotonie du blizzard. Un peu d'exercice ne fait jamais de mal. Et la rouquine voit là une occasion en or de mesurer ses propres progrès. Elle pose donc pied à terre avant de décocher un regard à Ophélia, hésitante.
"Ne bouge pas de là à moins que tu saches te battre!" ordonne-t-elle. "La dernière chose dont nous avons besoin, c'est encore que tu te poses en gêneuse!"
Elle attarde son regard quelques secondes sur sa cadette. Et si sa présence était liée à celles de ces tueurs? Le hasard n'existe pas, elle le sait. Se pourrait-il qu'Ophélia soit une sorte d'éclaireuse? Une sorte d'appât? Les réponses, elle les obtiendra! Et il vaudrait mieux pour la vaironne que la preuve d'un éventuel double jeu de sa part ne soit pas apportée.
"Il me faut un survivant!"
C'est la seule indication qu'elle donne aux deux revenants entre lesquels elle s'est à présent glissée. La rouquine ne tire pas sa lame, se contentant d'invoquer sa magie. Fort heureusement, elle n'a plus besoin de se battre en première ligne. Les Éveillés sont là pour ça. Mais il lui revient néanmoins de leur offrir les moyens de l'emporter. Et d'éviter qu'ils soient détruits. Vithis n'apprécierait pas, c'est certain!

Une première volée de flèches disparaît un bref instant dans les airs, masquée par le blizzard. Leur arrivée est signalée par les sifflements caractéristiques des traits fendant l'air. Deux d'entres eux s'écrasent contre le bouclier dressé par la fanatique autours d'elle et des serviteurs de la vieille. Un autre s'écrase mollement dans la neige avant d'y disparaître sans laisser d'autre trace de son passage qu'un vague sillon. Le quatrième, quant à lui, perfore la bâche du chariot.

Zora grimace: la marchandise est peut-être abîmée. Avant de se rappeler qu'Ophélia se trouve probablement encore à l'intérieur...

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Tuer, ce n'était pas compliqué, enfin, Ophélia ne gardait pas un souvenir fastidieux de ses meurtres passés. Elle le faisait de la plus douce manière, un sourire aux lèvres, un regard enjôleur, un carreau dans le front ou bien un couteau sous la gorge. Et à force de pratique, ce n'était devenu que formalité, un passe-temps comme un autre, des exécutions ne trouvant de fin qu'en elles-mêmes. Mais le plaisir s'était effacé et les ardeurs d'antan de l'anomalie avec. Si poser le sceau de la mort sur une vie ne la dérangeait aucunement, la vaironne était néanmoins incapable de s'assurer de telle issue pour un adversaire engagé en combat direct. Alors, lorsque Zora l'invita à se joindre à la joute, elle se contenta de secouer lentement la tête avec des yeux ronds d'une innocente anxiété. 

- Non merci.

Tout simplement. Ce n'était vraiment pas son genre d'y aller comme ... une complète attardée, clairement. Comment se qualifier autrement si l'on va taquiner la mort du bout du doigt et visage dévoilé ? Ophélia s'y était autrefois exposée et elle ne comptait pas recommencer, si l'appel du vide était provocateur, il n'en restait pas moins négligeable. Mourir dans un blizzard n'était vraiment pas ce comment l'anomalie espérait voir sa vie se terminer. Toujours postée sur l'arrière côté du convoi, regardant au-delà de la charrette comme l'on regarde par-delà le coin d'un mur. 

La clameur d'un ordre, le bruit du vent couvrant les pas, un sifflement strident. La brise se mit à gémir comme agonisante, poignardée en pleine gorge et capable de seul laisser s'échapper un fin filet d'air. Le craquement de brindilles se fit ressentir lorsque deux traits d'acier vinrent se briser sur une surface au ton doré. La vaironne avait cru entendre au moins trois bandes d'arc se libérer, elle n'avait pas vu la troisième et espérait juste qu'elle ne se soit pas perdue quelque part sur le côté de la caravane. Un sursaut la prit alors lorsque le couvercle de cette dernière fut déchirée par la pointe meurtrière d'un projectile qu'elle n'avait pas identifié au travers du vent. Il termina sa course dans l'une des fibres de bois qui formait l'arc de la charrette. Il s'agissait néanmoins de la gauche, là où Ophélia se tenait à droite. 

Désarmée, la jeune femme aux mèches laiteuses ne pouvait que se contenter d'observer le conflit qui allait se dérouler devant elle. Quoique ... désarmée ? Pas vraiment. Il y avait bien quelque chose qu'elle pouvait essayer de faire, bien qu'elle savait parfaitement que ce serait certainement peu réussi. Mais peut-être qu'avec la concentration nécessaire à un tel exercice, elle saurait se dépasser. Le contrecoup serait toutefois ... amer. La première fois qu'elle avait utilisé sa magie de manière forcée et continue, la vaironne avait fini écroulée dans la boue, inconsciente. Fort heureusement, le sol était loti de neige. Au moins, la chute ne lui ouvrirait pas le front. 

Toujours cachée par la caravane, Ophélia voyait les lueurs couvertes par les silhouettes de Zora et des deux ranimés. La rouquine était donc bien magicienne, bien que cela ne fasse que confirmer ce que l'anomalie savait déjà. Dire qu'elle était capable de déployer de tels sorts sans même s'essouffler ... la vie est parfois bien injuste. Enfin, le temps n'était pas plus aux complaintes qu'à la paresse. La seule non-belliciste de l'assemblée s'accroupit, passant doucement sur le côté du convoi jusqu'à atteindre le siège conducteur. Elle comptait sur les chevaux pour cacher sa propre présence. S'adossant contre le bois du chariot, elle ferma les yeux, s'imprégnant de l'air rageur tout autour pour espérer pouvoir l'utiliser à bon escient. Si le trio n'avait pas besoin d'elle, elle ne ferait rien. Mais elle préférait jouer la prudence à la témérité, car si les trois autres n'avaient pas peur de faire face au danger, la vaironne préférait ne rien laisser à un coup malencontreux du hasard.

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Sur place ou à emporter ? EmptyMar 23 Oct - 19:42

Le choc répétés des armes contre les boucliers sont annonciateurs de la tempête qui se rapproche inexorablement au rythme du pas. Peut-être moins cruelle que le khoral a qui elle entend brièvement damer le pion. Mais peut-être tout aussi redoutable. Ses intentions sont moins claires, également. Si le blizzard ne laisse aucun doute sur son appétit, Zora ne saurait réellement dire ce qui anime ces mercenaires qui avancent en direction du convoi. Ou, plutôt, qui les a arrosés d'une quantité d'or suffisante pour la suivre dans un environnement aussi inhospitalier. Mais la réponse, elle l'espère, ne saurait trop tarder.

Mais pour l'obtenir il faudra vaincre ces inlassables chasseurs. Il est difficile d'estimer leur force et leur courage avant de les avoir tout deux vus à l'oeuvre. Les volées de flèches n'étaient que l'entrée du plat de résistance. Le fait est qu'un seul camp peut espérer l'emporter et survivre. Et la rouquine ne peut qu'espérer que les prières qu'elle adresse en silence à Möchlog en ce moment-même seront écoutées. Et davantage encore, exaucées. Ce serait une cruelle ironie qu'elle succombe aujourd'hui alors qu'elle est si proche de percer les secrets de la mort...

Les deux Éveillés, eux, ne manifestent aucune émotion. Ils étaient des guerriers de leurs vivants. Ce n'est pas un hasard si Vithis les a désignés pour escorter son élève. Ou peut-être pour la surveiller? Difficile à dire... Zora estime que, quelque part, ces revenants trouvent en cet instant même une réelle raison au semblant d'existence qui leur a été accordée après leur trépas. Peut-être que des hommes ayant vécus par les armes et pour les armes ne se sentent jamais aussi vivants que lors du moment qui précède la bataille?
"On a déjà affronté pire, la rouquine! Ne t'en fais pas!"
"Reste derrière nous, c'est tout! S'ils manient l'épée aussi bien que l'arc, ce sera vite réglé!"
Ont-ils senti son trouble? Lâchent-ils ces phrases apaisantes en estimant qu'elles rassureront celle qu'ils perçoivent peut-être comme la plus faible du trio? Elle lâche un reniflement de dédain comme pour exprimer son agacement. Oui, elle n'est pas sereine! Mais cela ne signifie pas pour autant qu'elle sera une gêne. Ce manque de considération l'irrite au plus au point. Et pourtant elle se sent également redevable envers ces Éveillés qui tentent simplement de lui insuffler un courage qu'elle n'a peut-être pas en aussi grande quantité qu'elle aimerait le faire croire.
"Et vous, rappelez-vous de Plugrim!"
Ce cadavre ramené à la vie simplement pour illustrer la dangerosité des flammes pour ceux à qui Möchlog a accordé une prolongation de l'existence. Süns est incontestablement le plus grand ennemis des morts réanimés. Son efficacité est effrayante. Et certains de leurs adversaires portent toujours leurs torches à la place des épées qu'elle devine pendre sur leurs flancs. Le signe qu'ils savaient ce qu'ils allaient affronter? Comme toujours, ces tueurs semblent avoir un temps d'avance. Et il est grand temps que cela cesse.

La bataille s'engage quelques instants plus tard! Un corps vole dans les airs lorsque l'un des Éveillés le cueille d'un formidable coup de sa massue. Comme un simple fétu de paille. La force des revenants l'impressionne toujours autant. Et elle ne peut que s'en réjouir. Cette manifestation de la puissance de Möchlog calme immédiatement les autres. L'espace de quelques secondes, seulement. Le chant de lames ne tarde ainsi pas à concurrencer une seconde fois celui du vent.

Les assaillants se font plus prudents. Ils se contentent de repousser le trio grâce à des manœuvres judicieuses appuyées par le nombre ou les flammes. Les Éveillés forment un semblant de ligne protectrice devant une Zora qui s'emploie avant tout à dresser des boucliers destinés à briser les élans de leurs adversaires. Ou à protéger les cadavres qui représentent également sa meilleure chance de salut.

Toujours est-il que le sombre trio s'est décalé par rapport au chariot. Et que l'un des mercenaires est à présent en train de s'en approcher comme pour vérifier qu'il ne contient pas un ennemi caché. Une manière d'assurer les arrières de ses compagnons, sans doute. La disciple de Möchlog lâche un juron emporté par la fureur du vent. Et dévie in extremis un couteau de lancer qui filait en direction de sa gorge.

Non, elle ne peut guère se préoccuper d'Ophélia maintenant...

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Sur place ou à emporter ? EmptyMar 23 Oct - 20:43
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Pérégrins -2
L'efficience de la magicienne et de ses deux charognes vivantes n'était pas à prouver. De sa cachette, Ophélia voyait d'un regard incertain une masse sombre parcourir la noirceur du ciel et ce n'était qu'à peine exagéré. Le corps de la racaille finit sa course devant les chevaux, soulevant la neige devant lui comme une éparse étincelle blanche, projetée par l'impact du silex charnel et s'effaçant comme craie au vent. Au travers du maigre brouillard ainsi levé, la vaironne croit voir une seconde silhouette filtrer, des bruits de course semblent cogner dans la brise, portant à ses oreilles le signal d'une présence qui vient à elle. Toujours accroupie, l'anomalie se précipita de nouveau vers l'arrière du char, se réfugiant à prime abord à sa cachette initiale, qu'elle avait quittée au profit de la proximité de ces compagnons de route. 

Dos appuyé sur le bord en bois qui soutient la base de la bâche, la jeune femme aux cheveux albâtre ne daigne d'abord jeter un regard sur le côté. Elle n'entend pas encore les pas de l'assaillant dans la neige, il est peut-être encore loin. Lentement, elle risque un regard sur le côté, laissant son visage dépasser du convoi. La forme du corps du mercenaire couvre tant les faibles lueurs des torches plus loin que les dorures des boucliers de Zora. Aussi vite que faire se put, Ophélia revint ranger ses yeux curieux complètement à l'abri, couverte par la large forme du convoi. Mais les foulées de l'attaquant se font finalement entendre et la vaironne devine que rester derrière la caravane seul ne suffirait pas à la dissimuler. 

Elle jette un oeil aux alentours, sa pupille attrapant la vision de la flèche faiblement plantée dans le bois de la charrue. D'un poignet ferme, elle s'essaie de toute ses forces à l'arracher de son logis, la forçant à tomber en arrière lorsque enfin l'acier se libéra. Sans prendre le temps de vérifier l'état du projectile, l'anomalie se contenta de glisser sous la charrette. Les pas s'élevaient maintenant à hauteur des chevaux, tandis que le visage de la cristallisée frôlait la neige sous son menton. Suivant le son de la neige qui craque sous l'insistance des bottes, elle tente de faire taire sa respiration du mieux qu'elle le peut. Dans sa tête, elle se remémorait "Même si tu meurs, ce n'est pas grave, même si tu as mal, ce n'est que passager", espérant que banaliser la situation lui ferait cesser ses tremblements. Mais le froid n'était d'aucune aide !

Le bruit des pas s'arrêta alors juste devant elle, une respiration hirsute résonnant jusqu'au ras du sol. Le son d'un drap soulevé vint froisser l'air, indiquant à Ophélia que l'assaillant avait commencé par fouiller la cachette la plus évidente. Il ne vit bien évidemment que des cadavres, cinq, tout à fait familiers à la jeune femme qui fixait les bottes, espérant ne pas voir les jambes se plier. D'un coup, l'anomalie se sentit idiote. Rappelée à sa nature impure, elle se souvint de la bénédiction dont lui avait fait don sa malédiction. Enfonçant sa joue droite dans la neige, laissant à son oeil gauche le bénéfice de la vision, la vaironne laissa son corps se maculer du teint laiteux des terres de Khurmag. Le manteau qui la surplombait devint une masse informe, un tas de flocons parmi tant d'autres dans une lande ou les monticules de neige ne sont que monnaie courante. 

Le vacarme que faisait la fouille instiguée par l'étranger s'arrêta soudain, une pulsion prit ses jambes et Ophélia vit des mains gantées imprimer leur marque dans le sol gelé. Un visage barbu, yeux serrés et couvert d'une capuche vint presque croiser son regard à elle, dissimulé au sol, tant par les ténèbres que par son camouflage. Maintenant sa respiration, l'anomalie sentait encore le bois de la flèche sous ses phalanges. Elle ne savait pas si elle devait le faire, sa vie à lui n'était peut-être pas damnée comme la sienne, peut-être que quelqu'un l'aimait, lui. Peut-être que lui, avait droit à une vie normale, peut-être que lui n'avait pas à subir l'insatiable assaut d'un être divin. Peut-être ... peut-être ... peut-être était-ce lui qui, finalement, ne méritait pas de vivre, pas sous le joug d'une telle injustice. 

Le poignet de la vaironne se fit rigide, et, soulevant la neige qui cachait la flèche, il vint lui planter la pointe dans l'orbite gauche. Aussi vite qu'elle l'avait fichée, Ophélia retira sa main de la tige, reprenant son teint naturel. Des hurlements suivirent, bien familiers dans leur tonalité, c'étaient les plaintes de la douleur, les cris du désespoir qui précèdent le décès. La jeune femme se réjouissait bien que ce ne soient pas les siens et elle comptait obtenir l'assurance que ce ne soit pas son tour ce soir. S'extirpant de sous le chariot, elle voyait le mercenaire tenter d'arracher la flèche de son oeil, usant de ses deux mains pour la faire s'en aller. Se penchant vers lui, elle joignit ses paumes sur l'extrémité du projectile et insista lentement vers le bas. 

Les cris redoublèrent de force et après quelques secondes à érafler les épaules de sa meurtrière du bout de ses mains, le mercenaire rendit l'âme, l'acier lui ayant atteint les profondeurs du crâne. Quelques gouttes sanguines vinrent arroser le visage pâle d'Ophélia, qui avait les yeux toujours plissés à encore essayer d'enfoncer la flèche. Elle ne rouvrit les yeux que lorsque les pulsions post-mort cessèrent. Elle s'agenouilla un court instant, un regard perdu entre résolution et regret, clignant à répétition comme pour chasser cette scène de son esprit. Il était hors de question qu'elle ne meure au profit d'un pur et plus jamais elle n'hésiterait. 

Son regard se détourna à nouveau vers la confrontation là-bas, les lueurs brillaient encore et la vaironne devinait qu'elle n'avait certainement pas fini de se rendre utile ... du mieux qu'elle le pourrait du moins. Le vent était toujours son allié, mais toujours aussi peu fiable. Se postant de nouveau au côté des chevaux, l'anomalie se concentra du mieux qu'elle le put, prête à intervenir si l'extrême besoin s'en faisait ressentir. Elle doutait toujours de sa capacité à rendre sa magie utile et à raison ... pour peu qu'elle réussisse, son corps en paierait les méandres. Cela promettait un arrière-goût désagréable ...

Süns
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Sur place ou à emporter ? EmptyVen 26 Oct - 5:51
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Comme un murmure amer...


Un murmure, un battement de cœur, un frisson dans le dos. Une pensée sibylline, un sang glacial dans les veines et un retournement de l’âme. L’étincelle d’un brasier présumé éteint il y a bien longtemps, mais dont les cendres n’ont jamais cessé de rougeoyer en secret. Désormais, son feu s’est rallumé et vient vous lécher les doigts, Enfants du Chaos.

Le fléau de Khugatsaa court dans votre chair, insidieusement il a attendu son heure et dans votre esprit désormais s’éveille un instinct étranger. Accrochez-vous à votre âme, il pourrait vous prendre le reste.

Zora Viz'Herei est désormais victime de la pandémie.

Pour plus d'informations, c'est  ici !


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Sur place ou à emporter ? EmptyVen 26 Oct - 7:36

Un cri déchire l'espace d'un instant les hurlements du Khoral. Un cri qui ne provient pas du champ de bataille à proprement parlé et qui a le relatif mérite de calmer l'ardeur du combat. Zora pose le regard sur le chariot et tentant de deviner ce qu'il s'est passé à l'abris de son ombre imposante. Le râle avait une intonation masculine, elle en est certaine. Ophélia aurait-elle réussi à se débarrasser de ce curieux? Cette conclusion lui semble quelque peu... improbable? Ces gens sont des guerriers qui donnent du fil à retordre aux Éveillés! Comment sa cadette aurait-elle pu en vaincre un?

Une pointe d'inquiétude naît dans les tréfonds de l'âme de la rouquine. Une inquiétude entièrement vouée à la jeune fille aux cheveux blancs comme la neige. Dans quel état se trouve-t-elle? Comment lui venir en aide le cas échéant? Ses pouvoirs de guérison ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes! Et elle n'a pas le matériel nécessaire pour mettre en oeuvre la médecine traditionnelle. Comment pourrait-elle trouver les plantes nécessaires sous la meurtrier tapis blanc de l'hiver?

Sans réellement s'en rendre compte, elle s'est décalée de quelques pas en direction du chariot. La crainte perturbe son emprise sur sa magie. Son bouclier s'effondre en une pluie dorée sur le sol lorsqu'un coup vient le percuter. Toute cette violence... Et pourquoi? Pour elle? À quoi rime tout ceci? Pourquoi continuer à abreuver la mort? Toutes ces questions semblent désormais vide de sens. Elle a l'impression de s'éveiller d'un mauvais rêve. Les choses lui semblent si claires à présent: elle a fait fausse route, c'est évident!
"Mais qu'est-ce tu fous?"
Ce seront les derniers mots de l'Éveillé. Une violente - quoique dérisoire - chaleur s'écrase contre les joues rougies par le froid de la rouquine. Un autre cri s'élève. Plus proche. Plus lancinant. La disciple de Möchlog détourne le regard lorsque le revenant s'écroule, vaincu par les flammes. Elle est tout simplement incapable de supporter cette cruelle vision. Le second cadavre réagit prestement, exprimant sa fureur par un violent coup qui tranche net deux de leurs adversaires. Leurs? Là encore, cela n'a plus le moindre sens. Elle ne veut plus prendre part à cette ode à la mort!
"A-Arrête!"
C'est davantage une supplique qu'un ordre. Le pantin de chair obtempère par pure nécessité, désireux de se mettre à l'abris de la riposte adversaire. Il s'autorise alors un bref regard en direction de l'élève de Vithis. Celui qui lui répond est imprégné de tristesse et de doutes.
"Par Dalaï! C'est quoi ton problème?!" vocifère-t-il. "Qu'est-ce que tu attends pour dresser tes boucliers?"
"Ça n'a que trop duré!" obtient-il pour toute réponse. "Je me rends!"
La seconde phrase est cette fois-ci adressée aux mercenaires sur un ton catégorique! Les deux survivants de la bataille échangent un regard qui souligne leurs propres doutes. Pourquoi maintenant? Ils n'ont plus l'avantage et se préparaient à vendre chèrement leurs vies pour ne pas finir comme pantins entre les mains de la rouquine. L'offre est ainsi trop alléchante pour qu'ils la déclinent!
"Si c'est moi que vous voulez alors... oui, je me rends!" glisse-t-elle. "Mais uniquement si vous jurer sur l'honneur que vous laisserez mes compagnons vivre!"
"Tes compagnons?"
"Il y a une jeune fille dans le chariot!"
Ils échangent un nouveau regard tandis que le cadavre baisse lentement ses armes, hésitant visiblement encore sur la marche à suivre. Peut-être cherche-t-il le stratagème qui se cache derrière le changement d'attitude de son alliée. Alliée qui ne s'explique pas elle-même cette soudaine prise de conscience. C'est une totale remise en question. Mais elle sait que Möchlog comprendra. Il l'a toujours fait.

Elle s'avance à présent vers les deux guerriers. Ont-ils conscience qu'elle n'agit pas ainsi uniquement pour sauver la vie de ses alliés mais également pour épargner la leur? Trois vies qui perdureront encore un peu plus longtemps. Et une quatrième qui pourra profiter peut-être sereinement des prochains jours, à l'abris du domaine de Vithis. La rouquine décoche un sourire à l'éveillé en passant devant elle.
"Tu te souviens du village que nous avons évité hier matin?" s'enquit-elle. "Pourrais-tu y mener Ophélia? Si on l'abandonne elle risque d'y passer! fais ça pour moi s'il-te-plaît!"
"Tu vas vraiment pas bien, la roukmoute!"
"Et dis à Vithis que... je la remercie pour tout ce qu'elle a fait pour moi!"
"Ho non, pas bien du tout..."
Oui, elle est bien consciente que quelque chose d'étrange se passe. Et pourtant elle pressent que ce changement est issu des tréfonds de son âme. Ce n'est pas une illusion. Sa magie vient également de lui prouver que son corps se porte bien. Elle est peut-être telle une chenille muant en papillon? Est-ce que toute sa vie n'aura été qu'un prémice à cet instant? Elle s'approche finalement de deux mercenaires qui hésitent visiblement encore sur la marche à suivre et reculent à leur tour d'un pas.

Elle tend ses poignet aux deux hommes et leur adresse un signe de tête encourageant. Que vont-ils faire d'elle? Étrangement, ça ne lui importe que très peu! Ce qui compte, dans le fond, c'est que le sang n'abreuvera plus cette terre aujourd'hui! N'a-t-il pas déjà assez coulé?

Ophélia Narcisse
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Sur place ou à emporter ? EmptyVen 26 Oct - 9:31
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Pérégrins -2
... Pardon ? Ophélia avait entendu quelque chose qui avait fait sonner ses oreilles, mais elle ne pouvait pas se décider si elle hallucinait ou si le froid l'avait simplement rendue folle. Est-ce que Zora venait de demander la halte des hostilités ? Est-ce qu'un des revenants s'était envolé en cendres ? Et surtout, est-ce qu'elle venait de tout avouer à un ennemi présumé ?! Ils avaient toutes les chances du monde de gagner et surtout, sans aucune perte, alors pourquoi des remords ? Ou plutôt, pourquoi maintenant ?! Il n'y avait pas de meilleure issue pour les mercenaires que la mort, ils étaient déjà à moitié dans l'étreinte de leurs dieux ô si précieux et elle ... Si l'éveillé brillait de confusion, la vaironne, elle, à côté du chariot, baignait dans l'incompréhension. 

Elle écoutait d'une oreille distante les geignardes plaintes de celle qu'elle avait vu condamner un gamin d'à peine vingt ans à une mort certaine, comme si la cruauté s'était changée en pitié ... en pitié ? C'était de la faiblesse ! La peur d'avoir trop de sang sur les mains ? Mais ça ne faisait aucun sens ! Ophélia l'entend même ordonner à la charogne de la raccompagner elle ne savait où. Jamais ! Elle avait déjà fait assez de route avec des cadavres pour ne pas souhaiter la compagnie d'un qui savait parler ... non, elle n'était pas un cadavre elle-même, sa chair à elle était encore fraîche au moins ! Quoi qu'ourdissait Zora, si ourdissait elle faisait seulement, l'enragée aux cheveux opalins ne comptait sûrement pas la laisser n'en faire qu'à sa tête.

Ses yeux s'arrondissaient d'une colère aiguisée, prenante, se consumant comme les braises cendres deviennent brasier. Le blanc de ses joues se mue de rouge et la pureté de ses pupilles se macule de traits écarlates. Les épaules relevées, elle se dresse debout, tendue comme jamais elle ne l'a été. C'était insupportable de voir sa propre destinée s'échapper au gré de la volonté de personnes autre qu'elle même. Et si le vent des autres se décidait à continuer à souffler contre elle, alors Ophélia n'aurait aucun remord à leur renvoyer dans la face. La brise était froide ce soir, elle soufflait avec autant d'ardeur que de rage. La vaironne en avait fini avec son numéro de faiblesse. Il y avait bien quelque chose qu'elle pouvait faire ... ce ne devait pas être plus compliqué qu'asséner une pichenette à Sveny.

Les mèches tombantes, imbibées de neige se soulevèrent lentement. Un gémissement éthéré survint de l'écho du tumulte venteux, un crissement résonna et un claquement survint. Comme un fouet d'un autre plan, l'impact de l'air vint frapper les poignets des deux mercenaires encore debout. L'acier de leurs armes et la flamme de leurs torches se noyèrent dans le tapis de blancheur qui ornait la plaine. La voix de l'anomalie se fit entendre, suivant la complainte revancharde de la brise.

- TUE-LES ! 

Oh ce n'était pas à Zora qu'elle envoyait cet ordre, mais si cette dernière disait juste, alors le tas de chair moisie qui hantait ses pas n'obéissait pas à ses propres volontés à elle. Il comprenait certainement la nécessité qui soulevait un impératif sur la sécurité de la rouquine, tant pour ne pas mécontenter Vithis que pour s'assurer d'effectivement jouir de ses derniers jours restants. La froideur de son arme vint caresser les entrailles d'un premier soldat, tandis que l'autre se rua sur la torche éteinte, soulevant le bâton éteint comme la plus risible des défenses. En un râle désespéré, il articula son dernier mot.

- Merde ...

Ophélia, à côté du chariot, commençait à perdre le fil de ses pensées. Ce déchaînement magique avait été bien plus violent que ce auquel elle ne s'était préparé et son corps en payait effectivement le prix. Une goutte incarnate s'écoula de sa narine gauche, une forte nausée la prit, forçant sa paume droite à couvrir sa propre bouche. Sa vision s'assombrissait, le contour de ses yeux devenant de plus en plus aveugle. Ses pupilles se levèrent un instant au ciel et la dernière chose qu'elle put voir fut la silhouette du revenant qui brisait la nuque du dernier survivant de ses mains nues. La vaironne s'effondra alors dans la neige, inconsciente et destinée à ne pas se réveiller avant plusieurs longues heures.

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Sur place ou à emporter ? EmptyVen 2 Nov - 17:58

Si le monde peut s'affranchir de vous, il est en revanche nettement plus compliqué de s'affranchir du monde. Cette évidence rattrape violemment Zora lorsque un flot de sang s'écrase avec une étrange délicatesse sur son visage. L'apprentie de Vithis frisonne de dégoût mais reste immobile et silencieuse. La température ambiante à tôt fait de saper la chaleur du fluide vital qui finit par se cristalliser. La rouquine sert les poings. Au fond d'elle, la colère demeure. Mais quelque chose l'empêche de se manifester avec l'ampleur habituelle. Dans le fond, la fanatique ne sait guère comment réagir. Et finalement ce sont des larmes qui finissent par rejoindre les perles de sang sur ses joues.

Elle se retourne lentement en direction de l'Éveillé sur le visage duquel elle devine, caché sous la chair en putréfaction, la satisfaction du devoir accompli. Il ne s'excusera pas, elle le sait! Quand bien même il vient de réduire à néant ses efforts pour faire cesser des hostilités désormais dénuées de sens. Un halo doré se forme autours des poings de la disciple de Möchlog. Et pourtant elle ne parvient pas à esquisser les gestes qui lui permettraient de briser les os du revenant. Et le pire dans tout ça, c'est qu'elle se félicite de cette faiblesse...
"Je ne t'ai demandé qu'une chose!" lui rappelle-t-elle. "Une simple petite chose..."
Est-ce que l'appel du sang était si fort qu'il n'a su l'ignorer? Était-ce au contraire pour la sauver? Simplement pour faire bonne figure auprès de Vithis? La réponse, peu importe sa nature, ne pourra jamais être satisfaisante! Et pourtant Zora dissipe la magie qui imprègne ses mains. Les volutes dorées sont emportées par le vent d'Amisgal dans lequel elles finissent par se perdre. Répondre à la mort par la mort? Quel serait le sens d'une telle démarche?

Le cadavre se contente de l'ignorer après avoir vaguement levé ses yeux pâles en direction des cieux. Visiblement il n'a guère envie de débattre sur ce qu'il s'est passé. Et c'est probablement mieux ainsi dans la mesure ou Zora ne souhaite pas s'attarder sur ce regrettable incident. Aussi triste que cela soit, ce qui est fait est fait! Le passé est une source de regrets! Pourquoi le considérer? Spécialement lorsqu'il est aussi chargé que celui de la fanatique...
"Quel gâchis!" souffle-t-elle en observant les cadavres que le manteau blanc s'affaire déjà à engloutir. "Si j'avais ouvert les yeux plus tôt nous n'en serions pas là! Et si vous aviez respecté ma volonté le divin manteau de Möchlog n'aurait pas été délesté de ces deux plumes..."
Deux plumes incarnées par les derniers corps livrés à l'appétit du Khoral. Zora finit par détourner son regard ambré de cette vision dérangeante. Elle découvre alors Ophélia allongée sur le sol glacé et sa peine s'envole au profit de l'inquiétude. La fanatique se hâte alors de rejoindre sa cadette en tentant de faire abstraction de l'effort demandé pour vaincre la neige tenace qui ralentit chacun de ses pas. Elle s'agenouille ensuite à côté de la fille aux cheveux blancs, retire aussi vite qu'elle le peut l'un de ses gants pour chercher plus aisément le pouls sur le flanc du cou de la patiente. Elle finit par le trouver et lâche un soupir de soulagement.
"Aide-moi à la hisser à bord du chariot!"
"Et ensuite? On lui chante des berceuses et on lui fait des câlins?" ronchonne l'Éveillé. "Laisse-la! Elle ne peut rêver d'une meilleure mort! Et puis la plaisanterie assez duré, tu ne crois pas?"
"Tu vas m'aider, oui ou non? Tu me dois bien ça!"
"Je ne te dois rien du tout!"
La façon dont il prononce ces derniers mots ne laisse guère la porte ouverte au débat. Mais après quelques instants et un soupir rauque, le revenant finit par obtempérer. Il saisit alors le col de leur camarade imprévue avant de la balancer comme un sac à patate à l'intérieur dudit chariot. Zora désapprouve d'un regard mais s'abstient de faire un quelconque commentaire. Elle sent que la patience du cadavre fond comme neige au soleil. Et qu'il vaut probablement mieux éviter une altercation avec lui pour le moment. Là encore, ça n'aurait pas le moindre sens...

Sur place ou à emporter ? Separa10

Elle ne saurait dire combien de temps s'est écoulé depuis qu'ils ont repris la route. Difficile de se repérer à la position du soleil pour obtenir une quelconque indication dans la mesure où ce dernier est constamment caché par l'ombre du blizzard. Mais cela fait probablement quelques heures maintenant que la rouquine attend le réveil de sa cadette. Privée d'une partie de ses pouvoirs, elle ne peut être certaine de son diagnostique. Et pourtant elle reste confiante: c'est probablement dû à un usage abusif de la magie.

Ce qui l'irrite? C'est que la jeune fille aux cheveux blancs ait risqué sa vie pour sauver la sienne. Une chose qu'elle souhaitait absolument éviter! Et qui s'est pourtant produite... La rouquine ne sait guère quel discours elle tiendra à la patiente lorsqu'elle daignera ouvrir les yeux. Elle aimerait lui exprimer sa désapprobation. Ou plutôt, elle le devrait. Mais l'inquiétude reste bien trop présente pour qu'elle puisse réellement songer à lui faire des reproches.

Et puis elle a mis à profit le temps qui s'est écoulé pour s'interroger. Que lui arrive-t-il? D'où vient cette... révélation? Pourquoi maintenant? Elle s'en est assurée maintes fois: son corps va bien même s'il est éprouvé par le climat sans concessions de Khurmag. Et elle ne songe d'ailleurs pas à remettre en question la pertinence de cette force qui lui souffle de faire preuve d'un altruisme digne des plus grands hérétiques de Möchlog. Simplement à comprendre d'où ce sentiment étrange peut provenir. La Chouette aurait-elle subitement eu d'autres projets pour elle? Qu'Elle soit louée!
"J'aurais pu t'abandonner à ton sort..." glisse-t-elle à sa cadette lorsqu'elle celle-ci ouvre les yeux. "Si tu es encore vivante, c'est grâce à moi! Et la réciproque est également vraie! Nous sommes donc quittes!"
La dette est payée! Enfin pas tout à fait! Car elle attendait de sa cadette qu'elle respecte sa volonté! Et, tout comme le cadavre, elle ne l'a pas fait! Zora ne demandait pas à être sauvée! Simplement à ce que sa mort rachète une partie de ses crimes! Ophélia n'avait pas le droit de lui refuser ça! Et à présent il convient de choisir ce qu'il faut faire de cette tueuse en puissance.
"On dit que lorsque les fauves ont goûté à la chair humaine ils n'ont qu'une seule obsession: en manger à nouveau!" souffle-t-elle. "Et toi, Ophélia? Es-tu semblable à ces animaux? Comptes-tu faire à nouveau couler le sang?"
Elle ne le souhaite pas! Mais elle ne peut décemment pas redonner sa liberté à une fauve qui n'aura qu'un seul empressement: tuer à nouveau! L'altruisme est exigeant. Peut-être un peu trop. La rouquine se déteste déjà pour ce qu'elle sera peut-être appelée à faire dans l'intérêt général...

Ophélia Narcisse
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Sur place ou à emporter ? EmptyDim 4 Nov - 13:51
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Pérégrins -2
Pas de rêves pour la vaironne, juste un vide, un simple néant doué de parole. Les murmures dans le noir, les chuchotements dans sa tête, elle croyait les entendre l'appeler. Son nom se répétait en écho dans son âme mise en abyme, comme la tonitruante clameur d'une foule à l'affût, cherchant sang, justice et rétribution. Et le mystère de chacun d'entre eux recelait dans la personne de l'anomalie, née pour souffrir, revenue pour endurer. La rumeur pulsait au battant de son oreille, comme le métronome qui sert de coeur, et elle, elle flottait dans un vide à la brume aussi épaisse qu'un lit de neige. L'instant dans cet horizon sans vie dura aussi longtemps qu'il fut court. Une brève éternité pour un rêve dénué de sens, dénué de rêves, comme tous les autres. 

Son réveil fut aussi doux qu'il fut tumultueux. Elle ouvrit difficilement ses yeux, et à peine ses cils eurent le temps de se démêler qu'elle entendit une voix à laquelle elle s'était accoutumée, mais jamais sur ce ton. Où était l'arrogance ? Le complexe de supériorité ? La manière hautaine qu'elle avait de ne parler que d'autrui pour ne donner place qu'à un jugement propre à ses pensées ? Sûrement ce changement avait un sens. Et surtout, quel accueil, si la rouquine a changé de par son caractère, au moins son sens de la courtoisie demeure inchangé, éternellement déficient. Comment lui en vouloir ? Facilement. La plus récente mémoire d'Ophélia indiquait une Zora prête à les délivrer à des mercenaires dont elle ne savait rien. 

La remarque de la my'tranne ne trouva d'abord qu'un mur, la vaironne releva la tête trop brusquement, ne réalisant que bien tard l'ampleur de la migraine qui demeurait malgré la profondeur de ce sommeil. La fine douleur était semblable à une aiguille, parcourant le dessus de son crâne, griffant sa peau de l'intérieur, parcourant sa chair blanche comme neige à la recherche de l'endroit où elle piquerait le plus fort. Un mouvement brut de recul se fit ressentir, alors que la jeune femme aux cheveux de neige porta ses deux mains sous ses cheveux avec une acerbe mine aussi endolorie qu'épuisée. Son teint était plus pâle encore que d'habitude, les poches sous ses yeux étaient sombres comme une cave et la ride qui les soulignait était creusée comme faille dans la terre. Son regard encore trouble tentait de fixer les yeux braises au travers du flou qu'elle essayait de surmonter, elle ne rencontrait que deux petites flammèches brouillonnées.

Plissant les paupières, Ophélia tentait de laver d'un mouvement de la main, le filtre de ses pupilles, qui, certainement, finirait bien par disparaître. Sa vision en devint plus claire, et les contours du visage de la seule chair vivante ici se dessinèrent enfin à la plus fine des mines. La vaironne passa un regard autour d'elle, ne rencontrant que le blanc nacré de la bâche protectrice et la nuance boisée des bancs. Son regard se baissa sur les cadavres encore amoncelés dans le fond de la charrue, à force d'habitude, elle avait prise leur vision pour acquise et l'odeur s'était rétractée avec le froid. L'anomalie regardait encore le vide, quand Zora posa sa question. Lentement elle redressa ses yeux vairons avec une confusion palpable sur sa comparse, une nuance de reproche se distinguant d'entre ses pupilles serrées.

- Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi ..? Un instant tu ordonnes le meurtre d'un gamin sans broncher, tu mènes un assaut contre des mercenaires avec la seule hâte qu'ils finissent en charpie et maintenant tu me deman... tu oses me demander si je compte tuer à nouveau. 

Ses sourcils se penchaient en une pente rejoignant l'arrête de son nez, froncés comme l'on regarde un enfant se délier d'une bêtise par la voie du déni. Drôle de métaphore pour certains, mais encore, Ophélia travaillait autrefois dans une boutique de jouets. Alors, des petits esprits, elle en avait vus. Mais ce sont les maquettes de ce que sont les adultes qui venaient la visiter, de l'avare à l'envieux, de l'ambitieux au fainéant, du fourbe à l'honnête, elle avait vu tous les caractères entrer dans sa boutique à mesure des jours. L'âge n'est qu'une restriction des sentiments, au fond de l'âme, un humain est éternellement un enfant. Alors, ce trait de personnalité dont Zora démontrait, la vaironne le connaissait bien, démanteler ses torts, les jeter sur les autres, l'une des pires formes du déni et ça l'irritait. 

La confusion dans son ton laissa soudain place à une vive colère qu'elle ne se soupçonnait jamais, pas hors de la boutique. Ce n'était pas la fureur qui la prenait pour la mener sur la voie du sang, ni même celle qui était destinée à faire taire pour toujours une personne qui la contrariait ou bien un client dérangeant. C'était le ton d'une femme qui n'avait pas vécu, n'avait pas péri, n'était pas revenue pour qu'on lui dise que tuer ce n'est pas bien. A l'instant, elle avait surtout l'impression que la rouquine la prenait pour une profonde demeurée et l'insistance de sa vexation comptait bien démontrer qui des deux, ici, était véritablement décalée. 

- Alors, quoi ? Tu peux tuer, mais quiconque le fait alentour mérite le jugement divin ? J'aurais préféré le laisser en vie, cet imbécile, si j'avais eu le choix, mais qu'est-ce que tu crois ?! Si toi, tu veux mourir, grand bien t'en fasse, mais moi, je ne te laisserai sûrement pas décider pour moi, pas même pour mon bien ! 

La levée de sa voix lui faisait un mal de chien, sa tête pulsait comme si son coeur était monté jusqu'à son crâne. Sa gorge enrouée laissait parfois son ton se déformer, témoignant de toute l'énergie qu'avait faite monter la rouquine avec simplement une remarque ingrate et une interrogation tout sauf légitime. Le ton de la colère s'abaissait peu à peu, retrouvant un calme relatif, mais le ton du reproche demeurait, encore et toujours. Le visage de la vaironne retrouva un peu de sa neutralité, mais son regard fusillait constamment les pupilles ardentes d'une autorité qu'elle ne se connaissait qu'avec les gosses de Zuhause. 

- A ta question, si je compte à nouveau goûter à la saveur du sang, je te répondrai que l'arrière-goût m'a déjà écoeurée, et que si tu voulais m'empêcher de tuer, tu arrives bien trop tard ! Je me suis imposée cette limite seule, pas parce qu'une étrangère qui n'a aucun mal à tuer un gosse m'a dit que ce n'était pas bien, mais juste parce que mon âme est trop chargée de ses crimes. Alors, Zora, est-ce que TOI tu comptes renouveler ton festin, ou bien alors ta culpabilité te pèse assez sur les épaules pour que tu puisses enfin ressentir son poids ?

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