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Chroniques d'Irydaë
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 Sur place, c'est plus pratique

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Sur place, c'est plus pratique EmptyVen 11 Jan - 11:07
Irys : 1609400
Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Il y a des choses dont on se lasse plus vite qu'on ne les accepte. Le khoral était l'une d'entre elles, au même titre qu'une belle-mère véreuse, ou un zagashien qui parle de lui. Le froid était comme une vieille tape dans le dos d'un ami un peu brute, qui ne sait pas que sa main, et ce, bien qu'elle fasse la largeur qui sépare les deux omoplates, cause plus de dégâts à l'ossature qu'elle n'inscrit de points dans l'amitié. C'était ce genre de fardeau qu'était cette tempête, le genre à ne rien apprendre, mais tout simplement et tout bonnement à emmerder le monde, juste parce que le besoin s'en pressentait. Les dieux n'étaient décidément que des gamins trop gâtés.

La vérité, c'est que ça devenait assez redondant, ce périple. Un temps dans le désert, un temps dans un village, pas de toit pour dormir, alors Ophélia empruntait les étales. Si elle avait de la chance, une bonne âme lui venait en aide et la relevait de sa misère, souvent contre compensation ... propre à sa nature. Le hameau qui s'approchait ne serait certainement pas différent, elle ferait le tour des auberges, des maisons, puis, si aucun imbécile n'est assez stupide pour tolérer sa présence dans leur foyer, elle s'amuserait à comparer les préaux derrière chaque bâtisse. Un quotidien charmant.

Alors, la vaironne s'essaya à une, deux, trois maisons, au même titre qu'un tour de chauffe ... le succès n'était pas exactement au rendez-vous. Elle frappa à une dernière porte, juste pour s'assurer que c'était bien le destin qui était à remettre en cause et pas la confiance qu'elle inspirait. Le grincement du bois vint dévoiler un visage angulaire aux tons aigris ... c'était mal parti. Avec son ton fatigué, l'anomalie introduit simplement, essayant de susciter la pitié à la brave dame qui lui avait ouvert.

- S'il vous plaît, je gèle dehors ... j'ai vraiment besoin d'aide ou ...

- Vous allez mourir ? Oui, certainement. Vous n'aviez qu'à pas descendre dans le khoral, idiote.

Et la porte claqua sans qu'elle ne puisse seulement protester. Afin de mettre l'emphase sur à quel point elle n'était pas la bienvenue, le loquet se fit entendre depuis l'autre côté. Ophélia resta plusieurs secondes immobile à digérer la remarque de la vieille. Son regard était fixé sur la porte de bois comme si elle allait en arracher les planches une par une, quitte à s'en retourner les ongles. Cette tempête commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Elle se détourna simplement de la maison avec une remarque concise, mais appropriée.

- Connasse.

Amusant, ça faisait un bon temps qu'elle n'avait pas utilisé d'insultes, enfin, pas envers une personne, mais les Architectes faisaient toujours exception. A une époque, les jurons fusaient ... bien que ce ne soit certainement pas la meilleure référence à un temps donné. A ce moment là, elle se coupait encore elle-même par pur délire, mais il fallait avouer qu'un peu de folie, de temps à autre, ça faisait du bien. Si seulement elle savait un peu mieux maîtriser sa magie, elle aurait fait s'écrouler ce taudis ... évidemment qu'il le méritait, au vu des rats qu'il abrite, ce n'était pas pire qu'exterminer une souricière. 

Au final, Ophélia se baladait entre les allées, peu enjouée à l'idée d'essayer une autre porte. Si c'était pour tomber sur un autre élu de cette vie, elle préférait s'étrangler avec de la neige. Elle était vraiment énervée, cela faisait longtemps qu'elle n'avait jamais osé se frustrer de la sorte, elle se considérait comme illégitime à une telle chose. Comment comptait-elle seulement être humaine si elle négligeait ses propres ressentis ? Oh puis merde ! Ce village n'était qu'une décharge ! Un amoncellement de détritus qui ferait aussi bien de disparaître ! Le pire qui puisse arriver est que les Architectes en prennent offense, alors quel point négatif y aurait-il à faire cramer cet endroit ?! Quelle soirée de merde ...

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Sur place, c'est plus pratique EmptyMar 15 Jan - 16:08

Même une élue de Möchlog est limitée par les impératifs imposés par un climat comme celui qui étrille Khurmag. Une vérité que la rouquine ne connaît que trop bien maintenant. Et qui ne peut guère être ignoré malgré le tort que cette évidence inflige à un ego qui se distingue par sa démesure. Le moindre instant est une lutte pour la survie sur ces terres ravagées par le blizzard. Et si la nécromancienne en devenir pourrait survivre à la nuit glaciale au prix d'une quantité de magie aussi déraisonnable que conséquente, sa raison la pousse à opter pour une option plus acceptable. Pourquoi risquer la mort quand il est si aisé de s'approprier les biens des autres. La chaleur du foyer des autres lui convient parfaitement. Pour peu que les "autres" en question ne soient plus dans les lieux, évidemment!

La rouquine ajuste à nouveau son écharpe sur son visage, contrant ainsi les velléités du vent qui semble vouloir la dévêtir. Comme si Amisgal avait décidé de se joindre à la mortelle danse de Dalaï. Fort heureusement la grâce de Möchlog lui permet de tenir bon et de moins souffrir que les autres mortels des affres du temps. Elle ose à peine imaginer ce que les inférieurs ressentent dans ces conditions désastreuses. Et peut-être qu'elle aurait pu les plaindre si la Chouette avait décidé de la doter d'un semblant de compassion. À quoi peut ressembler une existence vouée aux autres? Elle ne peut que frisonner davantage en tentant d'imaginer un tel supplice...

Une ombre s'extirpe des flocons qui voltigent dans l'allée qu'elle a empruntée. La fanatique marque un temps d'arrêt et se contente d'attendre, curieuse de savoir s'il s'agit d'un simple résidant de cette esquisse de village ou de l'un de ces mercenaires trop tenaces pour leur propre bien. Elle se rend bien vite compte que les deux options sont erronées. La surprise passée, la disciple de la Chouette se fend d'un sourire aussi froid que la température ambiante. Tiens, elle a survécu? Voilà qui est... inattendu. Et probablement inapproprié! Mais si Möchlog a décidé de sauvegarder sa méprisable existence, que faire sinon accepter le verdict divin?

Les secondes s'égrainent lentement. Puis Zora détache son regard ambré de celui, vairon, de sa vis-à-vis. Son attention se porte à présent sur la bâtisse sommaire mais pleine de promesses qui se dessine sur sa gauche. Elle fait ensuite les quelques pas nécessaires pour rejoindre le pas de la porte qui lutte vaillamment contre le souffle puissant d'Amisgal. Le poing de la rouquine ne tarde pas à s'écraser à sa surface une première fois. Puis une seconde et enfin une troisième. Ce n'est qu'à la quatrième tentative qu'un visage daigne finalement apparaître derrière la porte à peine entrouverte. Tu parles d'un accueil!
"QUOI ENCO...?"
Le ton est menaçant et peut engageant. Mais Zora n'est pas venue demander une quelconque autorisation. Sa force amplifiée par la grâce de Möchlog, elle repousse violemment la porte et pénètre dans les lieux. Tout au plus marque-t-elle un temps d'arrêt dans l'encadrement de cette dernière pour inviter Ophélia à la rejoindre d'un regard agrémenté d'un signe de tête on ne peut plus explicite. Suite à quoi elle considère la quarantenaire qu'elle vient de jeter au sol et les différents regards qui se posent sur elle avec un mélange de colère, de peur et de curiosité. Quelle belle famille que voilà...
"Même pas un bonsoir?" s'offusque-t-elle, sourcils froncés. "Les habitants de cette région sont décidément bien mal élevés... Même pour des gueux!"
Considérant toujours le trio de personnes présentes, s'attardant un bref instant sur la jeune femme qui doit incarner l'union d'un amour qu'elle ne parvient pas à saisir, Zora retire ses gants de fourrure avant de les jeter sur le meuble le plus proche. Elle ne sait pas encore ce qu'elle fera d'eux. Ou, plutôt, comment elle leur ôtera la vie. Mais cela peut attendre! La nuit promet d'être longue et il convient de ne pas gaspiller les rares distractions offertes par les lieux. Même si les distractions en questions ne semblent pas décidées à rester sages. Un grand classique, malheureusement...

Le mari, estimant probablement que son rôle consiste à protéger son maigre clan, ramasse la lame de mauvaise facture accrochée au-dessus de la cheminée. Le regard blasé, Zora le laisse faire. Elle n'arriverait probablement pas à le convaincre qu'il n'est en rien dans son intérêt de jouer au héros. Elle l'invite donc d'un sourire à tenter sa chance, extirpant sa propre lame du pan de son large manteau. Elle reconnaît volontiers le courage de cet homme. Il n'en manque pas, c'est évident. Mais ses talents martiaux sont affligeants. Elle fait un peu de côté pour éviter l'attaque précipitée avant d'écraser son talon contre l'articulation de la jambe de son hôte involontaire. Il tombe à genoux. La lame offerte par Ludwig lacère avec délicatesse la gorge offerte. Et l'homme s'écroule docilement, optant enfin pour la raison.
"D'autres volontaires?" s'enquit-elle avec indifférence. "Non?"
La fanatique hausse les épaules et range sa lame avant de se diriger vers la marmite qui trône dans l'âtre de la cheminée. Elle ne parvient guère à humer le parfum du ragoût qu'elle y découvre, ses capacités olfactives étant limitées par son nez rougi. Mais ça a l'air bon! Aussi ne se fait-elle pas prier pour se servir quelques platées dans un bol en bois avant de rejoindre la table ou la plus jeune du trio est encore installée. Zora ignore le regard larmoyant. L'intéressée est choquée, c'est normal. Tout comme sa mère qui rampe à présent en tremblant vers le corps de son défunt compagnon. La rouquine ne va pas s'en plaindre: elles risquent d'être silencieuses un moment, trop abasourdies ou noyée sous le chagrin pour concilier les faits et la réalité. Du déni? Du bon sens?
"C'est absolument délicieux! Mes félicitations!" lâche-t-elle après avoir savouré une première cuillerée. "J'ai probablement fait le bon choix en acceptant votre invitation! Pour tout vous dire j'hésitais entre votre demeure et celle de votre voisin!"
Une explication qui ne réchauffe guère l'ambiance. Zora passe son regard sur les deux femmes tout en se demandant si Ophélia va venir la rejoindre. La disciple de Möchlog n'entend pas laisserer la porte ouverte encore longtemps. Comme si l'ambiance n'était pas déjà assez glaciale...

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Sur place, c'est plus pratique EmptyMar 15 Jan - 22:37
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Profession : Cible mouvante pour Régisseur
Pérégrins -2
Une silhouette à droite, seule, comme elle, dessina une ombre furtive dans le coin de son oeil, au-delà des plis de sa capuche qu'elle n'eut que brièvement le temps de retrousser. Le vent en emporta la surface lorsque ses mains en lâchèrent simplement les bordures, laissant à la brise tout le loisir de lui éclabousser le visage. Ses yeux vairons, serrés sous des paupières étroites, s'arrondirent doucement en reconnaissant les mèches rouquines qui l'avaient envoyée crever, pas nus dans ce désert de glace. Pourquoi ? Parce qu'elle jugeait que son dieu en avait pris la décision ... au travers d'une pièce. C'était ridicule, mais au vu du détour qu'elle fait autour de sa personne, apparemment, elle y croyait dur comme fer. Si elle avait vraiment voulu sa mort, elle aurait fini le travail, et au moins, cela n'avait rien de personnel. D'ordinaire, son existence seule était une excuse bien suffisante pour la rendre éligible au gibet.

L'anomalie la regarde passer, sans un mot, la regarde frapper à la porte, sans plus de commentaires. Du peu qu'Ophélia avait vu, elle devinait sans mal que le sens de la diplomatie de Zora était quelque peu bancal, sous-développé, sans doute. Une autre chose qu'elle comprenait sans mal, après tout, il ne fallait pas être brillant pour cela, c'était que la my'tranne ne prendrait certainement pas non comme une réponse. Et la voilà qui frappait ... une ... deux ... trois ... quatre fois à la porte que la vaironne venait de maudire. Le destin devait certainement avoir un sens de l'humour torride. Jusqu'alors,  la jeune femme aux cheveux laiteux n'osait pas encore complètement se retourner, elle observait par-dessus son épaule, en retrait. 

Et la porte s'ouvrit grand. La lumière scintillait depuis l'abri, elle appelait l'anomalie, résonnait dans l'air froid comme un chant des sirènes. Aucune volonté ne cède pas lorsque c'est la survie même qui la met à l'épreuve, mais contemplative comme elle l'était, Ophélia n'y abdiqua que lentement. Doucement, elle se retourna, savourant des yeux l'accomplissement de son souhait. C'est pourtant un regard neutre qu'elle arbore, encoché par des cernes et une lassitude qui n'a que le khoral à blâmer. Enfin, elle s'approche, posant la main sur la surface du mur qui loge la porte d'entrée. De là où elle était, l'anomalie ne fit qu'entendre le glissement du couteau sur la chair, elle ne vit que le résultat, un père gisant au sol, une femme entamant un deuil ... une fille laissée à elle-même. 

Zora, coupable de ce meurtre, semble avoir le sens du profit, de l'optimisation. Evidemment qu'un repas était de rigueur, la vaironne elle-même crevait de faim. Le cadavre jonchait encore l'entrée que la rouquine appréciait sa pitance. L'ancienne daënare jetait un regard confus à la sorcière, puis à la charogne, puis à sa femme. Elle connaissait ces sentiments, elle savait que ça faisait mal, elle ne le savait que trop bien. Une étrange sensation d'intruse se fit ressentir, comme si personne ne la remarquait. La femme pleurait son homme, la petite se perdait dans un déni mortuaire et la dévote appréciait les délices du palais. Ophélia se sentait ici comme un fantôme ... un constat approprié. Le constat cynique de la meurtrière appuya la trivialité de ces événements, ces gens n'étaient que victimes du hasard. 

La période de bienvenue ne durerait qu'un temps, la cristallisée le devinait également, hésitante, elle enjamba le corps du mari, ignorant la mégère qui avait accepté sa mort comme l'on déplore les pluies de l'hiver. Le vent avait tourné d'une manière bien tragique pour elle, peut-être n'était-ce que justice ? D'un pas de velours, obnubilée par sa propre confusion, la vaironne tira le dossier d'une chaise et y installa son dos rocailleux. Devant elle, un couvert se dressait, ragoût dans le creux d'une assiette, verre empli d'un drôle de liquide qui sentait fort. Une main lestement passée par-dessus son buste vint l'alerter des battements de son coeur qui roulaient comme des gravas. Pourquoi était-elle aussi tendue ? Peut-être était-ce la beauté de la situation, c'était bien trop fortuit pour oser y croire. Elle se tenait si droite que son échine semblait s'être figée de gel. 

Alors, il ne suffit que d'un bruit pour la faire réagir. Un glissement de pas, le bruit d'une botte tapée contre le bois, l'initiation d'une course. Zora n'avait pas bougé, la petite demeurait pantoise. La femme, elle, Ophélia ne la voyait pas, c'était dans son dos qu'elle mêlait ses larmes au sang de son mari. En un sursaut causé par le bruit mentionné, l'anomalie se redressa, sa tête se fixant au-dessus de ses épaules comme électrocutée. Le vent siffla, et la porte se ferma. Aucun verrou ne se fit entendre, juste un bruit d'impact sourd, suivit d'un craquement. La porte se rouvrit, puis se clôt, se rouvrit, puis se clôt, encore, et encore, et encore et encore ... 

Les yeux écarquillés, la respiration instable, la vaironne n'osait pas regarder par-dessus son épaule le sort qu'elle infligeait à la moucheronne piégée dans son fil. Elle faisait se claquer la porte de par la portée de sa magie, improvisant une guillotine contondante à la mégère dont elle avait souhaité la mort. Peu importait si elle ne bougeait plus, le battant continuait son office ... et battait. Une goutte écarlate coula de la narine de l'anomalie, son visage blême, d'aspect effrayé, n'en faisait que mieux ressortir le rouge luisant. Tremblante, elle essuya sa peau pâle, et enfin la porte s'arrêta de battre. Le cou rompu de la mère fit cogner sa tête contre le plancher, et lentement, le vent ramena l'intégralité du cadavre à l'intérieur, avant de définitivement fermer l'entrée. 

Le regard d'Ophélia commença à doucement remonter, passant de ses genoux aux yeux morts de la fillette. Sa bouche entrouverte, la vaironne articula tant bien que mal une vérité dont elle connaissait l'exactitude, elle lui était avérée.

- Ca ... ne fait mal que pour un temps, tu sais.

Elle dessina un sourire forcé sur ses lèvres. Au travers de ses mots, on pouvait deviner qu'elle-même était terrifiée, pas par Zora, pas par les cadavres, mais par les conséquences. Qu'en était-il de son âme, si tuer devenait un instinct ? Sa rédemption, sa souffrance, tout n'avait été qu'une hypocrite illusion ? Un mensonge si bien proféré qu'il avait dupé son origine même. Le deuil ne blesse qu'un temps, c'était bien vrai, après ... on vit avec, et on brûle de l'intérieur. 

Baissant son regard sur la table, haletant de son usage excessif de magie, Ophélia déposa les avants-bras sur la surface, puis, elle considéra la boisson qui sentait fort. Oh elle en avait vu des abrutis qui noyaient leurs soucis dans l'alcool, elle savait bien que ce n'était pas que du désinfectant pour les plaies, c'est un onguent pour l'âme. Fermement, elle saisit la choppe et avala tout le contenu, avant d'en grimacer ... elle n'était pas usée à ce genre de liberté. Son visage retrouva une allure de confidence, laissant la frayeur avec la sobriété au profit d'un calme, toujours nerveux. Sa main vint saisir une pomme, sans aucune délicatesse, la mordant comme si le salut même y résidait. 

- Qu'est-ce que tu vas en faire ?

Demanda-t-elle également à Zora, entre deux bouchées. Elle, elle n'avait pas d'avis, là où la jeune femme en était rendu, il valait mieux mourir, Ophélia le savait parfaitement, elle avait vécu la vie qui l'attendrait. Mais une vie encore jeune peut valoir la peine d'être vécue, mais la mort n'est pas aussi terrible hôte qu'on ne le prétend ... la vaironne n'avait aucune décision fixe à rendre.

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Sur place, c'est plus pratique EmptyMer 16 Jan - 15:30

Elle lève à peine le regard lorsqu'une silhouette devenue familière par la force des circonstances pénètre à son tour dans la bâtisse. Zora n'a pas eu l'occasion de manger un repas chaud depuis la veille et son estomac entend bien obtenir son dû. Mais au-delà de cette observation purement pratique, la rouquine ne sait guère ce qu'il convient de dire - ou même de faire - de la vaironne. Elle se contente à nouveau d'un second regard à sa cadette lorsque cette dernière prend place en face d'elle et s'accapare la pitance de celle qui reste encore la maîtresse des lieux mais qui s'entête à briser l'ambiance de ses sanglots névrosés. Une preuve supplémentaire que l'amour n'est rien d'autre qu'une impardonnable faiblesse!

Quoi qu'il en soit le relatif silence qui règne dans la demeure convient parfaitement à la fanatique. Elle n'a jamais été une grande adepte des conventions sociales et des discussions stériles. Les regards ou les gestes sont d'ailleurs plus révélateurs que la plupart des mots. Et ils ont l'avantage d'exprimer la vérité là où le poison verbal travesti bien souvent la réalité. Non, vraiment, ce calme qui contraste avec les hurlements agressifs du Khoral est parfaitement agréable. Et pourtant l'élève de Vithis est consciente qu'il volera tôt ou tard en éclat. Möchlog lui a accordé bien des privilèges mais certainement pas celui de la quiétude...

Les faits lui donnent raison lorsque la vaironne se lance dans une véritable débauche de violence. Les chocs répétés du bois contre la chair rythment d'une manière particulièrement rude les longues secondes qui s'écoulent. La curiosité de Zora est immédiatement attisée tandis qu'elle observe sa cadette faire. D'où provient cette rage? Depuis quand Ophélia la contient-elle? Et, surtout, que signifie-t-elle? Tant de questions et si peu de réponses...

Elle en est encore à se demander si le sujet mérite d'être creusé ou si cette distraction doit être acceptée pour ce qu'elle vaut quand Ophélia brise soudain le silence pour s'adresser à la survivante de leur trio d'hôtes. Un rire amusé franchit le seuil des lèvres de la fanatique en réaction aux mots prononcés par la rouquine et au sourire étrange qui les conclue. Est-ce une forme de regret qu'elle devine? Un semblant de peur? Zora plisse les yeux comme si cela pouvait lui offrir une meilleure opportunité de deviner les pensées qui se cachent derrière le regard dépareillé de l'étrangère.

Toujours est-il que la disciple de Möchlog ne juge pas utile de confirmer ou d'infirmer les propos de celle qu'elle a abandonné aux morsures du froid quelques jours plus tôt. Elle se fiche pas mal d'apporter un quelconque réconfort à la survivante. Et elle connaît assez ses semblables pour savoir que le plus doux des mots n'aurait pas la moindre prise sur l'angoisse, la douleur et la peine qui l'habitent. Pourquoi perdre un temps qui, sans être réellement précieux en cet instant, pourrait être utilisé de manière plus sensée? Elle n'a toujours pas terminé le délicieux ragoût gisant dans son bol, après tout...

La rouquine délaisse donc les autres personnes présentes et se focalise sur le seul bien-être de son estomac. Et si elle juge d'un regard durement équivoque l'alcool que sa cadette ingurgite sans la moindre modération, elle s'abstient à nouveau de faire le moindre commentaire. Ce n'est que lorsqu'une question lui est directement adressée que la fidèle de la Chouette daigne finalement se servir de la serviette disposée à côté de son bol pour s'éponger les lèvres et observer tour à tour Ophélia et l'inconnue. Ce qu'elle compte faire de cette dernière? Bonne question...
"Allons, Ophélia! Notre hôte mérite tout de même un minimum de considération, tu ne crois pas? Ce n'est pas un objet dont nous pouvons disposer à notre guise!" la reprend-t-elle, sourire en appui au coin des lèvres. "Néanmoins je reconnais que ta question n'est pas dénuée de pertinence..."
La moindre syllabe prononcée est absoute de la plus infime particule de vérité. Ophélia l'aura sans doute compris. Ce n'est qu'un acte supplémentaire d'un jeu particulièrement morbide mais qui repose également sur une évidence: un otage qui pense pouvoir survivre se montrera toujours plus conciliant qu'un condamné à mort. L'espoir, ce poison, est une faiblesse qu'elle se fait un plaisir d'exploiter depuis de longues années. Tous ces sentiments qui font la fierté de l'extrême majorité de son propre peuple sont autant de tares qu'il est aisé de retourner à son avantage.
"Comment t'appelles-tu?"
"..."
"Si tu ne souhaites pas employer ta langue peut-être devrais-je t'en délester? Parle!"
"Flo... Flora!"
"Mouais! Pourquoi pas après tout..."
La fanatique hoche la tête avant de reprendre son observation attentive des zones dénuées du corps de leur hôte. Il n'y a rien qui lui évoque une quelconque trace d'impureté. Et même si ça avait été le cas, elle n'est peut-être plus aussi absolue qu'autrefois. Les impurs auront aussi leur rôle à jouer lors de la guerre qui frappera inévitablement les contrées amorphes de sa terre natale. Zora hausse finalement les épaules avant de tirer l'irys qui a décidé du sort d'Ophélia quelques jours plus tôt. La pièce dorée s'élève dans les airs puis atterrit à nouveau dans la paume de l'élève de Vithis. Elle en découvre alors le résultat et, donc, le verdict de Möchlog.
"Et bien, Floflora... Sache que si tu dois mourir aujourd'hui, ta mort ne sera pas de mon fait!" glisse-t-elle avant de reporter son attention sur la vaironne. "J'imagine que ça répond à ta question?"
Une manière comme une autre de lui faire comprendre que le sort de cette fille l'indiffère et que, si l'étrangère le souhaite, elle peut en disposer à sa guise. Zora ne s'offusque pas de la décision de son dieu, se contentant de l'accepter avec révérence. Son verbe est loi! Mais elle ne crache pas pour autant sur une petite distraction. D'autant plus qu'Ophélia semble avoir de la suite dans les idées lorsqu'il s'agit de donner la mort. Il est vrai que son style contraste avec les frappes chirurgicales, reposant sur une connaissance poussée du corps humain, de la disciple de Möchlog. Mais cela n'enlève rien au charme brut des actes de sa cadette...
"Je me demandais... Comment as-tu fait pour réussir à survivre?" demande-t-elle finalement. "Non que cela m'intéresse particulièrement mais de longues heures se dessinent devant nous. Des heures qu'il faudra bien occuper d'une manière ou d'une autre, n'est-ce pas? Et puis je suppose que Flora apprécie également les bonnes histoires?"
Le regard ambré croise à nouveau celui, bleuté, de la jeune adulte. Elle y découvre un vide sidérant sublimé par une pellicule aqueuse évoquant la rosée matinale. Par pitié, qu'elle ne se mette pas à pleurer pendant le repas...

Ophélia Narcisse
Ophélia Narcisse
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Sur place, c'est plus pratique EmptyMer 16 Jan - 23:44
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Ophélia devinait le fiel derrière les lèvres de sa "comparse". Elle ne lui jeta qu'un regard sur le côté en guise de réponse, vide de reproches, mais vide de sympathie. L'humour a un temps pareil n'était jamais une opportunité à saisir, ni même une possibilité à envisager, pour ça, il faut avoir l'habitude de tuer, y être usé. La vaironne avait simplement perdu la main, trois mois plus tôt, elle s'y serait donné à coeur joie, les my'trans, et peut-être le pense-t-elle encore, sont mieux placés au côté de leurs divinités que sur ce monde. Anomalie qu'elle était, on ne se dérangeait pas à décider de son avenir en son nom, elle n'avait pas la supériorité d'esprit de ne pas rendre la pareille. Peut-être que cette enfant mourrait si un dieu l'attendait de l'autre côté, de toute manière, rien n'était jamais assuré. 

La pomme que la cristallisée rognait du bout de ses dents vint finalement heurter la table sous la forme de trognon. L'index et pouce gracile qui l'avait envoyé baladé s'était apaisé de ses tremblements, le stress du soudain était redescendu et Ophélia retrouvait sa flegme d'ordinaire. Encore, Zora s'en remettait à son "destin", toujours cette pièce qui l'avait condamnée à se geler les pieds pour survivre. C'était mieux que mourir avec tant à faire encore, le khoral n'était qu'une étape, pas la fin. A la remarque de la rouquine, la jeune femme aux cheveux de neige croisa les bras, fixant la progéniture entre les deux yeux avec une froideur dans l'âme.

- Elle y répond, mais n'en assure pas la véracité. 

Un avertissement, peut-être, une menace, bien moins. C'était bien plus un fait qu'autre chose, l'avenir a ses caprices et ce sont les mortels qui en paient les frais. Cette innocente-ci venait de rencontrer un terrible sort, engendré uniquement par le manque de chance, oui, c'était injuste, mais non, il n'en était pas autrement. Maintenant ses parents étaient morts, l'un saigné comme un porc, l'autre, cou disloqué comme un poulet, que restait-il sinon que du bétail dans cette maison ? Entre la pigeonne rousse des dieux, le dindon de la farce qu'incarnait l'anomalie et la brebis dont la survie était en suspens, il n'y avait aucune humaine dans cette assemblée. 

Elle tourna la tête lorsque Zora reprit la parole. Etrange chose, sa langue semblait s'agiter même lorsque les mots étaient vains, toujours un surplus dans la parole, presque comme un rituel cérémonial. Si elle ne tenait pas à la vie, Ophélia lui aurait bien demandé pour quel récital elle déclame de si arrogantes répliques, tant par leur fond que leur aspect. Ce trait de personnalité lui rappelait Laurelin ... quelle extravagance, c'en devenait presque écoeurant. Enfin, au moins, elle savait être amusante. Sa voix taciturne ne résonnait, elle, que bien peu entre les murs, d'autant que son regard s'était redirigée vers la petite. 

- J'avais plusieurs manteaux, aucune botte. Alors j'ai coupé l'un d'entre eux avec ce couteau, elle s'attendait à ce que Zora reconnaisse la lame. et j'en ai fait des moufles. Pas très pratiques, mais mieux que de devoir supporter la neige sur une marche de plusieurs jours. Oh, et moins important, des gens m'ont aidée. 

Ses sourcils bas continuaient à foudroyer la gamine du regard. Elle écoutait, elle le savait, ses yeux remuaient de temps à autre vers elle, mais que pouvait-elle répondre ? Les priorités d'un esprit se fixent sur la survie, puis sur la famille. Aucun de ces deux critères n'étaient maîtrisés par la petite. Le manque de réaction incita Ophélia à insister.

- Des gens différents de tes parents. Pas besoin d'expliquer en quoi la générosité est une vertu, le résultat parle de lui-même.

La bouche enfantine fut secouée d'un frisson que la vaironne pensait reconnaître. C'était le genre de moue qui traduisait une petite animosité grandissante. La peur attise la haine, la haine attise la colère et la colère attise le changement. Cette petite allait mûrir plus vite en une soirée qu'en une décennie de bêtise. Elle ne serait pas comme ses parents, non, elle serait bien plus ... éveillée. Elle ne deviendrait pas celle qui refuse son logis à une étrangère, mais bien celle qui frappe à la porte. Et si l'on testait ?

- Ne sais-tu pas ce qui amuse véritablement une jeune fille, Zora ? Elle se fiche pas mal de mes histoires, ce qu'elle veut c'est jouer ... crois-moi, avant c'était mon métier de faire sourire les gosses.

Elle prit le couteau qu'elle avait déposé sur la table ... étrange sensation que d'empoigner une lame comme si elle s'accaparait un jouet. Si elle devait être parfaitement honnête, Ophélia admettrait que ça lui avait manqué. Le frisson de la mort était malsain, mais il n'y avait que lui qui pouvait secouer une âme aussi blasée. Après quelques instants à jouer avec le couteau d'une manière plutôt habile, elle le fit glisser sur la table, jusqu'à la jeune femme. 

- Alors, qui est-ce que tu aimais le plus ? 

Oh, la vaironne avait son idée en tête pour son petit examen. Elle était presque certaine que ce serait elle, la victime de l'assaut, mais elle avait confiance en sa capacité à renvoyer la gamine visiter le sol. La magie n'avait jamais été aussi fluide dans ses veines et elle ne comptait pas s'en délester, enfin elle arrêtait d'avoir peur de ces nouvelles possibilités, maintenant, elle assumerait pleinement sa propre maîtrise, pas celle des dieux, mais la sienne !

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Sur place, c'est plus pratique EmptyVen 18 Jan - 11:25

Son se repose un bref instant sur la lame qui reflète la clarté apaisante des bougies. Du moins celles qui ont été épargnées par les brusques courant d'air provoqués par l'arrivée de celles qui se seront indécemment invitées en ces lieux. La rouquine s'en veut d'avoir été aussi clémente avec Ophélia. Cela ne lui ressemble guère, en réalité. Quelle excuse peut-elle invoquer si ce n'est celle des étranges pensées qui l'ont dévorée l'espace de quelques heures? Jours? La fanatique n'en est même pas certaine. Tout comme elle n'est pas sûre de vouloir réellement comprendre ce qu'il s'est passé. La faiblesse dont elle a été affublée, peu importe la raison, lui insuffle un profond sentiment de honte.

N'ayant donc guère l'envie de creuser cette question - d'autant plus qu'elle a maintenant obtenu la réponse qui lui faisait défaut - Zora se contente d'un vague signe de la tête pour signifier qu'elle prend bonne note de la réponse. Dans le fond, ça ne change pas grand chose: Möchlog a décidé de l'épargner. Les vecteurs qu'il aura choisis pour tirer l'étrangère du Khoral sont, au mieux, anecdotiques.

L'élève de Vithis se lève et s'approche de la cheminée, prenant appui sur cette dernière de son avant-bras. Elle contemple les flammes qui rivalisent de grâce dans le foyer et savoure la bienveillante chaleur qui s'en échappe tandis que la femme aux cheveux blancs décide de prendre à parti la survivante du chaos qui a succédé à la chaleur qui hantait encore quelques instants plus tôt les murs boisés de la bâtisse. La vaironne lui évoque alors un chat s'entêtant à jouer avec sa proie avant de la dévorer. Un jeu cruel et pourtant si naturel...

Suite à quoi la disciple de Möchlog décide d'entamer un tour du propriétaire. Ses doigts glissent à la surface des différents meubles disposés dans la pièce tandis qu'elle arpente l'endroit avec un détachement qui contraste pour le moins avec la tension, évidemment palpable, inhérente à la situation. Puis elle découvre ce qui l'intéressait: le tonneau renfermant l'alcool local. Suffisamment fort pour réchauffer le corps et l'esprit, si elle se fie à l'odeur qui se dégage peu après de la coupe qu'elle vient de remplir.

Ophélia, de son côté, semble vouloir l'inviter à se joindre au petit jeu morbide qu'elle continue d'instaurer avec leur cadette. Elle lui évoque une araignée tissant patiemment sa toile afin d'attraper les victimes trop insouciantes qui passent à sa portée. Oui, l'image est judicieuse. Zora se retourne et s'adosse au mur proche, relevant une jambe contre ce dernier puis le breuvage jusqu'à ses lèvres. Ce n'est qu'après une gorgée guère agréable mais quelque peu salvatrice qu'elle daigne répondre à la dernière arrivée:
"Je ne suis pas certaine que sa définition du jeu se rapproche de la tienne..." lui fait-elle simplement remarquer. "Quoiqu'il en soit j'ai un peu de mal à t'imaginer en train de divertir des enfants. Et davantage encore à concevoir l'intérêt d'une telle chose!"
Elle hausse les épaules et reprend une gorgée d'alcool tout en se promettant de purger les prémices de l'ivresse aussitôt qu'ils se présenteront. C'est à peu près à cet instant qu'Ophélia décide d'armer leur cadette. Un soupire franchit le seuil des lèvres de la fanatique. Que cherche-t-elle à prouver? Ce n'est qu'une paysanne... La vaironne souhaite-t-elle se rassurer quant à sa capacité à vaincre une adversaire indigne d'être qualifiée ainsi?
"Tu n'es tout de même pas assez bête pour..."
rentrer dans le jeu de la vaironne? Un postulait immédiatement balayé par l'hardiesse de Flora. La jeunette se saisit du couteau et bondit sur Ophélia. Ho, elle comprend cet acte insensé: le désir de vengeance est probablement trop puissant pour être ignoré au profit du bon sens ou du plus élémentaire instinct de survie. C'est aussi stupide que justifiable. Zora prend acte de la pulsion suicidaire. Et, par soucis d'équité ou simple désir de se distraire, invoque une arcane destinée à amplifier la force et les réflexes de l'opposante de la vaironne. Juste au moment où sa lame menace de s'abattre sur celle qui souhaitait faire d'elle une souris...

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Sur place, c'est plus pratique EmptyLun 21 Jan - 14:21
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La vaironne esquissa l’ombre d’un ricanement, sans en déclamer l’écho, ou bien en démontrer les plis. Si, elle distrayait, éduquait, amusait ces enfants, ils étaient les seuls qu’elle savait tolérer, elle aimait bien leurs petites mines heureuses et naïves. Leur maturité était la sienne, et parmi eux, Ophélia ne sentait pas l’ombre d’une agressivité, d’une haine ou d’un jugement. Il n’y avait pas de place pour ces préjugés adultes, ce genre de détails qui font détester, mépriser. L’amusement était la seule forme de négociation dans son magasin, et elle ne tolérait pas que l’on y fasse semer la discorde. Fut une époque où elle était une diplomate, une forcenée de la parole, mieux encore, elle était une oratrice avec la répartie d’un politicien. Mais seulement avec les enfants.
 
L’ancienne boutiquière ne s’attendait pas à ce que Zora comprenne cette innocence, le matérialisme est bien plus daënar qu’il n’est my’tran. Elle aussi avait été enfant, elle aussi avait dû être pure, l’âge change les gens, les souille, en fait des monstres et leur permet de transformer d’autres âmes intouchées en âmes coupables. C’était ce qu’elle faisait, elle-même, elle en était consciente et n’avait aucun remord sur la question. Qu’on l’accuse d’être cruelle, l’immaculée n’aurait que trop acquiescé, mais qu’on ne la blâme pas de méchanceté, ce n’était pas pour nuire à cette famille qu’elle avait agi ainsi, mais par peur. Quant à ce qu’elle faisait dès à présent … eh bien, n’était-ce pas qu’un jeu ?
 
Ophélia eut un instant de stupeur en voyant la fillette l’attaquer elle, contredisant la pensée initiale qui avait enclenché cette idée. Les yeux arrondis la virent faire le tour de la table, avec une vitesse qu’elle ne soupçonnait pas d’une gamine extraite de la pègre. La lame léguée se leva avec maladresse mais la primeur du mouvement, sa simplicité la rendait … étrangement singulière. Un coup ascendant, la lame tournée vers le sol, poing serré sur le manche. L’anomalie ne trouva pas de meilleure égide que sa propre main, le vent n’endiguerait pas un tel élan. Alors, le couteau perça sa paume et la pointe ressortit de l’autre côté, versant une épaisse larme écarlate le long de son poignet en un râle étouffé par des dents serrées.
 
Les yeux dépareillés étaient parés d’une expression pour le moins mécontente, si l’euphémisme se permettait d’en alléger l’humeur. Oh elle aurait bien pris cette dague de sa main et l’aurait fiché dans la gorge de la gamine, ou de Zora, au vu de la carrure de la petite, son action n’était pas causée par les capacités naturelles. Elle se souvenait bien du suhur qui avait massacré Nilfeïm, elle connaissait leurs fourberies, la rouquine croyait vraiment à un combat de coq ? D’un mouvement de tête, la vaironne fit voltiger l’une des choppes de ferraille qui ornait la table jusqu’à la tempe de son assaillante. Si ça ne l’assommait pas, ça la sonnerait.
 
Décalée sur le côté, la nouvelle orpheline s’était fait allonger sur le sol, reprenant doucement ses sens, mais sans lame. Peut-être que cette « sommation » calmerait l’adrénaline dans les veines de cette dernière, et surtout que l’autre imbécile ne se mette pas en tête l’idée de faire se tenir un tournoi. Avec la douleur qui lui lacérait la paume, elle avait bien gâché son expérience. Prenant une ferme poigne sur le manche, Ophélia retira la lame, main tremblante, en un grognement gémissant. Serrant ses doigts sur le creux de sa propre main, elle tentait d’en endiguer le flot. Elle aurait bien tué la petite, mais ce n’était pas le but de sa démonstration. L’essentiel de l’expérience ressortait en une évidence.
 
-          Alors … tu préférais ta mère.
 
Une traînée de sang s’exfiltra de ses narines, le signe que le prochain usage de sa magie finirait en une perte de conscience. La dague devrait suffire comme moyen de dissuasion. Mais la décision de la gamine, jamais l’anomalie ne la comprendrait. Elle la regardait avec un mélange de dégoût et d’incompréhension imprimé dans les yeux. Ne faudrait-il pas mieux l’achever ? Hésitante, la jeune femme rangea le couteau, avant de se lever pour chercher des bandages. Oh elle savait bien que certains fidèles de la Chouette pouvaient soigner, Flavien le pouvait, mais elle ne comptait pas s’en remettre à Zora et elle lui fit bien comprendre avec un regard de reproche sur le côté accompagné d’un grognement en aparté.
 
-          C’était censé être un jeu, pas une tuerie !
 
Elle feuilletait les étagères, cherchant où la famille stockait les bandages et autres outils de soin. Comme en l’ancien temps, elle se débrouillerait, Ophélia avait vu assez d’infirmiers s’occuper d’elle pour savoir comment se traiter. D’abord, l’alcool, en fermant les yeux et en serrant les dents, l’étape la plus dure à supporter et celle à laquelle la vagabonde aux cheveux neigeux était le moins habituée. Elle déchira un vêtement en guise de pansement, ça devrait bien suffire. Et alors qu’elle l’enroulait, trois coups vinrent frapper à la porte, une voix masculine perça le mur avec un ton semi-inquiet, semi-menaçant.
 
-          Gilda ! Orhün ! Qu’est-ce qui se passe chez vous ? j’ai entendu la petite crier !
-          Adrim !
 
La petite ne put apparemment pas s’empêcher de l’ouvrir, laissant un cri s’échapper en l’incarnation de ce qu’elle présumait être le nom de la personne qui attendait sur le palier. L’anomalie ne répondit pas, elle préférait largement rester dans sa spécialité, les enfants. Achevant son bandage improvisé, tirant la dague de son manteau, elle s’accroupit au côté de la gamine et lui glissa la lame sous le menton. Avec un geste des yeux, la vaironne désignait la porte du regard, indiquant à la rouquine qu’elle serait bien meilleure hôtesse qu’elle. De l’autre côté, l’homme continuait à marteler l’entrée.
 
-          Si tu lèves encore la main sur elle, sale ivrogne, je te jure de te faire passer au gibet !
 
Aaaah … intéressant. L’agressivité de la mère n’était-elle donc que peur dissimulée ? Non, impossible, elle l’a bien pleuré son mari, peut-être qu’elle aimait sa violence, alors ? Tant de questions à l’esprit d’Ophélia qui auraient parue si évidentes à n’importe quelle autre personne dotée d’un minimum de bon sens. En tout cas, ça expliquait pourquoi la gamine avait attaqué la meurtrière de sa mère, et non l’inverse.

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Sur place, c'est plus pratique EmptyLun 21 Jan - 22:22

La piécette clopine entre les doigts de la rouquine, entament un long mouvement de va et vient d'un bout à l'autre de sa main. Cela fait quelques jours à peine qu'elle s'entraîne à cet exercice d'adresse. Depuis qu'elle a rencontré Ophélia, en fait. Cette même fille qui n'aura pas hésité à sacrifier l'intégrité de sa main pour éviter un coup qui aurait pu se révéler mortel, honorant dans la foulée le merveilleux instinct dont Möchlog a doté ses âmes. Une onomatopée étonnée fuite entre les lèvres de la spectatrice qui hausse à présent un sourcil de scepticisme.

Mais la nature reprend ses droits et la magie offre la victoire à celle qui aura su faire preuve d'une retenue étonnante. Il est vrai que Zora n'avait guère envisagé la perspective que ce duel puisse se terminer autrement que par la fin de l'existence de l'une ou l'autre de ses protagonistes. La rouquine aime rarement être surprise. L'étonnement récompense ceux qui font preuve d'une trop grande légèreté d'esprit dans un monde qui ne pardonne que rarement la naïveté. Et pourtant...

Elle hésite toutefois à nuancer les propos d'Ophélia quant à la préférence de l'orpheline. Ne lui est-il pas venu à l'idée que Flora s'est contentée d'attaquer l'adversaire la plus proche ou tout simplement celle qu'elle considérait comme la plus vulnérable? Mais cette précision n'apporterait pas grand chose au débat. Et la dernière remarque de la vaironne à l'avantage de lui arracher un autre sourire. Oui, la femme aux cheveux blancs possède cette petite chose, ce petit plus qui la rend... attachante?
"Tu n'exagères pas un peu, là?" s'amuse-t-elle. "Flora est toujours vivante et tu es toujours capable de ronchonner! Tout va bien!"
Elle écarte davantage les bras avant d'ingurgiter une autre gorgée d'alcool. Et pendant qu'Ophélia semble chercher de quoi soigner sa plaie, estimant peut-être à juste titre que Zora ne lèvera pas le petit doigt pour l'aider, l'intéressée poursuit sa découverte des lieux. Elle a toujours aimé s'approprier ainsi l'atmosphère d'un endroit et imaginer les liens qui pouvaient unir les individus. Leur inventer une histoire, en somme. Autrefois elle parvenait à ressentir de l'empathie et même de la culpabilité en découvrant le vécu des personnes qu'elle purifiait. Mais aujourd'hui ce n'est qu'une manière de tuer le temps comme une autre.

Mais ce petit loisir ne tarde pas à être gâché par l'arrivée d'un importun. Zora s'attendait à ce qu'un village regorge de curieux mais pas à ce qu'ils succombent si vite à leur vice. Le cri de Flora, lui, reste dans les balises imposées par la logique. Comment lui reprocher l'espoir qui doit l'habiter en cet instant? La cavalerie n'est-elle pas arrivée?

Fort heureusement Ophélia parvient à la réduire en silence sous la menace de sa lame. Mais le mal est fait! Et Zora se contente pour l'instant de l'ignorer malgré le signe de la tête dont l'a gratifiée la vaironne. Que cet homme! Elle n'a pas pour vocation de répondre aux questions ou aux désirs des péquenauds. Fussent-ils légitimes! Et puis de toute façon il ne tardera pas à rentrer de lui-même lorsqu'il estimerA que la politesse ne mérite plus d'être respectée. C'est ce qu'elle ferait, elle! Sans toutefois s'embarrasser de ce bruyant préambule...
"On dirait que Papa était un vilain garçon, mmh?" glisse-t-elle à Flora avant de relever le regard vers celle qui la menace. "Et que toi, tu avais raison! Comme quoi tout peut arriver..."
Un autre sourire fugace et la voici finalement en train de se diriger vers la porte. Les coups frappés contre cette dernière ont gagné en intensité. Un merveilleux indicateur de la colère dont se nourrit déjà le dénommé Adrim. Zora daigne donc ouvrir la porte avant d'adresser son air le plus agacé à l'homme qui reste le poing en l'air, coupé dans son élan. Il est aisé de deviner ce qu'il pense lorsque son regard glisse sur le corps de la disciple de Möchlog avant de découvrir les corps gisant au sol. Mais la fanatique est moins certaine quant au sentiment qui prime chez lui. La colère? Le soulagement? La surprise?
"Oui, ils sont... indisposés!" confirme-t-elle sur un ton détaché. "Mais les festivités continuent malgré tout! Et vous y êtes d'ailleurs chaleureusement convié maintenant que Flora a éventé le secret!"
Elle s'efface et l'invite à entrer d'un signe du bras. L'autre recul, évidemment. Et se heurte à une silhouette décharnée qui lui coupe toute retraite. Ophélia aura sans doute reconnu leur ami commun? L'Éveillé referme sa main sur la gorge du fuyard et le force bien vite à s'agenouiller. Et pourtant le regard vitreux du revenant attend toujours une indication de l'élève de Vithis.
"Comme je le disais: vous êtes chaleureusement convié à nous rejoindre!"
Et cette fois il daigne finalement pénétrer dans la bâtisse avant d'enjamber avec dégoût les corps de ses voisins. Temps que Zora met à profit pour lancer à nouveau l'irys doré dans les airs. L'Éveillé, lui, retourne rôder dans les environs. Son aide est inestimable mais il n'obtiendra pas le plus simple des remerciements. Et de toute façon, il doute qu'il puisse être d'une quelconque valeur pour un revenant qui ne tardera pas à voguer définitivement vers sa prochaine existence.
"Il n'est plus capable de parler!" explique-t-elle à Phé. "Mais je suis à peu près sûre que le grognement qu'il a poussé ne trahissait rien d'autre que la joie profonde de te revoir saine et sauve!"
Même si avant de perdre sa langue il n'a pas cessé de lui rabâcher - avec raison semblerait-il - que laisser partir Ophélia sans s'assurer de sa mort était une faute. Comme quoi les morts peuvent parfois faire preuve de plus de sagesse que les vivants... Quoi qu'il en soit, pour l'instant, la rouquine est plutôt satisfaite qu'elle ait survécu. Son appétit pour la mort semble peut-être aussi aiguisé que le sien. Et elle a l'avantage de ne pas lui faire la morale. Les gens comme ça sont bien trop rares!
"Bon! Tu te demandes pourquoi je t'ai laissé ta hache, non?" demande-t-elle à Adrim. "Ophélia - ici présente - a instauré une sorte de... tradition qui, grosso modo, consiste à attaquer l'une de nous deux! J'en conviens, c'est un peu trivial! Mais on y prend vite du plaisir, tu verras!"
Oui, effectivement, il a raison d'afficher cet air sceptique. Et pourtant c'est la stricte vérité. Il faut plusieurs secondes à l'homme pour retrouver une parcelle de courage. Ho il n'en manque pas, elle en est certaine. Et elle comprend qu'après avoir contemplé ces cadavres et le visage putréfié de l'Éveillé, beaucoup perdraient de leur superbe. Aussi lui laisse-t-elle le temps de faire son choix.
"Deux cibles, une seule arme!" lui rappelle-t-elle. "Fais ton choix, cher Adrim..."
Une main toujours refermée sur la pièce qu'elle a lancé quelques instants plus tôt, elle décoche un regard amusé à Ophélia. Voilà qui devrait effacer la frustration née du dernier jeu! Ou au moins lui donner l'opportunité de se venger pour le sale tour que la rouquine lui a joué...

Lanssé deu décis:

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Ophélia Narcisse
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Sur place, c'est plus pratique EmptyMer 23 Jan - 15:07
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Ophélia n'en pouvait plus de lever les yeux aux cieux en réaction des remarques de Zora, les piques étaient une spécialité du genre, et bon sang, ce que ça la rendait horripilante. Souvent la vaironne s'était faite la remarque que le compagnon idéal devait certainement avoir la langue coupée. Pas de vannes, pas de blagues, juste du silence ... et quelques grognements. Amusant comme la compagnie de Svenya l'avait inspirée, plus étrange encore était son changement radical de personnalité. De gamine ahurie qui aimait sa vie, elle était passée à sadique jeune femme qui méprisait celle des autres.

Agenouillée, la vaironne, grâce à l'argument du tranchant de la lame, avait fait se retourner Flora sur le ventre, maintenant un genou sur son dos et le fil d'acier sous son menton. Son cri lui avait déjà passé toute envie de la voir réitérer quelconque signal de détresse. Alors que Zora ouvrait la porte, l'anomalie appuya son genou entre les omoplates de la jeunette, provoquant un craquement de ses os. Elle voulait éclaircir les consignes, si tu bouges, tu crèves. C'était si simple ... fort heureusement, Ophélia n'était pas malpolie.

- Oh ... pardon.

Depuis qu'elle avait choisie sa mère au-delà de son père, la jeune femme aux cheveux neigeux n'arrivait pas à se dévêtir d'une rancune qu'elle vouait à cette petite. Oh, telle qu'elle était, la vaironne haïssait sa mère biologique, toute morte qu'elle était, elle lui souhaitait de se faire éternellement flageller pour l'avoir abandonnée au berceau. Cette imbécile sous sa jambe ne réalisait pas la chance qu'elle avait eu, de vivre avec deux parents. Maintenant qu'elle en était délestée, peut-être qu'elle réaliserait le traitement de faveur que lui avait fait le destin.

Zora, elle, ouvrit la porte, échangeant des mots en soliloque avec le nouvel arrivé qu'elle ne pouvait pas encore discerner. Une ombre vint fendre les rayons de la lune et le schéma de la silhouette de l'étranger se vit surmonter d'une plus large silhouette. Quelques gargouillements de gorge suivirent son apparition, accompagné d'une tierce personne qui ... de sa simple présence, parvint à arracher un ricanement, étrangement doux et innocent de la gorge d'Ophélia. Mais plus que tendre, ce rire était taquin, malicieux, et ... sacrément amusé par le nouvel invité. Elle l'appréciait ce mort-vivant, même s'il n'était qu'une marionnette, mais il savait quel goût avait la mort et ça, c'était rassurant.

- Cette joie est partagée ...

Un sourire nouveau naquit sur le visage, un peu plus illuminé de la vaironne, le genre de risette fade que l'on garde toute une journée sans s'en lasser. Alors, quand la rouquine la désigna pour parler de ce petite "jeu", la seule réaction qu'elle adopta fut de secouer la main, comme une maigre salutation malicieuse en faisant flotter ses doigts. C'était amusant ce petit jeu, ça donnait envie de continuer avec d'autres personnes encore. Elle devinait bien au moins quatre autres personnes dans ce charmant bourg, peut-être plus si elles étaient gâtées ...

Ophélia attendit sagement que Zora ne finisse d'expliquer les consignes, surprise d'y prendre elle-même goût. Inutile d'insister, jouer avec les vies des autres c'était le plus divertissant des loisirs. Mais elle n'avait pas oublié le trou dans sa main, et ... ça faisait encore mal. Alors autant présenter les choses telles qu'elles étaient ! Quand la dévote eut fini de parler, l'anomalie se permit de rajouter son petit grain de sel.

- ... prends aussi en compte que si tu m'attaques, moi, j'égorge la gamine. Par contre je suis bien plus facile à tuer que l'autre, là. A voir à quel point tu l'aimes, cette petite.

Elle restait armée de son sourire divertit, des frissons parcourant son dos. Un peu d'action ça faisait du bien ... et puis une petite vengeance pour la plaie de sa paume, ce n'était pas cher payé, d'autant que Zora l'avait cherché. Alors, Adrim fit un pas vers elle, hésitant, il était presque prêt à le faire, ce demeuré ! Alors la vaironne saisit les cheveux de la gamine, lui faisant lever la tête, exposant son cou et la lame qui en ornait la peau si fine ... c'eut le mérite de stopper les ardeurs du chasseur présumé. 

il tourna doucement la tête vers la rouquine, oh, celui-là il était terrifié, ils l'étaient tous devant la mort, alors que vraiment, il n'y avait pas de quoi s'inquiéter ! Ce n'est qu'un brin de souffrance pour une éternité de réconfort dans les bras du vide. On y gagne au change, dans l'esprit de la cristallisée, cela ne faisait aucun doute. Et éventuellement, sous les yeux dépareillés curieux d'en voir la suite, l'homme leva sa hache, prêt à l'abattre sur sa comparse my'tranne ... palpitant.

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Sur place, c'est plus pratique EmptyMar 29 Jan - 8:04

L'argument proposé par Ophélia arrache un sourire à la rouquine. Elle finit par hocher la tête comme pour confirmer les dires de sa cadette. Elle ne lui en veut pas d'orienter ainsi le choix d'Adrim. Et pourtant la disciple de Möchlog espère toujours que l'instinct de survie sera plus fort que l'altruisme. Elle perçoit presque la lutte qui oppose ces deux extrêmes dans l'esprit de l'homme. Le vainqueur ne tarde pas à se faire connaître lorsqu'il franchit les quelques pas qui les séparent, hache levée. Le bouclier se dresse au moment ou l'acier fend l'air pour s'écraser sur le crâne de la fanatique. Et à défaut d'atteindre sa cible, il s'écrase sur la protection doré. L'impact provoque des ondées chatoyantes qui subliment l'expression de cette foi absolue envers la Chouette.

Elle les suit du regard jusqu'à ce qu'elles s'estompent. Un second coup provoque la même réaction. Le troisième, lui, parvint à fissurer le dôme magique. Zora plisse les yeux, agacée par l'acharnement que place cet homme dans l'espoir de la tuer. Elle n'est guère flattée par cet intérêt morbide qu'il lui porte à présent. Plutôt blasée de devoir à nouveau donner la mort à une personne qui lutte en vain pour des raisons qu'il estime nobles. Et alors que la rouquine devrait prendre un malin plaisir à châtier celui qui entend lui voler la vie octroyé par Möchlog, elle ne parvient qu'à ressentir une forme de pitié pour l'espoir incongru qui l'anime. Un jour, les gens la craindront tellement que l'idée même de se dresser face à elle ne leur traversera plus l'esprit...
"Tu préfères te sacrifier à la place de cette fille?" relève-t-elle, ne comprenant guère l'intérêt d'une telle chose. "Pourquoi?"
Oui, pourquoi? Comme souvent lorsqu'il est question des sentiments considérés comme nobles par la moralité si chère au coeur de ses compatriotes, elle ne parvient guère à saisir la subtilité qui se cache derrière l'idiotie d'Adrim. Pourquoi ne souhaite-t-il pas vivre? Cette forme dangereuse de témérité ne lui inspire rien sinon de l'incompréhension. Mais elle n'est pas aveugle et sait reconnaître la bravoure, fusse-t-elle alimentée par l'étrange...
"Réponds!"
La hache perfore finalement le dôme et ménage un semblant d'accès à l'adversaire de la fanatique. Il lui serait aisé d'insuffler davantage de magie dans le bouclier et repousser inlassablement les assauts de ce suicidaire. En réalité elle est pratiquement certaine que les forces de l'autre déclineront bien avant la foi qui alimente sa magie. Pourtant le danger né de la passivité de l'élève de Vithis reste bien présent. Et, loin de s'en inquiéter, Zora pose à présent le regard sur la fille maintenue fermement au sol par Ophélia.

Qu'a-t-elle de si spéciale? Pourquoi Adrim est-il prêt à mourir pour elle sans qu'elle ait eu à le lui demander? Quelle forme de magie est-ce là? Et, surtout, pourquoi les my'träns ne peuvent-ils pas considérer le continent de la même manière? Car si l'homme est prêt à mourir pour une simple âme, serait-il disposé à se sacrifier pour la terre sacrée des Architectes? Elle en doute. Sans quoi il se serait déjà élevé contre le diktat de l'Est. Pourquoi l'altruisme se limite au vivant au lieu de s'étendre au spirituel?
"Penses-tu qu'elle en ferait de même pour toi?"
La question est dotée d'un ton évoquant le venin. Et le regard que Flora lui décoche tant à prouver qu'elle se trompe. Oui, elle ferait la même chose pour lui. Zora recule d'un pas, choquée par cette détermination au-delà de tout sens. Cela fait bien longtemps qu'elle n'avait pas vu l'amitié - ou l'amour? - s'exprimer avec une telle intensité. Ses lèvres tremblent sous l'effet de la colère. Leurs vies appartiennent à Möchlog! Ils n'ont pas à les sacrifier pour un prétexte aussi stupide que la sauvegarde de l'autre. Ils doivent l'honorer en la préservant! Et en donnant la mort aux ennemis de My'trä! Est-ce donc ainsi qu'il les considère, Ophélia et elle?

Elle hoche la tête tristement, en signe d'incompréhension. Et lorsqu'elle prête à nouveau son attention à l'obstiné Adrim, un réflexe la pousse à détourner tout aussi vite le regard. L'acier s'écrase sur son épaulière de cuir. Le choc est en partie absorbé par la protection vestimentaire mais la lame mord dans la foulée la peau de l'apprentie nécromancienne. La douleur se répand dans son organisme avant d'être sublimé par un cri de souffrance. De souffrance et de... surprise.

Tremblante, elle croise finalement le regard de son adversaire. Il est peut-être autant surpris qu'elle. Un étrange temps mort s'installe tandis qu'ils s'observent. Mais il est le plus prompte à réagir et son genou vient s'écraser dans l'abdomen de la rouquine qui tombe alors au sol, prostrée et le souffle court. Adrim retire alors la lame et observe Ophélia comme pour s'assurer qu'elle respectera les règles imposées par ce jeu morbide. Certainement rassuré, il vient alors se placer en face de la rouquine qui a alors le loisir d'observer les bottes enneigées de son adversaire. Quelle... honte!
"Tues-la Adrim! Tues-la!"
Les encouragements de Flora résonnent en écho dans les pensées difformes de la fanatique. Son regard se détache des bottes pour rejoindre son épaule lacérée tandis qu'elle se relève péniblement, n'osant guère prendre le risque téméraire de se relever. Une chute est bien suffisante. Et son ego ne survivrait probablement pas à une seconde Zora se met alors à toiser Adrim avant de lâcher un éclat de rire qui évoque autant la désinvolture qu'une douce folie. Il est toutefois bien vite effacé par une seconde ondée de souffrance.
"Pourquoi?" crache Adrim. "Je doute qu'une personne comme toi ait pu un jour tenir à quelqu'un d'autre! Tu ne pourrais pas comprendre mon choix, quand bien même je souhaiterais te l'expliquer!"
"Ho... Tu te trompes!" répond-t-elle, le souffle court. "Il y a des gens à qui je tiens!"
"Pas suffisamment, alors..."
La remarque lui fait peut-être plus mal que la plaie qui entend la faire sombrer dans la douleur. Comment peut-il dire une chose pareille? Pourquoi doute-t-il de l'amitié qu'elle porte à Althéa? Et pourquoi doute-t-elle, dans la foulée, de la force des sentiments qui l'unissent à la khurmis? Serait-elle prêt à se sacrifier pour elle? La réponse n'a jamais été aussi évidente qu'elle l'aurait souhaitée.
"Attends!"
Un sourire se dessine difficilement sur le visage délicat de la fanatique. Adrim a stoppé le coup fatidique qui menaçait de lui briser le crâne. Il suit alors le regard de la disciple de Möchlog. Ses yeux se posent sur Flora et sur l'anneau doré qui s'est formé autours de sa gorge. Le signe évident qu'Adrim est appelé à faire un nouveau choix. Et cette fois, Zora sait pertinemment la voie qu'il empruntera. Elle lui tend alors sa main gauche, paume ouverte vers le haut.
"Tu vois? Je ne comprends peut-être pas ta folie mais ça ne m'empêche pas de l'exploiter..." glisse-t-elle avant d'insister. "Ta hache!"
Il hésite pendant de longues secondes. Son regard vagabonde entre Flora et Zora tandis qu'une grimace de résignation défigure ses traits. Puis il glisse à contre-coeur son arme dans la main de la fanatique, conscient de ce que cela implique. Cette dernière observe un instant le cuir qui orne son manche et le sang - son propre sang! - qui sublime l'éclat terne de l'acier. Elle se redresse alors avec difficulté tout en tentant de composer avec les étourdissements consécutifs à la perte de fluide vitale.

Elle raffermit sa prise sur la hache et tourne alors un regard mauvais en direction d'Adrim. L'acier s'abat une première fois mais ne parvient pas à perforer le crâne du réfractaire. Sonné, il vacille. Elle frappe une seconde fois. Puis encore et encore. D'abord avec un semblant de retenue puis avec une hargne qu'elle exprime dans un second cri. De colère, cette fois-ci!

Ce qui fut autrefois une tête porteuse d'idées nauséabondes se retrouve peu à peu réduit à l'état d'une masse sanguinolente. Des flots chauds s'écrasent sur le visage de la disciple de Möchlog. Sa rage ne semble pas montrer le moindre signe de faiblesse. Combien de temps s'écoule? Elle ne saurait le dire. Mais elle se laisse finalement choir sur le sol boisé devenu écarlate et observe d'un air absent la charpente de l'étage supérieur. L'adrénaline contient encore la souffrance qui, elle le sait, reviendra bientôt à la charge. Tout comme elle sait qu'elle ne pourra pas y faire face avec la même efficacité qu'autrefois.
"Tues-la!" souffle-t-elle à Ophélia. "Möchlog m'a refusé cet honneur alors... il te revient! Fais-lui payer ses mots!"
Ses mots? Les encouragements prodigués à Adrim, évidemment. Souhaiter la mort de l'une de ses tortionnaires est une chose. L'exprimer trop librement en est une autre. Zora pose le regard sur Ophélia, attentive à sa réaction. Les fauves se dévorent parfois entre eux, elle le sait. Et peut-être que la vaironne aura dans l'idée d'exploiter sa faiblesse? Elle, c'est ce qu'elle ferait si elle n'avait pas abandonné l'idée de tuer Ophélia... Mais qui sait ce qui peut bien animer l'esprit d'une my'tränne élevée de l'autre côté de l'océan?

Ophélia Narcisse
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Sur place, c'est plus pratique EmptyMer 30 Jan - 22:37
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Pérégrins -2
Ophélia n'avait jamais été au théâtre. Son père lui avait promis qu'elle l'emmènerait un jour voir une pièce si incroyable qu'elle en rêverait des décennies durant. Alors, en matière d'art de la scène, la vaironne était bien médiocre, mais on lui en parlait tant autrefois, lorsqu'elle était encore dans sa boutique. Les gens disaient : "Oh c'était fabuleux, incroyable ! Vous avez manqué quelque chose". Eh bien, maintenant, elle assistait au retournement d'une exécution pendant qu'elle-même tenait le rôle d'un de ces personnages que tout le monde déteste. Devant ses yeux se dénouait le fil entier d'un enchaînement d'actions dont elle était actrice, à la différence que son script n'est jamais écrit. Alors, qui c'est qui manque quelque chose, maintenant ? 

De protagoniste, elle était devenue figurante, servant de silhouette à regarder lorsque l'hésitation gagne le timbre des voix actrices. Et Adrim s'y exécute d'ailleurs à merveille, hache levée alors que la rouquine est à terre. Le regard qu'il lui jette est empli d'avertissements sur le courroux qui s'abattrait sur elle, si sa lame devait fendre une chair trop jeune pour mourir. Oh, elle s'en fichait pas mal, de toute manière, s'il attaquait elle l'égorgerait, la gamine, alors, s'il voulait vraiment qu'elle lui revienne vivante, il devrait ne pas l'attaquer, n'était-ce pas outrageusement logique ? Ce devait être rageant ... pauvre garçon. La petite, en tout cas, elle s'avivait de joie à voir le bouclier abattu de la dévote, et elle s'égayait surtout de voir cette dernière au sol. 

Enfin, ça ne changeait rien au fait que la vaironne ne pouvait vraiment grand-chose pour elle, pauvrette, elle avait joué et ... elle avait perdu. Enfin, Ophélia ne comptait pas assumer le visage stupéfié d'une brève inquiétude vite ravalé au moment où son sang avait giclé hors de sa chair. Son regard s'était abaissé aussitôt, faisant revenir la façade en avant. Elle l'appréciait cette imbécile, même si elle était chiante avec ses croyances entêtées et ses leçons de morale biaisées. Toujours est-il qu'à l'avertissement qui luisait dans les yeux d'Adrim, la vaironne ne donna aucune suite. Serait-ce vraiment si facile ? Elle en doutait. 

Et pour une fois, elle n'était pas loin de la vérité. La lame qu'elle maintenant sous une fine peau albâtre se fit pousser par l'onde dorée qu'elle reconnaissait de la rouquine. Une fois encore, le chasseur abandonna sa bravoure, ou était-ce le contraire ? Oui, définitivement, il fallait un sacré courage pour donner sa vie en échange d'une incertitude. Enfin, s'il avait abattu la hache, il l'aurait tuée et ce serait devenu plus compliqué pour elle de briser la nuque de la gamine. Et finalement, celui qui aurait dû l'emporter ne devint que gelée sanguinolente, giclant au sol comme une tâche tombée du plafond. Le cadavre n'était plus reconnaissable, et les minutes avaient duré trop longtemps pour qu'Ophélia ne croit qu'à un coup de sang de la part de la rouquine. 

Devant cette cruauté, pourquoi n'avait-elle pas un dégoût amer qui ornait son visage ? Pourquoi était-ce à la place un regard compatissant qui la hantait ? ... plus important encore, Zora ne savait-elle vraiment pas ce que c'était de tenir à quelqu'un au point d'en mourir ? Même la vaironne le savait, même une anomalie dont les actes étaient devenus impardonnables était prête à s'éventrer pour au moins deux personnes en ce monde. N'y avait-il donc que des gens à plaindre dans cette pièce ? 

La rêverie de l'anomalie s'acheva avec un ordre sec, et elle, encore dans ses songes, elle ne fit que lever un regard étourdi, perdu. Les hoquets de la petite faisaient remuer sa jambe ... Flora ne devait certainement même plus respirer, le chagrin a ce genre d'effet lorsqu'il est mêlé au désespoir. Alors, et l'on ne peut pas dire souvent ça d'elle, Ophélia se mit à réfléchir. Oh, la mort était une miséricorde à ce point-ci, mais le peu de regrets qui la hantait, elle, après qu'elle ait perdu tant de proches, ne suffisait pas à lui faire souhaiter de ne jamais avoir vécu. Alors elle retourna l'arme, prenant la lame dans sa paume, et frappant d'un coup sec du pommeau la tempe de la gamine. Elle dormait, maintenant, et elle dormirait pendant plusieurs heures encore. Mais ce n'est qu'à son réveil que son cauchemar commencera. 

Et, toute figurante qu'elle incarnait, la jeune femme aux mèches enneigées se lève lentement et se dirige vers le meuble qui lui faisait face depuis tout ce temps. Avec un soupir, elle en ouvrit les tiroirs et en amassa finalement les bandages qu'elle voyait dépasser depuis plusieurs minutes déjà. Tandis qu'elle fouillait, elle glissa une remarque en aparté. 

- C'est la fureur qui parle, dans quelques heures, si je la tue, tu regretteras de ne pas avoir un témoin. 

Belle excuse pour sauver une vie ... pour le peu que ça leur apporte à elles deux, leur destin viendrait leur rendre leur cruauté, d'une manière ou d'une autre. Pour Zora, ça avait déjà commencé avec sa sacrée balafre. Ophélia marqua d'ailleurs un temps d'arrêt à fixer sa comparse my'tranne, toujours stupéfaite de la haine que tous devaient lui vouer. Ce genre d'âmes, il ne faut pas les condamner, il faut les laisser s'oublier, s'effacer et lâcher un dernier soupire avant que leurs idées ne s'envolent. Son oeillade se rétracta, en même temps que le tiroir qu'elle fit glisser à nouveau dans son compartiment. 

Se redirigeant vers la rouquine, l'anomalie attrape au passage, et le plus discrètement possible, une bouteille d'alcool qui traîne sur la tablée. Glissant le récipient derrière son dos, elle s'approche avec un air neutre au visage, surmontant la blessure de la rouquine du regard. Et, aussi subitement qu'un poignard dans la nuque, elle fit se renverser le contenu brûlant sur la plaie ouverte. Une nuance sévère brillait dans les yeux contrits de la vaironne, alors que, aussi sèchement que possible, elle lâcha simplement une consigne anticipé.

- Ferme-la et laisse-moi faire.

La molaire droite de la jeune femme vint scinder les bouts usés du rouleau, alors que, avec précaution, elle s'apprêtait à le passer autour de la my'tranne. Après tout, elle était née dans un hôpital ... en quelque sorte, ce genre de soin ne lui était pas étranger, pourvu que cette imbécile de suhur se tienne tranquille. 

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Sur place, c'est plus pratique EmptyVen 1 Fév - 13:18

C'est désagréable mais il faut bien reconnaître que le raisonnement d'Ophélia est bien plus pragmatique que le sien en cet instant. Mais l'ego revient à la charge, poussant la fanatique à achever Flora malgré son inconscience. Certes, elle ne paierait pas réellement son crime puisque ce serait une mort douce, indolore. Précisément l'inverse de ce qu'elle souhaitait pour cette fille qui a osé encouragé Adrim à la tuer! Un crime! De lèse-majesté, qui plus est! Le peuple doit être remis durement à sa place lorsqu'il oublie où elle se trouve!

Mais elle n'a guère la force de mener à bien ses ambitions vengeresse. Et l'argument soulevé par la vaironne reste malgré tout acceptable. Sans parler de sa plaie qui requiert son attention. La perte de sang devient conséquente. Et dans quelques instants, elle le sait, son esprit ne sera plus aussi clair qu'il se doit de l'être. Ses capacités curatives réduites, Zora se contente pour l'instant de limiter les dégâts. Et dans la mesure où Ophélia ne semble pas vouloir obtenir une vengeance que beaucoup de gens jugeraient légitime, la rouquine peut finalement se détendre.
"Un témoin a seulement besoin d'une langue pour raconter les événements auxquels il a assisté!" crache-t-elle. "Lorsqu'elle aura vu ce qu'elle a à voir, je la délesterai de ses yeux!"
Et ainsi les dernières visions qu'elle gardera en mémoire seront celles liés aux tristes événements qui accablent ce hameau. Une malédiction? L'élève de Vithis se plaît à le croire! Et pour l'instant, elle se satisfait de cette idée! D'autant plus qu'Ophélia se rapproche avec les bandages prélevés dans un meuble proche. Une ruse pour pousser la disciple de Möchlog a ouvrir sa garde et lui offrir l'opportunité de frapper? Lorsqu'elle était trop faible pour s'en prendre ouvertement à ses adversaires, Zora usait de techniques similaires. Ophélia serait-elle celle qu'elle était quelques années auparavant?

Elle reste donc attentive aux gestes d'Ophélia. Par prudence, donc. Et aussi pour s'assurer que ses gestes sont assurés et que les soins qu'elle semble véritablement vouloir lui dispenser méritent d'être qualifiés ainsi. Le tout en faisant de son mieux pour accepter l'idée de se faire aider par quelqu'un d'autre. Zora se débarrasse péniblement de sa fourrure maculée de sang puis de la chemise de cuir qui recouvre la plaie. Ophélia la gratifie alors d'un reproche anticipé. Du genre de ceux que les guérisseurs ont l'habitude de distiller à leurs patients...
"T'as plutôt intérêt à ne pas foirer ton coup!" la menace-t-elle. "Tu as déjà fait un banda...Hmmpf!"
Elle serre les dents lorsque ce qui doit être de l'alcool se déverse sur sa plaie. L'effort consenti pour maintenir un cri sur ses lèvres est proportionnel à son désir de planter la hache dans le crâne de la vaironne. Une réaction instinctive et parfaitement compréhensible, suppose-t-elle. Mais à défaut d'user de l'arme contre Ophélia, la rouquine finit par lui tendre avant de lui désigner les flammes qui dansent gracieusement dans l'âtre de la cheminée.
"Oublie les bandages pour l'instant! Il va falloir cautériser la plaie!" lui indique-t-elle à regret. "Félicitations, Ophélia! Tu vas pouvoir me faire souffrir tout à fait légitimement!"
Elle suppose que cela fera plaisir à l'étrangère. Le fait est qu'elle ne lui laisse guère le choix et s'écarte d'elle en se décalant d'une fesse. C'est la seule chose à faire, elle le sait! Elle n'a de toute façon guère le temps de rester ici plusieurs jours de suite, à attendre que sa plaie cicatrice naturellement. Et puis Vithis l'attend. Et on ne fait pas attendre Vithis! Ça, malheureusement, elle a déjà pu s'en rendre compte...

Progressant dans sa réflexion, Zora se fend d'un sourire fatigué en songeant que quelques mois plus tôt l'idée de porter une cicatrice supplémentaire lui aurait inspiré la plus grande crainte. Aujourd'hui, elle arrive à composer avec cette perspective désagréable. Après tout n'est-elle pas sensée éradiquer le pêché de ces terres? N'est-il pas normal que son corps porte les stigmates de cet honneur? Ne doit-elle pas les arborer avec fierté? Tout est si vague depuis quelques temps...
"Ophélia?" souffle-t-elle. "Toi qui a grandi parmi les daënars... Est-ce qu'ils sont aussi capables d'agir comme Adrim l'a fait? De se sacrifier comme les autres? Ou cette faiblesse n'est propre qu'à mon... qu'à notre peuple?"
Oui, elle a arpenté Daënastre pendant des mois. Mais pourtant elle n'a jamais réellement réussi à s'intéresser au comportement de leurs adversaires. Pourquoi l'auraient-elles fait? Ce ne sont que des animaux dont le destin se résume à l'extinction. Et pourtant Zora se rend à présent compte qu'elle est passée à côté de quelque chose. La vaironne pourra sans doute l'aider à y voir plus clair. Pour peu, bien sûr, qu'elle y consente...
"Et qu'as-tu ressenti pour Adrim lorsqu'il a décidé de sacrifier sa vie pour Flora?" ajoute-t-elle. "sois honnête! De l'admiration? De la pitié?"
Elle lève un regard quelque peu absent en direction de celle qu'elle aura réussi à haïr et apprécier dans un laps de temps particulièrement court. Et elle? Que ressent-elle? Car le comportement d'Adrim ne la laisse peut-être pas aussi insensible qu'elle l'espérait. Derrière l'idiotie de cet homme, n'y avait-il pas quelque chose... d'admirable?

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Sur place, c'est plus pratique EmptyLun 4 Fév - 23:23
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Pérégrins -2
L'ancienne internée d'asile qui se présentait devant la rouquine n'avait peur des lames que lorsqu'elle était celle qui les tenait ... même si le geste fut brusque, la seule réaction qu'eut la vaironne devant le levé de poignet qui fit se manifester le fil de l'acier, ce ne fut qu'un air perdu, étourdi, vague. Elle avait souvent cette expression de complète béatitude, comme si elle émergeait d'une bassine où l'horizon était bleu pour constater que celui à l'air sec était orange nacré. Le genre d'écart que l'on lit sur le visage de gens qui, en général, ont de lourds problèmes d'attention ... c'était bien le cas de l'anomalie, mais après tout, c'était bien ce qu'elle était, une anomalie, et l'instinct de survie impose de ne pas toujours vivre dans le présent. Surtout lorsque ce qui est du passé émerge sous la forme de remords, ou bien de souvenirs désagréables. 

Quoiqu'il en fut, la jeune femme aux mèches opales baissa d'abord les yeux sur la main qui tenait le manche, puis sur la hache en elle-même avant de finalement les rabattre dans les pupilles émeraudes qui préconisaient la douleur comme seul remède. Les jumelles aux couleurs dépareillées firent scintiller leur vision au coin de leurs poches, attestant de l'hésitation mêlée d'une singulière vexation vis-à-vis de la dernière remarque de la dévote. Elle commença même à l'exprimer.

- Si tu pense que ça me fait r...

Mais elle se rabattit, la fidèle n'avait pas besoin de savoir que la faire souffrir n'accorderait aucun plaisir à Ophélia. Alors que torturer psychologiquement une gamine, ça c'était drôle ... qu'est-ce qui clochait dans sa tête, bon sang ? Elle avait honte d'elle-même, de sa propension au jeu, comme une enfant attirée par une poupée dont elle n'arrive pas à décoller les doigts. Sa volonté n'était que prisonnière de la distraction qu'elle trouvait dans le ludisme ... avec le temps, ses activités se sont simplement avilies. 

La vaironne était devant le feu, lorsqu'elle entendit la question qu'elle n'aurait jamais pensé que quelqu'un d'autre qu'elle-même poserait. Est-ce que les autres sentent, ressentent, vivent comme moi ? Voilà une interrogation singulière ... si singulière que, en tournant la hache dans le brasier, la jeune femme cracha un sourire amer. Oh, ça, s'ils ressentaient ... ils crient bien, déjà, ça devait être un indice suffisant. C'était le discours de ses pensées noires qui ressortaient le plus, elle haïssait les daënars autant que les my'trans, l'aversion n'était qu'un remède à un rejet de ses propres racines. 

Et pourtant, il restait une douceur, sous cet épais manteau d'amertume. Elle se cachait, timide, inavouée, réprimée ... comment haïr si ce souvenir demeurait ? Comment se persuader d'avoir raison quand la mémoire ne trahit pas ? Parce qu'elle se souvenait encore de cette soirée, encore de ce visage, de cette voix, sa voix. Lui, il devait l'avoir oublié, au mieux ... si la logique suivait son cours, à l'heure qu'il était, il se maudissait de la stupidité dont il avait fait preuve de s'être laissé berner par son numéro d'innocente tenancière à l'adorable sourire ... pourtant ça n'avait jamais été une façade. Un lit humide vint voiler les basses paupières d'Ophélia, alors que le souvenir d'une chaleureuse caresse se faisait plier ses lèvres vers les cieux.

- Quand je vivais encore à Daenastre, je tenais une boutique de jouets, un petit paradis pour gosses qui marchait bien. Je travaillais tard le soir, à l'heure où plus personne ne hante les rues ... plus personne d'honnête du moins. Et pourtant, j'eus un visiteur, un homme, grand. elle libéra un rire empli d'émoi. Sa tête frôlait presque le plafond, tant il était haut. 

Drôle de chose que l'imagination, à mesure qu'elle mesurait ses mots, les images lui revenaient au coeur comme des gravures laissées sur la palissade délabrée d'un temple abandonné. Elle le voyait encore, se souvenait toujours de ses traits, c'était la seule compensation qu'elle avait, en contrepartie de ne plus avoir l'espoir de lui parler encore une fois. 

- Il est parti, après avoir acheté deux poupées, une princesse, et un militaire. Regardant les flammes, elle se remémorait chaque détail. Et trois hommes sont entrés, mais eux, ce n'était pas d'une poupée dont ils avaient besoin ... enfin, pas une faite de cire, ou de porcelaine, mais de chair. Ils ont voulu me souiller, et le garçon que j'avais accueilli plus tôt ... il est revenu. Il est revenu, et il m'a sauvée. Il était daënar, lui, sans distinction, un simple daënar parmi tant d'autres ... mais infiniment plus valeureux. 

Bon sang ce qu'il lui manquait ... la mort sépare et la mort enlève, mais la mort ne laisse pas le loisir d'oublier. La vaironne en tremblait de son récit, pas de peur, pas d'angoisse, juste de regrets. Pourtant, elle ne savait pas ce qu'elle aurait pu faire de plus, ni ce qu'elle aurait pu lui expliquer pour le convaincre de ne jamais l'oublier. Au fond et malgré le temps ... elle demeurait amoureuse d'un vestige. Compressant ses lèvres l'une contre l'autre, Ophélia reprit de son sang-froid, reprenant. 

- Tout le monde ressent, même les êtres les plus infâmes. Et Adrim, lui ... je crois ... que j'aurais voulu le connaître. Il avait l'air gentil, peut-être trop gentil pour mériter ça ... oui, j'ai eu pitié ... et j'aurais voulu qu'on fasse pour moi ce que lui a fait pour Flora.

Elle n'avait aucune raison précise de réclamer cela, si ce n'est que la preuve irréfutable d'une affection qui transcende l'instinct humain de la peur de la mort. Il n'y avait pas plus belle manière de dire "je t'aime" à quelqu'un, tout comme il n'y avait pas d'adieu plus lourd de sens. Adrim s'est tué pour une petite dont il croyait à l'avenir plus qu'à sa propre vie ... l'histoire de Flora allait devenir bien compliquée, désormais, mais elle vaudra tellement la peine d'être vécue. 

Finalement, le fer rougeoyant de la hache vint s'approcher de la rouquine qui était assise sur la chaise. Le regard inquiet d'Ophélia n'avait rien de rassurant dans la pratique, elle avait peur d'entendre les cris de Zora, elle avait toujours peur d'entendre les cris. C'était bien pour ça qu'elle tranchait les gorges, les hurlements, c'est à l'asile qu'ils appartenaient, pas au quotidien. Tremblante de la langue, elle déclara finalement.

- Serre les dents.

Et elle apposa la lame rouge d'ardeur sur la plaie ouverte, grimaçant, rétractée à l'idée d'avoir les tympans percés par les éventuelles complaintes de sa contrepartie ... non, décidément, elle ne voulait vraiment pas la voir souffrir.

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Sur place, c'est plus pratique EmptySam 9 Fév - 9:20

Il est vrai que le regard obstinément ancré dans celui d'Ophélia laisse présager d'une attention sans faille. Mais les mots prononcés par la fille à la crinière opaline résonnent en écho parmi la masse de pensées qui assaillent la rouquine. La faiblesse inhérente à sa condition de blessée et la fatigue accumulée au cours des derniers jours l'empêchent par ailleurs de gratifier sa cadette d'une remarque acerbe. Tout au plus se contente-t-elle d'un reniflement de dédain: un magasin de... jouets? vraiment!?

Ce préambule n'incite donc pas la fanatique à se focaliser sur le récit de sa camarade de jeu. Elle a même l'impression d'avoir tendu la perche à une personne désireuse de s'étaler sur sa vie. Ou plutôt, ses regrets. La disciple de Möchlog baisse ses iris ambrées sur le métal qui adopte peu à peu une teinte incandescente. Elles vagabondes un instant sur ce spectacle captivant avant d'être à nouveau happée par une réalité qu'elle n'avait même pas eu conscience de fuir. L'élève de Vithis puise dans ses ressources désormais modérées pour renouer davantage avec le monde qui l'entoure et s'extirper des volutes de l'inconscience.

Toujours est-il que l'histoire narrée par Ophélia devient subitement intéressante. Ou peut-être plus proche de la sphère de compréhension de la fanatique. Tandis que son alliée s'exprime, Zora plonge à son tour dans les souvenirs. Le froid d'Aildor, la chaleur d'un corps qu'elle ne désirait pas... Et puis, surtout, l'horrible évidence: il y a des choses qu'on ne peut oublier. Peu importe les efforts ou les sacrifices consentis pour y parvenir. Les traits délicats de la rouquine se tendent. Mais son regard, lui, se teinte d'un semblant de compassion pour son interlocutrice. Zora entrouvre les lèvres comme si elle s'apprêtait à prononcer à son tour des mots que sa langue n'a plus maniés depuis de longues années maintenant.

Et pourtant elle se ravise et se contente de tourner son visage à l'opposé de sa cadette comme pour fuir un regard qu'elle imagine déjà inquisiteur. Non, elle n'exposera jamais les tourments qui la rongent. Elle n'avouera jamais que son âme est tâchée par le désir qu'un homme a eu pour elle. Tout comme elle n'acceptera jamais réellement les sentiments qu'elle éprouve toujours pour une anomalie. Une anomalie daënar, qui plus est! Certaines choses ne sont tout simplement pas bonnes à dire. Et certains secrets doivent simplement rester à l'abri derrière les verrous protecteurs du coeur.
"Ce daënar ne t'a pas sauvée..." souffle-t-elle. "Il t'a condamnée à lui devoir ta reconnaissance. Et c'est peut-être le pire des châtiments qu'un infidéle puisse infliger à un Enfant des Architectes..."
Elle pense qu'il l'a libérée? Qu'il s'est posé en sauveur? Les infidèles ne se soumettent pas à la plus élémentaire des morales, elle le sait. Ou, plutôt, elle aimerait encore pouvoir s'en convaincre. Elle s'obstine à voir en eux des animaux doués d'une conscience pernicieuse. Ils doivent tous mourir, elle le sait. Et c'est peut-être plus facile de ne voir en eux que du bétail destiné à l'abattoir que des êtres dotés de sentiments complexes.

Cette considération est corroborée quelques instants plus tard par la vaironne et son avis sur Adrim. La rouquine pose les yeux sur le cadavre qui gît à ses pieds. Était-il vraiment une personne que l'on gagne à connaître? Mérite-t-il la pitié qu'Ophélia a ressentie pour lui? La frontière de ses convictions semble si poreuse en cet instant...
"Et ta fierté, alors?" relève-t-elle, amère. "C'est la faiblesse de Flora qui a poussé cet homme à se sacrifier! Sois heureuse que personne n'ait jamais glorifié la tienne! Souhaiter ou accepter l'aide des autres équivaut à adouber ses propres failles. Et les gens comme nous ne peuvent pas se permettre d'en avoir..."
Elle décoche un regard de défi à sa cadette ainsi qu'un pâle sourire fatigué. Ce qu'elle ressent, elle l'a ressenti aussi. Mais ce n'est pas une malédiction. Plutôt un indice qui vous prouve que vous êtes sur la bonne voie. Le pouvoir et la réussite exigent quelques sacrifices. Et perdre l'estime d'un peuple qui se complaît dans la faiblesse est, en soit, une bénédiction.
"Porte ta solitude avec fierté, non comme un poids qui t'empêche d'avancer!" conclue-t-elle. "C'est la meilleure alliée que les dieux puissent t'octroyer!"
Zora se résout ensuite à considérer le métal ardent qui va mordre sa chair. Elle ne peut que regretter la perte de sa maîtrise des arcanes curatives. Oui, elle mentirait en disant qu'elle ne ressent pas une certaine amertume face à cette décision de la divine chouette. Mais elle n'a pas besoin de comprendre pour accepter. Seulement de se rattacher à une idée forgée par les convictions acquises au fil du temps: il ne s'agit pas d'une punition.

C'est dans cet esprit qu'elle hoche la tête pour pousser Ophélia à faire son office. L'acier rencontre la plaie de sa chair. Un sifflement dérangeant dévaste le calme ambiant. La douleur surgit avec la fureur d'un torrent déchaîné. Zora vacille dans la souffrance comme un bateau au milieu d'une mer déchaînée. Sa main se referme autours du col de son alliée. Elle a envie de lui faire mal. Peut-être même de la tuer. Elle n'est certaine de rien si ce n'est de la présence de ce maelström de tourments qui assaille son corps.

Puis c'est le calme. Un calme étrange, bordant probablement les limbes de l'inconscience. Les yeux mi-clos, la rouquine n'a plus réellement conscience de la morsure de l'incandescence. Elle s'accroche à ce mince fil qui la rattache encore à ce qui l'entoure. Un long soupire vient ponctuer la plainte qui s'est échappée de ses lèvres. Elle sait que ce qui ne la tue pas la rend plus forte. Et pourtant, l'espace d'un instant, elle a bel et bien souhaité mourir...
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Elle sait que Flora, malgré son silence, se délecte du spectacle qu'elle lui offre. Appuyée contre ce meuble aux contours désagréable, la rouquine soutient le regard de l'otage. Mais ce n'est pas cette fille aux pensées assassines qu'elle observe mais bien le vide. Ses yeux vagabondent ensuite sur le reste des lieux avant qu'elle daigne finalement faire l'effort de se redresser. La douleur resurgit et se charge, dans la foulée, de lui rappeler ce qui a provoqué cette chute dans les nimbes de l'inconscience.
"Qu'est-ce que tu regardes, toi!?"
La fanatique effectue un vague geste et une esquisse de bouclier vient gifler l'insolente. Elle l'aurait fait elle-même si elle se sentait capable de dépenser de l'énergie physique pour une chose aussi triviale que la remise à l'ordre d'une Flora tout juste sortie de l'adolescence. Abandonnant sa propre observation de l'otage, Zora constate que son épaule a été bandée. Un geste... bienvenu. Et qu'elle ne parvient pas à considérer à la hauteur de ses mérites. Si Ophélia s'est montrée avenante, c'est uniquement à cause de la menace représentée par l'Éveillé qui rôde dans les parages. Inutile de voir de la bonté là où il n'y en a pas!
"Combien de temps ai-je été... Ho et puis peu importe!"
Elle balaye sa propre question d'un revers de la main avant de se redresser avec peine, s'aidant du meuble comme support. La fanatique hésite ensuite de longue seconde. Victime d'un dilemme, elle se contente tout d'abord de s'étirer comme pour mieux soumettre un corps récalcitrant. Elle vieillit. Elle le sent! Le temps n'est-il pas le pire des assassins? Ne fait-elle pas piètre figure à côté de cet entité si évasive? Elle lâche un petit rire désabusé avant de reporter son attention sur la fille aux cheveux blancs.
"Une part de moi brûle d'envie de te tuer! Mais une autre s'obstine à considérer ta valeur et nos similitudes..." avoue-t-elle finalement. "C'est étrange, n'est-ce pas? Les batailles les plus difficiles sont toujours celles qui prennent place dans nos pensées..."
Elle décoche un vague sourire à son interlocutrice avant de considérer à nouveau Flora. Zora s'accroche à l'idée que Möchlog souhaite la voir vivre. La pièce - ou plutôt le destin - n'a-t-il pas parlé en ce sens? La rouquine ramasse la hache qui aura ôté la vie d'Adrim et sauvegardé la sienne et s'approche du feu entretenu. Elle y glisse la lame avec une certaine nonchalance avant de décocher un regard lourd de sous-entendus à l'otage. Oui, elle regrettera d'être restée en vie. C'est une évidence qui ne peut lui échapper...
"Je ne suis pas née pour aimer! Avant même que je pousse mon premier cri, Möchlog m'a destinée à détruire ce monde qui sombre peu à peu dans l'ombre de Technologie!" explique-t-elle. "Mais si je ne peux pas apporter de la compassion à l'Irydaë d'aujourd'hui, je peux offrir un but et un avenir à ceux qui en ont besoin! Ou qui le méritent!"
La rouquine remue l'acier dans les braise et observe le spectacle offert par le ballet des étincelles. Elle savoure la vague de chaleur qui caresse son visage. Des instants simples mais agréables. Et bien trop rares pour être négligés. C'est peut-être ce qui explique le silence dans lequel la rouquine s'enveloppe. À moins que cela soit dû aux vestiges de ses hésitations?
"Et toi, je crois que tu satisfais à ces deux exigences!" souffle-t-elle. "Par curiosité, Ophélia... Que répondrais-tu si je te proposais de me servir?"

Ophélia Narcisse
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Sur place, c'est plus pratique EmptyLun 11 Fév - 23:04
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Pérégrins -2
La rouquine dormait … à poings fermés. Les cris n’étaient apparemment pas le fort de Zora, et la vaironne en était fort aise. Elle ne voulait pas replonger dans les souvenirs qu’amenaient ces échos dès qu’elle les percevait. Evidemment que ça l’effrayait, elle avait grandi parmi trop grand nombre d’eux, son esprit n’endurait plus le bruit déchiré de la peine exprimée à haute voix. Le tumulte était trop puissant, ce n’était pas une rivière de tourments mais un torrent qui venait s’effondrer sur elle. A chaque fois, elle se perdait et à chaque fois, elle ne faisait qu’empirer les choses. Dans le cas présent, si ses oreilles percées devaient supporter les bruits de douleur … il aurait été probable que la hache ne fasse entièrement fondre le bras de la rouquine tant elle aurait appuyé dessus.
 
Alors lorsqu’elle s’évanouit, Ophélia maintenant le fer rouge sur la chair coagulante, gardait des paupières serrées et une tête détournée. L’odeur était infâme, mais l’ancienne internée avait connu bien pire, la peau avait toujours sa propre manière de puer, la pourriture, cependant, on ne s’y habitue jamais vraiment. Finalement, après quelques minutes à rester immobile, un soupir accompagna le relâché de la jeune femme, alors que sa main crispée laissa choir le manche.
 
Seule éveillée … à part l’Eveillée, la vaironne se tourna d’ailleurs vers ce dernier avec un regard métamorphosé. La crainte disparut, l’angoisse des cris, volatilisée. Elle ne fit qu’adresser un mystérieux sourire contemplatif au mort-vivant. Plus de langue … pouvait-on encore écrire avec des doigts aussi décharnés ? Ophélia en doutait et pour cette même raison, elle se permit un écart. Une nuance de vérité dans un grand moment de mensonge.
 
-          La mort te manque, pas vrai ? Je comprends.
 
Oh, elle doutait qu’il en ait quoi que ce soit à faire de son avis, mais ça devait sortir. S’il savait à quel point elle connaissait mieux le néant que lui, s’il savait à quel point les jours passés à ne pas exister étaient courts par rapport aux trois mois gaspillés de son existence … mais il ne le savait pas. Les sous-entendus sont bons pour exprimer ce qui doit rester un murmure secret. Et elle ne s’attendait pas à ce qu’une marionnette rapporte les paroles sans importance d’une énième étrangère qu’il aurait découpé si la rouquine n’en avait pas décidé autrement.
 
Et plusieurs heures passèrent … ce fut Flora qui se réveilla en première et ce, sans aucune attache. Alors, la seule éveillée qui respirait encore dû en faire son office et vint s’accroupir au chevet de l’innocente. Le regard impitoyablement neutre d’Ophélia fixait le ton de reproches de la gamine, mêlée à des larmes chagrinées. Un faible gémissement parlé sortit des lèvres de la petite, alors qu’elle semblait réaliser que rien de tout cela n’était un rêve.
 
-          Pourq.. ?
-          J’essaie de survivre, moi aussi. Lui murmura-t-elle. Ne va pas nous faire tuer toutes les deux en lui disant des bêtises, d’accord ?
 
Elle désigna du regard la rouquine alors qu’une main à peine sarcastique frôlait la joue de l’innocente. Leur dévote favorite se mit d’ailleurs à remuer et l’anomalie s’écarta promptement de la captive qui, apparemment laissa traîner ses yeux un peu trop longtemps dans les émeraudes de la fanatique. Une partie du réveil de Zora acheva de conforter la vaironne sur un doute qu’elle avait. La rouquine … que ce soit intentionnellement ou non, devenait prévisible. Les promesses inaccomplies, les débats intérieurs, l’aveugle suivi de sa foi, tout semblait écrit.
 
Quoique. Les lèvres pâles d’Ophélia s’arrondissaient à mesure du discours qu’elle pensait être rébarbatif, mais qui, au final, acheva de l’étonner. Technologie, une entité. Ce n’était pas une déesse qu’elle décrivait, mais l’avancement scientifique des mortels de l’Est. Le plus curieux, c’était qu’elle ne le faisait même pas exprès. Et tout le long de ces paroles, la vaironne conservait son ton neutre … jusqu’à la fin, quelques mots avant la fin.
 
Elle croyait avoir tout entendu. Elle avait passé les portes d’un asile, écouté les discours des fous qui en ornaient les couloirs, avait supporté les dictats de ses docteurs. Elle avait massacré des innocents et écoutait toujours d’une oreille attentive leurs derniers soupirs. Elle avait écouté le gémissement du vent et entendait toujours son murmure dans le creux de son lobe. Elle avait entendu les cris de ceux qu’elle n’avait pas égorgés et ses oreilles s’y étaient usées … mais là, jamais elles n’avaient autant sifflé.
 
Un frémissement prit la peau de la vaironne à la pince, soulevant sa chair en une vague de tremblements qui ne se décidaient pas entre insurgence et frustration. L’autorité … mais quel sublime concept, quel adorable principe. Quelle douce souffrance que l’on impose aux autres pour proclamer l’image propre du singulier, une litanie narcissique pour une âme indigne. Voilà ce qu’est la servitude, Ophélia ne l’avait que trop connue. Obéir à son père, obéir à ses pulsions, obéir à sa haine, obéir à sa mort, obéir à ses docteurs, obéir à son désespoir, et maintenant obéir à une cinglée ?!
 
Elle éclata de rire, bouche grande ouverte, dents révélées, ton enjoué, amusé, cynique et sarcastique au visage. Ses yeux ébahis par la stupidité nouvelle qu’elle voyait dans l’esprit de Zora ne cessaient de la mirer. Et finalement, avec une voix pas si taciturne que d’ordinaire, l’anomalie reprit après un rire.
 
-          Cette hache que tu tiens, si tu la voulais dans le crâne plutôt que sur ton torse, tu aurais dû me le dire ! Je ne sers personne ! Per-sonne ! Plutôt crever que servir qui que ce soit. Si tu veux des larbins, alors tu devrais sans doute récolter plus de cadavres, mais tu n’auras jamais rien de moi ! RIEN !
 
Sa tonalité était hystérique, elle hurlait presque ses tripes, vomissant ses paroles d'un dégoût inné. Et dire qu’elle avait sommé à Flora de ne pas dire de bêtises … peu lui importait, sur l’instant. Son trait sanguin était le mieux dissimulé, pourtant, il venait de se révéler toujours présent. Comme quoi, l’asile n’a rien soigné. Et en plus elle s'était permise d'accuser Adam d'être un manipulateur, cette sale pute ! Les choses n'iraient pas selon son bon vouloir, oh que non.

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Sur place, c'est plus pratique EmptyMar 12 Fév - 15:30

S'il est vrai que la rouquine ne s'attendait pas particulièrement à une réponse positive, elle n'escomptait pas pour autant une réaction aussi véhémente. Surprise, elle tourne à nouveau la tête en direction de sa camarade de jeu. Son regard semble vouloir percer les secrets qui se cachent derrière les mots prononcés par la vaironne. Elle suppose que l'hystérie contenue dans son ton n'est pas uniquement révélateur d'une fierté mal placée mais aussi, peut-être, d'expériences qui ont laissé des traces sur son âme. Aurait-elle, sans le savoir, titillé une corde sensible?

Mais si Zora trouve matière à s'amuser, elle est en revanche plus sceptique sur la réponse qu'il convient d'apporter aux propos d'Ophélia. Ne sont-ils pas révélateurs d'un manque de respect? Est-ce une manière de se comporter envers celle qui aura finalement décidé de voir en elle une alliée plutôt qu'un animal promis aux griffes de la mort? Oui, la réaction de la fille aux cheveux blancs frôle la plus irritante des impolitesse.

Et pourtant la fanatique peut comprendre cette étrangère élevée parmi les infidèles. Doit-elle condamner la fierté d'une personne qui décide de ne pas courber l'échine. Möchlog a peut-être décidé de lui accorder un destin qui n'est pas soumis à celui de la rouquine. Peut-elle contester le choix de son dieu? Se focaliser sur la forme plutôt que sur un fond qui ne lui cause pas réellement de tort?
"Il ne faut jamais dire jamais..." rappelle-t-elle toutefois à sa cadette. "Mais heureusement pour toi je ne t'ai pas offert le choix entre la servitude et la mort! Ce n'était qu'une proposition que je pourrais qualifier... d'amicale?"
Son regard se décroche de la vaironne pour venir se poser un bref instant sur la plaie cautérisée de son épaule. Un halo doré, une fois n'est pas coutume, vient envelopper la chair qui semblent s'animer doucement pour résorber les affres de l'impureté. Il lui faudra de longues heures pour faire disparaître cette honte alors que quelques mois plus tôt elle ne serait déjà plus qu'un mauvais souvenir. Une constatation plus douloureuse que la morsure de l'acier incandescent sur sa peau meurtrie...
"Et détrompe-toi! J'ai déjà obtenu beaucoup de toi!" souffle-t-elle. "Bien plus, en tout cas, que ce que tu sembles prête à m'accorder..."
Elle n'explicitera pas davantage. Mais si l'on excepte le semblant de soins qu'elle lui a distillés, sa cadette a aussi eu le bon goût de la distraire et de l'aider à fuir les inquiétudes liées à sa formation auprès de Vithis. Ophélia lui a rappelé qu'elle n'est pas le chaton que la nécromancienne persiste à voir en elle mais une des criminelles les plus recherchées du monde connu. La confiance que la vieille comptait briser s'est à nouveau renforcée. Et la vaironne n'est pas totalement étrangère à ces considérations.

Les iris ambrées de la rouquine se pose sur l'Éveillé qui s'est probablement posé en garant de sa survie lorsqu'elle était inconsciente. Pas par amitié ou par honneur mais tout simplement par crainte de leur maîtresse commune. Il ne peut guère désobéir à celle qui l'a arrachée de la mort. Peu importe l'avis qu'il a forcément sur le sujet, il n'est qu'un outil de chair. Le cadavre comprend la volonté de la fanatique et redresse Flora sans ménagement.

Zora, de son côté, récupère la hache qui était jusque là soumise aux morsures répétées des braises. Elle observe un instant le métal rougeoyant avant de s'approcher de l'otage et de désigner sa main droite à l'Éveillé. Sa poigne d'acier n'a aucun mal à vaincre la résistance bien naturelle de la jeune femme. Et la lame s'abat avec une précision fort relative, tranchant la main sur la largeur. Une coupe qui n'a rien de bien nette mais qui n'avait pas forcément vocation à l'être.

Les sanglots succèdent aux cris de douleur qui ne récoltent rien sinon l'indifférence de la disciple de Möchlog. Elle ne la tuera pas. Son dieu ne souhaite pas qu'il en soit ainsi et elle respecte la volonté divine. Mais la Chouette n'a pas précisé si elle devait rester entière après tout... La fanatique suppose donc qu'elle a carte blanche. Mais il serait injuste d'être égoïste sur ce coup-là...
"Le soleil ne devrait pas tarder à se lever. L'aube marquera la fin de cette charmante soirée dont Flora sera la dépositaire!" annonce-t-elle à la vaironne. "Peut-être que tu souhaites également lui laisser un souvenir plus... personnel?"
Elle balance la hache nonchalamment aux pieds de l'intéressée comme pour l'inciter à marquer dans la chair de l'otage la hargne qu'elle a exprimée tout à l'heure. Une manière de lui rappeler qu'elle n'est pas l'ennemie, dans cette demeure? Peut-être qu'Ophélia suppose d'ailleurs qu'elle a le choix? Flora est le support sur lequel sera inscrit le contrat tacite qui lie désormais l'apprentie nécromancienne. Ou plutôt, la trêve qui a été instaurée depuis leur dernière rencontre.
"Ou peut-être que tu préfères corriger ce que tu sembles percevoir comme une erreur? Tu parlais de m'enfoncer cette hache dans le crâne, tout à l'heure, si je ne m'abuse..."
L'élève de Vithis désigne d'un nouveau regard insistant la hache qui commence à noircir le plancher en bois. Comme si elle était indifférente à la décision qu'Ophélia pourrait prendre, la rouquine enfile avec une certaine difficulté son manteau de fourrure. Le signe qu'elle ne compte désormais plus s'attarder très longtemps. On ne fait pas attendre la vieille...

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Sur place, c'est plus pratique EmptyJeu 14 Fév - 21:55
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Entre la servitude et la mort, le choix était vite apposé. Elle l'avait dit, plutôt crever que servir et plus que des mots, c'était une conviction. Le néant laissait une empreinte maternelle sur l'âme de ceux qu'il accueille, l'obéissance, la docilité, ce n'est que pâtée pour porcs ! On engraisse quelqu'un avec mensonges, parjures et tortures, puis on les laisse se faire bouffer, se faire abattre dehors avec leur soif rageuse de liberté pour seul motif. Non, Ophélia ne servirait plus jamais quiconque, quoi que ce soit, peu importe l'époque, peu importe les raisons, jamais, plus jamais elle ne ploierait le genou devant un autre bien-pensant. 

Le regard vairon se durcit lorsque la rouquine contredit sa vérité, nuançant avec une pointe déplaisante que, de toute manière, et bien contre son gré, elle s'était fortement satisfaite d'une utilité que l'anomalie ne saisissait pas. Les dents serrées, un grondement silencieux fut la seule réponse, témoin du mécontentement de la fille aux mèches albâtres. Que ce soit une remarque amical, ou bien sadiquement ironique, elle s'en fichait pas mal, aucune des deux voies ne semblait mener à un changement radical de cap pour son avenir ... pas encore du moins. En tout cas, elle n'était pour le moment ni estropiée, ni morte. Elle continuait d'insulter les Architectes par sa seule présence en leur monde. 

Et puis, tout arriva trop vite. Le sang arriva trop vite ... les cris arrivèrent trop vite. Ils percèrent les tympans de l'ancienne incarcérée, s'infiltraient dans le creux de ses oreilles comme le grincement d'une craie sur tableau noir. Les yeux écartés, ses diamants dépareillés nageant dans le blanc trop imposant de ses pupilles, la cristallisée fixait la scène, figée sur ses chevilles, mise en piquet comme empalée. Les premières secondes furent faciles à endurer, seuls quelques tremblements secouaient Ophélia, même si son regard commençait à s'agiter. Ses paupières se mettaient progressivement à battre, comme les volets d'une maison bien trop vieille, soumis à un vent bien trop oppressant. 

Flora ne s'arrêtait pas, sa mine déformée appuyait le saignement de sa main qui n'était plus qu'un moignon ... charcuté. Et elle continuait à crier. La paume droite de la vaironne se mit à frotter ses paupières droites, d'une manière compulsive. Régulièrement, elle détournait le visage, et finalement, lorsque la hache de la rouquine fut déposée à terre, l'anomalie n'eut pas une seule seconde d'hésitation. Empoignant le manche à l'envers, elle abattit un revers précis sur la tempe droite de la gamine. Le coup avait été trop fort, la gamine en eut pour son reste. Mais les cris s'étaient arrêtés, enfin. 

Et le silence ... Ophélia en profitait avec une moue contrariée. C'était si détestable de se sentir revenir à ces instincts qu'elle se connaissait mais dont elle n'assumait aucunement l'existence. Elle n'osait pas poser son regard sur Zora, elle n'avait aucune envie de le faire, toujours prise en conflit intérieur entre le semblant d'appréciation qu'elle lui vouait et son idiotie sans pareille. Qui était la plus folle ? Sans doute, l'autre, vu qu'elle, au moins, se posait la question, elle n'imaginait pas la dévote critiquer ses manières, pas sans l'emprise d'un maléfice. 

La vaironne balança la hache rougeoyante à celle qui l'avait envoyée, peu lui importait si elle décidait de ne pas la prendre, de toute manière, l'anomalie s'était décidée sur que faire du reste de sa nuit. Comme elle l'avait fait pour la meurtrière avant, elle prit un chiffon, l'enduit d'alcool fort et le passa sur le reste de l'avant-bras de la jeune fille ... ce ne serait absolument pas assez. Les bandages étaient derrière elle, dans la commode, mais ça aussi, c'était superficiel, il y avait trop de sang. Elle devait arrêter le flot, avant, alors elle tira l'un des tiroirs et, s'arrêta, levant la tête et redirigeant un regard calme, distant sur Zora.

- Je ne tue pas quand j'ai le choix. Encore moins pour un jeu ... j'espère que ton dieu saura te le pardonner, moi, j'oscille. Mais j'imagine que tu n'en as rien à faire.

Elle se remit à fouiller entre les verreries pour trouver un tissu assez solide et épais, qui, surtout, avait une bonne accroche. Ils n'en avaient pas, mais elle, elle avait son haut, et elle s'apprêtait même à l'enlever, avant de vite se raviser. Ca, c'était signer un arrêt de mort, elle devrait y penser la prochaine fois. Alors, elle fit semblant d'accommoder quelques tissus pour la partie ouverte de la plaie, et, sans plus se retourner, elle conclut simplement.

- Je reste.

L'anomalie attendrait que la rouquine ne s'en aille avant de continuer quoi que ce soit. Et puis, il fallait aussi qu'elle ne traîne pas de trop, idéalement, elle fouillerait dans les cabinets de la famille, voir s'il n'y avait pas autre chose que son propre tissu, mais elle se refusait à agir tant que les yeux ambrés demeuraient des témoins. Il fallait qu'elle arrête le sang pour de bon, stabiliser la gamine, la déposer devant une des baraques derrière les écuries, et puis s'en aller, là où elle était censée être attendue. Qu'est-ce qu'il fallait pas faire pour sauver son âme ...

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Sur place, c'est plus pratique EmptyVen 15 Fév - 11:28

C'est avec regret qu'elle observe la vaironne prodiguer les premiers soins à Flora. Pourquoi tant de compassion? Certes, elle l'a également aidée. Mais Zora doute que ce soit pas pur bonté d'âme! Peut-être que la peur l'emportait sur le désir de voir la rouquine mourir. Mais qu'en est-il au sujet de Flora? Ophélia désire-t-elle à ce point qu'un témoin puisse narrer les actes qu'elles ont commis? Est-ce l'expression d'un désir inassouvi de reconnaissance? La rouquine ne peut que faire des suppositions à ce sujet. Et la plupart ne débouchent sur rien d'autre que des nuances de mépris.

Mais il y a pire que le mépris: la pitié! Et elle en perçoit peut-être à tort dans les propos qui répondent aux siens. Pourquoi Möchlog aurait-il à lui pardonner les actes qu'Il souhaite la voir commettre? Elle se bat pour appliquer la divine volonté de la Chouette et honorer le  destin que cette dernière lui a accordé. La jeune femme aux cheveux immaculés ne l'a-t-elle toujours pas compris?

Mais l'intéressée marque néanmoins un point: son avis - et qui plus est, son pardon - ne récoltent rien d'autre que l'indifférence de la fanatique. Elle se détourne et s'agenouille à côté d'Adrim avant de lui graver son initiale sur le front. Voilà qui fera un témoin digne de ce nom et qui résumera la situation peut-être mieux encore que les mots de Flora. À supposer que cette dernière survive, bien sûr... Après quoi elle s'approche de la mère de l'otage qui gît encore au niveau de l'entrée.
"Tu tues uniquement quand tu n'as pas le choix, mmh?" relève-t-elle, dubitative. "Si le cadavre de cette femme pouvait parler, elle n'aurait certainement pas le même avis sur le sujet. Tu ne crois pas?"
Oh, ce n'est pas un jugement. Zora se fiche pas mal du trépas de leur hôte involontaire. Mais le fait est qu'elle ne représentait guère une menace pour la vaironne. Et que cette dernière a sans doute un peu de mal à assumer la part sombre de son être. Son sadisme est bien réel. Peu importe les efforts qu'elle déploiera pour le refouler et se donner bonne conscience. On peut mentir aux autres mais pas à soi-même. Ça, la rouquine le sait bien...

Elle grave à nouveau la première lettre de son prénom sur le cadavre du père de Flora, s'appropriant ainsi les morts qui lui reviennent. Puis elle se sert une tasse de thé qu'elle engloutit en sachant pertinemment qu'elle regrettera bien assez vite la chaleur de ces lieux pourtant marqués par l'horreur. Qu'importe. Le village ne tardera pas à se réveiller et la fanatique préfère éviter des combats inutiles. Elle a obtenu le nombre de cadavres que Vithis souhaitait et il est maintenant temps de retourner auprès de la nécromancienne. Quant à Ophélia...
"Jamais deux sans trois, pas vrai?" glisse-t-elle en s'arrêtant sur le pas de la porte. "Nous nous recroiserons..."
Puis elle s'enfonce dans la grisaille matinale, bien vite rejointe par l'Éveillé de Vithis et le macabre chargement qu'il traîne sans grandes difficultés derrière lui. Et, chemin faisant, la rouquine se surprend à imaginer les circonstances qui placeront à nouveau la vaironne sur son chemin...

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