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Chroniques d'Irydaë
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 Tous les mots sont fins quand la moustache est fine

Invité
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Tous les mots sont fins quand la moustache est fine EmptyMer 17 Oct - 21:15

Les missives sont un moyen de communication qui a déjà fait ses preuves par le passé. Elles ont notamment permis au duo de croisées my'träns de garder contact avec celui qui, de bien des manières, leur aura facilité la tâche sur le continent. Mais certains sujets sont trop délicats pour être abordés sur le papier. L'écriture peut parfois laisser transparaître des émotions, il est vrai. Mais elles ne seront jamais à la hauteur de celles que l'on peut lire dans le regard d'une personne qui se tient en face de vous. Et les sujets que Zora souhaite aborder aujourd'hui avec Loud'wig sont trop importants pour être confiées au premier messager venu. Ou Faqueteur, comme on les appelle ici...

Et puis elle aurait bien de la peine à briser le nez du quadragénaire à distance, pas vrai? Cette Sakari a tenté de la tuer! À qui peut-elle imputer la faute si ce n'est à celui qui la lui a envoyée? La rouquine a retourné la question nombre de fois dans ses pensées mais n'a pas réussi à trouver une explication convenable, susceptible de dédouaner le richissime moustachu de ses responsabilité. Mais elle obtiendra les réponses qui lui font tant défaut. Loud'wig lui ayant indiqué sa localisation lors de leur dernier échange épistolaire, c'est donc en direction d'une demeure qu'elle imagine déjà luxueuse que ses pas la mènent à présent.

Et elle se rend alors compte que ce qualificatif était encore trop faible pour désigner la bâtisse qui lui fait face quelques minutes plus tard. Et dire que ce n'est même pas la résidence principale de Loud'wig... Combien a-t-il de propriétés? S'en rappelle-t-il seulement? Lorsqu'elle songe à sa fortune, elle imagine volontiers un énorme coffre-fort d'une taille équivalente à celle des plus hauts immeubles de l'affreuse Alexandria. Rempli d'espèces sonnantes et trébuchantes, évidemment! Est-il seulement capable de dépenser plus qu'il ne gagne?

Ces questions sans grande importance quittent ses pensées lorsqu'un homme à l'allure trop patibulaire pour être l'un de ces esclaves domestiques tant affectionnés par les riches s'approche d'elle. Le regard qu'il lui lance, vagabondant de ses pieds à son visage, porte l'étincelle du jugement. Il est vrai que cela fait longtemps qu'elle n'a pas eu l'occasion de prendre soin d'elle. Comment le pourrait-elle dans une cité à l'eau si sale?
"Mmh! Qui dois-je annoncer?"
Qui il doit annoncer? La fanatique fronce les sourcils! N'a-t-elle donc pas encore assez fait parler d'elle? Devra-t-elle mettre le feu à tout le continent pour qu'on daigne se rappeler d'elle? Cette question souligne le peu d'impact qu'elle aura eu jusqu'à présent sur la société daënar. Cela la frustre. Et elle se promet, dans la foulée, de corriger au plus vite ce regrettable incident!
"Je m'annoncerai moi-même, le laquet!"
Un bouclier se matérialise à côté de l'indélicat qui est alors repoussé sans ménagement contre l'imposante grille qui lui barre encore l'accès. Un bond amplifié par sa magie lui permet de franchir l'obstacle en question. Elle s'attarde alors un bref instant sur la fontaine au centre d'un imposant jardin et sur la femme qu'elle représente ainsi que la cruche de laquelle se déverse le nectar de Dalaï.

Elle est alors arrachée à sa contemplation par des cliquetis devenus trop familiers. Et lorsque son regard se pose sur la nouvelle menace, elle découvre une véritable petite armée braquant leurs armes impies sur sa personne. Un halo doré réagit à cette provocation et se juxtapose au corps de la disciple de Möchlog.
"Comment osez-vous?!" siffle-t-elle. "HORS DE MON CHEMIN! TOUT DE SUITE!
Incapable de voir que l'avantage n'est définitivement pas dans son camp et que la quantité de sbires présent aurait tôt ou tard raison d'elle, Zora et bel et bien prête à en découdre. Avec le monde entier, s'il le faut. Elle fait un pas en avant. Mais une balle soulève les graviers à ses pieds. Un avertissement on ne peut plus clair. Et qui aura au moins eu l'avantage d'attirer l'attention du maître des lieux si elle se fie à la silhouette qui est apparue sur le spacieux balcon central de la demeure. Enfin!
"Ah, Loud'wig! Nous devons parler, vous et moi!" explique-t-elle, quelque peu radoucie. "Mais si vous souhaitez épargner à vos hommes une fin prématurée je vous conseille de leur ordonner de baisser leurs jouets! Après quoi je vous serai grée de bien vouloir m'expliquer ce qui vous est passé par la tête lorsque vous avez décidé d'envoyer cette... cette... cette enfant de putain me tuer!"
Pensait-il sérieusement que Sakari réussirait? Elle se sent profondément insultée. Toujours est-il qu'elle devine au regard du moustachu qu'il ne s'attendait guère à sa visite. Tant mieux! Elle n'a d'ailleurs pas jugé utile de l'avertir de son arrivée. Pas plus qu'elle n'a abordé le sujet de la sbire qu'il lui a demandée de former.
"Ho et je vous invite à un bal, aussi!" se rappelle-t-elle. "Si Möchlog le veut, sans explosion cette fois-ci!"
Zora plisse alors les yeux en observant celui qui, d'une certaine façon, est devenu le mécène de son amie et elle. Il a changé. Elle ne saurait expliquer pourquoi ou comment. Mais la lueur qui brille dans son regard est différente. Plus... dur? Aurait-il également des choses à lui dire?

Le silence continue de lui répondre tandis que les guerriers de cet homme raffiné lèvent de temps à autre des regards dans sa direction, attendant ses ordres. Et pour la première fois depuis leur rencontre, la fanatique en vient à se demander si, à défaut d'être un bouffon, Loud'wig ne serait pas en réalité un lion...

Ludwig Strauss
Ludwig Strauss
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Tous les mots sont fins quand la moustache est fine EmptyVen 2 Nov - 15:52
Irys : 1073433
Profession : [Officielle] Propriétaire d'industries de l'armement [Officieusement] Baron du crime
Daënar -2
L’arachnobion déploya ses ailes atrophiées dans une ultime tentative d’intimidation, tendant ses pattes aiguisées comme des rasoirs face à la lame de la dague qui, inlassablement, ne cessait de provoquer l’insecte de sa pointe métallique, tapant contre sa petite gueule aux crocs factices et titillant sa carapace de chitine. Agacé, la créature rampa ailleurs, rejoignant le tunnel où ses pairs s’affairaient aux tâches quotidiennes de leur petite fourmilière, abandonnant la main géante et sa dague.

Satisfait, Ludwig referma lentement le couvercle scellant l’aquarium où étaient disposées ses nouvelles bêtes. Des créatures vicieuses et dangereuses malgré leurs tailles somme toute insignifiantes. N’y voyez pas un élan d’égocentrisme qu’on affuble souvent aux fortunés de ce monde, Ludwig n’était pas du genre à gaspiller ses irys durement gagnés dans de simples fadaises, étant un personnage dont l’esprit de lucre était particulièrement aiguisé. Il avait des projets, de terribles idées qui devaient être orchestrées de la pire des manières. Une vengeance personnelle contre des individus lâches et exécrables qui ont osé s’en prendre à ce qu’il avait de plus cher en ce monde, le coupant à jamais de toute forme d’affection émotionnelle. Un châtiment exemplaire était de rigueur et il avait préparé le fléau de leurs tourments avec la plus perfide minutie, sa haine sans nom lui donnant une épouvantable créativité dans le domaine de la cruauté humaine.

Mais devait-il lui-même devenir un monstre pour en pourfendre d’autres ? Devenir ce qu’il essayait de détruire ? Le Baron n’était pas d’humeur philosophique pour y penser, les événements récents avaient laissé un goût bien trop amer dans sa bouche pour qu’il éprouve une once de remord ou d’hésitation. De plus, s’occuper des malfrats en liberté n’était pas la seule pierre de la fondation que désirait bâtir l’ambitieux sir. D’autres projets plus importants et plus complexes étaient en œuvre à présent, des algorithmes et des schémas se multipliaient dans l’esprit rancunier du requin de la finance, élaborant des projets aux terrifiantes implications.

Des exclamations le coupèrent de sa contemplation. Il y’avait du grabuge dans la cours, à en juger par le bruit de pas de ses nombreux hommes disposés un peu partout dans cette résidence secondaire située par-delà les murs oppressants de la grande capitale des technologistes. N’avait-il pas acheté cette résidence des plus agréables pour se recueillir en paix loin de la civilisation et de ses mille et une intrigues ? Ne pouvait-il reposer en paix sans qu’un assassin anonyme ne vienne troubler sa quiétude ? Une fois de plus, une profonde colère le gagna, serrant fort le manche de son couteau avant de lentement reprendre son calme, soupirant longuement pour évacuer cette vague de négativité qui n’avait pas sa place chez un leader contrôlé. Son tact récupéré, il avança lentement vers le balcon qui donnait vue sur sa résidence temporaire, plus particulièrement sur la terrasse où les aboiements de multipliaient.

Le hurlement d’une voix hautaine et haineuse sonna familièrement dans les oreilles du baron du crime organisé et un fin haussement de sourcil exprima sa surprise. Il pouvait reconnaître la voix de cette fanatique entre milles tonalités. C’est en apparaissant du haut du balcon que Ludwig eut la triste confirmation que l’intruse n’était autre que l’adoratrice de Möchlog la plus têtue, arrogante et irrationnelle qu’il lui ait été donné de rencontrer, la seule et unique Zora la terreur rouge. Par tous les Architectes, ne pouvait-elle lui laisser un message comme tout le monde et toquer à la porte en créature civilisée ? Devait-elle toujours agir par pulsion et non de manière réfléchie ? Le fait qu’elle ait survécu si longtemps avec une logique aussi barbare et naïve l’époustouflait presque, les probabilités étant largement en la défaveur d’une succession de miracles. Non pas qu’il ne croyait pas à une certaine intervention divine, après tout il avait clairement vu de ses propres yeux sa bombe infliger une cuisante blessure au Griffon Blanc, entraînant même l’apparition de sa sœur de flammes. Mais l’idée même qu’un Architecte veille sur les faits et gestes de la tueuse en série et la protège des dangers extérieurs pour l’aider à poursuivre son cycle sanglant impliquait des desseins bien trop sombres et chaotiques, même dans l’esprit glacial de Ludwig qui pourtant pouvait comprendre la nécessité de la violence. Mais celle exercée par Zora n’avait aucune valeur intrinsèque si ce n’est sacrifier des vies pour la gloire d’un dieu bien silencieux et passif. Les lunatiques étaient décidément des êtres bien à part.

Lentement, le Baron leva la main. Comme stimulés à l’unisson par cet ordre silencieux, les mafieux abaissèrent leurs armes avant de les ranger sous les plis de leurs manteaux, gardant néanmoins des regards patibulaires et menaçants envers l’intruse. Sans l’intervention de leur chef, ils auraient eu le plaisir de la cribler de balles à la manière d’un épouvantail livré à un peloton d’exécution, bouclier ou pas. D’un mouvement de l’index, il invita la furieuse fanatique à le rejoindre en haut par les escaliers en colimaçon couverts d’un tapis rouge élégant. L’homme d’affaires ne s’était pas privé de décorations élégantes pour cette fois, jugeant que ses montagnes d’irys devaient être dépensées pour quelques amusements autres que ses sempiternels investissements.

Quand la fougueuse diablesse daigna le rejoindre, elle put admirer le salon dégagé avec ses sièges moelleux, les vases aux plantes exotiques exhibées près des colonnes de marbre blanc, donnant des airs de temple ancien sur ces lieux éloignés de l’agitation des villes technologistes. Il fallait dire que Ludwig avait prit goût à certaines spécificités de l’architecture my’tränne, avec l’harmonieux mélange de sculptures et plantations, donnant un côté paisible et séduisant à cette demeure. Une table d’obsidienne se trouvait au cœur de la cour, disposant d’une variété de chandelles et assiettes de porcelaine de Niislegin, soit d’une qualité exceptionnelle. Le propriétaire des lieux s’était clairement constitué un véritable havre de paix.

« Je me demandais quand est-ce que je reverrais la Fureur de Möchlog après les événements de l’exposition. Il faut avouer que vous ne m’avez pas envoyé beaucoup de lettres, miss Viz’Herei. J’en serais presque vexé si je ne vous connaissais pas un peu mieux que le commun des irydars, si j’ose dire. Cependant je ne me serais pas attendu à ce que vous décidiez d’entamer nos retrouvailles de façon si … belliqueuse. Il suffisait de se laisser annoncer, mais j’imagine que vous n’êtes pas une personne des plus patientes. »

Le ton de sa voix était un savant mélange d’élégance raffinée, de reproche dissimulé et de suffisance lassée, une complexe alchimie de tonalités. Le maître du crime avait aussi un regard différent de celui que Zora avait put mémoriser lors de leur dernière rencontre. Quelque chose de différent, un subtil changement. Comme si la flamme de la malice avait laissé place à une amère toundra. Le gentilhomme se déplaça jusqu’à une armoire dans laquelle était disposée une collection prometteuse de bouteilles de liqueurs dont le simple design relevait de l’art de la verrerie. Depuis quand Ludwig était devenu amateur de vins et autres boissons alcoolisées ? Ou n’était-ce qu’une de ses précautions pour satisfaire ses invités ?

Il s’empara d’une bouteille carrée dont il versa le contenu couleur d’ambre dans un petit verre qu’il tendit alors en direction de la my’tränne, sans faire l’effort de venir la lui offrir, attendant donc qu’elle vienne se servir.


« Soyez sans crainte, j’ai eu vent des agissements de celle que je considérais comme un pion de confiance. Les mesures nécessaires furent appliquées en conséquence, votre honneur est sauf. »


Un sourire sans joie s’afficha par la suite sur son visage tandis qu’il ajoutait :

« Et c’est mal me connaître que de penser que j’enverrais quelqu’un vous assassiner. Si une telle idée m’avait effleuré la tête, vous ne seriez déjà plus de ce monde, vous devez sans doute vous en douter. Néanmoins pourquoi parler de rancœur et de menaces entre nous, alliés de longue date ? Je vous en prie, dîtes-moi plutôt ce que vous avez réalisé comme exploits au profit de notre accord commun. »

Si sa main gauche tendait toujours le verre de scotch, la main gauche était fourrée avec nonchalance dans l’une des poches de son manteau de chambre de couleur cramoisi, plus précisément à quelques centimètres du revolver qui ne le quittait jamais. Avec quelqu’un d’aussi imprévisible que la faucheuse de la chouette, on n’était jamais trop prudents.

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Tous les mots sont fins quand la moustache est fine EmptyVen 2 Nov - 17:58

Finalement ils baissent leurs armes sur l'ordre de leur seigneur! Un ordre plutôt lent à être donné... Loud'wig cherchait-il à lui faire passer un message? Lui rappeler qui est le maître en ces lieux? Elle comprend cette façon de penser et l'assurance que lui procure le nombre de ses sbires. Mais il oublie qu'avant toutes choses ces terres appartiennent à Delkhii, non à son propre patrimoine. Et que les hommes qui les arpentent sont tributaires des désirs de Möchlog. Et, par extension, de ceux la rouquine! Mais elle n'est pas venue pour se livrer à un quelconque débat philosophique sur le sujet! Ce qu'elle veut, ce sont des réponses! Et puisque le moustachu appelé à devenir un jour ou l'autre son bouffon semble résigné à les lui donner, il est probablement inutile de faire couler le sang pour contenter son ego vexé...
"À la niche, les clébards!"
Le ton est probablement aussi hautain que le regard qu'elle décoche aux serviteurs de celui qui se revendique baron du crime. Ces pions ne l'intéressent déjà plus alors que le roi est désormais à sa portée. La rouquine ne se fait donc guère prier pour rejoindre son hôte à l'intérieur. À vrai dire elle s'attendait à un étalage d'hérésies dorées semblables à celles qu'affectionnait tant la feue Klaudius. Mais Loud'wig l'étonne à nouveau lorsqu'elle pose le regard sur les décorations étrangement familières qui réussissent à ravir son regard. Ou plutôt, à le contenter. Le moustachu n'est pas dénué de goûts. Elle doit bien le lui accorder...

La fanatique s'emploie à découvrir les yeux comme pour mieux se les approprier. De tous les endroits qu'elle a pu arpenter sur le continent, celui-là est probablement le plus agréable. Ho, bien sûr, il n'arrive pas à les chevilles des splendeurs de My'trä. Mais quelque part les lieux lui rappellent sa terre natale. Et ce n'est pas un mince exploit considérant qu'elle se trouve chez un infidèle. Infidèle que, d'ailleurs, elle laisse s'exprimer. Elle l'écoute même avec attention tandis que son regard vagabonde sans cesse à la recherche de détails qui lui auraient échappés.

Ainsi donc il s'étonne de l'absences de nouvelles? Pensait-il réellement qu'ils allaient rester constamment en contact? Elle ne le pense pas! Ce n'est qu'une tentative pour lui rappeler qu'elle est sous ses ordres. Du moins, c'est probablement ce qu'il pense. Il ne pourrait pas se tromper plus lourdement... L'aide qu'il apporte à Althéa et elle est bienvenue, certes. Mais il a déjà été récompensé lorsqu'elle lui a laissé la vie sauve à bord de son navire. Que peut-il exiger de plus? Quant à la façon dont se déroulent leurs retrouvailles...
"Vous vous attendiez peut-être à ce que je vienne vous rendre visite avec un sourire jusqu'aux oreilles après ma rencontre avec votre pantin? Si vous souhaitez que je vous débarrasse des infidèles dont vous ne savez plus que faire, demandez-moi clairement de les exécuter la prochaine fois! Nous gagnerons tous les deux un temps précieux!" rétorque-t-elle en daignant finalement lui décocher un regard. "Pour ce qui est des lettres, je vous ai probablement négligé, oui! Mais il se trouve que je suis fort occupée à massacrer votre peuple, voyez-vous? Un travail pénible qui, j'en ai bien peur, ne me laisse que peu de temps pour les loisirs..."
Elle lui décoche un vague sourire avant de s'intéresser à la dague qui trône au centre de la pièce. Elle pensait que le moustachu préférait les armes bruyantes et nauséabondes offertes par Technologie. Une nouvelle fois, il l'étonne par la distinction dont il peut faire preuve. Oui, il ferait un bon my'trän pour peu qu'il abandonne la fabrication de ses hérésies et embrasse une vraie foi. Car les irys, s'ils sont pratiques, ne valent guère les bienfaits de la foi. Et ça, il le comprendra un jour ou l'autre...

La rouquine considère à présent le verre que l'homme lui tend. L'offre est alléchante même si elle suppose que le breuvage ne sera guère à la hauteur de ses attentes, fusse-t-il l'alcool le plus raffiné de ce continent impie. Rien de ce qui n'est fait ici pourrait ravir les sens d'une my'tränne digne de ce nom. Toujours est-il qu'elle ne compte pas lui faire le plaisir de s'approcher de lui. Ce sont bien deux egos qui semblent à présent s'affronter.
"Ho, allons Loud'wig! J'ai fait de nombreuses lieues pour venir vous voir!" lui fait-elle remarquer d'une voix doucereuse. "Votre bienséance ne vous pousse-t-elle pas à m'épargner quelques pas supplémentaires?"
Elle lui décoche un regard amusé avant de reporter son attention sur la fameuse dague. Son doigt glisse sur le tranchant de l'arme comme pour en évaluer la qualité. A-t-elle été fabriquée dans un temple de Technologie, ces fameuses usines? Ou est-elle née entre les mains d'un véritable forgeron? Elle se pose un instant la question avant d'approuver d'un vague signe de tête la déclaration de Loud'wig. Ainsi donc la peste n'est plus de ce monde! Dommage! Elle aurait bien voulu lui ôter la vie elle-même, histoire d'être sûre que ses souffrances soient à la hauteur de l'affront qu'elle lui a fait. Mais c'est un détail, dans le fond. Cette femme n'était qu'une infidèle parmi tant d'autres...
"À la bonne heure!"
Elle marque finalement une pause dans sa découverte de la dague lorsque le moustachu juge utile de lui rappeler qu'elle ne serait déjà plus de ce monde s'il avait souhaité sa mort. Une... menace? Son doigt glisse sur l'extrémité de la lame. Zora observe un instant la perle de sang qui apparaît à la surface de ce dernier avant de finalement se retourner vers son hôte. Une façon de lui faire comprendre qu'elle doute sérieusement de sa capacité à la faire disparaître!
"Ce que j'aime chez vous, Loud'wig, c'est incontestablement votre sens de l'humour!" glisse-t-elle, sourire à l'appui. "Les personnes capables de m'amuser sont très rares! Et cela me conforte dans le choix que j'ai fait quant à votre avenir!"
Oui, il fera un excellent bouffon! C'est évident! Elle invoque les arcanes curatives de Möchlog pour soigner la ridicule plaie qui marque son corps avant de prendre place sur l'un des divans qui agrémentent la vaste salle. D'une manière fort peu courtoise pour une dame de la haute société, sans doute. Mais elle ne s'abaissera jamais à se revendiquer du même monde que Loud'wig après tout...
"Quant à mes fameux exploits..." reprend-t-elle sur un ton plus sérieux. "Je pensais que vous garderiez un oeil plus attentif sur notre alliée commune et moi, mon ami! L'information n'est-elle pas une arme? Et je sais que vous la maniez à la perfection! N'attendez pas de moi que j'entre dans votre petit jeu et que je vous fasse un rapport dont vous connaissez déjà certainement les plus infimes subtilités! Vous n'espérez tout de même pas que je vous rende des comptes, si?"
L'idée est tellement incongrue qu'elle lui arrache un rire cristallin. Décidément, cet homme est doté d'e véritables dons! Celui de l'apaiser lorsque sa colère devrait s'exprimer, notamment. Un atout dont il sait visiblement jouer. Ce qui le rend à la fois dangereux et captivant. Bien davantage que la plupart de ses infidèles de congénères, en tout cas.

La rouquine lui décoche un clin d'oeil puis daigne finalement venir se servir... de la bouteille de cognac. Autant se servir directement à la source, non? Ce qui, au passage, lui épargne la honte de venir chercher l'offrande aux relents d'insultes du moustachu. D'une pierre deux coups, en somme. Suite à quoi elle revient s'allonger sur le moelleux canapé sans prendre la peine de retirer ses bottes recouvertes de saletés diverses. Les sbires nettoieront!
"Vous avez changé, Loud'wig! Ce qui m'a frappée lorsque j'ai posé les yeux sur vous tout à l'heure c'est la noirceur qui se dissimule dans votre regard! Je sais reconnaître un homme en colère, peu importe les bonnes manières et la retenue dont il peut se doter!" finit-elle par reprendre. "Vous n'avez jamais été un fanfaron, certes. Mais il fut un temps où vous aviez le sourire plus facile! Dois-en déduire que ma présence vous importune? Nous sommes pourtant - comment dites-vous déjà? Ha oui! - des... alliés de longue date, non?"
C'est évidemment la curiosité qui la pousse à questionner le baron du crime sur un sujet qu'elle imagine probablement sensible. L'altruisme? Allons bon... Elle se fiche pas mal des états d'âmes ou des choses susceptibles d'énerver le moustachu. Mais elle aime les bonnes histoires. Et quelque chose lui dit qu'elle pourrait apprécier le récit de l'homme. Les histoires glauques ont toujours recueilli ses préférences!
"Je suis la seule qui soit réellement capable de vous comprendre, mon cher Loud'wig!" affirme-t-elle. "Racontez-moi tout! Devant un bon repas, par exemple? Avez-vous épargné votre cuisinier? De mémoire ses plats étaient tout à fait acceptables! Et lorsque vous aurez allégé votre conscience nous pourrons alors parler de choses véritablement cruciales!"
Comme le bal! Ou l'extermination programmée des daënars, par exemple...

Ludwig Strauss
Ludwig Strauss
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Tous les mots sont fins quand la moustache est fine EmptyVen 23 Nov - 20:39
Irys : 1073433
Profession : [Officielle] Propriétaire d'industries de l'armement [Officieusement] Baron du crime
Daënar -2
« Très pénible comme travail, j’imagine, bien que … vos exploits ne sont pas encore à la hauteur de mes attentes puisque ne font qu’alimenter quelques journaux de faits-divers sans grande symbolique. Un meurtre de plus dans la marée noire qui emporte notre continent dans un cycle de haine et de criminalité. Et si moi, simple mortel, est peu frappé par vos supposés exploits, je n’ose imaginer ce que Möchlog pense. Mais n’ayez-crainte car, après tout, il m’a envoyé vous soutenir dans votre sainte quête, dans Sa grande sagesse. »

Une fois de plus, il jouait avec la psyché de la fougueuse croisée, paraissant à la fois autoritaire et conciliant, hérétique et croyant, allié et manipulateur … comment peut-on exprimer deux idées divergentes avec cette savante fluidité ? Si Ludwig était un maître dans l’art des lettres et des duels de la langue, ces derniers mois semblaient avoir donné à cet homme une audace bien plus poussée et surtout, vicieuse. Jusqu’à présent il s’était montré très vague quant à ses opinions envers les Architectes. Mais tout avait changé quand il en avait vu deux représentants en grandeur nature. Et que ses artifices en avaient blessé un, réduisant à néant le mythe de l’invincibilité de leurs créateurs.

Devant le refus de Zora de venir s’emparer du verre si généreusement offert, le fier maître des lieux se contenta de poser délicatement le récipient sur la table à portée, bien décidé à affirmer qu’ici, ce n’était pas le navire simple et rustique où ils avaient fait connaissance. Ici c’était un palais, son domaine. Il était le roi de ce petit carré de paradis et, de droit, imposait ses propres règles, fusse son invitée surprise la reine de Zochlom.

Se retournant, il avisa à nouveau le vaste bocal où les créatures aux pattes fourchues rampaient frénétiquement en quête de nourriture, un spectacle bien disgracieux pour certains, mais qui pouvait en fasciner d’autres de part la complexe anatomie de ces étranges bestioles. Le rire moqueur de la fanatique derrière son dos le tira hors de sa contemplation macabre, ses prunelles couleur de givre se portant à nouveau vers l’éclat doré des yeux de la rousse. Naïve, arrogante, têtue et insouciante. Elle était la parfaite représentation d’une épée à double tranchant entre ses mains, une lame qu’il ne cessait d’affuter pour mieux s’en servir, mais qui risquait à tout moment de se retourner contre lui, au moindre petit caprice traversant son esprit dérangé et bercé d’illusions et de doctrines. L’idée de porter des gants de maille pour se prémunir contre les aléas de cette fourbe épée parcourut l’esprit du daënar dés leur accord sur le navire à vapeur. Si elle lui réservait des surprises, elle devait se douter que son « allié » était tout aussi doué en reversements de situations. Le Griffon Blanc pouvait en témoigner.

« Vous m’en voyez enchanté. »

Suite à cette réponse pour le moins sans joie, il se retint d’arquer un sourcil devant les aises que prenait la my’tränne chez lui, posant son corps crasseux sur ses riches divans sans se soucier des plus basiques formes de bonnes manières. Une fois de plus, elle confirmait ses hypothèses d’éducation primaire, probablement dans un orphelinat ou un établissement du genre où elle avait adopté de bien tristes manières, forgeant en elle une prédisposition vers un tuteur divin qui justifierait ses pulsions psychotiques et sa hargne cachée sous couverts de foi et de passion.

Collant chaque extrémité de ses doigts sur leurs sœurs de main différente dans une attitude de prestance orgueilleuse, il commença à lentement se déplacer à travers le vaste balcon, son soyeux manteau rouge le préservant à peine de la fraîcheur de cette pâle journée d’hiver.

« On ne dira pas que je suis un homme qui ne se soucie pas de ses congénères. N’est-il pas plus intéressant d’entendre les autres raconter leurs péripéties plutôt que s’attendre à ce qu’ils en connaissent déjà toutes les infimes subtilités ? Je pense vous connaître assez pour prétendre savoir que vous ne murmurez vos aventures qu’à l’oreille invisible de votre Mentor céleste. Peut-être cela vous donne un charme mystérieux, mais vos petits secrets n’ont rien à me cacher. Du moins, rien qui ne soit intéressant à mes yeux. Et oh que vous étiez intéressante cette journée d’été, à faire une entrée fracassante au milieu de ces marins abasourdis. »

Un petit rire se fit entendre sous le sourire amusé du fortuné gentleman qui, l’espace d’un instant, laissa tomber son masque impassible de souveraineté pour une expression beaucoup plus sereine. Avisant une chaise, il la tira jusqu’au divan où l’insolente guerrière s’étendait dans une disgrâce de chat de gouttière sous le soleil. Prenant place, il posa ses deux bras avec nonchalance contre le siège du meuble sur lequel il était assis, ses prunelles brillant d’un éclat féroce et son sourire ce faisant plus carnassier, affichant une limaille parfaite de part sa blancheur et la régularité de ses perles.

« Vous m’en direz tant, miss Viz’Herei. Vous avez maintenant le don de lire les âmes de ceux qui vous entourent ? Votre peuple recèle bien des surprises. Il est vrai que j’ai eu, moi aussi, quelques événements qui ont marqué la chaire de mon esprit au fer rouge, y laissant l’indélébile sensation d’abandon, de frustration, de solitude et de rancœur. Mais ces récentes péripéties m’ont, certes tragiquement, remises les idées en place, me révélant clairement ma voie, mes objectifs, ma raison d’être. Rien ne vaut une succession de malheurs et de déceptions pour remettre un homme vers le chemin qui lui était destiné, n’est-ce pas, fidèle de la Chouette ? »

S’étirant un peu plus vers la téméraire alliée, il susurra sous le ton de la confidence :

« Mais pourquoi gâcher ma part de mystère comme vous savez si bien l’entretenir, hm ? Chacun ses petites cachoteries. Cependant je suis curieux de savoir pourquoi vous avez soudain cette urgente envie d’être invitée à un bal, daënar qui plus est ! Avez-vous développé une certaine affinité avec ces festivités depuis ma toute dernière démonstration de force ? Vous risqueriez d’être déçue mais je ne peux garantir cette fois qu’une autre Architecte soit présent pour que je lui fasse le don de mes … pouvoirs particuliers. »

A moins que Möchlog en personne ne s’intéresse enfin à celle qui se considérait comme sa protégée ?

Invité
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Tous les mots sont fins quand la moustache est fine EmptyJeu 10 Jan - 5:57

Elle détache son regard des créatures enfermées afin de le poser sur Loud'wig qui vient tout juste de dénigrer son travail. À l'entendre la tournure des événements le laisse clairement sur sa faim. Estime-t-il qu'il est si aisé pour une étrangère de faire couler le sang? Oui, ça l'est! Mais les conséquences ne tardent jamais bien longtemps avant de se manifester. La purification de cette horlogère, par exemple, aura failli lui coûter la vie. Technologie est une adversaire bien plus redoutable qu'elle l'escomptait. Sans doute tire-t-elle sa force de tous ces abrutis qui vénèrent ces machines bruyantes. Comment combattre efficacement sur le territoire d'un ennemi encouragé par des millions d'infidèles? La question ne lui semblait pas si pertinente quelques semaines plus tôt...

Alors oui, elle abonde dans le sens du moustachu: ce n'est pas assez! Elle-même ne peut guère se satisfaire des maigres résultats acquis au fil des mois. Combien de temps lui prendra la purification du continent à ce rythme? Il faut accélérer la cadence. Et, bien sûr, ne pas laisser entendre à Loud'wig qu'il puisse avoir raison sur le sujet. Par esprit de contradiction, déjà. Mais aussi - et surtout! - par fierté! Toujours est-il que ce qui la dérange foncièrement en cet instant, c'est le fait que l'industriel puisse suppose que Möchlog ne se satisfait guère de la contribution apportée par la rouquine. Mais peut-être oublie-t-il que la sienne se résume à peau de chagrin? Que fait le moustachu tandis qu'elle arpente les ruelles malodorantes des grandes cités daënars aux côtés d'Althéa?
"La purification des infidèles n'a rien de bien impressionnant, je vous le concède..." admet-elle en hochant doucement la tête. "Et il est vrai que j'ai un goût moins prononcé que vous pour tout ce qui à trait à la mise en scène. Je suis donc désolée si l'aide que j'apporte aux vôtres n'est pas aussi spectaculaire que vous l'auriez souhaitée! Mais gardez bien à l'esprit que je n'existe pas pour vous distraire et encore moins pour vous impressionner! Je suis la servante de Möchlog, non celle de Loud'wig Strauss!"
Elle suppose que le moustachu a pris l'habitude de se faire obéir au doigt et à l'oeil. Peut-être qu'il transpose la caractère servile de Laura sur elle et s'attend donc raisonnablement à ce qu'elle lui mange dans la main. Pour quelqu'un qui se prétend clairvoyant, il fait preuve d'une insolente cécité. Mais la rouquine ne s'en offusque guère Loud'wig est un pion dont l'utilité demeure. Mais un pion tout de même. Et la reine se fiche pas mal du sort dévolu à ses soldats ou de leurs sentiments personnels. Comme peut le laisser présager le vague sourire qui se dessine à présent sur les lèvres de la fanatique tandis que son interlocuteur reprend la parole.

Mais Zora se questionne: que cherche-t-il à faire? Saper le travail accompli? Marquer une certaine distance entre elle et lui comme pour mieux lui rappeler qu'il se considère supérieur? Il ne pourrait guère se tromper davantage. Mais c'est ce qui fait son charme. L'homme a au moins le mérite d'avoir une fierté. Une chose bien trop rare au sein du peuple daënar. Aussi lorsqu'il ose supposer qu'elle a perdu de sa verbe et qu'elle est bien moins intéressante que lors de leur première rencontre, elle ne se fait guère prier pour répliquer la seule chose qui lui semble sensée pour préserver sa propre fierté:
"Et bien au nom de notre première rencontre je me ferai une joie de faire une nouvelle entrée fracassante la prochaine fois que nous serons appelés à nous revoir!" promet-elle. "Rassurez-vous: vous en aurez pour votre argent! Enfin, si je puis dire..."
Plus le temps passe et plus elle se rend compte que leur partenariat arrivera à terme plus vite qu'elle ne l'escomptait. Elle pourrait s'en satisfaire. Mais Loud'wig est probablement un ennemi dangereux. Et il conviendrait donc de frapper la première pour éviter d'être prise dans les engrenages dirigés par le moustachu. L'idée continue malgré tout de lui déplaire. Et pourtant l'homme semble résolu à la pousser à bout. Un comportement qui contraste avec la sagesse et la retenue qu'elle lui a volontiers accordées lors de leur voyage commun vers le continent des enfants des Architectes.

Zora commence ainsi à tomber dans un cercle vicieux mental qui la pousse à lâcher la bride de son agressivité. Mais elle la retient à nouveau lorsque son aîné lui expose à demi-mot les raisons du changement qu'elle a perçus en lui. Fidèle à lui-même, il semble soutenir que les épreuves endurées l'ont rendu plus fort. Sa curiosité la dévore un bref instant et anime son regard. Elle hésite un instant à creuser la question puis se rappelle que tout ce qui lui importe, c'est qu'il soit apte à l'épauler...
"Vous ne vous êtes jamais réellement écarté de votre destin Loud'wig puisqu'il est impossible d'y échapper! Vous vous êtes contentés de suivre le chemin imposé par Möchlog! Comme nous le faisons tous, qu'on en ait conscience ou non..." nuance-t-elle. "Mais je suis ravie d'apprendre que vous avez réussi à surmonter ces épreuves, quelle que soit la forme qu'elles ont adoptée ou le sens que la divine Chouette désirait leur apporter!"
Et davantage encore satisfaite de pouvoir raisonnablement penser qu'il ne représentera pas un poids à l'avenir. Elle fait un vague signe de main comme pour signifier à Loud'wig qu'il est inutile de s'étendre plus avant sur ce sujet. Ce qui tombe bien dans la mesure ou l'homme ne semble pas disposé à poursuivre sur sa lancée. Au contraire, même. Il la prend à contre-pied en lui avouant sans gêne qu'il est à l'origine de l'explosion qui a ravagé le bal. Elle écarquille subrepticement les yeux mais reste incapable de prononcer le moindre mot.

La fanatique se lève pour s'approcher alors de l'une des fenêtres, tournant le dos à Loud'wig. Doit-elle le féliciter d'avoir accentué davantage encore la tension existante entre leurs deux peuples ou le tuer pour avoir agi d'une manière si... triviale? Elle croise alors les bras tout en tentant d'ordonner ses pensées et d'apporter la réponse qui convient à l'honnêteté de Loud'wig.
"Je ne sais pas si je dois vous féliciter ou au contraire vous ôter la vie, Loud'wig! Peut-être serez-vous plus à même de m'aider à prendre la décision qui s'impose?" lui demande-t-elle, tournant brièvement son regard sombre en direction de l'intéressé. "Que dois-je faire d'un homme qui se vante d'avoir... blessé un Architecte? À supposer que le terme soit adapté, évidemment. Vous ne pouvez pas tuer un dieu. Tout au plus aurez-vous réussi à provoquer la colère des autres! Mais vous vous en êtes rendu compte sur le moment, je suppose?"
Ses poings se serrent. Comment a-t-il osé faire ça? Il personnifie à présent l'audace et la vanité des ancêtres des daënars d'aujourd'hui. Eux aussi ont voulu faire chuter les Architectes. L'histoire semble à nouveau se répéter! Et pourtant elle devrait s'en réjouir: Daënastre creuse sa propre tombe! Mais ce qui la dérange, dans le fond, ce n'est pas cette tentative manquée de tuer un Architecte. Au contraire, même: certains d'entre eux avaient peut-être besoin de subir de plein fouet l'hérésie daënar et la cruauté qui en découle. Non, ce qui dérange réellement Zora, c'est le fait d'avoir été également présente. Sans Althéa et ses mystérieuses relations, la rouquine aurait peut-être tiré sa révérence ce jour-là...
"En soi je peux pardonner votre témérité! Votre silence, un peu moins! Vous saviez que notre amie commune et moi serions présentes ce soir-là! Et vous avez également eu la possibilité de nous prévenir de vos sombres intentions lorsque nous sommes venues nous équiper à votre échoppe!" rappelle-t-elle. "Cher Loud'wig... Je vais finir par croire que vous souhaitez ma mort! Et quand je me mets en tête des idées pareilles il arrive que j'agisse de manière quelque peu... comment dire... impulsive?"
Son bras se tend sèchement en direction des étranges créatures nourries par le moustachu. Les boucliers font leur office et la vie s'éteint brutalement. Ho elle se doute bien que Loud'wig n'attache pas une importance particulière à ces créatures. Mais que peut-elle faire sinon marquer le coup? Elle en avait besoin. Une pulsion dictée par une douce folie. Son bras regagne le flanc de son corps tandis qu'elle lâche un soupire pour mieux clore cette part de leur échange. Zora n'évoque d'ailleurs plus le sujet lorsqu'elle reprend la parole. Qu'elle le veuille ou non, elle a encore besoin de Loud'wig. Et, en l'occurrence, de ses relations.
"Le bal, donc! Il se trouve que ce que vous appelez votre "haute société" se retrouve à Alexandria ce soir pour danser! Ou en tout cas pour essayer!" glisse-t-elle, se rappelant du désastreux spectacle offert par les danseurs daënars. "Et donc, nous y allons! On ne vous refusera pas l'entrée si vous êtes si important que ça, non? Peut-être avez-vous même déjà été invité? Dans tous les cas il vous faut une cavalière et ça tombe bien: je suis disponible!"
Un sourire amusé se dessine sur ses lèvres. Elle espère que Loud'wig aura de quoi la vêtir décemment! Peut-être a-t-il des vêtements my'träns cachés quelque part? Et, surtout, de quoi lui permettre de retrouver sa fraîcheur. Elle sort un article de journal plié à la va-vite du pan de son manteau et le tend à son hôte. Il trouvera toutes les informations dont il aura besoin pour les mener à destination. Cela fait bien longtemps qu'elle ne s'acharne plus à comprendre la relative logique des plans daënars...
"Vous pourrez y faire exploser quelque chose si ça vous amuse mais dans tous les cas, soyez rassuré: je me tiendrai convenablement! Ou en tout cas tel que vous autre attendez qu'une... dame se comporte! Vous me présenterez les personnes influentes de votre monde! Introduisez-moi dans leur sphère! Et je me chargerai du reste!" précise-t-elle. "Vous voulez des résultats et j'en ai marre de massacrer votre piétaille! L'occasion est parfaite!"
Un sourire, innocent cette fois-ci, évoquant un plaisir presque enfantin, se dessine à présent sur les traits délicats de la rouquine tandis qu'elle relève son regard pétillant en direction de Loud'wig. Ho oui, ils vont bien s'amuser!
"Mais en parlant de convenances... Pouvez-vous me montrer un l'endroit où je pourrai faire ma toilette? Je ressemble à une kharalienne..." soupire-t-elle. "Ho et demandez à vos servantes de m'apporter vos plus belles robes my'trännes? Il faut que je sois présentable!"
Car pour l'instant il n'y a guère de différence entre les rebuts de la société daënar et elle... C'est un peu gênant mais la croisade demande des sacrifices. Elle se dirige déjà en direction de la sortie du vaste salon, attendant sans doute que son hôte l'accompagne à destination.
"Et Loud'wig... Si vraiment vous avez dans l'idée de faire exploser quelque chose sur place, prévenez-moi!" souffle-t-elle en marquant un court temps d'arrêt devant le moustachu. "Les meilleures plaisanteries sont les plus courtes!"
Suite à quoi elle reprend sa marche vers l'endroit où on voudra bien la guider...

Ludwig Strauss
Ludwig Strauss
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Tous les mots sont fins quand la moustache est fine EmptyMer 6 Fév - 21:30
Irys : 1073433
Profession : [Officielle] Propriétaire d'industries de l'armement [Officieusement] Baron du crime
Daënar -2
« Allons, allons ma chère amie. Ne prenez pas les paroles de votre allié au pied de la lettre. L’agressivité que vous maîtrisez est inutile en ces lieux. Vos ennemis sont tous désignés et je n’en fais point partie, vous le savez tout au fond de votre être. Votre but est de terrasser technologie et ses servants. Moi ? Je ne suis qu’un exemple de neutralité, me laissant emporter par les deux cotés d’une même balance. Nous n’avons aucun intérêt à nous défier et avons tout à gagner à collaborer ensembles, vous le savez mieux que quiconque. »

Il se releva lentement et s’approcha d’un pas soutenu vers la fanatique qui s’était éloignée. Même à cette distance le fortuné daënar pouvait clairement ressentir la colère qui grondait au fond de son être, l’animosité dans chacun de ses mots, la fureur qui ébranlait sa voix. Un petit sourire au coin des lèvres, il s’arrêta à ses cotés en croisant ses mains derrière son dos, ultime preuve d’une confiance absolue malgré le fait qu’il était en compagnie d’une des femmes les plus dangereuses et recherchées d’Irydaë. Grisant.

« Loin de moi l’idée de défier les Architectes, seuls des fous dérangés tenteraient l’impossible. Mon plan était méticuleusement préparé pour provoquer plus un impact psychologique qu’un véritable déchaînement d’horreur. Cependant le Destin peut toujours bouleverser les stratégies les plus élaborées. Un assassinat provoqué par je ne sais quel malandrin nous obligea à être cernés par une sécurité renforcée alors que j’escomptais justement de vous tirer hors du bal avec mes complices et moi-même. Si je vous avais prévenu avant, on aurait éveillé des soupçons. Puis vint la seconde variable inattendue au sein de l’équation, à savoir la présence d’un architecte parmi les convives. Ma stupeur était totale et je n’ai pas besoin de vous décrire les effets de la douleur de Khugatsaa sur nous. Par chance, nous avons survécu ! Ou plutôt … »

Se penchant légèrement, il susurra avec un ton mielleux et malicieux, ses prunelles brillant d’un éclat surnaturel :

« Grâce à Möchlog. J’ai vu la Chouette, miss Viz’Herei ! Jamais je n’aurais crûs que ce jour arriverait et surement pas de cette façon, mais je l’ai vu aussi clairement que j’ai vu les deux Griffons au cœur du bal ! »


Posant une main qui se voulait amicale sur l’épaule de sa partenaire sans pour autant être indécent ou empiéter sur son espace vital, il ajouta avec un ton dénué de toute forme de mensonges ou de moquerie :

« J’ai compris énormément de choses, alors. Une leçon terrible mais efficace qui m’a changé, sans compter toutes les épreuves que j’ai dû passer durant les mois qui suivirent. Cela m’a permit de comprendre un peu mieux votre quête et son importance. Nous sommes des pantins, des pions, des instruments entre les mains de puissances qui nous dépassent et dont on ne peut saisir la pleine complexité de leurs desseins. J’ai longuement médité sur leur rôle et leur guidance, me demandant sans cesse s’ils étaient des parents bienfaiteurs, des juges, des maîtres qui désirent nous voir les chérir pour leur propre orgueil ou si un but qui dépasse l’entendement des mortels anime leur comportement si distant.»

Le sérieux qui se lisait dans son visage ridé par ses propres réflexions démontrait clairement qu’il pensait chaque mot qu’il venait de prononcer, à moins que l’art de la manipulation n’ait atteint un nouveau cercle de maîtrise qui rendait la distinction du mensonge terriblement difficile. L’avantage de s’être retranché dans cette demeure éloignée de l’agitation des villes et de leurs manigances criminelles étaient que le baron du crime pouvait se consacrer à des réflexions plus profondes sur la nature des choses, la philosophie, la science et bien d’autres domaines qui ne concernaient pas forcément des assassinats orchestrés avec soin ou des accords commerciaux aux quatre-coins d’Irydaë. L’expérience était plaisante et apaisante, lui donnant enfin l’occasion de panser ses blessures et regagner la sérénité qui faisait de lui l’homme tant respecté et redouté d’autrefois et non l’épave humaine qu’il était devenu après les événements du bal, la mort de sa douce fille et la disparition de sa fiancée. Plus d’heures de privation et de travail incessant, il s’était entièrement consacré à se ressourcer et à redonner à son âme l’énergie qui la pousserait à brûler comme un flambeau dans l’obscurité. Lecture de livres théologiques et philosophiques, promenades à travers champs et jardins, safaris au sud du Tyorum, séances de méditation devant la cheminée … Le fortuné industriel avait récupéré vigueur et détermination par ces procédés thérapeutiques, s’ouvrant même aux bienfaits des différentes cultures à en juger par le savant mélange architecturale de sa demeure et ses aménagements.

« J’aimerais sincèrement que vous me parliez un peu plus de votre religion. Je pense avoir raté une lumière dans un long tunnel obscur et je souhaite plonger le regard dans cette flamme immaculée, quitte à perdre la vue. M’accorderiez-vous cet honneur ? »

Son sourire semblait franc et sincère, de quoi prendre au dépourvu n’importe qui. Ludwig était différent mais gardait nettement sa marque de fabrique, à savoir cette mystérieuse galanterie et cette prestance éloquente qu’il ne s’efforçait même pas à établir, étant tout à fait naturelle autant dans ses geste soignés que dans ses mots soutenus. On aurait du mal à penser qu’il était derrière l’un des plus vastes réseaux criminels de l’histoire d’Irydaë et pourtant, pourraient-ont imaginé quelqu’un d’autre tirer les ficelles d’un empire souterrain ?

Le gentleman lança un regard inexpressif sur les insectes broyés par la redoutable sorcellerie de la fanatique, un simulacre de rire se faisant entendre derrière ses lèvres souriantes avant d’inviter d’un signe de la tête sa partenaire à le suivre à travers les couloirs de sa riche demeure. Croisant les mains derrière son dos dans un geste de confiance qui démontrait clairement son sentiment d’aise en présence de la grande tueuse de leur temps, il déclara tout en traversant les grands rideaux colorés d’un long couloir de pierre blanche dallé d’obsidienne luisante :

« Je vois que vous êtes devenue friande de ce divertissement daënar, ma chère. Je m’en voudrais de ne pas vous accorder ce souhait. Hm … je vais voir si un bal est organisé pour quelques événements qui m’intéressent peu, peut-être que votre présence m’arrachera de la monotonie de ceux qui s’évertuent à se considérer comme mes égaux. »

Ils descendirent de longues marches en colimaçon menant vers une vaste pièce aérée qui contenait un riche amalgame de décorations, statues, trophées, animaux empaillés, antiquités et autres œuvres d’art et merveilles. Le businessman ne s’était pas privé de luxe pour une fois, contrairement à sa résidence principale plus « modeste ». Aurore lui avait toujours demandé à quoi bon ramasser des trésors et des fortunes colossales s’il n’en profitait pas, s’il les laissait prendre la poussière dans ses vastes coffres-forts à mesure que les années s’écoulaient et que sa jeunesse coulait entre ses doigts comme du sable fin. Elle avait raison et c’est en honneur de sa mémoire qu’il avait décidé de profiter pleinement de l’œuvre de son travail et de ses complots, aussi sanglants soient-ils.

« J’ai longuement réfléchit et j’ai fais la part des choses, notamment concernant mes vrais alliés. Nous avons nos différences mais aussi nos différents, pourtant une analyse poussée de notre collaboration me fait penser que nous avons tout à gagner à renforcer notre soutien mutuel plutôt que nous défier et laisser le doute s’immiscer entre nous. J’ai sentis dans les mouvements de vos muscles, aussi imperceptibles soient-ils, que vous n’étiez pas en totale confiance en ma présence. Chose tout à fait compréhensible. Mais nous allons corriger cela ! Je vais vous montrer que, au-delà de simple allié, je peux être un de vos rares … amis, si j’ose utiliser ce terme. »

Le duo insolite quitta le somptueux salon pour arriver à une aile en plein-air donnant accès à de grands jardins, mais aussi à un petit mur de bambous qui fermait l’accès à un recoin unique en son genre à Daënastre, un des nombreux bijoux qu’avait installé Ludwig pour transformer sa résidence en un parfait havre de paix. Une porte faîte du même composant végétal qu’on trouvait plus à Myträ qu’ici attendait patiemment son maître, ce dernier extirpant alors des poches de son manteau une clé digne des plus talentueux orfèvres.

« Avant de vous ouvrir les portes de mon petit paradis personnel, je vous prie de bien méditer concernant notre relation particulière. Vous comprendrez alors qu’il est inutile de nourrir des soupçons à mon égard, la force des choses m’ayant apprit que je préférerais avoir le moins d’ennemis possibles. Dans tous les cas, je suis sûr que vous me serez très reconnaissante pour ce énième cadeau de ma part, preuve de mon amitié indéfectible envers vous, élue de la Chouette. »

Insérant la clé dans la serrure, la porte s’ouvrit lentement pour libérer un écran de vapeur qui enveloppa les deux personnages dans une chaleureuse caresse. Quand la brume se dissipa légèrement, Zora eut tout le loisir de contempler quelque chose de clairement insoupçonné en territoire ennemi : une source d’eau thermale, un véritable petit lac artificiel encerclé par des pierres lisses comme la soie, des seaux de bois disposés près d’étagères de la même substance, des bouteilles d’huile aromatique soigneusement disposées aux soins des visiteurs … l’eau bouillonnait presque de chaleur, invitant les corps engourdis par le froid et la fatigue à venir s’y engouffrer et succomber à sa chaleur bienfaisante. Une source thermale à Daënastre, était-ce un rêve, une illusion ou un prodigieux tour de force que seule la richesse extravagante du moustachu pouvait engendrer ? Un miracle rare et précieux qui charmerait le plus réticent des technophobes, notamment par l’absence totale de toute forme d’appareils et autres inventions. Une parfaite ode à la nature et à la paix à la disposition d’un seigneur de la guerre et des armes. Ironique.

« Voici mon trésor personnel. Personne à part moi n’a porté les pieds dans cette source. Profitez-en, vos péripéties ont sans doute exacerbé vos nerfs et vos muscles. Je reviendrais vous apporter des vêtements en adéquation avec vos goûts. D’ici-là, amusez-vous bien. »

Après un clin d’œil complice et une petite révérence amusée, le gentleman s’éclipsa en sifflotant un petit air daënar. Peut-être que la présence de la rousse furie ne serait pas si mal, un peu de belle compagnie autre que les ennuyeux bourgeois l’amuserait sans nulle doute. Mais pour l’heure, il avait un bal à trouver.

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Tous les mots sont fins quand la moustache est fine EmptySam 9 Fév - 9:21

L'homme garde cette étonnante faculté à la surprendre. Il a l'esprit affûté, elle le sait. Sans quoi il ne serait déjà plus de ce monde. Mais elle ne sait pas si elle doit se féliciter de pouvoir compter sur un tel allié ou s'il convient d'étouffer le danger qu'il représente. Elle oscille constamment entre ces deux options avec la régularité exacerbée d'un balancier. Et comme bien souvent, elle se contente d'un vague sourire à l'attention de l'industriel. Une manière de lui témoigner son approbation ou de lui faire comprendre qu'elle n'est pas prête à gober toutes les belles paroles qu'il prononce? Son venin est doux, c'est certain. Mais c'est précisément ce qui le rend dangereux...

Avec un daënar comme celui-là, elle le sait, elle n'a d'autre choix que de s'en remettre à l'instinct. Un pari peut-être aussi risqué qu'excitant. Elle apprécie ce jeu autant qu'elle le condamne. Doit-elle s'offusquer de la façon dont il parle de Möchlog et de l'intérêt qu'il souhaite lui témoigner ou au contraire le punir pour la crédulité qu'il semble vouloir exploiter en elle? Son intérêt est-il réel? Incarne-t-il un simple moyen parmi tant d'autres pour lui permettre de parvenir à ses fins? Doit-il mourir? Mérite-t-il de vivre?
"Ma... religion ne se satisfait pas de la neutralité que vous évoquiez avec tant d'humilité il y a quelques instants, cher Loud'wig!" rétorque-t-elle simplement avant de daigner tourner son regard dans sa direction. "Vous souhaitez vous rapprocher de Möchlog? Commencez par tourner le dos aux daënars et par détruire vos mines qui souillent le sol de My'trä! Pour baigner dans la lumière des Architectes, il vous faudra auparavant faire l'effort de vous extirper des ténèbres de Technologie!"
Le ton est catégorique. Comme souvent. Mais plus qu'un refus, c'est davantage une invitation qu'elle vient d'adresser à son mécène. Sera-t-il capable de suivre ses recommandations? Son désir d'apprendre surpasse-t-il son besoin de pouvoir? Ho, elle a bien une idée sur le question. Mais comment peut-elle décemment prétendre connaître par avance la décision d'un homme qui sublime la faculté à surprendre? Un nouveau sourire s'installe sur les traits délicats de la rouquine tandis que le duo qu'elle forme avec le moustachu s'approche d'un vaste escalier en colimaçon.

Ce faisant, elle est satisfaite d'apprendre que Loud'wig entend bien l'accompagner au bal. Elle s'étonne qu'il ait pu croire qu'il avait le choix mais choisit de ne pas relever ce qui ressemble à de l'impertinence. Le bouffon ne jouit-il pas, traditionnellement, d'une plus grande liberté que le reste de la cour? N'est-ce pas l'insolence de cet industriel qui aura su lui garantir une place dans le monde qu'elle entend créer au nom de Möchlog? Comment le lui reprocher autrement que par un léger rire? La fanatique retrouve son sérieux au moment où l'homme évoque la monotonie qui lui inspire son entourage.
"S'ils s'évertuent à se considérer comme vos égaux, rappelez-leur où se trouve leur place!" glisse-t-elle. "Le respect n'est pas toujours inné, j'en conviens. Mais il est fort heureusement assez aisé à inculquer..."
L'élégant moustachu centre ensuite la conversation sur leur alliance. Zora le laisse s'exprimer tout en observant avec un mélange de dégoût et de curiosité la décoration des lieux. Elle s'attarde un instant sur un animal empaillé et hoche la tête à regret. Les animaux ne lui évoquent rien si ce n'est de l'indifférence. Mais elle ne peut s'empêcher de penser à Orshin. Que pense l'Araignée de ses œuvres ainsi parodiées par les daënars? La rouquine marque ensuite une pause dans sa progression, incitant Loud'wig à faire de même. Elle lui décoche alors un regard accompagné du plus hypocrite des sourires.
"Vous parlez du manque de confiance comme s'il s'agissait d'une tare et de l'amitié comme si elle était nécessaire!" s'amuse-t-elle. "Nous n'avons besoin ni de l'une, ni de l'autre pour respecter les termes du contrat qui nous lie! Alors pourquoi s'embarrasser de sentiments propres au commun des mortels?"
Ils sont deux fauves dans ce monde empli de proies! Et les fauves n'ont que faire de la confiance et de l'amitié. Tout ce dont ils ont besoin pour s'épanouir, c'est de la faiblesse de leurs congénères. Elle suppose que Loud'wig guette ses failles tout comme elle guette les siennes. Ce sont simplement les règles que leur impose ce jeu dangereux auquel ils s'adonnent. Pourquoi le nier? Et pourquoi souhaiterait-elle se rapprocher davantage d'un homme qu'elle perçoit comme un jouet distrayant doublé d'un instrument fort utile?

Leurs pas les guide jusqu'à un jardin des plus étranges. Zora se délecte de cette vision qui lui évoque davantage My'trä que le somptueux salon qu'ils viennent de quitter. Elle fait glisser ses doigts le long du mur de bambou qui balise le chemin qu'ils empruntent à présent. La rouquine découvre ensuite avec curiosité les portes qui se dressent devant eux. Loud'wig sublimant le mystère, elle trépigne d'impatience à l'idée de découvrir le fameux trésor qu'elles cachent. Mais lorsque la vapeur s'extirpe de sa prison elle recule aussitôt d'un pas, sur le qui-vive. Puis elle se déride lorsqu'il devient évident qu'elle n'est pas confrontée à un piège.
"N'ayez aucune inquiétude quant aux soupçons que je nourris à votre égard! Ce sont eux qui m'ont poussée à traiter avec vous et qui motivent par ailleurs l'intérêt que je vous porte!" souffle-t-elle. "Et maintenant cessez de me harceler avec votre foutue amitié! Je vais vraiment finir par me sentir insultée, vous savez?"
Elle n'hésite pas un seul instant avant de laisser choir ses vêtements au sol. La nudité est une honte propre aux daënars. Zora frisonne lorsque ses pieds rencontrent le sol et que les caresse d'Amisgal glissent sur sa peau. Elle s'enfonce bien vite dans le nuage de vapeur puis dans le sang de Dalaï. Le contact avec l'eau chaude est des plus agréables. Tant et si bien que la disciple de Möchlog s'abandonne bien vite à l'atmosphère particulière des lieux. Elle entend à peine Loud'wig lui indiquer qu'il reviendra lui apporter des vêtements lorsqu'elle aura pleinement profité de ce petit nid de plénitude.
"Oui, voila, faites donc ça!"
Elle conclue sa remarque par un bouclier qui vient refermer les portes. Le signe évident que la présence du moustachu n'est plus nécessaire! Et pourtant elle suppose qu'elle aurait apprécié poursuivre leur discussion dans ce cadre idyllique. Une considération bien vite effacée au fil des secondes qui suivent...
Tous les mots sont fins quand la moustache est fine Separa10
Les mains apposées contre le paravent qui la sépare de Loud'wig, Zora fait de son mieux pour faire abstraction de la gueuse qui l'aide à se vêtir. La fanatique a très vite jeté son dévolu sur une robe écarlate mais elle n'avait pas imaginé les complications inhérentes au port d'une telle oeuvre vestimentaire. Ou encore l'existence même de ces fameux corsets qui ne semblent avoir d'autre but que celui de vous couper la respiration et de broyer vos entrailles. Un murmure étouffé franchit le seuil de ses lèvres quand l'esclave serre un peu plus fort l'instrument de torture. Une forme d'avertissement à l'encontre de la domestique.
"Si j'avais dans l'idée de vous laisser me corrompre, Loud'wig, je crois que ces lieux auraient pu aisément m'acheter!" plaisante-t-elle. "Mais fort heureusement je ne suis pas sensi... hmpf!"
Coupée dans sa phrase par l'insistance de la gueuse, Zora réagit au quart de tour et écrase la paume de sa main sur la joue de la malheureuse. Ne s'attendant guère à une telle réaction, la cible tombe au sol avant de masser sa chair endolorie. Le tout sous le regard sévère de la rouquine qui, visiblement, attend des explications.
"Mademoiselle?!"
"Si tu veux me tuer, vas-y franchement!" rugit-elle. "Mais je ne me laisserai pas torturer plus longtemps!"
"Excusez-moi Mademoiselle mais... toutes les dames portent le corset!"
"Pourquoi voudraient-elles endurer ça?" s'étonne la rouquine, yeux plissés. "Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez elles!?"
"Je... Et bien... Pour affiner leurs silhouettes et être présentables en société!"
La cible de la fanatique vient certainement de comprendre, à l'air outragé de l'invitée de son maître, qu'elle a choisi ses mots avec un manque de jugeote évident. Elle tente de corriger le tir en levant deux mains apaisantes en direction de la disciple de Möchlog qui se retourne d'une manière menaçante dans sa direction. Mais elle n'a guère l'occasion de prononcer des mots puisqu'un écrin doré vient bien vite se former autours de sa gorge.
"Qu'est-ce que ça sous-entend, ça, mmh?"
L'autre n'a guère l'occasion de répondre si ce n'est lorsqu'un craquement sinistre vient mettre fin à son insignifiante existence. Vexée, elle arrache le corset et le jette par-dessus le paravent avant de se glisser au mieux à travers la robe qu'elle ajuste ensuite face au miroir. Elle se tourne d'un côté puis de l'autre tout en s'observant dans le reflet.
"Répondez-moi franchement, Loud'wig... Vous trouvez que j'ai grossi?" demande-t-elle avant de se rendre compte de la futilité de sa question. "Non en fait laissez tomber! Parlez-moi plutôt du bal! Avez-vous réussi à nous infiltrer dans le poulailler?"
Si son esprit est orienté vers la réponse du moustachu, son regard, lui, reste obstinément rivé sur la silhouette renvoyée par le miroir. Qu'est-ce qu'elle a voulu dire, cette foutue esclave?

Ludwig Strauss
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Tous les mots sont fins quand la moustache est fine EmptySam 9 Fév - 14:30
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Profession : [Officielle] Propriétaire d'industries de l'armement [Officieusement] Baron du crime
Daënar -2
Deux fauves, effectivement. Mais d’une race totalement différente. Elle incarnait le prédateur sauvage et brutal, traquant inlassablement sa proie toutes griffes dehors, usant sa force et sa ténacité. Lui par contre était le chasseur patient et méticuleux, celui qui préférait user de son intelligence pour guetter sa proie et briser petit à petit toute possibilité de fuite pour enfin l’achever. Leurs deux façons d’opérer les rendaient totalement opposés l’un à l’autre, mais les plus attentifs verraient les faibles et subtiles ressemblances chez ces deux individus, notamment leur manque d’empathie apparent.

Mais revenons donc au présent.

Le gentleman était entrain de feuilleter un livre sur ses genoux, confortablement assis sur un siège de velours écarlate près de la chaleur réconfortante d’une cheminée. À quelques pas de lui, la ténébreuse sociopathe découvrait les déplaisirs du style vestimentaire de la noblesse technologiste par maintes exclamations et remarques acerbes, lui arrachant un sourire moqueur tandis qu’il consultait le savoir qui se profilait sous ses yeux. Chaque image, chaque phrase, chaque mot se gravaient dans l’esprit du génie comme dans de l’argile frais. Rien n’échappait à la mémoire idyllique du fortuné industriel, pas même les détails les plus subtils. Il pouvait en un clin d’œil retenir le portrait d’un roi, avec les plus infimes arabesques d’un anneau autour du doigt, les imperfections d’un visage pompeux et arrogant, la lueur des prunelles trahissant l’âme de son propriétaire, le parfum qu’il pouvait porter … un don puissant et une arme redoutable. On pourrait dire qu’il aurait fait un détective hors pair s’il s’était convertit dans la défense de la loi et non pour la briser, mais telles étaient les fluctuations du destin capricieux, pouvant servir les talents les plus prometteurs de l’humanité pour sa propre destruction.

Même le fugace moment où ses yeux eurent à observer le corps sans voiles de Zora était désormais soigneusement enregistré dans les multiples tiroirs de sa conscience. Si elle le lui demandait, il pourrait décrire chaque courbe de son corps, chaque infime cicatrice, la couleur de sa chevelure de sang, les perles qui s’écoulaient sur sa peau sous la sueur et la vapeur … maintenant qu’il y pensait, il pourrait littéralement faire un portrait complet de la jeune croisée, une information précieuse qui pourrait grandement intéresser les autorités judiciaires et les forces de l’ordre.

Ses réflexions furent coupées par l’exécution sommaire de sa servante par l’indocile créature. Ludwig retira lentement les lunettes cerclées d’argent sur son nez, les reposa soigneusement sur leur écrin avant d’avancer en direction dur paravent. Ses yeux fixèrent un moment la servante à ses pieds, le regard vide et la bouche grande ouverte comme pour souffler une dernière supplication.

« Vous prenez un peu trop de liberté pour quelqu’un qui renie toute forme de camaraderie autre que professionnelle. »

Tirant lentement sur le paravent sans demander autorisation, il fixa la jeune femme avec des yeux froidement inexpressifs et un visage d’une neutralité de statue de marbre. Le gentilhomme, dans sa chemise blanche et son gilet noir aux boutons argentés, avait une étrange aura menaçante qui était nettement mise en valeur par le décor plus doux et accueillant de la pièce. Quand on le voyait ainsi on pouvait clairement l’imaginer vous saisir d’une prise éclair et vous briser les cervicales avec une parfaite maîtrise et une élégance qui le caractérisait bien. Strauss n’avait pas besoin de mots pour rappeler à ses partenaires qu’il était avant tout le cerveau derrière un empire criminel, mais aussi un être humain qui était aussi redoutable qu’une épée, un sabre somptueux et gracieux mais dont la lame était aussi vive et tranchante que la foudre fauchant un arbre infortuné. Sa simple aura parlait d’elle-même, lui faisant économiser ses menaces pour des adversaires un peu plus enclins à se faire intimider et brutaliser.

Levant un index entre lui et elle, il laissa planer un silence assez pesant avant de pencher légèrement la tête de coté, comme un parent sermonnant sa petite fille.

« Plus de bêtises chez moi. Ma patience n’est pas infinie, souvenez-vous en. »

Sur quoi il saisit la dépouille de la servante par les aisselles avant de la traîner jusqu’à la porte de sortie. Appelant ses gardes, il leur murmura quelques ordres et les chiens obtempérèrent sans broncher, saisissant le cadavre pour en disposer selon les règles. Tirant sur le col de sa chemise en roulant lentement des épaules, il reporta son attention vers l’agaçante paysanne et ajouta :

« Parler du poids d’une dame serait indiscret, n’est-ce pas ? » Reprenant sa place sur sa chaise personnelle, il s’empara à nouveau de son livre tout en continuant sur le même ton ordinaire. « Möchlog semble désirer vous offrir une nouvelle occasion de vous amuser, j’ai en effet réussis à inscrire nos noms pour un bal très particulier. Une rencontre entre des diplomates de toutes les nations ainsi que de sympathisants du régime daënar, My’träns comme Dyenois. Inutile de dire que de grandes personnalités des plus exotiques seront présentes, sans compter un imposant système de sécurité. Inutile donc d’espérer faire les agitateurs. »

Un événement très important et unique en son genre. Diplomates, commerçants internationaux, grands artistes de renommée mondiale et politiciens des grands pays se réunissent en terres daënares, ignorant les animosités respectives de leurs cultures sous la lumière pragmatique de la collaboration fructueuse et du lucre. Un peu comme l’alliance entre l’élégant sir et la démente assoiffée de sang. Amusant.

« Vous aurez l’occasion de voir les cultures d’Irydaë en un seul cœur. Normalement cet événement est si réservé que je me surprends presque de savoir qu’on a accepté ma demande. Je ne dirais pas que c’est un miracle, mais force est de constater que nous sommes chanceux. »

Il referma soudainement son bouquin, les yeux perdus dans le vague de ses pensées. Il s’attendait clairement à quelques remarques du genre « c’est les dieux qui nous ont accordé ce privilège » ou « vous surestimez ce nid d’infidèles et de traîtres ». Quelque chose de cet acabit. La demoiselle avait un vocabulaire qui la décrivait comme un livre ouvert. S’il n’avait pas intérêt à s’amuser avec elle à travers leur collaboration, il se serait donné à cœur joie d’extirper tous les événements douloureux de son existence par la simple analyse psychologique, talent ô combien détestable chez le commun des mortels, les gens haïssant que leurs plus sombres secrets soient mis à nue par le simple regard d’un être à l’apparence ordinaire, mais qui cachait le plus terrifiant des démons, celui qui lit votre âme et l’expose au monde dans toute sa noirceur.

Ludwig se releva prestement avant de s’approcher d’une coiffeuse sur laquelle reposait un petit coffre taillé dans l’ivoire. Délicatement, il en ouvrit le couvercle tout en déclarant :

« J’ai pris l’initiative de choisir un nom pour vous afin de n’éveiller aucun soupçon. Erzabeth. Vous serez peut-être intéressée de savoir que ce fut le nom d’une ancienne et puissante comtesse daënare réputée pour se baigner dans le sang de ses servantes pour garder sa jeunesse et organisant des bûchers au nom des Architectes. Oui, même ici nous avons eu par le passé quelques fanatiques dans la noblesse. La ressemblance entre elle et vous m’a frappée et mon choix fut immédiat. J’espère qu’il vous convient. »

Le son de ses pas indiqua qu’il était de nouveau en déplacement, cette-fois se plaçant juste derrière la mytränne qui se contemplait devant le miroir. Avec grande précaution, Ludwig exposa entre ses mains un collier des plus exquis. Le bijou était composé de longues plumes frappées d’électrum, leur éclat d’or et d’argent se reflétant sous la lumière de la chambre.

« Un petit présent de ma part et un moyen de vous fondre parmi les grands de ce monde. Connaissant vos goûts j’ai pensé que ce collier taillé par des maîtres myträns à Zochlom vous plairait, les plumes représentant l’éclat de la foi dans toute sa splendeur. »


Lentement, il glissa la pièce de joaillerie autour du cou de  l’autoproclamée reine des morts, tirant doucement sur sa chevelure écarlate avant de reculer d’un pas d’un air satisfait.

« Qu’en pensez-vous ? »

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Tous les mots sont fins quand la moustache est fine EmptyDim 10 Fév - 6:10

Elle est évidemment ravie d'apprendre la bonne nouvelle. Davantage, encore, d'entendre le panel de personnalités qui s'y rendront. Oui, elle savait que ce bal était important bien qu'elle ait peut-être un peu sous-estimé la qualité du fretin qui y prendrait part. Mais si elle s'était préparée à composer avec l'arrogance des daënars, elle était loin d'imaginer que des my'träns puissent être invités. Des... sympathisants? Ses poings se serrent. Le dégoût s'accentue violemment. Et la haine, elle, se ravive avec une telle ferveur qu'elle semble animer un bref instant le regard de la flamboyante rouquine. Elle est venue sur ce continent pour porter un coup fatal à Technologie. Et pourtant elle n'a jamais autant désiré faire souffrir ces traîtres qui fraient avec l'ennemi...

Elle ferme les yeux et tente de calmer les battements effrénés de son coeur. Ce n'est pas le moment de se laisser guider par les instincts, la fierté ou la honte que lui insufflent ces my'träns pervertis. Il lui faut de longues secondes pour retrouver un semblant de calme et se focaliser à nouveau sur l'ajustement de sa tenue. Elle y parvient finalement en se convainquant que Loud'wig essaie peut-être de la tester. Histoire de voir si elle est capable de faire preuve de la retenue qu'il semble attendre d'elle?
"N'ayez craintes, Loud'wig! Pour peu que les autres convives soient capables de garder leurs langues dans leurs bouches et leurs mains dans leurs poches, vous n'aurez pas à souffrir de mon comportement!" l'apaise-t-elle. "Croyez-le ou non mais je suis consciente des risques que vous prenez pour satisfaire ma requête! Et je ne suis pas aussi ingrate que vous aimeriez le supposer..."
Bien sûr, elle ne le remerciera jamais distinctement pour la faveur qu'il vient de concrétiser. Elle ne s'estime d'ailleurs pas réellement redevable. Néanmoins elle entend bien lui prouver qu'elle est parfaitement capable de se contrôler lorsque les circonstances l'exigent. Et c'est peut-être la meilleure des récompenses qu'elle peut lui octroyer pour sa bonne volonté. Oui, elle se montrera digne du semblant d'honneur qu'il lui accorde. Simple échange de bons procédés...

Cela dit elle ne peut que constater l'évidence: elle met les pieds dans ce qu'elle ne peut considérer autrement que comme une fosse emplie de serpents. De l'aveux même de l'industriel, obtenir ces places relève d'un petit miracle. La fanatique a pourtant pu constater la réputation dont jouissait Loud'wig à de multiples reprises. Il est connu et respecté, c'est évident. Mais peut-être pas aussi élevé dans la hiérarchie daënare qu'elle l'espérait. Peu importe, dans le fond. N'a-t-il pas obtenu les invitations convoitées? Il est sans doute trop tard pour remettre son utilité en doute une fois de plus.
"Nous avons tout deux pu constater que les... cultures d'Irydaë ne sont guère destinées à s'apprivoiser!" s'amuse-t-elle, rebondissant sur les propos de son hôte. "Les torchons et les serviettes n'ont pas vocation à se mélanger, n'est-ce pas? Et lorsque c'est le cas, nous savon comment les choses sont amenées à se terminer!"
Si elle a pardonné à l'homme sa détonante idée de l'Exposition Universelle, c'est entre autre parce qu'elle s'est parfaitement emboîtée avec ses propres attentes. Tous les mages présents n'ont pu ignorer que cette explosion était d'origine daënare. Elle concrétisait donc la dangerosité d'un peuple que Zora ne cesse de décrier. Et elle a fait prendre conscience à certains mages que les mises en gardes de la rouquine ne sont pas seulement teintées de pessimisme mais également d'une part de vérité. Non, en réalité, elle devrait plutôt remercier le moustachu. Toujours est-il qu'il a également prouvé, d'une manière fort détonante par ailleurs, que leurs peuples ne pourront jamais se tolérer au-delà des relations d'intérêt.

Elle marque un temps d'arrêt dans l'ajustement de sa robe lorsque des pas réguliers lui annoncent que son hôte se déplace. Puis elle écoute avec un certain intérêt l'histoire liée au prénom qu'il lui a choisi. Erzabeth? Pourquoi pas après tout... Les consonances lui plaisent. Peut-être autant que l'idée qu'une daënar puisse vénérer les dieux avec une telle... ferveur? Cette femme ne manquait pas d'imagination, c'est certain. Et pour un peu, Zora aurait souhaité avoir la chance de la rencontrer. Oui, leur discussion aurait sans doute été passionnante...
"Cette noble me plaît! Son prénom, également! Je serai donc Erzabeth le temps d'une nuit!" accepte-t-elle avec enthousiasme. "Mais rassurez-vous: je ne compte pas me baigner dans le sang de vos domestiques! Ni même faire brûler des infidèles, d'ailleurs! Ma crise d'adolescence est terminée depuis longtemps!"
Un sourire malsain s'installe sur ses traits, aussitôt renvoyé par le miroir. Elle suppose que la plaisanterie n'est pas de très bon goût quand bien même elle est inspirée par une certaine forme de véracité. Et puis elle a pu remarquer que l'industriel n'appréciait guère que l'on se prenne à son sérail. Oui, peut-être qu'elle aurait dû épargner cette femme et faire preuve de la retenue si caractéristique de son hôte. Son sourire s'accentue tandis qu'elle se demande si le daënar regrette la perte d'une vie ou d'une servante.

Elle remet ses interrogations sur le sujet à plus tard lorsque les bruits de pas se rapprochent.  Son visage se tend lorsque la silhouette de l'homme se dessine dans le reflet. Ses sens lui dictent de punir cette incursion dans son espace vital et pourtant elle s'abstient, curieuse de connaître la raison d'un tel outrage. Elle la découvre quelques instants plus tard lorsque son regard se porte sur un collier au style familier. Une véritable oeuvre de maître, oui. Comment rester insensible face à ce bijou qui lui évoque les terres qu'elle a si difficilement quitté?

Une légère boule se forme dans sa gorge tandis que ses pensées s'orientent vers le continent des Enfants des Architectes. C'est peut-être pour cette raison qu'elle reste docile lorsque Loud'wig lui passe le collier autours du coup avec une délicatesse étonnante. La rouquine observe alors attentivement ce présent qui la mettra incontestablement en valeur. À moins que ce ne soit l'inverse?
"Vos goûts sont très sûrs, Monsieur Strauss..." avoue-t-elle finalement, la voix quelque peu éteinte.
Ses doigts caressent avec une douceur peu commune la surface des plumes ornant ce présent étonnant. Puis elle se rend compte de glisser sur une pente empreinte de nostalgie. Une faiblesse qu'elle se hâte de mesurer. Son regard retrouve sa dureté habituelle et son visage, l'impassibilité de rigueur. Ses gestes se font à nouveau plus énergiques tandis qu'elle continue de corriger certains détails de sa robe ou de sa chevelure.
"Que lui est-il arrivé? À Erzabeth, je veux dire..." demande-t-elle. "Comment son histoire se termine-t-elle?"
Sa curiosité n'est pas feinte même si elle pressent la nature de la réponse qu'elle recevra. Elle doute que les plus puissants des daënars puissent honorer les dieux avec une telle... ferveur sans s'attirer les foudres de leur peuple. Et pourtant Zora souhaite savoir comment cette femme est morte! Et elle mentirait en proclamant que c'est uniquement afin de mieux comprendre le semblant de culture que les technologistes arborent avec une détestable arrogance.

Elle laisse le soin à son hôte de lui dévoiler des détails supplémentaires sur la vie de cette sympathique comtesse. Ce faisant, elle rejoint la coiffeuse pour y prélever un flacon de cristal et en humer l'extrémité. Elle fait de même avec le suivant puis avec un troisième. Ce n'est qu'au quatrième essaie qu'elle trouve un parfum qui lui convient. Après en avoir délicatement aspergé son cou, elle écarte les bras pour s'offrir à la vue de celui qui entend devenir son ami.
"Alors? Qu'en dites-vous?" se risque-t-elle à demander. "Est-ce que cela sera suffisant pour donner le change?"
Elle se fend d'une légère courbette en écartant de ses mais les pans de sa robe écarlate tout en arborant un sourire amusé. Elle est capable de faire la différence entre une femme pauvre et une femme riche mais les subtilités de la mode daënar lui échappent complètement. Puisqu'il a prouvé qu'il disposait d'un talent certain, elle se fiera donc aux goûts de son hôte. Toujours est-il qu'elle se sent parfaitement ridicule dans cet accoutrement qui limite bon nombre de mouvements.
"Quel rôle souhaitez-vous me voir endosser? Suis-je sensée interpréter une héritière de votre haute société? Votre favorite? Peut-être une cousine éloignée venant du Tyorum?" s'enquit-elle dans la foulée, avant de lâcher un léger rire. "Pourquoi pas la soeur cachée de votre estimée Lau'ra?"
L'idée lui semble séduisante. Et d'ailleurs elle se surprend à espérer que l'intéressée sera également présente. Y'a-t-il un meilleur cadre pour fêter leurs retrouvailles qu'un bal? Elle imagine sans peine la surprise sur le visage de cette proche de Loud'wig. Néanmoins elle doute qu'elle puisse revendiquer une quelconque appartenance à la noblesse locale. Ces gens-là vivent entre eux, loin de la plèbe. Il semblerait que cette règle soit encore plus vivace ici qu'à My'trä. Mais dans tous les cas l'identité que son hôte souhaite la voir endosser n'a pas la moindre importance. Elle s'adaptera!
"Vous avez des recommandations à me donner? Comment dois-je me comporter en présence de vos dirigeants? Ai-je seulement le droit de leur adresser la parole?" poursuit-elle. "Dans tous les cas, je crois que je suis prête! Nous y allons?"
Il pourra profiter du chemin pour la familiariser avec les subtilités inhérentes aux us et coutumes locaux. En songeant au trajet, une nouvelle crainte surgit dans l'esprit de la rouquine: en hôte prévenant qu'il est, Loud'wig aura sans doute songé à un moment de transport épargné par les affres de Technologie, n'est-ce pas?

Ludwig Strauss
Ludwig Strauss
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Tous les mots sont fins quand la moustache est fine EmptyDim 10 Fév - 13:25
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Daënar -2
Le cadeau semblait faire son effet, comme prévu. Satisfait par le résultat, Ludwig hocha lentement la tête d’un air appréciateur en reculant d’un pas pour laisser la demoiselle se contempler pleinement devant son reflet. Une délicate pierre précieuse cachant une dague ensanglantée. Ce que la nature pouvait être fascinante.

Passant lentement la main sur sa barbe finement taillée, il attendit patiemment que la my’tränne réagisse. Cette dernière lui demanda soudainement quelques informations sur la fameuse comtesse sanglante. Une fois de plus les choix de Ludwig étaient un succès vu le soudain intérêt qu’il pouvait deviner dans sa voix et la lueur de ses prunelles dorées. Le récit d’Erzabeth s’était perdu dans les multiples récits historiques daënars, mais la majorité des historiens et chroniqueurs avaient gardé les récits anciens de l’ère de la noblesse féodale, encore très proche des my’träns. Extirpant les faits des contes et mythes, ils en firent une description détaillée du règne très particulier de la dame.

« La comtesse cramoisie n’avait que peu de problèmes avec les seigneurs locaux, ces derniers préférant garder des intérêts diplomatiques plutôt qu’entrer en conflit direct avec elle. Par contre, ses gens éprouvaient de plus en plus de haine envers elle. Elle récoltait souvent des vierges innocentes pour ses bains et sacrifiait des enfants aux Architectes avec peu de discrétion. Ses serviteurs, quant à eux, étaient indignés qu’elle s’entoure de plus en plus de my’träns dans sa cour personnelle, eux qui la servaient loyalement depuis des décennies. Ils l’abandonnèrent le jour où les citoyens en colère se réunirent aux portes de son palais pour l’occire. »

Ludwig tournait doucement autour de Zora tel un requin encerclant un banc de poissons, poursuivant son récit avec le ton d’un véritable narrateur captivant et envoutant. On pourrait presque avoir les images en face de soit tant il savait donner du charme aux histoires par les changements subtils de tonalité dans sa voix.

« Elle parvint à fuir grâce à un seigneur local sympathisant, qu’on suspectait d’être son amant. Le baron technologiste prépara un navire pour la dame en fuite en direction de vos terres natales où elle espérait vivre enfin sa vie d’adoratrice des dieux. Mais ses compagnons my’träns se sentirent trahis par cette aide venue d’un athée plutôt que de mourir au combat dans le palais. Les gardes du corps d’Erzabeth, jusque là fidèles, l’égorgèrent dans son sommeil bien avant qu’elle atteigne les rivages de My’trä.  Ironique.»

Le gentleman avait toujours apprécié cette histoire sordide de leur nation. L’humain était un être complexe et fascinant, un diamant aux mille facettes d’émotions. Trahison, amitié, amour, opportunité, peur, haine, fanatisme, jalousie … que de morales en un seul conte !

Le maître des lieux alla s’emparer d’un manteau en queue de pie d’un rouge plus profond que celui de sa cavalière, boutonnant son élégant attirail tout en regardant de côté sa partenaire faire son choix de parfums de toutes les origines. Tirant sur un nœud papillon autour de sa gorge déployée, il murmura à son égard :

« Vous êtes ravissante. Nul doute qu’Orshin s’est surpassé en sculptant vos traits et votre corps. »

Lissant légèrement sa moustache d’un geste précis de la main, il écouta les propositions de la rousse d’un air distrait avant que la dernière proposition de lui arrache d’abord un sourire éclatant, puis un rire franc. Se tournant vers Zora, il éclata à nouveau d’un rire amusé, posant sa main sur son torse pour contrôler les battements de son cœur.

« Miss Viz’Herei, j’ai toujours été un grand admirateur de votre imagination. Et bien … l’idée n’est pas dénuée de charme. Je l’adopte. »

Ils quittèrent le manoir du baron du crime après quelques minutes. En dépassant la herse qui formait la porte d’entrée de son domaine, ils firent face à un carrosse à la mode daënare classique, entièrement sculpté dans le bois de qualité supérieure. Nulle trace d’appareils à vapeur, de rouages ou autres mécanismes trop complexes pour l’esprit simple de la mage, le chariot ne se mouvait que grâce à la force d’un couple de fringants chevaux.

Ouvrant la portière du carrosse, il y grimpa en premier avant de tendre une main vers Zora.

« Si vous voulez bien monter, dame Erzabeth. »



~~~~



Tout au long du chemin, le daënar veilla à instruire convenablement sa cavalière pour la préparer à la rencontre avec les grands du monde. Ludwig se révélait être un instructeur éclairé et habile, ajoutant de nouvelles qualités à sa longue liste de talents. L’homme savait adapter simplifier les plus complexes procédures pour qu’elles soient aisées à retenir sans surcharger la demoiselle. Il faisait un tour sur les règles de bienséance et de l’étiquette les plus importantes à ses yeux, ajoutant quelques notes personnelles et des exemples pratiques pour mieux visualiser les coutumes daënares. Les subtilités du monde bourgeois et noble ne seraient plus un si grand mystère à la roturière en croisade. Du moins pas entièrement.

« Je connais votre petit faible pour les liqueurs et je vous invites à vous modérer devant les vastes panels de boissons que vous pourrez découvrir. Il serait tragique que vous perdiez vos esprits au milieu de loups et de fauves. »

La petite taquinerie n’avait rien de méchant ou de désagréable vu son sourire malicieux et espiègle. Pianotant du bout des doigts sur le divan de leur carrosserie, il fixait le décor se défiler devant ses yeux à mesure qu’ils s’approchaient petit à petit du point de rendez-vous. L’homme s’imaginait déjà les possibilités d’accords qu’il pourrait éventuellement remplir en compagnie d’amateurs de bonnes négociations comme lui, un sport qu’il n’avait pas pratiqué depuis bien des mois, s’étant reposé sur un business moins amical et plus discutable à présent que ses codes moraux s’étaient montrés plus laxistes que par le passé, avec une tolérance poussée pour les plus abjectes exactions pour peu qu’elles soient lucratives.

« Si vous le désirez, je peux vous prêter le livre dans ma collection racontant l’histoire d’Erzabeth. Je pense que la lecture vous plaira particulièrement, si je suis mon instinct. Ou sinon j’ai bien des livres de ce genre qui pourraient vous ravir, pour peu que vous me le demandiez. »

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Tous les mots sont fins quand la moustache est fine EmptyLun 11 Fév - 18:07

Tandis que l'attelage du carrosse avale la distance qui sépare l'étrange duo de sa destination, Zora peut se rendre compte que les coutumes daënars recèlent nombre de subtilités en tout genre. Les règles de bienséance sont légions, parfois complexes et souvent étranges. Mais elle fait de son mieux pour emmagasiner les informations qui lui permettront d'évoluer plus aisément au sein de la haute société infidèle. La rouquine fait ainsi de son mieux pour se montrer réceptive aux enseignements de Loud'wig. Le tout en laissant régulièrement son regard vagabonder sur les paysages qui défilent sous ses yeux.

La silhouette de la capitale se dessine peu à peu à l'horizon, mise en relief par le coucher de soleil. L'appréhension s'accentue: la rouquine sait qu'elle devra à nouveau composer avec la migraine. Ces quelques jours loin des centres urbains de Daënastre lui ont permis de retrouver un semblant de calme spirituel. Mais cela ne durera malheureusement pas. Peu importe, dans le fond. Elle savait que les choses ne seraient pas faciles avant même de poser le sol sur le continent de Technologie.

Elle caresse machinalement la surface de la boussole qui pend à son poignet. Ses doigts jouent machinalement avec les gravures qui forment son nom de famille à la surface du petit écran doré. Ce n'est probablement pas très conventionnel. Mais si la fanatique est prête à se vêtir comme une daënare pour les besoins de la cause, elle ne sera jamais encline à se séparer du seul lien qu'elle possède avec le passé. Un passé dont elle ne sait rien mais qui n'a pas besoin d'être défini pour rester réel. Peut-être qu'un jour, Möchlog lui accordera le privilège de connaître ses origines?

Finalement ses iris dorées se posent sur son cavalier. La jeune femme hausse un sourcil de scepticisme lorsqu'il la gratifie d'une mise en garde au sujet de sa consommation d'alcool. Un éclair de malice traverse son regard. Il se borne à la considérer comme une personne normale, à affilier aux my'träns les faiblesses des daënars. Peut-être devrait-elle lui préciser que l'alcool - comme n'importe quel autre poison - ne représente pas une menace pour elle ou pour tout autre mage vénérant Möchlog? Mais pourquoi lui détailler le panel des avantages procurés par la magie? Qu'il reste dans son ignorance...
"Allons Loud'wig... Vous savez très bien que la modération est l'un de mes principaux traits de caractère, non?" s'amuse-t-elle, répliquant à la plaisanterie par la plaisanterie. "Mais ne serait-ce pas l'aigreur liée à votre âge qui s'exprime? Vous ne voudriez tout de même pas me refuser les plaisirs que la jeunesse vous autorisait autrefois à savourer?"
S'il s'évertue à la considérer comme une enfant, elle le traitera comme un grabataire. Zora reste néanmoins consciente que leur relation oscille entre le rapport de force classique et une certaine forme d'affection. Ce n'est qu'une expression de plus de la routine qui s'est installée d'elle-même dans ce duo détonnant. Lors de leur première rencontre, elle se serait offusquée du conseil déplacé de son hôte. Aujourd'hui elle se contente de le considérer tel qu'il mérite de l'être: une mise en garde judicieuse mais néanmoins inutile. Elle ne va tout de même pas lui briser les vertèbres pour si peu...
"J'aurais été prête à accorder davantage d'intérêt à Erzabeth si seulement la fin de son histoire avait pu être aussi convaincante que ses prémices!" avoue-t-elle au moustachu. "Mais je ne vois pas vraiment pourquoi je gaspillerais du temps pour en apprendre plus sur une femme qui s'est laissée égorger par ses propres serviteurs. Elle ne mérite pas sa place dans l'Histoire! Et encore moins dans la mienne..."
Mais à quoi s'attendait-elle? Même si le récit que Loud'wig lui a tout d'abord distillé était séduisante, Erzabeth était une daënare. Même le plus original des infidèles ne restera qu'une vague esquisse de la réussite accordée au plus commun des my'träns. La rouquine considère toutefois la proposition de l'industrielle avant de l'écarter d'un revers de la main.
"J'apprécie l'intention mais je n'ai de toute façon guère le temps de lire ces temps-ci! Comme je vous l'ai dit, la purification de votre peuple mérite toute mon attention." glisse-t-elle. "Maintenant si vous possédez un recueil détaillant l'ensemble de vos armées ou de vos stratégies, je suis prête à faire une exception..."
Autant demander les lunes... Mais qui ne risque rien n'a rien, pas vrai? Le fait est qu'elle doute que Loud'wig puisse mettre la main sur de tels documents. Ce n'est pas un militaire, après tout. Juste un opportuniste clairvoyant. Pour l'instant l'homme ne l'a jamais déçue, c'est vrai. Du moins pas dans le cadre de leur accord. Mais elle se surprend presque à se réjouir du jour où il devra reconnaître ses limites...
Tous les mots sont fins quand la moustache est fine Separa10
L'attente est plus longue qu'elle ne l'escomptait. L'imposant cortège de véhicules avance au rythme de l'arrivée des convives. Et certains d'entre eux aiment visiblement prendre leur temps pour gravir l'impressionnant escalier de marbre et le tapis rouge dont on a affublé ce dernier. Zora lâche un soupir tandis qu'elle fait de son mieux pour ne pas poser le regard sur les diverses expressions de Technologie. Elle ne dit mot mais la façon dont ses doigts tapotent la banquette exprime à merveille l'impatience qui la gagne peu à peu. Elle décoche un regard las à Loud'wig comme pour le supplier de la distraire...

Il semble néanmoins exclu de descendre du carrosse et de faire la fin du trajet à pied. La rouquine s'emploie alors à détailler le bâtiment à la forme massive et les statues qui le décorent. Un signe d'opulence et de pouvoir, suppose-t-elle. Elle s'était imaginée rejoindre une demeure semblable à celle de son cavalier. Peut-être plus luxueuse et plus étendue. Mais à présent elle se rend compte que l'endroit est probablement l'un des lieux ou s'exerce la politique daënar. Peut-être abrite-t-il un organisme semblable au Conseil de la Convergence?
"Quel est ce bâtiment?" s'étonne-t-elle. "Et pourquoi y'a-t-il une telle foule? Votre peuple aime-t-il à ce point contempler les puissants de vos nations?"
Elle fait bien évidemment référence aux nombreux badauds ou curieux qui s'agglutinent le long de l'imposant cordon de sécurité qui protège l'accès aux lieux. Ou encore à cette foule de journalistes qui mitraillent de leurs éclairs lumineux les différents couples qui posent le pied sur le tapis rouge. Loud'wig et elle ont d'ailleurs l'occasion de subir le même traitement de "faveur" lorsqu'ils peuvent enfin quitter l'abri du carrosse. À défaut de se sentir capable de sourire à tous ces crétins, la rouquine se contente d'arborer un visage neutre. Mais son regard ne ment guère.
"La première fois que j'ai vu l'une de ces choses, j'ai tout d'abord pensé qu'elles avaient pour vocation de capturer nos âmes!" avoue-t-elle à son cavalier. "D'un autre côté je ne sais pas si je dois me réjouir qu'elles puissent seulement emprisonner nos images..."
Son avis reste mitigé mais malgré son désir de pulvériser ces choses, la fanatique se contente de faire de son mieux pour les ignorer. Eux et la nausée que chaque flash lumineux attise davantage. Elle s'emploie donc à éviter le contact visuel avec ces objets de malheur tandis qu'elle monte les marche au bras de Loud'wig. Un couple semble les attendre au sommet de ces dernières et s'acharne à échanger quelques mots avec les convives précédents. Elle s'arrête en même temps que l'industriel, attendant donc que le protocole les autorise à poursuivre leur route.
"Qui sont ces gens?" en profite-t-elle pour lui demander. "Un Primo-Gharyn, peut-être? Ou peu importe le nom que vous leur donner ici..."
Elle aurait sans doute dû s'intéresser davantage à la classe dirigeante des nations daënars avant mais elle préférait se focaliser sur leurs peuples. Avant de maîtriser la complexité des cimes, il vaut effectivement mieux comprendre la masse. Mais Zora ne s'inquiète guère: son mentor parviendra à coup sûr à combler ses multiples lacunes.
"Monsieur Ludwig Strauss, propriétaire des industries du même nom!" annonce un crieur. "Accompagné de Miss Erzabeth..."
"Greyson!" intervient-elle. "Erzabeth Greyson!"
"...Accompagné de Miss Erzabeth Greyson!"
Elle se rend compte que cet homme n'a pour seule vocation que de renseigner le couple qui leur fait face sur leur identité. La fanatique se fend d'une légère courbette parfaitement dégradante et échange un bref regard avec leurs hôtes officiels. Une manière de jouer la carte d'une timidité inexistante et, surtout, de ne pas les toiser avec le mépris qu'ils méritent. Dans la foulée, elle choisit évidemment de garder le silence pour laisser le soin à son cavalier de gérer l'échange qui ne tardera pas à suivre...

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