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Chroniques d'Irydaë
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 Dans un décor chatoyant et chatmaré

Invité
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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptyLun 11 Sep - 0:07
   On sous estime souvent l’importance d’une bonne mise en scène, quand le cadre est juste assez travaillé, ni trop fin ni trop grossier et enveloppe son oeuvre d’une lumière spéciale. Un écrin en somme. Et en la matière Odard avait suffisamment roulé sa bosse pour savoir mettre les petits plats dans les grands et captiver son auditoire afin que personne, aussi fort le voudraient-ils, ne puisse oublier un tel spectacle. Il y mettait là un point d’honneur et aurait payé lui-même de sa propre poche celui qui d’aventure aurait été déçu par sa soirée.

    C’était une petite taverne d'un quartier animé. Un petit bouiboui comme on en faisait tant d’autres qui avait eu l’audace de s’appeler Le Chat Volant. Allez savoir pourquoi, la légende raconte qu’un jour un chat aurait traversé une des fenêtres de l’établissement, certainement motivé par la semelle bien dure qui le pourchassait. La pauvre bête était morte de ses blessures et la taverne qui s’appelait alors banalement Le Chaudron Qui Danse avait rapidement changé de nom, s’offrant une petite notoriété ainsi qu’un complément de revenus.

    Si l’intérieur n’était pas exceptionnel il avait néanmoins le mérite d’être propre, les clients en ce début de soirée étaient encore relativement frais si l’on faisait abstraction de deux énergumènes qui de toutes façons ne désoulaient pratiquement jamais. La journée avait été bonne et le patron de l’auberge avait promis un beau cachet si le spectacle était à la hauteur de ses attentes, autant dire qu’il n’allait pas être déçu. Odard était assis sur une caisse proche du bar et faisait face à une table qui pour l’instant était vide. Certains des clients semblaient attendre qu’il commence tandis que d’autres s’évertuaient à écluser godet sur godet, enchaîner les pintes et riaient grassement comme s’ils étaient seuls au monde.

    Une taverne comme une autre finalement, pour l’instant.

    L’heure était arrivée et le barde bouillait d’une impatience mal contenue. Ravi et souriant de toutes ses dents il se leva et monta sur la caisse, surplombant ainsi la salle et se racla la gorge.

    Laissez moi nobles seigneurs vous conter une histoire. Une fable à nul autre pareil, un tragique poignant mes amis, un véritable opéra dramatique qui vous laissera à n’en pas douter bouches bées, pantois et circonspects! Que dis-je? Éberlués messires, transportés de chagrin! Mais je m’égare et j’en oublie la plus élémentaire des politesses! Je suis Odard Coursang ô vénérés spectateurs, humble conteur et ménestrel, barde itinérant, illusionniste et amuseur de ces bonnes gens!”

    Son précieux Luth pesant si familièrement contre son épaule Odard se pencha et salua son public d’une manière impeccable, toujours avec ce même sourire à la fois enchanté et espiègle.

    Mais où en étais-je? Ah oui! Oh messeigneurs si vous aviez entendu les hurlements de la veuve lorsqu’...”

    Meow”

    Un magnifique chat aux prunelles émeraude et au pelage d’un roux flamboyant venait de sauter sur la table avec nonchalance et l’air de se demander ce que tant de ces idiots d’humains faisaient ici. Bien installés dans leur coin, Theodrasme et Vintillard, ivrognes de leur état, sirotaient tranquillement ce qui devait être leur vingtième chope de la soirée et roulaient de grands yeux ronds et vitreux à la vue d’un chat somme toute parfaitement normal. L’affaire était bien trop belle pour le barde qui y vit l’occasion d’un petit tour dont il avait le secret.

    Mais c’est ce bon Balthazar que voilà messires! D’ailleurs n’est-il pas magnifique? Que dis-je? N’est-il pas…  Flamboyant?”

    Assis sur la table Balthazar de son nom regardait tour à tour le barde et les clients, soudainement un peu inquiet d’être la source de tant d’attention. Ses oreilles s’étaient agitées sur un claquement de doigts du barde et c’est désormais toute la salle qui observait la scène avec tension.

    N’y aurait-il pas mes bons amis comme une odeur… De fumée?”

    Meow?”

    C’est avec consternation et une indignation sans bornes que le brave chat vit le bout de sa queue s’embraser. Afin d’être certain que rien ne dérape et de n’effrayer personne Odard donnait toujours une couleur particulière à ses illusions, la flamme était verte et l’odeur de fumée n’existait que dans l’esprit des gens et celui du chat qui lui se fichait de savoir qu’une flamme ne pouvait être verte, sa magnifique queue d’ordinaire si touffue se consumait à vue d’oeil et l’idée même lui déchirait l’âme. Ni une ni deux le matou dont les flammes avaient maintenant gagné le postérieur se jeta au sol et entreprit de courir erratiquement à travers la taverne en poussant des cris d’agonie.

    Le barde lui souriait de toutes ses dents et les clients hilares se tenaient pour certains les côtes tant le sort fictif du pauvre félin était à mourir de rire. Tous sauf deux idiots qui n’en croyaient pas leurs yeux, après tout les deux briscards avaient vu leur part de mystères et à une époque où l’on disait que les Daënars pouvaient voler dans de drôles de machines, un chat orange qui brûlait en vert n’avait rien d’étonnant pour eux. Si ce n’est que c’était tragique et que l’odeur de fumée commençait à leur chatouiller la gorge.

    Vindiou! R’garde dont ça Theodrasme eu l’greffier y brûle!”

    Oh!”

    On va t’y pas l’laisser comme ça?"

    Ah ça non mon Vint! Viens y voir!”

    Et les deux ivrognes de se lancer à la poursuite de l’infortuné chat, tentant tant bien que mal de l’asperger de leurs chopes et de toutes celles qui leur tombaient sous la main et se ratant la plupart du temps. Une des bières atteint le matou sans parvenir à l’éteindre, bien au contraire, les flammes ainsi que les hurlements de la bête redoublèrent d’intensité. Le chat était totalement hors de contrôle et courait en tous sens, se cognant parfois aux meubles où aux jambes des clients, toujours avec ses deux compères aux trousses, bien déterminés à le sauver d’un sort funeste.

    Odard lui n’en croyait pas ses yeux, toujours perché sur sa caisse il orchestrait son illusion avec une jubilation proche de l’orgasme, les deux biturins étaient le clou du spectacle et quelque chose lui disait que tout cela ne faisait que commencer. Il se permit tout de même une exclamation tout à fait appropriée, empreinte d’émerveillement et d’admiration.

    Par les saints rognons!”

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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptyMer 13 Sep - 5:17

Zora n'apprécie guère la compagnie de gens. Elle n'a jamais vu l'intérêt de vivre en communauté ou de s'embarrasser de sentiments tels que l'amitié ou l'amour. S'ouvrir aux autres, c'est prendre le risque d'être blessé en retour. Pourquoi prendre un tel risque quand il est bien plus aisé de l'éviter? Pourtant la jeune femme ne peut nier qu'il y a toutefois certains avantages à côtoyer ses semblables. Parmi eux, la possibilité d'obtenir des informations. Et la meilleure façon d'y parvenir est sûrement dans les endroits réputés pour créer des liens sociaux entre les individus. Les auberges, par exemple. Comme celle dans laquelle elle se trouve maintenant, en train de savourer un délicieux met à base de viande.

Ce faisant, elle tend ainsi l'oreille quand bien même ses yeux sont rivés sur son repas. Cette recherche passive de rumeurs ou d'information dignes de ce nom est pourtant un exercice fastidieux pour la demoiselle. Car à défaut d'entendre quelque chose d'intéressant ce sont surtout des discussions vides de sens qui viennent importuner son ouïe. Mais elle garde espoir: tôt ou tard, elle entendra quelque chose d'intéressant. Reste à savoir si elle pourra exploiter l'information ou si tout ceci se résume à une perte de temps.

Ses espoirs sont cependant déçus quelques minutes plus tard lorsque ce qui doit être un barde prend la parole, captant au passage l'attention de la clientèle. Ce qui marque la fin des diverses discussions. La rouquine lève le regard au ciel puis le pose sur la personne monopolisant désormais l'attention. Un roux qui ne lui évoque pas grand chose. De mémoire, elle ne croit pas l'avoir déjà croisé. Ce qui ne le rend pas pour autant sympathique aux yeux de l'adepte de la Chouette. Ne vient-il pas de lui ôter ses chances d'obtenir une information digne d'intérêt?

La scène qui suit, en revanche, n'est pas aussi prévisible qu'elle s'y attendait. Car c'est bien un chat qui vient de s'enflammer sous les regards d'abord incrédules puis compréhensifs des clients. Une illusion? Vraisemblablement... Mais deux pauvres imbéciles ne semblent pas comprendre ce qu'il se passe et se ruent au secours du félin faisant désormais partie intégrante du spectacle. Ce dernier déambule entre les tables, heurtant une première fois les jambes de la rouquine. Le tout avec ce duo de crétins sur ce qui lui sert de talons...

C'est ainsi qu'elle voit son verre saisit par l'un d'eux puis propulsée en direction du chat. Un comportement digne des abrutis qu'ils sont. Mais qui n'est guère accompagné d'excuses. Les rires semblent pardonner cette agression comme si elle faisait partie du spectacle. Zora, de son côté, se contente de poser un regard noir sur les responsables de la perte de son vin. Et se contente d'attendre une opportunité d'obtenir réparation.

La scène se poursuit encore quelques temps. Suffisamment pour agacer la jeune femme perdue au milieu de tous ces rires et de cette bonne humeur qui ne l'a jamais vraiment contaminée. Et lorsque le chat passe une nouvelle fois à sa portée, elle se sert du couteau destiné à couper la viande qu'elle tient dans sa main droite. Il perfore une première fois le flanc du chat puis se perd à nouveau dans les poils désormais ensanglantée. Il ne s'agit pourtant pas d'une illusion, cette fois. Et le félin rend son dernier soupire quelques instants plus tard. Provoquant au passage l'incrédulité et le silence parmi la clientèle.
"Il fallait bien que quelqu'un se dévoue pour abréger ses souffrance..." se justifie-t-elle, feignant une forme d'innocence. "Maintenant - et à supposer que ça ne vous ennuie pas trop - j'aimerais poursuivre mon repas sans être dérangée par les premiers ivrognes ou charlatans venus!"
Elle n'a que peu de respect pour les premiers. Quant aux seconds, ils vivent au dépend du peuple. Le tout en se contentant de répéter les exploits des autres ou de distraire les gens de ce qui importe vraiment: Möchlog! La jeune femme garde la lame enrobée de sang pointée en direction des deux ivrognes comme pour les dissuader de poursuivre leur petit spectacle pathétique avant de décocher un regard mauvais en direction du barde. Puis elle continue de savourer son repas en ne se souciant pas le moins du monde du froid qu'elle vient de jeter sur cette assemblée hétéroclite...

Zaël
Zaël
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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptyVen 15 Sep - 10:24
Irys : 962209
Profession : Gharyn de Busad
My'trän +3 ~ Kharaal Gazar (homme)
C’était le vague à l’âme que Zaël allait de taverne en taverne. Pas pour y boire et y noyer son chagrin ou ses inquiétudes, mais pour trouver Adela. Ils n’avaient pas pu se parler depuis son intervention ou elle n’avait pas voulu ? Son absence se faisait déjà sentir et l’incompréhension liée à cette soudaine distance entre eux ajoutait du sel sur la plaie de son cœur. Certes, ses propos lors de la réunion l’avaient surpris et attristés, cependant il n’en aimait pas moins l’Adepte de Dalai.

Le jour même alors qu’il était rentrée tard, il ne s’en était pas inquiété plus que ça. Après tout elle allait et venait, et ne lui rendait pas des comptes. Par contre le second soir il avait tourné un moment dans sa pièce à vivre avant de se décider à aller voir Oleg, savoir si il n’avait pas vu sa compagne passer à sa taverne. Devant la mine déconfite du primo-Gharyn à sa réponse négative, il lui avait fourni un parchemin avec une liste de taverne où chercher, avec les plus probables en premier. Bien sûr, il ne pouvait questionner tout le monde au sujet de son amante ou envoyer quelqu’un le faire à sa place, il s’y refusait catégoriquement. Il se devait donc de faire la tourner des établissements.

Ce fut ainsi qu’il arriva au Chat Volant bon treizième sur sa liste après plusieurs soirs à écumer les tavernes en vain. Si dans les autres lieux il avait pu voir des bagarres d’ivrognes ou de mineurs altercations, rien de tel que le spectacle à son entrée qui passa d’ailleurs totalement inaperçue. Deux individus couraient derrière un chat avec un feu vert qui le dévorait tout en lui jetant de l’alcool dessus sous l’hilarité générale. Le Kharaalien avait du mal à voir le comique de la situation. Mais avant qu’il ne put intervenir ou n’y songea, la farce vira au drame. Une rousse planta un couteau et acheva la pauvre bête.

Toujours dans l’entrée le primo-Ghayn se fit bousculer par un client qui entrait. Cela eut au moins l’effet de le sortir de sa stupeur. Il s’approcha de la « bienfaitrice » pour lui parler. L’absence de sa bien-aimée dans cette pièce ne le ferait pas passer à côté de cet acte !

« Excusez-moi, mais vous ne croyez pas que vous avez été un peu trop… expéditive ?  Un vrai feu peut s’éteindre facilement avec du sable, j’aurais pu le faire.»

Le regret de n’avoir pas agit plus tôt se faisait entendre dans sa voix. Le félin était aussi mort à cause de lui, de sa lenteur. Trop obnubilé par sa recherche de la silhouette en armure dans la pièce pour accorder toute son attention à l’étrange scène qui s’était déroulée sous ses yeux.

Même s’il était relativement évident que c’était un faux feu, le primo-Gharyn avait parlé ainsi puisque l’inconnue semblait croire que le chat était vraiment sous le coup d’un véritable incendie.

Kazushi Ito
Kazushi Ito
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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptySam 23 Sep - 11:10
Irys : 130128
Profession : Mercenaire / Vendeur de plantes et de croquis
Pérégrin 0
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Rencontres à Busad


"Que t'as fait cet animal, mon ami ?
N'oublie pas que l'âme possède plus d'un corps.
Respecte la vie.
Respecte la mort."

Amizo Ukomi, herboriste de Koulem Yalänn, 913.



La taverne du Chat Volant, 31 juillet 932

Sa pipe en porcelaine entre les dents, une tige de carbone dans la main droite, son précieux carnet dans la gauche, Kazushi négligeait sa soupe depuis qu'il s'était installé dans cette taverne - et cela faisait plus d'une heure - pour croquer à loisir une petite plante sèche qu'il avait disposée devant lui. C'était un genre de baie mauve, pourvue d'une collerette rougeâtre et de petites taches blanches. Elle ressemblait à une fleur mais c'était pourtant bien un fruit. De quel arbuste provenait-elle donc ? Le ronin n'en avait aucune idée. Il l'avait trouvée au détour d'un chemin de terre, au milieu de plusieurs autres spécimens écrasés, probablement victimes d'un cochon des bois. Étrangement, il n'avait pas réussi à localiser l'arbre ou l'arbuste dont elle provenait, comme si sa présence dans ce lieu n'avait rien eu de naturel. Qui avait donc amené-là cette merveille végétale ?
En fin connaisseur des plantes de la contrée My'Trän, l'herboriste devait bien avouer qu'il se trouvait-là face à une énigme à laquelle il ne s'était pas attendu. Penché en avant, il dessinait avec précision sa trouvaille, un léger sourire aux coins des lèvres. Son chapeau, noué à son cou par une mince ficelle puis rejeté dans son dos, passait par dessus le dossier de sa chaise tandis que ses longs cheveux d'un noir de geai coulaient sur ses avant-bras et les pages de son carnet rempli d'esquisses. Rien ne le déconcentrait: ni les badauds alcoolisés qui commençaient à s'exciter, ni le ménestrel qui venait d'entonner une histoire en jouant du luth. Le regard du sage herboriste ne quittait pas son ouvrage.

Kazushi était arrivé à Busad le 27 juillet, c'est-à-dire quatre jours plus tôt. Il avait pris une chambre dans l'auberge la moins coûteuse du coin et y avait laissé la monture de fortune qu'il avait dû acheter du côté d'Eoril. Puis, il s'était mis en quête d'un petit travail afin de continuer de mettre de l'argent de côté en vue de son voyage vers Daënastre. Il avait erré de-ci de-là, notamment du côté du marché, pour louer ses services au plus offrant. La veille, il avait aidé un marchant de cordes à tresser le chanvre et à vendre ses produits. Kazushi était bon commerçant et cela lui avait valu une belle petite récompense.
Jusqu'à présent, le ronin avait réussi à rassembler de quoi s'acheter une belle petite maison sur les terres qu'il avait quittées, mais il savait que cela risquait de ne pas être suffisant pour se payer la traverser jusqu'à la demeure des technocrates, et encore moins pour monter dans une Caraque...Il devait désormais mettre les bouchées doubles s'il voulait finaliser ses préparatifs: Busad était la dernière contrée populeuse avant Etsiin, le grand port qui débouchait sur les vastes étendues désertes de l'océan. L'été avançait et le guerrier savait pertinemment que le climat était capital pour son entreprise. Il devait partir avant l'hiver, ou il risquait de devoir attendre le printemps prochain pour quitter le continent. Une grande quantité d'argent lui permettrait d'embarquer à coup sûr: tout s'achète, c'est bien connu. Mais il devait également s'équiper en prévision de la traversée, contre le vent, contre la pluie et toutes sortes d'intempéries qu'il était possible de rencontrer en mer. Kazushi savait qu'il devait se tenir prêt à toute éventualité.

Les rires des badauds devinrent soudainement particulièrement pénibles et un grand éclat de voix força le paisible herboriste à sortir de ses pensées. Il releva la tête en poussant un soupir et jeta un coup d'oeil à la bande d'agités qui formaient un cercle autour du jeune rouquin en plein spectacle. Ce qu'il vit alors lui arracha un cri de stupeur mêlé d'effroi : un chat courait en tout sens au milieu des ivrognes, son poil était en feu. Lentement, le ronin se leva, abasourdi par ce qu'il voyait. Il enleva sa pipe de sa bouche et son regard suivit le chat en flamme qui miaulait à cœur fendre. Les rires gras des imbéciles qui se moquaient de la pauvre bête en panique dégoulinèrent à ses oreilles et son âme se durcit. Comment pouvait-on ainsi brûler vif un animal ? Jusqu'où irait donc la cruauté des hommes ?
Kazushi serra le poing sur la petite table qu'il occupait seul, un peu à l'écart, et tendit le cou pour tâcher de comprendre la situation. Qui était responsable d'un tel acte ? Les grognements des uns et des autres lui firent soudain comprendre que ce n'était qu'une illusion et que le petit mammifère n'était pas véritablement en feu. Le ronin fronça les sourcils. Il se souvenait en effet que le ménestrel s'était présenté comme un illusionniste et il songea que cela faisait finalement sens. Quelque part, c'était rassurant. Cependant, laisser ainsi paniquer la pauvre bête n'était pas non plus chose honnête. Et quel raffut ces écervelés faisaient ! L'herboriste ronchonna quand il vit deux hommes se mettre à poursuivre l'animal comme des demeurés en renversant les cruchons des autres clients, ainsi que les chaises qui avaient le malheur de se trouver sur leur chemin. Assister ainsi à l'hilarité générale et à des cabrioles de clowns ne lui plaisait guère. Il avait l'impression d'être la seule personne censée dans ce réduit miteux dont les relents de bière et de sueur constituaient le parfum principal. L'envie de quitter les lieux le prit : il était parfaitement inutile qu'il demeure là, à boire une soupe de mauvais goût et à se convaincre que certains ne méritaient décidément pas d'être sauvés. Son maître lui avait enseigné la miséricorde et la bienveillance : il aurait sans doute sévèrement puni ses pensées...

Convaincu qu'il ferai mieux de retourner dans son auberge pour se reposer et terminer ses derniers croquis, l'herboriste plongea son carnet et sa mine de carbone dans la manche gauche de son kimono. Puis, il se retourna pour tapoter sa pipe sur le bord de son écuelle, afin de l'éteindre et d'en extraire les résidus de tabac, avant de la ranger elle aussi dans sa manche. Enfin, il voulut récupérer sur sa table la petite baie qu'il n'avait pas fini de dessiner et resta muet d'étonnement : elle n'était plus là. Le cœur du ronin fit un bond dans sa poitrine. Où était donc passé son précieux spécimen ?! Il décala sa chaise un peu vivement et jeta un coup d'oeil au sol pour tenter de la retrouver. Elle avait sans doute roulé lorsqu'il s'était levé ! Il devait absolument la retrouver...
C'est à ce moment-là que le tumulte général, qui avait pris des proportions phénoménales, cessa soudain pour laisser place à une vague de surprise. Le miaulement du chat avait été significatif. Kazushi oublia sa baie et se redressa pour jeter un regard noir en direction de l'affreuse scène que tous observaient désormais. Écartant sans douceur les quelques hommes qui le séparaient du nouveau cercle qui s'était formé, l'homme se fraya un chemin parmi les clients de la taverne et s'approcha un peu, le cœur battant. Le jeune chat baignait dans son sang. S'en était fini de lui. Une femme aux cheveux de feu venait de tuer l'animal en panique à l'aide d'un couteau. Apparemment, elle ne semblait pas faire grand cas de la vie d'une telle créature. Face à sa froideur, Kazushi serra les dents.
Les chuchotements montèrent dans l'assemblée. Certains se remirent à rire à gorge déployée, particulièrement amusés de constater que la jeune femme avait pris les flammes pour des vraies ou, pire encore, que ce stupide chat ait pu être aussi rapidement « achevé » par une donzelle alors qu'il n'avait rien demandé à personne. C'était drôle, car complètement absurde. D'autres marmonnaient entre-eux que la bestiole n'avait pas à traîner dans le coin et que c'était bien fait pour elle. Après tout, les tavernes n'étaient pas pour les animaux. Rares étaient ceux qui affichaient une mine déconfite ou qui témoignaient un temps soit peu leur compassion pour la pitoyable créature qui gisait devant eux.
Un homme, qui venait tout juste d'entrer, vint s'adresser à la jeune femme pour lui exprimer son incompréhension. Kazushi n'écouta pas l'ensemble de leur conversation: il se trouvait déjà auprès du ménestrel.

- Je suppose que vous êtes fier de vous ? demanda-t-il au joueur de luth d'un ton particulièrement amer.

Il n'était pas dans les habitudes de Kazushi de venir au contact de ce genre de personne, et surtout pas de chercher la guerre. On lui avait enseigné la maîtrise de soi et sa raison lui dictait généralement une conduite sage et éclairée. Le ronin évitait toujours les conflits. Il savait qu'il valait parfois mieux se taire plutôt que de donner tout haut son opinion. C'était sa philosophie : la neutralité absolue. Était-ce la perte de sa baie qui avait décuplé sa colère, ou cette nouvelle utilisation de la magie pour faire "le mal" ? En tous cas, pour une fois, il préféra oublier la sortie et plonger son regard noir dans celui du baladin. Son mépris irradiait de tout son être.

Made by Neon Demon


Crédit image: Angel cat de ZyriFrost

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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptySam 23 Sep - 15:28
Un homme entra dans la taverne, il était vêtu d'une veste noir déchirée et d'un jean large délavé, il se coiffé d'une capuche blanche qui semblait être la seule chose de propre qu'il portait. L'homme avait l'air assez pauvre mais pas non plus dans le besoins
il venait d'arriver en ville et avait besoins de boire un coup. Il ne fit pas attention au spectacle et se contenta de commander une bière en s'asseyant au bout du bar. Il contemplait avec attention la prime d'un homme et souriait à l'idée d'empocher la récompense qu'il pouvait gagner en le tuant...

Möchlog
Möchlog
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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptySam 23 Sep - 16:57
Irys : 269953
Administrateur
Bonjour, chers Irydärs !

Je me permets d'intervenir ici en raison du post de Raeem. Tout d'abord bienvenue à toi, je ne pense t'avoir déjà vu sur la CB. Ensuite, je suis désolé de t'annoncer que tu vas être dans l'obligation de supprimer le post que tu as écris dans ce sujet.

En effet, tu n'es toujours pas un membre validé, tu n'as ni fiche, ni avatar, et donc tu n'as pas l'autorisation de poster dans les RP pour le moment. Je t'invite dans cette section du forum, où tu trouveras toutes les informations dont tu auras besoin pour créer ladite fiche, élément essentiel d'un forum RPG sans lequel tu ne peux pas RP.

Si tu as la moindre question, je suis disponible par MP. J'aimerai que tu m'en envois un lorsque tu auras pris connaissance de ce message, et ce afin que je nettoie toute trace de mon passage dans ce sujet, afin de ne pas polluer plus que de raison les RPs de nos camarades.

Je te souhaite une bonne journée, et à très vite !

PS: je t'invite également à prendre connaissance du règlement avant toute chose, tu y apprendras qu'un post RP aussi court n'est pas acceptable dans un RP ordinaire. Si c'est ta première excursion sur un forum RPG, n'hésite surtout pas à faire une demande de parrainage ! Un de nos membres sera certainement ravi de te guider.

Aller, je m'envole !

Invité
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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptyVen 29 Sep - 22:59
   Pourtant pourvu d’une carrière pas si longue que ça, Odard pensait en avoir vu pas mal, des vertes et des pas mûres, des carrées et même des losanges. Mais pas ça.

    Tandis que les rires mouraient et que les deux ivrognes se demandaient comment un chat qui meurt peut subitement s’éteindre sans avoir l’air de s’être consumé, l’assassine, l’éviscératrice des félins continuait son repas comme si de rien n’était. Se fendant au passage d’une petite remarque acerbe à l’intention des clients. C’était le genre de personnes qui abominait la vie et ne respectait que son propre jugement, souvent négatif, et se frayait un chemin dans le coeur des gens à grands coups d’acier affilé.

    Il observait la scène bouche bée, aussi authentiquement choqué qu’il feignait de l’être habituellement. Et sentait poindre en lui le poids d’une terrible culpabilité, alors certes ce n’était qu’un chat mais il avait déjà poussé un peu le bouchon en faisant paniquer la pauvre bête et réalisait soudain que les plaisanteries les plus courtes sont souvent les meilleures. Un détail le travaillait tout de même, que les deux ivrognes se soient laissées prendre au piège et aient foncé têtes baissées passait encore, mais qu’une personne à priori - un très gros à priori - saine d’esprit ait pu confondre des flammes vertes avec de réelles gerbes le dépassait. Ou bien ils avaient affaire à un meurtre perpétré de sang froid et à peine assumé.

    C’était terrible, véritablement, d’autant que l’aubergiste lui avait fait confiance pour improviser et voilà qu’il venait de faire mettre à mort la mascotte de l’établissement.

    C’est un barde blême qui n’entendit qu’à peine la remarque qu’on venait de lui faire, lui l’ami des animaux était choqué et craignait désormais la réaction du tavernier qui ne manquerait pas d’être violente. Est-ce qu’il était fier? Certainement pas, s’il avait su…

    Ah messire je… Je suis confus… Comment est-ce que…”

    Et arriva l’inévitable. Le patron venait de faire son entrée tout sourire, se demandant quel tour avait bien pu jouer le barde pour réduire la taverne entière au silence. Son sourire s’évanouit peu à peu, remplacé par une grimace de rage. L’homme se fraya un chemin en jouant des coudes et vint se planter entre la meurtrière et la scène.

    Balthazar! Qui a fait ça?!”

    Les yeux mouillés de larme de fureur il abattit le couteau qu’il portait à la ceinture sur la table de celle qui tentait de finir son repas et hurla en direction de la foule silencieuse.

    Qu’est-ce que vous avez fait?”

    Debout sur son estrade Odard avait blêmi encore un peu plus, devenant presque transparent. S’il avait été plus lâche il aurait pu tenter un coup d'esbroufe, une petite illusion pour disparaître rapidement, mais cela aurait signé la fin de sa carrière. On l’aurait peut-être même pourchassé pour le mettre à mort dans une ruelle sombre et crasseuse. Mais il n’eut même pas ce courage et il resta planté là, muet pour l’une des premières fois de son existence. Et franchement pas fier de lui.

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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptySam 30 Sep - 6:40

Elle reconnaît la voix qui s'adresse à elle sans avoir besoin de lever le regard vers celui qui en est à l'origine. Zora marque un temps d'arrêt, sa fourchette restant immobile à quelques centimètres de ses lèvres. Elle savait déjà que Zaël apprécie côtoyer un peuple auquel elle ne trouve guère d'intérêt. Mais elle ne s'imaginait pas que cet attrait pouvait le mener jusqu'à une auberge comme celle-ci en pleine soirée. N'a-t-il donc rien de plus important à faire dans l'imposante tour qui domine Busad?

Elle reste silencieuse quelques instants, hésitant sur la meilleure façon de répondre à ce qui semble pourtant être une simple question. La rouquine sait qu'elle doit faire preuve de respect et qu'elle a sûrement dépassé le quota de tolérance qu'elle était en droit d'espérer de la part d'un primo-Gharyn. Mais elle ne peut s'empêcher de percevoir dans les propos de l'homme aux tatouages cette apathie qui la révulsait tant quelques poignées d'heures plus tôt.
"En effet primo-Gharyn, vous auriez pu sauver ce chat!" confirme-t-elle en s'épongeant les lèvres avec sa serviette. "Mais...  vous ne l'avez pas fait! Certains agissent de manière expéditive, certes. Et d'autres n'agissent pas du tout..."
L'adepte de Möchlog relève vers l'intéressé son regard ambré, l'accompagnant d'un léger sourire indifférent. Puis elle incline légèrement la tête en signe de respect. Un geste en adéquation avec les exigences de la bienséance, même si elle se doute bien que l'homme n'est pas dupe. La rouquine hésite un instant puis lui désigne l'espace vide autours de sa table.
"Souhaitez-vous vous joindre à moi?" l'invite-t-elle. "Comme vous pouvez le constater ce n'est pas la place qui manque..."
Son sourire s'accentue puis elle reporte son attention sur son plat. Tout du moins jusqu'à ce que l'aubergiste fasse irruption à son tour dans la salle et y découvre le spectacle amusant qui s'y déroule. Il réagit comme n'importe quelle personne douée d'un minimum de moral ou d'attachement envers les animaux le ferait. Mais Zora ne s'attendait tout de même pas à sentir la table trembler lorsqu'un couteau aussi grand que sa main vient s'y loger. Il semblerait que le respect soit une denrée décidément très rare dans cet établissement...
"Vous avez appelé votre chat... Balthazar? Vraiment?"
Elle accompagne sa question en haussant l'un de ses sourcils, soulignant son étonnement. Puis elle découvre un certain plaisir les larmes de fureurs qui commencent à rouler sur les joues du tenancier. La colère et la tristesse sont de bien mauvaises conseillères. En réalité, la plupart des sentiments le sont. C'est bien pour ça que Zora fait de son mieux pour ne pas y succomber trop aisément. Ce qui malheureusement est une tâche bien compliquée, elle en convient.
"J'ai soulagé les souffrances de votre chat, voilà ce que j'ai fait!" explique-t-elle avec une patience éreintante. "Et je me suis assurée, dans la foulée, que votre établissement ne se transforme pas en champ de bataille à cause de votre barde et de ces deux idiots avinés!"
Voilà pour les explications. C'est déjà plus que ce qu'il mérite. Depuis quand faut-il se justifier pour la mort d'un pauvre animal. Les my'träns sont devenus bien faibles, c'est maintenant une certitude. Comment espérer qu'ils affrontent les affres d'une guerre si la souffrance d'un animal les émeut à ce point?
"Vous auriez pu le constater par vous-même si seulement vous aviez été là. D'ailleurs, maintenant que je vous ai sous la main..." poursuit-elle, marquant une pause tout en lui tendant sa coupe vide. "Du vin, je vous prie. Et servez donc au primo-Gharyn ce qu'il souhaitera! C'est pour moi, évidement!"
Cette précision est davantage adressée à Zaël même si elle doute que l'argent soit un problème pour un dignitaire de son rang. Qu'importe. Faire preuve de courtoisie ne coûte pas grand chose et pourrait lui éviter bien des ennuis. Il s'agit simplement de la réserver aux personnes qui ont une certaine importance à ses yeux. Et l'aubergiste, évidemment, n'en fait pas partie.

Elle compte d'ailleurs sur la simple présence du primo-Gharyn pour calmer les ardeurs de l'aubergiste. Il ne va tout de même pas faire une scène à cause d'un simple chat alors que son roi honore son établissement de sa présence...

Zaël
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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptyMar 3 Oct - 22:54
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Si ces yeux avaient encore vagabondé à la recherche d’Adela les paroles acerbes de la jeune femme ramena toute son attention sur elle. Le pire c’était qu’il ne pouvait rien dire, il se sentait bien trop coupable dans ce cas même s’il la trouvait cruelle de souligner son impuissance. Ou alors était-ce l’inverse qui l’aurait été ? Laisser un individu dans l’erreur n’était pas une faveur non plus… Le doute persista alors qu’elle l’invitait à s’asseoir à sa table.

Il n’eut pas l’occasion de dérouter poliment l’invitation que le propriétaire des lieux déboula littéralement dans la pièce. La scène qui suivit mis profondément le primo-Gharyn mal à l’aise. Il avait de la peine pour ce monsieur qui avait perdu son chat de façon si absurde.

Encore une fois, la rousse devança tout le monde pour mettre fin à l’histoire. Son manque de tact était affligeant. Et époustouflant dans un sens, il laissa sans voix le malheureux aubergiste la rage bloquée comme un nœud dans son ventre. Ses yeux papillonnèrent bêtement de l’effrontée à Zaël ne comprenant pas ce que le primo-Gharyn avait à faire avec son Balthazar décédé.

« Je...non vous ne m’aurez pas comme ça ! Et si vous êtes le primo-Gharyn faîtes donc arrêter cette femme. »

Sa voix tremblait d’émotion alors qu’il s’exprimait tout en gesticulant. Son regard revenait fréquemment sur la pauvre bête sacrifiée pour une raison inconnue aux deux hommes.

« On a pas le droit de tuer les animaux de cette façon ! »

Le trio était devenu le centre d’intérêt de la scène. Autant pour le passage rapide d’une auberge à l’autre pour mettre la main sur son amante fâchée. La discrétion s’était aussi faite la malle par la fenêtre. Mais Zaël, à son habitude, ne s’en inquiétait pas. Il réfléchissait déjà à la façon d’aider, de résoudre ce conflit avant qu’il ne dégénéra.

« Vous avez raison. Mais la faute ne lui incombe pas entièrement, je crois qu’une personne avait jeté une illusion sur votre chat menant à croire qu’il était en feu. »

Il serait bien en peine de dire qui. Même si ça ne changeait rien au problème fondamentale : comment ses deux personnes responsables pouvaient se racheter face à ce drame ? La pauvre bête ne reviendrait pas des morts, le mal était irréparable pourtant le primo-Gharyn était convaincu qu’il y avait toujours une voie pour la rémission des âmes.

« Je pense qu’ils pourraient déjà vous aider à offrir une sépulture décente à Balthazar dans un premier temps et nettoyer le reste, qu’en pensez-vous ? »

Spoiler:


Dernière édition par Zaël le Jeu 5 Oct - 8:34, édité 1 fois

Kazushi Ito
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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptyMer 4 Oct - 16:58
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Rencontres à Busad


"Tout crime mérite jugement."


La taverne du Chat Volant, 31 juillet 932

Il était "confus"...Oh oui, il pouvait l'être ! Kazushi jeta un regard noir au ménestrel qui restait muet d'étonnement face aux conséquences de son petit spectacle de pyromancie. Quel imbécile...Le samouraï n'avait pas pour habitude de s'attarder sur les événements qui l'environnaient, quelle qu'en soit leur nature d'ailleurs, mais cette histoire de chat en feu l'exaspérait à un point inimaginable. Non seulement cela avait interrompu son travail d'esquisse et lui avait fait perdre son précieux spécimen, mais en plus la pauvre créature avait rendu l'âme dans des circonstances d'une violence écœurante.
Sa colère tenait sans doute également au fait que le coupable initial était un baladin. Kazushi n'avait rien contre les musiciens ambulants, mais il ne supportait pas les fanfarons. Ces gens qui se mettaient systématiquement en scène pour briller en public, quel qu'en soit le prix, l'insupportaient. C'était généralement des personnes bruyantes et de peu de scrupules, qui mentaient comme elles respiraient, inventant des histoires farfelues qui finissaient toujours par atterrir dans la bouche des plus naïfs. Les troubadours les plus excentriques étaient même souvent de mèches avec quelques pickpockets qui faisaient les poches des clients pendant leur prestation. Pour cela, le guerrier ne leur faisait jamais totalement confiance.

L'absence de réaction de l'intéressé apaisa un peu l'herboriste. Sa petite remarque passée, il se contenta de le dévisager comme s'il avait affaire à la dernière des crapules mais n'ajouta pas un mot. Il était sans doute inutile d'envenimer les choses. Lorsqu'il quitta des yeux le ménestrel, le samouraï errant s'attarda sur l'homme qui était intervenu auprès de la meurtrière. Son allure avait quelque chose d'atypique. Il dégageait une certaine force, gravée sur ses traits un peu durs.
Les cris de l'aubergistes passèrent alors au-dessus du brouhaha général. Il demandait réparation et pleurait son animal de compagnie. La femme qui avait "achevé" la bête, elle, semblait décidément tout prendre à la légère : elle continuait de manger, sans sourciller, soutenant avec un aplomb nonchalant les réprimandes qui fusaient autour d'elle. Ce n'est qu'aux paroles du patron que Kazushi comprit que celui qui était intervenu était un primo-Gharyn. Il avait donc l'autorité suffisante pour punir les acteurs de cette scène grotesque. Cela changeait tout.
Lorsqu'il entendit le brave homme, le coeur du ronin se serra un peu et sa colère refit surface. Le primo-Gharyn expliqua au pauvre aubergiste que ce n'était pas la femme qu'il accusait qui se trouvait à l'origine de l'illusion. Il proposa que le réel responsable offre à la créature poignardée une sépulture digne de ce nom et remette en ordre la salle à moitié dévastée par les deux idiots avinés. Kazushi trouva l'idée intéressante, même s'il considérait que la femme méritait elle aussi une sentence.

Le ronin décida soudainement d'agir. Attrapant sans violence le ménestrel par la chemise, il l'obligea à descendre de son estrade et le poussa en avant pour le présenter à l'aubergiste et son comparse.

- Voilà votre homme. fit-il un peu sèchement, comme s'il jetait devant un groupe d'adultes un enfant qui venait de faire une bêtise.
L'idée de la sépulture est bonne. Ce serait la moindre des choses.

Le dos droit, le front haut, le samouraï se posta devant le quatuor dans l'attente que la justice soit rendue.

- C'est lui qui a "enflammé" l'animal, mais ce n'est pas lui qui l'a tué... Il laissa un lourd silence tomber entre-eux. Je suggère qu'ils s'occupent à deux de la sépulture et s'excusent.


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Dernière édition par Kazushi Ito le Mer 25 Oct - 11:27, édité 2 fois

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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptyMer 11 Oct - 21:19
    Confus oui, coupable? Absolument pas! La réaction des différents clients tira le barde de sa torpeur et lui fit monter la moutarde au nez, comment osaient-ils? Et voilà qu’on le tirait vers la dépouille de ce pauvre Balthazar et son maître fulminant, le tirant par le col comme un enfant par l’oreille. Trop c’était trop, cette bande de pingouins du désert allait voir de quel bois se chauffe un barde, il se mit à hurler tandis qu’il était traîné et explosa littéralement lorsqu’il fut question de réparations.

    Nom d’un tagta rouillé lâchez moi! MAIS POUR QUI VOUS PRENEZ VOUS?”

    Odard vint se planter devant l’assassine qui finissait calmement son déjeuner et plaqua violemment ses deux mains sur la table, faisait tressauter verre et assiette. Il était rouge brique, tant et si bien que son visage se fondait presque dans sa chevelure rousse. Et bien que conscient d’avoir face à lui une tueuse implacable dénuée de sentiments humains, il se laissa aller à sa verve habituelle.

    C’est vous la responsable de tout cela, les flammes étaient vertes! VERTES VOUS M’ENTENDEZ? AVEZ VOUS DÉJÀ VU CELA QUELQUE PART? Je vais vous dire ce que je pense ma mie, vous avez tué ce pauvre animal en toute conscience, ET PIRE, vous vous en êtes délectée très chère! Je peux l’affirmer à votre air rassasié et vos petits yeux chassieux, vous êtes un monstre gente dame! Un monstre de la pire espèce!”

    Il s’en prenait maintenant aux autres participants et aux quelques clients que le meurtre n’avait pas fait fuir. Nonobstant le tavernier qui était désormais partagé entre rage et tristesse, tenant la dépouille de son chat entre ses mains. Il attendait une réparation, mais le barde n’offrirait rien de plus que des excuses, l’expiation devrait venir de la jeune femme et de personne d’autre.

    Et vous autres les donneurs de leçons? Vous riiez bien n’est-ce pas? Vous vous jetez comme des charognards sur une occasion d’accabler votre prochain mais de ce meurtre je suis innocent messeigneurs, je ne suis coupable que d’avoir tiré profit d’une situation cocasse et sachez que je m’en excuse. Mais je n’expierai pas un meurtre que je n’ai pas commis. Que nenni! Ah ça non!”

    Le barde se tourna ensuite vers le notable qui tombait d’ailleurs à pic, incarnant l’autorité il aurait tôt fait de rétablir la justice et d’abattre son poing vengeur sur cette pécheresse sans remords.

    Primo-Gharyn! Messire cette vile adoratrice du démon doit être mise aux fers et châtiée comme il se doit!”

    Se penchant en avant il s’approcha de la jeune femme.

    Je le jure sur l’âme de ce pauvre chat, je n’aurai de cesse que de vous traquer infâme gourgandine! Vous paierez ma mie, vous paierez! Primo-Gharyn, vous êtes l’incarnation de la justice en ces terres messire, aussi je vous implore de l’éxécuter avec toute la froideur qui la caractérise!”

Hrp:

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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptyDim 15 Oct - 20:28

Elle observe d'un air qu'elle n'espère pas trop amusé l'aubergiste exprimer sa frustration d'une manière qu'elle estime maladroite. Pourtant elle est bien plus intéressée par sa coupe désespérément vide. Ou encore par le fait que le Primo-Gharyn n'ait pas daigné répondre à son invitation. Mais ce qui est réellement digne d'intérêt, c'est le fait que le souverain prenne sa défense. Du moins, dans une certaine mesure. Ne vient-il pas de reconnaître que la faute ne saurait être portée au seul crédit de la rouquine? Étonnée, elle détache son regard de l'âme en peine pour le poser sur l'homme aux tatouages. Voilà qui est... inattendu. Même pour lui!

La servante de la Chouette continue de l'observer tandis qu'il tente d'appliquer une justice qui n'a rien de bien pertinente à ses yeux. Une sépulture? Pour un bête chat? Si Zaël ne semblait pas aussi sérieux dans sa manière de s'exprimer elle aurait sûrement trouver matière à rire. Mais l'idée qu'il expose est si incongrue qu'elle reste simplement interdite, estomaquée par la futilité d'une telle proposition. Et elle en vient à regretter de s'être amusée avec ce félin qui l'empêchait de savourer un repas digne d'intérêt. Encore une fois, elle a agit avec l'impulsivité qui caractérise la jeunesse en général et la rouquine en particulier.

Malgré tout elle s'en sort plutôt bien dans le mesure où le barde a été jugé responsable de l'incident. Et qu'il devra donc s'acquitter des réparations ainsi que du nettoyage du bazar qu'il a lui-même provoqué. Zora se contente ainsi d'un vague hochement approbateur de la tête avant de se lever brièvement pour aller chercher une cruche de vin sur la table voisine et à présent désertée.
"Je partage votre avis, Primo-Gharyn!" lâche-t-elle simplement en revenant. "Il n'est que justice que ce barde solde entièrement la dette qu'il a désormais envers cet aubergiste!"
Car, évidemment, la rouquine n'envisage même pas que le souverain ait pu l'englober dans sa dernière phrase. Là où certains considéraient le pluriel, elle se contente fort bien du singulier. Quoi qu'il en soit l'affaire semble à présent close. Du moins jusqu'à ce que l'inconnu ayant pris à parti le barde emmène ce dernier jusqu'à la table que Zora s'empresse de trouver désormais trop fréquentée à son goût...

D'autant plus que l'inconnu au chapeau ajoute qu'à son sens la responsabilité est partagée. Et que la rouquine devrait également contribuer à gommer le passif que le barde a envers l'aubergiste. Une idée qui lui fait hausser un sourcil de scepticisme tandis qu'elle accorde finalement un semblant d'attention à cet intervenant non désiré.
"Et qui êtes-vous exactement?" demande-t-elle. "Je conçois que l'aubergiste et ce barde aient voix au chapitre. Tout comme le Primo-Gharyn qui, au passage, a déjà rendu son verdict. Quant à vous... De quoi vous mêlez-vous exactement, je vous prie?"
Mais si l'intervention de cet homme n'a rien de bien judicieux aux yeux de la rouquine, que dire alors des propos tenus par le ménestrel? Elle écarquille les yeux tandis qu'il s'emploie à mêler affirmations, exigences et remontrances. Le tout en unifiant avec un art sans égal une certaine forme de politesse et un manque flagrant de retenue. Zora le laisse cracher son venin, marquée par l'incompréhension d'une intervention bien plus véhémente qu'elle aurait pu l'imaginer. Il ne manque pas de toupet, celui-là!
"On m'a déjà reproché pas mal de choses au cours de mon existence!" lâche-t-elle sur une note amusée. "Mais c'est bien la première fois qu'on le fait avec une fougue aussi juvénile..."
Elle ne sait pas réellement comment réagir face à la véhémence de cet artiste à la langue bien trop pendue malgré sa profession. La violence est une option qu'elle ne peut choisir dans la mesure où elle cherche à jouer sur l'incompréhension pour justifier son acte. Mais comment laisser passer de telles insultes à son égard? Ou même les menaces qu'il lui a adressées sans la moindre honte ou retenue? La rouquine éponge ses lèvres avec une patience qui ne lui sied guère avant de relever un regard noir vers l'indélicat:
"Ne faites pas de promesses que vous êtes incapable de tenir!" l'avertit-elle. "Me traquer? Votre colère vous aveugle et noie votre bon sens! Vous offrez un bien piètre spectacle, barde! À la hauteur de celui dont vous nous avez gratifié tout à l'heure!"
Le regard qu'elle jette au cadavre du chat expose le fond de sa pensée. Elle finit toutefois par tirer une nouvelle bourse de l'une des sacoches de sa ceinture avant de la poser négligemment sur la table. Même s'il s'agit de la plupart de ses économies, elle est prête à les sacrifier sans la moindre hésitation. Ne serait-ce que pour mettre un terme à cette pitoyable scène.
"Bien que je ne m'estime pas responsable d'autre chose que d'un geste de pure bonté envers ce félin, voici de quoi participer à l'édification d'une sépulture. Gardez le reste, aubergiste. Considérez qu'il s'agit d'une façon de m'excuser pour un acte qui n'avait rien de bien gracieux mais qui me semblait alors nécessaire!" ment-elle avec décontraction. "Mais par pitié... faites taire cet abruti! Ou je lui couperai moi-même la langue!"
Et là encore, il ne s'agira que d'un acte de pure bonté. À quoi lui sert-elle si ce n'est à faire étalage de toute l'étendue de son déséquilibre? D'une certaine façon, ça lui rendrait peut-être service. Zora jette un dernier regard au ménestrel avant de le passer tour à tour sur les diverses personnes présentes:
"Pouvons-nous maintenant considérer que cette affaire est close? " demande-t-elle sur le ton de la lassitude. "Ou le sang n'a-t-il déjà pas assez coulé cette nuit à votre goût?"
Et dire que c'est elle qui appelle à l'apaisement. La situation est suffisamment cocasse pour qu'elle le remarque. Quoi qu'il en soit ses yeux restent à présent résolument rivés sur le Primo-Gharyn. C'est à lui que revient la décision finale. Il est donc la clef qui permettra de déverrouiller cette affligeante situation. Ou de l'envenimer...

Zaël
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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptyMar 17 Oct - 21:56
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L’aubergiste semblait ignorer tout ce qui l’entourait mais un autre plus attentif ne manqua pas de dénoncer l’auteur de cette malheureuse farce. Un étranger à la façon dont il était accoutré. Courageux et louable de sa part de prendre part ainsi à un conflit. Malheureusement Zaël n’eut pas le temps ni de le remercier ni de le détromper de sa légère méprise – reprise par la rousse - avant que le coupable en question ne se mit à brailler avec en fond la tueuse de chat qui s’en prenait à l’inconnu. Le primo-Gharyn ne s’attendait pas à cette réaction, il était évident qu’en agissant de la sorte il portait une responsabilité dans la mort de ce félin innocent. La situation se compliquait de plus en plus.

Chacun parlait sans tenir compte de l’aubergiste, réel victime avec le mort, ou leurs propres « interlocuteurs ». S’était l’impression qu’avait Zaël. Une fois n’est pas coutume, il essaya de s’imposer reprenant la parole suite aux interrogations de cette femme troublante. Du moins, c’était l’impression qui en ressortait plus il en apprenait et plus il la voyait agir moins il savait qu’en penser. Aucune peine face à son geste, pourtant il fallait un minimum d’empathie pour abréger les souffrances d’un être. C’était étrange, perturbant.

« Non, ce n’est pas réglé. Il ne suffit pas de donner de l’argent pour résoudre une mort. Quand je disais participer à la sépulture, c’était en aidant et en donnant de votre temps vous qui en avez volé à ce chat et par extension à son maître. C’est la moindre des choses autant pour la personne qui a transpercé de sa lame un chat innocent que celle qui a mis en feu et torturé une bête pour plaisanter. Et exécuter une personne ne rendra pas la vie à ce chat ! »

Il engloba du regard les deux coupables ainsi que le dénonciateur comme pour le prendre à témoin. Le seul à être neutre dans cet affaire, à pouvoir appuyer ses dires de façon impartiales. Non pas qu’il y en ait besoin, en théorie. Sa voix faisait loi dans ses contrées. Disons plutôt un support moral vis-à-vis de deux êtres qui semblaient cruellement en manquer. La présence d’un adepte d’Orshin tel que Mary aurait été utile pour leur faire naître un brin d’empathie. Zaël ne savait comment s’y prendre. Il se sentait démuni dans cette situation. À part sa patience et sa bienveillance qu’avait-il pour les sortir de cet imbroglio ?

« Et ce ne sera qu’une partie de la réparation. Messieurs, madame ? »

Il les invitait par là à s’identifier, le témoin également. Il cherchait à créer des liens pour améliorer son emprise sur eux.

Kazushi Ito
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Rencontres à Busad


"Tempérance ou violence ?
La voie la plus attirante n'est pas toujours la plus sage."


La taverne du Chat Volant, 31 juillet 932

Le ménestrel fulminait. Depuis que Kazushi l'avait attrapé par la chemise pour le traîner devant la carcasse du chat, il ne cessait de vociférer qu'il était innocent et que c'était à la femme de payer un crime dont il se lavait les mains. Le ronin l'avait rapidement lâché, pour le laisser s'exprimer à sa manière et éviter de le froisser davantage. Il l'observa alors d'un air sombre. Comment pouvait-il se clamer innocent alors qu'il avait provoqué tout ce remue-ménage avec sa belle illusion ? Certes, il n'avait pas tué l'animal, mais sans son petit jeu ridicule qui avait affolé la bête, jamais tout ceci ne serait arrivé.
La jeune femme quant à elle, semblait toujours aussi calme. Elle buvait, sans réellement s'intéresser à tout ce qu'il se passait autour d'elle. Sa façon de les dévisager un à un, avec cette pointe de suffisance insupportable, attisait les tensions d'une manière bien sournoise. Lorsqu'elle lui fit comprendre qu'il n'avait rien à faire là, Kazushi lui jeta un regard dur.

- Je ne suis qu'un voyageur de passage, Madame, mais je considère que le dérangement occasionné par vos merveilleuses prouesses me concerne tout autant que n'importe qui en ces lieux. Vous avez tous les deux perturbé la quiétude de cette auberge et de ses clients dont je fais partie. Il n'y a pas besoin d'être Primo-Gharyn pour exiger de quelqu'un excuses et réparations. Laisser l'aubergiste seul au milieu de toute cette affaire serait bien égoïste.

Les poings sur la table, le baladin exposa alors brutalement son avis sur la situation et prit le Primo-Gharyn à parti. Il exigeait que la justice soit effectivement rendue pour que le pauvre aubergiste puisse faire le deuil de son compagnon, mais refusait d'y prendre part. A ses yeux, la jeune femme était la seule véritable responsable de cet assassinat. Ce n'était qu'une idiote qui ne savait pas faire la différence entre de véritables flammes et une illusion. Il clama en outre qu'il la pourchasserait tant que l'on n'aurait pas obtenu d'elle une réparation honnête pour son crime. La situation s'envenimait.

- Calmez-vous...fit doucement le ronin.

Kazushi ne fut bien évidemment pas entendu. Le ménestrel était hors de lui. Bientôt, il les désigna tous comme des "charognards" venus se repaître d'une situation qui devait les amuser. A ces mots, le ronin serra les dents. Lui qui était resté légèrement en retrait par rapport à la table s'avança soudainement d'un pas. La tension qui régnait maintenant autour de la scène avait contaminé le guerrier qui se sentit insulté, donc en droit de répondre:

- Calmez-vous. Il est bien aisé de renvoyer la faute, mais je pense que dans votre cas des excuses ne sont pas non plus suffisantes. "Tirer profit d'une situation cocasse" est bien beau, mais vous ne pensez pas aux conséquences de vos petits tours. Vous méritez, vous aussi, une leçon.

Kazushi sentait sa patience s'élimer. Une bourse tinta alors sur la table. A la vue de l'or que la jeune femme venait de jeter devant elle avec désinvolture, le samouraï rougit de colère. Pour qui se prenait-elle donc ?! Jamais encore il n'avait rencontré de femme aussi grossière ! Pensait-elle donc réellement pouvoir s'en tirer à bon compte avec une simple bourse laissée sur la table comme à des mendiants ? Le comble fut qu'elle osa les menacer une nouvelle fois par sous-entendus...C'était invraisemblable !
Heureusement, le Primo-Gharyn fut le plus rapide à intervenir. Il jugea lui aussi que l'argent ne pouvait pas tout régler et soutint que la jeune femme devait également donner de son temps pour participer à la sépulture du félin. Que ce soit le ménestrel ou la jeune femme, ils étaient coupables, tous les deux, de cette mort pitoyable. Kazushi soupira doucement:

- Je suis de votre avis, Primo-Gharyn. La justice ne s'achète pas...

Sur ces mots, le ronin jeta un regard à l'aubergiste. Le pauvre homme pleurait encore son animal, mais il semblait satisfait du verdict proposé par l'autorité des lieux. Puis, il dévisagea le ménestrel en espérant que ce dernier serait revenu à un semblant de raison. Il évita le regard de la jeune femme. Elle l'exaspérait. Enfin, il tendit la main au Primo-Gharyn et se présenta assez fort pour que les autres l'entendent:

- Je me nomme Kazushi Ito. Je viens de Koulem Yalänn, près de Dyen. Comme je l'ai dit, je ne suis que de passage à Busad. Je suis herboriste, fit-il en esquissant un semblant de sourire. Navré si mon intervention n'a pas été des plus subtiles, mais je ne pouvais rester de marbre face à tout ça...

Le guerrier espérait maintenant que les deux jeunes gens allaient s'acquitter de leur "châtiment" sans faire plus de vagues. L'un comme l'autre tentait de se dédouaner pour éviter de porter plus longtemps le poids des responsabilités mais surtout ce que beaucoup considéraient comme une humiliation. Après tout, enterrer un chat n'était pas une tâche bien difficile; c'était au niveau de leur orgueil que cela nécessitait un effort.


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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptyDim 29 Oct - 22:32
    Le barde n’en croyait pas ses oreilles, voilà qu’en plus de le traîner dans la boue on l’insultait. Et en public! Il savait qu’il devrait se plier à la décision du primo-Gharyn mais ne pouvait supporter l’idée d’être incompris, pire que ses intentions soient mal interprétées et retournées contre lui. Il le vivait comme un drame et ne se sentait absolument pas coupable de ce meurtre, le chat se serait calmé en quelques instants une fois l’illusion levée, mais le primo-Gharyn semblait penser qu’il s’agissait là de vraies flammes, on parlait là de torture, de meurtre. Ces gens étaient fous!

    JUVÉNILE??? Vile poularde décérébrée qui êtes vous pour me menacer ainsi? Vous méritez la potence ma mie, et que l’on vous brise les jambes avant de vous passer la corde au cou! Menacez moi donc encore une fois, une seule et j’irai porter l’affaire jusqu’aux plus hautes instances!”

    Et le primo-Gharyn qui semblait vouloir appliquer une justice conciliante était bien mal à l’aise de voir légiférer sur un drame aussi stupide. Mais aux yeux du barde il manquait le plus important dans cette histoire, chose qu’il tenait bien évidemment à clarifier.

    Est-ce que quelqu’un d’autre que messire Kazushi a compris ici QU’IL NE S’AGISSAIT PAS DE VRAIES FLAMMES NOM D’UN MOGOÏ EN CROÛTE DE SEL? C’est un comble! Une ignominie! Me voilà accusé d’un meurtre commis par cette… Odieuse personne. Alors que je n’ai fait qu’utiliser le don que Khugatsaa m’a confié, est-ce également quelque chose que l’on compte me reprocher ou me renier?”

    Tout cela dégénérait bien trop rapidement. Ils étaient passé d’une soirée conviviale à un meurtre et jusqu’où cela pouvait il aller? La jeune femme bouillait clairement d’envie de lui arracher les yeux, ce qu’elle aurait déjà fait sans la présence du représentant de l’ordre. Finalement le plus à plaindre était l’aubergiste qui allait sûrement devoir renommer une nouvelle fois son enseigne, redescendant un instant sur terre le barde vint lui poser une main sur l’épaule.

    Je vous présente mes plus plates excuses messire pour ce tour qui ne devait être qu’amusant, si tout c’était bien déroulé j’aurais levé l’illusion et ce pauvre Balthazar aurait tout oublié de cette mauvaise plaisanterie.”

    Il jeta au passage un regard mauvais à la jeune femme dont il ignorait encore le nom. Puis il accéda à la requête du primo-Gharyn qui cherchait finalement à bien faire et n’était pas vraiment aidé.

    Je suis Odard Coursang messire, talentueux barde et ami des animaux, aussi étrange que cela puisse sonner aujourd’hui. J’accepte mon châtiment Primo-Gharyn, bien que je ne m’estime que très partiellement responsable de ce drame. Et encore, de très loin.”

    Puis il pointa un doigt accusateur vers la tueuse et se remit à beugler.

    MAIS JE REFUSE D’EFFECTUER MA PEINE EN COMPAGNIE DE CETTE HARPIE DÉMONIAQUE!”

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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptyMar 31 Oct - 5:28

La scène lui semble surréaliste. Digne d'un rêve. Ou plutôt d'un cauchemar. Zora a de la peine à croire que la mort de cette bête a pris des ampleurs si dramatiques. Elle a de la peine à croire que le Primo-Gharyn ne se satisfait pas de la somme d'irys qu'elle a déposée sur la table. Elle a de la peine à croire que ce barde exige sa tête pour le trépas d'un simple animal ou encore que cet intervenant au long sabre se permette de donner son avis. L'ombre de l'irrationnel plane sur cette cité. La rouquine le savait déjà. Mais elle se rend à présent compte de son intensité. Elle lâche un vague soupire avant de se résigner: en présence de Zaël, ce n'est pas elle qui fixe les règles. Elle ne peut que les suivre. Peu importe la bêtise qui les imprègnent...

Le roi exige donc des réparations. Ou, plus précisément, du temps. Une denrée qu'elle n'a guère envie de gaspiller. Spécialement pour expier une faute dont elle ne s'estime pas coupable. Et pourtant elle garde le silence, estimant qu'il vaut mieux jouer la carte de la docilité plutôt que celle de la fierté. Un exercice guère facile. Ses paumes déchirées par les ongles de ses poings serrés peuvent en témoigner.
"Et bien... qui suis-je pour mettre en doute la pertinence de votre verdict, Primo-Gharyn?" demande-t-elle avec lassitude. "J'accepte les conséquences de mes actes. Et d'autres feraient bien d'en faire autant!"
Le regard qu'elle décoche au barde ne laisse que peu d’ambiguïté. Pourtant elle comprend sa colère. La rouquine ne l'estime pas responsable de ce qui est arrivé. Elle a agi sciemment, en sachant pertinemment qu'il y avait peu de chance que ce soit une illusion. Si les rôles étaient échangés, elle n'aurait probablement par exigé la mort de cet homme. Elle l'aurait simplement égorgé. Ou, du moins, n'aurait pas compté sur l'autorité d'une tierce personne pour obtenir réparation. Cette lâcheté la révulse.

Et elle lui plaît également. Car pendant que Zora fait de son mieux pour contenir sa frustration, l'autre se contente de l'exprimer. Il s'agite, exige, cri... Et, surtout, attire l'attention sur lui. Elle ne peut pas se plaindre de cette situation. Il a tout de la personne qui n'accepte pas le fait d'avoir commis une erreur aux conséquences dramatiques. Et puis il arrive même à arracher un sourire à la jeune femme lorsqu'il affirme qu'il refuse d'effectuer sa punition en sa compagnie. Le tout en la qualifiant d'harpie démoniaque. Ce n'est pas le pire surnom qu'on lui ait donné.
"Si je puis me permettre..." reprend-t-elle, le ton calme qu'elle emploie contrastant avec celui de l'homme. "Une punition n'est pas faite pour plaire. Si cet homme ne veut pas effectuer sa peine en ma compagnie, alors... c'est précisément en ma compagnie qu'il devrait être."
La disciple de Möchlog le gratifie d'un vague sourire avant de reporter son attention sur ce Kazushi. Elle ne sait guère quoi penser de lui. Il semble avoir la tempérance de Zaël. Mais elle doute qu'il soit aussi clément que lui. Fort heureusement ce n'est pas lui qui est amené à prendre les décisions ici. Et puis il semble davantage intéressé par le barde qu'il a livré à son pacifique bourreau que par la présence de la rouquine. Là encore, elle ne peut que s'en féliciter.
"Puis-je connaître la nature exacte de la punition que vous avez en tête, Primo-Gharyn? Et, surtout, combien de temps elle durera?" s'enquit-elle avec un intérêt mitigé. "Vous n'êtes pas sans savoir qu'une disciple de Möchlog est très demandée. Chaque minute perdue ici pourrait porter préjudice à ceux qui ont besoin de mes services. Je l'ai expliqué à votre Khorog peu après votre discours. Il vous en aura sans doute parlé?"
Ce n'est pas par hasard qu'elle évoque le comparse de Zaël. Elle veut savoir qui est à l'origine de son arrestation. Le Primo-Gharyn sait-il seulement ce qu'il s'est passé?

Zaël
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Le calme avait du mal à revenir. Et quand on était la plus haute autorité dans un lieu, on pouvait difficilement comptait sur quelqu’un d’autre pour s’en occuper. Les autres clients pas fous, s’ils observaient la scène plus ou moins discrètement, ils prenaient bien garde de ne pas être pris à parti. Seul Kazuhi, étranger à l’affaire avait eu la bonté d’âme d’intervenir. Pour ne rien gâcher il exprimait exactement ce que pensait Zaël en donnant sa sentence : le ménestrel était responsable avant tout des souffrances infligés au chat, feu réel ou non la bête ne pouvait le savoir. Pourtant il s’évertuait à ne pas vouloir comprendre, à nier sa faute.

« Ne vous excusez pas, je vous remercie d’avoir eu le courage d’intervenir. Peu le font. »

Un herboriste ? Dans d’autres circonstances, il aurait pris le temps de discuter avec lui mais tant que cette situation grotesque ne serait pas réglé, il ne serait pas libre : ni de parler ni de revenir à sa recherche initiale !

Cet Odard en plus d’être l’un des premiers ménestrels à donner un spectacle aussi glauque, réussissait l’exploit d’agacer Zaël avec ses récriminations. Mauvais moment pour faire une scène ou être de si mauvaise foie. Zora, la meurtrière de chat à côté faisait figure de bonne citoyenne. Il ne remarqua pas la tension qui l’habitait alors qu’elle acceptait la punition. Beaucoup moins agressive que les hurlements de l’homme. Elle l’amusa presque avec sa remarque sur la punition : si dans le fond elle n’avait pas tord, ils n’étaient pas les deux seuls concernés, l’aubergiste aurait son mot à dire.

« Odard, que les flammes aient été réelles ou non n’est pas la question : elle l’était pour le chat et s’était une farce bien cruelle. Pour ça vous porter l’entière responsabilité. Et votre punition s’effectuera ensemble si l’aubergiste vous supporte tout les deux : je vous conseille que ce soit le cas. »

Son regard était devenu sévère. Il ne voulait pas punir l’aubergiste mais ces deux personnes peu recommandable. Même plus que peu recommandable pour la rousse : ce qu’elle lui avait dit, avait totalement changé son regard sur elle. Si les soupçons du Khorog étaient vrais. Le fait qu’elle fut confrontés deux fois d’affilées aux autorités avait de quoi soulever des questions. Toutefois, même ainsi, il la trouvait aussi intrigante qu’il trouvait le ménestrel agaçant.

« Et vous avez déjà fait votre part de soin à ce qu’on m’a dit. Ne vous inquiétez pas nous avons des guérisseurs à Busad. Rien ne vous libérera des responsabilités envers cet homme. Vous serez à ces ordres pour les trois jours à venir : pour ranger le désordre, faire une sépulture et tout ce qu’il jugera nécessaire. Je viendrais voir personnellement si vous avez effectuez avec respect votre punition. D’ailleurs vous pouvez commencer dès maintenant par nettoyer le sang répandu.»

Zaël se tourna ensuite vers le pérégrin toujours présent.

« Auriez vous l’amabilité de lui préparer une infusion ? Cela lui fera du bien. »

Le primo-Gharyn alla vers le patron des lieux pour lui soutirer doucement son familier, il le remit dans les bras de Zora avec une consigne.

« Mettez le dans une caisse et nettoyait le, le temps que vous creusiez sa tombe. »

Il prit ensuite l’homme toujours hébété par les épaules pour le diriger vers les cuisines pour qu’il puisse se poser à l’abri des regards et au calme. Il en profita pour lui demander son nom, le nom de son chat même s’il le connaissait ainsi que tous les témoins de la scène. Le but premier étant de le faire parler. Dans cet esprit, il lui posa plusieurs questions du même ordre le temps de l'installer dans la petite salle.

Kazushi Ito
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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptyDim 5 Nov - 0:06
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Rencontres à Busad


"Trouve le chemin qui te mènera à demain."


La taverne du Chat Volant, 31 juillet 932

Les tensions n'étaient pas prêtes de retomber. Entre la jeune femme qui prenait l'assemblée de haut et semblait exceller dans l'art de manipuler les mots - notamment pour piquer au vif le ménestrel - tout en se dédouanant à sa manière, et le-dit ménestrel qui s'insurgeait haut et fort face à la situation dans laquelle il s'était malheureusement empêtré, Kazushi sentait bien que l'incident n'avait pas fini de faire parler de lui. Le baladin ne pouvait s'empêcher de réagir aux provocations malignes de la meurtrière et, même s'il faisait des efforts pour accepter la punition qu'on souhaitait lui infliger, son ton et ses insultes envers la-dite demoiselle ne donnait pas envie de le soutenir plus qu'elle, bien au contraire ! Plus il criait et plus il excitait les colères contre lui.
Quelque part, le ronin le comprenait. Mais il était bien en peine de prendre un réel parti dans cette affaire, d'autant qu'il n'appréciait guère la manière dont le ménestrel se défendait. L'un comme l'autre était coupable, à quoi bon continuer le scandale ? L'attitude désinvolte et hautaine de la jeune femme l'exaspérait au plus haut point mais les grossièretés du jeune rouquin et ses insultes ridicules ne l'aidait pas non plus à le préférer...

- Cessez donc de crier...murmura-t-il près de ce dernier.

L'illusionniste prit alors à parti son public, dernière défense qu'il pouvait trouver en ces lieux. Les gens qui n'avaient pas encore quitté la salle, trop avides de ce type d'événement, le regardèrent d'un air ahuri. Certains levèrent timidement la main ou se jetèrent des regards entendus: oui, nombreux étaient ceux qui avaient compris que les flammes étaient fausses. Mais que dire de tous ceux qui levaient à présent sourcils et choppes, mal-à-l'aise au possible face à l'appel du barde ? Tout le monde n'avait pas été aussi clairvoyant et quelques ivrognes en rirent beaucoup. Des débats s'engagèrent : ceux qui avaient compris commencèrent à soutenir le ménestrel tandis que les autres murmuraient que la jeune femme avait eut bien raison de vouloir achever le chat. Les deux clans opposés recommencèrent ainsi à s'agiter. Kazushi fronça les sourcils. Il était temps de vider les lieux ou des bagarres risquaient d'éclater. Sans la présence du Primo-Gharyn, les rixes auraient déjà débuté...

Malgré l'agitation, la jeune femme continua de jouer à l'innocente et tâcha d'enfoncer un peu plus le ménestrel en clamant qu'elle était prête à assumer les conséquences de ses actes et à suivre la sentence donnée par le Primo-Gharyn. Kazushi ne dit mot. Il n'avait plus à intervenir de toute façon. Maintenant que le duo avait entendu le verdict, il n'avait plus qu'à s'exécuter et à oublier cette affaire pendant que lui quitterait définitivement l'auberge.
Malheureusement, Odard, puisque tel était le nom du ménestrel, décida qu'il était hors de question qu'il ne s'associe à la jeune femme. Il refusait donc encore une fois de laisser couler l'affaire. Le ronin leva les yeux au ciel.

- Bon sang, mais allez-vous donc continuer longtemps ainsi ? Faites ce que le Primo-Gharyn vous ordonne de faire et cessez de vous plaindre.

Evidemment, la jeune femme - qui avait d'ailleurs omis de se présenter - en profita pour lui asséner un coup supplémentaire en jouant un rôle d'adulte face à un enfant. Elle pria même le Primo-Gharyn de l'obliger à travailler avec elle, histoire que la sentence soit tout à fait juste et équitable. Kazushi serra un peu les dents. Décidément, il n'y avait pas de petite victoire...Qui croyait-elle donc tromper avec ses manières ? Qui allait donc se laisser prendre à son petit jeu mesquin ? Pas le ménestrel, ni lui d'ailleurs. Mais son calme et ses paroles réussirent à convaincre l'assemblée et le Primo-Gharyn...Le pérégrin soupira. Après tout, ce n'était plus ses affaires.
Le Primo-Gharyn tempéra un peu le ménestrel et acheva de rendre son verdict. Désormais, nul n'aurait plus son mot à dire: Odard devait assumer sa part de responsabilité et cesser de se révolter, de même que la jeune femme devait prendre le temps nécessaire à la sépulture, quels que soient ses autres impératifs relatifs à son rôle de "disciple de Möchlog". Kazushi tiqua légèrement à ces mots mais se contenta de jeter un coup d'oeil sur l'assemblée tandis que le Primo-Gharyn expliquait à la jeune femme qu'ils avaient trois jours pour s’acquitter de leur dette.
La salle s'était un peu désemplie mais les curieux demeuraient-là à les regarder comme des imbéciles trop heureux d'assister à ce spectacle. Un certain malaise prit le pérégrin. C'est alors que le Primo-Gharyn lui demanda s'il pouvait servir une infusion au tavernier. Sur le moment, il le regarda d'un air interrogatif.

- Une infusion ? répéta-t-il légèrement surpris.

Soudain il comprit que c'était à cause du fait qu'il s'était présenté en tant qu'herboriste que le Primo-Gharyn venait de lui demander ce petit service. Kazushi lui sourit alors aimablement, même si la perspective d'accompagner le tavernier dans les cuisines pour lui concocter la-dite boisson ne l'enchantait guère. A vrai dire, il avait espéré pouvoir s'esquiver rapidement une fois le verdict donné, histoire de se tenir le plus loin possible de cette femme aux tours sournois et de ce ménestrel criard.

- Mais très certainement. Le pauvre homme doit en avoir besoin.

Le guerrier plongea sa main gauche dans la manche droite de son kimono et farfouilla un instant en quête d'une petite bourse de peau dans laquelle il conservait toujours quelques plantes pour les tisanes et les premiers soins. Il trouva rapidement son bonheur et examina ce qu'il possédait. Un peu de thé vert, du jasmin, de la cannelle...cela ferait bien l'affaire. Il n'était pas certain que l'homme apprécie l'amertume du breuvage, mais la cannelle allait sans doute l'aider à la faire passer.
Kazushi observa le Primo-Gharyn enlever des bras du pauvre homme la carcasse de son animal pour la confier à la femme tout en lui donnant les premières instructions à suivre pour la suite des opérations. Le duo devait s'arranger pour nettoyer le sang laissé sur place, laver la bête elle-même et l'enterrer. Puis, il le suivit tandis qu'il menait lui-même le tavernier dans les cuisines. Le ronin songea que sa douceur était aussi agréable que le sang froid dont il avait fait preuve face à la situation et aux cris du ménestrel.
Traversant la salle, en évitant les quelques chaises renversées et les badauds qui ne cessaient de s'agglutiner autour de la scène de crime et du Primo-Gharyn pour tâcher de comprendre l'ensemble de la situation, le trio passa devant l'angle où Kazushi s'était installé à son arrivée. L'herboriste ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil à sa table et au sol pour tenter de voir s'il n'apercevait pas la baie qu'il avait perdue. Evidemment, il ne vit rien et ne prit pas le temps de s'arrêter. Cela aurait été bien impoli.
Après un léger soupir, il franchit les portes de la cuisine et laissa le Primo-Gharyn asseoir le tavernier pendant qu'il fouillait quelques placards à la recherche d'un récipient susceptible de servir de tasse pour sa tisane. Il dut se contenter d'un bol, pour éviter de prendre une trop grosse choppe. Il plaça ce dernier devant l'homme. Profitant qu'ils fussent seuls, Kazushi s'adressa au Primo-Gharyn:

- Excusez-moi mais je n'ai pas retenu votre nom, à moins que vous ne l'ayez pas donné ? Il lui sourit. Vous habitez depuis longtemps à Busad ?

Le guerrier écouta le Primo-Gharyn lui répondre tout en allant vérifier sur le feu s'il n'y avait pas déjà de l'eau dans la marmite. Il y trouva une sorte de purée nauséabonde, faite de racines diverses et de navets. Ôtant la marmite du feu, il la remplaça par une autre, plus petite, après avoir réussi à trouver de l'eau dans une cruche en terre cuite. L'eau frémit rapidement. Il y jeta quelques herbes et vérifia que le tout ne se mettait pas à bouillir avant de servir rapidement son "patient". Il ajouta de la cannelle à la dernière minute et invita l'homme à goûter sa préparation. Il s'en trouva satisfait et se mit à la siroter doucement, en soufflant régulièrement dessus.

- Et voilà ! fit-il comme pour marquer la fin de sa tâche.

Le ronin s'appuya contre une table et croisa les bras. Il sourit au tavernier. Ce dernier pleurait encore son chat mais il semblait déjà plus serein. La chaleur du breuvage et ses douces senteurs épicées lui redonneraient du coeur. Au bout de quelques minutes, Kazushi ramena son regard dans celui du Primo-Gharyn.

- Je doute que notre duo ne s'entre-tue pas d'ici la fin de la sépulture...Si vous me payez pour, je peux vous servir de gardien et les surveiller le temps qu'ils accomplissent leur devoir. Sa main fit dépasser le manche de son katana jusqu'à présent dissimulé par les pans de ce qui lui servait de manteau. Un éclat passa dans son regard. Mes compétences ne se limitent pas à la concoction de tisanes...

Après tout, Kazushi était-là pour se faire de l'argent en vue de son voyage vers Daënastre.



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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptyDim 12 Nov - 21:16
    En acceptant son châtiment le barde s’était imaginé oeuvrer pour les plus démunis, nettoyer les rues ou encore officier gracieusement dans quelque taverne qu’on lui indiquerait, mais à l’énoncé du verdict les bras lui en étaient tombés si bien qu’il s’était remis à beugler malgré l’insistance que montraient certains à tenter de le faire taire. Il avait du mal à croire qu’on puisse ainsi se tromper de coupable, quand le vrai meurtrier jouait les innocents et parlait avec douceur comme si finalement tout ça ne la concernait que de loin. Vile créature. Le barde cracha par terre avec mépris et leva les mains en signe de protestation.

    N...Nettoyer? Parce que vous croyez vraiment que je vais mettre les mains là dedans?! Mais messire c’est un comble! Jamais vous m’entendez Ô grand jamais je ne poserai mes augustes mains sur ce sang vicié par la lame de cette adoratrice du démon! Qui sait dans quel poison elle a bien pu tremper son arme? Que nenni messire! À l’instant où le sang touchera mes mains celles-ci se déssècheront pour tomber en poussière à même le sol. Et que dire de creuser une tombe? Je ne laisserai point mon honneur être ainsi bafoué! Je propose de superviser la peine de cette chouette déplumée et de m’assurer qu’elle ne s’échappe pas mais jamais je ne souillerai mes mains par cette immonde besogne!”

    L’argument des flammes tenait toujours et il avait vraiment l’impression que son rôle dans tout ça était exagéré. Après tout ce n’est pas lui qui a lancé les ivrognes à la poursuite du chat, d’ailleurs ces deux là devraient aussi être punis si l’on suivait cette logique fallacieuse. Mais non, la garce conspirait contre lui, cherchait à le traîner dans la boue. Il ne l’aiderai pas, certainement pas. Et ce n’était pas comme s’il savait se servir d’une pelle.

    Donc si je suis votre logique messire que les flammes aient été réelles ou non ne compte pas? Mais demandez vous un instant si le chat n’a pas eu plus peur des deux idiots qui lui lançaient de la bière que de fausses flammes qui ne lui roussissaient pas les moustaches? Devons nous également faire fouetter tous les badauds qui ont ri à gorge déployée sans bouger d’un pouce? Non tout cela n’a aucun sens messire, j’accepte de me plier à quelques volontés raisonnables, mais assister cette tueuse dans l’amendement de son crime est TOUT sauf raisonnable messire! Je ne m’y plierai pas, et dussé-je y être contraint que je porterai l’affaire devant le Khorog lui-même et demanderai réparation!”

    Il n’avait plus grand chose à dire qui n’aggraverait pas son cas mais il avait toute latitude pour darder la rouquine de regards meurtriers. Rouge de colère le barde avait croisé les bras dans une posture de défi mêlé de déni, impossible pour lui de se salir les mains pour un crime qu’il n’avait pas commis. Une mauvaise blague oui, mais jamais il n’aurait consciemment blessé un animal. Il baissa la tête vers la dépouille du chat et soupira en se massant les tempes. Finalement le plus lésé dans cette histoire c’était bien Balthazar, et quel drame qu’un si bel animal ait fini d’une manière aussi atroce. Il pointa la jeune femme du doigt en relevant la tête et appuya chaque mot d’un coup de doigt comme un poignard qu’il lancerait dans sa direction.

    Tout ceci est de votre faute.”

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Dans un décor chatoyant et chatmaré EmptySam 18 Nov - 7:44
Info:

Elle observe avec un intérêt malsain le chat que Zaël vient de lui remettre. Elle s'émerveille avec une certaine candeur de l'entaille qui se distingue à peine dans le flanc de l'animal et de la quantité non négligeable de sang qui s'en échappe encore. Mais cette douce contemplation ne saurait effacer les impératifs imposés par le souverain de ces terres qu'elle aurait mieux fait d'éviter, tout compte fait. Une sépulture pour ce félin? Est-ce une plaisanterie? Sa place est dans l'antre embrasé de la cheminée qui trône à quelques pas d'elle. Elle envisage d'ailleurs avec envie cette option avant de se rappeler qu'il vaut mieux se plier aux termes de sa punition. N'est-elle pas sensée accepter sa pénitence? Elle laisse volontiers le rôle de réfractaire à ce barde turbulent, éprouvant avec brio la patience et les oreilles...

Et là où Zora s'est contentée de répondre par le silence à l'autorité du roi, Odard a décidé d'étaler davantage encore son indignation et son mépris. Certaines personnes se demandent pourquoi elle n'aime pas les bardes. Si elles étaient présentes en cet instant, elles auraient alors la plus parfaite des explications... La rouquine tourne son regard vers Zaël et Kazushi qui s'éloignent vers les cuisines. La réponse du Primo-Gharyn ne se fait guère attendre. Et c'est à nouveau sur un ton calme qui mérite le plus sincère des respects que le souverain apporte une conclusion à ce qui semble être un dialogue de sourd depuis de longues secondes déjà:
"Inutile de faire l'enfant et de demander au Khorog de vous soustraire à la punition que je vous ai donnée, il n'en fera rien. Mais vous êtes libre de lui parler s'il accepte de vous recevoir."
Après quoi les deux hommes disparaissent dans les cuisines avec l'aubergiste. Zora est étonnée d'être ainsi laissée seule en compagnie d'Odard et des rares clients encore présents. Est-il si sûr de son autorité qu'il en vient à délaisser la possibilité qu'elle cherche à s'enfouir? Où sait-il qu'elle ne parviendra pas à quitter la région et échapper à son courroux si elle venait à éprouver davantage encore sa patience? La disciple de Möchlog décide avec sagesse de ne pas chercher à obtenir la réponse aux multiples interrogations qui lui traversent l'esprit. À défaut, donc, elle pose un regard ampli de dédain sur le barde qui lui tient encore compagnie. Et plus particulièrement sur le doigt aussi ferme qu'accusateur qu'il pointe dans sa direction.
"À ce rythme je vais être obligée de te le couper..." s'amuse-t-elle. "Tout comme ta langue, d'ailleurs!"
Ce sont pourtant deux zones particulièrement précieuses pour un barde. Comment jouerait-il d'un instrument avec une main mutilée? Comment ferait-il pour chanter sans langue pour former des mots? Zora s'est contentée d'exposer une possibilité sur le ton de la plaisanterie. Mais cette option devient de plus en plus tentante à mesure que les secondes s'égrainent. Et semble également de plus en plus nécessaire. Trois jours... Zaël et ce justicier de Kazushi ne seront pas toujours là pour veiller sur lui. Mais pour l'heure, ils sont trop proches pour qu'elle cède à ce genre de pulsions. Dès lors, en attendant...
"Tiens-moi ça, tu veux? L'adoratrice du démon que je suis à besoin de ses deux mains libres pour réparer tes bêtises!" glisse-t-elle avec malice. "Ho et au passage: je suis certaine que Möchlog appréciera d'être qualifié ainsi. Tu m'as poussée à tuer ce chat et maintenant tu insultes un Architecte? Ta bêtise est-elle donc sans limites?"
Sans réellement attendre de réponse, elle lance le cadavre de l'animal dans sa direction. Qu'il l'attrape ou pas, elle s'en moque. La rouquine avise alors du regard un sceau et un semblant de serpillière qui trônent un peu plus loin. Lâchant un dernier soupire, elle va s'en saisir avant de commencer à éponger le sol. Le sang n'a jamais provoqué en elle autre chose qu'une forme de fascination. Cette punition a un aspect morbide qui ne manque pas de la séduire!

Et pendant qu'elle se drape davantage dans le rôle de la mage repentante, elle repense à ce que Zaël lui a dit. Visiblement il était au courant pour la rencontre avec le Khorog... Mais peut-être également qu'il cherche à afficher une unité de façade avec son allié. La réponse n'est guère importante, dans le fond. Tout ce qui compte, c'est que dans trois jours elle sera libre de s'en aller et de reprendre la purification des terres my'tränes. Un contretemps regrettable mais malgré tout supportable.
"Tu comptes me regarder travailler, l'idiot?" interroge-t-elle Odard en levant le regard vers lui. "À défaut d'être doté d'une cervelle, essaie au moins de te montrer un peu utile! Ce n'est pas en faisant traîner les choses que tu seras libéré de ma présence!"
Pense-t-il réellement que ses mains vont tomber en poussière? Est-il superstitieux à ce point? Zora en vient à se demander s'il ne joue pas la carte du gentillet tout comme elle joue celle de l'innocence. Est-ce une stratégie pour être considéré comme irresponsable de ses actes? Ce serait plutôt malin, tout compte fait. Elle doute cependant qu'il soit capable de songer à une telle chose. Mais les apparences sont trompeuses. Spécialement lorsqu'il s'agit d'un mage versé dans les arcanes de Khugatsaa, non?
"En fait... Tu as de la famille?"
Elle ne cherche pas à faire la conversation et encore moins à détendre l'atmosphère. La tension qui règne lui convient très bien. Mais si la punition qui lui a été infligée n'a rien de bien constructif, le temps qu'elle est condamnée à passer avec le barde pourrait être mis à profit. Et si elle lui pose une telle question, c'est surtout dans le but de trouver une distraction au cas où elle venait à s'ennuyer un jour ou l'autre. La souffrance physique ne saurait égaler la douleur psychologique imposée par la perte d'un proche,
fusse-t-elle promise à l'Oubli...

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