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 Dans un décor chatoyant et chatmaré

Zaël
Zaël
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Dans un décor chatoyant et chatmaré - Page 2 EmptyJeu 23 Nov - 9:01
Irys : 962209
Profession : Gharyn de Busad
My'trän +3 ~ Kharaal Gazar (homme)
Zaël était bien content de trouver un peu de calme dans cette cuisine même s’il se doutait qu’il ne pourrait laisser les deux sans surveillances bien longtemps. Entre l’un qui niait toujours son implication et l’autre qui jetait de l’huile sur le feu… Enfin, il avait quand même le temps de répondre aux question de cet aimable herboriste en attendant que l’infusion fusse prête.

« Non, effectivement. C’est une mauvaise habitude lorsque vous êtes connu. »

Il sourit d’un air gêné avant de compléter.

« Je m’appelle Zaël Lahzainhi. Je suis à Busad depuis que j’ai pris la fonction de primo-Gharyn il y a deux ans. »

Alors que Kazushi s’occupait du propriétaire, Zaël se perdit dans ses propres réflexions. Non seulement il n’avait pas trouvé Adela mais en plus avec cette affaire à gérer sa recherche était bien compremise. Même s’il avait vraiment envie de retrouver la jeune femme, il ne pouvait la faire passer avant son rôle de primo-Gharyn.

« Vraiment ?! »

Ce n’était absolument pas ironique ou moqueur. Non, il était plutôt soulagé de voir cet homme se proposer pour la tâche bien ingrate et éreintante de cette surveillance de deux personnes bien particulières. D’autant plus que les Protecteurs avaient déjà beaucoup de travail sur les bras.

« Ce serait avec plaisir ! Je ne peux évidemment pas les laisser seuls, le but n’est pas qu’ils opportune le propriétaire ou abîme sa taverne. Bien sûr, je ne laisserais pas ce travail impayé, prenez cette avance pour les jours à venir. »

Il allait bien falloir qu’il paye ses repas et sa chambre, il n’aurait pas le loisir d’aller voir ailleurs. Le premier concerné par toute cette affaire ne semblait pas du tout les écouter. Un signe que la concoction fonctionnait ?

« Je viens avec vous pour leur annoncer la nouvelle, et je reviendrais vous voir à la fin de la période impartie. Si jamais ils font trop de grabuge, je vous laisse maître de les arrêter. »

Il espérait que ce ne fut pas nécessaire mais même lui ne pouvait se voiler la face : il faudrait une vigilance de tout instant comme l’avait dit le pérégrin pour qu’ils ne s’entre-tuèrent pas. Enfin, si ce n’était pas déjà le cas. Le primo-Gharyn ouvrit la marche pour retourner dans la pièce principale craignant quelque peu ce qu’il allait y voir.

À peine eut-il pénétré dans la pièce que ses pensées furent détourné de ses délinquants : elle était là, dos à lui, il n’avait que deux pas à faire pour la retrouver ! Le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine il s’avança, agrippa son épaule pour la retourner et la prendre dans ses bras. Et là, réveil brutal : une main alla à la rencontre de sa joue tandis que la femme se décomposait quelque peu en voyant qui elle avait claqué. Zaël bredouilla des excuses extrêmement gêné et confus de son erreur. Il aurait voulu partir tout de suite, échapper à ses regards étonnés de toutes parts ! Mais il se devait de finir les choses correctement. Il annonça donc aux deux coupables sa décision de laisser Kazushi derrière pour les surveiller avec toute latitude pour gérer leur situation : que se soit de les arrêter ou de répartir les tâches. Bien sûr lui-même reviendrait les voir au bout de trois jours.

Kazushi Ito
Kazushi Ito
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Dans un décor chatoyant et chatmaré - Page 2 EmptyMer 17 Jan - 17:36
Irys : 130128
Profession : Mercenaire / Vendeur de plantes et de croquis
Pérégrin 0
Dans un décor chatoyant et chatmaré

Rencontres à Busad


"L'ingratitude d'une tâche donne à son exécuteur
d'autant plus d'honneur s'il s'y atèle sans soupirs."


La taverne du Chat Volant, 31 juillet 932

Loin du tumulte de la grande salle de l'auberge, Kazushi ruminait les dernières paroles du ménestrel. Cet homme, suffisant et geignard, l'exaspérait presque plus que cette rouquine au sang chaud qui avait fait couler le sang. Cette façon qu'il avait de chercher à se dédouaner de toute responsabilité et de crier au scandale lui faisait penser à ces enfants qui, bavards en pleine leçon, s'offensent des réprimandes du maître: c'était parfaitement puéril, voilà tout. Prompt à la bravade quand il s'agissait de chanter fables et grossières balades ou quand il se voyait placé le nez dans la bauge qu'il avait lui-même créée, il était sans doute de ces hommes qui ne savaient pas ce qu'était l'honneur, le vrai. Un fanfaron irresponsable.
Surpris par ses propres pensées, le ronin grogna un peu. Ce n'était pas dans ses habitudes de se crisper autant pour une histoire aussi banale. (Oui, banale finalement...il avait vu tellement plus grave au fil de ses périples...) Et puis, il avait pourtant une patience d'or pour les jérémiades d'enfants...Quelque peu perturbé, le guerrier préféra pousser son esprit à errer de nouveau sur la personne de la rouquine. N'était-elle pas pire que ce jeune impétueux tout de même ? Pourquoi donc s'attarder sur le baladin plutôt que sur elle ? Parce que c'était une femme ? Non...Kazushi se savait plus laxiste avec la gente féminine mais pas non plus assez stupide pour ne pas en condamner ses représentantes au même titre que les hommes lorsqu'elles étaient clairement coupables de crimes. Était-ce parce qu'il le considérait comme le premier investigateur de cette altercation parfaitement ridicule ? Sans doute. De son point de vue, même s'il tentait de demeurer bon juge, c'était lui le premier responsable de toute cette pagaille. C'était lui qui avait enflammé le chat et provoqué ce grand bazar. C'était lui qui avait finit par lui faire perdre la précieuse petite baie qu'il était en train de dessiner dans son carnet...Les sentiments personnels du ronin avaient malgré tout pris le dessus sur la raison et il commençait à s'en rendre compte.

Heureusement, cet aparté dans la cuisine, en compagnie du tenancier et du Primo-Gharyn, lui permit de s'éloigner de ces deux individus passablement détestables et de se sentir utile, autrement. Il servit au pauvre patron une tisane des plus apaisantes et propose ses services au seul être digne de raison dans cet établissement. L'odeur des herbes lui fit du bien et la perspective de gagner un peu d'argent pour son voyage lui redonna un peu de coeur.
Le Primo-Gharyn sembla enchanté par sa proposition et l'accepta avec un soupçon de joie non dissimulé qui fit plaisir au guerrier. Finalement, cette scène allait lui permettre de gagner du temps: ce n'est pas toujours évident de louer ses services et de trouver preneur. Il reçut l'avance que lui offrit son nouveau commanditaire avec un sourire aimable.

- Merci, vous êtes généreux et confiant. J'espère être digne de cette avance et vous satisfaire.

La tâche allait être pénible et ingrate, sans doute particulièrement désagréable aux vues des caractères des deux individus qu'il allait surveiller de près, mais Kazushi avait déjà été payé pour plus désagréable, et moins bien payé. Apparemment, vu le poids de la petite bourse qu'il venait de glisser dans la manche droite de son kimono, ce Primo-Gharyn-là était un homme honnête.

- Je ferai de mon mieux, promit-il humblement en esquissant un genre de courbette. J'espère qu'ils seront raisonnables...

L'homme l'autorisa à les arrêter s'ils ne se comportaient pas décemment. Kazushi comprit alors pleinement son nouveau rôle et acquiesça doucement de la tête. Il allait servir de gardien, plus ou moins de milice. Soit. Pourquoi pas ? Il en avait largement les épaules.

- Je vous suis.

Le guerrier laissa l'homme se diriger vers la sortie et lui emboîta le pas. Avant de quitter la pièce, il tapota l'épaule du tavernier avec compassion et chaleur, avant de lui sourire, histoire de lui montrer qu'il restait en partie pour lui éviter à avoir à s'occuper davantage des deux olibrius qui avaient tué son animal de compagnie. Cela devait le soulager autant que cette tisane. Enfin, Kazushi sortit de la cuisine sur les talons du Primo-Gharyn. Dans sa tête, il tournait et retournait le nom qu'il lui avait donné un peu plus tôt. "Zaël Lahzainhi" Non, cela ne lui disait rien. Cela faisait deux ans qu'il était Primo-Gharyn à Busad mais il n'en avait jamais entendu parler. Ou alors, hypothèse tout à fait valable, il n'avait jamais fait attention à ce nom.
Un grand claquement sortit le ronin de ses pensées. Interloqué, il avait aussitôt posé la main sur le manche de son katana. Son regard se figea sur la jeune femme qui venait d'asséner une magnifique gifle à Zaël. Comme la plupart des badauds de l'auberge, il resta coi d'incompréhension. Rêvait-il ou le Primo-Gharyn venait-il bien de l'attraper dans ses bras ? Pour recevoir une telle claque, il devait soit bien la connaître et la mériter pour diverses raisons plus ou moins honteuses, soit s'être complètement trompé de personne. La seconde hypothèse sembla la plus crédible aux vues des excuses qu'il marmonna complètement gêné par ce qu'il venait de faire et de recevoir. La rougeur du teint de la belle fut pour le ronin sans doute la chose la plus gênante: la pauvre ne savait plus où se mettre et une espèce de vague de peur semblait avoir traversé son regard, comme si elle craignait que le statut du Primo-Gharyn ne lui fasse encourir une sentence fort regrettable.
Sans un mot, Kazushi suivit l'homme pour rejoindre le duo tout feu tout flamme qui se tenaient près de la dépouille du chat. Sa main avait quitté la garde de son arme et son regard avait croisé celui de la jeune femme pour tenter de la rassurer un peu quant aux conséquences de sa gifle. Il ne lui arriverait rien. Ce n'était qu'une malheureuse méprise.

Arrivé près du ménestrel et de la rouquin, le ronin laissa Zaël leur expliquer qu'il l'avait engagé pour les surveiller, à l'instar d'enfants, pour qu'ils accomplissent la tâche qu'il leur avait confiée sans que cela ne prenne une mauvaise tournure.
Une fois seul avec eux, le guerrier s'éloigna un peu du duo et croisa les bras. Son regard, vif et droit, ne les quitta plus. Quoi qu'ils puissent en dire, désormais, il était sous les ordres du Primo-Gharyn. Il était payé pour cette tâche et ne comptait pas se défiler. Toute provocation glisserait sur lui comme l'eau sur le roseau le plus souple. A quoi bon y répondre ? Du moment qu'ils s'activaient, le ronin n'avait pas prévu de faire la conversation, encore moins s'il s'agissait de mesquineries enfantines.

- Plus vite vous aurez terminé ce que le Primo-Gharyn vous a demandé de faire et plus vite vous, vous irez chanter ailleurs; vous, vous reprendrez votre route; et moi, je serai payé, fit-il en les désignant tour à tour. Ce n'est pas compliqué. Si vous n'êtes pas capables de vous entendre, ne parlez pas et ce sera aussi bien.

Kazushi ne voulait pas les commander, mais il voulait que tout soit clair entre eux. Si l'un comme l'autre s'y mettait un bon coup sans broncher, tout le monde pourrait reprendre le cours de sa vie en oubliant les autres. C'était simple. Les palabres, menaces et jérémiades devaient cesser pour laisser place à l'efficacité. Un nettoyage des lieux, une petite tombe, un hommage rapide et c'était bon. Déjà, les habitués de l'auberge avaient repris leurs conversations et tourné le dos au petit trio qu'ils formaient désormais. Autant faire vite et bien plutôt que de provoquer de nouveau conflits.

L'ingratitude d'une tâche donne à son exécuteur d'autant plus d'honneur s'il s'y atèle sans soupirs.

Kazushi s'appuya contre un pan de mur, non loin d'une fenêtre et des deux concernés. Il croisa les bras et commença à attendre, patiemment, qu'ils fassent leur devoir.



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Dans un décor chatoyant et chatmaré - Page 2 EmptySam 20 Jan - 22:44
    Elle avait osé lui jeter le chat comme s’il s’agissait d’un vulgaire sac d’oignons moisis, aspergeant le barde et ses environs de sang encore frais. Il l’avait attrapé juste avant qu’il ne touche le sol, plongeant malgré lui ses mains ô combien précieuses dans son pelage humide et taché. Dire qu’il était en colère était un euphémisme, mais ça, ça dépassait toutes les injures et déclarations de guerre auxquelles il avait pu faire face. Cette garce niait son crime, sa responsabilité et lui crachait presque littéralement au visage. Rien qu’il ne puisse tolérer en temps normal, et il ne se sentait justement pas d’humeur à se montrer indulgent.

    Il était resté figé quelques instants, le temps d’une provocation de plus. Voilà qu’elle en voulait à sa famille. À sa famille! Les quelques insultes qu’elle lui avait lancé s’étaient heurtées au choc qu’il éprouvait au contact du cadavre qu’il tenait toujours au creux de ses mains. Mais celle-ci était véritablement de trop. Tâchant de respirer calmement le barde déposa le chat au sol avec une déférence empreinte d’un dégoût pour la mort et toutes ces choses. Et essuya ses deux mains sur le visage de la jeune femme qui à genoux par terre tentait d’éponger la quantité impressionnante de sang qui s’y trouvait.

    Voilà ce que l’idiot et sa famille vous disent vile sorcière, ainsi vous porterez la marque de votre odieux crime! J’espère que la matrice maudite dont vous vous êtes extirpée s’est flétrie et desséchée de honte à la vue du fléau qu’elle a engendré. Restez donc au sol, c’est bien là votre place!”

    Elle n’eut pas le temps de répondre que le bruit d’une fantastique claque résonnait dans la taverne. Ainsi donc le temps était au conflit? Si tout cela semblait être un malentendu la nouvelle que leur apportait le, qu’était il déjà? Était tout bonnement ahurissante. Après l’affront d’une injustice voilà qu’on lui faisait le coup de bas de lui coller un chaperon aux basques, étaient ils tous devenus fous ou bien cette ville maudite avait pour coutume d’infantiliser sa population?

    J’espère messire qu’il s’agit là d’une plaisanterie! Ne comptez pas sur moi pour faire quoi que ce soit, ah ça non! Je vais m’asseoir ici et attendre comme il se doit que cette ignoble perpétratrice ait fini d’amender son forfait! Et si j’en crois les règles énoncées par le Primo-Gharyn cette “punition” ne peut excéder trois jours, alors très bien, s’il le faut je resterai assis là trois jours et trois nuits durant mais rien, vous m’entendez, je ne ferai rien!”

    Il pouvait bien les toiser dans son étrange accoutrement, il n’avait ni le pouvoir ni l’autorité pour leur faire le moindre mal. C’était un garde d’enfants dont les compétences supposées étaient clairement sous-employées, mais il semblait déterminé à tenir sa parole et mériter son salaire. Soit. Aucun d’eux n’allait lui faciliter la tâche et quelque chose dans son regard disait au barde qu’il en avait pleinement conscience.

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Dans un décor chatoyant et chatmaré - Page 2 EmptyDim 21 Jan - 12:59

Elle lève un regard curieux vers le Primo-Gharyn et Kazushi lorsque ces derniers reviennent dans la salle principale de l'auberge. Que se sont-ils dit? Quel accord ont-il bien pu trouver? Zora regrette de ne pas avoir amplifié son ouïe pour distinguer les subtilités de leur échange. Mais même si ça avait été le cas... Aurait-elle pu vraiment entendre quelque chose avec le charabia incessant de ce barde qui s'offense aussi aisément que de la paille s'embrase?

Elle lâche un soupire et continue d'éponger le sol, rêvant des supplices qu'elle pourrait infliger à son irritant camarade de punition. Les différentes idées qui lui viennent à l'esprit la coupent quelque peu d'une réalité qui n'a rien de bien agréable. Mais elle redescend bien vite sur terre lorsque des mains glissent sur son visage, y déposant un mélange tiède d'eau et de sang. Elle se relève avec la promptitude d'un fauve et décoche un regard noir à l'impudent. Trois jours? Une éternité...

Le rouquin continue de lui déblatérer un flot d'insultes enrobées d'une certaine forme de poésie tandis qu'elle s'essuie d'un revers de la manche. Et bien malgré elle, la jeune femme en vient également à se demander ce que sa mère penserait d'elle. La considérerait-elle comme tant d'autres? Verrait-elle au-delà des apparences? Comprendrait-elle que la nature de sa mission l'oblige à s'affranchir de la morale et des lois? Pourrait-elle seulement se permettre de la juger? Les seuls souvenirs que Zora a de celle qui lui a donné la vie se résument à de vagues échos se répercutant dans les méandres du temps.

Toujours est-il que l'adepte de Möchlog est prête à bondir sur le barde lorsque que le claquement caractéristique d'une gifle fort bien exécutée retenti dans la pièce. L'espoir s'installe dans le regard de Zora tandis qu'elle prend conscience que c'est Zaël qui en a fait les frais. Comment pourrait-il encore prêter attention à la mort de ce stupide chat après ça? Cette jeune femme vient de détourner l'attention du Primo-Gharyn au moment le plus opportun.

Mais le souverain... s'excuse! La rouquine écarquille les yeux de surprise tandis qu'une moue déçue s'installe sur son visage sale. Ses bras retombent, ballants, contre son corps. Elle cherche du soutien dans le regard des quelques rares autres personnes encore présentes. Un signe de désapprobation. Elle ne peut pas être la seule à s'étonner d'une telle faiblesse. Et dire que cet homme sera amené un jour ou l'autre à lutter contre les daënars. Tendra-t-il l'autre joue? Leur présentera-t-il des excuses lorsqu'ils viendront soustraire davantage de minerais des dieux?

Kazushi la soustrait à cette contemplation désabusée en exposant avec sagesse les tenants et les aboutissants de la punition. Quitter ces lieux? C'est le vœu le plus cher de la rouquine! Ne pas parler lui convient aussi très bien! Elle sait qu'espérer fuir est une illusion. Outre le barde et leur chaperon, il faut aussi composer avec un Zaël qui vient à peine de quitter l'endroit. Et également la garde de la capitale du souverain. La seule solution décente qu'elle entrevoit consiste tout simplement à faire profil bas et de répondre aux impératifs de la punition. Tout irritant que cela soit...

Une voix bien trop connue irrite à nouveau ses oreilles, dans la foulée. Ses yeux se tournent vers l'homme qui se tient à présent assis et qui continue son caprice, arguant à nouveau qu'il ne bougera pas le petit doigt. La réaction de la rouquine est immédiate. Sa main fend l'air et vient s'écraser sur la joue du barde. À défaut de pouvoir le tuer, elle peut ainsi calmer ses nerfs. Une bien maigre compensation...
"Tu te lèves et tu nettoies!" siffle-t-elle. "Sinon je te file une telle diarrhée que tu passeras ces trois prochains jours à explorer les lieux d'aisance de cette foutue auberge!"
Zora place ses paumes l'une en face de l'autre. Un halo d'une douce couleur dorée vient bien vite les englober, prouvant qu'il ne s'agit pas d'une menace en l'air. La fanatique décoche alors un regard à Kazushi.
"À moins, bien sûr, que vous ayez une autre idée pour que cette saleté de barde abandonne enfin ses caprices et se mette au travail?" le questionne-t-elle en haussant un sourcil. "Histoire de justifier quelque peu votre salaire, par exemple?"
Ce semblant de retenue n'est pas dû au hasard, loin de là. La réaction de Kazushi sera sans doute instructive. La laissera-t-il faire, l'assurant au passage d'un semblant de soutient face à ce réfractaire? Préférera-t-il prendre les choses en mains et distiller sa propre autorité? Car la véritable inconnue de cette équation, dans le fond, reste bel et bien cet homme chargé de veiller sur l'improbable duo...

Kazushi Ito
Kazushi Ito
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Rencontres à Busad


"La patience du sage
Abandonne son adage."


La taverne du Chat Volant, 31 juillet 932

Zaël était parti. Appuyé contre le mur, Kazushi avait vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Il avait cru que la rouquine et le ménestrel se mettraient enfin au travail et qu'il n'aurait qu'à les surveiller d'un oeil attentif pour que sa mission n'avance. Quelle naïveté ! Déjà que le ménestrel avait semble-t-il étalé du sang sur le visage de la jeune femme mais, en plus, lorsqu'il leur expliqua qu'ils devaient se mettre à l'ouvrage, ce dernier s'assit sur une chaise en croisant les bras, à l'instar d'un enfant boudeur, et refusa catégoriquement de bouger ne serait-ce que le petit doigt pour répondre aux exigences du Primo-Gharyn.

Kazushi n'eut pas le temps de réagir que la rouquine avait déjà mis sa main dans la figure du ménestrel. Sur l'instant, le ronin s'immobilisa, la bouche ouverte. Quelque part, cela lui fit un bien fou. Si la jeune femme ne s'était pas donné la peine de le gifler de la sorte, c'était lui qui aurait porté le coup, à ceci près qu'il lui aurait sans doute cassé le nez...Le guerrier connaissait sa force et la maîtrisait largement, aussi ne l'aurait-il pas mis en danger, mais l'homme venait de l'exaspérer une fois de trop et il n'aurait sans doute pas épargné le cartilage.

Cependant, lorsqu'il aperçut la lueur qui émanait des mains de la rouquine, son sang ne fit qu'un tour dans ses veines. Sur le moment, il crut que c'était trop tard et que la jeune femme aurait le temps d'anéantir le ménestrel à l'aide d'il ne savait quel pouvoir destructeur. Son coeur bondit dans le même temps qu'il attrapait l'un des bras de la tueuse.

- Cessez immédiatement ! Son ton fut incisif et son regard plus menaçant que jamais. Ce n'est pas à vous de vous occuper de lui. Vous en avez déjà assez fait comme ça. Ses yeux étaient devenus aussi froids que les neiges éternelles. Cette fois-ci, ils avaient réussi à l'énerver pour de bon. Il lâcha la rouquine avec mépris et la posa un doigt au-dessus de sa poitrine. Je ne tolérerai aucune forme de magie durant ces trois jours. Aucune ! C'est compris ?! Vous allez, tous les deux, vous acquitter de la tâche que le Primo-Gharyn vous a ordonné d'exécuter avant de quitter les lieux pour ne jamais y revenir. Est-ce clair ? Il serra dents et poings en dardant ses yeux sur Zora et ses mains. Je vous aurais prévenue.

Faisant tomber son regard sur le ménestrel, qui était encore assis sur sa chaise, sans doute quelque peu choqué par la gifle de la rouquine et par sa menace, le ronin sentit sa colère se décupler. Son comportement d'enfant, dans semblable situation, était d'un ridicule phénoménal.

- Quant à vous... Il saisit le ménestrel par le col et le souleva de sa chaise sans ménagement afin de le relever. Son visage toucha presque le sien. Je vais être très clair, "l'ami": le Primo-Gharyn m'a conféré toute autorité sur vous pour les trois jours prochains. Si vous ne vous mettez pas au travail, je vous arrête, pour refus d'obtempérer à un ordre direct de ce dernier. Croyez-moi, vous jeter au fond d'une cellule humide pour que l'humanité entière vous y oublie est une perspective qui commence à me plaire...Alors soit vous donnez à cette pauvre créature une sépulture digne de ce nom, pour racheter la part de responsabilité que vous avez dans cette histoire, soit je vous assomme maintenant et je vous jette entre les mains des premiers geôliers que cette ville nous donnera l'occasion de croiser. L'air mauvais, Kazushi serra encore ses doigts autour du col du baladin. L'envie de l'étrangler lui traversa l'esprit. Ils vous couperont peut-être un doigt ou deux, histoire de s'amuser. Au moins ne pourrez-vous plus toucher à un instrument de musique pour nous casser les oreilles avec votre voix de crécerelle...

Le ronin jeta l'homme devant lui, près du cadavre du chat et de la flaque de sang que la rouquine avait déjà commencé à éponger sans lui. Ces deux-là le prenaient pour un idiot...

- Ne me poussez pas à bout, tous les deux, ou vous pourriez amèrement le regretter.

La menace fut d'autant plus claire que le guerrier avait ouvert un peu son manteau pour poser sa main sur la garde de son katana dont le fourreau était désormais visible. Kazushi n'avait pas pour habitude de jouer les gros bras, ni de menacer quiconque de ses armes, mais s'il devait passer trois jours à chapeauter ces deux imbéciles, alors il fallait qu'il leur fasse comprendre que sa neutralité et sa bonté avaient des limites à ne pas franchir. C'était un herboriste, certes, un homme soucieux de la justice, sans réelles prétentions, mais c'était aussi un homme d'armes, un mercenaire auquel le droit de sévir venait d'être donné. En abandonner un dans une geôle pourrie ne l'enchantait guère, mais si cela pouvait accélérer les choses et le libérer d'une partie de ses contraintes, il n'hésiterait pas à le faire.

- Épongez tout ça pour ce soir et mettez la dépouille de la bête dans un linge décent ou une boîte, fit-il en les désignant tour à tour. Vous dormirez ici, en ma compagnie. Demain, vous commencerez à ériger ce qui servira de tombe.

Ils voulaient le tester et voir s'il était capable d'asseoir son autorité ? La bonne idée...En l'absence du Primo-Gharyn, le ronin révélait une part de ce qu'il était vraiment, et c'était tout sauf un enfant de choeur.


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Dans un décor chatoyant et chatmaré - Page 2 EmptySam 27 Jan - 17:54
    Ou comment faire d’un moment d’humiliation une arme à double tranchant. D’autant que le barde était décidé à user de tous ses moyens pour les rendre aussi fous que possible, et ce même s’il devait y laisser quelques plumes. Les plus grands perdants seraient ceux qui laisseraient libre cours à leur colère. Lui s’amusait dans le fond, et puisqu’il n’était pas décidé à se salir les ongles il faudrait bien que quelqu’un s’y mette. Il s’attendait à cette gifle, c’était exactement ce qu’il avait cherché, mais la suite eh bien était au-delà de ses espérances. Odard sourit malgré les picotements qui parcouraient sa joue rougie et darda la jeune femme d’un regard haineux.

    Oh Mais je vous en prie faites donc très chère et je vous promets qu’à défaut de partir en courant la première salve sera pour vos genoux! D’autant qu’une fois mon calvaire terminé, trop épuisé pour tenir debout il vous incombera de nettoyer le carnage que j’aurai perpétré. Et faites moi confiance ma mie pour dévaster cet endroit de fond en comble!”

    Il avait presque cru que ce miracle se produirait et qu’il tenait sa vengeance dans l’impulsivité de sa co-détenue. Mais il avait fallu que - comme toujours - quelqu’un intervienne et ne vienne tout gâcher. Il ne lui restait comme option que de la gifler à son tour, mais ne lui avait-on pas enseigné le respect des femmes, fussent-elles frigides et démoniaques? Pendant que le grand dadet s’épuisait en de vains sermons et menaces, Odard s’infiltra dans l’esprit de la jeune femme, de sorte à ce qu’elle voit de temps à autres le cadavre du chat ouvrir les yeux pour la regarder fixement puis retomber raide mort. Un petit tour dont il était très fier et que la jeune femme serait la seule à apprécier, l’llusion ayant été jetée non pas sur le chat mais directement sur elle.

    Tout fier de lui il s’apprêtait à ricaner lorsqu’il se sentit saisi et happé vers le haut. C’était donc ça l’autorité du Primo-Gharyn et de ses sbires? Des brutes condescendantes qui usent et abusent de leur position? Plutôt que de se re-mettre à brailler le barde décida d’opter pour un changement de stratégie, un qui leur ferait regretter la précédente et craindre la suite. Sans s’enerver le barde posa sa main sur l’avant-bas qui le tenait suspendu et vissa ses yeux dans ceux de son geôlier.

    D’une messire, je ne suis pas, n’ai jamais été ne serai jamais votre ami. Quoi que vos manières étranges puissent laisser penser nous ne nourrissons aucune sympathie à votre égard. De deux je ne pense pas que vous ayez obtenu du Primo-Gharyn d’utiliser la force avec nous, sans quoi il dispose de ses propres brutes ô combien plus effrayantes que vous messire. De trois je vous somme de me reposer immédiatement au sol, sans quoi la magie que vous nous avez défendu d’utiliser pourrait bien déferler dans cette même pièce, avec des conséquences aussi désastreuses qu’imprévisibles.”

    Chose promise chose due, le barde s’écroula au sol en compagnie du chat et de la sorcière. Mais après une telle tirade il pouvait difficilement s’attendre à une quelconque douceur n’est-ce pas? Il voulait qu’ils se mettent au travail, très bien! Il allait en avoir pour son argent. Se relevant tant bien que mal et soulagé de voir que ses vêtements n’étaient, pour l’instant, pas tachés de sang. Odard tenta de se munir d’une éponge et trébucha malencontreusement sur le seau que la jeune femme utilisait pour nettoyer le sol, répandant le contenu de ce dernier aux alentours.

    Par les Saints Rognons messire! Que ce sol peut-être glissant! J’imagine que nous allons devoir attendre que cela sèche! Que diriez-vous d’une petite cervoise pour patienter? Je suis certain que vous avez aussi soif que nous n’est-ce pas messire?”

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Dans un décor chatoyant et chatmaré - Page 2 EmptyLun 29 Jan - 16:53

Ses yeux se posent sur la main qu'il a posée sur elle. Il remonte ensuite le long du bras et du visage de Kazushi jusqu'à croiser son regard. Elle l'écoute tout en évaluant l'intérêt de profiter de cette proximité pour l'attaquer. Pour peu qu'elle arrive à le blesser, elle aurait l'opportunité de fuir cette punition qui devient de plus en plus difficile à respecter à mesure que le temps s'écoule ou que le ménestrel les éclabousse de sa bêtise. Oui, Zora envisage sérieusement la possibilité de se soustraire au jugement d'un roi pourtant bien trop magnanime.

Elle dissipe néanmoins les effluves magiques qui imprègnent ses mains, refoulant une idée trop dangereuse pour être réellement séduisante. Elle ne se créera pas un ennemi de plus ce soir. D'autant plus qu'elle ne sait rien de ce Kazushi sinon qu'il semble capable de joindre le geste à la parole. La jeune femme décoche un vague signe de tête au gardien désigné par Zaël, lui exprimant une certaine forme de résignation. La curiosité n'est cependant pas étrangère à ce semblant de bon sens. Comment fera-t-il entendre raison à cet abruti de barde?

Il va de soi qu'elle savoure la scène suivante, celle qui voit le guerrier faire face au rouquin avec une assurance des plus appréciables. Et pourtant ce qu'elle pourrait considérer comme la voie de la raison se heurte au rempart d’imbécillité érigé par le ménestrel. Des remparts dont la raison ne semble définitivement pas capable de venir à bout. Zora glisse ses iris ambrés sur la dépouille du chat. Il aura été bien plus agaçant dans la mort que de son vivant...

Puis elle se fige lorsqu'elle remarque le regard que lui lance l'intéressé. Un regard empli de vie. Interrompu par ce qui semble être de multiples retour à la mort. Le félin semble osciller entre les frontières de l'existence. La beauté de cette vision arrache à la disciple de Möchlog une larme qui s'empresse alors de rouler le long du contour de sa joue sale. Un signe de la divine chouette...
"Vous...?"
Elle s'interrompt bien vite, ne jugeant pas utile de partager sa constatation avec le barde et le garde-chiourme. Ils semblent bien trop absorbés par leurs chamailles pour avoir remarqué le signe divin. Des chamailles qui lui semblent désormais bien insignifiantes. Elle s'attarde un bref instant sur le rouquin, n'oubliant pas qu'il sait manier l'illusion. C'est bien pour cette raison qu'ils se trouvent à présent tous trois dans cette situation, non? Mais il ne semble pas se préoccuper de sa réaction. Et puis pourquoi lui jouerait-il un tour susceptible d'éveiller un quelconque plaisir en elle? Cela n'aurait pas le moindre sens.

Zora ne prête pas une grande attention à l'eau qui se déverse du sol que le rouquin a renversé. Le liquide frais entoure ses jambes. Mais le frisson qui la traverse n'est pas dû à ce contact désagréable mais bien à l'assurance qu'elle progresse. La Chouette la guide sur la voie de la nécromancie. Elle lui fait comprendre qu'elle a pris le bon chemin. Et qu'elle approuve ses décisions. Peut-être même qu'elle la pousse à accepter une punition qui relève de l'anecdote?

Le fait est que l'animal est devenu le messager de son Architecte. Il n'est plus le cadavre insignifiant qu'il était jusqu'à présent mais bien le vecteur à travers lequel Möchlog s'exprime. Elle se relève alors lentement et retire sa cape pour envelopper délicatement, presque maternellement, la dépouille du félin. Elle le sert ensuite contre elle avec une douceur peu habituelle. Peut-être même inédite.
"Je prendrai soin de ce chat jusqu'à ce qu'il soit mis en terre!" signale-t-elle aux deux hommes. "Je me chargerai personnellement de lui offrir la sépulture qu'il mérite!"
Cette dernière remarque vise simplement à informer Kazushi et à dissuader Odard de tenter quoi que ce soit pour s'immiscer dans le processus. Il ne mérite pas un tel honneur. Même si elle doute qu'il ait une quelconque envie d'honorer le chat. Elle s'écarte ensuite docilement du duo pour venir s'asseoir sur un tonneau trônant dans un coin de la pièce, étendant ses jambes sur celui qui lui sert de voisin. Elle s'adosse contre une simple couverture tout juste confortable. Ce n'est pas le grand luxe. Mais elle s'en moque bien. Elle a dormi dans des endroits bien plus humides ou sales lors de sa croisade purificatrice...
"Faisons une pause pour ce soir!" impose-t-elle. "La nuit calmera les esprits!"
Et offrira un silence digne à l'animal choisi par Möchlog pour lui exprimer un signe. La rouquine entreprend alors de caresser le flanc du crâne du félin qui continue de temps à autre de lui décocher des regards. Comme pour la conforter dans sa décision. Elle lui chante alors une prière de sa voix douce. Une prière directement adressée à l'Architecte qui anime la petite créature. Réussira-t-elle à trouver le sommeil ce soir après cet événement divin? Elle en doute fortement. Mais c'est le cadet de ses soucis en cet instant...

Kazushi Ito
Kazushi Ito
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Dans un décor chatoyant et chatmaré - Page 2 EmptySam 3 Fév - 16:06
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Rencontres à Busad


"Folie, mère de raison ?"


La taverne du Chat Volant, 31 juillet 932

Jamais Kazushi n'avait cru devoir assister un jour à une telle scène. Le ridicule de la situation, dont il était désormais le gardien, lui donnait presque la nausée. Son calme habituel avait rapidement laissé place à l'indignation et à la plus vive des colères. Comment Odard pouvait-il encore geindre alors que Zaël lui demandait si peu de chose ? Après le chaos qu'il avait provoqué dans la taverne, il n'avait qu'à enterrer ce pauvre animal, sans faire d'histoire, et l'affaire serait close. Il suffisait de remonter ses manches une bonne fois pour toutes, de passer vite-fait un torchon sur le sol, de creuser un trou en deux coups de pelles et c'était fait ! Au lieu de cela, le ménestrel passait son temps à se plaindre, à lever les mains au ciel en jurant ses dieux qu'il ne s'abaisserait jamais à exécuter une telle tache et à chercher querelle, que ce soit avec Zora ou avec lui.
Le ronin soupirait face à ses jérémiades et à ses provocations de plus en plus insolentes. Il méritait une bonne correction pour son comportement d'enfant torché dans de la soie. Mais ce n'était pas tellement son air renfrogné et ses paroles de pédant qui gonflait son coeur d'une bouffée de rage, c'était son refus catégorique d'enterrer le chat. Comment pouvait-il trouver cela aussi répugnant ? N'était-ce pas davantage cruel de le laisser ainsi, abandonné au milieu de tous, baignant dans son sang, alors que l'aubergiste pleurait encore son compagnon ? Quand cet homme avait-il donc perdu toute notion de respect d'autrui et surtout de compassion ? Finalement, le plus cruel du duo était peut-être ce rouquin...

Zora avait agi la première. Sa claque avait évité au guerrier de faire preuve de trop de brutalité. Une bonne chose en somme. Cependant, lorsqu'ils se mirent tous deux à se menacer à coup de magie, Kazushi dut intervenir de nouveau. Cette fois, il menaça à son tour et prévint l'un comme l'autre qu'il ne tolérerait pas plus longtemps leur petit manège, surtout s'ils commençaient à utiliser leurs dons. Ils devaient suivre les ordres du Primo-Gharyn ou il les jetterait dans une geôle pour insubordination. Il en avait le pouvoir ces trois jours prochains. D'ailleurs, qu'ils aient enterré l'animal ou croupis dans une cellule, le ronin savait qu'il serait payé la même somme. Au fond, leur attitude n'aurait aucun impact sur son salaire et sa destinée...
Étrangement, la rouquine se plia bien vite à ses exigences et se mit au travail. Avait-elle compris qu'il était dans leur intérêt de s'exécuter rapidement plutôt que de risquer une peine plus lourde ? Enfin ! Il était temps qu'ils se mettent à l'ouvrage ! Plus vite ce serait fait, plus vite chacun pourrait s'en retourner sur le chemin qu'il avait choisi de suivre. Elle cessa sa magie et s'éloigna en direction du chat, ce qui soulagea en partie l'herboriste.
Odard quant à lui recommença ses pitreries. Les menaces de Kazushi le rendirent encore plus arrogant. Face aux menaces du ménestrel, le guerrier fronça les sourcils et serra les dents. Cette fois, le saltimbanque risquait gros: la fatigue allait finir par avoir raison des derniers remparts qui muselaient son âme de guerrier et c'est la lame sous la gorge qu'il risquait de le mettre au travail. Heureusement pour lui, Kazushi suivait encore la voie de la sagesse. Il relâcha l'insupportable baladin et le regarda de haut.

- Mais taisez-vous donc... grogna-t-il. Faites ce qu'on vous a ordonné de faire et cessez vos menaces. Si je vois une once de magie poindre, je peux vous promettre d'en faire une affaire personnelle...

Odard n'imaginait pas à quel point Kazushi pouvait être belliqueux lorsqu'il s'agissait de le titiller avec la magie. Il ignorait beaucoup de choses et ne savait pas qu'il était en train de jouer avec les nerfs du mauvais bougre.

Le ménestrel fit semblant de s'exécuter. Mais il "trébucha" sur le seau d'eau de la rouquine et l'aspergea du liquide poisseux. Comme un garnement, il s'excusa faussement et en rit. D'après lui, il faudrait attendre que ça sèche un peu avant qu'ils puissent travailler. Autant aller boire un verre, disait-il. Evidemment, sa nouvelle scène visait à exaspérer son gardien et à provoquer encore la jeune femme pour la pousser à le violenter et ainsi lui donner une excuse de recommencer leur querelle.
Kazushi serra le poing sur la garde de son arme. Cette fois-ci, il allait lui abattre le plat de sa lame sur la tête ! Une petite commotion ne lui ferait peut-être pas de mal après tout: cela l'empêcherait sans doute de chanter pendant un moment. Et puis, une fois jeté en prison, il réfléchirait un peu à ses façons et ruminerait longtemps ses crimes. Tant pis pour lui.

Mais alors que le guerrier s'avançait vers lui pour l'attraper au col, Zora serra le chat contre elle et les héla. Le ronin s'arrêta et lui jeta un regard interrogateur. La rouquine venait d'envelopper le petit animal dans sa propre cape et les informait maintenant qu'elle allait s'en occuper seule.
Bouche-bée, Kazushi mit un petit temps à réagir. Quelle était cette nouvelle envie ? Pourquoi la jeune femme avait-elle soudainement décidé de se charger de cette tache qu'elle avait jugée ingrate et injuste depuis qu'on la leur avait attribuée ? Qu'est-ce qui avait bien pu la faire changer d'avis ?
L'herboriste se redressa, le coeur battant. N'était-ce pas là une nouvelle ruse pour provoquer la guerre ? Son regard sonda celui de la rouquine et son coeur se convainquit bientôt qu'elle avait pris-là une décision sinon raisonnable, au moins spirituelle. Quelque part, cela allait les soulager tous les trois. Odard pourrait se réjouir de ne pas avoir à toucher à la carcasse de l'animal et lui-même n'aurait plus à l'y obliger. Étonnamment, ce fut donc Zora qui apporta un semblant de paix à leur étrange trio.

- Mmh...Le Primo-Gharyn vous a puni tous les deux. Il a demandé à ce que vous travailliez ensemble pour ériger cette tombe. Que vous souhaitiez vous en charger seule est ma foi noble de votre part, miss, mais notre "ami" ici présent mérite de remplir sa part du contrat. Son regard foudroya le ménestrel. S'il croyait s'en sortir ainsi, il se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'à l'os. Hé bien, Odard, j'ai une suggestion à vous faire. Afin que vous soyez vous aussi absout de votre part de responsabilité dans ce crime, je propose que vous serviez aux côtés de l'aubergiste qui pleure encore son aimable boule de poil, ou bien que vous donniez spectacle, les trois jours durant, sans utiliser de magie cela va de soi, et que vous donniez à l'aubergiste tout ce que les clients vous jetteront comme argent. Kazushi lui sourit d'un air un peu plus doux. Cela me semble équitable, non ? Mademoiselle s'occupera de la tombe et vous du service et de l'ambiance. Ainsi, l'aubergiste sera sans doute un peu plus serein et je dirais au Primo-Gharyn que vous avez travaillé de concert, à votre façon, et l'affaire sera close.

Kazushi trouvait les compromis proposés tout à fait acceptables. Cette fois, si Odard continuait à refuser de se plier aux ordres du Primo-Gharyn, et donc de Kazushi en cet instant, il ne pourrait plus rien faire pour le "sauver" de la prison. L'herboriste était patient mais il lorsque la parole, le bon sens et les compromis ne parviennent plus à raisonner un homme, il était bien conscient que passer par les armes ou l'enfermement devenait nécessaire.

- La miss a raison. Nous devrions dormir. La salle est déjà presque vide. Allez donc vous mettre là-bas vous, fit-il au ménestrel en lui désignant un banc sur lequel il pourrait aisément s'allonger. Et ne tentez pas de quitter les lieux pendant la nuit parce que je mettrais du coeur à vous rerouver, croyez-moi.

Kazushi s'éloigna vers la porte d'entrée et s'installa sur un tabouret de façon à ce que son dos puisse s'appuyer contre le mur. Ainsi, il gardait un oeil sur la rouquine et le ménestrel tout en surveillant les entrées et sorties des clients. Les bras croisés, il avait rabattu son chapeau de paille sur ses longs cheveux noirs. La grille aménagée sur le devant lui permettait de voir sans qu'on ne puisse capter son regard. Que n'aurait-il pas donné pour un bon thé ! Mais il n'avait pas le loisir de se rendre dans la cuisine maintenant. Peut-être fumerait-il un peu la pipe dans une demi-heure...

Vers deux heures du matin, Kazushi piquait du nez. La journée qu'il avait passée n'avait pas été extraordinairement éprouvante pour son corps, mais ses nerfs avaient besoin de repos. Soucieux de ne pas avoir retrouvé sa baie, il rumina un peu sa déception et soupira. La main toujours serrée autour de la garde de son katana, il finit par s'endormir.

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Dans un décor chatoyant et chatmaré - Page 2 EmptyDim 4 Fév - 21:52
    Odard ouvrit de grands yeux face à la réaction de la jeune femme. Lui qui pensait simplement lui jouer un petit tour avait fini par retourner son propre fanatisme contre elle. C’était magnifique, merveilleux, le genre de choses qui n’arrive jamais que par hasard puisque seule la nature a le pouvoir de d’innover et d’emprunter des chemins auxquels personne n’aurait jamais pensé. Mais il y avait une leçon à retenir de ce coup de théâtre, c’est que toute démence n’avait qu’elle-même comme propre limite. Et cela pouvait par nature revenir à dire qu’elle n’en avait pas. Il en siffla d’admiration tandis qu’elle enroulait la dépouille du chat dans sa propre cape, condamnant cette dernière au rebut mais elle ne semblait pas s’en soucier le moins du monde. À vrai dire c’était à peine si elle s’en était aperçu.

    Par les Saints Rognons messire, la donzelle serait-elle tombée sur la tête? Je crains que son cas soit désespéré! Néanmoins cette dernière semble prendre son rôle très au sérieux et je n’aurais pas le coeur de venir rompre cette touchante communion, n’est-ce pas noble seigneur? Mais où en étions-nous déjà? Il me semblait que vous souhaitiez me faire part de quelque chose?”

    Il avait bien sûr réalisé à la démarche de cet étrange personnage qu’il bouillait et s’était mis en tête de lui administrer une bonne correction. Et à vrai dire bien qu’il n’aimait pas les coups, c’était peut-être la meilleure chose qui puisse lui arriver. Ainsi leur geolier perdrait tout crédit et cette punition sordide s’étoufferait dans son propre jus. Tous seraient libres en quelques instants, moyennant quelques bleus et d’éventuelles fractures.

    Mais ce dernier semblait tout aussi surpris de ce retournement de situation que le barde et satisfait de voir les choses prendre enfin une tournure positive il proposa un marché qui s’avérait finalement profitable à tous. À quelques détails près.

    Odard étendit sa volonté jusqu’au chat de manière à ce qu’il semble murmurer à l’oreille de la jeune femme, bien sûr sans que leur bourreau ne puisse s’en rendre compte, sans quoi ils finiraient tous deux dans une geôle sombre et humide. Le chat murmurerait désormais des choses trop basses et faibles pour être intelligibles, mais il était certain que cette illuminée leur porterait une attention toute particulière. Finalement cette soirée redevenait convenable, et même amusante, mais il fut arraché à ses rêveries par le regard lourd et noir de l’homme en pyjama.

    Messire, ai-je l’air d’un garçon de salle? Croyez-vous que ce genre de tenue, et je tiens à le préciser, absolument hors de prix soit destinée à servir bières et collations? Certainement pas noble gêol.. Seigneur! Mais en revanche l’idée d’un spectacle me sied tout à fait! Vous pouvez naturellement compter sur ma générosité notoire pour faire don de mes profits au tenant de cette échoppe, lequel doit être je le crains au plus mal. Je m'attellerai à cette tâche dès demain, mais en attendant je dois vous avouer qu’une fatigue pernicieuse m’accable et je crains de défaillir si je ne me repose pas au plus tôt!”

    Sans attendre de réaction de l’un ou de l’autre le barde s’installa du mieux qu’il le pouvait sur le banc qu’on lui avait désigné, comptant sur sa gorge pour animer la taverne pendant qu’il dormirait. Peut-être avait-il usé de magie pour que ses ronflements déjà considérables paraissent encore plus sourds et insupportables, ou bien était-ce naturel? La mine de ses compagnons à leur réveil leur en apprendrait beaucoup à ce sujet. Il s’endormit en quelques instants, ce qui était moins certain pour les autres.

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Dans un décor chatoyant et chatmaré - Page 2 EmptyLun 12 Fév - 17:59

Elle n'a pas fermé l'oeil de la nuit. Et elle est loin de s'en formaliser. Toutes ses pensées furent axées sur le messager de Möchlog. Ni les ronflements du barde ni le relâchement coupable - mais bien naturel - dont à fait preuve Kazushi en s'abandonnant au sommeil ne changea quoi que ce soit à cette contemplation de l'oeuvre divine. Et si l'idée de trancher la gorge du premier ou de fausser compagnie au second lui a régulièrement frôlé l'esprit, Zora est toujours là lorsque l'un et l'autre se réveillent. Elle leur adresse un regard indifférent tandis que sa main endolorie continue à flatter les poils imbibés de sang du chat.

La jeune femme puise alors dans sa magie pour refouler la fatigue qui étreint son corps et luit dans son regard. Elle ne la fait disparaître mais se contente tout au plus de la réduire au silence. Elle dormira lorsque l'animal aura trouvé le repos dans une sépulture digne d'un messager divin. Mais elle se demande comment elle pourra lui rendre hommage avec les maigres moyens dont elle dispose. Le chat mériterait un véritable temple. Et pourtant elle sera bien forcée de faire des compromis...

L'adepte de Möchlog se redresse et sort un instant pour se passer un peu d'eau sur le visage, profitant du puits qui se tient juste face à l'auberge. Kazushi peut aisément la surveiller si le coeur lui en dit. Et pourtant elle se dit qu'il doit avoir compris qu'elle ne cherche plus à se soustraire à cette punition qui revêt désormais des allures de bénédiction. Elle délaisse alors brièvement l'animal pour se laver les traits avant d'entreprendre de nettoyer la dépouille qui continue de la gratifier de paroles incompréhensibles. Ils n'ont pas besoin de se comprendre pour servir tout deux Möchlog.

Elle revient finalement dans l'auberge et toise avec indifférence le rouquin avant de se tourner vers Kazushi. Elle suppose que l'un et l'autre auront besoin de quelques instants pour aborder cette journée dans les meilleures conditions. Et pourtant elle n'est guère disposée à leur offrir le temps nécessaire à un réveil complet.
"La nuit fut-elle profitable, Kazushi?" s'enquit-elle, plus par politesse que réel intérêt. "Si vous le permettez j'aimerais m’atteler à la construction de la sépulture de cet animal au plus vite. Seule. Ou, du moins, sans la présence de ce parasite!"
Elle glisse son regard sur le barde pour ôter tout doute au sujet de la personne à laquelle elle fait référence. Est-ce vraiment nécessaire? Le fait est que Kazushi a accepté la veille déjà un partage des tâches imposées par le Primo-Gharyn. Mais est-ce que cela impliquait pour autant que le trio se sépare? Comment  Kazushi pourrait-il garder un oeil sur les deux s'ils ne se trouvent pas sur la même pièce.
"Souhaitez-vous m'accompagner pour vous assurer que je m'assure bien de ma tâche? Ou préférez-vous vous fier à ma bonne foi?" lui demande-t-elle simplement avant de tourner à nouveau son regard en direction du barde. "De nous deux, je suppose que je suis la plus digne de confiance. Mais je comprendrais si vous souhaitiez délaisser la surveillance de cet importun et venir avec moi!"
Elle se doute bien qu'il ne saurait être question de confiance au sein de cet improbable groupe. Que les promesses ne trouveront que peu de crédit aux yeux du guerriers. Zora n'essaie d'ailleurs pas de le convaincre de quoi que ce soit. Elle se contente d'accorder à l'homme l'indifférence qu'elle ressent également pour cette situation qui n'a trop duré désormais. Tout ce qui importe, c'est son Architecte et le message d'espoir qu'il lui a adressé. Le reste semble désormais bien insipide. Et le mot est sans doute un peu faible...

L'aubergiste fait alors son apparition, les yeux encore à moitié fermés après une nuit au cours de laquelle le sommeil fut visiblement long à venir. Prenant conscience de la présence du chat dans les bras de la rouquine, il lui décoche un regard mêlant haine et désapprobation avant de lever les bras et les yeux au ciel, proférant des phrases inaudibles mais dont le sens n'est guère difficile à deviner. Là encore, Zora se contente de lui accorder une attention toute relative avant de poser une nouvelle fois son regard sur Kazushi.

Que choisira-t-il?

Kazushi Ito
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Dans un décor chatoyant et chatmaré - Page 2 EmptyJeu 8 Mar - 11:29
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Rencontres à Busad


"Confiance, défiance...
Je crois que je n'ai pas eu de chance."


La taverne du Chat Volant, 31 juillet 932

Kazushi s'éveilla en sursaut, la main crispée sur la garde de son arme. Ses yeux trouvèrent aussitôt Zora qui était en train de caresser le chat d'un air rêveur. Poussant un léger grognement, dû à sa position finalement trop spartiate pour son dos, il se redressa, la bouche pâteuse, et se passa une main sur le visage. Combien de temps avait-il dormi ? Quelques heures seulement, et cela ne l'avait guère aidé à soulager son esprit contrarié. Tout bien considéré, cette mission pour laquelle il s'était porté volontaire lui paraissait maintenant comme une affreuse perte de temps, aussi bien pour ses recherches botaniques que pour son projet de voyage vers Daënastre. Il avait besoin d'argent, certes, mais d'argent sonnant et trébuchant, rapide à acquérir. Tenir le rôle de chaperon ne lui convenait pas. Zaël lui avait fait une petite avance sur salaire, mais il doutait que ce travail ne lui rapporte autant qu'il l'avait espéré.
Le ronin soupira, comme pour éloigner ses sombres pensées, et finit par s'étirer un peu. Il jeta un regard courroucé au ménestrel qui dormait toujours. Par les Anciens ! Comment pouvait-on ronfler aussi fort ! Kazushi avait l'habitude de dormir à la belle étoile, au coeur des forêts, ou dans des auberges à bas prix. Aussi savait-il apprécier le calme de la nuit, ou le brouhaha aviné des salles combles. Mais qu'un tel tintamarre puisse être l'oeuvre d'une seule personne, et de ce baladin en particulier, l'irritait fort. En soit, il ne l'avait pas empêché de s'assoupir et de prendre un peu de repos, mais lorsqu'il avait tenté de méditer, tout en surveillant le duo, il n'avait jamais réussi à atteindre sa zone de paix. Quel homme insupportable !
Le guerrier se surprit à observer le visage du ménestrel. Il semblait dormir à poings fermés, sans peur, sans inquiétude aucune. Ses cheveux encadraient une paire de joues pleines et un petit nez qui lui seyait fort bien. Ainsi, il paraissait tout à fait sympathique. Plus d'une femme aurait même trouvé cet homme attirant. Kazushi fronça les sourcils. C'était étrange comme le sommeil et la détente pouvaient donner à n'importe qui un air d'enfant. Odard paraissait presque adorable...C'en était quelque peu perturbant.

Zora passa près de lui. Le ronin quitta ses observations pour s'intéresser à la jeune femme. Avait-elle dormi ? Il n'en savait rien. En tous cas, il était heureux - même si le mot était sans doute exagéré - de la retrouver. Au moins n'avait-elle pas pris la fuite pendant son sommeil.

- Et où est-ce que vous allez ? demanda-t-il d'un ton légèrement emprunt de sarcasme.

Lorsqu'il comprit qu'elle se rendait au puits pour faire ses ablutions matinales, il n'insista pas. Il laissa la jeune femme sortir et, après lui avoir jeté un coup d'oeil au travers d'une vitre qui donnait sur le puits, il la laissa à son intimité. Après tout, si elle n'avait pas quitté l'auberge pendant la nuit, alors qu'il s'était lâchement abandonné au sommeil, c'est qu'elle avait désormais accepté d'accomplir la tache que le Primo-Gharyn leur avait confiée.

Kazushi se leva. Pendant que la rouquine s'occupait au puits, le ronin se rendit auprès du chat. Il grimaça face à sa petite carcasse ensanglantée. Pauvre bête...Il était temps qu'il soit enterré, sinon il allait commencer à sentir. Le guerrier remarqua alors que le petit animal était moins sale que la veille. Zora l'avait-elle lavé ? Il constata que les poils étaient plus lisses au niveau du col et songea que la jeune femme avait passé du temps à le caresser. Étrange comportement venant d'une personne qui ne voulait pas s'en préoccuper la veille ! Qu'est-ce qui l'avait donc fait autant changer d'avis ?
Le ronin était loin de penser que le ménestrel avait ensorcelé le cadavre pour piéger Zora. Ses murmures ne lui parvenaient pas et il n'attardait jamais assez longtemps son regard sur lui pour s'en rendre compte. L'homme se persuadait que la jeune rouquine avait pris conscience de ce qu'elle risquait si elle désobéissait plus longtemps au Primo-Gharyn. Cela lui suffisait. Qu'elle l'enterre, pendant que le ménestrel récolterait de l'argent pour l'aubergiste, et cette histoire se terminerait enfin !

Lorsque Zora réapparut, Kazushi s'était réinstallé sur son tabouret. Il était en train de bourrer sa pipe dans l'espoir d'avoir l'occasion d'en tirer quelques bouffées avant de devoir prendre en charge ses deux traînes-savates. Sa question, étonnamment polie, fit presque sourire le ronin qui releva son chapeau pour lui répondre :

- Profitable ? Sans doute pas autant qu'à l'accoutumé, fit-il en jetant un regard au ménestrel qui ronflait encore bruyamment.

Zora semblait pressée d'enterrer le chat. Elle expliqua qu'elle préférait le faire rapidement et sans la présence de son compagnon d'infortune. Kazushi soupira. Ils regardaient désormais tous deux le ménestrel. Il était évident qu'ils ne pourraient pas réaliser la sépulture ensemble. Heureusement qu'il avait finalement accepté qu'ils s'attèlent tous deux à une tâche différente.

- Je comprends oui...

Zora lui demanda alors s'il préférait rester dans l'auberge à surveiller le ménestrel ou venir avec elle pour la surveiller pendant qu'elle bâtirait la sépulture. Kazushi hésita un instant. Ce fut l'arrivée de l'aubergiste qui le décida: Odard devrait aider le patron à mettre en ordre l'auberge et à préparer son spectacle. Pour cela, il n'avait qu'à le confier à cet homme. La perspective de laisser Zora sortir seule pendant un certain temps, elle, n'était pas possible.

- Mmh...Je vais vous accompagner. Odard va rester ici et aider l'aubergiste.

Kazushi se releva et laissa tomber dans sa manche sa pipe à peine bourrée. Puis, il se rendit auprès du ménestrel et le secoua, doucement, pour éviter qu'il ne s'éveille en lui donnant un mauvais coup.

- Hé ! Odard, il est temps de vous lever.

Avisant l'aubergiste, le ronin s'éloigna du duo et s'en fut discuter avec le pauvre homme. Il lui expliqua que le ménestrel allait réparer sa faute en l'aidant ce matin et cet après-midi, avant de d'animer son auberge par un nouveau spectacle. Il l'assura que cette fois il n'utiliserait pas de magie et que ses profits lui reviendraient en tant que dédommagement partiel pour la scène de la veille.
Sur le coup, l'aubergiste ronchonna qu'il était hors de question que cet homme-là soit dans ses pattes toute la journée. Mais lorsqu'il comprit qu'il y avait une histoire d'argent à récolter, et que son chat serait enterré décemment sous la bonne surveillance de Kazushi lui-même, il s'adoucit un peu. De toute façon, cela ne durerait qu'une journée ! Il ne fallait pas deux mois pour rendre à son chat les honneurs qu'il méritait.
L'accord fut donc conclu. Kazushi revint vers Odard et Zora, accompagné de l'aubergiste. Ce dernier gardait une mine sombre, mais il semblait moins fermé qu'à son arrivée.

- Bien. Je vous invite à boire quelque chose et à manger un bout de pain avant de commencer à vous atteler chacun à la tâche qui vous est dévolue. Odard, vous aiderez notre ami ici présent, fit-il en désignant l'aubergiste. Il vous donnera les instructions nécessaires. Soyez efficace et décent, s'il vous plaît. Et, ce soir, comme convenu hier, vous donnerez un spectacle, sans magie, dont les profits lui reviendront. Ainsi, je considérerai votre dette envers cet homme payée.

Kazushi serra un peu les dents en entendant l'aubergiste murmurer près de lui un "c'est pas mes amis". Décidément, les gens manquaient de bon sens. Ce n'était qu'une expression, à ne pas prendre au pied de la lettre ! Et puis, face au regard d'Odard, le ronin grogna :

- Je ne vous demande pas votre avis. Puis, se tournant vers Zora, il continua : Nous, nous allons nous rendre à l'extérieur. Vous commencerez à monter la sépulture. Avec un peu de chance, vous aurez terminé d'ici ce soir. Dans tous les cas, nous reviendrons assister au spectacle.

Son regard appuya un peu celui du ménestrel pour bien lui faire comprendre qu'il n'avait pas intérêt à entendre l'aubergiste se plaindre de sa journée en sa compagnie et encore moins à reproduire le spectacle de la veille.

- Allons. Si vous avez tous deux accompli vos tâches aujourd'hui, avec diligence et respect, si la sépulture est terminée et le spectacle profitable à tous, je pourrais réduire votre peine de trois jours à un seul.

Kazushi prenait des libertés avec les instructions du Primo-Gharyn mais il lui semblait que trois jours étaient bien de trop pour enterrer un chat. Une fois l'animal sous terre, qu'allait-il pouvoir leur faire faire ? Ce serait intenable ! De son point de vue, il était inutile de prolonger la sentence et de risquer des conflits supplémentaires.
Le ronin tapota l'épaule de l'aubergiste et lui sourit légèrement.

- S'il vous pose problème, n'hésitez pas à appeler la garde. Il jeta un regard noir au ménestrel. Mais je suis certain qu'il est capable de vous aider sans faire d'histoires...De toute façon, nous ne serons pas bien loin.Son sourire en dit long sur ce qu'il attendait du jeune homme. Puis il indiqua la porte à Zora. Si vous êtes prête, allons-y.

Kazushi prit seulement le temps de boire un verre d'eau et de mordre dans un morceau de pain avant de pousser la rouquine à quitter les lieux avec le cadavre du chat. Une fois dehors, il respira le grand air et apprécia le soleil qui pointait ses rayons. Il ressortit sa pipe de sa manche et entreprit de finir de la bourrer. Ce faisant, il indiqua à Zora le potager de l'auberge qui se trouvait derrière le bâtiment.

- Vous pouvez l'enterrer par-là, sur une butte ou que sais-je. Du moment que vous ne le mêlez pas aux carottes que l'on risque de retrouver dans notre potage ce soir...

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