Autant chercher une aiguille dans une botte de foin

« Merde, il se fout bien de notre gueule ! 

-Enfin, surtout de toi, c’est toi qui as dit que tu prenais en charge ce loustique. »

Pour toute réponse, la personne eut droit à un regard signifiant « vraiment ?! ». Si l’un des deux semblait assez détaché pour plaisanter, l’autre fulminait clairement.

« Et, oh, détends-toi ! Je suis de ton côté. Je te fais juste remarquer que c’était peut-être pas l’idée la plus brillante de prendre ce contrat alors qu’on n’est pas d’Aildor. Ils se serrent trop les coudes dans le coin… D’ici qu’on trouve une piste un natif d’ici aura pris les chose en main à tout les coups.

-Et donc ? Tu veux abandonner ? Toi aussi tu y es mêlé maintenant. L’échec sera pour tout les deux ! »

Il s’arrêta un instant et regarda derrière lui. Encore un rat sûrement. Il ne comptait plus le nombre qu’il avait vu passer dans ses ruelles sordides. Cette ville l’horripilait. Il préférait de loin les manoirs daënars au contre-allée remplis des poubelles des bars et autres trucs stockés négligemment par là. C’était censé être un endroit pleins d’opportunités, mon cul, c’est ça !

« Tu veux pas te servir de tes charmes féminins ?

-Tss, tu as qu’à te servir de tes charmes masculins, monsieur. Qui sait tu tomberas peut-être sur une donzelle que l’autre a fréquenté ! »

À son grande exaspération l’autre sembla prendre sa remarque clairement sarcastique au sérieux ! Non mais vraiment, comme si une fille d’ici s’intéresserait à un gars sans cicatrice comme lui petit et replet. Il touchait le fond là ! Ridicule. Elle en avait assez entendu.

« Laisse tomber ! Je retourne à l’intérieur, essaye de pas faire de connerie d’ici la fin de la nuit. »

Sans lui laisser le temps de répondre, elle retourna dans la rue principale pour entrer dans le bar bruyant, à défaut d’être chaleureux, duquel ils étaient sorti dix minutes auparavant. Peut-être qu’elle irait s’installer à une table de jeu, sûr qu’elle gagnerait plus d’argent comme ça qu’en s’évertuant à résoudre ce mystère impossible ! Son collègue, resté dehors, passait ses nerfs sur la pile de caisses branlantes, attaquant la pile immobile à coup de pied. Enfin, pas si immobile que ça. Il sortit son pistolet prêt à refroidir une de ces maudites bestioles. Ça lui ferait du bien, et personne n’entendrait rien. D’ailleurs, même si c’était le cas, personne ne se mêlait de rien ici.

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, hein ? Effectivement. Mais ce jour là, oui, ce jour là, en particulier, était spécial pour Hugo. La Fouine s'était réveillé dans l'optique d'un matin parfaitement normal. Mais lorsqu'il a dû refermer son collier, après sa toilette habituelle, il s'est coincé la peau en tentant de le faire. La petite douleur passagère n'était rien comparé à l'énorme sourire qui venait de poindre sur son visage.

"Taliöth, merci d'faire tourner la roue d'la chance . Aujourd'hui va être une bonne journée, j'le sens d'jà !"
C'était sa phrase rituelle, à chaque fois qu'il se pinçait la peau avec le fermoir du collier soutenant le pendentif. A chaque fois que cela lui arrivait, il se sentait plus chanceux pendant la journée. Tout lui réussissait, de A à Z. Mais pour ça, il fallait qu'il aille en ville. Il terminait simplement de s'habiller, et se mit en route, après avoir embrassé le front de son petit frère qui dormait encore profondément dans le lit qu'ils partageaient.  

La ville était animée, enfin, pas plus que d'habitude, et Hugo s'émerveillait toujours autant de voir son mouvement perpétuel. Un sourire traversait encore plus son visage tandis qu'il avançait, grimpant sur les toits accessibles, avant que son attention ne se porte sur un des nombreux bar qui peuplent l'endroit. Pourquoi ce bar en particulier ? Il venait de voir deux personne en sortir pour aller à l'écart et s'arrêter dans une ruelle adjacente. La Fouine jubilait. Qui dit isolation, dit information et vu la dégaine de ces deux là, ils n'étaient clairement pas du coin. Ces touristes...certains n'arrivent jamais à comprendre comment ça fonctionne par ici.

Il ne s'attendait pas à une réponse, évidemment, puisqu'il parlait dans sa tête. Mais il s'imaginait assez bien la réponse de son ami reptile qui trônait contre sa poitrine, pendu au bout de la chaîne. Hugo devait se rapprocher, mais rester toujours silencieux. L'avantage, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de monde qui se risque sur les toits, les adultes sont trop lourds, et les enfants trop maladroits. Non, il n'y a en général que deux types de personnes qui parcourent ces endroits. Les messagers, ou les fouineurs. Heureusement, Hugo faisait partie de ces deux catégories, ce qui lui donnait un avantage non négligeable. Il avait deux fois plus de raison d'être ici.

A peine avait-t-il dit ces mots qu'il perçut un autre fouineur, comme lui, mais ce dernier venait de faire tomber un seau dans l'artère principale, ce qui eu pour effet de faire fuir un rat, saloperie de rongeur. Ou, animal de compagnie très utile, tout dépends. Quoi qu'il en soit, l'intervention de l'autre fouine lui avait permis de s'approcher juste assez pour lui permettre d'entendre la conversation, ou du moins, une partie.

« ...qu’on n’est pas d’Aildor. Ils se serrent trop les coudes dans le coin… D’ici qu’on trouve une piste un natif d’ici aura pris les chose en main à tout les coups.»
Bingo. Pile ce qu'il lui fallait. Et il n'avait, même pas besoin d'entendre plus. Il avait trouvé ses clients. Le rat en fuit, précédemment, passait non loin, ce qui permit de détourner l'attention de l'homme juste assez que pour qu'Hugo puisse s'extirper de l'endroit. Des visiteurs, hein ? Alors il allait leurs sortir le grand jeu. Heureusement que Bill le Grill lui devait un service.

Bill, c'était la seule personne qu'Hugo ne faisait jamais payer pour ses services. Ils avaient été amis, plus jeunes, et Bill avait toujours pris soin de sa mère quand Hugo ne le pouvait pas. Maintenant, c'est un échange de bon procédé. Bill rends une faveur à Hugo, et son prochain renseignement est complètement gratuit, peut importe sa valeur. Même les sous-vêtement de nuit des Architectes, si tant est qu'ils en portent, ce dont Hugo doutait. Mais toujours est-il que Bill n'avait pas encore payé pour son renseignement de la dernière fois. Et Hugo voulait à tout pris tester sa nouvelle entrée spéciale. Il fallait bien leurs en mettre plein la vue pour leurs montrer comment ça marche à ces touristes, après tout.

Hugo s'arrêta au tournant, après être redescendu dans les rues un peu plus loin et son sourire s'élargit encore plus. Bill était juste là, traînant dans son coin habituel.
"Bill ! Prends tes gars et ram'nez vous, j'ai b'soin de vous pour même pas deux minutes !"
Et il repartait en courant, à peine arrivé, son comparse sur ses talons, pendant qu'il lui expliquait le plan. Bill eu un sourire amusé en l'entendant et hocha la tête, faisant passer le mots aux mômes de sa bande qui se déployaient bien vite une fois l'information en tête.



Du côté de la ruelle, l'homme avait été quitté par sa comparse et se déchaînait contre de pauvres caisses qui n'avaient décidément rien demandées à personnes. Mais visiblement, il n'aimait pas les rats. Et ce qui allait suivre, encore moins. Cinq marmot, entre dix et quinze ans, s'avançaient vers lui.

"La Fouine entends tout ..."
"... Elle sait tout..."
"... Même les secret ..."
"... Mais elle ne dit rien..."
"... Sauf à ceux qui y mettent le prix."

Et c'est sur ces derniers mots que les gosses continuèrent leurs route. Hugo, lui, s'était glissé sur le bord du toit d'en face, assis nonchalamment avec ses pieds qui pendaient dans le vide. Sa capuche était remontée sur sa tête et il observait la scène, avec un large sourire satisfait. Comment ce touriste allait réagir ? Surtout que, pour le coup, Hugo n'était plus très discret. Il s'amusait même à corser un peu l'ambiance, en sifflotant pour bien faire comprendre qu'il était là. Visiblement, le pistolet n'avait pas véritablement l'air de l'effrayer, en même temps, qui aurait peur d'un pistolet, ici ? On entendait des coups de feu presque tout les jours.

Se dit-il à lui même.

Son doigt avait été tout prêt d’appuyer sur la gâchette et pour quoi ? Des mômes, des gamins des rues qui lui jouaient un numéro. Cette ville allait le rendre fou. Il n’y en avait pas un de normal. Personne vous parlait quand vous le souhaitiez et quand vous ne demandez rien, il y avait ça… Médusé autant qu’énervé, il pointa tout naturellement son arme vers le siffleur.

« C’est à toi que je dois cette comédie ? Vous pouvez pas parler normalement aux gens ?! »

Il fallait qu’il souffle. C’était stupide de s’emporter, de garder son flingue à la main et de parler ainsi avec la seule aide qu’il avait pu entrapercevoir jusqu’à maintenant. Lily se foutrait bien de sa gueule s’il lui disait qu’il avait tué leur seule piste. De tout façon le jeune ; ou peut-être pas d’ailleurs, de ce qu’il voyait il ne pouvait rien dire, avait clairement rien à faire d’être ainsi visé. Il rangea son arme tout en essayant de repartir sur de bonne base.

« Rah, non laisse tomber ! Je suppose que c’est toi la fouine et que t’es là pour me louer tes services ? »

Évidemment. Ce ne pouvait qu’être ça. L’autre allait le prendre pour un abruti fini. Avait-il vu son déchaînement sur les caisses ? Avait-il été présent même avant ? Qu’avait-il entendu de leur échange ? C’était pas bon du tout. Au Tyorum ou n’importe où ailleurs, il ne se serait jamais fait avoir ainsi. Personne n’espionnait ses discussions sans qu’il le sut. Il fallait faire quelque chose pour  ne pas paraître aussi désavantagé ou ça allait lui coûter cher.

« Tu sais que c’est dangereux d’écouter la conversation des autres. Mais je suppose qu’on peut passer dessus pour cette fois et discuter affaire. Allons à l’intérieur, il y aura moins de rat. »

C’était une façon comme une autre d’amener ce type à se dévoiler un peu et d’éviter que d’autres oreilles viennent écouter des paroles qui devaient rester secrètes. Ils seraient plus tranquille dans le brouhaha ambiant que dehors dans cette contre-allée.

« Je t’invite bien sûr »

Il lui tourna le dos, un risque dans cette cité mais il fallait savoir en prendre pour survivre. Sans se préoccuper de sa compagne. Il se dirigea vers une table non débarrassée mais idéalement positionnée dans un coin de la pièce. Il poussa les verres vides dans un coin et posa son chapeau à l’opposé, puis s’appuya les coudes sur la table prêt à discuter.  

« Bien maintenant que nous somme installés, parlons ! Quels sont tes prix pour localiser une personne ? »

HRP:

"Mais on parle normalement. L'truc, c'est qu'tant qu'à faire, autant sortir l'grand jeu p'un touriste, non ?"
Dit-il, avec un merveilleux sourire à demi-caché par la pénombre offerte par l'endroit qu'il avait choisit. Hugo était simplement heureux du rendu de son entrée en scène. Et il hésiterait pas à remercier Bill pour son aide. Son interlocuteur était nerveux, ça se voyait, ce qui aidait bien le jeune garçon, pour le coup qui ne bougeait toujours pas d'un pouce, jusqu'à ce que l'autre range son arme. Il descendit de son perchoir, pour s'avancer vers lui ensuite.

"Dangereux ? Mais t'sérieux là ? Qu'est-c'qui est pas dangereux par ici, hein ? Même aller couler un bronze en paix ça d'viens dangereux quand tu sais pas où t'pose tes miches. P'is bon,si tu cherche pas un peu de danger, autant pas v'nir dans l'coin, hein ..."
Et oui, définitivement, c'était bien un touriste. Encore plus facile à arnaquer, celui là, vu comment il avait réagit. Un coup facile peut être ? Cela reste à voir, après tout. Pour le moment, il acceptait son invitation. Et pour une fois, il se montrait intelligent. Parler à l'intérieur lui assurerait de la discrétion au moins, pas comme lâcher la moitié des information sur sa présence à l'extérieur, là ou toutes les oreilles du monde pouvait l'entendre.

Hugo s'autorisa un petit sourire en coin.
"Bach 'cor heureux qu't'invite. Sinon, t'pourra toujours essayer d'trouver quelqu'un qui accepterait d't'informer mais bon ... Tu t'ferais arnaquer, hein, mais moi j'dis ça, j'dis rien hein, à toi d'voir."
Il laisse planer sa phrase tout en le suivant, entrant dans le bar en se faufilant parmi les habitués. Il était tout d'un coup un peu moins à l'aise. Il est pas sur son territoire et les intérieurs bondés de monde, ça lui donne vite mal au crâne. Trop bas, sans moyen de grimper, aucune hauteur acceptable mais bon, parfois, faut faire avec malheureusement, et puis là, ça va encore, il est sur le territoire de Bill, à son grand bonheur.

Après s'être installé, il plongea son regard dans celui de l'homme, abaissant sa capuche également. Il dû se relever un peu, histoire d'être à la bonne hauteur pour poser ses coudes sur la table. Pas facile d'être petit dans ce monde.
"Hm ... Pour l'prix, c'est cinq Irys d'avance. Histoire d'couvrir mes frais hein. Et puis pour le reste, c'est simple ... Si j'suis en vie et que j'ai aucune blessure, c'reste à cinq Irys, j'te donne ton info et p'is j'me casse. Par contre, si t'me donne un truc ou j'risque trop ma peau, j'rajoute entre cinq à dix Irys."

Après avoir annoncé ça, Hugo crache dans sa main avant de la lui tendre. Une manière comme une autre de sceller un contrat, après tout. Et puis, pour le coup, il a même pas véritablement abusé, sauf pour la fin. M'enfin bon. Au moins, il ne s'est pas véritablement éternisé dans les détails. Pas question de discuter du prix, pour sa part. C'est toujours comme ça qu'il agit. On dit les prix, on passe le contrat, les fioritures viennent après. Il ne lui restait plus qu'a attendre que l'autre accepte et qu'il lui donne les détails.

"Si ça t'conviens pas, j'te souhaite bonne chance. T'trouvera pas mieux qu'moi par ici."

Sa mise en scène, autant que ses réponses ou sa voix, aurait dû le préparer à découvrir un visage jeune sous la capuche, pourtant il n’en fut rien. Enfin, ici comme ailleurs, les ados faisaient de bons fournisseurs d’infos. Pas qu’il eut vraiment la possibilité de faire la fine bouche. Il ne se serait pas assis avec un type qui l’avait identifié comme un touriste, ou autrement dit un pigeon, dans le cas contraire.

Cet étonnement ne s’éternisa pas sur son visage. Il était là pour parler affaire, pas de l’âge de son interlocuteur. C’était le moment de prendre un visage neutre et pas laisser trahir ses émotions, c’était important pour les négociations. Bien qu’il ne fut pas très doué dans ces dernières, il s’efforçait toujours d’avoir une mine impassible. Ça lui donnait un drôle d’air pas naturel, un peu comme s’il tirait la tronche alors qu’on voyait qu’il voulait sourir. Le dialogue c’était pas son truc, lui s’était un homme d’action. Être dans la guilde était parfait pour lui. Il n’avait pas à trouver le travail, ou négocier des prix, juste à voler les cibles. Enfin, la plupart du temps.

« Humm. Tant que ça comprend pas les blessures faites ailleurs qu’en travaillant pour moi. »

C'était juste pour dire quelque chose, au final peut lui importait de lui donner cinq ou dix irys. Il fit de même que le gamin et lui serra la main tendue. C’est sûr que niveau prix il trouverait pas mieux ! À se demander s’il y n’y avait pas entourloupe mais avec si peu d’argent en jeu ça valait le coup d’essayer. Lui gagnerait beaucoup plus en remettant la main sur le filou. La concurrence devait être rude dans le coin avec tous les malfrats !

« Je cherche un type comme je t’ai dit. C’est un vrai caméléon, il arrête pas de changer de nom : Bob, Mark, Junior et j’en passe. Pour dire, j’ignore son vrai nom mais il est recherché sous le surnom Camael. Une chose est sûr c’est un gros parieur, pas forcement chanceux d’ailleurs. Mais si il y a des paries, il est dans le coin, ça n’a pas d’importance la chose en jeu. Il a les cheveux courts, brun, la peau halée, ce qui aide pas dans le coin, les yeux bruns et une tête assez banale ce qui l’aide bien ! »

Il lui tendit un portrait en noir et blanc de l’individu, c’était bien plus parlant que toutes les descriptions qu’il aurait pu faire ! Puis il continua avec ses instructions regardant droit dans les yeux le gringalet en face de lui.

« Le truc, c’est qu’il est hyper prudent. S’il te sait à sa recherche, il risque de disparaître avant que tu m’es transmis l’information. Et il faudra tout reprendre de zéro. Inutile de dire que dans ce cas c’est zéro irys que tu toucheras ! Pour me contacter, c’est simple, tu dois connaître le bouge : Le Pêcheur de Lunes, envoies un message là à monsieur Oliver. »

Comme ça tout était dit ! Du moins, il pensait n’avoir rien oublié. Peut-être que si le gamin arrivait à lui sauver sa semaine, il lui filerait à son tour un tuyau. Hors de question de lui donner un morceau de la récompense par contre ! Ça en boucherait un coin à Lily tiens !

Hugo ne disait rien du tout. Il se contentait d'écouter le plus simplement du monde la description de l'homme. Un sourire prit place sur son visage, à l'annonce du fait que l'homme était un parieur. Ce n'est pas comme s'il s’entraînait pour une course à Aildor, en plus de ça, qui devait avoir lieu prochainement. Il pourrait faire d'une pierre deux coup comme ça, et puis Talïoth était là pour lui de toute manière.

Il pris le temps de bien regarder la photo que l'homme lui montrait. L'avantage d'avoir une très bonne mémoire visuelle, c'est qu'il était certain de pas oublier son visage au moins. Hugo restait pensif quand même, l'espace d'un instant.

Hugo souriait, à la fin de la présentation totale. Il n'avait réussis qu'à capter uniquement la dernière phrase de l'homme, lui donnant un point de rendez-vous. Il pris le temps d'hocher de la tête, avant de se laisser retomber pleinement sur son assise. C'est pas que le fait de rester à moitié assis comme ça commençait à le déranger, mais presque. Il soupire, doucement, prenant le temps de se masser l'arrête nasale avant de se reconcentrer.

"Ça roule. J'm'occupe de ça. Et comme j'suis l'plus sympa de tout Aildor, j'vais t'offrir une petite info gratuitement. N'a une course d'prévue dans quelques jours, à Aildor, p't'être que ton gars va s'y trouver. Après, moi j'dis ça, j'dis rien mais si t'veux en savoir plus, c'cinq Irys."
Et le pire, c'est qu'il lui annonce ça avec le sourire le plus innocent qu'il soit capable de lui offrir. Après tout, les cinq premiers Irys concernait uniquement le fait de trouver l'homme. S'il voulait en savoir plus sur la course, c'était un autre type de renseignement et donc, un but différent. Il n'y avait rien de mal a vouloir se faire le maximum d'argent possible.

Et puis il faut dire que le gars en question n'était pas un habitué. Trouver des info du genre, en ayant l'air normal, ça n'allait pas se faire ainsi. Hugo ne faisait qu'attiser un peu plus sa curiosité tout en tendant d'un air nonchalant sa main vers ce dernier. Il connaissait l'itinéraire, ainsi que le point d'arrivé. Le reste, il savait de base que les parieurs se trouvaient non loin de ce point, pour voir lequel de leurs poulain allait remporter la victoire.

Hugo restait donc ainsi, fixant l'homme dans les yeux tout en ayant l'air le plus sérieux possible. De toute manière, il était sérieux. On ne plaisante pas avec ses clients, mais parfois pour les plus pigeons d'entre eux, on fait en sorte qu'ils balance un maximum d'argent pour obtenir toutes leurs informations.

Mais bon... Hugo reste Hugo et lui même sait que ce ne serait pas professionnel. Il tousse donc, avant de se reprendre.

M'ouais bon ... T'es un touriste donc j'vais pas t'arnaquer la d'ssus.
La course va s'dérouler dans quelques jours, avec comme point d'arrivée, la grande fontaine s'la grande place, dans l'quartier principal, t'sais, c'lui ou t'as tellement de monde qui passe qu'c'est quasi-impossible d'retrouver t'chaussures sans t'isoler dans une ruelle à côté p'avoir de l'air. T'as dû y passer en v'nant, c'est l'premier quartier d'Aildor. L'avantage, c'est qu'tout les parieurs s'ront pas loin. T'as b'coups d'bar dans les environs et il faut bien qu'voient qui va gagner. C'l'occasion p'nous d'aller les trouver p'faire en sorte qu'ils parient sur les bonnes personnes, t'vois ? Genre, parier sur moi, en fait, vu que j'vais la gagner, c'te course. Mais ... s't'eu'h plait. Laisse moi gagner la course et r'cupérer mes Irys AVANT d'lui tomber d'ssus, s'il y est, hein ...

Décidément, il était trop honnête, et lui même le savait. Peut être que c'était à cause de ça qu'il arrivait à survivre tranquillement sans que personne ne l'embête de trop ? En tout cas, il espérait que cette info plairait à son employeur du moment. Il n'avait pas grand chose d'autre à lui offrir pour le coup étant donné que c'était la seule chose qu'il savait. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à avoir si l'homme lui donnerait quelques chose pour cette première information. Hugo, lui croise les bras, soupirant légèrement de déception du fait qu'il soit incapable de rouler le premier pigeons venu. Ou peut être que cela devait se passer ainsi et que c'est son petit serpent qui avait guidé son choix de cette manière. Après tout, qui sait ces choses là ?

Hmm, un informateur sympa ça existe pas. Il le regarda suspicieusement, certain qu’il y avait anguille sous roche et ça manque pas ! À peine a-t-il donné son info gratuite que sa main se tend pour de l’argent. Ses tarifs bas s’expliquaient s’il soutirait de l’argent pour toutes les petites infos ! Il était indécis quant à quoi faire : il ne voulait clairement pas encourager ce comportement, s’il cédait maintenant il allait payer pour tout et pour rien, mais il y avait le risque que l’autre se barre et là il se retrouverait presque au même point qu’avant sa rencontre. Et ce serait pas des félicitations qu’il aurait de Lily dans ce cas, loin de là.

Finalement, rester muet paye. L’autre déballa toute son histoire ! Hmm, c’en est presque trop, avec tout ça il pourrait partir sans le payer. Bizarre. Mais il fallait dire que ce petit n’était pas le plus étrange de tous. Puis il lui était utile, du coup il décida de lui donner ses cinq irys. Mieux valait rester sur de bonnes bases.

« Tu le mérites. Pour la course je peux rien promettre. S’il prend pas la mouche, je peux attendre, ça pourrait même m’arranger. Mais je prendrais pas le risque de le voir filer ! T’inquiètes pas pour ta course, tu gagneras beaucoup plus en m’aidant et je parle pas d’irys. »

Il se tut, il en avait dit plus qu’il n’escomptait. Fallait croire que la parlote de son interlocuteur était contagieuse. Ce qui était dit n’était pas reprenable et au final, il ne s’était pas compromis… Personne n’était vraiment à côté d’eux ou ne semblait leur prêter attention, même pas les serveurs d’ailleurs. Mais c’était parfait. Il poursuivit en prenant en compte ce que le petit venait de lui dévoiler.

« Ça change pas l’idée, si je me trompe pas votre course passera non loin du Pêcheur de Lunes, je vais rester à un point fixe. Inutile de compliquer la tâche et ce sera moins suspicieux que si je pose des questions à tous les bookmakers du coin. De toute façon c’est ton job. »

Cette fois, c’était bon. À moins que l’autre ait encore des informations à vendre au compte-goutte. Ils auraient plusieurs jours à tuer dans ce bled, ça ne le réjouissait guère… Dès qu’ils auraient mis la main sur le filou, il mettrait les voiles ! La fouine pourrait être du voyage si son aide était déterminante. Il ne lui vint même pas à l’esprit que l’ado eut préféré rester ici. Personne ne pouvait vraiment rester ici par choix, impossible. Sa main posée sur son chapeau, il était prêt à se séparer là-dessus d’avec son informateur.

HRP:

Une fois les cinq Irys en main, Hugo les glissait directement dans sa poche, après tout, il les avait déjà gagné. Et l'autre lui était plutôt sympathique, pour le coup. Visiblement, une fois son gars coincé, il aurait encore besoin de lui, ce qui l'arrangerait en plus de ça. S'il y avait des Irys, et peut être plus à gagner, pourquoi ne pas en profiter ?

Hugo s'autorisa un petit sourire, doux. Peut être qu'il parviendrait à partir d'ici avec son petit frère après tout ? Peut être même qu'il pourrait lui offrir une véritable maison ? Il y avait tant de possibilités après tout, cela ne manquait pas, dans le coin.

Il hoche de la tête en direction de l'homme, avant de se relever et de saluer une dernière fois le type qui l'avait embauché, sans un mot de plus, alors qu'il prenait la direction de la sortie, relevant sa capuche et se glissant parmi les clients. Une fois à l'extérieur de la bâtisse, Hugo pris directement le trajet retours pour se rendre chez lui et retrouver son petit frère qui l'attendait. Ses mains dans les poches, il marchait tranquillement dans les rues, cette fois, ne privilégiant pas du tout les toits. Il n'en avait pas besoin et puis, il avait besoin d'être dans la foule, pour une fois. Disparaître, être invisible aux yeux des gens, il ne pourrait l'être qu'au milieu du monde.

Une fois arrivé chez lui, son premier réflexe est de serrer le petit blondinet entre ses bras, doucement, tout en embrassant ses cheveux et en lui offrant un sourire des plus doux. Ce ne sont pas quelques secondes qui s'écroulaient ainsi, mais bien de longues minutes, sans que l'un, ni l'autre, ni parlent. Ils n'en avaient pas besoin après tout. L'adolescent ferme les yeux, assis sur le lit commun et laisse le temps s'écouler agréablement alors qu'il se relève par la suite, venant déposer son butin quotidien dans le petit coffre en bois qu'il cache de la vue de sa mère. Il dépose les cinq Irys à l'intérieur avant de le ranger à nouveau, retournant s'occuper d'Alban, jouant avec lui, lui contant sa journée de manière romancée. Le petit adolescent espiègle et fouineur n'avait pas sa place, ici. Ici, il n'était que Hugo, le grand frère d'Alban et rien d'autre et le reste de la journée, il le consacre à lui, et uniquement à lui.

La course était pour bientôt. Est-ce qu'il allait réussir sa mission ? Talïoth le soutiendrait-il une nouvelle fois ? C'était encore trop tôt pour le dire, mais son aventure ne faisait que commencer. Et c'est pendant cette course que tout va continuer.