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Chroniques d'Irydaë
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 :: Les terres d'Irydaë :: My'trä :: Suhury
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 La conspiration pour seul réflexe

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
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La conspiration pour seul réflexe EmptyLun 7 Oct - 22:56
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
La conspiration pour seul réflexe Enva


Quand je reste trop dans ma baraque, je conspire, c’est un réflexe. Du coup, je prends l’air, ça vaut mieux pour tout le monde !
~ Roi Loth


Lorsqu’elle avait convié les quatre My’träns dans sa demeure, Althéa avait fait preuve d’une bonté tout à fait relative. Son hospitalité n’était pas désintéressée ; elle escomptait ainsi se trouver en territoire connu pour apprécier ses nouveaux alliés, et aiguiser par la même occasion son discernement. L’emplacement de ses appartements relevait également du stratégique, étant donné qu’ils se situaient en plein cœur du quartier central de Möchlog, à quelques pas du dispensaire où elle opérait.

Pour sa part, l’appartement en lui-même pouvait à bien des égards être qualifié de vaste ou d’imposant, qui plus est une fois considéré qu’elle en était l’unique propriétaire. Néanmoins, en dépit de sa surface généreuse, il demeurait meublé de façon tristement sommaire, et pour cause, il paraissait presque inhabité. Une fine poussière couvrait les coins les moins fréquentés de la pièce et la présence de fleurs fanées aurait pu donner un aspect encore plus austère à la pièce si les tapisseries pendues au mur n’avaient pas harmonieusement rehaussé leurs couleurs ternes. Pour couronner le tout, l’air immobile donnait la sensation inexplicable d’être figé dans le temps.

La guérisseuse n’avait pas mis les pieds à Darga depuis des mois, et lorsque ses quartiers étaient occupés, ils l’avaient été invariablement par elle seule – pas d’amis ni de famille -, et c’était un euphémisme d’avancer qu’Althéa vivait simplement. Rien n’avait été ajouté au mobilier initial pour lui ajouter la moindre touche de convivialité. Elle prisait par-dessus tout le silence qui régnait dans ces appartements isolés de la clameur de la rue grâce à leur élévation. Du temps où ses journées au dispensaire emplissaient ses oreilles des lamentations de ses patients, seule la solitude lui importait.

    « Pardonnez la fraîcheur, s’était-elle excusée avant de jeter quelques bûches dans l’âtre vide. »


A présent que les cinq compatriotes discutaient joyeusement de la destruction prochaine d’une mine, elle remarquait pour la première fois en quatre ans combien l’absence de meubles pour occuper l’espace donnait un écho vibrant à chacune de leurs paroles. Le son de leur voix résonnait autant de violence que de véhémence contre les murs de pierre. De son côté, la guérisseuse faisait preuve d’un calme olympien, tendant une oreille attentive à son audience. Pour qui la côtoyait un tant soit peu, ce silence n’avait rien d’ordinaire. Elle était maladivement curieuse de connaître les subtilités de leurs caractères.

    « … Et mon fils, jamais retrouvé. Vous croyez à un hasard ? J’ai arrêté d’y croire après tous les abus perpétrés par les Daënars ! A l’heure qu’il est, il doit être exploité dans l’Inconnu sait quel mine… ! »


Laerl s’interrompit, l’air atterré. Il venait de relater, selon lui, l’implication des Daënars dans la disparition de son fils. Althéa doutait que ce fût la seule explication possible à son absence, mais la ferveur du My’trän en disait autrement. Il allait sans dire que la conversation avait depuis longtemps quitté les détails de leur plan d’attaque pour aborder les motifs qui les poussaient à se porter volontaires à détruire des mines. Une heure plus tôt, la concierge était venue les pourvoir en vivres et boissons, et Althéa l’avait payée gracieusement pour ses services. Elle avait été enchantée de retrouver le lait familier du marché local, et elle savourait à présent ses délices, laissant les plaisirs de l’alcoolisme à ses compagnons qui le désiraient. Une main réconfortante sur l’épaule de Laerl, elle le remercia d’avoir partagé son histoire, avant de demander aux autres :

    « Est-ce la perte d’un proche qui vous a mené à remettre en cause cette prétendue paix ? Ou d’autres raisons vous animent ? La volonté de votre Architecte peut-être ? »


D’un geste ample, elle avait désigné les tentures pendues aux murs. Il s’en trouvait exactement sept dans la pièce principale, et les plus perspicaces auront deviné que chaque architecte y était décompté. Leur positionnement n’était pas laissé au hasard ; les deux griffons jumeaux se dressaient en miroir dans un coin du salon. Khugatsaa se trouvait sur le même pan de mur que Dalai comme pour la séparer de sa sœur jumelle, tandis que Süns reposait près de Delkhii. Pour leur part, Orshin et Amisgal roucoulaient d’amour l’un contre l’autre sur un troisième mur. Pour finir, les ailes de Möchlog s’ouvraient largement sur le quatrième mur. Pour pallier sa solitude, il était encerclé par divers colifichets suhurs et autres ornements aux multiples plumes ivoires. Ils avaient vraisemblablement été créés par la main d’Althéa car les plumes étaient identiques à celles qui s’accrochaient à ses mèches noires. Un sourire féroce apparut sur ses lèvres, trahissant l’amour inconditionnel qu’elle portait à Möchlog, mais également l’ivresse de la puissance que lui octroyait sa magie.

    « Ils ne seront pas les seuls à nous être reconnaissants lorsque nous aurons terminé notre mission. Depuis des années je me suis essayé à la diplomatie, mais leurs politiciens ne parlent qu’en terme de force et d’argent ! »


La tristesse de ses yeux se disputait à la détermination de sa voix. Aucun médecin de Möchlog un brin sensé ne décidait la destruction d'une mine sans un passif lourd de mésaventures, et elle venait d'en laisser deviner la portée bien malgré elle. Secouée, sa main tira machinalement son verre vers elle pour qu'elle y noie son émotion dans le lait opaque, et son expression se calma instantanément. Son cœur jeune et pourtant si fatigué voulait croire en l'honnêteté des êtres qui l'entouraient.


Dernière édition par Althéa Ley Ka'Ori le Ven 15 Nov - 12:00, édité 1 fois

Leynar Gale
Leynar Gale
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La conspiration pour seul réflexe EmptyMar 15 Oct - 22:26
Irys : 763678
Profession : Voyageur sympathique
My'trän +2 ~ Khurmag
Lorsque Leynar entra dans les appartements de la guérisseuse en suivant ses co-conspirateurs, ce fût la décoration. Par les Architectes il avait rarement vu quelque chose d’aussi triste. C’était terne, froid, sans âme. Les seuls objets décoratif qui remontaient un tant soit peu le niveau étaient les tapisseries des Architectes accrochées aux murs. Et encore, c’était bien le minimum dont semblait se contenter l’appartement comme parure. Rien à grappiller, à détrousser ou a emprunter, l’absence de tout objet digne d’intérêt lui sautait aux yeux. Mais là ou il n’y avait rien à prendre il y avait une opportunité insoupçonnée, il y repenserait plus tard lorsque les soucis actuels seraient relégués au passé.

Le khurmi frôla les fleurs fanés d’une main presque dédaigneuse, finissant de faire tomber leurs pétales séché au sol. C’étaient les ultimes vestiges de ce qui avait du être une vie plus présente. La seule qui avait persévéré dans la solitude et l’absence d’attention. Tout comme en témoignait la poussière discrète mais pas moins présente qui siégeait dans les coins de la pièce. Oh Leynar n’était pas venu pour voler non, c’était de simples impressions parfaitement professionnelle, alléger la suhur de ses richesses n’était pas dans ses intentions, il avait quand même un tant soit peu de savoir vivre.

Leynar laissait la violence et la véhémence aux autres, se contentant d’écouter la plupart du temps en laissant s’échapper quelques paroles pour signifier son approbation. Au fur et à mesure que la soirée avançait le sujet de discussion déviait invariablement, les plans pour mettre à terre les mines furent mis de côté au profit de la connaissance qu’ils pouvaient tirer les uns des autres. C’était logique après tout, en savoir un peu plus sur les gens à qui on allait confier sa vie était une preuve de bon sens. Même s’il voyait à l’occasion l’ombre d’un regard méfiant chez certains lorsque leurs yeux se tournaient vers lui. Il n’avait pas enlevé son masque, il y était tellement habitué qu’il n’y faisait plus attention, mais les regards le ramenaient à la triste réalité entre deux discours émouvant.

Ah ce pauvre Laerl qui relatait la disparition de son fils, un récit poignant qui fit presque de la peine à Leynar. Bien sûr la disparition d’un enfant n’avait rien de réjouissant, pas plus que la perspective de le retrouver emprisonné par la technologie au fond d’une des mines qui parsemaient My’trä. Un destin horrible s’il en est. Si l’enfant était bien dans une mine.

Laerl s’était confié à eux, et maintenant c’était à leur tour de faire connaître ce qui les motivait à remettre en question la paix. Leynar braqua ses yeux sur la tapisserie de Khugatsaa avant qu’un souvenir n'étant pas le sien ne vienne hanter son esprit. Il frissonna de déplaisir, un jour il devrait vraiment s’en débarrasser, mais pour l’heure c’était une source de motivation, et il le garderait tant qu’il était utile.

-Cette paix n’en porte que le nom depuis déjà longtemps.
Commença le khurmi en regardant ses interlocuteurs. Ce qui s’est passé à l’exposition universelle aurait déjà du être un retour à la raison pour beaucoup. Et je suis las de voir les mines profaner le sol de My’trä, je ne resterai à ne rien faire pendant que les miens perdent les dons des Architectes pour le profit des technologistes. C’est un destin que ne souhaiterais pas à mon pire ennemi. Le plus tôt nous agirons, le mieux ce sera.

Kali Tal'göss
Kali Tal'göss
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La conspiration pour seul réflexe EmptyJeu 14 Nov - 23:45
Irys : 740382
Profession : Mercenaire/Maître d'arme
My'trän +2 ~ Zagash
Cela faisait de longues minutes que Kali s’était tue, assise sur sa chaise, fixant Althéa avec un air pensif, presque absent. Ceux qui la connaissaient auraient pu la penser en proie aux sentiments amoureux qui saisissaient souvent son cœur, d’autant plus que la jeune suhure avait de quoi plaire, mais un examen plus attentif aurait révélé une certaine crispation, une tension sous-jacente qui s’exprimait à travers ses gestes vifs, un peu trop secs, lorsqu’elle portait son verre de lait à ses lèvres et par son étrange mutisme.
Toutefois autour de cette table personne ne la connaissait et aucun ne semblait s’être formalisé de son changement d’attitude par rapport à la première partie de la soirée où elle avait été énergique et bruyante, prenant la parole sans hésiter pour donner son avis et ses idées. Elle avait même été assez têtue par moment et comme elle élevait facilement la voix, l’appartement avait connu une agitation qu’il semblait ne pas avoir vécu depuis un moment.

Mais depuis, elle était calme , et ce pour une raison toute simple : elle s’était enfin souvenu d’où elle avait déjà entendu le nom d’Althéa. C’était l’appartement, justement, qui l’avait mis sur la voie. Ce côté dépouillé, ascète, et surtout l’évidente adoration envers l’Architecte de la Vie avait finis par faire remonter les souvenirs de retrouvailles au bord d’un lac. Des souvenirs aigres, qu’elle aurait préféré oublier. Plongée dans ceux-ci, elle n’avait qu’à peine écouté d’une oreille distraite les histoires de chacun et sortit de ses ruminations quand un léger silence lui donna l’impression qu’on attendait quelque chose d’elle. Elle battit des paupières comme pour se réveiller, le temps de reprendre le fil de la conversation.

« Oui, agir au plus vite, tout à fait. » Elle eut encore un instant d’hésitation avant de reprendre un flot de paroles plus fluide et assuré : « Je me suis déjà confronté aux daënars à l’occasion, tous les clans de Zagash ne respectent pas la paix imposé. Mais je ne pense pas que jusqu’à ce soir j’avais réellement pris conscience du danger qui pèse sur nous. Et je suis prête à le jurer devant la Mère des Océans, tant qu’il persistera je ne cesserais de lutter contre ! » Elle frappa de son verre contre la table, faisant gicler un peu du liquide qu’il contenait, puis elle se radoucit soudainement et s’adressa plus particulièrement à Althéa : « Vos mésaventures me rappellent une ancienne amie. Une suhure et une adepte de Möchlog comme vous. Elle aussi avait cherché à convaincre nos dirigeants de la menace de Daënastre, sans grand succès. Mais ça ne m’étonne pas, j’ai pu personnellement constaté qu’elle manquait sérieusement de diplomatie. Et quand c’est une zagashienne qui vous le dit, ce n’est certainement pas pour rien ! » Elle parti d’un éclat de rire suite ce trait d’autodérision sur son peuple, dont on pouvait deviner, à son attitude, qu’elle l’acceptait d’autant plus facilement qu’elle n’y percevait pas un réel défaut. « Peut-être que vous la connaissez, elle se nomme Zora, et elle est presque encore plus rousse que moi. »

Elle s’était soudainement arrêté de rire et adoptait une pause faussement nonchalante mais il y avait une étincelle de défi au fond de son regard, fixé sur Althéa. Un craquement sec et particulièrement sonore échappa des bûches en train de se consumer tandis qu’il semblait que le feu avait eu un sursaut d’activité.

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
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La conspiration pour seul réflexe EmptyDim 17 Nov - 15:49
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
La mention de l’exposition universelle agita brièvement ses oreilles ; le bal prenait la forme d’un cauchemar éveillé dans sa mémoire et il lui était impossible de réprimer un frissonnement à son évocation. Les Architectes tenaient encore rigueur à ses créations de cet attentat marqué par la fourberie ! Avec une pointe d’amertume, elle se rappela sa propre implication dans cette terrible affaire par le biais de sa découverte involontaire du gaz meurtrier qui s’était répandu dans la salle. Quelques temps auparavant, elle l’avait identifié en soignant une tribu du Kharaal, plus précisément celle de Lizzie. Althéa regrettait corps et âme avoir expliqué ses propriétés à Lizzie, qui ne s’était pas gênée pour les transmettre à Ludwig. Autant dire qu’il ne l’avait pas employé à bon escient. Par ailleurs, affirmer que la guérisseuse était responsable de la dévastatrice explosion aurait été malhonnête, mais elle ne se félicitait pas de son statut d’intermédiaire. Peut-être était-il temps de compenser ce mal causé.

    « Nous pourrions rendre la pareille aux Daënars. Je puis me procurer du même gaz que celui qui a été employé contre nos Architectes. »


En son for intérieur, elle espérait de tout cœur qu’on ne la questionnerait pas sur la nature de ses contacts. Après tout, ils étaient tous dotés de secrets indicibles, il lui semblait raisonnable de taire son implication indirecte dans l’attentat. A ce sujet, les souvenirs de l’exposition ne cessaient plus d’affluer dans sa mémoire, entre le mutisme de Möchlog lorsqu’elle avait requis son aide, et les visions poignantes auxquelles elle avait assisté dans son délire. Elle se souvenait distinctement avoir étouffé un patient dans son sommeil, et il lui avait fallu quelques jours avant de comprendre que ce souvenir de meurtre avait été celui de Zora. Partager son expérience avait grandement participé à son empathie ainsi que fortifié l’alliance fanatique qu’elles formaient, mais sa personnalité n’en était pas sortie indemne. Elle comprenait la psyché de son ancienne alliée mieux que personne, et se prenait trop souvent à pardonner ses écarts. Avant l’exposition, elle lui en avait voulu d’être aussi impitoyable et impulsive, mais elle l’avait pleinement acceptée comme partenaire après ces événements.

Les regards se tournèrent petit à petit vers Kali, qui n’avait pas pris la parole depuis un bout de temps, et encore moins répondu à l’interrogation sur ses motivations. Ce qu’elle révéla en lieu de réponse glaça le sang de la guérisseuse. Son esprit bloquait sur l’idée insolite qu’elle mentionne la rouquine suhur à l’instant même où sa mémoire se fixait sur elle, et ce simple fait l’empêcha de répondre au tac-au-tac. Pourtant cette coïncidence la laissait moins pantoise que le fond de la question posée, déguisée de courtoisie mais recelant plus d’inquisition qu’elle ne voudrait bien l’admettre. L’envie lui prit de mentir effrontément, de dissimuler ou omettre les parts de vérité qui la compromettait. C’était presque un réflexe chez elle. Néanmoins, lorsqu’elle brisa le silence, elle chercha davantage à retourner la situation qu’à s’innocenter à tout prix de cette mauvaise fréquentation.

    « Zora Viz’Herei ? Il n’est guère de Suhur qui n’ait pas entendu ce nom. Sa réputation criminelle la précède en tout My’trä, et je suis étonnée que tu la qualifies d’amie. »


Et je suis étonnée qu’elle ne m’ait guère parlé de toi, se retint-elle évidemment de mentionner. Sa question en apparence hasardeuse en soulevait d’autres ; Kali la connaissait-elle déjà via des rumeurs rapportées par Zora ? Althéa ignorait à quand remontait leur dernière rencontre, et si elle précédait ses aventures avec la Suhur, mais elle ne pouvait parier sur la bénignité de sa question. Ainsi elle avait adopté une stratégie perfide en n’admettant pas ouvertement sa relation avec Zora sans pour autant démentir sa véracité. De surcroît, elle avait fait une croix insolente sur l’essentiel épithète ancienne afin de lui refiler en douce la patate chaude. A présent, seule la lueur hardie noyée dans l’ambre de ses iris avait l’honnêteté de répondre à la défiance discrète de la rousse, bien qu’elles se défièrent du regard une seconde de trop pour que cela passe inaperçu aux yeux de l’observateur attentif.

    « Certes, elle manquait de diplomatie, mais elle a été un des précurseurs de la guerre qui nous menace là où beaucoup se réfugiaient dans la couardise et le pacifisme. Par certains aspects, elle défendait mieux les intérêts de nos Architectes et de My’trä que ses plus fervents fidèles. »


La défense de sa partenaire de foi pouvait paraître osée, voire controversée, mais ce qu’elle avait avoué était bien pâle en comparaison du fond de ses pensées. Elle vouait à Zora plus d’admiration que ce que la raison lui dictait. Une fois venu le soir, elle se prenait à prier pour son retour, en vain. La solitude et l’abandon la prenaient invariablement au cœur et son âme s’érodait de cette absence.

S’il était difficile d’appréhender les émotions d’un Suhur, cela se vérifiait en cet instant ; un savant mélange de détresse et de rancœur mêlées à la souffrance de l’espoir déformaient l’océan d’ivresse pieuse et joyeuse comme autant de grains de sable corrupteurs d’un bonheur limpide. Un sourire en demi-teinte se colla sur son visage alors qu’elle réalisait combien elle avait un faible pour les rousses. A commencer par sa cordialité avec Aurore, son amitié sincère avec les sœurs Luka et Faye, et son alliance fusionnelle avec Zora, elle commençait à redouter les peines ou les joies extrêmes dans lesquelles Kali l’embarquerait.

Leynar Gale
Leynar Gale
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La conspiration pour seul réflexe EmptyDim 17 Nov - 19:12
Irys : 763678
Profession : Voyageur sympathique
My'trän +2 ~ Khurmag
L’attitude muette de la zagashienne n’avait pas échappé à Leynar, pour autant il n’en aurait fait aucun commentaire. Se mettre de potentiels alliés à dos serait le comble de l’idiotie, et la perspective de se retrouver seul à essayer de lutter contre les daënars n’avait rien de séduisante. En attendant la réponse de Kali, le khurmi tissa une illusion, le même masque qui ornait son visage en ce moment même. Alors que le masque physique et le masque illusoire se superposaient, il retira son masque afin de pouvoir boire un peu. Oui c’était un désavantage majeur, il était obligé d’enlever le masque pour boire ou manger, il devrait peut-être réfléchir à une solution pour éviter ça.

Et alors qu’il portait son verre à ses lèvres, écoutant la zagashienne, il manqua de s’étouffer à la mention d’un nom. Zora. Son verre lui échappa des mains, venant se cogner sur le sol des appartements de la suhur. Entourant son menton de sa main en disant simplement « oups » il braqua son regard en direction de la zagashienne puis de la suhur. Ce qu’elles avaient à dire sur Zora était intéressant, très intéressant même. Amie, précurseur, mais il y avait un terme qui manquait cruellement pour définir celle qui avait faillit le tuer.

-Vous oubliez de mentionner le fait qu’elle tuait tout ceux qu’elle jugeait indigne ou corrompu. Lâcha t-il d’un ton froid et cinglant. Tout comme l’arrogance, et la tendance à tuer tout ceux qui la contredisent. La statue de Süns d’Eoril se souvient encore de l’homme qu’elle a exécuté à ses pieds. Je suis persuadé que tout les malades qu’elle a tué sont réconforté de savoir qu’il s’agissait d’un précurseur, tout comme ceux qui portent des cicatrices.

La critique acerbe avait fusée comme un coup de fouet, pour une rare fois Leynar n’était pas dans la réflexion ou concoctant une réponse, il était dans l’action. Ce n’était ni raisonnable ni teinté de fourberie, c’était la stricte honnêteté et une volonté de rappeler à tout le monde de qui il était question, et de quoi elle était coupable. Le khurmi poussa un sifflement mêlé de frustration et de mépris, il était loin d’être irréprochable, mais ce dont Zora était coupable dépassait de loin tout ce qu’il avait pu faire au cours de sa vie. Une meurtrière impitoyable, voilà tout ce qu’elle était, il le savait, il avait lu ses pensées et ses souvenirs, il avait lui-même failli mourir face à ce monstre. Un événement dont il conservait un souvenir chargé de colère, de honte, et de peur. Cinq gardes n’avaient pas réussi à empêcher cette garce d’utiliser ses pouvoirs pour essayer de le tuer, cinq gardes qui avaient pourtant usé de toutes leur forces pour la rendre inconsciente, mais elle était resté debout à le faire agoniser. La simple pensée de ces secondes interminable le remplissait d’effroi, machinalement il passa une main distraite autour de sa gorge, comme pour vérifier qu’elle n’était pas comprimée.

Leynar déglutit avant de fermer les yeux, cela allait encore le hanter, la vue de la statue de Süns éclaboussé d’un peu de sang suffisait à le faire bouillir comme s’il était zolien. Si Khugatsaa restait le premier auquel il adressait ses pensées et ses prières, Süns était la seconde. Que ce soit pas peur ou par gratitude de ne pas avoir été entièrement dévoré par le feu de ses adeptes, l’architecte conservait une place spéciale aux côtés de Khugatsaa, comme cela devait être.

Prenant une profonde inspiration, Leynar calma ses nerfs, il ne devait pas laisser son esprit s’obscurcir avec des pensées parasites, pas avec ce qui était discuté ce soir.

-Pardonnez moi, je me suis emporté. Admit-il avait amertume, manifestement ça lui en coûtait d’admettre ses torts. Mais certains n’ont pas été aussi chanceux en croisant votre ancienne amie. La majorité ne doit plus être là pour en parler.

Il resta pensif pendant les prochains instants, tout occupé à verrouiller une nouvelle fois les souvenirs de sa rencontre avec Zora. Ce n’était pas un instant dont il souhaitait se souvenir.

Kali Tal'göss
Kali Tal'göss
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La conspiration pour seul réflexe EmptyJeu 28 Nov - 19:42
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My'trän +2 ~ Zagash

« Ancienne amie. » Elle insista sur le mot que Althéa avait oublié. « Nous nous sommes connues il y a longtemps. A l’époque c’était une jeune infirmière attentionnée et douce. Elle m’a évité de perdre un œil. » Une pointe d’amertume se glissa dans sa voix à l’évocation de ces souvenirs et son doigt glissa distraitement le long de sa cicatrice pendant qu’elle se perdait dans ses pensées. Puis elle redressa soudain la tête et poursuivit comme si elle ne s’était pas arrêté.
« Je l’ai recroisé récemment. J’avais entendu quelques histoires sur elle mais dans l’ensemble sa réputation n’avait pas vraiment atteint Zagash. Nous avons discuté mais... » Elle afficha un sourire de prédateur : « ça ne s’est pas très bien passé. »

Le semblant de plaidoirie qu’offrit Althéa à Zora fit froncer les sourcils de Kali. Ce n’était pas une réaction tout à fait banale chez quelqu’un qui disait ne pas connaître la personne concernée autrement que par ce que les gens en disaient. Certes elle devait reconnaître que l’argument n’était pas tout à fait faux mais les souvenirs qu’elle avait du discours de Zora rendaient un tout beaucoup moins cohérent qu’une simple volonté de repousser les daënastres. Et quels qu’aient été ses buts réels, elle n’avait de toute évidence pas su correctement faire passer son message. Il fallait croire que tuer des gens gratuitement n’aidaient pas à gagner leur confiance : une évidence qui avait semble-t-il échapper à la fervente fanatique de Möchlog.
Elle tourna la tête vers Leynar, surprise de l’entendre conter ses propres mésaventures avec la renégate suhure. Certes elle avait entendu les nombreuses histoires lors de ses passages à Suhury et Zolios, mais c’était autre chose de se les faire raconter par quelqu’un qui les avait vu de ses yeux. Elle nota le frottement de cou de l’illusionniste, un geste qui n’était que rarement associé à de bons souvenirs.
Ce qui était arrivé à la statue de Süns ne lui fit ni chaud ni froid, après tout elle avait tendance à voir les choses à travers le prisme de sa propre culture où la violence, même si elle menait rarement à la mort, n’était pas aussi mal vue qu’ailleurs. De plus elle appréciait au moins autant la morsure ardente d’un brasier que la douce chaleur du foyer. En revanche elle haussa les sourcils à la mention de ce qui arrivait à ceux qui avaient des cicatrices, ce qui ironiquement ne manqua pas de tendre sa peau et de rappeler la sienne à son existence. Avait-ce été la raison du comportement aussi froid de Zora à son égard ? Sans doute pas la seule en tout cas.

« Je ne savais pas exactement qu’elle avait de telles habitudes, mais ça explique des choses. Lors de notre rencontre elle s’est contenté de vouloir rejoindre Zagash, elle voulait parler au primo-gharyn Agaad pour exiger sa soumission. » Elle leva les yeux au ciel avec un sourire moqueur : « Je n’ose même pas imaginer ce qui se serait passé si je l’avais amenée devant lui. Il aurait bien été capable de me tuer aussi !
Elle se croyait destinée à régner sur My’trä, elle ne parlait que de ça c’était à peine sensée. J’ai bien essayé de lui faire comprendre le ridicule de son plan mais j’aurais eu plus de facilité à me convaincre moi-même. Je me souviens qu’elle disait qu’il n’y avait qu’une seule personne digne de ‘régner’ à ses côtés, j’avais un peu oublié son nom mais il m’est revenu en tête tout à l’heure. »


Elle planta ses yeux dans ceux d’Althéa. Ses yeux naturellement orangés étaient durs et semblaient abriter une froide flamme de rage tandis que celles de l’âtre dévoraient avidement les bûches comme si elles se nourrissaient de la tension dans l’air. Elle était tournée de trois quarts sur sa chaise, un bras passé par-dessus le dossier et son autre main agrippée au bord de la table. Tous ses muscles semblaient tendus et son regard ne cillait pas. Ceux qui la connaissaient y auraient reconnu l’attitude qu’elle avait quand il ne suffisait que d’un mot déplacé pour qu’elle vous saute à la gorge. Ses paroles suivantes étaient aussi dures, froides et tranchantes que l’acier d’une épée kharalienne.

« Alors je te le demande Althéa » Elle insista bien sur son nom, en découpant soigneusement les syllabes : « est-ce que c’est à toi que je dois m’en prendre pour l’avoir transformé en criminelle psychopathe et illuminée ? »

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
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La conspiration pour seul réflexe EmptyVen 17 Jan - 11:07
Irys : 507592
Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
Le cours de la conversation prit une tournure regrettable, et la guérisseuse se sentit de plus en plus acculée. L’ironie du sort la voulait plus démunie que jamais dans un lieu aussi sécurisant que ses propres appartements. L’idée fugace de mettre dehors ceux qui rejetaient sur elle les fautes de son alliée ne survécut qu’un court instant ; elle ne pouvait ni se permettre de les mettre à la porte ni se fourvoyer sur le caractère ponctuel de ces accusations gravissimes. Si son amitié avec la rouquine de l’altération venait à s’ébruiter, il lui faudrait une plaidoirie raisonnable et convaincante de son innocence, et retarder son élaboration la desservait. A vrai dire, elle savait les risques qu’elle avait pris en s’associant à une coupe-jarret de première classe, et elle avait réfléchi aux conséquences bien avant qu’elles ne les endurent à travers les paroles acides de Kali. Il ne restait, une fois n’est pas coutume, qu’à étaler la vérité légèrement réécrite de ce qui avait été son raisonnement deux ans auparavant.

    « Je me serais offensée que tu m’en juges capable si nous nous connaissions un tant soit peu. »


La Suhur ne cachait pas son trouble. Son corps s’était tant raidi sur sa chaise qu’elle frôlait la lévitation. En toute logique, sa phrase préliminaire lui permettait surtout de peser ses mots dans le confort d’un silence imposé, et de se donner la force de porter le poids des regards scrutateurs de sa tablée. Elle se refusait à ce qu’on puisse la voir comme une simple accusée forcée de se défendre, mais le fait était qu’une sorte de procès miniature avait lieu, et il était tout en sa défaveur. Elle espérait néanmoins montrer un semblant de dignité à cette minuscule audience qui l’observait attentivement. Comme ayant surgi de nulle part, une plume ivoire glissait à présent entre ses doigts délicats de guérisseur. Elle sembla puiser le calme qui lui faisait défaut dans ce simple gage de sa foi.

    « J’ai rencontré une Zora telle que vous la décrivez tous les deux. Sanguine, impitoyable et fanatique. Et pourtant, l’ironie veut qu’il y a de cela deux ans, elle ait fait exactement ce que nous nous apprêtons à faire : détruire une mine. J’avais tenté de venir en aide à des mineurs, Daënars y compris, suite à un éboulement accidentel, et elle s’était infiltrée dans notre équipe de secours pour faire tout le contraire. A l’époque, j’étais furieuse de ses agissements. Et puis, en parlant au dirigeant de la mine, je me suis rendu compte qu’elle était plus légitime que moi dans sa défense de My’trä. Le jour suivant, la mine reprenait son exploitation, et le Daënar à sa tête n’avait que faire de l’insécurité désastreuse de ses galeries. »


Althéa avait emprunté un ton grave qui ne lui ressemblait pas. Elle ne cherchait pas nécessairement à convaincre ou attiser les émotions des quatre My’träns, mais pour une fois elle avait déterminé que la vérité serait sa seule défense viable. Elle confiait pour la première fois son histoire, laquelle elle n’avait pas même raconté à ses frères, et son timbre laissait penser que cela lui coûtait de se dévoiler de cette manière.

    « Möchlog a voulu que je croise de nouveau son chemin. Je comprenais mieux ses doléances, et pire, j’ai commencé à voir en elle un potentiel que je n’avais pas. Celui de faire tout ce que My’trä requérait pour se débarrasser de la présence des Daënars. Vous pouvez me juger de lui avoir donné une chance, mais lorsqu’elle était avec moi, elle se montrait plus tempérée. Elle m’a aiguillée dans la recherche d’un remède pour les My’träns dépourvus de magie. Elle m’a laissé négocier avec le primo-gharyn de Reoni pour que nous tentions une approche diplomatique au retrait des Daënars. Lorsque celle-ci a échoué, sa violence déchaînée contre Daënastre a été plus utile que n’importe quelle action de ma part. Je n’étais pas dupe aux rumeurs qui la voulaient assoiffée de sang, mais lorsqu’elle était à mes côtés, nous maintenions un équilibre salutaire entre diplomatie et action. Et je refuse de croire que Möchlog lui aurait donné tant de pouvoirs s’il n’y avait pas eu un tant soit peu de légitimité à sa foi. »


La plume immaculée roulait entre ses doigts, effleurant d’un chatouillement bienvenu la paume de sa main. Ses reflets diaphanes rappelaient la blancheur de l’innocence, mais son cœur saignait comme l’écarlate d’une rose de ses pensées noires comme la nuit.

    « Je ne cautionne pas ses meurtres et ses crimes, mais j’admets sans mal qu’elle est la seule raison pour laquelle je me tiens devant vous aujourd’hui, prête à employer la force pour nous défaire de l’emprise daënar. Je ne vous demande pas de pardonner ses torts, mais plutôt de pardonner les miens. »

Leynar Gale
Leynar Gale
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La conspiration pour seul réflexe EmptyLun 20 Jan - 0:14
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My'trän +2 ~ Khurmag
Leynar écoutait avec attention, légèrement penché sur sa chaise, l’air apparent de fixer un mur plutôt que celle qui se défendait selon elle d’injustices accusations à son encontre. Cependant Althéa avait toute son attention, il restait tranquille et calme, à l’opposé de son irritation passée. S’épancher ne servait à rien, pire, ça montrait une vulnérabilité dont le khurmi n’avait pas besoin. Alors il s’était calmé, s’aidant d’une illusion savamment construite pour cacher sa colère, même à lui-même. Il ne faisait que rendre ses pensées plus claires, moins désordonnées et teintées d’une rancoeur dont la guérisseuse n’était même pas la cible. Se mettre à dos d’éventuels alliés serait stupide, tant qu’ils étaient un tant soi peu digne de confiance en tout cas. Dans le cas contraire il fallait les utiliser autant que possible, et ne pas être trop regardant sur une éventuelle traîtrise. Même si trahir était une chose que Leynar répugnait, il fallait toujours rester prudent, et tant que cela avait une utilité il ne rechignerait pas, ou en tout cas pas trop. La loyauté était une chose valorisante, très valorisante, mais se laisser aveugler était un handicap.

Terminant d’écouter la longue d’Althéa, le khurmi retint de nombreuses informations. De ce qu’elle disait, ce qui n’était en aucun cas ni fiable ni la vérité, elle avait exercée une influence salvatrice sur la psychopathe aux cheveux flamboyants. Ce que Leynar aurait voulu savoir en revanche, c’était quelle influence ladite psychopathe avait bien pu exercer sur la guérisseuse. Les apparences étaient souvent trompeuse, il le savait bien, alors qu’était-elle sinon un loup déguisé en agneau ? Pour avoir vu de quoi avait été capable la rousse vindicative, il préférait partir du principe qu’il n’arriverait qu’une mauvaise surprise. Alors pourquoi restait-il toujours dans l’appartement alors qu’il pourrait très bien partir sans demander son reste ? Eh bien parce que la menace de Daënastre planait toujours, une ombre trop insistante et trop présente à My’trä au goût de Leynar, et il compatissait réellement au sort réservé aux mineurs, ceux qui seraient privé de leur lien avec les Architectes.

Ce qu’avait dit la guérisseuse pouvait très bien être un mensonge pour ce qui était de Leynar, ou la vérité, mais le fait était que s’il s’agissait bel et bien de la vérité, elle s’était livrée à tout ceux présent dans la pièce. Se livrer à de parfaits inconnus qui pouvaient très bien la planter là, décidant qu’elle était « indigne », quelle drôle d’idée. Mais Leynar n’était pas mieux, oh ça non, a bien des égards il ne valait pas mieux qu’elle et tout les crimes qu’elle avait hypothétiquement commis. Il trichait, volait, détruisait, ou encore empoisonnait quand cela servait ses intérêts, mais pour une rare fois ses intérêts et des intérêts plus grand que lui coïncidait en tout point, désignant la même direction, le même but : détruire la présence daënare. Cela n’impliquait pas forcément une présence physique, tout ce qui se rapportait à Daënastre en vérité. Même si pour lui les daënars n’étaient que de pauvres orientaux qui s’appropriaient ce qui ne leur revenait pas de droit, il ne les détestait pas, pas fondamentalement en tout cas. Il fallait cependant adresser un message, ce message devait être clair, limpide, et implacable. Les mots possédaient une portée qui ne parvenaient plus à l’arrogance orientales, alors les actes le feraient, et Leynar savait déjà quoi faire pour faire passer un message aux indigents.

Depuis la fin du discours de la guérisseuse il n’avait pas prononcé un seul mot, presque indifférent à  sa demande. Il n’était personne pour pardonner, qu’on lui demande même de pardonner un crime l’amusait au plus haut point, il en avait même lâché un gloussement moqueur qui lui avait attiré des regards contrarié. Comme début de réponse, il retira ses gants, laissant apparentes ses mains marquées profondément par les flammes.

-Je n’ai rien à vous pardonner, si elle vous a donné la motivation suffisante pour prendre des initiatives vous-mêmes c’est qu’elle aura eu une utilité dans sa vie, même s’il aurait été plus salutaire pour elle qu’elle ne soit pas aussi dédiée à la destruction des daënars qu’à la destruction de ceux qui font parti des siens. Et tant que vous ne vous dédiez pas à cette même stupidité il n’y aura pas de problème entre nous. Mais dans le cas contraire je crains que nous notre collaboration connaîtra des revers infortunés.


Il hésita un moment, incertain de ce qu’il comptait faire. Il pesa lentement le pour et le contre dans son esprit avant d’enfin se décider. Il laissa tomber les illusions, les faux-semblants et les masques. Il révéla son visage naturel à ses comparses, un air féroce imprimé sur son visage ravagé par le feu.

-Votre passé est insignifiant, ce qui compte c’est ce que nous pouvons faire à présent, et ce que nous ferons dans le futur. Qu’elle vous ait inspiré n’est pas mon problème, tant que je peux vous faire confiance. Parce que nous sommes là pour ça, n'est-ce pas ? Parce que quelque chose doit être fait, et que l'inaction n'a que trop duré. Le temps nous dira si cette confiance est bien placée, mais pour le moment nous n'avons que ça. Nous nous écharperons plus tard, lorsqu'au moins une de ces maudites mine sera rayée de la surface de la carte, pour l'instant nous avons beaucoup de travail, et nous en aurons encore plus à l'avenir si nous réussissons.

Et en vérité il faisait bien peu confiance à la guérisseuse, même s’il le cachait bien. Il avait prononcé ces mots avec une pensée discrète, mais néanmoins insidieuse et belle est bien présente. Il ne lui faisait pas confiance, il verrait ce qui se passerait lorsqu’ils prendraient des mesures conséquentes si elle en est digne ou non, tout comme les autres présents dans cette pièce. La confiance ça se mérite, ça ne s’acquiert pas avec des paroles, et pour inspirer la confiance, il fallait en être digne. C’est pour cela qu’il resterait loyal à ses comparses, pour l’instant du moins. Les défis à venir retireraient les plus lâches, dont le sort serait à définir s’ils devenaient dangereux. S’ils étaient un danger au but qui avait été fixé, leur sort serait rapidement réglé, Leynar s’en assurerait.

Kali Tal'göss
Kali Tal'göss
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La conspiration pour seul réflexe EmptySam 25 Jan - 19:26
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Profession : Mercenaire/Maître d'arme
My'trän +2 ~ Zagash
Quand Althéa avait commencé à parler, Kali avait retourné sa chaise pour s’y installer, les bras croisés sur le dossier et le menton dans le creux de ceux-ci. Plus elle écoutait Althéa plus elle se retrouvait à devoir contenir sa frustration : elle avait espéré obtenir enfin une réponse à l’énigme que constituait, à ses yeux, la transformation de Zora mais si Althéa disait la vérité la brune n’y était pour rien. Au contraire même, peut-être. Bon, elle n’avait aucun moyen de s’assurer qu’elle lui disait la vérité mais elle n’avait aucune raison non plus de ne pas la croire. Elle n’agissait en rien comme l’avait fait Zora lorsque la zagashienne l’avait croisé, encore moins comme on la présentait dans les rumeurs, ça voulait sûrement dire quelque chose ?

Quand Leynar enleva son masque, elle réussit à avoir la politesse de ne pas laisser échapper un son, quand bien même ses yeux étaient suffisamment éloquents. Elle avait déjà des grands brûlés, plus d’une fois même son clan combattait les zoliens après tout. Peu toutefois avaient été aussi touchés que le khurmi. Le plus étonnant était qu’il n’avait jamais réussit à obtenir d’un guérisseur de soigner, au moins résorber ses cicatrices. Ou peut-être était-ce le mieux qu’ils avaient pu faire ? Si c’était le cas, cela laissait songeur quand à l’état dans lequel avait été mis le visage de l’illusionniste. Elle comprenait mieux la présence du masque, supporter les regards des gens tous les jours ne devait pas être de tout repos.

Il lui fallut quelques secondes pour arrêter de fixer les cicatrices, alors même que Leynar s’était arrêté de parler. Quand elle s’en rendit compte Kali détourna brusquement les yeux, qui revinrent presque naturellement se poser sur Althéa de l’autre côté de la table. Elle avait envie de la presser de questions, d’essayer de comprendre. Mais remuer le couteau dans la plaie pour satisfaire sa curiosité égoïste ne lui semblait pas la meilleure chose à faire. Elle soupira, appuya ses deux mains sur le bord de la table et se leva d’un coup, si vif qu’elle emporta à moitié la chaise. Attrapant le dossier de celle-ci d’une main elle la fit tourner pour la mettre à nouveau dans le bon sens et du même geste fluide se laissa tomber dedans.
Le tout n’avait pris que quelques secondes mais elle semblait plus détendue, comme si cela lui avait permis d’évacuer sa frustration. Quand elle parla, elle avait une voix presque trop légère et enjouée pour les circonstances :

« D’accord, Leynar a raison. C’est ma faute si le sujet est venu sur la table, je m’en excuse. » Elle leva les mains devant elle dans un geste conciliant : « On s’en fout de Zora après tout, tant qu’on est tous d’accord sur ce qui est bien pour My’trä et ce qui est mal. Et je pense qu’on est tous d’accord, non ? »

Elle parcourut des yeux les personnes attablées et hocha la tête, satisfaite. Puis elle s’étira de tout son long sur sa chaise, couvrant du dos de sa main un long bâillement félin. Quand elle rouvrit les yeux une étincelle s’y était glissé et le coin de ses lèvres se relevait en un sourire taquin.

« Bon, on a eu une longue journée, on a bien discuté, on a décidé des tas de trucs et je ne crois plus avoir la force pour les discussions trop sérieuses alors, puisqu’on est partis pour faire beaucoup de choses ensembles, je propose qu’on fasse un peu plus connaissances autour d’un petit jeu. J’en ai deux qui me viennent en tête. Le premier : on pose chacun son tour une question à quelqu’un d’autre et celui-ci a le choix entre y répondre -honnêtement bien sûr, sinon c’est pas drôle- ou recevoir un gage. Le deuxième : on distribue les cartes » elle sortit un jeu de sa besace tout en parlant : « et on en choisit une dans notre main. A trois, tout le monde abat sa carte et celui qui a la plus faible valeur doit révéler quelque chose le concernant : pas besoin que ça soit extravagant, secret ou quoi, mais le plus drôle le mieux ! »

Elle les regarda tour à tour tout en commençant à battre les cartes, attendant de voir s’ils se prêtaient au jeu, s’ils allaient l’envoyer paître ou s’ils avaient autre chose à proposer.

Althéa Ley Ka'Ori
Althéa Ley Ka'Ori
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La conspiration pour seul réflexe EmptyVen 6 Mar - 0:09
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Profession : Guérisseuse du Troisième Cercle
My'trän +3 ~ Suhury (femme)
La jeune guérisseuse acquiesça aux paroles de Leynar, ses yeux comme happés par les cicatrices de son visage. Ses instincts de guérisseur ayant pris les dessus, elle n’écoutait plus que d’une oreille distraite sa tirade, qui de toute façon semblait momentanément l’innocenter. A l’inverse, elle ne ménageait pas ses efforts pour faire le diagnostic élaboré de ses blessures, par déformation professionnelle autant que par curiosité maladive – les deux relevaient vraisemblablement du domaine médical. Il n’y avait pas de doute sur leur nature, à savoir des brûlures, mais le mystère restait entier sur le détail de l’incident. De quand dataient ces marques et avaient-elles été soignées par l’aile de Möchlog ? Si ça avait été le cas, elle n’osait pas imaginer à quoi ressemblait originellement son visage. Il avait gravement souffert de son exposition aux flammes, et c’était là un austère euphémisme que d’avancer une telle évidence.

Si elle n’était pas parvenue à dissimuler son intérêt, elle s’évertua néanmoins à cacher sa pitié. Elle doutait qu’il ne l’apprécie à sa juste valeur. A son plus grand soulagement, Kali lui offrit une échappatoire presque providentielle. La jolie rousse attira l’attention de la petite assemblée en bondissant hors de sa chaise, la remettant en place avec des gestes vifs, et ponctuant la manœuvre en s’avachissant derechef sur son siège. Quelle fougue, songea Althéa à part elle-même. Elle avait été témoin de cette même impulsivité embellie de vivacité chez d’autres, mais elle doutait de sa capacité à dompter la sienne avec autant de facilité. Même Zora avait été pourvue de ce zeste de naïveté nécessaire à la rendre plus malléable, or Kali paraissait plus frontale et dure à cuire. Quant à Leynar, elle ne parvenait tout simplement pas à le cerner.

Ainsi, si le pétillement de ses yeux laissait deviner son amusement, son absence de sourire lui octroyait un air grave et pensif. Althéa ignorait encore si ses explications les avaient convaincus. Mais à son plus grand étonnement, ni l’un ni l’autre ne la pressa de questions. Elle ne sut déterminer s’ils les réservaient pour plus tard ou s’ils passaient réellement à autre chose. Quoi qu’il en soit, elle ne se fit pas prier pout clore le sujet. Inclinant légèrement la tête en signe de gratitude, elle reprit la parole pour abonder dans le sens de la Zagashienne :

    « Je le suis. »


Peut-être me suis-je emballée en employant l’expression "abonder dans son sens", mais il fallait prendre en compte le peu d’éloquence d’Althéa lorsqu’il s’agissait d’accorder ses violons avec autrui. Elle était traditionnellement plus douée pour discourir sur les points de mésentente. De surcroît inhabituée aux divertissements et à la frivolité qui les accompagne inlassablement, elle se rembrunit davantage à la mention de jeux de vérité et de cartes. N’en avait-elle pas suffisamment révélé pour la soirée ?

Toutefois, elle ne pouvait se permettre d’écarter sans plus de considération une distraction de cet acabit, ni même les sourires plus apaisés dont se paraient dorénavant ses invités. Qu’avait-elle à y perdre ? Beaucoup de ses secrets. Mais aucun sujet ne serait plus compromettant que celui de sa fidèle alliée d’antan, Zora. C’est le regard sombre qu’elle ravala son soupir et suggéra qu’ils initient par le premier jeu mentionné. Quelque part, elle espérait que les questions qu’on lui poserait seraient éloignés des sujets qu’elle ne voulait pas aborder. Si les anecdotes devaient venir d’elle-même, elle était sûre de mentionner des choses qui lui tenaient trop à cœur, et qu’elle préférait taire.

    « On peut jouer au jeu d’cartes juste après ! »


Si la guérisseuse avait pu maudire quelqu’un du regard, elle l’aurait fait sur-le-champ. Pour cette fois-ci, elle se contenta d’hocher la tête et d’entrelacer ses doigts devant elle comme pour fermer quelque chose, le circuit de son intimité peut-être. Elle souriait à présent, et il y avait une sorte de sincérité dans son calme recouvré. Malgré les vœux de Kali d’en finir avec les discussions sérieuses, il y avait fort à parier qu’elles seraient plus tenaces que prévu.

    « J’ouvrirai les hostilités, ironisa-t-elle d’une voix doucereuse. Leynar, serait-ce indiscret de te demander d’où proviennent ces blessures ? »


D’un geste vague de la main, elle avait désigné son propre visage, avant de la replacer docilement sur la table, les coudes apposés sur son arête. Il était difficile de savoir si ses intentions étaient mauvaises, mais sa curiosité pour sa part était tout sauf feinte. Elle se lisait dans l’intensité de son regard, et la tension dans son dos.

Leynar Gale
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La conspiration pour seul réflexe EmptyDim 15 Mar - 0:12
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Le masque reprit sa place légitime, cachant de nouveau le visage de Leynar au reste du monde. Les regards avaient changé, évidemment, ils n’imaginaient sans doute pas à quel point ce souvenir était une leçon brutale pour le khurmi, une leçon qu’il se remémorait toujours. Il ne jugea pas trop sévèrement la réaction de la plupart d’entre eux, mais ce qu’il voyait dans les yeux de certains ne lui plaisait pas, une curiosité bien trop prononcée pour être découragée, un intérêt qui ne faiblissait pas.  Derrière son masque c’était le dédain qui régnait, s’ils étaient si curieux de savoir comment c’était arrivé, ils pouvaient toujours faire baigner leur visage dans un brasero, ça aurait le mérite de leur faire comprendre qu’il ne faut pas trop insister. Il retint piques et remarques acerbes, les réservant pour plus tard, pour une occasion légitime. Il fallait tout de même tempérer la sensibilité de ses possibles alliés.

De même, Leynar accueillit les idées de la zagashienne avec une légère prudence. Les propositions étaient peut-être honnêtes, voire naïves, mais le khurmi voyait déjà venir les éventuelles dérives d’un tel « jeu », c’était tout simplement un moyen grossièrement camouflé pour soutirer des informations croustillantes. Dans le pire des cas en tout cas. Il fallait espérer que les questions posées ne soient pas trop intrusive, dans le cas contraire ça ne ferait que le conforter dans son manque de confiance.

Et ses craintes s’affirmèrent bien vite, le poison venait non pas de la zagashienne, mais de la suivante de Möchlog. Le khurmi laissa planer le silence pendant quelques instants, braquant des yeux polaires sur celle qui avait posé la question. Il réfléchissait, se demandait s’il allait répondre ou tout simplement décliner la question tapotant la table du bout de ses doigts. Il avait complètement oublié de remettre ses gants, et en regardant momentanément les cicatrices présentes sur ses mains, il se décida à répondre, contenant l’élan de frustration qui le secouait.

-Ça l’est. Mais ça ne t’as pas empêché de poser la question n’est-ce pas ? Laisse moi répondre à ta question par une autre question : qu’est-ce qui se passe quand on joue trop avec le feu ? Il laissa s’échapper un léger gloussement en regardant l’adepte de Möchlog.

-Ce n’est pas une réponse valable. Protesta l’un des deux autres my'trans présent à la table.

-En effet. En effet. C’était il y a quatorze ans, à Reoni. J’ai agacé un adepte de Süns passablement énervé et qui avait un peu trop goûté aux plaisirs de la ville. Il m’a incendié. Ceux qui m’ont soigné ont fait tout ce qu’ils ont pu, une maigre consolation quand j’ai vu mon visage dans un miroir pour la première fois. Vous savez ce qu’est le pire ? Même après tout ce temps je ne supporte pas la proximité des flammes, le moindre craquement dans une cheminée me fait sursauter. J’en ai fait des cauchemars pendant très, très longtemps, et parfois ils reviennent me hanter. Mais je vous remercie de vous intéresser à ce sujet, qui est l’un de mes favoris. Voyez-vous j’adore parler de la manière dont je me suis senti brûler et mourir. Il tourna son regard vers Kali, se désintéressant d’Althéa. C’est à mon tour. Je me demande, quel est le duel le plus étrange que tu ais livré ?  

Il posait la question autant par curiosité que pour changer de sujet le plus rapidement possible, sentant toujours la frustration et la colère gronder, sans pour autant céder à leurs impulsions. Il voyait cette question comme une attaque, une confrontation, et ne fallait jamais montrer sa faiblesse lors d’une confrontation.

Kali Tal'göss
Kali Tal'göss
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La conspiration pour seul réflexe EmptyJeu 2 Avr - 21:56
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My'trän +2 ~ Zagash
Kali claqua des mains avec une exclamation de joie quand Althéa accepta pour tous sa proposition. Elle eut un petite moue désolé envers Leynar de l’avoir entraînée là-dedans quand la guérisseuse lui posa sa question et elle toussota légèrement quand la réponse, cinglante, manqua tuer le peu d’ambiance qui s’installait mais elle se ressaisit bien vite quand il lui demanda quel était le duel le plus étrange qu’elle ait pu livrer. Un large sourire illumina son visage tendit qu’elle se redressait et bombait le torse, prête à se livrer son activité préférée après livrer des combats : les raconter. Enfin il aurait été plus exacte de dire qu’il s’agissait plutôt de partager un autre type de corps-à-corps plus intime avec une – ou plusieurs – personnes qui constituaient sa deuxième activité préférée, voir la première, mais dans son esprit elle ne faisait pas de distinction très claire entre les deux.

« Il va me falloir un peu de temps pour réfléchir… il y a bien la fois où mon adversaire m’a fait parier que je l’épouserais s’il gagnait, mais si on excepte ce pari le combat était finalement assez ‘normal’ » elle mima les guillemets de ses doigts « Enfin c’était probablement l’un de mes combats les plus tendus et intenses et j’ai gagné parce que j’ai presque triché mais à part ça rien ne sortait de l’habitude. Non je suis sûre que j’ai fait un combat plus bizarre… voyons... »

Elle bascula sa chaise en arrière, étendit ses jambes et posa ses pieds sur le coin de la table. Elle se tortilla quelques secondes pour les débarrasser de ses bottes puis glissa dans sa chaise pour s’allonger un peu plus. Elle se laissa aller en arrière, presque au point de se renverser complètement, avec un soupir d’aise. Ses cheveux dégringolaient du dossier de sa chaise tels une cascade rousse et venaient presque toucher le plancher tandis que ses doigts croisés sur son ventre nu, le dessin de ses abdominaux révélé par la tunique que ses contorsions avaient largement remontée, pianotaient au rythme de ses pensées.
Et d’un coup son visage s’illumina et elle bondit de sa chaise, se réceptionnant accroupie sur la pointe des pieds au milieu de la table et de tout le monde. Elle adressa un clin d’œil d’excuse un brin provocateur à Althéa, alors que la distance entre elle venait de chuter brusquement, pour le bazar qu’elle risquait de mettre. Puis elle se redressa et parcourut du regard les autres en tournant sur elle-même, avant de commencer son récit d’une voix claire et forte :

« L’un des duels les plus étranges de ma vie eut lieu il y a quatre ans, alors que je voyageais dans l’est de Zagash. Je ne me rappelle plus ce qui m’y a amené ni les circonstances qui m’ont poussé à provoquer en duel un chasseur d’une tribu nomade locale. En tout cas le combat devait avoir lieu le lendemain au premier rayons du soleil.
Lorsque je m’y suis présenté, mon adversaire était assis de l’autre côté du cercle de combat que les anciens de la tribu avaient tracé et au milieu m’attendait un khyanalt imposant, enroulé sur lui-même. On m’a expliqué que mon adversaire était un adepte d’Orshin et qu’il combattait toujours via l’intermédiaire de son familier. J’ai accepté et pris place dans l’arène. Comme je n’étais pas trop à mon aise à affronter en duel un animal, j’ai décidé d’attendre de voir son comportement et suis resté sur la défensive lors que l’arbitre à annoncé le début du combat.
Mais le khyanalt ne bougea pas, ne semblant même pas s’intéresser à moi. J’ai attendu, un certain temps. J’ai commencé à comprendre que c’était bizarre en voyant que les spectateurs, qui devaient pourtant avoir l’habitude de le voir combattre, s’interrogeaient aussi.
Alors prudemment je me suis approchée et j’ai tâté du bout des doigts l’animal. Celui-ci a relevé la tête, m’a regardé sans animosité et a baillé. Comme il ne faisait rien de plus, je me suis assise à côté de lui et j’ai commencé à lui gratter le crâne. Il a semblé aimer et est venu s’allonger sur mes jambes pour avoir plus de caresses. Pour votre gouverne, ça pèse son poids cette bestiole mais je n’ai rien connu de plus doux et chaud que la fourrure de khyanalt. Au bout d’un quart d’heure à lui faire des papouilles, l’arbitre a déclaré que mon adversaire refusait le combat et que je gagnait par forfait. »
Elle haussa théâtralement les épaules. « Ce n’est qu’après qu’on a pu comprendre que cet idiot s’était endormie au moment où il se projetait dans son familier. Et le meilleur, ou le pire, en tout cas le plus drôle, c’était qu’il était épuisé parce qu’il avait passé la moitié de la nuit à occuper l’esprit d’un oiseau nocturne pour venir se rincer l’œil dans ma tente ! »

Elle éclata de rire à la fin de son récit, avant de descendre de la table d’un bout, se glissant dans sa chaise pour reprendre sa posture avachie comme si elle ne l’avait pas quitté. Elle se passa le doigt sur les lèvres en réfléchissant à sa question. Puis un petit sourire malicieux naquit sur son visage et elle fixa Althéa de ses yeux rieurs :

« Et toi, Althéa, qui est la dernière personne à avoir eu la chance de te voir dans toute ton intimité ? »

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