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Chroniques d'Irydaë
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 Quand le passé partage un verre

Garrett Catesby
Garrett Catesby
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Quand le passé partage un verre - Page 2 EmptyJeu 1 Avr - 22:57
Irys : 739858
Profession : Ex-Inspecteur
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Le baiser qu’il reçut sur la joue le réchauffa des pieds à la tête, durant quelques instants c’était comme s’il n’était plus recouvert de neige, comme s’il était bien au chaud dans une chambre d’hôtel à Alexandria. Les flashbacks du passé disparurent cependant bien vite, aussi que la journaliste fila sans lui laisser l’opportunité de protester. Même si elle avait l’audace de lui demander de ne pas la suivre, il ne comptait pas l’écouter. Moins d’une minute s’écoula avant que l’ancien inspecteur ne s’élance après la journaliste.  

Une simple minute, à l’échelle d’une vie cela n’était rien, une vulgaire poussière au milieu du désert. Cette minute aurait même pu se réduire à quelques secondes si l’homme n’avait pas rencontré d’imprévus en chemin. L’inattendu se matérialisa sous la forme d’une batte qui l’attendait bien sagement à l’angle d’une ruelle. L’esprit trop occupé, il n’avait rien eu le temps de voir, le coup fut porté à l’abdomen et lui coupa net la respiration. Genou au sol, l’air hagard, l’ancien inspecteur peina à retrouver sa respiration.

« Mais qui voilà, le sauveur de donzelles. »

Le type qui déboula de la ruelle était assez grand, la mine dure, sa batte sur l’épaule. Le bougre avait tout de l’homme de main de type mouchoir, celui qu’on utilise qu’une fois et qu’y fini sa misérable existence dans une poubelle.  

L’arme toujours au flanc, Garrett ne broncha pas, son regard noir croisa celui du butor qui se tenait à une certaine distance.  

« Tu crois que tu m’fais peur avec ton regard d’molosse ? T’es qui d’abord hein ? Rien ni personne, tu cours après une mort en sursis, j’t’ai vu la regarder, cette petite lueur dans ton regard quand tu croises le siens, mais elle va s’éteindre... D’abord ta lueur, ensuite la sienne. »

L’homme s’avança d’un pas, puis d’un second. La batte glissa de son épaule pour prendre un dernier envol. Toujours à genou, la main droite de l’ancien inspecteur se glissa sous le pan gauche de son manteau. Le coup de feu troubla le silence de la ruelle, le projectile traversa de part en part la tête de son agresseur, le corps sans vie s’écroula lourdement sur le sol dans un bruit de gargouillement sinistre. Garrett se redressa péniblement, à chaque inspiration une vive douleur traversait sa poitrine. Qu’importe la douleur qu’il pouvait ressentir, rester sur place n’était pas concevable, il devait retrouver la journaliste. Lui avait la chance d’avoir une arme, ce qui lui permettait de régler bon nombre des problèmes se dressant sur son chemin. Arme à la main, un pas après l’autre Garrett s’enfonça dans la rue principale pour rejoindre à son tour le chemin de fer.

Le chemin était recouvert d’une épaisse couche de neige, discerner quoique ce soit sous l’épais manteau blanc n’était pas facile, mais il y était parvenu. L’ancien inspecteur avec même retrouver la piste de la journaliste. Cependant il n’y avait pas que les empreintes de pas de la jeune femme, il y avait une deuxième série de traces, et cela ne lui inspira aucunement confiance. Enfermant la douleur dans un coin de son esprit, il augmenta l’allure, et bientôt le bâtiment en vieilles briques se profila à une centaine de mètres devant lui.  

C’est là qu’il entendit une énième détonation. Alors qu’il se tenait à une cinquantaine de mètres, la silhouette d’un homme se faufila en dehors de la bâtisse et fila sans demander son reste. Le type ne ressemblait aucunement au milicien qui avait accompagné Lauren jusqu’à présent, faisant confiance à son instinct, l’ancien inspecteur leva son arme et tira deux fois en direction du fuyard. La première balle manqua sa cible, mais la seconde toucha la jambe et l’homme s’écroula, il se redressa presque aussitôt et boita jusqu’à la prochaine rue. Garrett n’avait pas le temps de lui courir après, il se précipita à l’intérieur de la vieille gare, dégageant le vieux battant de porte d’un coup d’épaule.  

Des piles de vieilles caisses en bois étaient disposées un peu partout dans la pièce, Lauren était là, étendue, dans son propre sang. Garrett eut l’impression que son cœur avait raté quelques battements. L’ancien inspecteur se laissa tomber près d’elle, tentant de la redresser.

« Non… non… Aller Lauren… Ouvre les yeux… S’il te plait, ouvre les yeux… »

Durant toute sa vie Garrett avait appris à encaisser les coups, coffrer la douleur dans un coin de son esprit et continuer d’avancer. Il était victime d’une tout autre souffrance, qui même si elle était des plus grandes, ne laissait aucune trace.  

« Tu ne peux pas me faire ça… Tu peux pas me laisser là, comme ça… Tu n’as pas l’droit… »

Elle respirait encore, lentement et très faiblement. Le battant de la porte s’ouvrit une nouvelle fois, Garrett pointa son arme sur la silhouette qui se tenait debout dans l’encadrement, elle aussi armée.

« Garrett ?! J’ai entendu des tirs j’suis venu aussi vite que j’ai… Lauren ! »

Le milicien accourut à son tour se jetant presque à côté de Garrett. L’air tout aussi choqué que l’inspecteur, il toucha du bout des doigts le manteau déjà couvert du sang.  

« Je… J’ai déjà vu des blessures par balle… Je peux peut-être arrêter l’hémorragie, mais il faudra un vrai médec… »

« Il faut la stabiliser. »  

« Dé… dégrafe son manteau, il faut voir l’état de la plaie, savoir si la balle est ressortie. »

Garrett s’exécuta silencieusement, écartant le pan du manteau et relevant légèrement la chemise de la brunette pour la plaie soit bien visible. Adrien se pencha pour mieux observer, mais ne touche pas directement la blessure.  

« Bon… Ça ne semble pas trop mal, la balle a traversé de part en part, pas d’organe vital sur le chemin… Il faut qu’on applique un point de pression de chaque côté pour limiter la perte de sang… Prends ma ceinture. »

Avec un couteau qu’il sortit dont ne sait où, Adrien découpa des bouts de son propre manteau pour en faire des bandes de tissu suffisamment large pour servir de pansement de fortune. Pendant que l’un redressait légèrement la journaliste, l’autre installait deux compresses à chaque orifice, et enfin la ceinture pour maintenir le tout serrer. L’ancien inspecteur avait déjà pu voir des types se débrouillait avec moins que ça pour s’occuper d’une plaie, et s’il avait été à la place de la journaliste jamais il n’aurait se serait inquiété. Après vérification, la brune respirait toujours faiblement, mais au moins elle ne se vidait plus de son sang.

« Tu connais mieux la ville que moi, il y a bien un endroit où on peut l’emmener ? »

« Il y a un poste de secours, à quelques rues, ça n’a rien d’un hôpital, mais ils ont sûrement plus de matériel que nous pour ce genre de chose. »

Le milicien hocha la tête.  

« Bien, je passe devant, je te laisse prendre soin de Lauren... »

Lauren Hill
Lauren Hill
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Quand le passé partage un verre - Page 2 EmptySam 3 Avr - 10:08
Irys : 1011003
Profession : Journaliste / Reporter / Romancière
Pérégrins +2

Je me trouvais dans une sorte de brouillard, même si je ne discernais, en réalité, strictement rien. Tout était noir autour de moi. Il n'y avait rien, pas même une petite forte qui m'aurait permis de me localiser… Seulement cette sensation humide et poisseuse qui m'évoquait ce fameux brouillard invisible et pourtant si… froid… Je n'appréciais point toutes ces sensations dérangeantes et inconfortables, elles me perturbaient d'autant plus que je n'étais plus capable de savoir où je le trouvais… Ni même quand…

"Lauren, ce n'est pas juste…"

Gale ?

Je me retournais sur moi-même pour apercevoir une forme vaporeuse qui, pourtant, me paraissait extrêmement claire… Ma soeur se trouvait là, ma jumelle… ma moitié… Mais ce n'était qu'une enfant portant une robe en mousseline bleue et au regard plein de larmes...

Qu'est-ce qui n'est pas juste ? lui demandais-je de ma voix d'adulte.

"C'est toujours toi qui a les meilleures notes … "

Quoi ? Pourquoi me parlait-elle de cela ? Avait-on déjà eu cette conversation durant notre enfance ?

Je travaille dur pour ça, Gale, ne soit pas sotte...

Ma voix me surprit cette fois. Ce n'était plus la mienne mais bien celle d'une enfant. Et puis, très vite, je ne trouvais plus rien d'étrange. Nous nous trouvions dans notre ancienne chambre, celle que nous partagions à l'époque où notre mère trouvait amusant de nous vêtir avec des vêtements identiques mais de couleurs différentes.

"Le professeur Ross te préfère, c'est facile à deviner... "

Il ne me préfère absolument. À la rigueur il préfère mes rédactions aux tiennes, mais je ne vois pas pourquoi tu en serais jalouse. C'est stupide...

"Maman dit que je manque cruellement d'imagination… Pourtant, nous sommes jumelles… Ne sommes-nous donc pas identiques en tous points. "

Nous nous ressemblons, c'est évident… Mais seulement physiquement. Ce serait trop triste si nous étions, comme tu le dis, "identiques en tous points". Tu es Gale, je suis Lauren et c'est très bien comme ça...

Clarissa, Marie, Juliette, Suzanne, Henriette, Karen, Sophia, Elisabeth, Erika, Erin… Tous ces prénoms m'apparurent brusquement. Malgré mon esprit d'enfant, je les reconnaissais aisément. Comme ils me paraissaient stupides… Je les détestais, tous sans exception… Ils m'ont tous, à leur manière, privé de mon identité. Celle que j'ai mis tant de temps à développer, à affirmer… Qui étais-je devenue, finalement ?

Ce ne sont que des noms, Lauren. N'y a t'il pas un dramaturge, que tu adores, qui a dit dans l'une de ses pièces : "Qu'y a t'il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose, par n'importe quel autre nom, sentirait aussi bon." Qu'est-ce qu'un nom ?Tu pourrais tout aussi bien te nommer Yolande que tu resterais toi-même…

Ceci, j'en fus certaine, jamais nous ne l'avions évoqué Gale et moi… D'ailleurs, nous n'étions plus des enfants, mais des adolescentes conversant autour d'une tasse de thé fumante. Nos vêtements différaient totalement. Gale, dans sa féminité naissante, portait une tenue tout en frou-frous et dentelles tandis que la mienne restait simple et confortable.

Sauf si on me prive de tout ce qui fait de moi… moi.

Qu'importe. Tu seras toujours Lauren Hill, même si l'on t'appelle autrement.

Tu te trompes… Perdre son nom cela revient à perdre une partie de soi… C'est un début du moins. Un début qui te mènera inexorablement vers la fin… La fin de tout… Mais ça, tu ne peux pas le comprendre, Gale. Tu n'es pas moi… Toi, tu es une femme du monde, modelée selon ses coutumes… C'est ce que tu as toujours voulu après tout.

Mon regard se perdit brusquement dans le fond de ma tasse… Puis lorsque je relevais les yeux vers la soeur, le temps semblait avoir repris sa course folle. Nous avions alors dix-neuf ans. Gale était devenue une femme du monde, superbe à tout point de vue. A cette époque, Arthur commençait à peine à la courtiser après le bal des débutantes auquel je n'avais point participé en prétextant une quelconque maladie aux symptômes fort peu ragoutants.

Lauren ! Regarde ma nouvelle robe. C'est madame Harmon qui l'a spécialement confectionnée pour moi. N'est-elle pas ravissante ?

Elle te va à ravir.

Penses-tu qu'Arthur l'aimera ?

Je pense qu'Arthur ne la remarquera absolument pas. Ce sont tes yeux qu'il admire. Ton regard et tout ce qu'il exprime. Pas ce bout de tissu.

Tu crois ?

Non, petite sœur, j'en suis persuadée. Ce jeune homme t'aime pour ce que tu exprimes, ce que tu es et non pour ce que tu portes. Tu pourrais bien apparaître devant lui vêtu d'une toile de jute qu'il te trouverait ravissante.

Elle rougit brusquement, comme à chaque fois que je lui faisais le moindre compliment . Il était si aisé de faire rosir ses joues délicates plus particulièrement depuis qu'elle était amoureuse. Je m'amusais beaucoup de ses réactions, d'autant plus qu'il m'était bien difficile de les comprendre.

Tu travailles trop.

Ah?

Tu bois beaucoup trop aussi.

Nous avons entre vingt-cinq et trente ans. Gale était une jeune épouse épanouie tandis que je débutais à peine dans mon métier. Déjà, en ce temps-là, les vérités que je découvrais m'empêchaient de dormir… L'alcool était la solution… Du moins, c'est ce que je croyais… Le whisky avait remplacé le thé dans ma main…

Voyez-vous cela...

Je ne te reconnais plus, Lauren ! Où est donc passée ma chère sœur ?

Le sourire que je lui offris alors n'était pas le mien… Point de sarcasme ou d'amusement dans ce rictus froid et carnassier… Et puis…

"Elle est morte, probablement… C'est probablement la meilleure chose qui ait pu lui arriver, si tu veux mon avis. Je ne peux pas te dire cela, n'est-ce pas, Gale….Comment pourrais-tu comprendre. Tu voulais la perfection, tu l'as atteinte… Tant mieux pour toi. Moi, je voulais seulement connaître la vérité… Cette vérité maligne qui m'a si longtemps rongée comme un cancer… Elle peut bien me tuer, maintenant. Je n'en ai que faire. Je me suis perdue moi-même, quelque part… Loin de toi, de nos parents et de ce monde que j'ai si longtemps rejeté. Je ne regrette rien...Rien du tout."

Je n'avais pas prononcé ces mots… Mais je les pensais tous… Je posais mon verre sur la table et puis il disparu tout comme la pièce. Tout redevint noir …

Lauren, cela suffit maintenant ! Ouvre les yeux bon sang !

Papa ?

Tu me déçois, ce n'est certainement pas ainsi que je t'ai élevé !

Qu'est-ce que tu racontes ?Je suis seulement fatiguée… Ça suffit...

Tu n'écouteras donc jamais…

Je t'entends râler, mais je ne vois pas ce que je devrais écouter....

C'est stupide…

Écoute !

Écouter quoi… Je ferme les yeux pour mieux me concentrer sur ce qui m'entoure… C'est ainsi que je le remarque, ce grand vide… Je parle à des fantômes… Je suis dans le noir… Suis-je seule ?

Non… non… Allez Lauren… Ouvre les yeux… S’il te plait, ouvre les yeux…

Garrett ?Mais… mes yeux sont ouverts… Non… Si ? Je ne sais plus, tout est si noir par ici...

Tu ne peux pas me faire ça… Tu peux pas me laisser là, comme ça… Tu n’as pas l’droit…

Mais qu'est-ce que tu racontes ? Je ne comprends rien… C'est bien toi Garrett ?

Arrête, idiote… Garrett Catesby, le Charognard… Jamais il ne prendrait une intonation aussi suppliante. Tu le vois implorer quelqu'un, toi? Avec des yeux larmoyant, ce serait encore plus pathétique...Ne sois pas stupide… Tu deviens folle, ma pauvre Lauren.

J'ai froid...

Non c'est faux…

J'ai mal...

Tu mens…

La ferme !

Toi, la ferme ! Pour qui te prends-tu?

Je suis Lauren Hill.

C'est impossible, puisqu'elle est morte. On vient juste de la tuer, bon débarras.

Je ne suis pas morte puisque je te parle...

Donc, tu n'es pas Lauren Hill, puisqu'elle est morte.

Et toi alors, qui es-tu ?

Je suis Clarissa… Ou peut-être Elisabeth… À moins que ce ne soit Sophia ou Eléonore… Je ne sais plus.

D'accord… Je dois être folle.

Si tu es folle tu n'es donc pas Lauren…

Mais tu vas te la fermer à la fin !.

Et toi… Vas-tu les ouvrir ?

Ouvrir quoi ?

Tes yeux… Bon sang, ce que tu peux être sotte. Elle est belle la journaliste, là… Regarde-moi ça… Pfff.

Je suis journaliste, maintenant ? Je croyais que je ne pouvais pas être Lauren Hill… Il faudrait savoir !

Tu es journaliste, tu l'as toujours été… Une vraie fouille merde d'ailleurs… Tu t'es fichue dans un sacré pétrin… Et le pire… C'est que tu ne sais même pas comment. Lauren Hill n'était point aussi bête. Elle réfléchissait, elle… Tu ne peux donc pas être Lauren Hill…

*****

-La...Ferme... bredouillais-je tout en étant certaine de hurler à plein poumons…

Cette fois, il ne faisait plus nuit… Une vive lumière vint me brûler les rétines me poussant à refermer les paupières… Quelque chose, dans mon ventre, me faisait atrocement souffrir… De la douleur… J'étais donc bel et bien en vie… Seulement, il m'était impossible de m'en réjouir, bien au contraire …

-Et merde...

Je grimaçais tout en tournant les yeux vers un homme portant une blouse blanche poisseuse tachée de sang… Le mien ? Qu'importe. Je compris, à la mine qu'il affichait en me dévisageant, que je l'avais vexé… Tant pis… Être encore en vie signifiait seulement que je devais encore fuir, sauf que cette fois , j'étais blessée… Je n'en avais clairement pas la force…

-Je...Je suis… Fatiguée... marmonais-je.

-Ne vous en faites pas. Votre blessure est superficielle, quelques jours de repos et cela ne sera plus qu'un souvenir quelque peu désagréable. Néanmoins, vous souffrez de malnutrition, ce qui risque de ralentir votre guérison. Il va donc vous falloir manger convenablement…

Je voulais rire… Me moquer de cet homme qui ne comprenait rien. Comment pourrais-je manger dans ma situation ? J'étais perdue de toute façon, fichue… Alors à quoi bon, hein ?

-Je vous la laisse… Quelque chose me dit que ce ne sera pas une malade agréable. Bon courage à vous, monsieur. En tous cas, vous avez su agir vite. Vous lui avez sauvé la vie. Félicitations… Et bon courage…

À qui pouvait-il bien parler ? Quel "monsieur" ? Je tournais finalement la tête pour le voir … Lui …

-Garrett ? dis-je, surprise, avant de sentir la colère et les regrets s'emparer de mes paroles.Pourquoi es-tu là ? Je t'ai demandé de ne pas me suivre ! Et bon sang, pourquoi m'as-tu emmené ici ? N'as-tu pas compris qu'il serait plus simple de me laisser mourir et en finir avec cette histoire?! Merde… C'était pourtant facile de rentrer chez toi, non ? Fais chier, Garrett… Pourquoi ne peux-tu pas simplement écouter ce que je te dis ?

Nous revoilà revenu au point de départ. J'étais en vie mais trop blessée et usée pour espérer fuir. En sommes, une proie facile … Tout comme lui s'il restait là.

- C'est trop difficile pour toi de comprendre que je ne veux pas que tu te retrouves mêlé à cette histoire ? Je ne veux pas que tu sois le prochain à mourir à cause de moi… Tu aurais dû me laisser dans cette fichue gare. Tout serait réglé et tout le monde pourrait vivre sa vie sans risques. Mais non… Tu n'en fais qu'à ta tête ! Pourquoi tu as fait ça, bordel ?

Garrett Catesby
Garrett Catesby
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Quand le passé partage un verre - Page 2 EmptyDim 11 Avr - 18:28
Irys : 739858
Profession : Ex-Inspecteur
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Garrett était resté immobile durant toute l’opération, à quelques mètres de la salle médicale. L’ancien inspecteur avait les mains encore couvertes du sang de la brune, quelque chose au fond de lui avait changé. Plus qu’une cicatrice c’était un véritable gouffre qui lui avait déchiré les entrailles. Adrien attendait lui aussi, faisant les cent pas comme une bête en cage.

« Je n’aurais pas dû la laisser seule… J’aurais dû rester avec elle. »

L’ancien inspecteur restait silencieux. Il attendait le moment où le milicien finirait par poser son regard sur lui pour l’accuser à son tour du malheur. Cet instant semblait sur le point d’arriver lorsque l’homme se planta devant lui.

« Pourquoi tu n’étais pas avec elle, pourquoi ? »

« J’ai été retardé. »

« C’est tout ? »

« Ouais, désolé j’ai pas eu le temps de passer à la pointeuse, j’me suis défendu, et j’ai rejoint Lauren aussi vite que possible. »

« Bordel… Jamais je n’aurais dû la laisser avec toi, tu fréquentes les mauvaises personnes, encore un coup comme ça et elle y pass... »

D’un bond Garrett se redressa, il saisit Adrien par le col et le plaqua contre le mur du couloir. Le vacarme attitra l’attention d’une infirmière qui passa la tête.

« Écoute-moi bien espèce de fouille-merde, je connaissais Lauren bien avant que tu ne doutes ne serait-ce que de son existence. Tu es qui toi ici ? Personne. Tu connaissais les activités de Barnabé ? Tu savais qu’avant de tenir un putain de bar il gérait du trafic d’armes ? Tu sais que plus d’un de ses concurrents de l’époque à fini à l’usine de glaçon pour l’apéro. Jamais je ne ferai de mal à Lauren et je tuerai quiconque lui en fera, jamais je ne l’aurai conduit dans un coin aussi pourri de la ville si j’avais dû la protéger. Tu portes ton manteau comme une armure, tu crois que tu impression qui avec ça ? Tu crois que les gars du coin n’ont jamais troué de milicien ? Tu crois que tu m’impressionnes avec ta gueule enfarinée ?! »

Sentant le coup partir, un infirmier s’interposa entre les deux hommes avant que ceux-ci ne se battent en plein milieu du couloir.

« Messieurs… Messieurs arrêtez ! »

Garrett se recula et relâcha Adrien avant de lui refaire le portrait.

« J’vais prendre l’air. »

Lança le milicien en tournant les talons, l’ancien inspecteur le suivit du regard jusqu’à ce qu’il quitte le bâtiment.

***

Dès qu’on l’informa que l’opération s’était bien passée, Garrett profita d’un lavabo pour se laver les mains et se passer un peu d’eau froide sur le visage. L’homme s’installa dans une chaise installée près du lit de la jeune femme. Un toubib se présenta pour une dernière osculation, il eut tout juste le temps d’expliquer ce qu’il avait fait que la brune ouvrit les yeux. À peine réveillée, elle l’attaquait déjà sur ce qu’il avait fait ou non.

« Parce que je t’aime et que je tiens à toi. »

Il aurait pu continuer en ajoutant qu’il était sans doute plus compétent que son ami le milicien du dimanche, mais il ne dit rien à ce sujet. Lauren n’avait pas besoin d’entendre parler de leur rixe dès le réveil. Malgré tout cela, une question brûlait les lèvres de l’ancien inspecteur, qui ? La blessure était équivoque, elle faisait face au tireur lorsqu’il avait ouvert le feu, elle l’avait vu, mais était-ce le bon moment pour la questionner à ce sujet. Garrett préféra refouler cette question dans un coin de son esprit.

« C’est bien connu que je ne suis pas genre à écouter les jolies filles, je préfère suivre mon instinct. Même si ça m’arrache la gueule de le dire, Adrien y est pour beaucoup, si tu es ici, c’est parce qu’il a su quoi faire au bon moment. Moi je me suis contenté de te porter jusqu’ici, le toubib aussi n’est pas mauvais. »

L’ancien inspecteur ne parla pas du soi-disant fait qu’il risquait de mourir à cause d’elle. Garrett savait pertinemment qu’il n’avait besoin de personne pour se mettre dans la merde. Il avait eu des ennuis avec la hiérarchie et failli se prendre une balle bien avant de connaître la journaliste. Il avait simplement fourré son nez dans la mauvaise affaire au mauvais moment.

« Gaspille pas tes forces à m’faire la leçon, tu as besoin de repos, ici c’est tranquille alors profite un peu pour te reposer. »

Lauren Hill
Lauren Hill
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Quand le passé partage un verre - Page 2 EmptyLun 12 Avr - 14:06
Irys : 1011003
Profession : Journaliste / Reporter / Romancière
Pérégrins +2
« Parce que je t’aime et que je tiens à toi. »

-Hein ? articulais-je péniblement sous la surprise et le choc éprouvés après la "déclaration" de Garrett.

Était-ce bien Garrett, d'ailleurs ? Peut-être étais-je en train d'imaginer tout cela. Je n'ai jamais reçu d'anesthésiant avant cette fois-là après tout, je pourrais très bien être en proie à une ou plusieurs hallucinations… Garrett Casteby pouvait-il dire ce genre de chose ? Cela ne lui ressemblait pas le moins du monde… Mais pourtant, ne m'avait-il pas avoué s'être lancé à ma recherche ? Ne m'avait-il pas demandé (ou plutôt imploré) de ne point le laisser ? Quoique, puisque cette supplique avait été perçue durant mon inconscience, je pouvais tout aussi bien mettre cela sur le compte de mon imagination toujours trop fertile. Mais quoiqu'il en soit, cette déclaration, véridique ou non, me perturba grandement au point même de venir mettre un coup de pied au postérieur de mon palpitant qui semblait faire des bonds dans ma poitrine.

Craignant alors que toutes mes émotions se lisent sur mon visage, je veillais brusquement à détourner le regard en priant tous les gros bonnets créateurs de ne pas me faire rougir … "Épargnez-moi la honte de passer pour une midinette avec ce fichu rose aux joues. J'ai, depuis bien longtemps, passé l'âge". Alors, comme pour vérifier s'il s'agissait ou non du fruit de mon imagination, je me saisis, du bout des doigts, de la peau de mon bras afin de me pincer… Aïe.

-Incroyable, bredouillais-je. Garrett Catesby vient de me dire qu'il m'aime… Si l'on m'avait dit qu'une telle chose était possible… Non, j'aurais probablement  été totalement incapable de le croire… Comme maintenant, d'ailleurs...  

Bon sang, tout cela me semblait si surprenant et, en même temps, cela lui ressemblait bien. Il n'y avait que lui qui aurait été capable de  balancer une bombe pareille tout en affichant une mine aussi impassible que s'il parlait de la pluie et du beau temps. Évidemment que je fus surprise par cette déclaration, autant pour son fond que pour sa forme, toute Castesbiesque. J'avais su, il y avait fort longtemps de cela, que Garrett appréciait plus ou moins nos entrevues, mais je n'aurais jamais pu imaginer cela. Certainement pas venant d'un homme comme lui aussi fermé et bourru qu'un ours se préparant à l'hibernation.

J'hésitais, un instant, à lui répondre en avouant mes propres sentiments… Mais je trouvais cela bien trop gênant… Néanmoins, l'ancien inspecteur m'épargna cette révélation en poursuivant ses explications… Explications plus ou moins chargées d'ironie d'ailleurs, le genre auxquelles j'étais habituée avec cet homme-là.

-Adrien ? m'écriais-je en me redressant un peu trop brusquement… Ce qui, évidemment, eu le mérite de m'arracher une grimace de douleur me rappelant, un peu trop tard, que je venais de prendre une balle dans l'abdomen. Bon sang, ça fait un mal de chien, cette saloperie, grognais-je avant de replacer mon attention sur l'ancien inspecteur. Tu dis qu'Adrien était là… Mais comment est-ce possible ? Combien de temps s'est écoulé entre ça, je désignais le bandage qui recouvrait tout mon tronc, ton arrivée et la sienne ? Lequel est arrivé en premier d'ailleurs ?

Comment pouvais-je me reposer après tout cela ? Je ne me sentais en sécurité nulle part, cet endroit ne faisait pas exception.

-Peux-tu me passer cette chemise, s'il te plaît ? lui demandais-je en désignant mon propre vêtement poisseux reposant sur un porte-manteau derrière lui. Ce bandage a le mérite de préserver au minimum mon intimité, mais il fait plutôt frisquet..

"Frisquet" le mot était faible tellement il gelait dans cette pièce trop étroite à mon goût. Celle-ci se trouvait être totalement dépourvue de fenêtre ce que je trouvais à la fois rassurant et angoissant au possible. Peut-être nous trouvions-nous dans un sous-sol, ce qui expliquerait cette sensation de froid humide et la présence de moisissures en bas des murs. Encore une fois, je me sentais prise au piège comme un lapin blessé dans le piège d'un braconnier et ce n'était pas la présence de Garrett qui allait me préserver de cette sensation désagréable, même si elle l'apaisait un peu. Au moins assez pour m'épargner une crise de claustrophobie.

- Où se trouve Adrien à présent ?

- Je suis-là, répondit l'intéressé en entrant dans la pièce. Comment tu te sens ?

- Vivante, pour ce que j'en sais.

- Tant mieux. Peux-tu m'expliquer ce qui t'est passé par la tête pour te mettre aussi bêtement en danger, hein ? C'est à cause de lui ? lança-t-il en désignant Garrett d'un simple mouvement de tête.

- J'ai voulu tenter le tout pour le tout. Je te l'ai dit, une dizaine de fois au moins : j'en ai marre de cette histoire… Et je te prierais de laisser Garrett en dehors de ça. Ce n'est pas sa faute… Je sature, c'est tout.

- Celui qui a tiré, tu l'as vu ?

- La luminosité jouant contre moi, non, je n'ai rien vu mis à part sa silhouette… Mais comme celui-ci portait un manteau pour se protéger du froid, tout comme nous… Ce que j'ai vu ne servira strictement à rien… En revanche, sa voix m'a paru familière, mais je ne me la remémore pas, pour l'instant .

- Fait chier… Tout ça pour rien alors ?

- Ne compte pas sur moi pour m'en excuser, m'offusquais-je en croisant les bras.

Le milicien, comme à chaque fois qu'il se voyait contrarié, se mit à faire les cent pas dans la chambre. Néanmoins, au vue de l'étroitesse de celle-ci, son manège ne tarda pas à m'agacer.

- Va donc faire ça dehors, tu me files le mal de mer.

- Tu permets, je réfléchis...

- Et bien, va donc réfléchir dehors ! Tu es insupportable et tu m'empêche de réfléchir ! grognais-je avant de grimacer de nouveau en essayant bêtement de me saisir de mon oreiller pour le lui jeter à la figure.

- Attends… J'ai entendu deux autres coups de feu avant d'arriver et de vous trouver tous les deux, déclara-t-il en se plaçant entre Garrett et moi et de nous regarder chacun notre tour. C'est toi qui a tiré, n'est-ce pas, Catesby ? L'as-tu touché ?

Garrett Catesby
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Quand le passé partage un verre - Page 2 EmptyLun 19 Avr - 15:28
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Garrett ne broncha pas, il avait cette certaine capacité à pouvoir parler de certaines choses sans y craindre. Après tout, que craignait-il à avouer cela ici et maintenant ? Qu’importe ce qui pouvait lui arriver à partir de maintenant, au moins il n’aurait aucun regret. L’ancien inspecteur avait beau essayer de ne pas y penser, une foule d’images lui revenait en tête. Son esprit semblait prendre plaisir à lui remémorer toutes les fois où Lauren avait failli y laisser sa peau. Il n’avait jamais vraiment questionné la brune sur son passé, comme son travail se déroulait avant qu’elle ne le rencontre. Garrett se rassurait en se disant que la journaliste n’avait pas eu besoin de son concours pour mettre son nez dans des affaires louches, mais avec lui… Tout était tout de suite plus mortel. Qu’on tente de s’en prendre directement à lui, il en avait l’habitude, être un bon flic c’était comme se promener avec une cible dans le dos sur un champ de tir.

Il avait beau avoir mis son passé d’inspecteur de côté, celui-ci ne semblait pas vouloir le lâcher pour autant. Quelques jours plutôt il se contentait d’écouler sa peine avec un liquide ambré, et en quelques heures sa vie avait de nouveau été chamboulée. Le plus surprenant était qu’il avait besoin de cela, il avait besoin de se sentir en danger pour vivre. Garrett plongea son regard sur la brunette, il ne comptait pas abandonner tant que celle-ci n’était pas en sécurité, il comptait bien trouver l’enfoiré à l’origine tout de ceci pour le rayer de la carte.

« Tu devrais y aller doucement petite furie. Les blessures par balle ça n’a rien d’agréable, et ça l’est encore moins quand elle se réouvre. »

L’homme se racla la gorge.

« Je suis arrivé en premier, lui tout juste deux minutes plus tard. J’imagine qu’il était dans le coin. »

Dans le coin… L’ancien inspecteur retourna l’idée dans son esprit plusieurs dizaines de fois. Même s’il n’appréciait pas vraiment le milicien, il était obligé de reconnaître que sans son aide, Lauren ne serait sans doute plus là. Devait-il lui vouer une confiance aveugle juste pour ça ? Sûrement pas. Comme à chaque fois qu’il pensait à lui, le foutu milicien apparu dans le cadre de la porte de la chambre. Une fois encore, le fumier présenta Garrett comme un élément perturbateur, l’envie de lui casser le nez lui traversa l’esprit, mais il se ravisa, se doutant que ça ne plaiderait pas en sa faveur.

À la question du milicien, l’ancien inspecteur releva la tête.

« Ouais. Le premier coup de feu c’était pour un souci dans une ruelle, le type est raide. Le second c’est quand j’ai vu une silhouette s’enfuir de la gare, je l’ai touché à la jambe. Mais en tout il y a eu trois coups de feu. Les deux miens, et celui qui a atteint Lauren. »

Difficile de dire quels coups de feu le milicien avait entendus, les deux de Garrett, juste un seul et celui de Lauren. Dans tous les cas il se trouvait suffisamment prêt pour entendre. Le coin était tellement peu civilisé que l’on n’était pas près d’y croiser un milicien. Personne ne viendrait s’inquiétait d’entendre quelques détonations, encore moins de trouver un type étendu et froid dans un coin de rue, drôle de ville.

« Je n’ai croisé personne en arrivant… Le fumier a dû se faufiler dans un coin, ou alors il se terre... »

« Il a du plomb dans la jambe, ça, c’est une certitude. Il n’y a pas grand monde dans le coin capable de soigner une blessure pas balle, ici c’est un des rares endroits légaux. »

Il devait bien y avoir un ou deux vétérinaires à la retraite capable de retirer une balle et de recoudre une plaie, mais… Garrett n’en connaissait aucun. Une fois encore il allait devoir composer avec l’inconnu.

« Lauren, qui peut t’en vouloir à ce point ? Te chasser sur… Cette distance et tout ce temps, c’est forcément quelqu’un qui a les moyens et à qui un de tes bouts de papier a dû causer pas mal de tort. De mémoire je n’en connais pas beaucoup. »

D'ailleurs, il pensait à une seule et unique personne.

Lauren Hill
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Quand le passé partage un verre - Page 2 EmptyJeu 22 Avr - 13:41
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Toutes révélations sentimentales laissées de côté (pour l'instant), l'ancien inspecteur et moi nous concentrâmes sur ce qui semblait être plus important : la situation périlleuse dans laquelle nous nous trouvions. J'appris alors que ce fut Garrett qui me trouva inerte dans cette gare, mais aussi que ce dernier fut bien rapidement rejoint par Adrien… Et même s'il fallait bien avouer que son intervention permit de me sauver la vie, je ne pus m'empêcher de la trouver étrange… Étrangement suspecte d'ailleurs. Néanmoins, comme s'il suffisait de prononcer son prénom pour le voir apparaître, le milicien ne tarda pas à poindre le bout de son nez sitôt invoqué. S'en suivit une série de questions purement agaçantes auxquelles je n'avais, évidemment, pas la moindre réponse exploitable pour l'évolution de cette enquête des plus interminables.

Je laissais donc les deux miliciens discuter entre eux des derniers événements, me contentant de suivre leurs paroles tout en réfléchissant dans mon coin. Premièrement, j'avais, pour ma part, entendu bien plus que trois coups de feu. Le premier ayant retenti juste après le départ colérique d'Adrien. Le second avait failli m'atteindre au moment où je pénétrais dans la gare, deux autres dans la bâtisse en elle-même tandis que je me cachais, le cinquième fut celui qui vint me trouer le ventre… Sans compter ceux que je n'avais pas entendu. Garrett avait donc tiré par deux fois… Une fois dans une ruelle où il disait avoir eu un contretemps laissant penser qu'il y avait donc  au moins un complice à l'assassin et l'autre étant destiné à celui qui m'avait tiré dessus et qui devait être blessé à son tour … Ajoutez à cela la présence d'Adrien qui n'avait pas la moindre idée de l'endroit où je devais me rendre et vous comprendrez mieux mon désarroi et la raison pour laquelle j'observais "mon ami" avec un regard inquisiteur.

Malgré tout, je ne pus observer le milicien bien longtemps car Garrett me posa une nouvelle question. Celle-ci, bien que logique et totalement légitime, n'eut en réponse qu'un long soupir las.

-En réalité, ils peuvent être nombreux à vouloir me faire la peau. J'ai pratiqué ce métier suffisamment longtemps pour cela et toujours avec application… Néanmoins, je n'ai jamais signé aucun article de mon vrai nom. J'ai toujours utilisé un nom d'emprunt justement pour me protéger un minimum… Mais visiblement, ce n'est guère efficace...

Comme je le lui avais expliqué plus tôt dans la soirée, je me suis longtemps interrogée sur la personne ayant le désir et les moyens de se lancer dans pareille traque sans pour autant trouver son identité.

-Si tu fais référence à la veuve noire, je l'ai depuis longtemps écartée. Si elle avait voulu me tuer, elle aurait pu le faire sans le moindre souci. Contrairement aux autres, cette femme me connait, c'est même elle qui était venue me trouver pour enquêter sur son mari… Avant de l'assassiner en brûlant les preuves. Mais elle a quitté Daënastre juste après et je n'ai plus eu de ses nouvelles. Alors certes, Dolores a les moyens de financer ce genre d'assassinat, mais elle est assez prétentieuse et ambitieuse pour soit me tuer elle-même, soit pour simplement passer à autre chose avec un nouvel amant richissime en attendant de me rencontrer face à face. Ce n'est pas elle...

Mais alors, qui ? Voilà la question qui me hantait depuis plus de deux ans sans jamais trouver la moindre réponse. Tous ces meurtres pour une seule personne, cela me semblait étrange…

-Depuis mes débuts dans ce métier, j'ai eu l'occasion de travailler sur des tas d'enquêtes… Et je ne me souviens pas de toutes. Du moins, pas de mémoire… Il me faudrait avoir accès à mes archives et celles-ci se trouvent chez mes parents… Je ne peux pas y aller sans leur faire prendre de risques...

Si l'assassin me suivait effectivement partout depuis tout ce temps, il était hors de question que je le conduise chez mes parents.

-En tout cas… Cet homme connait mon prénom… Il l'a prononcé avant de tirer… Ça et d'autres paroles suggérant qu'il s'adonnait à une sorte de jeu macabre auquel il aurait perdu tout amusement… Mais j'y pense… S'il est effectivement blessé, peut-être a-t-il laissé une piste sanguinolente derrière lui qu'il serait aisé de suivre, non ?

Ma dernière question poussa mon regard toujours aussi inquisiteur à se poser sur les jambes de mon complice, puis sur ses manches cherchant à apercevoir la moindre petite tache de sang… Logiquement, ne devrait-il pas avoir quelques traces de mon propre sang ? Alors pourquoi me paraissait-il si… immaculé ? Même Garrett était recouvert de taches brunâtres mêlées à de la poussière et d'humidité laissée par la neige ou par l'eau qu'il avait utilisé pour se débarbouiller grossièrement… Rien d'étonnant à cela puisqu'il avait dû me porter ou simplement toucher ma plaie.

-Dis donc, Adrien, il y a une chose ou deux que je trouve sacrément étranges...

-Quoi donc ?

-Et bien… Premièrement tu t'es éclipsé par quatre fois ce soir. La première nous a conduit dans un taudis en plein cœur d'un quartier peu recommandable sans la moindre protection. La deuxième juste après être entré dans ce fameux taudis avant que tu ne disparaisse de nouveau juste avant le premier coup de feu qui, j'en suis certaine, venait d'un endroit situé à l'opposé de la gare… Ensuite, tu réapparais, comme une fleur, juste après que je me sois fait tirée dessus… Tu interviens en me charcutant un petit peu, tu me sauves la vie… Puis à mon réveil, tu n'es pas là. Enfin, tu apparais de nouveau, frais comme un gardon, avec des vêtements qui ne t'appartiennent pas… Puis-je donc savoir où tu t'amuses à disparaître ?

-Attends… tu es en train de me suspecter là ?! Tu plaisantes j'espère ! Je te protège depuis plus de deux ans maintenant, tout ce que je fais c'est de t'aider à rester en vie. Quant à ces vêtements, je les ai attrapés sur un fil à linge, dehors… Je rêve...

-Je ne suis pas très douée pour effectuer des tâches ménagères, il est vrai. Mais je ne connais personne qui s'amuse à étendre son linge en pleine nuit dans une région aussi glaciale… Et surtout, je ne connais aucun tissu capable de résister au gel sans se briser… Or, ce pantalon est intact. Tu es donc en train de me mentir… Aussi, si tu me mens sur un sujet aussi grossier que le linge, je suis donc en droit de me demander sur quoi d'autre es-tu capable de me tromper… De plus, tu n'as pas répondu à mes questions. Où étais-tu ? Qu'as-tu fais ?

-Je… Je...

-Tu… Bafouilles, Adrien… Aurais-tu perdu la mémoire ou serais-tu à court de mensonges ? Oh, mais il est vrai que, deux ans, c'est très long. Peut-être en as-tu assez de parcourir tout Daënastre, à vivre dans des endroits miteux, à manger juste assez pour survivre et, tout ça, pour rien…

-Ce que tu dis, est totalement stupide ! Jamais tu n'as douté de moi jusqu'à aujourd'hui ! Je t'ai sauvé la vie ce soir, Lauren… Tout ça c'est de sa faute à lui...

De nouveau, son regard haineux se posa sur l'ancien inspecteur, ce qui, forcément, m'arracha un nouveau sourire.

-Tu as tenté de brouiller les pistes surtout. C'est Garrett qui m'a conduit jusqu'ici pendant que toi, tu faisais autre chose… Mais c'est vrai que c'est pratique de savoir soigner les blessures par balle, n'est-ce pas ? Comment va ton ami ? Tu as dû le retrouver facilement, ça saigne bien les plaies à la jambe… Ça laisse des traces...

Je le vis se tendre brusquement en même temps que ses poings se serraient. A dire vrai, tout ce que je faisais ce n'était que formuler à voix haute que quelques suppositions… Mais ces suppositions avaient de quoi se changer en affirmation en voyant les réactions physiologiques de mon comparse… Son regard en disait long sur sa haine… Point de gêne dû à une éventuelle erreur de jugement dans ses yeux, seulement une immense colère mêlée à quelque chose d'autre… Il se trouvait au pied du mur, à n'en pas douter.

- C'est grotesque, pourquoi ferais-je une telle chose ?

-Des raisons, il y en a des tas. L'argent, évidemment, ou simplement le fait de pouvoir retrouver ta vie et ta liberté. En revanche, je me demande surtout depuis combien de temps tu fais ça…  

- Ça suffit ! Je ne te laisserais pas remettre ma bonne foi en question. J'ai choisi de t'aider dans cette enquête, j'ai choisi de te protéger pour que tu parviennes à la résoudre… J'ai tout fait pour t'aider, tout !

-Je ne vois pas ce que tu as fait pour m'aider aujourd'hui… Et je me demande ce qu'était ce fameux contretemps qui a retardé Garrett… C'est fou ce que j'ai comme raison de douter de toi aujourd'hui… Qu'en penses-tu, Catesby ?


Dernière édition par Lauren Hill le Ven 23 Avr - 8:05, édité 1 fois

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Quand le passé partage un verre - Page 2 EmptyJeu 22 Avr - 20:03
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Garrett bien qu’il resta assis durant tout l’interrogatoire de la brunette, n’avait pas lâché le milicien du coin de l’œil. D’ailleurs, sa main sous le pan de sa veste tenait son revolver braqué dans la direction d’Adrien. L’ancien inspecteur aurait préféré ne pas faire feu ici, mais si le milicien se montrait ne serait-ce que légèrement agressif, alors il n’aurait plus jamais l’occasion de s’expliquer. Plus les minutes s’écoulèrent, plus l’hésitation du milicien commençait à échauffer sérieusement l’esprit de l’ancien inspecteur. Depuis qu’il avait croisé son regard, Garrett n’avait pas été capable de faire confiance au milicien, il fallait se montrer réaliste, même avec le bras long il était impossible de traquer quelqu’un sur tout le territoire sans jamais perdre la piste. Ce n’était pas simple de traquer quelqu’un, en particulier lorsqu’il y avait des changements d’identités et de territoire. Lorsque Lauren avait disparu, même lui avec ses contacts dans la police et la Siffleuse n’était pas parvenu à retrouver la journaliste… et là un trou du cul sans nom y était parvenu sans difficulté ? Cette histoire puait l’indic à plein nez. Garrett hocha finalement la tête.

« C’est facile de douter, bien plus facile que de faire confiance, encore plus quand on manque d’explication. »

Adrien trépigna sur place.

« Voyons je n’ai rien fait… Lauren… Bordel on se connaît depuis combien de temps ? Combien de fois je t’ai aidé à t’en sortir ? Tout ça pour quoi ? Pour te trahir, ça ne fait aucun sens ! »

Il était évident qu’il manquait certaines pièces du puzzle, même Garrett trouvait ces zones d’ombres dérangeantes. En théorie, lorsque Adrien était arrivé à la gare, une balle lui aurait suffi pour mettre un terme à cette histoire. Il aurait aisément pu tuer Garrett, et le laisser là se vider de son sang à côté de la journaliste. Si il était bien dans le coup, alors pourquoi n’avait-il rien fait ? Lauren avait peut-être raison, peut-être qu’il se contentait de brouiller les pistes en adoptant un comportement innocent.

« Je vais te donner une chance de t’expliquer, juste une seule. Réfléchis bien à ce que tu répondras, si la réponse ne convient pas, ça finira mal, pour toi. »

L’ancien inspecteur se redressa, l’arme toujours en main sous son manteau.

« Qui ? »

Un simple nom, celui de l’ignoble connard à l’origine de tout cela, une simple cible à éliminer pour être définitivement tranquille. Même si Garrett n’était plus inspecteur, même s’il n’était en réalité plus personne, il pouvait encore aider. Ce n’était pas à lui de rendre justice, il n’en avait plus le droit, mais la situation était telle qu’il n’avait personne vers qui se tourner. Il n’y avait qu’une seule façon de régler cette histoire une fois pour toutes, l’élimination d’un joueur.

Lauren Hill
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Quand le passé partage un verre - Page 2 EmptyVen 23 Avr - 9:01
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Jusqu'à ce jour étrange, je n'avais jamais eu la moindre raison de douter d'Adrien. Lui aussi se sentait concerné par cette enquête après tout, Thérésa étant sa cousine, mais aussi la première victime du traqueur… Tout comme moi, il voulait comprendre les raisons qui poussaient cet individu à tuer ainsi. Alors pourquoi me trahirait-il maintenant, mis à part pour sauver sa peau tout en s'assurant un avenir confortable ? Je n'avais évidemment pas de preuve concrète , tout cela n'était que suppositions et il me manquait encore beaucoup trop d'informations pour affirmer tout cela sans gêne… Mais voilà, je n'avais aucunement accès à ce genre d'informations. Il ne me restait donc plus qu'à agir en milicienne et pousser Adrien à se livrer de lui-même en lui mettant simplement la pression. C'est Garrett lui-même qui m'avait enseigné cette méthode…

- Pourquoi me trahirais-tu maintenant, après toutes ces années ? Je vais te dire ce que je pense, j'ai deux théories en stock. La première c'est que tu as pris contact avec le traqueur. Comment ? J'en sais rien, mais tu t'absentes bien plus souvent ces derniers temps… On t'a peut-être fait une super proposition particulièrement alléchante. Tu me livres et on te laisse vivre en te donnant un peu ou beaucoup d'argent en échange.

- C'est grotesque. Dans ce cas, pourquoi t'aurais-je sauvé la vie aujourd'hui alors qu'il m'aurait suffit de fuir ?

-Tututu, je n'ai pas fini et je vais y venir. Ne t'en fais pas. La deuxième théorie me semble à présent tellement logique… C'est simple, tu as toujours été dans le coup. Depuis le tout début.

- Quoi ?! Arrête, c'en est trop. Tu te rends compte que tu es encore en vie aujourd'hui, n'est-ce pas ? Si j'étais effectivement dans le coup, tu serais morte depuis longtemps.

Élémentaire… Oui, ses arguments avaient absolument tout pour paraître valables… Mais pourtant, cela ne suffit pas le moins du monde à me convaincre.

-Parce qu'au fond, tout cela n'est qu'un jeu, n'est-ce pas ? Un jeu basé sur la torture psychologique… Il est tellement plus amusant de me pousser à bout jusqu'à me donner envie de mourir. C'est probablement pour cela que la présence de Garrett te dérange autant… Cela complique tout pour tes complices et toi, n'est-ce pas ?

Si Adrien avait pu se liquéfier sur place pour disparaître entre les lames du plancher, nul doute qu'il l'aurait fait. Son regard terrifié en disait long et, au fond de moi, je me sentais extrêmement triste et honteuse de m'être fait avoir aussi bêtement. Pour autant, je ne pouvais affirmer qu'Adrien était l'instigateur de tout cela, j'en doutais fortement même. Il n'était qu'un pion et il devait y en avoir d'autres… Combien ? Aucune idée… Mais il ne pouvait être le cerveau de ce plan-là, beaucoup trop tordu pour son esprit mais surtout… Il n'avait aucune raison de vouloir faire cela.

-Garrett t'a posé une question et je ne saurais trop te conseiller d'y répondre : Qui ?

-Arrêtez tous les deux ! Cela suffit ! Je n'ai aucun nom à vous donner, bon sang. Lauren, te souviens-tu de la première victime de ce taré ? Thérésa, ma cousine. Bordel, elle était comme ma sœur, jamais je n'aurais pu lui faire du mal et encore moins la tuer.

- L'ennui, vois-tu, c'est qu'elle n'est plus là pour en témoigner. Son mari m'a bien confirmé qu'Adrien Weber était le cousin de son épouse adorée… Mais rien ne me prouve que tu sois cet Adrien Weber... J'en doute même et j'imagine très bien cet Adrien mort, quelque part, portant les mêmes marques de strangulation que Thérésa et Wislow.

Qu'il soit ou non le vrai Adrien Weber, l'homme qui se trouvait dans cette pièce avec nous n'était en rien un être courageux ou seulement téméraire. Je ne le croyais pas coupable de ces différents meurtres et l'imaginais seulement être un acteur se devant d'interpréter le rôle du sauveur, de l'ami, du confident. C'était toujours lui qui nous trouvait un endroit où dormir, de la nourriture, de l'argent et des informateurs sans la moindre informations… Comme pour nous prouver son manque de courage, le milicien se mit à trembler. Enfin, cela se voyait à ses mâchoires qui semblaient ne plus savoir comment se contracter ou encore à l'agitation qui venait perturber ses mouvements. Passant d'une jambe à l'autre, son manque d'appui prouvait sa perte d'assurance. Évidemment, cela pouvait être également dû au fait de ce voir ainsi acculé. Coupable ou non, nos accusations pouvaient très bien le mettre mal à l'aise.

- Qui ? insistais-je malgré tout.

-Je n'ai aucun nom à vous donner. Je n'en sais pas plus que vous, à la fin.

"Et s'il disait vrai", me dis-je. Après tout, il était fort possible que ce type, en tant que simple pion, ne fut point au courant de tout. Aussi décidais-je de tenter une autre approche.

- Je vois… Dans ce cas, quel est ton nom et dis-nous quel est ton rôle dans cette histoire ?

Son regard hagard glissa vers Catesby. Il en avait peur et devait avoir remarqué le canon braqué sur lui…

- Il ne te fera rien, si tu parles, essayais-je de le rassurer. Aide nous à comprendre tout cela et ça ira bien pour toi. Je sais que tu n'as tué personne...

-Je me nomme Lunnel Schmidt. Je suis médecin et mon rôle était de te maintenir en vie… Je ne recevais jamais les ordres de la même personne. Les informateurs n'en étaient pas, seulement d'autres personnes reliées à celui qui nous emploie. Mais je ne sais pas qui te veux du mal et je ne voulais pas te blesser. Jamais… Je t'apprécie énormément, Lauren...

- Pourquoi fais-tu tout cela alors ?

-Ma soeur a disparu. Celui qui en a après toi la retient quelque part et menace de la torturer si je ne lui obéis pas. J'essaie réellement de trouver qui est ce type, je veux t'aider… Mais je veux aussi sortir Béatrice de là… Je suis piégé dans ce foutu jeu, tout comme toi… Je n'en peux plus… Je veux que tout ça s'arrête. Mais je ne veux pas que tu meures, je te le promets… D'ailleurs, je suis mort de trouille parce que je n'étais pas censé te sauver ce soir… Je suis parti parce que je voulais retrouver le tireur et afin de lui dire de transmettre mes excuses au maître… Je crains qu'il ne tue Béatrice à présent...

Tout cela faisait sens, enfin, le supposais-je. Je me tournais vers Garrett afin de jauger ses réactions.

- Qu'en penses-tu ? Je suis vraiment trop fatiguée pour le croire, même si cela me paraît plausible… Et sacrément compliqué.

Garrett Catesby
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Quand le passé partage un verre - Page 2 EmptyVen 30 Avr - 11:33
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Donc, Adrien n’était pas Adrien. Heureusement pour lui, l’inspecteur était assis. Il baissa doucement son arme, comprenant que finalement ils étaient tous dans le même bateau, du moins en apparence. Encore une fois tout était bien trop complexe pour est réglé simplement. Le compte venait de passer d’une femme en détresse à deux. Garrett se demandait alors où le véritable Adrien pouvait être, peut-être bien froid et raide dans une cave ou un grenier.

Pour l’ancien inspecteur, le problème était de rester là et attendre, un peu comme une proie attendant la fin. Il ne pouvait pas rester là et attendre qu’un assassin tente de les éliminer. Son regard se posa quelques instants sur Lunnel (si c’était bel et bien son vrai nom). Si l’on prenait le temps de résumer, le fait d’avoir sauvé Lauren lui vaudrait quelques problèmes, mais peut-être pouvait-il encore rattraper le coup, il devait forcément avoir un moyen d’attirer l’adversaire et non de l’attendre là.

« Le type à l’origine de tout ça couvre son cul… Est-ce qu’il serait possible de le contacter lui directement ? En théorie, est-il déjà au courant que tu as sauvé Lauren ? »

« Possible… Difficile à dire, n’importe qui être à son service… milicien, boulanger, cocher… »

Garrett se redressa légèrement sur sa chaise, il passa une main sur son front dans l’espoir de s’éclaircir les idées, il manquait cruellement de sommeil et remettre ses idées en ordre prenait plus de temps. Un des soigneurs passa dans le couloir adjacent à la chambre, l’ancien inspecteur pensa naturellement que l’un d’entre eux pouvait très bien être au service d’on ne sait qui. Dans tous les cas de figure, il ne serait pas simple de trouver l’enfoiré suprême sans y laisser quelques plumes. Une des priorités était de pouvoir mettre la brunette en sécurité, même si l’histoire de Lunnel n’avait rien de bien joyeux, elle n’en restait pas moins que secondaire pour l’ancien inspecteur.

« Tu sais si Barnabé était dans le coup ? Après tout le coin lui appartient. »

« Je n’en suis pas sûr, le contact que j’ai eu était un de ses hommes, du moins je crois… Mais de ce que je sais, je ne crois pas qu’il soit au courant de tout ça... »

« Barnabé est de la vieille école, s’attaquer aux femmes ce n’est pas dans ses habitudes. »

« Vous n’allez quand même pas me dire que c’est un criminel avec des valeurs ? »

L’ancien inspecteur hocha la tête.

« Aujourd’hui ça peut paraître étrange de nos jours, mais oui, un criminel avec des valeurs. »

Garrett se souvient que le criminel l’avait mise en garde plus tôt dans la journée. Si Barnabé n’était pas dans le coup, alors il devait être au courant même de manière indirecte. Dans le pire des cas, Barnabé avait perdu quelques valeurs au fil des verres, et dans la meilleure optique, un de ses hommes de main avait tenté de le doubler.

« Rester ici ça craint. Même si personne ne sait encore que tu as sauvé Lauren, attendre c’est un mauvais plan. »

« Bouger ? Pour aller où ? Lauren est encore blessée marcher ce n’est pas une bonne idée avec sa blessure... »

« Qui a parlé de marcher hein ? »

L’ancien inspecteur se redressa et poussa la chaise dans un coin de la pièce, une idée bien précise en tête.

« Préparez-vous, et attendez-moi derrière dans dix minutes. »

Garrett quitta la chambre de repos, puis le poste médical. Dehors tout était calme, la zone n’était pas la plus sûre de la ville, n’importe qui aurait pu attendre à un carrefour. Pour l’ancien inspecteur, il fallait miser sur Barnabé pour se sortir de ce mauvais pas, avec un peu de chance, le criminel aiderait sans doute en apprenant que quelqu’un le double. Et si ce n’était pas le cas et qu’il se révélait être un pourri, alors il faudrait l’éliminer. Garrett longea le bâtiment et traversa la rue, il savait qu’à quelques mètres de là se trouvait un poste routier. Le relais était un endroit idéal pour se procurer un véhicule, l’ancien inspecteur ne comptait pas faire appel à un chauffeur, mais simplement emprunter le matériel pour une durée indéterminée.

Le relais routier était presque vide, seul le poste de surveillance était occupé, Garrett l’évita et continua sa route le long du mur d’enceinte. En théorie les véhicules étaient stockés à l’arrière du bâtiment, dans la cour intérieure, censée rendre toute tentative de vol plus difficile. L’ancien inspecteur se hissa avec l’aide du mur d’enceinte et retomba dans la cour. Là, Garrett progressa discrètement. Dans une petite pièce adjacente à la cour, qui devait être une sorte de vestiaire, il troqua son vieux manteau contre celui d’un cocher et un chapeau. Vêtu comme un employé, l’ancien inspecteur grimpa sur une des diligences présentes, un petit coup de renne suffit à faire avancer les deux chevaux jusqu’au poste de garde. L’homme à l’intérieur du petit bâtiment le regarda quelques instants, puis dans un hochement de tête il ouvrit le portail menant vers la rue. Garrett prenant son rôle très à cœur le remercia et fit accélérer les chevaux une fois le portail passé.

Les sabots des montures claquèrent sur le sol pavé de la rue, augmentant encore un peu l’allure, Garrett ne ralentit que lorsqu’ils aperçurent ses deux acolytes à l’arrière du poste médical.

Lauren Hill
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Quand le passé partage un verre - Page 2 EmptyMer 5 Mai - 10:25
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Lasse de constater que la situation se compliquait encore, plutôt que de s'améliorer, je décidais de fermer les yeux. Je les laissais donc discuter entre eux tout en écoutant leur conversation d'une oreille attentive. J'avais besoin de remettre de l'ordre dans mes idées. Toutes ces nouvelles informations se bousculaient tant et si bien dans ma tête qu'elles me donnaient la migraine. L'idéal, pour moi, serait de poser tout cela sur papier. Mais cela m'était évidemment impossible, je n'avais rien pour écrire et je me sentais bien trop faible pour cela. Cette fatigue… Bon sang… Je n'en pouvais décidément plus…

Et voilà que Garrett décida qu'il valait mieux quitter cet endroit. Son choix, bien que logique, ne m'enchantait pas vraiment. Ma blessure me faisait souffrir et je mourrais d'envie de dormir… Après tout, cette table médicale ressemblait bien plus à un lit douillet que tout ce que j'avais pu connaître ces derniers mois.

Mais fichez moi la paix, bon sang, songeais-je en soupirant alors que Garrett quittait la pièce me laissant seule avec Adrien… Ou plutôt "Lunnel"... Bref, le type qui m'accompagnait depuis deux ans et dont je ne savais finalement rien… Autant dire que je ne me sentais pas du tout en confiance.

- Viens, je vais t'aider à t'habiller. Il faut y aller, me lança-t-il d'une voix tremblante.

-Tu rigoles, j'espère ? lui répondis-je en lui lançant un regard aussi noir que possible.Si tu poses, ne serait-ce qu'un doigt sur moi, je te promets que je ferais absolument tout pour te blesser...

- Très bien, débrouille-toi… Mais veille à ne pas faire de mouvements brusques. Les sutures sont encore fraîches, il ne leur en faudrait pas beaucoup pour se rouvrir ...

-Donne-moi ton arme et tourne-toi, lui ordonnais-je tout en m'asseyant sur le bord de la table.Donne-moi ma jupe avant...

Contre toute attente, l'inconnu familier m'obéit sans discuter. Il me tendit mes vêtements, son pistolet et se posta face au mur. Je finis de m'habiller plus ou moins tranquillement en essayant de ne pas faire de faux mouvements. Une fois plus présentable, j'enfilais mon manteau, grimaçant sous la douleur tout en me demandant comment je pourrais marcher dans cet état ...Tu fais chier, Catesby...

- C'est bon, je suis prête, déclarais-je en me tenant à la table d'une main tandis que l'autre tenait fermement le revolver en direction du faux milicien.

- Je vais t'aider…

- Ne.Me.Touche.Pas. Je pensais avoir été assez claire.

- Je ne te ferai pas de mal, Lauren… Je veux juste t'aider à tenir debout...

- Désolée, mais je n'ai plus aucune confiance en toi… Qui me dit que tu ne vas pas profiter de l'absence de Garrett pour me livrer, hein ? Cela réglerait tous tes problèmes, non ?

- Certes, mais je ne veux pas les régler de cette façon. Si c'était le cas, tu ne serais pas là, tu ne tiendrais pas mon arme…  

- C'est pas faux, avouais-je sans pour autant baisser le révolvers. Allons-y… Passe devant...

- D'accord, d'accord, dit-il en levant les mains en l'air… Mais prend au moins cette canne, là...

L'objet se trouvait juste à ma gauche, appuyé contre une étagère. Je m'en saisis rapidement avant d'inviter Lunnel à sortir… Je le suivis ensuite jusqu'à l'extérieur… Bon sang, s'il gelait déjà atrocement un peu plus tôt, cette fois avec quelques centilitres de sang en moins et l'épuisement en plus, c'était bien pire. Heureusement pour moi, nous n'avions pas à attendre l'ancien inspecteur bien longtemps. Tant mieux, au moins il n'aurait pas à transporter un glaçon. Le coche s'arrêta devant nous. Lunnel ouvrit la porte puis se recula pour me laisser monter sans avoir à m'effleurer. Je jetais ma canne à l'intérieur avant d'agripper les deux côtés de l'encadrement afin de me hisser à l'intérieur… Ce qui s'avéra, tout bonnement impossible. Je souffrais beaucoup trop pour cela, ma cicatrice t'irait atrocement, m'empêchant d'effectuer ce simple mouvement… Je grognais de frustration, mais heureusement, l'un d'eux m'aida à monter.

- Merci…   marmonais-je avant de me laisser tomber sur l'assise… Et maintenant ? Où va-t-on ?

Garrett Catesby
Garrett Catesby
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Quand le passé partage un verre - Page 2 EmptySam 8 Mai - 19:57
Irys : 739858
Profession : Ex-Inspecteur
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Bien qu’il ne laissait rien paraître, Garrett gardait un œil attentif aux moindres fait et geste de celui que l’on devait appeler Lunnel. Que son histoire soit vraie ou non n’avait que peu d’importance pour l’ancien inspecteur, la confiance n’y était pas. L’ancien inspecteur se pencha sur le côté afin d’aider la journaliste à grimper dans le véhicule, c’était sans doute bien mieux que de marcher dans le froid, mais la marche était tout de même une épreuve à laquelle il n’avait pas vraiment songé. Lunnel lui jeta un regard auquel il ne répondit pas, au fond de lui il aurait préféré le laisser là sur le trottoir, mais, une petite voix lui disait que si son histoire était vraie, lui aussi aurait besoin d’aide.

Lorsque tout le monde fut monté, un coup de rêne suffit à lancer les montures sur le pavé. Pour Garrett il n’y avait pas d’autre alternative que d’aller forcer la chance du côté de Barnabé.

À l’intérieur du coche, Lunnel hocha la tête à la question de la brune.

« Aucune idée, ton ami ne m’a pas adressé un mot, aucune idée de là où on va… On peut lui faire confiance au moins ? Parce… Se retrouver là sans savoir où on se dirige, j’avoue que je ne suis pas à l’aise. »

L’ancien inspecteur n’avait pas expliqué son idée, d’une certaine façon vu que son plan pouvait mal tourner à n’importe quel moment il préférait ne pas trop en dire. Au fil des claquements des sabots sur le pavé, ils s’éloignèrent des mauvais quartiers pour rejoindre peu à peu la civilisation, le genre d’endroit où il était difficile de sortir une arme et d’abattre quelqu’un de sang-froid. Encore fallait-il rajouter à ça la possibilité d’être sur le territoire de la bande de Barnabé, ce qui pouvait ajouter une protection supplémentaire.
Après plusieurs minutes de course, le véhicule commença à ralentir, pour finalement s’immobiliser devant l’enceinte de l’établissement de Barnabé, enfin, l’un d’eux. Cette fois il ne s’agissait pas d’un bar, mais d’un lieu un peu plus atypique. Il suffisait d’un regard en direction de la devanture pour comprendre qu’on y vendait pas de l’alcool, mais quelque chose de certainement plus précieux et plus raffiné. Lunnel jeta un coup d’oeil pas la vitre du coche, et soupira.

« Qu’est-ce qu… Bordel… »

Comme tout bon criminel, Barnabé avait su se diversifier. Alcool, arme, drogue et sexe, un éventail de commerce suffisamment large pour ne pas être inquiété par quelques fermetures temporaires. L’endroit n’était pas une maison de passe miteuse où la crasse vivait en symbiose avec les liquides corporels. Le quartier de Long Street était suffisamment important pour assurer une certaine clientèle, même des membres du conseil municipal était venu une fois où deux faire un petit tour ici. L’ancien inspecteur quitta son siège et ouvrit la porte du coche, Lunnel fut le premier à sortir, sans doute pressé de faire une remarque intéressante.

« Qu’est-ce qu’on va faire dans un bordel ? »

« À ton avis ? Faut sortir le dimanche, il y a plus d'armes là-dedans que dans une caserne de la milice, si tu ne veux pas de problème, c’est là-dedans qu’il faut aller. Même celle qui tient le comptoir à un fusil sous la main. »

« On dirait que tu t’y connais… »

« Pas vraiment, c’est pas l’genre d’endroit que je fréquente, mais il faut bien tenter quelque chose. Si tu as une idée, n’hésite pas, je regarde. »

L’homme posa son regard sur Lauren.

« Je sais que ça peut paraître foireux comme plan, mais on y sera en sécurité le temps de gérer nos différents problèmes. »

***


Garrett poussa la porte de la porte du bâtiment, un parfum agréable emplissait la pièce principale, en même temps lorsqu’il était question d'attirer des clients, mieux valait que l’odeur soit agréable. L’endroit était assez spacieux, les banquettes en parfait état, il y avait même un comptoir auquel l’on pouvait commander boisson ou amuse-gueule. Au fond de lui, Garrett croisait les doigts.

Après avoir fait plusieurs pas, une charmante jeune femme se planta devant lui, un regard coulant.

« La même chose que d’habitude monsieur Solomons ? »

L’ancien inspecteur se racla la gorge, Lunnel, lui, se retint de pouffer comme un enfant.

« Pas tout à fait, va me chercher ton patron, je dois lui parler. Sérieusement. »

Elle hocha la tête.

Lauren Hill
Lauren Hill
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Quand le passé partage un verre - Page 2 EmptyMer 12 Mai - 13:24
Irys : 1011003
Profession : Journaliste / Reporter / Romancière
Pérégrins +2
Je n'ai jamais été une très bonne malade. Enfant déjà je détestais de ne pas être dans mon état normal et supportais très difficilement la douleur. Évidemment, j'étais bien trop fière pour laisser percevoir celle-ci en chouinant misérablement. Je méprisais les geignards, il était donc totalement inconcevable que je me comporte de la sorte. En revanche, la moindre altération de mon état de forme me mettait de mauvaise humeur… De très mauvaise humeur. Aussi, lorsque Lunnel répondit tout naturellement à une question qui ne lui était pourtant pas destinée ce fut en serrant les dents et en lui lançant un regard particulièrement noir que je lui rétorquais :

-Oh mais ça… Je n'en doute pas. C'est simple, soit tu ne sais rien, soit tu mens, dans tous les cas, tu n'es guère utile. Pour ce qui est de lui faire confiance ou non, tu ne penses pas que c'est une question bien déplacée pour un hypocrite tel que toi ?Je pense que mieux vaudrait pour toi que tu te la ferme pour l'instant …

Je l'ai dit, la douleur me rendait très amère. Alors, ajoutez à cela une trahison, des tas et des tas d'incertitudes mêlées de craintes plus ou moins importantes et il vous sera plus aisé de comprendre ma nervosité. Néanmoins, malgré tout, cela ne me rendait pas plus stupide que d'habitude. Je me doutais bien que Garrett ne prendrait pas le risque de dévoiler quoique ce soit à un traître tel que lui. Aussi, afin d'éviter de me montrer trop méchante et parce que je n'avais pas la moindre envie de discuter avec ce fils de Judas, je me murais dans un profond silence tout en me recroquevillant dans un coin de la voiture. On ne pouvait pas faire plus clair. Tout mon être exprimait un "foutez-moi la paix" parfaitement compréhensible. Je fermais donc les yeux, m'enfermant volontairement avec ma douleur tout en espérant que la route ne soit pas trop longue… Fichus cailloux et pavés qui venaient secouer le coche toutes les deux secondes…

Quelques minutes plus tard, la voiture s'arrêta enfin. Je me redressais en grognant sous l'effort avant de lancer un regard étrangement neutre sur la façade devant laquelle nous étions arrêtés. Un bordel… Évidemment. Pourquoi me retrouvais-je toujours dans de tels endroits avec Garrett ? Pour quelqu'un qui affirmait ne pas fréquenter ce genre d'endroit, il savait toujours s'y rendre sans utiliser de cartes. Au moins, celui-ci n'était point aussi lugubre et dégoûtant que celui d'Alexandria que Garrett m'avait fait découvrir avant de rouer de coups son propriétaire…

Bref…

Je laissais Lunnel bondir à l'extérieur, il me fallait bien plus de temps pour espérer m'extirper de cette fichue cage. D'ailleurs, je dus en descendre seule puisque les hommes semblaient particulièrement absorbés par leur conversation… Merci, messieurs…

Je les laissais donc discuter sans intervenir. Personnellement, ma seule préoccupation actuellement était de trouver un endroit où m'allonger… Et, par chance, le lieu regorgeait de lit… Il leur faudrait sans doute des draps propres, mais, pour l'heure, je n'en avais strictement rien à faire. J'entrais à leur suite pour me tenir à quelques pas derrière eux. La pièce pouvait bien regorger de femmes, l'endroit était avant tout un lieu de divertissement presque exclusivement masculin. Aussi, j'étais totalement invisible aux yeux de l'hôtesse qui s'empressa de proposer à l'ancien inspecteur les mêmes soins qu'à son habitude.

-J'ai comme une impression de déjà vu, raillais-je gentiment. Au moins, celle-ci ne t'as pas appelé "mon mignon".

Malgré la douleur et la situation, il me fut bien difficile de ne pas exploser de rire. Je parvins néanmoins à maintenir une attitude aussi digne que possible, ce n'était pas vraiment le moment de nous faire remarquer aussi bêtement. L'hôtesse disparut quelques secondes derrière un rideau de velours, couleur lavande, que j'aurais pu trouver joli dans d'autres circonstances ou seulement dans un autre lieu. La jeune femme finit par réapparaître à moitié, tenant le rideaux de sorte que l'on puisse la suivre, comme une invitation silencieuse… Silence qui perdura jusqu'à ce que nous pénétrâmes dans un bureau totalement dépourvu de décoration et sentait fort le tabac.

-Et bien… À vous voir, je crois comprendre que vous n'avez pas écouté mes conseils… surtout elle... lança le vieux Barnabé en se levant de sa chaise pour venir à notre rencontre. L'homme sortit une main de sa poche pour désigner un divan de cuir brun, si usé qu'il semblait presque avoir son âge. Allonge-toi, gamine, t'as une mine à faire peur à un mort…

Autant vous dire que je ne me fis pas prier. J'étais bien trop exténuée pour jouer les rebelles trop fiers pour accepter une main tendue ou la vue d'un divan confortable. Son regard glissa ensuite vers Garrett, puis vers Lunnel pour finalement se poser définitivement sur l'ancien inspecteur.

-Que puis-je pour vous ? demanda-t-il en retournant se placer derrière son bureau.
-Je prendrais bien un whisky, dis-je en levant la main… P't'être même un double en fait...
-On s'laisse pas facilement abattre, hein ma p'tite dame ? rétorqua le criminel avant d'éclater de rire…
-J'ai bien essayé pourtant, mais c'était sans compter sur ces deux-là...

Pour autant, il me le servi ce verre… J'accueillis le breuvage ambré comme un antidouleur salutaire. Enfin, la douleur ne disparaîtrait pas, la fatigue non plus, mais au moins je pouvais me raccrocher à quelques saveurs familières.

-Vous l'avez fait soigner où, la p'tite ? Pas chez ce charlatan de Porsher au moins, sinon vous pouvez être certains qu'elle crèvera dans quelques jours d'une fièvre fulgurante… Ce gars-là se dit médecin, mais c'est un boucher.
-Ça réglerait le soucis au moins... rétorquais-je après quelques gorgées de whisky.
-Allons bon… En quoi puis-je vous aider ?

Garrett Catesby
Garrett Catesby
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Quand le passé partage un verre - Page 2 EmptyLun 17 Mai - 15:41
Irys : 739858
Profession : Ex-Inspecteur
Daënar +2 ~ Alexandria (homme)
Garrett connaissait plutôt bien l’endroit, pas qu’il y passait tout son temps. Certes la vue était agréable, mais la bonne compagnie avait un prix qu’il ne pouvait pas se permettre, et de toute manière cela ne l’intéressait pas. Plutôt que de s’attarder sur quelques parcelles de peaux dénudées, l’ancien inspecteur s’était plutôt tourné vers les activités lucratives de Barnabé. Le bordel n’était qu’une façade légale, un endroit tranquille pour écouler un peu de monnaie. Bien que le vieux bandit n’était plus vraiment maître de toutes les activités illégales de la ville, Barnabé avait encore un pied dans le milieu, de toute façon ce genre d’homme ne pouvait pas vivre sans, un malfrat reste un malfrat jusqu’à la fin de sa vie.

L'ancien inspecteur garda Lunnel à l'œil, d’ailleurs il se tenait à une certaine distance derrière lui, de toute évidence il n’aurait sans doute jamais confiance en ce type qui avait accompagné Lauren depuis le début de toute cette histoire. Une chose était cependant intéressante, c’est que Barnabé semblait éviter de le regarder, ou même de croiser son regard. Pourtant Lunnel se tenait à tout juste deux mètres du malfrat, et c’était comme s’il était invisible. Sans ajouter qu’il se connaissait déjà puisque Lunnel avait eu l’adresse de la planque en passant par Barnabé. L’ancien inspecteur nota la chose dans un coin de son esprit, mais il ne souligna rien verbalement. Après tout, si Barnabé pouvait se montrer utile, mieux valait ne pas le froisser pour une histoire de regard.

Un verre de liquide ambré n’allait pas faire de mal à la brunette, peut-être même que cela lui ferait du bien. L’ancien inspecteur repensa aux longues soirées passées autour d’un verre à discuter d’une affaire ou d’un article important. Garrett aurait préféré revenir quelques années avant et profiter d’une telle soirée plutôt que de se retrouver là acculé en espérant l’aide d’un malfrat pour se sortir de la merde. L’ancien inspecteur fit quelques pas sur le côté et il s’adossa contre le mur de la pièce.

« On est de la vieille école n’est-ce pas Barnabé ? T’en prendre aux jeunes femmes ce n’est pas dans tes habitudes non ? »

« Ça ne l’a jamais été, dérouiller un homme c’est une chose, s’en prendre à une femme une autre. »

« J’en déduis donc que tu n’es pas dans le coup, cependant, on s’est attaqué sur ton territoire, là où on devait être en sécurité d’après notre collègue milicien. Donc, soit l’un de tes gars tente de te doubler, soit quelqu’un se permet de jouer sur ton territoire. »

Barnabé gratta son front plissé en marmonnant dans sa barbe.

« Oui… j’en ai entendu parler, d’ailleurs on a trouvé un cadavre avec une aération crânienne dans une ruelle, j’imagine que c’est lié ? »

L’ancien inspecteur hocha la tête.

« C’était un fâcheux contretemps, mais au moins il ne dérangera plus personne. »

« Justement ce gars ne travaillait pas pour moi, mais pour un petit groupe rival qui veut se faire une place, d’ailleurs tu les connais, avant de rencontrer une certaine personne, ceux-ci géraient des combats de rues dans de vieilles usines. Maintenant, ils gèrent une pratique du trafic d'armes de la ville. Bien sûr mes hommes ont déjà mené quelques expéditions punitives pour leur apprendre la dure loi du business, mais ils ont la tête dure. Ils veulent une plus grosse part du gâteau, alors ils acceptent certains boulots… »

« Comment on trouve ces types ? Pour discuter "boulot", j’entends. »

« En ce moment, des amis sont à leur recherche pour de nouvelles explications, on devrait me ramener l’un des leurs pour discuter de manière amicale, nous sommes des hommes civilisés après tout. »

« Je vois le genre. »

Garrett se redressa du mur, jetant un regard à Lunnel, l’homme n’avait pas bronché d’un centimètre et il semblait même satisfait par les propos de Barnabé.

« Vous pouvez attendre ici, vous serez en sécurité, niveau ambiance il y a mieux qu’un bordel, mais au moins personne ne viendra jusqu’ici, et mieux que la donzelle se repose, une balle, ça ne fait jamais du bien, encore moins quand on se fait traîner d’un bout à l’autre de la ville par un ours mal léché hein ? »

L’ancien inspecteur soupira tandis que Barnabé se permit de lâcher un rire gras.

Lauren Hill
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Quand le passé partage un verre - Page 2 EmptyLun 31 Mai - 10:22
Irys : 1011003
Profession : Journaliste / Reporter / Romancière
Pérégrins +2
Négligemment vautrée sur ce sofa plus confortable qu'il n'y paraissait, je ne prêtais qu'une oreille distraite à la conversation se déroulant entre Garrett et le vieux brigand. Je n'étais plus vraiment en état de me soucier de cette histoire, même si celle-ci me concernait grandement… Totalement, même. Qu'importe, la fatigue et sans doute l'alcool avaient eu raison de ma volonté et mon esprit habituellement combatif.

Malgré tout, je notais l'essentiel : Si Barnabé et ses hommes n'avaient pas participé à cette tentative d'assassinat, je me retrouvais mélée à une guéguerre de quartiers entre deux bandes rivales… Bon sang, voilà que je sentais venir une vilaine migraine.

-En somme, vous n'avez rien à voir avec cette histoire mais vos rivaux ont pu être engagés par la personne qui tient tant à me voir morte… D'accord… Néanmoins, vous dites vous même que ce fameux groupe est assez jeune et donc forcément encore méconnu… Contrairement à vous, Barnabé, qui êtes depuis bien longtemps installé dans cette ville… Il serait donc étrange que cette personne, visiblement bien renseignée et extrêmement riche ne vous ait pas contacté en premier, non ?

J'ouvris un œil afin de m'assurer des réactions du proxénète. L'homme m'observait en affichant un sourire qui me rappelait presque celui de mon père lorsque mon raisonnement lui plaisait.

-Cela semblerait logique, en effet, rétorqua-t-il d'un ton plein de mystère avant de poursuivre.Sauf si cette personne me connaît suffisamment pour savoir que je ne prendrais jamais part à ce genre d'histoire tordue.

Quelque chose me disait que le vieux singe usait ici de beaucoup de malice pour mentir ou au moins pour dissimuler une partie de la vérité. Du moins, c'était ainsi que je le pressentais et je savais pertinemment qu'il ne nous en dirait pas plus. Ces gens-là tenaient à préserver leurs secrets et s'il pouvait encore se tenir devant nous à son âge, Barnabé devait forcément savoir garder les siens.

- Évidemment, répondis-je en soupirant avant de me redresser pour mieux observer tout le monde.

Les journalistes d'investigation, tout du moins les bons, ne se cantonnent pas aux "vérités" prononcées à demi-mots. En réalité, ils n'y croient pas simplement parce qu'ils savent que LA vérité, la vraie, se trouve ailleurs. Et leur travail, justement, est bien de la rechercher, quitte à creuser les mains nues dans la merde… Et la merde, j'y étais plongée jusqu'au cou et ne cessais de m'y enfoncer tous les jours un peu plus… Pourquoi arrêter maintenant ? En observant l'assistance avec un minimum d'attention, il était plutôt aisé de remarquer certains détails. Certes, Lunnel s'était révélé très bon acteur depuis deux ans. Jouant à merveille le rôle du milicien capable de retourner le monde pour avancer dans son enquête. Je me souvenais très bien de ses poings sur la table ou de ses questions tranchantes et percutantes… L'on pouvait aisément mettre cela sur le rôle qu'il tenait jusqu'ici, évidemment, mais je ne reconnaissais pas cet homme fort dans sa posture actuelle et dans ses regards fuyant. En réalité, cela, j'aurais pu le mettre sur le compte d'une certaine timidité mais c'est en voyant que Barnabé évitait soigneusement de regarder mon ex comparse que je compris : ils se connaissaient tous les deux…

Comment ? Pourquoi ? Même épuisée et douloureusement accablée, il m'était impossible de ne pas comprendre que Lunnel avait déjà pris contact avec le malfrat et, probablement, pour lui demander son aide pour sa mission. Autant dire que je ne me sentais pas le moins du monde en sécurité. Rien ne pouvait me garantir que tout ceci ne faisait pas partie d'un scénario tordu pour m'assassiner tout en jouant un peu avec mes nerfs… Qu'en pensait Garrett ? Impossible de le savoir puisque, comme à son habitude, l'ancien inspecteur alexandar affichait une mine impassible… Bordel de merde. Que faire ? Que dire ?

J'étais perdue…

-Je suis la biche blessée à peine dissimulée dans le bois, attendant que le chasseur ne vienne l'achever, songeais-je malgré moi.

Que me restait-il donc à faire si ce n'est de jouer le jeu ? Je le faisais bien depuis deux longues années même si je n'en avais nullement conscience… Je ne pouvais me permettre de me montrer faible devant ces gens-là. Je ne voulais pas leur donner cette satisfaction… Aussi, me relevais-je, péniblement, en affichant un air aussi insouciant que possible.

-Bien, puisque monsieur nous offre l'hospitalité, autant en profiter… J'espère au moins que les draps sont propres ici.

L'homme rit de bon cœur avant de répondre :

- Je vais demander à ce qu'on vous en mette des neufs, princesse. Ne vous inquiétez pas pour ça. Évidemment, même si je sais me montrer généreux, vous vous doutez bien que je ne tiens pas à perdre de l'argent. Vous pourrez donc prendre la chambre située dans les combles. Elle n'est pas utilisée par les filles, il y fait trop froid en cette saison et ce n'est pas spécialement bon pour les affaires. Vous y serez donc tranquilles.  

-Parfait, dis-je en allant me placer près de Garrett. Je lui pris la main, pas pour lui manifester mon affection, même si cela pouvait le laisser supposer, mais uniquement pour lui faire comprendre que je tenais à lui parler en privé. Je suis fatiguée.

- Allez donc vous reposer. Je vais vous faire porter un vrai repas. Je suppose que vous devez être affamés.

- Merci, rétorquais-je tout en entraînant Garrett avec moi.

Lunnel, quant à lui, semblait traîner les pieds qu'il devait trouver fascinant vu l'insistance qu'il mettait dans leur observation. Il évitait mon regard, celui de Garrett… Et ce foutu proxénète ne cessait de sourire…

-Ce parfum est insoutenable, dis-je à Garrett sous-entendant que je pressentais quelque chose de très mauvais… Nous n'étions probablement pas en sécurité ici…

Une chambre sous les combles… Sans fenêtres et sans possibilité de fuite, voilà ce qui nous attendait là-haut… Peut-être faisais-je preuve de paranoïa… Avec tout ce que j'avais vécu ces derniers temps, il n'y avait rien d'anormal à cela… Mais tout de même…

-Tu es sur de toi ? demandais-je discrètement à Garrett lorsque nous fûmes "seuls" dans la pièce. Je ne sais vraiment plus quoi penser de tout cela. Je n'ai pas confiance en ce Lunnel… Finalement, je ne le connais pas du tout… Et que dire de ce Barnabé … D'ailleurs... j'ouvris la porte pour jeter un œil sur le palier puis dans les escaliers. Où est Lunnel ?

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