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Chroniques d'Irydaë
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 Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyLun 29 Mar - 14:27
Irys : 848357
Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Rocéas, un jour ensoleillé de mi-Mai 939

Ce n’est pas ainsi que Adam espérait revenir dans sa ville natale. Pas alors que les rebelles menaçaient la vie de ceux qui avaient été ses amis, sa famille de sang et de coeur. Ce qu’il redoutait le plus était de voir des visages familiers dans les rangs ennemis. Il détourna les yeux des sommets enneigés pour scanner leur camp de fortune. Tous les hommes venaient enfin d’arriver sur le plateau qui surplombait la mine rebelle, et pendant que les militaires des autres bataillons préparaient leur armes, Adam s’était mis à l’écart avec ses propres subalternes.

« Kampisch et Nielsen, vous partirez en soutien des fusiliers sur le front Est. Kampisch, si tu vois quelque chose qui sort du plan prévu, vous vous repliez. Le responsable sur place est au courant.
Hurricane avec moi, on va faire diversion sur le sud. »


Le Major Jonas Kampisch, son adjoint, acquiesca gravement. Les deux hommes avaient découvert une étonnante et appréciable complémentarité dans leurs caractères et compétences. Là où Adam était la plupart du temps calme, voire renfermé aux dires de certains, l’autre homme était un sarcastique notoire. Quand le Lieutenant piquait des colères, c’est le Major qui devait mortellement sérieux et lui avait déjà fait reprendre pieds plusieurs fois. Depuis presque deux mois qu’ils étaient réunis dans le même bataillon, ils avaient réussit à monter ensemble des plans de bataille bien plus efficaces que ce qui pouvait être observé dans beaucoup d’autres opérations.
Pour être honnête, les compétences de stratégie et de cartographie de Jonas étaient louées par beaucoup, et ses observations toujours prise au sérieux. Adam n’intervenait souvent que pour ce que son expérience lui avait apporté, et sa connaissance des armures assistées. Il avait recouvré suffisamment de ses souvenirs du terrain pour leur avoir évité quelques morts parmi les troupes.

Cette fois encore, on avait demandé leur aide pour mater un début de rébellion à Rocéas. Ce n’était pas la première, et probablement pas la dernière. La ville avait toujours était un terrain instable, mais depuis la guerre, les populations sur qui l’on marchait allègrement depuis des années ne voulaient plus s’écraser sous la botte de leurs oppresseurs. Les mineurs, et tous les autres travailleurs de la chaîne de production, avaient creusé sans relâche pour l’effort de guerre. Ils avaient aussi envoyé du renfort humain pour le front, renforts qui pour certains n’étaient pas revenus entier, voire même pas du tout.

Le lieutenant regarda sa nouvelle prothèse, et serra puis desserra le poing pour vérifier qu’encore une fois il pourrait compter sur elle. Il avait encore du mal à accepter que ce bout de métal était désormais partie intégrante de son corps, il lui arrivait cependant de l’oublier parfois. C’était déjà un grand progrès en soit.

« Allons-y »

Ses trois compagnons acquiescèrent puis chacun des quatre militaire alla rejoindre la boite de conserve que l’armée lui mettait à disposition. Adam avait eu le « plaisir » de retrouver la sienne, retapée. Des bosses étaient toujours visibles, et le métal du bras semblait bien plus neuf que le reste de la carcasse. Lui et le major Hurricane, petite sœur de son défunt chef, allèrent rejoindre fusiliers et canonniers. Le plan était simple, et il fut parfaitement mis en application de son côté.

Les rebelles avaient établi une barricade devant l’entrée des bâtiments de la mine, sur un périmètre de plusieurs centaines de mètres. Après avoir tenté le dialogue, bien entendu vite écourté par une balle tirée par les reclus, les canonniers tirèrent les premières munitions de dissuasion.

Bien vite, avec les salves lancées depuis le front Est, l’entrée de la base ennemie fut accessible. Les deux armures assistées avaient pu entrer, suivies par une dizaine d’homme, arme au poing. Beaucoup de ceux présent à l’intérieur lâchèrent leurs armes d’un air dégoutté, et les quelques récalcitrants furent obligés de se rendre à l’évidence lorsque des canons d’armes militaires pointèrent vers leurs têtes.

Adam resta à l’affût le temps que tout ce petit monde soit attaché et sorti, avant d’être expédiés vers les geôles de la milice. L’homme ne fit cas des yeux accusateurs qu’il pouvait rencontrer. Même si il était plus que curieux de connaître les raisons de leur soulèvement, c’était à la milice de régler le problème désormais. Le lieutenant avait appris à se mêler de ses affaires. En général.

Il s’apprêtait à quitter les lieux lorsqu’un jeune soldat vint vers lui en courant, l’air contrit. Les mots s’échappèrent de sa bouche rapidement, avant qu’il ne s’échappe lui-même du giron d’Adam.

« Lieutenant ! Lieutenant ! Le Major Kampisch a été blessé et a été transporté à l’hôpital de Rocéas »

Le petit avait eu raison de s’enfuir. Une fois la nouvelle ingéré, le dit Lieutenant serra les poings de rage en se dirigeant vers l’hôpital. En voyant le regard furieux du militaire, les infirmières ne firent par d’histoire pour lui indiquer la chambre de son Major.

C’était une pièce commune où plusieurs lits se succédaient, simplement séparés par des rideaux grisâtres. Tous étaient occupés et Adam reconnus plusieurs hommes et femmes qui avaient été placés à l’Est. En passant devant les box, il remarqua que nombre d’entre eux étaient en cours de soins.
Jonas était aussi dans ce cas. Adam avait reconnu la veste qui avait été posée sur la chaise mais ne pouvait voir l’état de son soldat. Il ne pouvait le toucher pour s’assurer qu’il était bel et bien vivant.

Malgré sa frustration, il savait qu’il devait laisser la soignante s’occuper du patient. En tournant la tête, il eu le plaisir de tomber sur le responsable de l’autre troupe, celle dans laquelle son blessé se trouvait. Adam fonça sur lui et l’empoigna par le col avec sa main mécanique avant de le pousser durement contre le mur.

« Je t’ai donné la responsabilité de MES hommes ! Et j’en retrouve un à l’hôpital ! »

Le ton employé ne laissait aucun doute quant à l’étendu de la haine que ressentait Adam en ce moment. Les pupilles du Lieutenant étaient deux petits point, tellement la colère l’emplissait.

« Le plan était parfait ! T’as voulu faire le malin c’est çà ?! Tu voulais apparaître en grand vainqueur sur le rapport ? Quitte à faire tuer tes propres hommes ?! »

Son vis-à-vis baissa les yeux, alors que son corps se mettait à trembler. Etait-ce la peur ? Etait-ce la honte ? Peu importait à Adam. Même le fait que celui qu’il tenait à sa merci avait un grade plus élevé. Il avait commis une erreur qui avait coûté cher aux troupes, déjà en sous-effectif, pour sa propre gloire. C’était encore pire que tout. Ce genre de raclure lui donnait envie de vomir.

« Un pourri comme toi aurait du crever pendant la guerre ! Mais t’es bien trop lâche pour t’être mis en danger ! »

Adam le secoua une nouvelle fois, lorsque la voix enrouée du Major s’éleva derrière lui.

« Laissez ce pauvre bougre lieut’nant...Il doit être en train de faire dans son froc...et je vais bien... »

Lâchant ledit bougre, le Lieutenant se dirigea vers son homme. Mais celui-ci avait replongé dans le sommeil, un sourire ironique collé aux lèvres. Sans faire attention aux autres personnes, il prit la main de son ami dans la sienne, celle de chair et qui pouvait s’assurer qu’effectivement Jonas était bel et bien vivant.

« C’est tout toi Kampisch, de me mettre le nez dedans et de me lancer cette expression. »

HRP:

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyMar 30 Mar - 15:37
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Depuis mon réveil au centre de soin du quartier général des Cercles de l'Aube, je n'ai jamais plus quitté le monde hospitalier. Pas une seule fois, en six ans, je ne me suis éloignée de cet univers familier et protecteur. C'est probablement pour cela que, selon moi, rien ne peut distinguer un hôpital d'un autre. Ni sa localisation, ni son architecture, ni les odeurs entêtantes qui y règnent, ni les uniformes du personnel ne pourrait me permettre de faire une différence. Ce sont tous les mêmes à mes yeux. Celui-ci ne fait pas exception.

Je suis arrivée à Rocéas trois jours il y a trois jours à peine. Je connais déjà le bâtiment comme ma poche, même les soignants que je côtoie depuis mon arrivée me sont déjà familiers, même si j'ai encore du mal à retenir leurs noms à tous. Il faut dire que je ne leur parle que très peu. Nous n'échangeons qu'à propos des patients, rien de plus. Leurs regards sont encore maladroits, mais je sais qu'ils s'habitueront à la vue de mon visage, surtout à celle de cet oeil nacré qui a le don de provoquer le malaise ou la curiosité chez les gens. Pourtant, personne ne m'interroge sur l'origine de cette difformité. Ils n'osent pas et cela se voit comme le nez au milieu de la figure… Mais de ce fait, probablement par pudeur, tous m'évitent de façon plus ou moins inconsciente, m'enfermant ainsi dans cette bulle hermétique que je ne connais que trop bien. Je ne leur en veux pas, leur réaction, pour ce que j'en sais, et tout simplement humaine. Néanmoins il est vrai que cela ne peut que contribuer à entretenir ce sentiment de solitude que je trouve de plus en plus coutumier.

Peu m'importe… Après tout, je ne suis pas venue ici pour me faire des amis. Je suis là uniquement pour travailler, pour apprendre, tous les jours un peu plus sur ce qui constitue mon univers.

Dés mon arrivée, l'on m'a affectée à une unité de traumatologie. C'est là où, pour l'heure, l'hôpital à le plus besoin de personnel pour assister les quelques médecins du service. Celui-ci n'est pas bien grand et n'est divisé qu'en quatre chambrées regroupant toutes huit lits. Heureusement, tous ne sont pas occupés à l'heure actuelle, mais j'ai cru comprendre, en écoutant quelques conversations çà et là que ce ne serait pas forcément le cas encore bien longtemps. Pour preuve, voilà que l'on nous amène ce qui me semble être un soldat… Je vois passer le brancard devant moi alors que je traverse le couloir les bras chargés de draps propres. Ses camarades sont priés de rester devant les portes du service afin de ne pas gêner les soignants. L'un d'eux proteste rapidement, mais le médecin chef est un homme têtu à la voix puissante. Il ne tarde donc pas à se faire respecter des militaires.

- Blanche, viens nous aider, me lance une infirmière avant de pénétrer dans la première chambre sur la droite.

Ici, tous les membres du personnel sont appelés par leur nom de famille. Tous, sauf moi. Si le Premier Cercle a été inspiré par un prénom, celui-ci ne m'a affublé d'aucun patronyme. Voilà encore une chose qui marque ma différence avec les autres soignants. Encore un détail étrange me concernant qui éveille naturellement leur curiosité sans pour autant leur donner le courage de m'interroger . Qu'importe… De cela aussi, ils en prendront l'habitude.

Je pose immédiatement mon linge sur une étagère vide et rejoins rapidement mes collègues pour venir en aide à ce pauvre homme. La salle de soin n'est pas immense. J'ai déjà noté une certaine désorganisation au niveau de l'emplacement des instruments. Néanmoins, dans ce cas précis, il semble que nous n'ayons pas besoin des ustensiles les plus importants. Le médecin fait un diagnostic assez rapide, signe que celui-ci ne souffre pas de blessures extrêmement graves. Le patient présente quelques plaies de maigre importance sur la face, plus particulièrement au niveau de l'arcade sourcilière. L'ouverture est si petite que la suture ne mérite point son attention, c'est donc à moi de m'en occuper. De même pour celle qui se trouve au sommet de son crâne, visiblement provoquée par un débris provenant de son casque. Ce pauvre homme a de la chance, l'armure a amorti la plupart des chocs.

Quelques points, quelques pansements et bandages et le patient peut-être amené en chambre. A peine avons nous fini de l'installer sur son lit que nous voyons débouler certains de ses collègues rapidement précédé par un autre groupe. L'un d'eux, un homme doté d'une prothèse remplaçant son bras gauche. Celui-ci observe brièvement notre patient avant de se jeter sur un autre soldat. Ma collègue, dont j'ai encore oublié le nom, quitte prestement la chambrée sans rien dire… Je suppose donc qu'elle a décidé d'aller chercher de l'aide, même si, personnellement, je ne juge pas cela nécessaire… D'ailleurs, c'est le patient lui-même qui apaise rapidement les tensions demandant à l'homme en colère, un lieutenant apparemment, de lâcher le jeune homme qui n'en mène vraiment pas large… Ce qui, avouons-le, se comprend aisément d'ailleurs.

Histoire d'éviter que la situation s'envenime de nouveau, je demande gentiment aux soldats de quitter la chambre. Ils ne sont pas seuls ici, les patients présents dans cette pièce ont besoin de repos. Je décide néanmoins de laisser le lieutenant auprès de son camarade. Il semble avoir besoin de se rassurer. Pour preuve, il vient s'installer auprès de lui, prenant la main de l'homme qui vient de nouveau de s'endormir comme si celui-ci était mourant… Ce qui est loin d'être le cas. Mais cet homme-là n'en sait strictement rien. Il craint pour la vie de son ami. Aussi, j'estime que mon devoir est de le rassurer. Après tout, cela fait aussi partie de mon travail.

-Ne vous en faites pas, lieutenant. Votre ami ne présente que quelques blessures sans grande gravité, dis-je en m'emparant de son dossier pour énoncer ces dernières. Plaie bénigne au cuir chevelu et l'arcade sourcilière. Apparemment le choc à la tête n'a pas engendré de commotion cérébrale, ce qui est une bonne chose. Je vois aussi qu'il a deux côtes cassées et quelques bleus. Le médecin préfère le garder vingt-quatre heures en observation pour s'assurer que tout va bien avant de le laisser sortir.

Je pose le dossier et me rapproche du visage de l'homme endormi. Je sais très bien pourquoi il dort et cette pensée m'arrache un sourire… Mais consciente que mon rictus peut-être mal interprété par son ami, je m'empresse donc de me justifier.

-S'il dort, ce n'est pas à cause du coup qu'il a reçu, mais uniquement parce qu'il est fatigué. Votre ami doit être extrêmement courageux sur un champ de bataille, mais comme beaucoup de soldats, il n'a pas vraiment supporté la vue des aiguilles et la douleur engendrée par les soins… Et puis je pense qu'il a un certain talent pour la comédie, n'est-ce pas major… Kam… Kampisch ?

Le soldat ouvre alors un œil avant de se mettre à rire… Évidemment, rire lorsque l'on a des côtes cassées n'est pas forcément très agréable aussi, rapidement, le rire se transforme en grimace.

-N'avez-vous aucune pitié pour un homme blessé, m'dame ? Le lieut'nant va se moquer de moi maint'nant, raille le soldat en se redressant.

-De la pitié ? Pour vous ? C'est vous qui auriez dû en avoir pour votre camarade. Ne voyez-vous pas son inquiétude ? répondis-je en prenant une mine faussement outrée, croisant les bras pour donner plus de poids à mes paroles. Tenez vous donc tranquille et cessez de tourmenter votre ami. Non mais...

-Voilà que je me fais réprimander comme un enfant, pesta gentiment le soldat.

-Si vous ne voulez pas vous faire réprimander, cessez donc de vous comporter comme un enfant.

-Je n'avez pas vraiment le choix, sans mon petit numéro vous vous serez retrouvé avec un autre patient sur les bras, affirme-t-il en lançant un regard complice vers son lieutenant.

En soit, il n'a probablement pas tort. S'il n'avait pas arrêté le soldat à la prothèse, il est possible que nous ayons eu à soigner l'autre militaire.

-Pourrais-je avoir un verre d'eau m'dame… euh… infirmière… ?,

- Blanche, appelez-moi Blanche, dis-je en servant deux verres d'eau.

Je tends le premier au lieutenant. Il doit avoir soif lui aussi. J'aide ensuite le major à boire le sien. Il faut dire qu'il se tient dans une position fort inconfortable. Aussi, une fois désaltéré, je l'aide à s'installer de manière à ce que la douleur soit plus supportable.

- Avez-vous besoin d'autre chose ?

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyMer 31 Mar - 12:42
Irys : 848357
Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Adam leva la tête vers l’infirmière qui tentait de le rassurer sur l’état de son homme. Il remarqua son regard étrange, et fut surprit une seconde. Sans savoir pourquoi, il se dit que ce n’est pas la première fois qu’il rencontrait une femme au regard dissemblable. Sa mémoire se refusait cependant de lui dire d’où venait cette certitude, malgré un pincement au coeur. Son esprit fut cependant vite accaparé par les nouvelles qu’elle avait à lui donner.

Heureusement, les blessures de son Major n’étaient pas grave. Et cet idiot congénital voulait encore une fois  le rendre chèvre...Alors que l’infirmière mis Jonas devant le fait accomplit, et que celui-ci s’amusait de la situation, le Lieutenant retira sa main.

« Tu n’es qu’un crétin fini Kampisch... »

Le spectacle qui se jouait devant lui avait le mérite d’éloigner petit à petit les bruits rémanents d’éboulements et de cris de détresses qui commençaient à se faire entendre dans son oreille interne. Encore une fois, Adam n’était pas passé loin de se faire submerger par ses fantômes. Savoir les soldats blessés, devoir revenir à l’hôpital, les odeurs des médicaments, tout ça le ramenait quelques mois en arrière. L’inquiétude d’avoir un nouveau mort à afficher dans ses camarades avait finit d’achever son esprit encore instable.

Il revint tout à fait à lui quand de l’eau lui fut proposé, et se rendit soudain compte qu’en effet il avait soif. Le militaire remercia l’infirmière d’un hochement de tête, ignorant la pique de son subalterne. Ce n’était pas la première fois qu’il le titillait sur sa facilité à s’énerver. Plus jeune, Adam arrivait à garder son calme plus facilement. Sa naïveté lui permettait de passer de passer au-dessus de choses qu’il ne pouvait plus ignorer désormais. Aujourd’hui, il n’y avait qu’au cours de ses missions et en compagnie de ses camarades qu’il arrivait à retrouver cette onde de calme et de sérénité qui l’avait autrefois caractérisé.
Après quelques gorgées, le verre finit sur la petite table de chevet du box. Il tint tout de même à se venger de son ami, alors que l’infirmière, Blanche comme elle s’était présentée, aidait le blessé à s’asseoir. Enfin dans une position semi-assise vu que ses côtes semblaient le faire souffrir un peu.

« Tu trouves pas que tu pues un peu trop pour tenter de faire les beaux yeux à une infirmière ? »

Lui-même ne devait sans doute pas être mieux loti. Une fois les lieu de l’attaque sécurisé, il avait à peine prit la peine de remettre sa veste et laisser ses effets au soin du reste de ses mécaniciens. Tous les membres de leur équipe savaient qu’il valait mieux faire un brin de toilette après être resté au soleil dans leur boite de conserve. Heureusement pour eux, la mission de ce matin n’avait pas duré très longtemps. Il n’en restait pas moins qu’ils ne devaient pas sentir les hommes fraîchement sortis du bain.

- Avez-vous besoin d'autre chose ?

Adam regarda gravement Jonas un instant, et celui-ci n’eut pas un besoin de réfléchir longtemps pour comprendre que son chef avait bien une idée. Le lieutenant attrapa doucement le bras de Blanche avec sa prothèse. Non seulement il voulait la retenir le temps d’avoir les réponses à ses questions, mais il savait, pour en être régulièrement lui-même victime, que la différence de température du métal était surprenante. Bien qu’un peu réchauffé par la pyro-magilithe, son bras restait plus froid que la température du corps humain. Jonas avait déterminé qu’il était « tiède », sous le rire de leurs camarade et au grand dam du Lieutenant.

« Les autres soldats qui sont arrivés en même temps que le Major Kampisch, quelle est la gravité de leurs blessures ? »

La question avait été posé de manière calme, mais d’un ton ferme. Le ton de quelqu’un qui a l’habitude qu’on réponde à ses question. Bien qu’il ne soit responsable que depuis deux mois, Adam l’avait assez subi pour l’avoir reprit à son compte très rapidement.

« Lieut'nant, c’est une très mauvaise idée. »


Kampisch avait fait retomber l’effet immédiatement, visiblement peu d’accord avec les plans de son chef.

« Je ne t’ai pas demandé ton avis. »

« Blanche, vous s’avez pas à répondre au Lieut'nant Vaughn ! »

« La ferme Kampisch ! Tu parlera quand tu me fera ton rapport. Ne m’oblige pas à augmenter ta punition...Tu m’a désobéis là-bas en ne te mettant pas à l’abri. Tu as de la chance que Nielsen ne soit pas blessé non plus. »

Le Major se tu, bien que son regard était réprobateur. Il avait comprit qu’Adam avait fait jouer son grade pour le faire taire. Et sèchement en plus. Chose que ce dernier n’aimait pas faire du tout, mais il avait besoin de réponses, et il ne comptait pas laisser son équipe lui mettre des bâtons dans les roues. Même si le Major avait raison.
C’était une très mauvaise idée de chercher à descendre le Capitaine Braus, probablement protégé par des plus haut gradés. Adam s’en fichait, lui aussi avait une protection. Si les faits étaient avérés, son commandant le couvrirait. Il devait juste s’assurer d’avoir suffisamment de preuves pour faire plonger le blanc-bec. Aussi, il reposa la question en regardant directement l’infirmière dans les yeux.

« Blanche, quelle est la gravité des blessures des soldats qui étaient sous les ordres du Capitaine Braus ? »

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyVen 2 Avr - 18:37
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Je ne connais strictement rien de leur histoire à tous les deux, mais il est évident que le lieutenant "quelque chose" est préoccupé. Cela, je ne peux que le lire dans ses yeux noisettes lorsqu'il observe mon patient. Cela se voit également dans ses mâchoires crispées, dans ses poings serrés… Néanmoins, tout cela ne me regardant pas, je préfère me taire… Quoique, même si je voulais me mêler de leur histoire, je ne saurais même pas quoi dire. Leur monde comme celui de l'extérieur m'est totalement inconnu. Je reste donc à ma place d'infirmière prête à regagner mon invisibilité ou ma bizarrerie habituelle. Généralement, lorsque je demande si les patients ou leurs accompagnant ont besoin de quelque chose, on me répond simplement : non, ce sera tout. Je n'ai plus qu'à quitter la chambre avant de reprendre mes activités. Mais cette fois, ce n'est nullement le cas… La question vient du lieutenant au regard chargé d'une hargne plus qu'inquiétante.

-Je ne saurais vous dire, on ne m'a appelé que pour votre collègue. Si d'autres soldats sont ici, je ne suis pas au courant, réponds-je d'un ton neutre.Je vais me renseigner...

Consciente que je ne pourrai me rendre utile autrement, je quitte prestement la chambre pour regagner le bureau des infirmières au fond du couloir. Je remarque que le long corridor desservant toutes les salles du service est étrangement calme, beaucoup plus que d'ordinaire. Néanmoins, c'est en entrant dans le bureau que je peux réellement prendre conscience de cette agitation silencieuse. Dans cette pièce exiguë ne se trouve qu'une seule infirmière, Berthilde, celle qui se charge généralement de la paperasse et qui ne semble jamais quitter son poste.

-Excusez-moi, mademoiselle Schuman, est-ce que...

- Bon sang, Blanche, c'est vous ! s'exclame-t-elle après avoir si violemment sursauté qu'elle manque presque de tomber de sa chaise. Cesse un peu de jouer au fantôme, tu m'as fais peur!

Je l'ai contrariée. Je m'en rend compte… Cette femme fait partie de ceux qui sont totalement incapable de me regarder en face. Pour preuve, sitôt s'est-elle assise correctement que ses yeux se posent de nouveau sur la pile de papier face à elle.

- Que veux-tu ? J'ai un travail monstre…

-Je voulais savoir si d'autres soldats avaient été admis dans le service.

- Pas moins de quatre. L'un d'eux est dans un état critique, un autre est encore au bloc avec le docteur Falser… Je doute fort qu'il s'en sorte. Il y en a un dans la salle de soin avec les deux jambes fracturées et le dernier… Et bien, c'est ton patient il me semble.

-Je vois...

- Ah, attends… Je vois aucun certain Hernst Blergarm est mort durant le transfert… Je ne sais pas si c'est un soldat. Et on a un dénommé Gilbert Blythe dans la chambre trois… Lui c'est un civile… Mais il a été trouvé au même endroit que les autres.

-Un civile vous dites ?

- C'est bien ce que j'ai dis...La guerre ne leur a pas suffi, que veux-tu…

-Je ne comprends pas… Que voulez-vous dire ?

-Des rebelles, ma fille. Pourquoi penses-tu que des soldats ont été déployés par ici ?

-Oh... soupiré-je en baissant misérablement la tête, comme à chaque fois que quelque chose m'échappe.

-Pour sûr, tu es une femme étrange, Blanche. C'est comme si…

-Comme si ?

- Laisse tomber, j'ai du boulot. Tu le vois bien,non ? Va donc t'occuper de tes patients.

Je quitte le bureau sans rien ajouter. Même si je n'en dis rien… Même si mon visage n'exprime rien, j'ai très bien compris ce qu'elle a voulu dire sans oser. "C'est comme si tu ne venais pas de ce monde"... Combien de fois ai-je entendu cette phrase depuis mon réveil ? J'ai depuis bien longtemps cessé de compter… À quoi bon, de toute façon. Ce n'est pas comme si je pouvais réellement justifier mon ignorance. Depuis six ans, je me sens comme un être évoluant à part… Ailleurs, à côté… Je suis comme un livre dont ont aurait arraché la moitié des pages avant de les jeter au feu. C'est comme ça, voilà tout. Et même si parfois je me sens l'âme d'un imposteur qui vit sans vivre, je ne peux que continuer d'avancer… Et c'est de nouveau ce que je fais, j'avance jusqu'à la chambre du soldat Kampisch pour rapporter les nouvelles récemment apprise.

Mon ton est morne lorsque je répète les paroles de l'infirmière Schuman. Je ne vois pas comment je pourrais m'exprimer autrement de toute façon. Voyant l'état d'énervement dans lequel se trouve le lieutenant… Vaughn, je me permets toutefois d'ajouter :

-Vous savez tout… Aussi, si vous me le permettez, je vais me retirer à présent… Je vous prierais néanmoins de ne pas faire de vague. Pas ici en tous cas. Vous êtes dans un hôpital et bon nombre de nos patients sont extérieurs à votre situation ...

Je n'ai plus qu'à les laisser… D'autres patients m'attendent, alors je quitte de nouveau la chambrée pour regagner mes occupations.

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptySam 3 Avr - 10:49
Irys : 848357
Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
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Alors que l’infirmière s’éloignait, plusieurs scénarios étaient en train de se former dans l’esprit d’Adam. Tous finissaient indubitablement par au minimum la mise aux écrous du Capitaine Braus. Réfléchir à ce qu’il devait faire, ce qu’il lui restait à entreprendre pour arriver à se résultat lui permis de concentrer son énergie sur autre chose que sur ce qu’il voulait envoyer balader contre le mur. Enfin, ça c’était sans compter le regard pesant qu’il ressentait.

« Quoi ? »


Finit-il par demander dans un soupir à son Major, le regardant à nouveau.

« Lieut’nant vous allez avoir de sacré problèmes si vous vous attaquez à lui. »

« Racontes-moi ce qu’il s’est passé au lieu de me faire la morale »

Jonas se tortillait semblait soudain beaucoup moins enclin à parler à son supérieur.

« On s’était tous placés comme s’était prévu dans l’plan. Sauf qu’à peine le signal lancé ça a commencé à nous canarder exactement là où on était. Le Cap’taine ... »

« LIEUTENANT VAUGHN ! »

Le cri stoppa le rapport de Kempisch et Adam sortit du box immédiatement pour se montrer.
Le jeune soldat qui venait de troubler le silence se fit houspiller par un médecin au regard sévère. Comme un enfant ayant fait une bêtise, il passa de la course à la marche rapide, et s’adressa à Adam d’un chuchotement alarmé.

« Lieutenant Vaughn ! La prison est attaqué ! Et le Capitaine Braus est introuvable ! On n’as que vous pour nous aider... »

« Merci soldat. Fait venir mon équipement et rassembler les hommes disponibles aux anciennes halles. Tu sais quelle est la situation sur place ? »

Adam était un enfant de Rocéas, il était aisé pour lui de se repérer dans la ville. Un sacré avantage pour le combat qui s'annonçait.

Visiblement soulagé, que ce soit d'avoir trouvé le Lieutenant ou que celui-ci prenne directement les choses en main, le garçon hocha vivement la tête pour signifier qu’il avait quelques informations.

« Les rebelles ont encerclé la prison et sont armés. Ils menaçaient les milicien de sortir un canon aux munitions magithèques. De c’qu’on m’as dit quelques miliciens ont été blessé. On m’as dit qu’il fallait faire vite Lieutenant ! »

Les informations qu’il venait d’entendre ne laissaient que peu de place au doute. Les rebelles ne voulaient pas blesser des compatriotes, mais ils ne laisseraient pas tomber leur plan. Il était inquiétant de voir qu’ils avait un armement lourd à leur disposition. Quand à savoir comment ils avaient pu mettre la main sur des boulets magithèques, c’était une toute autre histoire. Ces munitions, et l’arme qui allait avec était un attirail militaire. Seul quelqu’un de l’intérieur pouvait leur fournir. Ils avaient été trahis. A savoir si ce traître avait rejoins ses camarades, ou si il se trouvait toujours dans les rangs des soldats. Dans les deux cas il faudrait y mettre fin.

Il n’y avait pas le temps de tergiverser. Ces questions trouveraient réponse plus tard. Pour l’instant, il devait se rendre sur place et essayer d’arrêter le massacre qui se profilait. Il jeta un regard à son soldat, visiblement soulagé de ne plus être en ligne de mire de son supérieur, et s’avança dans la salle en arborant son masque de combat. Son visage n’était pas beaucoup moins crispé mais on sentait qu’il était concentré plus que furieux. Sa voix était redevenue calme alors qu’il s’arrêta à la porte du bureau des infirmières. Un pas de course derrière lui lui indiqua que le jeune soldat repartait suivre ses ordres.

« Il va y avoir des blessés à la prison, j’ai besoin de renfort médical qui restera en arrière ligne et qui pourra intervenir immédiatement. Ils partent avec moi de suite. »

« Mais pour qui vous prenez-vous ?! On a assez de boulot ici, nous ne sommes pas des toutous de l’armée et je ne… »

« Vous n’avez pas bien compris Madame. Je ne vous demande pas votre avis. Le seul choix qui vous revient est de me trouver des personnes qui éviterons d’engorger l’hôpital avec le bain de sang qui s’annonce. Vous avez deux minutes. »

Adam y avait mis toute la courtoisie avec laquelle on l’avait éduqué, rien ne pouvait empêcher cependant que ça sonne comme un ordre. Bien entendu que son commandement n’avait pas de portée sur le personnel de l’hôpital. Mais pendant la guerre il n’y avait plus eu qu’un seul camp qui se battait contre l’ennemi et il était courant qu’un médecin ou une infirmière soit toujours en renfort. Ils avaient tous œuvré main dans la main pour la survie de leurs compatriotes. Lui-même se serrait peut-être vidé de son sang si son moignon n’avait pas été pris en charge dès qu’on l’avait sorti des décombres.
Le Lieutenant considérait qu’ils étaient toujours en guerre, sauf que l’ennemie était différent. Un adversaire que l’on avait plus de mal à éliminer dans état d’âmes.

L’infirmière sortit d’un pas pressé, non sans le bousculer légèrement, et s’engouffra dans le couloir. L’agitation s’était renforcée depuis quelques secondes. La venue du soldat affolé avait du laisser place aux rumeurs, surtout que des soignants étaient proche d’Adam et du garçon quand il avait reçu les informations. Le militaire s’avança vers la sortie, et commença à faire les cent pas en attendant ses renforts.

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyLun 5 Avr - 20:53
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Mon travail dans cet établissement n'avait strictement rien d'épanouissant. Je venais d'arriver du quartier général et personne ici ne me connaissait. Aussi ne me faisaient-ils que très peu confiance estimant, probablement, que malgré mon expérience et les informations contenues dans mon dossier, il me restait encore tout à prouver. Je ne pouvais guère leur en vouloir, après tout j'étais considérée comme une personne étrange imposée par les supérieurs des cercles de l'aube sans être médecin pour autant. Malgré tout, je me connaissais suffisamment pour être consciente de mes compétences et de mon savoir faire grandement élevé et ceux "grâce" à la guerre et à mon implication durant celle-ci.

Après avoir laissé les soldats, il ne me restait plus qu'à reprendre mes activités, en commençant, bien évidemment, par faire le tour des lits pour voir si un patient avait besoin de quelque chose. Néanmoins, je ne pouvais rien faire de plus que de remplir quelques verres d'eau ou réajuster la position d'un oreiller ou deux … En somme, rien de bien intéressant ,mais je ne m'étais point lancée dans cette carrière avec une autre ambition que celle d'aider mon prochain… Et là, je les aidais, en quelque sorte, même si mon assistance, en cet instant, pouvait être apportée par n'importe qui.

Je dois bien l'avouer, même si je m'efforçais à garder le sourire, il m'était bien difficile de supporter cette inactivité autant physique que cérébrale. J'essayais, tant bien que mal, de me remonter le moral en valorisant le moindre petit acte effectué, je ne pouvais néanmoins m'empêcher de ressentir ce sentiment de lassitude qui me donnait presque envie de… mourir ? L'idée peut paraître extrême, mais quand vous n'êtes plus rien ni personne parce que vous avez oublié tout ce qui avait fait de vous l'être que vous voyez chaque jour dans le miroir, vous avez tendance à vous raccrocher à tout et n'importe quoi pour tenter d'évoluer malgré tout… Et lorsque cette chose vous échappe, pourquoi voudriez-vous continuer de vivre ? Cette question, je me la posait bien souvent. Beaucoup trop souvent, sans doute, bien que je m'efforçais de la tenir éloignée de mes pensées durant la journée.

Je quittais donc cette dernière chambre, le cœur empli de ce fameux sentiment de lassitude. Mon regard se dirigeait vers le sol, comme s'il me fallait absolument le voir sans que je n'ai de véritable raison pour cela. Je n'avais nullement prêté attention à l'agitation dans les couloirs. Nous étions en traumatologie, après tout, ce genre de chose n'avait donc rien d'exceptionnel… Et comme personne ne semblait demander après moi, je ne me sentais nullement concernée. Jusqu'à ce que j'entende Berthilde Schuman pester dans sa barbe parce qu'elle ne trouvait aucun médecin de disponible. Comme elle me parut différente en dehors de son bureau. Elle me semblait si petite, si fragile loin de sa bulle au fond du couloir.

-Que se passe-t-il ?
-Blanche ! Sauriez-vous où se trouvent les docteurs Falser et Bauer?
-Et bien, vous le l'avez dit vous même, le docteur Falser est au bloc. Quant au docteur Bauer il me semble qu'il est en réunion...

Elle oubliait probablement que la raison de ma présence ici venait, en partie, de leur manque de personnel. Comme partout, les soignants étaient devenus une denrée rare et précieuse. La plupart étaient envoyés dans des hôpitaux plus importants que celui-ci… Voilà pourquoi la population se tournait de plus en plus vers les médecins libéraux, même pour des interventions de plus en plus risquées. Le contre-coup de l'après-guerre, disait-on.

-Comment vais-je faire? s'inquiéta visiblement l'infirmière qui ne semblait plus se tenir tant elle se dandinait.
-Je peux vous aider, peut-être ?
- Je ne sais pas… C'est une situation délicate et il faudrait quelqu'un avec une expérience du terrain…
-Je vois,soupirais-je en essayant de ne point perdre patience. Il me semble que vous avez lu mon dossier, non ?
- Évidemment…
-Dans ce cas, vous savez que je ne suis pas une débutante, que je suis spécialisée en traumatologie, d'où la raison de ma présence dans votre service, et que cette expérience a été grandement profitable à bon nombre de soldats durant la guerre. Je ne suis certes pas médecin ou chirurgien, mais je sais encore offrir les premiers soins. Alors si vous pouviez enfin m'expliquer ce qui se passe...
- Oh! Mais c'est vrai, je l'avais totalement oublié ! Lieutenant Vaughn, Blanche se porte volontaire ! Je fais passer le message dans les autres services en espérant ainsi vous envoyer des renforts… Mais en attendant, Blanche vous épaulera en arrière.

Je lançais un regard perplexe en direction du soldat au nom qui ne m'était plus inconnu, contrairement à la raison qui poussait Berthilde Schuman à chercher des renforts médicaux… Nous n'étions pas les seules membres du personnel soignant dans les couloirs. D'autres infirmières se trouvaient là, mais ce n'étaient encore que de jeunes filles inexpérimentées récemment engagées par l'hôpital et qui ne semblaient pas très emballées à l'idée d'appuyer le militaire.

- C'est pas vrai… Il me faut une trousse de secours et un nécessaire de chirurgie d'urgence. Je prépare tout cela et je vous rejoins lieutenant… Toi et toi, dis-je en désignant deux gamines au hasard,préparez-vous, vous venez avec nous.
- Mais enfin… Pour qui vous prenez-vous ?
-Pour une personne qui fait son métier, et vous ? soupirais-je en entrant dans la pièce servant de pharmacie où je me servais sans aucune gêne. Une fois chargée de mes sacs, je me dirigeais vers le militaire sitôt suivie par les deux infirmières.

-Allons-y, mais par pitié, expliquez-moi ce qui se passe.

Et voilà que je la ressentais de nouveau, cette euphorie étrange et envoûtante. Celle que je ressentais chaque matin en me levant avant de rejoindre le camp de fortune qui nous servait d'hôpital durant la guerre .

Adam Vaughn
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyMer 7 Avr - 11:35
Irys : 848357
Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
L’infirmière croisa la jeune femme qui s’était occupée de son compagnon, et elles discutèrent toutes deux. Lorsque la vieille peau lui renseigna que Blanche l’accompagnerait, il en était plutôt satisfait. Elle lui avait fait bonne impression, écoutant même sa requête là où d’autres l’aurait envoyer paître.

Blanche avait prit les choses en main, se positionnant comme chef d’équipe alors qu’elle prenait le matériel sans autorisation. De l’initiative, ça lui plaisait. Et ils en auraient besoin. Sur le terrain, tout ne se passait pas comme toujours comme prévu. C’était même souvent le cas.
Quelque chose avait changé en elle depuis tout à l’heure. Plus déterminée, plus vivante, sont regard avait une étincelle qu’il n’avait pas détecté plus tôt. Un léger sourire flotta sur les lèvres d’Adam, avant qu’il se reprenne pour se concentrer sur la mission.

Le militaire fit signe aux trois femmes de le suivre à l’extérieur. Il ne tenait pas à ce que la situation soit ébruitée plus qu’elle ne l’était déjà.

« Ce matin, nous avons attaqué un blocage de rebelles à la mine sud. Les rebelles ont été amené à la prison. On vient de m’apprendre que leurs amis avaient encerclé le bâtiment, armés. »

Il embrassa du regard les trois soignantes. Les deux plus jeunes semblaient encore moins heureuses d’avoir été désignées volontaires d’office. Elles ne devaient pas avoir connu la guerre, en tous cas, pas sur le front. Si c’était le cas, soit elles seraient autrement plus terrifiées, soit elles arboreraient le même air professionnel que lui ou Blanche. Adam se concentra à nouveau sur la chef d’équipe.

« Je ne connais pas la situation exacte Blanche. Ce que je sais par contre, c’est qu’ils ne laisseront pas leurs camarades et leurs idéaux. Ils se battrons jusqu’à la mort si ils estiment que c’est ce qu’il y a à faire. J’ai grandis ici, tout ce qu’ils veulent c’est la justice. Et pour ça ils sont près à tout. »

Même aux extrémités les plus terribles. Il espérait que la jeune femme comprenne que ce ne serait probablement une promenade de santé, et qu’elles risquaient toutes trois de ne pas sortir la tête de l’eau d’ici quelques heures.

« Si vous avez l’un d’entre eux entre les mains, essayez de leur tirer les vers du nez. Si j’ai la moindre chance de les faire se rendre, j’essayerais. »

Contrairement à d’autres, qui se délectaient à écraser la vermine, Adam ne prenait aucun plaisir à tuer ces gens. Il savait ce que c’était de passer la journée dans la montagne, à creuser comme un dératé, risquant sa vie, ou bien travailler à la chaîne en répétant inlassablement le même geste des heures durant. Tout ça pour un salaire de misère. Les soulèvements s’étaient faits plus nombreux depuis la fin de la guerre, et certain d’entre eux étaient justifié. D’autres ne représentaient que le ras-le-bol.
Le Lieutenant savait qu’il était utopique d’essayer de les raisonner, et qu’il y avait plus de chances qu’ils finissent avec un nombre de blessé important. Ce qu’on lui demandait dans sa position était de faire en sorte que du côté des forces armées, les dégâts soient minime. Il s’imposait un second objectif, essayer de faire en sorte que l’autre côté soit épargné autant que possible.

« Parfois la mort d’un seul homme peut en sauver des dizaines d’autres... »

Ce ne fut qu’un murmure de sa part, alors qu’il entamait la route. Il avait besoin de l’entendre, même de sa propre bouche. Si autrefois il n’avait fait qu’exécuter les ordres, aujourd’hui ce serait lui le responsable. C’était à lui de prendre la terrible décision d’appliquer la sanction létale quand ce serait nécessaire. Et ce serait à lui de porter les conséquences sur ses épaules, en essayant de ne pas alourdir encore plus sa conscience.

En sortant de l’hôpital, ils rencontrèrent quelques regards hostile. Surtout le soldat, montrant que la ville était sous tension. Le regard d’Adam n’avait cependant pas faiblit, au contraire. Il avait des choses à prouver ici.

La situation devait avoir fuité. Personne ne s’opposa cependant à eux, les laissant filer jusque dans les petites rues autour des anciennes halles. Le coin ne servait plus depuis un grand incendie une dizaine d’années plus tôt. Seuls quelques marginaux et trafiquants investissaient les lieux à la nuit tombée. A cette heure, le soleil étant encore haut dans le ciel, l’endroit devait avoir été vide avant l’invasion des militaires. Le groupe avait pu s’y enfoncer, sans être suivi, maintenant leur destination secrète.

Les anciennes halles étaient un immense bâtiment désaffecté, dont les pierres étaient pour certaines encore noircies. Les fenêtres n’avaient jamais été remplacées, mais la proximité des autres bâtiments empêchaient le vent de s’engouffrer. Seul le froid pouvait parfois vous pénétrer de sa glaciale morsure. En ce mois de Mai, même si la chaleur printanière commençait à faire son effet dans la région, la pierre dégageait toujours la température hivernale.

« Amenez les blessés dans le fond. »


« Le matériel est prêt ! »

« Ils ont lancé de nouveaux tirs ! »


« Y’a des blessé dans la prison ! »


L’endroit était une fourmilière quand ils entrèrent. Une vingtaine d’hommes était éparpillé dans l’endroit.
Ses deux soldats étaient en déjà équipés et train d’étudier un plan, sur une table de fortune, avec deux soldats d’infanterie. Ils discutaient probablement de la situation, alors que quatre autres militaires commençaient à ramener des blessés et les positionner dans un coin des halles. A voir leur tenue, ils s’agissait uniquement de soldats.

Des fusiliers  venaient de se préparer et se rendaient sur le toit. Ils pouvaient facilement atteindre le lieu de l’affrontement, en passant de toiture en toiture. Mais les blessés déjà présents laissaient à penser que leurs ennemis étaient aussi en hauteur et que là-haut, les  choses sérieuses avaient déjà commencées.

Le lieutenant désigna les hommes à soigner de sa main de chair

« A vous de jouer ! Si vous avez besoin, adressez-vous à une des armures assistées, je serais dans l’une d’entre elles. »

Il désigna son matériel, mais il savait qu’il était difficile de distinguer les différences entre les combinaisons militaires pour les néophytes. Hurricane, Nielsen et lui se relayeraient ici pour surveiller les opérations. Deux en haut, un en bas. Adam avait une grande confiance en ses deux soldats, et ne pouvait s’appuyer sûrement que sur eux. A trois, ils devraient s’assurer de mener à bien le commandement des opérations.

« Des questions ? »

Il préférait s’assurer que tout était clair de ce côté avant de se lancer dans la bataille. Blanche devait pouvoir assurer sa propre mission, et il ferait ce qui était en son pouvoir pour l’y aider.

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyMer 7 Avr - 14:07
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Peut-être aurais-je dû ressentir quelques sentiments coupables pour avoir pu éprouver une sensation d'euphorie telle que celle-ci, pourtant ce n'était nullement le cas. Je savais que j'allais pouvoir enfin me rendre utile et pas seulement en tapotant quelques oreillers ou en apportant un plateau de soin à un médecin quelconque. Une telle sensation n'avait point de prix à mes yeux simplement parce que je pourrais réellement utiliser les compétences acquises durant ces dernières années en aidant les personnes qui en auraient le plus besoin. Après tout, n'avais-je pas été à leur place un jour ?

C'était aussi pour cela que j'avais choisi cette carrière, pour rendre l'aide que d'autres m'avaient apportée, un jour… Un jour certes oublié de même que tout ceux s'étant déroulés avant cela, mais qui pourtant marquait le début de cette vie nouvelle que je menais depuis maintenant six années. Depuis ce jour, toute mon existence tournait autour de ce travail que je considérais comme une véritable vocation. Un mode de vie, certes singulier, mais qui me correspondait et me comblait, du moins, tant qu'on me laissait la possibilité d'exploiter mes connaissances.

Le lieutenant ne m'expliqua la situation qu'une fois à l'extérieur pour quelques raisons que je finis par trouver évidente. Tous nos patients n'étaient pas militaires et évoquer une attaque rebelle en plein hôpital ne semblait pas vraiment judicieux surtout lorsque celle-ci se déroulait non loin d'ici. Si j'accueillis la nouvelle avec une expression neutre, ce n'était guère le cas de mes deux camarades. Qui pourrait leur en vouloir alors que rien ne les avait préparés à cela.

-Ça va aller, leur dis-je avec détermination afin de les rassurer. Pour nous, cela ne change rien. Focalisez-vous uniquement sur vos patients et laissez les soldats se charger du reste.

Résumer ainsi le contexte dans lequel nous allions devoir évoluer me semblait être le plus simple. C'était ainsi durant la guerre. Nous devions tous nous oublier, faire abstraction de tout ce qui se trouvait autour simplement pour pouvoir faire notre travail. Ce n'était pas toujours aisé, pas lorsque le son des obus résonnaient jusqu'à nous, pas quand le sol tremblait sous les bombardements … Mais que pouvions-nous faire d'autre ? Elles devraient faire avec, le choix ne leur était pas offert.

-Je comprends, rétorquais-je en ajustant la position de la hanse de mon sac sur mon épaule. Je ferais de mon mieux, lieutenant, mais ne m'en demandez pas trop. Je suis infirmière, pas milicienne et encore moins soldat. Je ferais donc mon travail et rien de plus...

Je comprenais bien évidemment sa demande d'essayer de soustraire des informations si l'un des blessés entre mes mains s'avérerait être l'un de ces rebelles. Néanmoins, ce n'était point mon travail. L'on ne m'avait point formé à cela et je doutais fort que l'un d'eux ne m'expose leurs plans simplement parce que je lui aurait posé la question.

- Contrairement aux apparences et même si je ne suis qu'infirmière, j'appartiens aux Cercles de l'Aube, lieutenant. Je ne suis pas une employée de cet hôpital et je dois respecter le principe de neutralité.

Évidemment, rien ne m'empêchait de suivre mes croyances ou mes idéaux si tant était que ceux-ci n'entraient pas en contradiction avec les lois des Cercles… Et justement, je n'étais point certaine que ce ne soit pas le cas ici. Aussi préférais-je préciser :

-Une vie reste une vie. Par conséquent, je soignerai chaque blessé qui me sera présenté de la même manière sans faire la moindre distinction, comme je l'ai toujours fait. Pour le reste, ce sera à vous de vous en occuper, ou bien à la milice.

Je ne savais rien des raisons qui avaient poussé ses hommes à agir de la sorte et, au fond, cela ne me concernait que très peu. Mais je connaissais l'humain comme un être complexe qui méritait autant d'attention que de bienveillance, aussi il m'était impossible de déroger à cette règle universelle… quitte à en payer le prix, si mon amnésie et mes cicatrices n'étaient point déjà l'une des conséquences de mon application.

« Parfois la mort d’un seul homme peut en sauver des dizaines d’autres... »

Il avait beau n'avoir que murmuré ces mots, je les avais pourtant bel et bien entendu… Et sans savoir si cette phrase m'était adressée ou non, je me permis d'y répondre sur le même ton :

-Mais qui sommes-nous pour prendre une telle décision ?

"Une vie reste une vie", ne l'avais-je point déjà dit ? Toutes pèsent le même poids sur la balance de l'existence. Chacune d'elle est liée à une autre, voire à d'autres… Ne sommes-nous pas tous les enfants, les parents , les compagnons, les amis d'autres personnes ? Que pouvions-nous savoir des conséquences de la mort d'une seule personne sur l'existence des personnes auxquelles ils pouvaient être liés ? Ce choix, celui de priver un homme du droit de vivre, même d'un homme foncièrement mauvais, restait une bien lourde responsabilité que je me refusais tout simplement d'assumer. Point. Rien ni personne ne pouvait me forcer à penser autrement.

Rapidement, nous fûmes conduites, mes collègues mal-assurées et moi jusqu'à un bâtiment immense situé dans un bien sombre quartier. Je ne prêtais nullement attention à l'état des lieux, j'avais connu pire comme hôpital de fortune. L'endroit grouillait déjà de militaires et de miliciens. Certains tenaient sur leurs deux jambes, d'autres pas… D'instinct, je me dirigeais vers l'arrière, là où l'on emmenait justement les blessés, comme de coutume, mais je fus retenue dans mon élan par la voix du lieutenant.

-Je saurai me débrouiller, évitez de le rejoindre, dis-je en désignant la masse de patients attendant que l'on leur vienne en aide. C'est parti...

J'entrainais avec moi les deux infirmières qui ne semblaient pas savoir par où commencer. Cela, je le comprenais aisément, c'était aussi mon cas la première fois. Je me souvenais encore parfaitement de l'odeur du sang et de la vision de celle qui fut, probablement, la plus importante de mes formatrices, les mains poisseuses du sang de l'homme qu'elle était en train d'amputer…  Néanmoins, l'heure n'était pas à l'hésitation. Nous ne pouvions nous le permettre.

-L'une à droite, l'autre à gauche. Ne regardez pas ailleurs, un patient à la fois, celui qui saigne le plus en premier. Ne vous posez pas de question inutile, ne prêtez pas attention au bruit ou à l'agitation, il va vous falloir réfléchir vite et agir vite. Nous ne sommes que trois et nous n'avons pas de médecin pour nous dire quoi faire… Alors faites au mieux, une fois stabilisé vos patients pourront être transférés… Allez, zou !

Je me retroussais les manches avant de vider le contenu de mes sacs sur l'une des tables. Il nous fallait être méthodiques pour ne point perdre de temps. Nous ne pouvions donc nous permettre de fouiller bêtement partout pour trouver bandages et instruments divers et variés. D'un bref coup d'œil je pus constater que malgré leur manque de compétences sur le terrain mes deux comparses ne se débrouillaient pas trop mal. Tant mieux, je pouvais donc me consacrer à mes propres patients. Je pris donc place au milieu de la zone de soin enchaînant entre sutures et réductions de luxations avant de me pencher sur des plaies par balle et autres plaies pénétrantes… Les heures pouvaient bien défiler, dans ces cas-là, l'on ne peut s'en rendre compte.

Et puis, on m'emmena un milicien qui semblait présenter une plaie à l'abdomen. Jusque-là, rien de bien étrange dans ce genre de contexte, n'est-ce pas ? Comment aurais-je pu me méfier de ce patient précis ?

-Il faut retirer votre veste, je dois voir la plaie pour la soigner...

-Non mam'zelle, j'peux pas faire ça... me répondit-il en m'offrant un sourire inquiétant…

-Mais... commençais-je à bafouiller tout en observant l'homme avec un peu plus d'attention.

Il y avait bien du sang sur sa veste néanmoins, là où la déchirure du tissu aurait dû exposer une plaie sanguinolente, celle-ci montrait au contraire une peau parfaitement préservée… Ces vêtements ne lui appartenaient pas, cela ne faisait aucun doute. L'homme se leva brusquement pour venir m'empoigner douloureusement le bras avant de placer celui-ci dans mon dos. Dos qu'il vint plaquer contre son torse.

-Tout doux blondinette. J'ai sur moi de quoi faire sauter toute cette baraque si tu l'ouvres. Alors, dis-moi, qui est le responsable ici ? Faut qu'on cause lui et moi...

C'est avec grande difficulté que je ravalais ma salive. L'une des infirmières remarqua le manège et se mit à hurler…

-Bon sang ce que les donzelles peuvent être insupportables, soupira l'homme en plaçant ce que je devinais être le canon d'une arme sur ma tempe.On se la ferme ma p'tite ou je flingue la demie borgne. J'ai dis que je voulais voir le responsable… et si j'étais vous soldat, j'évit'rai de tirer sur l'homme qui a sur lui suffisamment d'explosifs pour tout faire péter…

- Inutile d'aller jusque-là, pourquoi ne pas simplement demander à discuter sans menacer qui que ce soit ?

-Tu es bien naïve de croire que ces gens-là vont m'écouter sans que j'y mette les formes. Ce sont juste des toutous… Alors, il est où le clébard en chef ?!

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyJeu 8 Avr - 18:24
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Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
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La remarque de Blanche l’aurait fait à nouveau sourire si ils n’étaient pas si proche de la bataille. Adam s’attacherait à faire son maximum pour ne pas donner de travail supplémentaire à l’infirmière.

Alors qu’elle se tournait vers ses premiers patients, il alla rejoindre ses soldats. Et bien qu’il ne pouvait voir leur visage à travers le métal, il avait senti à leur intonation qu’ils étaient heureux de le voir.

« Quelle est la situation ? »

Nielsen lui montra le plan du quartier sur lequel ils étaient en train de plancher.

« Seule la partie nord, attachée à la montagne, n’a pas de rebelles. Y’en a sur les toits. Ici, ici, et dans ce coin.  »

Le soldat tapota plusieurs maisons aux alentours, mais également de l’autre côté du bâtiment qu’ils devaient dégager.

« Leur armes sont mécaniques, et ils ne sont pas très entraînés. Mais ils sont plus nombreux Lieutenant. »

« Neutralisez les. Visez les clavicules, les jambes. On essaye de minimiser les victimes. »

Les deux fusiliers qui étaient avec eux commencèrent à protester, et le Lieutenant reprit de suite la parole.

« Ce sont mes ordres messieurs. Si vous voulez les contredire, allez retrouver où se planque votre chef. »

Les deux hommes baissèrent les yeux, comprenant honteusement que leur chef n’osait en effet pas se montrer après la déconvenue du matin.

« Si vous voulez augmenter la colère de ces gens, alors faites une boucherie. Si vous voulez qu’on ai une accalmie plus durable, alors arrêtez-les simplement. Hurricane, la situation au sol ?  »

« Deux-trois hommes sur chaque artère, ils sont couverts par ceux en hauteur. »

Adam fit signe aux miliciens pour que les trois groupes armés écoutent les ordres. Il devait changer les premiers plans qu’il avait échafaudé.

« Hurricane, tu pars avec la milice évacuer les civils. Si les cibles ne sont pas loin, attendez qu’on dégage le terrain. Nielsen, tu montes avec les fusiliers. On commence par dégager l’Est, avant de descendre au Sud et remonter sur l’Ouest. Comme je l’ai dit on minimise les pertes. Vous gardez un ou deux hommes pour ramener les blessés et les messages. »

Un « A vos ordres Lieutenant ! » claqua unanimement de la part des soldats, tandis que les miliciens acceptèrent d’un hochement de tête circonspect. Ses deux hommes, enfin soldats puisque Hurricane n’était pas appareillée comme eux, seraient son extension sur le terrain. Lui devrait se contenter de les attendre ici, n’agissant qu’en dernier recours. Il était désormais le chef d’orchestre de tout se petit monde, et il n’était pas question qu’il fonce tête baissé dans l’action, comme ça le taraudait pourtant.
Pendant que tout se beau monde s’organisait, il alla rejoindre son habit de métal, enfilant les plaques par habitude, avant de revenir se positionner au centre des opérations quelques minutes plus tard.

Adam suivait l’avancée des troupes grâce à la carte. Au fur et à mesure, il communiquait des changements de direction, des ajustements. Pour l’instant, ils avaient réussit à tenir en partie les objectifs.  De ce que les soldats et la milice lui avaient reporté, les pertes avaient réussit à être maîtrisées. A ce stade, ils ne devraient compter que deux morts du côté des rebelles.

Un cri l’arracha de sa concentration. Il venait de la partie infirmerie improvisée, et le militaire vit bien vite de quoi il retournait. Blanche était tenu par un homme en uniforme de la milice. Il pointait sur sa tempe un colt, rudimentaire mais tout aussi efficace que n’importe quelle arme pour un tir à bout pourtant. L’infirmière était étonnante par la stature stoïque qu’elle réussissait à conserver. Ce qui n’était pas le cas de sa collègue qui avait émit les hurlements.

Alors, il est où le clébard en chef ?!

L’homme s’approchait, en même temps qu’Adam faisait du même de son côté. Ce dernier glissa un mot à voix basse au fusilier qui s’apprêtait à remonter.

« Expliquez la situation à Nielsen, et dites lui de se mettre en position. Il a carte blanche. »

Le lieutenant reprit sa marche, et au fur et à mesure, il eut la mauvaise surprise de reconnaître l’homme.

« Allan, toujours aussi gentleman à ce que je vois. »

« Cette voix...Me dit pas qu’c’est toi Vaughn ? Un d’nos héros de la guerre ! Quel honneur ! »

Allan cracha par terre, lançant un regard mauvais à l’armure.

« Tu es devenu trop lâche pour t’montrer ? J’suis bien content que la gamine ai pas réussit à te passer la corde au cou. »

La gamine, le fille du rebelle, avait fait les yeux doux à Adam dans leur adolescence. Avant qu’il ne doive lui aussi descendre au fond de la mine. Du moment où elle avait comprit qu’il ne serait jamais plus que ce que sa condition lui permettrait, elle était allé courir un autre lièvre. Pas qu’elle soit uniquement vénale. Adam lui avait trouvé assez de qualités pour être ami avec elle, sans se laisser tenter pour autant tenter.
La situation se compliquait, car Allan était une des figures de la mine sud. Et surtout un homme buté. Son père et lui s’étaient souvent disputés, même si ils se réconciliaient souvent autour d’une bière.

« Ton grand-père aurait bien honte de t’voir toutou des autorités. T’as aucun respect pour tes aïeuls gamin ? »

Inviter son grand-père dans la conversation était sans doute pour le faire sortir de ses gonds. Adam n’était plus un gosse, et il avait trop de responsabilités sur les épaules en cet instant pour lui faire mordre la poussière comme l’homme le méritait. Il devait faire attention à comment il traitait l’homme. Sa parole avait du poids, et il pouvait tout aussi bien être l’instigateur de tout ce merdier. Tout comme quelqu’un pouvait l’utiliser pour ameuter une foule de mécontents et tirer les ficelles dans l’ombre.
Le militaire ne pouvait pas non plus le laisser diriger les débats et tout exiger de lui, sans quoi la rébellion penserait avoir tout gagné.
Pour l’instant, l’important était de gagner du temps afin que Nielsen, et son fusil à lunette, puisse éliminer la menace.

« Il suffit Allan. Tout ça ne vous mènera à rien. Je suis prêt à t’écouter, mais relâches la fille d’abords. »


« Tu m’as prit pour une pucelle ? Je la garde. Et si tu continue à m’prendre pour un crétin, je lui fait un beau trou dans sa p’tite tête »

Comme pour appuyer les paroles de son détenteur, le canon de l’arme se pressait un peu plus encore contre la boite crânienne de Blanche. Adam croisait les doigts pour que la soignante résiste encore un peu.

« Alors parles. Quelles sont vos revendications ? »

« Depuis le début de la guerre, tous les habitants de Rocéas travaillent plus. Et pour pas un rond d’plus. La survie de la nation et toutes ces conneries. Personne avait moufté. Sauf qu’les dirigeants ont continué à exiger la même chose. Ca s’est pas arrêté ! »

Allan cracha à nouveau par terre, le visage furieux. Les rides s’accentuaient autour de ses yeux marrons furibonds. Ces derniers fixaient l’armure avec la même haine que si il s’agissait de tous les notables de la région. Le changement d’humeur eut le mérite de faire baisser l’arme de l’ennemi. Elle était toujours fixée vers Blanche, mais se faisait d’un coup moins menaçante.

« Tu sais comment c’est là-d’sous et dans les ateliers Vaughn...C’est d’venu pire ! Y’a quasiment plus d’sécurité ! Est-ce que ceux à qui tu lèches les bottes t’ont parlé des accidents qui avaient augmentés ? »

Bien sûr que l’argument ne le laissa pas de marbre. Heureusement que l’intimité de l’armure assistée lui permettait de tressaillir sans public. Ses parents en étaient morts, lui-même avait une cicatrice suffisamment grande dans le dos pour lui rappeler chaque jour que la vie ne tiens qu’à un fil. Si il était toujours parmi eux, Adam serait probablement dans les rebelles, à défendre son droit à un minimum de dignité.
Seulement maintenant il devait penser à plus que ses anciens camarades. Les personnes qui avaient été prise dans ce conflit par exemple. Il ne pouvait faiblir.

« Non mais y’a de meilleurs moyens de faire éclater la vérité. Prendre à partie des personnes qui n’ont rien à voir ne fera qu’aggraver les choses. »

« C’est le seul langage que ces pourris comprennent ! Alors tu va leur d... »

Le bruit d’un tir se fit entendre, écourtant le dialogue. La munition, d’une précision mortelle, avait traversé le crâne d’Allan, dont les yeux regardaient avec effroi le clébard en chef.

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyVen 9 Avr - 10:05
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Dans ma position fort peu confortable, je ne pouvais que suivre la conversation en silence. Les deux se connaissaient visiblement très bien et ce depuis de nombreuses années. J'observais le tout d'un air impassible sans esquisser le moindre mouvement. La raison était bien simple, je ne ressentais aucune peur. Mourir ne me semblait pas effrayant, au contraire, il y avait quelque chose dans cette idée qui m'évoquais un grand soulagement. Et puis, je ne risquais pas d'abandonner qui que ce soit puisque je n'avais personne… Alors pourquoi aurais-je été inquiète ?

En revanche, si je me trouvais parfaitement calme, ce n'était nullement le cas de l'homme qui me retenait prisonnière. Il tremblait, transpirait à outrance alors que la température ambiante tirait plus vers le froid… Plusieurs fois il resserrait sa prise sur mon bras… Je grimaçais sous la douleur tout en notant que sa paume était sacrément froide… Aussi froide que la peau d'un cadavre dans la neige.

Au cours de leur conversation étrangement personnelle, le canon de l'arme vient s'appuyer plus vivement sur ma tempe… Il tremblait beaucoup… Sa prise sur son arme me parut même trop forte pour être réellement fiable ou seulement assurée… J'entendis un cliquetis caractéristique, il avait appuyé sur la détente sans qu'aucune balle ne soit expulsée… Comment pouvais-je être encore en vie ? Le regard d'Allan croisa le mien durant une fraction de seconde… Si j'étais surprise lui me suppliait silencieusement de ne rien dire. Je clignais brièvement les paupières pour lui faire comprendre mon accord. Il avait des choses à dire, à expliquer…

Au cours de cette conversation, je compris tellement de choses que je ne savais plus quoi ressentir. J'éprouvais beaucoup de pitié pour ses hommes qui, je le réalisais, étaient tout simplement exploités dans des conditions atroces pour "le bien de la nation". Cette expression, nous l'avons tous maintes fois entendue… Durant la guerre, évidemment, mais beaucoup plus depuis que celle-ci s'était achevée brusquement après l'épidémie. Je ne pouvais que comprendre le sentiment d'injustice que ces hommes pouvaient ressentir quand d'autres continuaient de s'enrichir sur le dos de la guerre et de ses suites… Mais Allan ne put transmettre son message… On ne lui laissa pas cette possibilité.

Une détonation, bruyante, puissante… L'homme qui me maintenait jusque-là chancela un instant sous l'impact de la balle qui venait de percer son crâne… J'entendis un gargouillis macabre qui me révulsa l'estomac et ce, juste avant que le rebelle ne s'écroule devant moi. Dans un réflexe étrange et bien humain, je tentais maladroitement de rattrapper ce corps rendu aussi vivant que pouvait l'être une poupée de chiffon. Mais j'étais bien trop faible et lui bien trop lourd, son poids remportant cette joute sur le mien ce qui me fit trébucher sans tomber pour autant…

J'étais sonnée … Choquée … Je fixais le corps encore chaud de ce pauvre homme perdu à jamais. Je ne comprenais pas pourquoi ils l'avaient tué… Pour ses revendications ?Pour sa menace grotesque qui avait tout d'un jeu de théâtre? Il me fallait m'en assurer… Alors je me baissais vers le cadavre pour vérifier mon hypothèse. J'ouvris la veste qui n'était pas la sienne, un déguisement emprunté à un homme mort avant lui… Je vis le gilet censé contenir les fameux explosifs qui s'avéraient n'être que de vulgaires bouts de bois grossièrement maintenus par du fil cousu à la va-vite…

Je pouffais nerveusement, laissant échapper une sorte de rire aussi sarcastique que déprimant… Cet homme-là… Il avait joué sa survie sur un coup de bluff et il avait perdu.

- C'est ce que vous vouliez dire par "la mort d'un homme peut en sauver des dizaines d'autres", lieutenant ? demandais-je, amère, avant d'arracher l'un des bâtons de bois pour le lui lancer. Il voulait simplement discuter et vous l'avez tué sans chercher à le comprendre...

Je savais bien que le coup ne venait pas de lui, il n'était techniquement pas responsable de ce meurtre. Du moins, pas directement. Mais il était le supérieur de celui que je considérais à présent comme un vulgaire assassin sans cervelle.

- C'est pour cela que les guerres existent. C'est pour cela qu'il y a tant de morts partout pour des raisons si peu justifiables lorsqu'on se pose suffisamment longtemps pour y réfléchir. Personne ne cherche à comprendre personne. Il suffisait de lui laisser quelques minutes de plus, peut-être auriez-vous pu trouver un terrain d'arrangement, ou peut-être pas… Mais cela, on ne le sera jamais car vous agissez sans réfléchir correctement.

Mon regard se portait bien sur l'homme en armure se tenant bien droit dans les hauteurs.

-Vous pensez réellement que des hommes puissent provoquer ce genre de situation sans raison ? Vous pensez vraiment réussir à les arrêter en les tuant un par un sans que personne ne viennent prendre la place des gens que vous avez tué ? Vous n'avez toujours pas réalisé de la stratégie de la terreur ne fonctionne pas et, qu'au contraire, elle engendre toujours plus de violence et de mort parce que chacun défend ses idéaux avec la même ardeur. Vous n'êtes pas si différents bon sang ! Vous auriez fait la même chose à leur place et inversement… Je me trompe ?

Cette fois, je me tournais vers le lieutenant dont je ne pouvais voir le regard à travers l'armure. C'était frustrant. J'avais beau savoir qu'un être humain se trouvait bel et bien en dessous, je ne pouvais m'empêcher de me dire que face à moi ne se trouvait finalement qu'une machine.

-Vous le connaissiez… Vous connaissez donc sa famille, ses proches… Qu'allez vous leur dire pour justifier cette mort sans attiser leur haine envers le gouvernement qui vous emploie et qui les a traité comme des chiens pendant qu'ils vous envoyez au front pour vous faire tuer ?

Cette question, je la posais sans réellement attendre de réponses. À mon sens, aucune ne pourrait être la bonne alors autant m'en retourner à mon poste pour tenter de sauver les hommes qu'il restait. Au moins, peut-être ceux-là pourront-ils retrouver leur famille, contrairement à tous ceux qui n'auraient plus jamais cette chance. Je fis quelques pas avant de m'arrêter, tournant toujours le dos au lieutenant.

-Il ne m'aurait pas tué, affirmais-je d'un ton neutre. Vous pouvez vérifier son arme, elle n'était pas chargée. Il a appuyé sur la détente une fois, par mégarde… Il tremblait… Et pourtant … Je suis toujours là. Je relevais la tête vers l'assassin, cette fois en haussant un peu plus le ton pour qu'il puisse m'entendre. Combien de vie avez-vous sauvé aujourd'hui ?

Inutile d'être dans la prison pour se rendre compte qu'il y avait bien plus de pertes du côté des rebelles que de la milice et de l'armée. On m'emmenait les blessés, pas les morts, le calcul était plutôt facile à faire. Je me demandais combien d'enfants allaient mourir dans la misère et le froid par la suite… Mais je doutais fort que ceux-là y songent. Ils n'avaient fait que leur devoir après tout…

Je finis par rejoindre mes patients en silence pour terminer de soigner leurs petits bobos. Les rebelles n'étaient visiblement pas aussi bien armés que pouvaient l'être les militaires en armures assistées. L'intrusion dans la prison justifiait un peu cette attaque même si l'armurerie des geôliers devait être bien moins garnie que celle de la caserne… Mais la prison était également bien moins gardée. Qu'importe, ces affaires là ne me regardaient pas, même si je ne pouvais à présent que poursuivre ma tâche les mâchoires serrées sous l'effet de la colère et du dégoût que je ressentais.

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptySam 10 Avr - 13:11
Irys : 848357
Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
A son habitude, Nielsen avait été précis, efficace et surtout mortel. Le tireur d’élite avait comprit rapidement la situation, et avait attendu la bonne ouverture pour éliminer la menace sans blesser l’otage. Alors que le corps sans vie tombait, Adam pu voir les yeux choqués de l’infirmière, tentant en dernier recours de rattraper l’homme dans sa chute. Il était trop tard pour qu’elle lui sauve la vie.

La colère et les mots de Blanche étaient justifiés, et il reçu le bois sans ciller. Ce qu’elle criait ici, audible par tous les hommes et femmes présents, faisait écho à ce qu’il avait tenté de dire aux hommes avant le combat. Et le Lieutenant savait qu’au lieu de la trentaine de morts qu’ils auraient déjà du compter si une tactique habituelle avait été appliquée, Allan n’était que le cinquième homme à manger les pissenlits par la racine.

Adam serra les dents, sans répondre à Blanche. Inutile de lui dire combien il comprenait ce qu’elle lui disait. Et même si aujourd’hui il faisait de son mieux pour éviter les victimes, des familles qu’il connaissait le tiendrait responsable pour leur malheur. Et elles auraient raison, le militaire n’avait pas vu tous les signes dont lui parlait la jeune femme. Tout ce qu’il avait vu, c’était un homme prêt à tout pour défendre ses convictions. En venant ici, menaçant quelqu’un qui défendait toute vie, il savait que c’était comme sauter d’une aéronef sans parachute. Sa vie pour celle de ses camarades. Impossible pour le soldat de croire qu’Allan pensait s’en sortir sain et sauf.

« Sortez le du passage. Nous rendrons le corps à sa famille quand ce sera terminé »

Deux hommes se précipitèrent pour prendre Allan et l’amener à côté des deux autres cadavres qu’ils avaient déjà récupéré, les autres étant encore trop loin. Le Lieutenant regarda un instant Blanche, qui repartait soigner les blessés comme si de rien n’était, si ce n’était les émotions vives qui se lisaient encore dans ses yeux. Une des deux filles qui l’accompagnait, celle qui avait hurlé, s’était réfugiée derrière l’armure assistée. Son occupant se tourna et lui ordonna d’une voix rauque.

« Allez la rejoindre, tout ceci n’est pas fini »


Il s’avança à nouveau vers le centre des opérations et s’enquit de la situation, comme si rien n’était venu les troubler. Les hommes présents étaient encore sous le coup de l’émotion, et il était temps de les remettre dans la mission. Il n’était pas l’heure de s’apitoyer, ou de faire éclater sa colère. Tout ça viendrait après, et c’était son rôle de remettre chacun à sa place. Il était hors de question que tout ceci n’ait servit à rien car un soldat sous le coup de l’émotion ne ferait pas son travail.

« Quelle est la situation au sol ? »

« Il en reste quelques un, mais la plupart ont été neutralisé ou ont rejoins les toits Lieutenant. Les civils ont été dirigés vers le centre communautaire le plus proche. »

« Bien. Sur les toits ? »

« L’Est et une grande partie du Sud sont sous notre contrôle. Le dernier compte indiquait une dizaine d’hommes encore actifs. »

Les militaires et la milice étaient enfin parvenus à inverser la balance numérique. Leur armement était aussi nettement supérieur. Et un de leur leader était hors course.

« Je vais tenter de négocier avec eux. La milice reste ici pour surveiller que les blessés soient sages. Fusiliers, mettez-vous en couverture et ne tirez qu’à mon signal. Si je vous dit de baisser vos armes, vous le faites. Le premier qui désobéit trouvera que le trou est une belle punition à côté de ce que je lui réserve. »

Etait-ce la vérité dictée par Blanche qui le poussa ? Peut-être, car elle faisait écho à son lui d’il y a quelques années. Ou bien la culpabilité de ne pas s’être inquiété de sa ville après la guerre, trop préoccupé par ses propres problèmes ? Il savait ce qu’il avait à faire désormais. Tenter de raisonner ces têtes de pioches. La tâche s’avérait ardue, et il devrait utiliser les mots justes pour les convaincre.

Des protestations s’élevaient parmi les hommes, beaucoup n'ayant été entrainé qu'à utiliser la manière forte, et Adam du encore une fois les remettre en place.

« Assez ! Concentrez-vous ! Plus vite nous aurons réglé le problème, et plus vite vous pourrez regagner votre caserne. Et régler le problème c’est faire en sorte que ça dure. Voyez ce qu’a donné l’opération de ce matin... »

Pas besoin d’ajouter l’opération ratée, car tous les militaires savaient que non seulement dans la forme, mais dans le fond, ils n’avaient pas tenu les objectifs sous le commandement du Capitaine Braus. Tous eurent le bon sens de ne rien ajouter sachant, pour ceux qui le connaissait, que mettre en colère le lieutenant, surtout depuis la fin de la guerre, était une très mauvaise idée. Il se contentèrent d’acquiescer alors que l’armure assistée se rendait en hauteur, croisant de nouveaux blessés des deux camps qui étaient dirigés vers l’infirmerie de fortune.

Sanaë Eshfeld
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyLun 12 Avr - 9:55
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Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
J'avais depuis bien longtemps appris à m'occuper afin de distraire mon esprit lorsque celui-ci se voyait troublé. Travailler m'apparaissait alors comme être la meilleure chose à faire pour éviter de ruminer bêtement sur quelques sujets que je ne maîtrisais absolument pas. Aussi, c'est avec le plus grand sérieux que je me replongeais dans les soins des soldats et des miliciens blessés, en prêtant une grande attention à l'expression de leur visage ou simplement à leur tenue… Je ne voulais pas qu'une telle chose ne se reproduise. De mon unique œil encore valide, je pouvais voir le visage de mes collègues visiblement traumatisées par la scène qui venait de se dérouler. Je ne pouvais bien évidemment que les comprendre, leur trouble étant totalement justifié. Néanmoins, elles ne devaient pas pour autant perdre de vue les raisons qui nous avaient conduites jusqu'ici et il nous restait, malgré tout, un certain nombre de blessés mineurs à traiter…

Au fond de moi, ma colère me poussait à regretter de ne pas voir de blessures plus graves que celles présentées ici. La plupart ne nécessitaient que quelques points, un bandage ou la pose d'une attelle de fortune. Rien de mortel en soit… Et malgré mon implication toujours très professionnelle, je ne pouvais m'empêcher de me demander combien de victimes allaient-ils encore faire à la l'intérieur de cette fichue prison ? Et puis… L'on parlait des rebelles, des miliciens chargés de garder les lieux, mais qu'en était-il des détenus ? Avaient-ils été mis à l'abri ? Étaient-ils dangereux ? Devions-nous craindre une mutinerie ? Pour l'heure, aucune information ne m'avait été rapportée, mais il n'y avait rien d'étonnant à cela. Pourquoi raconteraient-ils ce qui se passe à l'intérieur aux personnes chargées des soins ? Ils ne le faisaient jamais directement. Pour en apprendre plus, il fallait généralement laisser traîner une oreille ou deux… Ce que je fis, justement, pour sitôt le regretter lorsque j'entendis quelques brides de conversation entre deux militaires.

-Quelle bande de crétins, j'te jure. Ils sont si mal préparés qu'on aura aucun mal à les mater, ces foutus rebelles… lança un soldat au bras fracturé à un autre occupé à se faire recoudre par l'une de mes collègues. Des veuves fraîches vont pleurer cette nuit, c'est moi qui t'le dis mon gars… Ils l'ont bien cherché !

-Et leur chef, quel idiot. Il se pointe ici armé de bâtons… Qui croyait-il menacer avec du bois ? rétorqua l'autre avant d'éclater de rire.

"Quels salauds…", me dis-je intérieurement. À cela, je ne pouvais bien évidemment pas répondre que les idiots c'était bien eux que croire qu'Allan avait dans l'intention de faire du mal à quiconque ici. Il pensait sans doute qu'il s'agissait-là du meilleur moyen pour communiquer avec des soldats entraînés à tuer sans poser de question. Enfin, c'était bien la réputation des militaires, ce que le mineur avait exprimé en les qualifiants de "toutous". Pourtant, aucun d'eux ne semblait s'interroger… Aucun d'eux ne cherchait à se remettre en question… Et pire que tout, ces deux hommes se moquaient tout simplement d'un mort, ce que je trouvais aussi injuste que déplacé.

Mais cela, je ne pouvais le dire à voix haute sans prendre le risque de provoquer ces deux imbéciles. Je serrais donc les dents, essayant tant bien que mal d'enfermer ma rancœur et ma colère dans la mallette contenant les quelques sédatifs que j'avais apporté. L'espace d'un très court instant, je m'imaginais planter l'une de mes seringues dans la gorge de ces militaires, simplement pour les faire taire. Mais je savais pertinemment qu'il me serait impossible d'accomplir un acte pareil. Je n'ai jamais été ce genre de personne, du moins pas que je sache… Aussi veillais-je à faire la sourde oreille en tentant de fredonner un air que j'inventais au fur et à mesure … Évidemment, je savais pertinemment qu'il n'existait rien de plus agaçant que d'entendre une personne chantonner pendant que l'on discute posément à côté. Cela ressemble étrangement à une insulte déguisée… Je n'affirmerais pas le contraire ici, mon intention étant justement celle d'agacer ses hommes jusqu'à les faire taire tout en "déclarant", à ma manière, que leur conversation était tout à fait déplacée. L'homme aurait pu, bien sûr, demander le silence pour poursuivre l'expression de sa bêtise inhumaine de façon plus ou moins diplomate, pourtant il n'en fut rien. Je pus alors terminer mon travail dans une ambiance de bien meilleure circonstance avant de rejoindre l'endroit où se tenait, quelques heures ou minutes plus tôt, le lieutenant Vaughn et ses hommes.

-Les blessés sont stabilisés, aucun d'eux ne nécessite un transfert à l'hôpital dis-je à l'un militaire qui ne portait aucune armure.

Il m'était bien plus aisé de parler à un homme qui ne se trouvait point bardé de métal. Je détestais ces armures assistées tant elles me donnaient l'impression d'ôter toute humanité à la personne se trouvant à l'intérieur.

-Bon travail. Pour l'instant la situation est assez calme. Je suppose que vous pouvez y aller.

-Je vois, où se trouve le lieutenant Vaughn ? demandais-je, surprise d'entendre l'homme prononcer pareille affirmation alors qu'il était évident que tout n'était pas terminé ici.

L'on ne nous emmenait certes plus aucun blessé depuis plusieurs minutes, mais les opérations semblaient toujours en cours… Pour preuve, les militaires étaient encore en nombre dans l'entrepôt bien que leur chef me parut absent. Où était-il ?

-Navré madame, je ne peux vous donner cette information.

Évidemment, je ne suis strictement rien pour eux, pourquoi me mettraient-ils dans la confidence ?

-Soit...Je suppose que nous devrons nous débrouiller pour rentrer...

-Je n'ai pas reçu d'ordre à ce sujet.

-Dans ce cas, nous attendrons le retour du lieutenant… Si vous le permettez.

-À votre guise, madame, mais tâchez de ne pas nous gêner dans notre travail.

Je levais mon œil valide en sa direction cherchant à comprendre ce qu'il voulait dire … Nous les avions nous dérangé jusqu'ici ? Je laissais donc échapper un long soupir plein de sarcasme avant de rejoindre mes deux collègues à l'endroit que l'on nous avait attribué. Les deux infirmières me parurent épuisées maintenant que le calme était revenu. Pour autant, nous n'avions pas eu tant de travail que ça. Rien de comparable à ce que j'avais été habituée à voir durant la guerre, du moins. Néanmoins, je me demandais où se trouvaient les blessés côté rebelles. Avaient-ils les moyens de se soigner au moins ? J'en doutais… Aussi, constatant qu'aucun regard ne se portait sur moi, je décidais d'attraper l'une des sacoches de soin et de quitter le bâtiment pour rejoindre celui de la prison… Mais, évidemment, l'endroit étant surveillé de toutes parts, qu'à peine eu-je quitté la bâtisse que je me fis bien rapidement stopper dans mon élan.

-Halte ! Où allez-vous ?

-Je voulais rejoindre le lieutenant Vaughn, mentis-je sans honte.Juste histoire de m'assurer qu'il n'a pas besoin de moi sur place .. Je trouve cela étonnant que plus aucun blessé n'arrive…

-Personne n'a demandé de soignant à l'intérieur. C'est trop risqué. Retournez à votre poste, madame.

Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyLun 12 Avr - 12:23
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Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Arrivé sur les hauteurs, Adam vit plus qu’il ne perçut le vent. Les tenues des fusiliers claquaient derrière eux, alors que le canon de leurs armes fixaient toujours mortellement les rebelles. Le bruit d’une seconde armure assistée parvint derrière le Lieutenant, et celle-ci ne pouvait que correspondre au tireur délite, qui revenait depuis sa position de tir précédente.

« Bien joué Nielsen »

« Merci Lieutenant. La suite ? »

« On a l’avantage, autant essayer d’arrêter la boucherie. Tu as remarqué un dissident parmi eux ? »


« Le type derrière la grande cheminée au fond là-bas. »

Le Sergent désigna de son gros doigt métallique une maison à une centaine de mètres. L’homme était à couvert mais le Lieutenant voyait son ombre se dessiner sur les tuiles. Et il avait toute confiance en son homme. De part sa qualification, celui-ci était habitué à observer et détailler son environnement avant de prendre une décision. Pour le nouvel officier qu’était Adam, c’était un atout précieux. Tout autant que les talents de stratège et cartographe de Kempisch, ainsi que la douce force de Hurricane. Cette fille représentait tout à fait l’expression d’une main de fer dans un gant de velours…Adam avait remarqué comment les miliciens lui mangeaient déjà dans la main.

En tous cas, si son tireur d’élite lui avait désigné cette cible sans ciller, c’est qu’il avait des indices lui ayant confirmé ses dires. Indications qu’il donna à son supérieur.

« J’ai vu plusieurs hommes faire la navette avec lui. Et sa gestuelle ne trompait pas. Il avance le bras, les autres avancent. Il fait un signe de stop, les autres s’arrêtent. Bref, vous voyez la suite... »

Oui, pas besoin de lui faire un dessin. Actuellement, le leader étant à couvert, les autres l’étaient aussi. Adam devait en profiter pour s’avancer et mettre en action le plan qu’il avait échafaudé rapidement lors de sa montée. Il commença par positionner son homme, il avait nettement plus confiance en lui pour le couvrir.

« Eloignes-toi un peu, une cinquantaine de mètre, et tu le vise. Ne tire que si je te fais signe. »

Nielsen acquiesca avant de s’éloigner. Contrairement aux autres militaires et aux miliciens, son bataillon suivait ses ordres sans discuter. Ses soldats s’étaient tous portés volontaires, et ils avaient réussit, en deux mois, à créer déjà une certaine cohésion. Maintenant, restait à faire obéir les autres de ne pas canarder leurs ennemis.

« Lorsque je baisserai le bras en votre direction, vous baisserez vos armes, cela voudra dire que l’ennemi a accepté de capituler. Si j’en vois un qui désobéis, je me charge personnellement de lui régler son compte. »

D’un regard rapide, le Lieutenant vit tous les soldats acquise, même si pour certains c’était de mauvaise grâce. Une fois cette confirmation reçue, il s’avança vers le camp adverse, son marteau restant accroché dans son dos. Avant qu’il ne soit prit pour une cible suicidaire, il commença la négociation.

« Je suis le Lieutenant Adam Vaughn et je dirige l’opération en cours. Déposez les armes et vous serez simplement mis aux arrêts. »

« On croit pas les chiens d’l’armée, traitre ! »

Et bien, au moins un d’entre eux le connaissait...Il n’allait pas être facile de les convaincre qu’il ne souhaitait que les aider.

« Soit vous tentez votre chance avec moi, soit avec les fusils qui sont pointés sur vous. Vous pouvez avoir au moins confiance dans la létalité des armes. »

Personnes ne parla, attendant sans doutes que le militaire finisse sa tirade. Pendant quelques secondes, Adam laissa seulement le bruit des bourrasques tourbillonner dans l’air.

« Allan m’a donné vos revendications. Mais dites-vous que ce n’est pas avec une balle entre les deux yeux que les choses vont s’arranger. Vous savez bien comment ça se passe. Les gens au-dessus de vous, les gens au-dessus de moi, ça ne sera qu’un incident pour eux. »


Comme ça l’était depuis toujours. Les mineurs et les ouvriers étaient des variables d’ajustement. Pour un qui trépassait, les patrons en trouvaient trois pour prendre sa place. Ils n’avaient aucune honte à ce que des accidents aient parfois lieu, volontaires ou non, pour remettre les pendules à l’heure et rappelait qui avait les clés du pouvoir.

« Il y a d’autres moyens de vous faire entendre. Qui ne seront pas synonyme d’un cercueil pour vous et vos familles. Soyez raisonnables, et dans quelques semaines vous pourrez retourner auprès d’eux. »

Adam baissa le bras pour signifier aux soldats de baisser leurs armes.

« En signe de bonne foi »

Seul Nielsen restait à l’affut. Le connaissant, Adam savait qu’il ne serait repérable que par un œil avertit, ce que n’étaient pas le cas de leurs ennemis.
Une minute passa, toujours dans le silence et sans qu’aucun des deux camps ne bouge.
Puis une seconde.
Et une troisième.

La tension pesait de plus en plus dans l’atmosphère. Les soldats s’accrochaient nerveusement au poignard qu’ils portaient tous, que l’on pouvait croire décoratif pour des fusiliers et pourtant ô combien utile en dernier recours.
Enfin, après quatre minutes, celui qui lui avait été désigné comme le leader s’avança, les bras en l’air. Dans sa coquille, Adam relâcha son souffle et la tension dans ses muscles lorsque les autres suivirent leur chef. Il les regarda avancer vers eux en colonne, scrutant leurs visages. Et il en reconnaissait plusieurs. Certains qu’il n’avait pas vu depuis la mort de son grand-père, mais qu’il avait côtoyé à un moment donné de sa jeunesse.

Lorsque les soldats s’avancèrent pour les faire prisonniers, Adam grogna un avertissement.

« Amenez-les à la caserne. Si j’entends que ces hommes ont été brutalisé, je ne souhaiterais pas être à la place des responsables… »

Le Lieutenant surveilla l’extraction des prisonniers avant de redescendre dans les anciennes halles. Il fut satisfait de voir que Hurricane avait déjà pris les choses en main ici et que les blessés et les morts étaient déjà quasiment tous évacués. Ca serait ça de moins à surveiller, surtout que les miliciens semblaient obéir avec plaisir au Sergent féminin.

« Lieutenant, une des infirmières vous cherchait. Je crois qu’elle vous attendait pour rentrer »

Adam avait complètement oublié Blanche et ses deux acolytes. Il sorti de son armure et récupéra son arme pour l’accrocher dans son dos, avant de s’adresser à Hurricane et Nielsen qui l’avait rejoint.

« Rentrez à la base de Rocéas, je vous laisse ma boite. Je vous rejoins plus tard. »


« Rappelez à Kampisch qu’il nous doit une tournée pour avoir paressé à l’hôpital »


Pour la première fois depuis les début des hostilités ici, le Lieutenant se permit un petit rire en acquiesçant au Sergent Hurricane. Mais il reprit son sérieux en se dirigeant vers les femmes qui se trouvaient dans l’infirmerie improvisée. Blanche devait certainement être encore en colère contre lui, et cette fois il n’aurait plus son armure pour opposer un masque parfaitement froid à la femme. Au contraire, c’était un homme débraillé qui se présenta à elle. La veste noire du bataillon n’était qu’à moitié boutonnée, et même si il avait peu bougé en comparaison de ce qu’il pouvait faire, le soldat senti parfaitement qu’une bonne séance de toilette ne serait pas du luxe après deux opérations le même jour. Sa barbe et ses cheveux étaient semblables à ce qu’il auraient pu être en sortant de son lit et il passa rapidement sa main sur ses mâchoires pour tenter vainement d’y mettre un peu d’ordre.

« On m’a dit que vous me cherchiez ? Désolé pour l’attente. C’est fini maintenant, je vais pouvoir vous raccompagner à l’hôpital. »


Adam se dit soudainement en les voyant, que les soignantes devaient être aussi fatiguées que les soldats, si ce n’est même plus qu’eux à la vue des circonstances. Les deux plus jeunes arboraient un air défait, et de belles cernes. A priori, il s’agissait de leur première fois sur le terrain et elles devaient être vidées par le travail particulier que cela demandait, ainsi que toutes les émotions qui avaient ponctuées la mission.

« Je dirais à la vieil...à votre responsable de vous laisser la fin de la journée. Merci pour votre aide, vous avez certainement évité à beaucoup d’hommes des blessures plus graves. »

Il avait faillit lâcher un « vieille peau » en pensant à l’infirmière qui lui avait envoyé Blanche. Lui aussi devait commencer à fatiguer...

Sanaë Eshfeld
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyLun 12 Avr - 15:29
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Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Puisque je n'avais rien de mieux à faire en attendant, j'entrepris de ranger, seule, le matériel que j'avais apporté. Les deux jeunes femmes me semblaient tant épuisées et perdues que je n'avais point le cœur à leur en demander d'avantages, me contentant simplement de les féliciter pour leur professionnalisme. Après tout, pour une première fois sur le terrain, elles s'étaient fort bien débrouillées. Probablement même mieux que moi lors de mon propre baptême plusieurs années auparavant.

Au bout d'un certain temps, nous vîmes arriver le fameux lieutenant heureusement débarrassé de son horrible armure. Son allure débraillée, ses cheveux ébouriffés m'apparurent comme autant de preuves de son humanité si rapidement oubliée lorsqu'il était recouvert de métal… J'en détestais d'autant plus ces fichues armures assistées pour cela, simplement parce qu'elles transformaient les Hommes en machine, même si cela n'était que visuellement… Quoique, à voir l'attitude de certains, l'on pourrait très bien se poser la question de leur composition physique ou morale. Qu'importe, le lieutenant Vaughn venait de l'annoncer : l'opération était enfin terminée. Je n'avais donc plus à supporter ces individus.

-Je voulais savoir si vous aviez besoin de mon aide… ailleurs, lui répondis-je, sous-entendant que certaines personnes, parmi les rebelles, pourraient avoir besoin de soins. Je vous demanderai bien comment cela s'est passé à l'intérieur, mais l'on m'a déjà fait comprendre que cela ne me regardait pas.

Je déclarais cela avec flegme, même si ma contrariété devait encore être parfaitement visible. J'essayais tant bien que mal de maintenir une certaine neutralité, mais j'avais entendu beaucoup trop d'inepties et constaté trop d'injustice ces dernières heures pour cela. Tant pis. Cet homme ne me connaissait pas, il pouvait très bien mettre cela sur le compte de la fatigue ou non, cela ne concernait que lui. Pour ma part, je n'avais qu'une hâte : quitter ces lieux sans me retourner.

Je voyais bien que le militaire n'était pas de mauvaise foi. Au fond, ce devait même être un brave homme. Il affirmait même vouloir plaider notre repos auprès de l'infirmière chef (qui se vit apparemment affublée d'un demi surnom qui devait probablement lui aller comme un gant). A cela, je ne pus que lui répondre :

-Ne vous inquiétez pas pour ça,   lui répondis-je en balayant sa déclaration d'un geste de main et d'un fin sourire qui se voulait sincèrement rassurant. Nous avions toutes terminé notre garde depuis au moins une heure, l'on ne nous attendait donc plus à l'hôpital. Vous devez avoir besoin de repos… et d'un brin de toilette...

Et ce n'était pas le seul. Mes deux camarades infirmières tenaient à peine sur leurs jambes. Leurs tenues se voyaient tachées de sang et de poussière… La mienne ne faisait visiblement pas exception, même si cela ne me gênait en rien.

-Je vous serai reconnaissante de simplement nous reconduire jusqu'à l'hôpital afin d'assurer notre sécurité… Et puis, pour être franche, je ne sais même plus où celui-ci se trouve. Je ne suis pas d'ici et je n'ai pas fait attention au chemin que nous prenions à l'aller ... Nous saurons nous débrouiller ensuite.

Pour ma part, je comptais simplement rentrer me débarbouiller, me reposer une heure ou deux avant de retourner à l'hôpital. Madame Manott, ma logeuse, était une brave femme, mais je ne supportais pas de rester à la pension. L'inactivité me rendait chèvre et je n'avais aucune raison de me balader en ville… L'endroit m'était inconnu, comme tous les autres en ce monde et j'étais bien trop frileuse à l'idée de me perdre et de paniquer et j'aimais mieux ne pas tenter l'aventure.

Je le laissais prendre la tête de notre petit convoi tout en veillant, cette fois, à bien observer les lieux. "L'on ne sait jamais", me dis-je tout en marchant.

-Ces gens, vous les connaissiez, n'est-ce pas ? lui demandais-je sobrement, même si la réponse me parut bien évidente. Je ne parlais même pas des rebelles de manière générale, mais seulement d'un seul. Allan… Se rendrait-il auprès de sa famille pour leur rapporter sa mort ? Que leur dirait-il ? Comment feraient-ils sans lui ? Qu'allez-vous faire ensuite ?

Je me posais tant de questions à propos de cet homme-là… Comme à propos de celui qui nous escortait à présent. S'ils connaissaient ceux qui avaient organisé cette attaque, comment le vivait-il dans sa position ? Pouvais-je lui demander cela ? Non, évidemment. Ce sujet devait être sensible, trop personnel pour être exposé à une vulgaire inconnue. Aussi, décidais-je de garder le plus gros de mes interrogations pour moi.

Adam Vaughn
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyJeu 15 Avr - 12:35
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Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Le militaire ne put qu’acquiescer quant à l’intérieur de la prison. Lui-même n’avait pas été mis au jus. Après tout, les affaires de la milice restaient de leur périmètre et ils n’aimaient pas que l’armée mette leur nez dedans. Même quand il s’agissait d’un enfant du pays. Le dire à haute voix n’aurait pas été judicieux, alors que les tensions entre les différentes forces armées pouvaient éclater rapidement.

« Oui un peu de repos et de fraîcheur ne pourra faire que du bien, la journée a été longue pour tout le monde. Il faut en profiter, impossible de savoir combien de temps le calme durera. Venez. »

Adam fit signe aux trois femmes de le suivre pour qu’il les ramène à l’hopital comme ça lui avait été demandé. Il en profiterai pour prendre des nouvelles de Kampisch. Cet idiot était certes assez en forme pour le faire tourner en bourrique, mais si le médecin voulait le garder en observation, le Lieutenant préférait s’assurer que son subalterne soit toujours dans un état potable.

Le trajet se fit dans un silence relatif, seulement rompu par les deux questions de Blanche. Deux interrogations qui le faisaient réfléchir à des choses qu’il souhaitait repousser pour le moment. Malheureusement les réponses vinrent le trouver et le renfrognèrent.
Une fois le groupe arrivé devant le bâtiment médical, le militaire retint Blanche, laissant les deux autres femmes rentrer. Celles-ci, certainement trop heureuses de pouvoir enfin terminer leur journée, ne firent pas attention et filèrent sans demander leur reste. Surtout que la mine fermée d’Adam ne donnait envie à personne de s’attarder auprès de lui.

« Oui je connais certains de ces gens. Je vous l’ai dis, j’ai grandi ici. Je suis d’une famille de mineurs et je l’ai moi-même été pendant quelques années, jusqu’à rejoindre l’armée. »

Malgré lui, les visages de ceux qu’il avait reconnus, et en particulier l’expression figée d’Allan lorsque la balle lui traversa la tête, lui revinrent. Leurs revendications étaient légitimes, il les comprenait mieux que beaucoup des ses compagnons d’armes. Seulement, il était impossible de les laisser agir ainsi. Et Adam se dit qu’il avait fait ce qui était pour le mieux dans la situation actuelle, non sans plisser le front.

« Vous aviez raison tout à l’heure. Le gouvernement, les puissants, ils se sont toujours placé au-dessus. Mes parents sont morts dans un accident qui n’en était pas vraiment un, et le coupable a à peine été sanctionné. Ils sont des victimes parmi tant d’autres. Qui s’en est inquiété ? Personne... »

Le soldat n’avait pas vraiment eu envie de parler de sa situation, et les mots lui avaient échappé. Il se morigéna et regarda plus durement l’infirmière. Les quelques personnes qui sortirent au même moment, évitèrent soigneusement le couple. Certains jetèrent un œil interrogatif à la femme, comme pour lui demander silencieusement si elle avait besoin d’aide pour se détacher de l’armoire à glace en face d’elle.
Tout ceci échappa à Adam, plus centré sur les explications qu’il donnait.

« Peu de choses peuvent faire trembler ceux qui ont le pouvoir. Certainement pas ce qu’ils ont fait aujourd’hui. Ca ne leur donne que des raisons de faire le ménage. »

C’était la triste réalité de la classe ouvrière et minière d’Hinaus. C’est pour ça que ces hommes, ces femmes, ces enfants profitaient de ce que la vie avait à offrir à chaque moment, car ils savaient tous que la mort pouvait les faucher à chaque instant. Un éboulement, une maladie, un accident, et bien d’autres choses...tout ça arrivait si vite…
Aussi détestable qu’ai été sa situation, il n’avait pas eu le choix. Les blessés s’en remettrait, les plaies plus vite que leur égo, mais au moins ils pourraient continuer de vivre. Si un autre avait été à sa place, ils auraient probablement eu un tas de cadavre à gérer. Situation probablement saluée par les autorités supérieures, pour qui le problème serait réglé plus durablement que de laisser la vermine grouiller et contrecarrer leurs plans.

« Je ne pense pas que nous soyons rappelé de suite, surtout avec la blessure de Kampisch. Ca me permettra de me rendre compte de l’ampleur de la situation. Je vais aller le voir, et je repasserai demain pour sa sortie. »

Quant à ce qu’il comptait faire pour se rendre compte de la fameuse ampleur qu’avait le problème, il le gardait pour lui. L’infirmière avait sans doutes d’autres choses à gérer dans son travail, sans s’occuper des problèmes de la ville. Le soldat relâcha Blanche, ne s’étant pas rendu compte que sa prothèse avait serré le bras de celle-ci, laissant une légère trace rouge.

Un « désolé » bourru sortit d’entre ses lèvres, avant qu’il ne se tourne vers le bâtiment. La mission était terminée et son calme commençait à le quitter. La fatigue et les émotions, c’était un cocktail dangereux pour son mental encore convalescent. Il valait mieux qu’il expédie sa visite, et qu’il rentre vite faire son rapport, avant que quelqu’un ne lui donne une raison de faire éclater à nouveau sa colère.

Sanaë Eshfeld
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyJeu 22 Avr - 10:54
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Profession : Amnésique attachante
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Sans surprise, mes questions restèrent sans réponse. Le militaire semblait s'être renfrogné, se murant à présent dans un mutisme que beaucoup auraient considéré comme gênant. Mais pas moi. Au fond, chacune de mes interrogations ne nécessitait aucune réponse. Et puisque j'en saisissais parfaitement leur côté personnel et probablement bien trop intime pour être ainsi livré devant des inconnus, je ne pouvais m'offusquer de ce silence glacial … Contrairement aux deux infirmières, derrière moi, qui ne cessèrent de chuchoter entre elles tout du long.

Enfin, comme je le disais, ce mutisme de la part du soldat ne perdura que durant le temps du trajet, car à peine fûmes-nous arrivés devant l'hôpital que le militaire me saisit par le bras afin de me retenir. Le contact fut brutal et dérangeant, sa paume métallique vint se resserrer sur mon bras trop frêle me contraignant ainsi à me figer sur place. Je n'aimais pas être touchée, pas même du bout du doigt, alors autant vous dire que de subir ce genre de contrainte était, pour moi, à peine supportable. Malgré tout, je tins bon, peut-être par fierté ou par curiosité, mais certainement pas par crainte d'être blessée par cet homme que je voyais comme juste, bien que visiblement torturé.

Mes collègues, probablement trop pressées de rentrer chez elles ou simplement trop intimidées par ce soldat à la mine renfrognée, désertèrent les lieux sans même nous adresser un seul regard. Mon œil valide se posa quant à lui sur cette main de métal et la fixa longuement avant de se diriger vers le regard tout aussi froid du militaire. Cette fois, il répondit à mes questions, livrant en même temps quelques détails sur la vie des mineurs ainsi que sur la sienne avant qu'il ne s'enrôle. J'avais plus ou moins conscience de leurs difficultés avant cela, mais après ses explications celles-ci m'apparurent bien plus… révoltantes. Leurs conditions de vie, leurs inquiétudes, les risques qu'ils prenaient chaque jour, tout cela justifiait grandement leur rébellion, mais certainement pas leurs actes proprement répréhensibles. Ils ne seraient pas entendus, évidemment. Ils ne l'ont jamais été et ne le seront jamais. Au fond, aux yeux des dirigeants, ils n'étaient tous que des esclaves des temps modernes, tout aussi exploités qu'eux, même si on leur jetait un petit salaire pour faire passer cette pilule purement indigeste. Le lieutenant savait tout cela mieux que quiconque et, par sa position, devait se trouver en plein conflit d'intérêt.

"Je n'aimerais pas être dans ses bottes," songeais-je en soupirant une fois que sa poigne de fer relâcha enfin mon bras. Mon amnésie rendait mes interprétations difficiles. Par exemple, il m'était totalement impossible d'imaginer la construction psychologique d'un être humain ayant grandi dans cet environnement instable. Comment avait-il fait pour ne pas devenir fou après avoir vécu une enfance telle que celle-ci ? Pour ne pas développer un esprit vengeur après la mort étrange de ses parents, qui, d'après ses dires, n'avait rien d'accidentel… Je me le demandais sans pour autant l'interroger par peur de me montrer trop intrusive… De toute façon, il était déjà parti, se dirigeant à grand pas vers l'hôpital après avoir marmonné un "désolé" sans doute pour s'excuser de la puissance de sa poigne. Durant son discours, j'étais restée silencieuse, mon regard plongé dans le sien afin de l'écouter avec grande attention. Qu'aurais-je pu répondre alors qu'il ne s'agissait point d'une conversation mais plutôt d'une sorte de confession ayant servi à décharger un peu de sa colère latente. Un tout petit peu.

Je restais donc plantée là, seule, sur les marches de l'hôpital sans savoir que faire ni où aller. Je n'avais plus rien à faire à l'intérieur, mis à part ranger le contenu de mon sac. Je portais toujours mon uniforme qu'il me faudrait laver moi-même, puisque la lingerie de l'hôpital ne s'occupait que de la literie des patients. La pension où je logeais se trouvait à quelques pas de l'hôpital, je pouvais m'y rendre afin de me laver et de retirer ces vêtements poisseux et souillés du sang des soldats et des miliciens, mais, pourtant, je ne bougeais pas d'un pouce, me contentant d'observer la ville depuis les marches…

Mon regard attentif se posa sur chacun des bâtiments se dressant devant moi. J'essayais de visualiser ou au moins d'imaginer l'intérieur et la vie qui y régnait. Comment vivaient tous ces gens ? Quels secrets, quelles craintes se cachaient derrière ces murs ? Jamais auparavant je ne m'étais interrogée sur l'existence des autres, me contentant de mener la mienne avec plus ou moins d'incertitude autant sur mon passé oublié que sur mon avenir tout aussi trouble et mystérieux. Et la réalité s'imposa d'elle-même. Qu'importe ma volonté il m'était tout simplement impossible d'imaginer leur vie avec exactitude. Personne ne le pouvait, à moins d'avoir vécu la même chose. Je me trouvais alors bien ignorante et en éprouvais aussitôt une grande honte ainsi qu'une immense peine qui m'étaient impossible de dissimuler derrière mon regard terne. Je songeais alors à la colère chargée d'injustice ressentie un peu plus tôt lorsque le corps du pauvre Allan s'effondrait misérablement sur le sol du hangar… Je n'étais plus en colère, seulement triste autant pour cet homme que pour les proches qu'il laissait derrière lui. Qu'allaient-ils devenir ensuite ? La rébellion s'arrêterait-elle après ce bien sombre épisode ? Je manquais certes cruellement de connaissances et d'expérience, mais je doutais fort que les esprits des mineurs s'apaisent après tout cela. Leur colère devait être bien trop importante pour ça… Ainsi, il me parut évident que si, moi, pauvre idiote d'infirmière égarée, trouvait cela troublant il ne pouvait en aller autrement pour le militaire au passé couvert de la poussière des mines…

Quand le lieutenant ressorti, quelques instants plus tard, j'étais toujours là, immobile, telle une statue étrange et probablement inquiétante, vu mon allure. C'est là que je réalisais que je l'attendais, sans réellement savoir pourquoi. Quelque chose chez cet homme m'intriguait et me touchait tout autant. Je voulais l'aider à apaiser sa colère sans pour autant savoir comment m'y prendre… Lorsqu'il arriva à ma hauteur, je lui lançais un regard plus scrutateur que je l'aurais voulu. Son uniforme était poussiéreux, sa mine toujours aussi fermée et son regard creusé par la fatigue… La journée avait été longue, probablement plus pour lui que pour moi…

-Vous avez faim ? lui lançais-je d'un ton étrangement tout en désignant du doigt la devanture de la boulangerie faisant face à l'hôpital. Ils font d'excellentes brioches à la viande. Depuis mon arrivée ici, celles-ci constituent l'intégralité de mon régime alimentaire. Ma logeuse n'est pas très bonne cuisinière et je ne connais pas encore suffisamment la ville pour m'y aventurer afin de trouver autre chose à manger. Mais ce n'est pas bien grave car ces brioches sont réellement délicieuses. Je vous invite. Attendez moi ici, j'en ai pour deux minutes...

Je lui confiais mon sac comme pour l'empêcher gentiment de partir puis dévalais les quelques marches pour me diriger vers la fameuse boulangerie. Heureusement, à cette heure-ci, la boutique était déserte. J'achetais donc mes quelques brioches et repartis aussi rapidement que possible pour retrouver le militaire… en espérant que celui-ci ne soit pas déjà parti. Mais il était toujours là, à ma grande surprise. Aussi lui tendis-je le sachet contenant les fameux mets encore fumants. Leur parfum me parut encore plus agréable que d'habitude, sans doute parce que j'étais affamée.

-Allez-y, mangez. Elles sont vraiment délicieuses, je vous le promets ! affirmais-je en me saisissant de l'une d'elle avant de mordre dedans sans aucune gêne. Cha fait du bien ! déclarais-je la couche pleine avant de tourner le regard vers la ville.

Je me sentais nostalgique sans qu'il n'y ait pourtant de raison à cela. Enfin si, il y en avait forcément une, même si celle-ci restait encore bien trouble.

-Vous savez, je ne sais pas ce que c'est que de "rentrer à la maison". Je ne me souviens pas de la mienne… Je ne me souviens pas non plus de ma famille et ne sais absolument pas s'ils sont encore en vie ou non. Je ne peux donc prétendre pouvoir comprendre ce que vous devez ressentir en vous trouvant ici. Même si je me doute, quelque part, que vous ne pouvez qu'être partagé entre votre devoir de soldat et… tout le reste. En réalité, je ne sais pas grand-chose de ce monde. Je me suis enfermée dans le monde hospitalier depuis mon réveil, par conséquent je ne suis pas forcément capable de comprendre ces choses-là. Mais je sais néanmoins que les blessures les plus graves et les plus profondes sont invisibles aux yeux des autres… Néanmoins, elles peuvent guérir… Avec le temps… Et à condition que l'on s'écoute un peu soi-même. Enfin, je le pense plus que je ne le sais réellement. Au fond, malgré mon âge bien visible, je n'ai que six ans de vie connue. C'est un peu court pour gagner en sagesse et certitude. Et puis, je ne vous connais pas… Il est peut-être mal avisé et irrespectueux de vous proposer mon aide et mon appui, mais je le fais tout de même. À vous de voir si vous jugez cela nécessaire ou seulement utile.

Je me sentais quelque peu honteuse de lui faire cette proposition que je jugeais moi-même pleine de prétention stupide. Mais qu'importe, j'étais sincère bien que maladroite et, pour le lui prouver, je lui tendis une main un peu tremblante tout en lui offrant un sourire timide.

Adam Vaughn
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyVen 23 Avr - 13:28
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Une fois entrée, le Lieutenant alla directement voir son subordonné, assit aussi confortablement que possible contre son coussin. Les fils qu’il tirait de son drap montrait son impatience à sortir de ces murs. Même si le matin même il avait joué la comédie pour faire les beaux yeux aux infirmière, vingt-quatre heures de lit semblaient plus être une punition qu’autre chose.

« D’après Hurricane, tu va passer à la caisse pour avoir je cite «paressé à l’hôpital» »

« Et vous êtes d’accord avec cette furie Lieut’nant ? »


Adam sourit légèrement. Ses trois soldats avaient un fort caractère, et Hilde en avait largement assez pour s’opposer ses trois homologues masculins. Plus d’une fois déjà elle avait fait réaliser ses quatre volontés à Kampisch et Nielsen, parfois même à son Lieutenant.

« Je te laisserai le soin de lui exposer ton point de vue »

Le Major grimaça, parfaitement conscient que débourser quelques Irys de sa bourse était un moindre mal.

« Comment tu te sens ? »

« Mieux, même si j’ai eu un coup d’mou après votre départ. Ils sont forts leurs médocs. »

Adam s’assit sur le bord du lit, posant une jambe sur celui-ci et en laissant un autre ancrée au sol.

« Tu va pouvoir me finir ton rapport alors. »

« Lieut’nant vous avez une sale tête, vous vous voulez pas voir ça demain ? »

« Ton rapport Kampisch... »

Le grognement d’Adam indiqua au soldat qu’il n’avait pas le choix. Et même si il avait raison, et qu’Adam aurait préféré rentrer sur leur base temporaire pour se reposer, il avait désormais des responsabilités dont il ne pouvait se défiler. Surtout quand quelque chose de pas net se tramait dans sa ville.
Un soupir franchit les lèvres de Jonas avant qu’il ne se lance dans son récit.

« Comme j’vous disais ce matin, on s’était tous placés comme prévu. Quand le Cap’taine a lancé le signal de l’attaque on s’est fait canardé direct. Le Cap’taine a commandé qu’on continue d’avancer. Y’en a un ou deux qui on tenté de reculer sauf qu’des mines ont sauté. On était coincé Lieut’nant, on avait pas d’échappatoire parce que des explosifs ont aussi sauté aux sorties qu’j’avais identifié. On pouvait qu’avancer... »


Le soldat fixa son chef d’un sérieux mortel, contrastant avec son attitude badine plus tôt.

« Rien n’a été laissé au hasard Lieut’nant, même les derniers ajustements ont été pris en compte... »


Après étude du plan par Kampisch et Adam, la stratégie initiale avait été légèrement modifié pour prendre en compte les particularités du terrain en cette saison, où certaines glaces étaient encore en train de fondre et étaient de vrai pièges dans la montagne. Tout cela avait été vu la veille au soir du départ, autant dire que la fuite s’était faite rapidement.

« Merci Jonas, je repasserais demain. Soit sage avec les infirmières. »

Le Major fit un salut symbolique avec une moue concentrée, plus pour arracher un nouveau sourire à son supérieur que pour réellement lui confirmé qu’il avait écouté.

Le Lieutenant ressassait les paroles qu’il avait entendu plus tôt en s’éloignant, séparant bien le rapport de son soldat et ses conclusions pour ne pas les mélanger lorsqu’il les retranscrirait. Quant à ses conclusions, elles en revenaient au même point : quelqu’un jouait double jeu dans leur rangs. Restait à déterminer qui, et ses motivations.
L’intervention de l’infirmière le surprit. Profondément plongé dans ses pensées, il se retint de justesse de sursauter en entendant la voix de Blanche.

Le militaire récupéra le sac après avoir acquiescé à sa proposition de repas. Son estomac avait fait bouger sa tête avant même qu’il ait le temps d’y réfléchir. Maintenant qu’il y pensait, il n’avait rien avalé de la journée et l’offre de l’infirmière tombait à pic. Son énergie aussi. Le soldat devait avouer que quelque part il était rassuré de voir qu’elle ne lui tenait pas trop rigueur du choix qu’il avait du faire plus tôt, malgré la colère qu’elle avait montré.
Il regarda sa silhouette s’éloigner et disparaître dans la boulangerie, pour revenir quelques instants plus tard, le trouvant dans l’exacte position dans laquelle elle l’avait quitté.

« Merci, le choix est parfait. »

Il récupéra son repas avec soulagement, coinçant les affaires de le femme sous son bras. La bonne odeur lui rappelait des souvenirs de son enfance, et cela s’affichait par les traits détendus de son visage. Son grand-père, un des cuisiniers de la mine, en préparait de temps en temps pour casser la monotonie des repas. Le budget et les réserves ne permettaient pas de varier énormément les menus. Aussi, elles avaient toujours du succès et le jeune garçon qu’il était alors s’en régalait à chaque fois. Lorsqu’il était devenu adolescent, avec l’appétit que sa croissance apportait, son grand-père l’avait souvent fait sortir à coup de balai pour qu’il ne mange pas la part des autres.

C’est donc avec joie qu’il arracha la première bouchée en acquiesçant à la remarque de Blanche. Non seulement cela répondait à sa faim, mais aussi à un certain besoin de réconfort qu’il n’avait pas eu l’impression d’éprouver. Il avait essayé de faire durer le plaisir, pourtant il avait finit bien trop vite. Aussi, il fut totalement attentif lorsque l’infirmière s’adressa à lui. Les paroles qu’elle prononçaient...certaines parlaient de lui également. Surtout les blessures invisible...les siennes étaient loin d’être guéries, il le savait parfaitement. Sauf que le savoir et l’avouer, surtout à soi-même, étaient deux choses différentes.

Pourtant, à la voir se mettre à nu devant lui, il comprenait qu’elle lui offrait ses propres faiblesses . A quel dessein ? Il ne le savait pas. Ce que le soldat savait par contre, c’est qu’elle touchait sa corde sensible, celle qui avait fait que sa vie était désormais dédié à la protection d’autrui. Et l'injustice qu'elle avait ressentie plutôt ne lui avait pas paru être feinte.
Alors il lui tendit ses affaire avant de lui serrer la main, faisant attention à ne pas trop la lui serrer cette fois.

« Toute bonne volonté est la bienvenue. Par contre ça ne sera peut-être pas de tout repos. »

Il aurait bien essayé de sourire à nouveau, ses pensées étaient pourtant trop embrouillées, ne laissant alors apparaître qu’une brève grimace. Entre le complot, les rebelles, et les dernières paroles qui avaient visé plus que juste, sa journée commençait à lui peser. Il ne pouvait cependant laisser la confession de Blanche latente, son visage exprimait la difficulté et le courage que cela représentait de se livrer ainsi.

« J’ai moi aussi perdu la mémoire. Au contraire de vous, c’est les six dernières années qui sont parties en fumée...Je ne me souviens que de bribes, de sensation, d’intuitions...Et seuls des moments de la guerre me reviennent plus nettement, en particulier celui où j’ai eu ça. »

Il eut un rire amer en montrant son bras mécanique. Pourtant le soldat ne voulait pas la faire s’apitoyer sur son sort, il le faisait assez bien lui-même. Il voulait juste lui montrer qu’elle n’était pas seule.

« Je ne suis peut-être plus le bienvenu partout mais je peux vous donner un aperçu de ce qu’est une communauté. En tous cas celle dans laquelle j’ai grandi. Ca ne remplacera pas ce que vous avez perdu. Par contre ça vous aidera peut-être à vous souvenir...La mémoire me revient toujours quand je ne m’y attends pas, en particulier au plus mauvais moment... »


Autant dire que c’était déstabilisant, et que certains le prenaient pour un lunatique. Lui qui était connu pour s’énerver dès que quelque chose allait contre ses convictions, désormais il sortait parfois de ses gonds pour ce que les autres considéraient comme des broutilles et étonnement il ne réagissait plus devant des choses intenables. L’armée et la guerre l’avaient modelé en quelques années. Consciemment ou pas, il devrait vivre avec.

« Donnez moi l’adresse de votre pension. Je dois me changer et faire mon rapport, je peux venir vous chercher après, on ira manger un vrai repas dans une taverne. Profitez en pour vous reposer un peu. »

Au départ, le Lieutenant n’avait pas prévu d’aller se plonger dans Rocéas dès ce soir. La tristesse et la solitude qu’il avait entendu pendant la confession de Blanche l’avait cependant convaincu de changer ses plans. Sa vie n’avait pas été un long fleuve tranquille, il ne pouvait cependant pas imaginer ce qu’elle aurait été si il n’avait pas été entouré des siens.

Sanaë Eshfeld
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyLun 26 Avr - 9:36
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Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Malgré la sincérité de ma proposition, je ne pensais pas vraiment que le lieutenant accepterait mon aide. Je l'avais imaginé, probablement à tort, en être fier, renfermé et certainement obstiné. En somme, un homme peu désireux de s'abaisser à accepter l'appui d'une inconnue aussi étrange que moi. Je ne lui en aurais pas tenu rigueur, évidemment. Après tout, même si je ne souhaitais pas me montrer intrusive, ma proposition pouvait très bien laisser supposer le contraire. Mais contre toute attente, le militaire se saisit de la main que je lui avais tendue avant de la serrer aussi délicatement que possible. Consciente que ce ne devait pas être évident de contrôler le membre artificiel aussi aisément que celui d'origine, l'effort perceptible pour mesurer sa force m'arracha un léger sourire.

Et puis, comme pour répondre à ce qui ressemblait beaucoup à une confession de ma part, le jeune homme se livra à son tour. Il me parla brièvement de sa propre amnésie qui concernait une période certes bien plus courte que la mienne, mais qui me sembla autrement plus grave. Au moins, en ayant absolument tout oublié, je m'épargnais la torture de vouloir combler les vides. Je n'éprouvais pas le moindre manque ni même aucun trouble lié à une perte de mémoire classique. Pour moi, mon passé prenait simplement des allures de pages remplis de gribouillis indescriptibles que je ne cherchais pas à traduire. À quoi bon ? Personne ne s'était lancé à ma recherche. S'il restait des proches à celle que je fus jadis, aucun d'eux ne s'était donné la peine de se manifester. Alors, autant me contenter d'avancer en regardant droit devant moi. Je trouvais cela bien plus facile ainsi et cela m'évitait également de songer à celle que j'étais autrefois et de m'imaginer en monstre ou en être invisible incapable de compter pour qui que ce soit.

En six ans, aucun souvenir ne m'était apparu, pas même une petite bride, me laissant ainsi penser que je n'existais tout simplement pas avant ma sortie du coma. Comme je le plaignais de pouvoir ainsi se remémorer ce moment atroce plein de souffrance où il avait perdu son bras.

-Aussi étrange que cela puisse paraître, lieutenant, je n'ai pas l'impression d'avoir perdu quoique ce soit… Pas même mon œil puisque je ne me souviens pas d'avoir un jour pu voir autrement un jour. J'estime qu'être en vie est une chance, surtout après avoir lu mon dossier médical, un petit rire railleur s'échappa sans que je ne cherche à le retenir. Les choses que l'on n'a pas connu peuvent nous manquer… Enfin, c'est ce que je crois, sincèrement. Cela vaut également pour ce que j'ai oublié. Le reste, je n'ai plus qu'à le découvrir… Et je serais justement ravie de d'apprendre ce qu'est une communauté autre que celle composée de soignants, puisque c'est la seule que je connais.

Là encore, je veillais à afficher une mine plus que réjouis… Non, je n'avais pas à me forcer cette fois, puisque je ressentais effectivement cette émotion douce et plaisante s'apparentant probablement au fait de se sentir accepté. Enfin, j'imaginais que cela devait ressembler à ça. Tout en le remerciant d'un sourire, je lui désignais une petite maison en briques roses se trouvant juste à côté de la boulangerie.

-La pension est juste ici… Comme je passe beaucoup de temps à travailler, j'ai choisi celle qui se trouvait au plus près de l'hôpital, avouais-je, un peu gênée de me présenter comme une personne finalement totalement dépourvue de vie sociale… Ou de vie tout court, d'ailleurs. Je me rends compte que, dit comme ça, cela peut sembler pathétique...

Je portais une main gênée à l'arrière de mon crâne avant d'éclater de rire pour dédramatiser la situation. Je n'aimais pas inspirer la pitié. Je la voyais suffisamment, chaque jour, dans le regard des gens lorsque celui-ci se posait sur mon visage portant les stigmates d'un événement qui aurait pu être traumatisant si je m'en étais souvenu, même un petit peu. Je pouvais certes les comprendre puisqu'il m'arrivait de ressentir de la pitié pour les gens brisés par la guerre, mais je ne l'acceptais pas pour autant.

Nous nous séparâmes ainsi. Lui s'engouffra dans l'une des rues de la cité tandis que j'entrais dans l'hôpital pour aller ranger le sac et tout ce qu'il contenait. Je ne tenais pas particulièrement à être accusée de vol par la suite. Ceci fait, je rentrais à la pension où j'échangeais brièvement quelques mots avec ma logeuse avant de faire un brin de toilette. J'enfilais ma tenue civile, composée d'une simple chemise blanche et d'une jupe noire un peu usée, ressemblant étrangement à mon uniforme, même dépourvue de tablier. Ne voulant pas donner plus de travail que nécessaire à Madame Mannott, je m'occupais moi-même de nettoyer mes vêtements souillés avant d'aller m'étendre sur mon lit.

Je ne dormais pas, évidemment. Malgré la fatigue ressentie, il m'était pourtant impossible de m'assoupir ne serait-ce qu'un instant. Il en allait de même la nuit, ce qui expliquait aisément la présence constante de petites poches disgracieuses sous mes yeux. Alors, pour passer le temps, je me plongeais dans la lecture d'un roman emprunté quelques jours plus tôt à l'une de mes collègues du quartier général. Depuis mon réveil, la littérature me permettait de m'ouvrir un peu à une société encore méconnue, même si je me doutais bien que tout ne se déroulait pas comme dans les livres. J'avais beau être amnésique, je n'en étais pas naïve pour autant. Personne en ce monde ne pouvait être à ce point dépourvu de défauts ou être son exact opposé, j'en étais intimement persuadée… C'est pourquoi, même si je trouvais mes lectures divertissantes, je m'en lassais malgré tout extrêmement rapidement et n'éprouvais aucun regret à poser un livre sur ma table de chevet pour l'oublier quelque temps. C'est ce que je fis ce jour-là, délaissant l'ouvrage après en avoir lu quelques pages avant de me relever afin d'étirer mes muscles douloureux.

Quelques minutes plus tard, le calme ambiant de la pièce se vit troublé par un discret "toc-toc", si discret que celui-ci aurait pu passer inaperçu si je n'avais point tendu l'oreille. J'ouvris la porte de ma chambre pour découvrir une madame Mannott affichant une mine surprise.

- Un jeune garçon, à la porte. Il dit qu'un certain lieutenant Vaughn vous attend à la taverne du "P'tit mineur" ... J'espère que vous n'avez pas de mauvaise fréquentation, mademoiselle Blanche. Une taverne n'est pas un endroit recommandable pour une jeune femme seule, vous savez.

-Ne vous inquiétez pas, madame. Je peux vous assurer que vous n'avez point à soucier de la qualité de mes fréquentations, la rassurais-je en souriant. En revanche, je n'ai pas la moindre idée d'où se situe cette taverne...

Malgré son air désapprobateur, ma logeuse m'indiqua la route menant au "Petit mineur", non sans omettre quelques recommandations, évidemment. J'enfilais un manteau léger afin d'affronter l'air frais extérieur et quittais la petite maison de briques roses pour rejoindre le lieutenant. Jamais auparavant je ne m'étais rendue en pareil lieu et je fus surprise par l'agitation qui y régnait. La plupart des clients étaient des hommes, même si quelques femmes plus ou moins jeunes se mêlaient à diverses tablées. Je restais un long moment immobile dans l'entrée afin d'essayer d'apercevoir le soldat. Mais, ne le voyant pas et me sentant extrêmement mal à l'aise au milieu de ce brouhaha, je décidais de l'attendre à l'extérieur.


Adam Vaughn
Adam Vaughn
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyLun 26 Avr - 19:33
Irys : 848357
Profession : Ancien mineur / Soldat en armure assistée (Mai 933)
Daënar +2 ~ Änkar (homme)
Il est étonnant de voir comme une situation qui paraissait identique pouvait toutefois être si différente...C’est sur cette pensée concernant leurs amnésie qu’Adam se sépara de l’infirmière. Les réactions de Blanches s’étaient révélée naturelles et sans filtre, c’est probablement pour ça que le militaire se sentait plus à l’aise avec elle qu’avec la majorité des personnes extérieures à l’armée. Il se dit qu’il allait peut-être passer une bonne soirée à la taverne, la première depuis longtemps.

Son esprit se rembruni quand il arriva à la base. Les hommes d’Ankar, dont il faisait partie, avaient été entassés dans une aile plus ou moins désaffectée de la base militaire de Rocéas. Les ravages de la guerre n’avaient pas épargné les troupes, et cette aile était dépourvu d’âmes depuis longtemps. Le froid était prenant, et l’humidité n’arrangeait rien. En tant qu’officier, le Lieutenant avait « l’avantage » d’avoir son propre logement. Il n’était en fait question que d’une simple chambre, au confort spartiate.

Le sac d’Adam avait été amené, et il sorti sa tenue civile avant de s’approcher de la bassine posé sur un guéridon dans un coin de la pièce. A choisir entre le bain commun et une toilette plus rapide en solitaire, son choix avait été vite fait.
Une fois propre, son esprit s’était un peu apaisé. Ses habits chauds, un haut à manches longues et un pantalon noirs, lui permirent de faire barrage à la fraîcheur le temps que le feu réchauffe les murs gelés.

Le Lieutenant s’assit ensuite à la petite table qui faisait office de bureau pour rédiger son rapport. Enfin ses rapports, un pour chacune des deux missions. Le temps passa, et il alluma par réflexe la bougie qui lui permis de terminer son récit. Ce n’est qu’une fois terminé qu’il se rendit compte à quel point l’heure était avancée et qu’il serait sans doutes en retard pour passer chercher sa compagne pour la soirée. Même si aucune heure n’avait été fixée, il avait été question d’un repas. Pas question de dîner à l’heure de se coucher…Avant d’aller rendre sa paperasse auprès du commandant, il sorti et héla un jeune garçon qui vendait des journaux.

« Dis moi mon garçon, ça te dis de gagner quelques pièces de plus qu’en vendant tes journaux ? »

Le garçon acquiesça vivement, et Adam lui expliqua donc sa mission : aller prévenir l’infirmière de son retard et lui demander de l’amener jusqu’à la taverne « au p’tit mineur ». Il lui glissa quelques pièces et retourna dans le bâtiment, se dirigeant vers le bureau du commandant.

Même si ce qu’il avait noté lui paraissait clair, il fut interrogé sur quelques points. Que ce soit les erreurs du matin, ou le parti pris d’Adam l’après-midi, ce qui était relaté laissait ne semblait pas convenir. Le Lieutenant ne sut cependant pas pourquoi, ne gardant qu’une mauvaise impression de cet entretien.
Avant de quitter les lieux pour la soirée, il alla à la rencontre de Nielsen et Hurricane au mess et leur indiqua qu’il s’absentait. Leur regards entendus fit soupirer Adam, les deux soldats devaient penser qu’il allait passer  du « bon temps ». Il les laissa ricaner et s’engouffra dans le froid extérieur.

Autant le soleil avait permis de rendre la température supportable l’après-midi, autant la nuit se faisait encore fraîche. Rien d’inhabituel pour Adam, qui avait enfilé son manteau, et pour qui c’était plutôt revigorant. L’humidité le gênait plus, tirant la peau de ses cicatrices et son moignon. Une bonne bière l’aiderait à faire passer la gêne.

En arrivant devant la taverne, le soldat repéra de suite son accompagnatrice, arborant l’air d’un poisson hors de l’eau. Il était sûr que le va et viens qui s’intensifiait aux alentours de ce lieu de convivialité devait lui changer de l’hôpital. Les hommes étaient bruyants, ceux qui sortaient davantage que ceux qui rentraient.

« Désolé pour le retard Blanche, je ne pensais pas en avoir pour autant de temps. Venez, on va rentrer avant que vous geliez. »

La finesse du manteau de la femme n’était pas fait pour la ville montagnarde, heureusement qu’ils n’étaient pas en hiver, lorsque le paysage était balayé par les vents et la neige. Le soldat devança sa compagne pour lui ouvrir la porte et lui attrapa le poignet en voyant le monde. Il ne tenait pas à ce qu’elle se fasse entraîner par les premiers soûlards qui pourraient se masser près d’eux. Il la mena ensuite vers le fond de la salle, où une petite table et deux chaises venaient d’être libérées par deux hommes joyeux et aux yeux pétillants.

Ils étaient ainsi un peu à l’écart, cependant la cacophonie était telle que leurs oreilles étaient sans cesse sollicitées. Devant le comptoir à l’acier usé, plusieurs hommes mûrs polémiquaient vivement, ceux qui venaient passer commande devaient jouer des coudes pour se faire une place au milieu de ces politiciens du dimanche. Près de l’entrée, des jeunes s’étaient lancés dans un concours de bras de fer, qui se finirait par l’ivresse des perdants et des gagnants. Une compétition de fléchette s’était aussi lancée et les cris des deux équipes engagées se faisaient entendre par intermittence. Le reste de l’espace était occupé par des petits groupes qui débattaient aussi, tout en mangeant et buvant.
Ce qui semblait un bazar complet arracha un sourire à Adam. Il était chez lui.

« Ca paraît impressionnant, mais je vous assure qu’ils sont encore calme. D’ici peu de temps, je vous parie que y’en a quelques uns qui vont commencer à jouer de la musique. Et plus le temps avancera et plus les gens vont discuter fort. Souvent ça se finit avec toute la taverne qui se cri dessus. »

Le militaire se rendit compte en le décrivant à haute voix, que le portrait n’était pas forcément flatteur pour quiconque n’était pas habitué. Il en avait pourtant passé des heures dans ces bouges, termes qu’utilisait les bourgeois de la ville, avec ses amis. Ces groupes à l’entrée, qui se lançaient des défis, il en avait été. Et difficile de dire à combien de discussions il avait participé, encore moins les thèmes. La moitié du temps, ils étaient ronds comme des queues de pelles…

« C’est très convivial tout ça en fait » ajouta t-il, contrit

« Je vais aller nous commander à manger ! »

Il décrocha son poignard de sa ceinture et le laissa devant l’infirmière.

« Gardez le bien en vue, ça évitera aux idiots de venir vous importuner. Et prenez un air féroce si ils viennent quand même. Les femmes d’ici ne sont pas connues pour se laisser intimider facilement, ça suffira pour les convaincre de passer leur chemin. »

N’étant pas un coureur de jupons plus jeune, au contraire, cela ne l’avait ne l’avait pas empêché de voir ses amis se faire rembarrer plus d’une fois par des matrones. Et leurs filles n’étaient jamais en reste. Peut-être était-ce d’ailleurs la raison pour laquelle un grand gaillard comme lui était resté longtemps un grand timide avec la gent féminine.
Adam ne s’attarda pas plus et s’avança vers le bar, reconnaissant pour son plus grand plaisir un ancien ami à son grand-père. Le bâtiment n’était pas celui dans lequel il avait le plus été, loin de là, mais la plupart des cuisiniers de la ville se connaissaient.

« Lionel, toujours aux commandes ? »

« Adam, ça fait une éternité que j’t’avais pas vu dans l’coin. J’ai entendu dire que tu t’étais enrôlé. »


« Oui, après la mort de grand-père. Je ne suis pas beaucoup revenu depuis. »


Le propriétaire s’avança vers le soldat et lui parla plus bas. Dans la cinquantaine environ, il affichait une physique entretenu et dégageait une certaine autorité. Il n’en fallait pas moins pour avoir l’amont sur tout le petit monde qui se pressait ici tous les soirs.

« Fais attention, c’est assez tendu avec les autorités »

« Ca l’a toujours été »

« Non non mon gars, pas à ce point. C’est une poudrière. Les accidents se sont multipliés ces derniers mois, et les patrons ont pas réduits les cadences depuis la fin d’la guerre. Les gens savent bien que ça part pas dans la caisse commune. C’est encore pire qu’à l’époque. »

« C’est ce qui m’a été rapporté aujourd’hui. »

Le Lieutenant ne mentionna pas sa source, si des oreilles indiscrètes réussissaient à capter leur conversation, il ne voulait pas en dire plus que nécessaire. La rumeur de la mort d’Allan devait déjà avoir fait son bout de chemin, inutile de se mettre une cible dans le dos en indiquant qu’il en était le responsable. Il tenait à passer une soirée tranquille, avec une compagnie qui le changeait de ce qu’il avait connu ces derniers mois. En son fort intérieur, le soldat espérait que cette soirée lui permettrait d’oublier ces problèmes momentanément.

Lionel jeta un coup d’oeil sur sa droite, en direction des joueurs de fléchettes. L’un d’entre eux paraissait en colère, et la compagnie de ses camarades ne changeait pas son comportement.

« Le p’tit là, il a perdu son père dans un effondrement de galerie y’a même pas six mois. Encore un accident d’après les patrons. Et sa mère était malade depuis longtemps, sauf qu’elle d’vait continuer à travailler. Elle raffinait les pierres. Tu connais la suite... »


« La poussière de minerais à eu raison de ses poumons... »

Le propriétaire hocha gravement de la tête

« Les morts continue de s’entasser aussi vite que pendant la guerre. Pourtant on n’a pas vu l’ombre d’un mytran depuis un moment. »

Lionel se redressa et gueula pour la cuisine, dont une trappe de communication était pourtant ouverte juste derrière lui.

« Deux plats du jours ! Sarah, tu m’les apportera à la table du fond»

Il se dirigea vers la tireuse à bière ajoutant un «  Et deux pintes de ma meilleure mousse ! »
Les deux choppes atterrirent devant le militaire quelques secondes plus tard, qui les saisit après avoir posé le paiement sur le comptoir. Lorsqu'il se tourna pour rejoindre Blanche, il se dit que la situation était encore plus envenimée que ce qu'il avait pensé.

Sanaë Eshfeld
Sanaë Eshfeld
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Et les murs continuèrent de trembler dans la ville que l'on aime EmptyMar 27 Avr - 9:44
Irys : 743374
Profession : Amnésique attachante
Daënar +2 ~ Skingrad (femme)
Pour m'occuper en attendant le lieutenant, je laissais mon regard glisser çà et là, observant les gens qui allaient et venaient dans la rue. Beaucoup d'entre eux affichaient une mine fatiguée, éreintée, des mineurs, sans doute, à en juger par la poussière noire qui recouvrait leur visage ainsi que leurs vêtements. Néanmoins, ce n'était pas tant leur épuisement parfaitement visible qui me marqua, mais plutôt la lueur étrange qui brillait dans leurs yeux évoquant plutôt une sorte de colère encore contenue. Cette même lueur, je l'avais vu briller dans le regard d'Allan ce matin même, avant qu'elle ne s'éteigne pour toujours. Il fallait être aveugle pour ne pas comprendre que la situation dans les mines devait être des plus préoccupantes… Et c'est probablement parce que les dirigeants fermaient les yeux pour mieux se remplir les poches que cette colère se réfléchissait dans tous ces yeux cernés de noir, autant chez les hommes que chez les femmes que je croisaient… et parfois même dans ceux de jeunes enfants. Pour moi, une chose était certaine, la révolte n'était encore qu'à ces balbutiements.

Au bout d'un certain temps, je vis arriver le lieutenant. Vision quelque peu rassurante que j'accueillis d'un geste de main pour lui signaler ma position… même s'il m'avait vu.

-Ne vous inquiétez pas, il ne fait pas si froid, raillais-je tandis qu'un petit nuage de vapeur s'échappa de ma bouche comme pour prouver le contraire.Il vaut mieux rentrer, en effet, déclarais-je finalement en souriant.

Alors, de nouveau je pénétrais à l'intérieur de la taverne, cette fois accompagnée du militaire dont la présence ne suffit néanmoins pas à rendre les lieux moins impressionnants. Je n'étais point habituée à pareille ambiance, probablement parce que je me tenais généralement à l'écart de ce genre d'endroit de manière plus ou moins volontaire. Je n'étais pas particulièrement à mon aise au milieu de tant de personnes bruyantes… Enfin, lorsque je n'étais point occupée à accomplir quelques tâches suffisamment distrayantes pour ne pas y prêter attention. Mon malaise, même si j'essayais tant bien que mal de ne pas le montrer, ne devait pas avoir échappé à la vigilance du lieutenant puisque celui-ci me guida jusqu'à une table isolée tout en me tenant par le bras.

-Je ne sais pas si je dois considérer cela comme rassurant, raillais-je lorsqu'il m'affirma que la clientèle présente était encore calme et que cela ne durerait probablement pas.

Au fond, même si cela me perturbait quelque peu par manque d'habitude, je ne pouvais que comprendre leur besoin de s'amuser en évacuant ainsi le stress de leur journée. Il n'y a rien de plus humain, n'est-ce pas ? Chacun de nous ressent ce besoin de rire en bonne compagnie pour se changer les idées.

Je m'installais, me débarrassant de mon manteau avant de prendre place sur la chaise faisant face à la salle. Je trouvais cette vision animée par cette joie quelque peu alcoolisée, certes,aussi intéressante que distrayante. Mon regard fut alors capturé par la vision d'un couteau qui se vit déposé juste devant moi. J'écoutais le militaire avec grande attention, puisque cette arme devait apparemment me servir à éloigner quelques hommes… Prendre une mine féroce… Moi ? M'avait-il bien regardé ? Je clignais des yeux de surprise avant de sourire. Je le savais moi, que personne viendrait accoster la demoiselle à l'oeil blanc. Mais je n'en dis rien, me contentant d'acquiescer tout en souriant avant qu'il ne disparaisse. De nouveau je m'adonnais à la contemplation de la masse humaine plus ou moins éméchée tout en essayant d'imaginer le reste de leur vie. Que faisaient-ils lorsqu'ils n'étaient pas ici ?

-Bonsoir, toi...t'es toute seule? m'interpella une voix pâteuse.

Je levais l'œil vers l'homme qui se tenait dans mon angle mort. Il portait un cache-oeil qu'il releva pour dévoiler celui qui se trouvait en dessous, tout aussi laiteux que le mien.

-Il te manque l'oeil droit et moi le gauche. C'est un signe non ?

-Je vous demande pardon ?

L'homme aux joues grossièrement rougies par l'alcool contourna la table pour aller s'installer à la place du lieutenant… La vision du couteau ne sembla pas l'émouvoir un seul instant. En réalité, il n'y prêta pas la moindre attention. Il était déjà trop tard pour prendre un air féroce, et puis, je ne m'en sentais pas vraiment capable. Néanmoins, je connaissais une toute autre stratégie capable de faire fuir n'importe qui, même l'être le plus téméraire. Ainsi, quand l'intru tira la chaise vers lui, je levais une main en sa direction pour l'arrêter.

-Mais enfin, que faites-vous ?

-Bah, ça s'voit non ? J'viens te tenir compagnie.

-Je ne suis pas seule, voyons. Vous ne voyez donc pas que vous êtes sur le point de vous asseoir sur mon ami ! mon regard se dirigea vers la chaise mine, là où se trouvait supposément cet ami invisible.Je t'en prie, Angus, ne t'énerve pas. Ce monsieur ne t'a pas vu, c'est tout.

-Hein ?Mais qu'est-ce que tu racontes, y'a personne ici.

-Si j'étais vous, monsieur, je ne l'insulterai pas, lui murmurais-je sur le ton de la confidence. Mon ami n'apprécie pas du tout que l'on le traite comme cela. Vous devriez partir avant qu'il ne décide d'utiliser son couteau...

L'oeil de l'ivrogne glissa sur la fameuse arme que je venais de déplacer discrètement en direction de la chaise vide, profitant de son propre angle mort. L'homme me dévisagea comme si j'étais folle, tant mieux, je n'avais plus qu'à en rajouter une couche en poussant légèrement la chaise du bout du pied.

-Calme-toi Angus, le monsieur s'en va...

Et effectivement, l'homme détala aussi vite que possible quittant précipitamment la salle sans même prendre la peine d'enfiler un manteau… J'espérais qu'il ne s'enrhume pas… Quelques secondes plus tard, je vis arriver le lieutenant, les mains tenant deux choppes de bière. Je lui souris, fière de mon petit numéro, mais mon rictus s'effaça bien vite en voyant l'expression qu'il affichait.

-Vous en faites une tête, quelque chose ne va pas ?  

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