Better run through the jungle [Aurore Seraphon][Terminé]

J'étais si peu réveillé que j'arrivais à peine à émerger, ma main dépassant à peine de la couverture. Ce fut un long combat, qui m'opposa à la fraîcheur de l'extérieur, combat que je finis par gagner comme une guerre d'usure, en gagnant petit à petit du terrain, et ce jusqu'à ce que tout mon corps soit extirpé de la couverture.
Les cheveux en bataille, je finis par émerger complètement, tachant d'apercevoir la jeune femme malgré les cheveux qui me tombaient devant les yeux. Il fallut un petit moment pour que j'arrive à reprendre totalement connaissance écoutant sa phrase avec un peu de difficultés.
Un maître dans le domaine du sommeil ? Non sûrement pas je comptais simplement profiter de la matinée pour se reposer un peu, compter mes affaires et si possible faire un petit point sur les lieux à voir. Sans compter que parfois j'aimais passer un peu de temps à rien faire.
Si bien que quand la jeune femme détourna mes paroles je fus totalement pris au dépourvu, une mage facile ? Mais elle me prenait pour quoi au juste ? Je n'avais clairement pas envie de ça, surtout avec une mage que je venais de rencontrer. Ils étaient tous comme ça ici ?

-Je parlais de...

Mais je n'eus pas vraiment le temps de répondre quoi que ce soit alors que la jeune femme s’apprêtait déjà sortir pour partir chasser. J'aurais voulu lui hurler qu'elle se faisait des idées, mais à quoi bon. Daenastres comme Mytranes, les femmes avaient des idées arrêtées et étaient persuadées d'avoir tout saisi du premier coup.
Je finis par abandonner, mieux valait qu'elle se change les idées avant de lui dire qu'elle avait tout compris à l'envers. Je pris cependant note de la fin de sa phrase. Savoir d'ou provenait mon harmonica serait sûrement une bonne idée. Surtout si la personne en question avait la moindre idée de ce qu'il y avait marqué dessus

-D'accord, peut-être, pourras-tu me dire plus tard le prénom ?

Et je la vis partir attraper de quoi manger. Elle m'avait un peu contrarié en insinuant des choses déplacées. Mais comme elle n'était plus là, il était inutile de s’appesantir dessus. À la place je pris un peu de temps pour replier mes affaires, rangeant la couverture au fond de mon sac avant de sortir un petit miroir ainsi qu'une brosse pour remettre un peu d'ordre dans ma chevelure en bataille.
Ce fut sûrement ce qui me prit le plus de temps. Et l'instrument défaisait un nombre incroyable de nœuds. Je ne m'arrêtais que lorsque ces derniers furent totalement lisse avant de les attacher en chantonnant.
Il ne restait qu'à replier le reste des affaires, rassemblant tout dans mon sac avant de le ranger dans un coin. Il ne me restait qu'à l'attendre, et pour passer le temps je sortis mon instrument, jouant toujours le même air que je connaissais si bien.
La grotte était suffisamment petite pour rendre le son agréable, je jouais jusqu'à l'entendre dire qu'elle avait trouvé le repas, je laissais alors l’instrument regagner ma poche avant de hocher la tête vigoureusement

-Oui très ! Désolé de ne pas t'avoir aidé Constance, disons que les rares fois ou je dors bien, je tiens à en profiter un maximum, quitte à traîner un peu dans mon lit.

J'eus la surprise de recevoir une tête, sur la main ce qui manqua presque de me faire sursauter, le réveil était encore compliqué. Je regardais intrigué le morceau de volaille avant de pencher la tête sur le côté sans regarder ce qu'elle faisait.

-Vous les mangez comme ça ?...

Puis je tournais la tête observant la jeune femme cuir le reste, je poussais un petit soupire rassuré, replaçant mes longs cheveux avec un petit geste.
J'attendis que la nourriture soit prête, ajoutant au fur et à mesure quelques épices.

-Plutôt bien dormis oui... c'est rare que je puisse fermer l’œil tout une nuit en mission...

Mon regard croisa le siens, remarquant qu'elle semblait quelque peu perplexe sur un détail qui ne me sautait pas vraiment aux yeux, enchaînait doucement sur ce qu'elle avait évoqué tout à l'heure.

-Hum au fait pour tout à l'heure... Je ne sais pas comment sont vos coutumes ici mais... on ne... Fait pas ce genre de chose avec des inconnus chez nous... C'est peut-être des traditions, mais.... enfin... je voulais juste me reposer enfin bref passons.

Je n'étais pas sur au niveau des traditions Mytrane. Après tout peut-être que pour eux coucher avec quelqu'un était quelque chose de courant ? J'en frissonnais presque, non, je ne voulais pas que quelqu'un d'autre qu'Allys ou Alises pose ses mains sur moi ! Cette simple pensée me tira une petite moue désapprobatrice avant de reprendre

-Je ne sais pas trop ou aller, en général, les pirates comme lui cherchent l'argent facile et l'alcool en quantité, il y a un lieu qui correspondrait à cela ?

Jusqu'à présent je n'avais fait que parcourir la région en essayant de me mettre dans sa tête, mais difficile d'imaginer ce que pouvait faire quelqu'un comme lui, mise à part chercher des filles faciles, de l'argent et de l'alcool.
Peut-être qu'une grande taverne l'aurait vu passer.

-Quelque chose comme une taverne ou un bordel sûrement... Connaissant la réputation du client, ça ne m'étonnerai pas vraiment.

Je lâchais un soupire pour moi-même, haussant les épaules pour moi même avant d'ajouter un

-Ces hommes, je vous jure...

Bien sûr, je faisais mention des marins, mais ça la jeune femme ne risquait pas de la savoir.

Spoiler:

Aurore avait avisé un instant son interlocuteur, surprise de sa question. Prenait-il réellement les personnes de son peuple pour des sauvages ? Elle lâcha un bref soupir, abandonnant l’idée de retirer de l’esprit de l’individu mi-homme, mi-femme ses préjugés. La suite de la conversation avait eu le mérite de la faire rire autant que de la contrarier. Jusqu’à présent, Aure n’avait absolument rien  fait pour laisser supposer qu’elle avait envie d’échanger autre chose que des paroles froides et distantes et ce n’était pas prêt de changer, vraiment pas. Doucement, la rousse avait croqué un morceau de viande, mâchant sans bruit, tout en prenant le temps de réfléchir. Elle n’avait nullement envie de provoquer une dispute, pas le matin, jamais le matin. Elle n’était pas de ses femmes qui aimaient la confrontation au réveil, du moins, pas en première activité à peine levée. La mage n’avait pas pris la peine de répondre pour l’instant, préférant se concentrer sur son alimentation, sur sa mastication. Pas de remerciement pour la nourriture, pas de phrase réellement agréable, rien ne donnait envie à Aurore d’être plus attentive à son interlocuteur. Elle lâcha un nouveau soupir, plus qu’agacée.

- «  De rien, je suis ravie aussi de partager ce premier repas de la journée moi aussi, en ta compagnie. » Piqua-t-elle « Nous ne sommes pas des sauvages contrairement à ce que tu sembles penser, on a un profond respect pour notre environnement, on ne le modifie pas, ne le détruit pas pour d’éventuelles avancées. » Souligna-t-elle ensuite, amères « C’est une bonne chose si tu as bien dormis, on va pouvoir rapidement se mettre en route. Rassure toi, je n’ai aucune attirance pour les personnes entre deux sexes, même contre une forte somme d’argent je n’aurai nullement envie d’échanger quelconques ébats en ta compagnie. »

Aurore avait terminé son morceau jetant le reste dans le feu. Il fallait avoir un minimum dans le ventre pour partir à l’aventure, surtout pour chasser le pirate. Lentement, elle s’était relevée, dépoussiérant sa tenue avec simplicité rassemblant ses affaires à droite à gauche, afin de se préparer pour le départ. Dans son esprit, il était hors de questions de perdre davantage de temps, il fallait se mettre en route. Plus vite le pirate était retrouvé, plus vite elle se débarrasserait de cet homme-femme qu’elle ne parvenait toujours pas à réellement supporter. Prenant une légère inspiration, elle pivota de nouveau vers son interlocuteur.

- «  Bien, je te propose d’aller vers le port d’Etsiin. C’est un lieu de passage important, on y trouve de tout, y compris des auberges de joies. Il y en a aussi sur le chemin, on pourra donc très certainement se renseigner sur la route, en interrogeant les passants. Si tu pouvais éviter de sortir toute sorte d’armes, ça évitera de faire fuir les passants. »

Replaçant sa dague dans sa botte, son arc dans son dos tout comme ses différentes flèches, Aurore l’incitait à se préparer pour le départ, à partir même. Elle lui jeta un dernier regard, un peu perplexe, un peu perdu devant ce comportement changeant.

- « Pour le prénom, je ne suis pas certaine, tu verras ça avec Odard. On peut se mettre en route ? Tu as une monture quelque part ? La mienne se trouve dans un établissement à la ville, je récupère Alezane et ensuite nous partirons en direction du port. Ça nous permettra de questionner un peu les habitants de la ville. Qui sait, cela peut toujours apporter quelque chose. »

Aurore n’était pas du genre inactive, loin, très loin de là, elle ne supportait pas ne rien faire, n’avait même certainement jamais procrastiné de sa vie. Autant dire qu’il avait plutôt intérêt d’être dynamique, sans quoi il allait à ne pas en douter se prendre une multitude de réflexions. S’immiscer dans l’esprit d’un pirate n’était pas chose aisée, du moins, normalement, pourtant quelque chose sembla évident dans l’esprit d’Aure, il devait aimer les femmes, l’argent et surtout la tentative d’un coup facile. La rousse s’était pincé la lèvre, réfléchissant à ce qui pourrait bien l’attirer dans le coin. Etsiin, semblait la destination parfaite, toujours pleine de monde, animée, femme facile et homme de main pouvaient facilement s’y recruter. Elle pivota vers son interlocuteur, surprise par sa réflexion :

- «  Ôte-moi d’un doute, tu es un homme toi aussi, non ? »

Aure avait simplement roulé des yeux passablement dépassés par la situation, il était vraiment, vraiment particulier ce type. Calmement, elle lui avait fait signe d’avancer, la route jusqu’à l’écurie ne prendrait pas longtemps et Aurore était ravie de savoir que sa jument avait été à l’abri pendant la tempête.  Le trajet s’était déroulé plus ou moins sans encombre, dans un silence plus ou moins permanent. C’est qu’il était difficile de faire la conversation avec un individu qu’on n’appréciait pas, qu’on avait du mal à comprendre. La rousse ne semblait même plus avoir envie d’en apprendre davantage à son sujet, aussi devait-elle se faire régulièrement violence pour faire la conversation.

- «  Si ton homme aime les femmes comme tu le prétends, cela pourrait être plus simple que prévu. » Elle secoua doucement la tête «  il suffit de prendre l’apparence d’une femme blonde, forte poitrine, tenue plutôt aguicheuse et je suppose que le tour sera joué. Non ? Du coup, il ne te manque que des fruits pour faire la poitrine et une tenue aguicheuse, on pourra peut-être trouver sa en ville. »

Non parce qu’il était tout à fait hors de question que Aurore devienne l’appât, le faire signifierait lui faire confiance. Jamais. Les pas de la mage avaient fini par s’accélérer au moment où elle avait reconnu au loin l’établissement qui s’occupait de sa monture. A l’entrée elle s’était arrêtée montrant d’un signe de tête quelques habitants.

- « Tu devrais interroger ceux-là, si ton homme est bien là, il a forcément besoin d’une monture, je doute fortement que quelqu’un de logique s’amuse à parcourir la région à pied. Avec de la chance, quelqu’un l’aura vu dans le coin. Je vais interroger le tenancier en le payant. »

À peine sa phrase terminée, Aure s’était engouffrée dans l’établissement en direction du box de sa jument. Elle n’avait toujours pas dans l’idée de trainer.

-Oh je ne penses rien ! Cesses donc d'essayer de trouver un sens négatif à tout ce que je dit. Je n'ai juste aucune connaissance de votre culture, comprend donc que la moindre petite chose puisse me paraître étrange. Imagine que tu trouve un jour des gens qui n'ont rien en commun avec toi, cela ne te paraîtrait t-il pas normal d'essayer d'en apprendre un peu plus ? C'est ce que je fais voilà tout.

Le supplément sur ses attirances sexuelles me fit quelque peu rire et je ne pus m'empêcher d'échapper un sourire amusé.

-Ce que tu fait ou ne fait pas de tes nuits ne me regarde guère, et cesse donc de t'imaginer des choses, je suis navré que tu es pu mal comprendre ce que je disais mais... n'y voit pas de mal, tu n'es pas vraiment mon genre non plus.

Je repensais furtivement à Allys, ne pouvant m'empêcher d'avoir hâte de la revoir à nouveau. Je ne comprenais pas ce que ces gens avaient avec le sexe ? Ils faisaient donc une si grande fixette la dessus ? Je savais que c'était chose courante mais dans mon cas je n'y voyais pas grand intérêt si ce n'était pas avec quelqu'un qu'on aimait, ce qui expliquait également mon ignorance totale des mœurs dont elle me parlait.
Je mangeais donc tout ce qu'elle avait fait cuire, désireux de ne pas en gâcher un seul petit morceau. Ça aurait été stupide d'avoir tué un animal pour n'en manger qu'une petite partie. Mon expérience dans les contrées du nord m'avait montré qu'en plus de manger quand il fallait toujours faire en sorte de ne rien laisser.
Je rassemblais également mes affaires pliant le peu qu'il restait avant de partir quelques minutes aux alentours pour aller chercher du bois.
Je revins avec un petit fagot que je déposait à côté du feu.

-Il y en avait quand nous étions arrivés, si cet endroit est un abris mieux vaut laisser de quoi se chauffer aux prochains qui en auront besoin.

Je rassemblais ensuite mes affaires, refixant mon armure avant de remettre mon sac sur les épaules. Mon pistolet était toujours à sa place, et je me penchais vers Aurore considérant ses propositions avec attention.

-Va pour port Estin alors, je suppose que tu sais ce que tu fait...

Ses provocations incessantes commençaient lentement à m'agacer, et l'idée de la laisser sur place fit son chemin dans mon esprit avant que je ne chasse tout cela avec un long soupir ennuyé, non si je voulais en finir le plus vite possible, mieux valait simplement ignorer cette agaçante manie qu'elle avait.
Je remis la lanière de mon sac correctement, vérifiant juste qu'un chargeur était bien en place avant de marcher vers la sortie ne m'arrêtant que pour répondre à ses questions.

-Non je n'ai pas de monture, je ne sais de toute façon pas monter, je trouve ça... déplaisant. Mais soit, allons chercher la tienne.

J'avais un léger soucis avec les animaux surtout quand il s'agissait de leur faire confiance, peut être se soucis se résoudrait un jour mais pour le moment imaginer monter sur un animal ne m'était que très peu familier, les rares chevaux que j'avais monté étaient ceux lors de mon expédition avec Alises, depuis je n'y avais même pas ne serai-ce que pensé.
Mais le chemin supplémentaire permettrait au moins de poser plus de question comme elle l'avait justement souligné. Et les informations allaient être primordiales pour le retrouver.
Sans monture cela risquait juste de prendre un peu de temps, mais je n'étais pas pressé outre mesure. Les choses devaient être bien faite avant tout.
J'eus cependant un haussement d'épaule quand elle me demanda si j'étais bien un homme. J'eus un petit sourire innocent avant de répondre.

-La réponse est évidente non ?

Non elle ne l'était pas, et cette petite phrase ne risquait d'éclairer la jeune femme sur la vérité. Et je ne comptais pas faire d'effort sur ce point, cette petite particularité physique était bien utile dans bien des situations, de plus le nom que je lui avait donné n'allait pas l'aider.
Garder un peu de mystère n'était pas forcément une mauvaise chose non ?
La route qui s'en suivit fut plus longue que je l'aurai prévu et la conversation était rare, car d'une part nous n'avions pas vraiment de sujet pour parler et d'une autre car je ne tenais pas non plus à lui raconter quelque chose, ses insinuations constantes avaient finis par m'user les nerfs, si bien que je ne mis pas mon casque juste par respect. M'enfermer dans mes pensées n'était pas la bonne chose à faire tout de suite. Ses phrases me tirèrent de mon mutisme, me faisant osciller sur place quelques instants.

-Car tu tiens à me déguiser en prostituée en plus ?

Je soupirais à l'idée. Ce n'était pas la première fois que j'allais être changé en femme mais en prostituée en plus... A forte poitrine ? Là même avec des fruits il risquait d'y avoir un problème.

-Nous ne ferions pas mieux d'engager quelqu'un ? Je peux le faire bien sur, mais j'ai quelques doutes sur l'idée des fruits. Et je n'ai pas vraiment de tenue adaptée sur moi... Tu saurais ou en trouver ?

Je ne savais pas vraiment ou l'on aurait pu en trouver en plus, il devait bien y avoir des boutiques spécialisées la dedans ? Ou peut être qu'elles étaient faites sur mesure ? Cette petite pensée m'occupa une bonne partie du trajet, et je finis par lui laisser gérer cette partie avant de partir voir l'aubergiste.
Dissimulant mon pistolet avant de rentrer.

Je ressortis quelques minutes après, bredouille. Il n'avait rien vu, ou du moins pas un pirate avec un tatouage sur le visage. Par contre un voyageur étrange avait été aperçu sur la route il y avait donc un peu d'espoir. je partis rejoindre la jeune femme déclarant doucement.

-Un voyageur étrange est passé ici il y a quelques jours, et pour toi ?

Dent pour Dent, Œil pour Œil, voilà bien une expression qui correspondait à la perfection à l’ambiance entre les deux jeunes gens. L’une s’offusquait du manque de considération de l’un et l’un s’offusquait des piques que l’une offrait pour le remettre à sa place d’une façon peu délicate. La journée s’annonçait longue, très longue, trop longue. Aurore tachait d’oublier les différents incidents de faire preuve d’un minimum de considération pour cet étranger qu’elle n’avait visiblement pas envie de connaître davantage. Cela semblait beaucoup plus facile à dire qu’à mettre en œuvre, la jeune femme s’appliquait donc à se concentrer uniquement sur l’objectif commun, celui qui lui permettrait de se débarrasser rapidement de cet homme, mais aussi de faire une bonne action. Quoi qu’il en soit, maintenant que le duo particulier était en chemin, il n’allait certainement pas faire marche arrière. L’homme n’avait pas de monture, ce qui signifiait soit en louer une, soit partager Alezane. Le partage n’était pas forcément le point fort de la mage qui voyait dans cette pratique un moment trop proche, trop intime. L’homme refusait de se travestir, chose à moitié étonnante, l’inverse aurait été plus surprenant. Au fond, Aure n’avait pas fait cette proposition sérieusement, elle se doutait bien qu’il allait l’envoyer voir ailleurs très rapidement. La rousse avait simplement haussé les épaules, fait une petite moue perplexe tout en poursuivant son chemin vers la merveilleuse ville de pierres.

- « Tu as autant d’argent que ça ? » avait-elle demandé sans paraître pour autant agressive « On trouvera une autre solution, on a le temps d’y réfléchir de toute façon. Inutile de se mettre une quelconque pression. »

Terre à terre, lucide, Aure mettait de côté ses appréhensions pour se concentrer uniquement sur les faits, les agissements, l’organisation. Elle prévoyait déjà le trajet, visualisait de façon presque trop précise le parcours à emprunter, les chemins à passer et les lieux à visiter en priorité. Devant eux se dressait finalement l’écurie, Aurore avait lâchement abandonné le jeune homme pour qu’il puisse questionner les passants, les personnes présentes autour du lieu. Pendant ce temps, la rousse, quant à elle avait été récupérer sa fidèle monture. Alezane. La mage laissa glisser ses doigts le long de la colonne de la jument afin de lui signifier sa présence, mais surtout de la rassurer, flatta son encolure par la suite avant de la sortir du box et de payer l’homme qui tenait l’établissement.

- « Alors, vous repartez déjà ? » la jeune femme haussa doucement les épaules « N’oubliez pas que vous pouvez revenir quand vous voulez, notre ville est la plus accueillante de toutes. »
- « Certainement… » chuchota Aure sans grande conviction en lui remettant la somme « J’ignore pour combien de temps je reprends la route, je repasserai si je suis dans le coin, n’en doutez pas. En revanche, auriez-vous croisé un homme avec un tatouage sur le visage, quelque chose d’extrêmement voyant, visiblement un pirate, un homme peu fréquentable. »
- « Oh ne me dites pas que vous vous lancez dans la chasse au contrat vous aussi ?! »
- « C’est un peu plus complexe que ça… »
- « Mh, non… J’n’ai rien vu, quoique j’ai entendu qu’un homme avait mis un sacré bazar dans un établissement luxure pas loin du port. »

Aurore afficha un demi-sourire, tira sur le licol de sa fidèle monture, remercia l’homme puis disparut dans le couloir menant à la sortie. Une fois devant son binôme qu’elle aurait très certainement souhaité ne pas voir revenir vers elle, elle écouta sagement le peu d’information qu’il avait obtenue.

- « Rien de très croustillant en soit. Un homme aurait mis un sacré boxon dans un établissement luxure non loin du port, ça pourrait correspondre. Nous ferions mieux de nous mettre en route si nous souhaitons arriver à ce dit établissement avant la nuit, cela nous permettra d’avoir une pause entre ici et le port. Nous passerons la nuit là-bas. »

Lentement, la jeune femme se hissa sur sa monture, elle n’avait pas pour habitude de la monter avec une selle, ainsi ne fallait-il pas être surprise de voir l’animal l’aider d’un petit coup de tête. Une fois en hauteur, la rousse avisa le jeune homme avec dans un premier temps l’idée de le faire courir à côté. Elle se ravisa, se convainquant que si elle lui proposait de venir derrière elle, c’était uniquement pour ne pas qu’il leur fasse perdre du temps. Évidemment. La mage lui avait tendu la main, afin de l’aider à se hisser derrière elle. Il avait plutôt intérêt à se faire à la monture, la jeune femme n’avait pas dans l’idée de ralentir le rythme, quitte à avoir des bleus sur les fesses ou sur autres choses. Une fois l’homme derrière elle, la jeune femme claqua sa langue contre son palais afin de faire entendre un petit bruit significatif qui ordonnait à Alezane de se mettre en route, plutôt, rapidement. Petit trot, puis trot beaucoup plus prononcé pour terminer au galop, le non mage avait plutôt intérêt à bien s’accrocher s’il ne voulait pas tomber.

- « Tu penses pouvoir cacher tout signe d’appartenance à ton ordre de sécurité ? Je ne suis pas certaine que là où on va tu sois forcement bien vu. » la voix est plus ou moins saccadée par le rythme de l’animal « On va se faire passer pour des voyageurs, rien de plus. L’homme a déjà vu ton visage ? Tu as d’autres idées ? »

Une conversation banale, accès uniquement sur la mission commune, rien d’autre. Les cheveux de la jeune femme virevoltaient au grès du vent, ses jambes se resserraient entoure de sa monture pour conserver une stabilité, son fessier se relevait généralement au rythme de sa jument. La mage en revanche laissait autant d’ouverture que possible à son interlocuteur, il était également mettre de la situation, de la discussion, il pouvait évoquer son plan, sa façon de voir les choses, elle l’écoutait. Aussi sincèrement qu’elle pouvait être piquante quand elle était agacée. Le duo arriva finalement plutôt rapidement sur le lieu, du moins, l’établissement se dressait à présent non loin. Une fumée grisâtre s’échappant de la cheminée. Les établissements de luxures devaient certainement être partout les mêmes. Plus la distance se faisait courte, plus les éclats de rire, les cris/gémissements se faisaient entendre. Difficile de savoir si l’homme était encore là ou si il avait poursuivi sa route, mais surtout difficile de savoir ce qui s’était passé pour que le gérant de l’écurie évoque un sacré bazar mit par un seul homme. Alors qu’est-ce qu’il avait bien pu se passer, il n’allait certainement pas tarder à le savoir.

Le trajet fut aussi horrible que je l'imaginais, la jeune femme me prenant plus pour un sac que pour un passager vivant, considérant l'habituel dédain des Mytran pour nous ça ne me surprenait pas plus que ça, j'aurai simplement pensé qu'elle me verrait autrement après que l'on ait échangé un peu.
C'est vrai que n'importe quel pirate reconnaîtrait un emblème de l'armée, et déclencher une petite guerre ici n'était pas vraiment dans mes attributions, bien sur voir des Mytran s'entre-tuer ne m'aurait pas plus déranger que ça... Mais pour le moment, l'objectif n'était pas l’insurrection. Je finis donc par hausser les épaules.

-Malheureusement, je pense que je serais mal vu partout ici, mais soit je le ferai.

Tout en parlant, je détachais le petit badge qui était attaché à mon épaule, l'enfouissant dans une de mes poches. J'avais acheté une petite cape de voyage, que je mis par-dessus mon armure dans le but de cacher l'insigne gravé sur le plastron. Pas la peine de trop en dévoiler aux autres. Je faisais difficilement confiance à Constance, alors d'autres Mytrans ? Ça risquais d'être plutôt compliqué.
En tout cas nous avions un avantage certains car l'homme ne m'avait jamais vu. La seule chose qu'il pourrait reconnaître aurait été les insignes que je cachais. Il aurait été stupide de ne pas le faire, voir un soldat Daenastre faire autre chose que de préparer un éventuel conflit avec Mytra, ne signifiait qu'une chose, il était là pour résoudre un problème.
Je ne doutais pas que ce dernier tenterait de s'échapper s'il s’apercevait que quelqu'un comme moi était là pour lui.

-Non il ne m'a jamais vu, et je n'ai pas une très grosse réputation, il y à donc peu de chance qu'il me reconnaisse. Et avec un peu de chance il sera trop ivre pour voir quoi que ce soit. Ça m'arrangerait qu'on le récupère vivant d'ailleurs. Non pas que sa vie à une très grande valeur, mais... Le roi de Busad doit le juger.

La conversation tournait court et juché comme je l'étais sur la monture, j'avais du mal à vraiment réfléchir, a quoi que ce soit d'utile.J'avais un bref plan pour le récupérer mais rien de vraiment complet. Les gens de cette espèce étaient rarement raisonnable, et il fallait souvent se contenter de les assommer et les ligoter.
Mais avec les dons de Constance c'était peut être faisable. Je pris une grande inspiration entre deux cahots de la route avant de lui demander.

-Dit moi Constance... tu pense que tu pourrais le convaincre de se laisser embarquer grâce à ta magie ? Je ne sais pas trop ce qui est faisable pour toi mais... ça serait peut-être une situation plus stable si on pouvait éviter de déclencher une émeute même si....

En fait l'endroit ou nous commencions à arriver ressemblait déjà à une émeute ayant mal tourné. J'entendais des cris et des gémissements qui provenaient de tout les côtés, et assez rapidement la senteur de parfums exotiques vinrent m’agresser les sens. Que l'on soit en Daenastre ou en Mytra, les lieux de débauche étaient les mêmes.
J'apercevais du coin de l’œil des femmes de petites vertus offrir leurs charmes avec plus ou moins d'enthousiasme. Je vis des femmes beaucoup trop jeunes pour faire ce métier, certaines portaient encore les stigmates de clients violents.
Un frisson me parcourut l'échine alors que j'observais une certaine misère humaine s'affairer dans ces rues.

-Ce genre de quartier semble vraiment transcender les cultures décidément.

Je dit cela pour moi-même avec un dégoût apparent, je supportais mal ce genre de spectacle de misère, et même si j'avais vu mon lot de village brûlé et de gens massacré,j'avais toujours du mal à voir ces femmes parfois forcées à faire des choses qu'elles ne voulaient pas.
Il me fallut même me retenir de ne pas descendre quand j'en vis une effondrée au sol en sanglot. Ma main se leva lentement dans le dos d'Aurore, révélant mon gantelet d'acier qui luisît faiblement avant que je ne finisse par baisser le bras.
Au fur et à mesure de notre avancée, le quartier devenait de plus en plus effroyable, des ivrognes dormaient à même le sol et les murs étaient parfois tachés de tache brune que je reconnus comme du sang. Des cris provenaient des ruelles sombres et parfois des soupirs.

Mais la plus grande source de problème venait d'une grande maison devant laquelle une dizaine d'individus hurlaient sans discontinuer.
La maison était criblée d'impacts de balle, et pas un carreau n'était intact, signe que l'ambiance y avait été particulièrement agitée. En marge de cette manifestation, des hommes se battaient un peu partout.
Mon regard ne put s'empêcher de remarquer que c'était des marins Daenar et Mytran qui se battaient, c'était plutôt bon signe.
La raison de la dispute était plutôt facile à deviner, ça devait être l'éternelle rivalité entre les deux nations. Du coin de l'œil je remarquais un capitaine qui loin d'essayer de remettre de l'ordre semblait particulièrement s'en amuser. Mais à mieux regarder, ils n'étaient pas vraiment Daenastre.

-Des pirates... On est sur la bonne piste, et vu le sillage de bordel qu'on à croisé jusque là, il y a de bonne chance que notre homme soit dans le coin qu'en dis tu ?

Le soucis était que les pirates étaient extrêmement méfiants, et le moindre coup d'oeil sur ma tenue risquait d'attirer trop de regard, quand à ce qui se passerait s'ils trouvaient d'ou je venais... Mieux valait éviter cela voilà tout.
Je tapais discrètement sur l'épaule de la jeune femme.

-Tu penses que tu pourrais te renseigner discrètement ? J'ai bien peur d'attirer l'attention inutilement... Je t'attendrais dans ce bâtiment là-bas, les choses se compliquent fait attention.

Il n'était pas question de lui laisser faire tout le travail, mais j'avais besoin d'étudier les environs pour que l'on puisse partir d'ici le plus vite possible, l’atmosphère de cette saleté de ville commençait déjà à me peser lourdement

Les premières réponses obtenues étaient plutôt rassurantes, si l’homme ne connaissait ni la voix ni le visage de son binôme, il allait pouvoir travailler ensemble sans mettre en danger l’un ou l’autre. C’était un point important pour la jeune femme, un élément qu’elle ne manqua pas de souligner par un petit soupir, plutôt positif. Aure fut plus sensible à la suite de la conversation et particulièrement au fait que le mi-homme mi-femme souhaitait respecter les coutumes de la région. La rousse l’avait avisé du coin de l’œil, alors qu’elle indiquait à la monture qu’il fallait ralentir le rythme. Une fois la monture complètement à l’arrêt dans un endroit plutôt à l’abri, Aurore se laissa glisser sur le côté pour y descendre, laissant son interlocuteur faire de même. La mage l’avisa un long moment, réfléchissant à la solution qu’elle pouvait employer.

- «  Je n’ai pas réellement de soucis avec tes exigences, au contraire. Je trouve ça particulièrement bien, le fait que tu respectes nos traditions, y compris à ce niveau. Je peux essayer que ce soit avec ma magie, ou avec d’autres atouts. Je suppose qu’en m’infiltrant dans son esprit pas mal de choses sont envisageables.» Aurore sembla un peu plus amusée par le dégoût du lieu qu’il semblait ressentir « Prépare-toi psychologiquement, c’est dans ce quartier que nous allons passer la nuit. Ce n’était pas toi qui souhaitais avoir un véritable lit ? » elle esquisse un demi-sourire « Il y a que taverne ici, et vu le massacre, notre homme à forcement du choisir l’une d’entre elles pour se reposer ou se remettre. « Bien je vais me renseigner. »

La rouquine avait opiné en sa direction quand il évoqua son lieu de rendez-vous. Elle n’était pas forcément très emballée à l’idée de faire une enquête toute seule, surtout quand il s’agissait de soutirer des informations à des hommes peu fréquentables. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la jeune femme sembla hésiter quelques instants.

- « Attends… » dit-elle avant qu’il ne s’éloigne avec sa monture «  Qu’est-ce que tu en penses ? »

Sous ses yeux, l’apparence de la mage changea tout en douceur. La longue chevelure rouquine disparue pour laisser place à une tignasse bien lisse et blonde, ses yeux verts changèrent ou du moins prirent l’apparence d’être d’un bleu océan, sa poitrine était mise en évidence –sans qu’il puisse être dit si c’était la sienne ou un jeu d’illusion-  plutôt forte et sa tenue vestimentaire était soudainement plus courte, plus pirate.  

- «  Alors ? C’est plus passe-partout pour interroger des pirates ? »

Au fond, la novice n’était pas très douée, ce n’était vraiment pas quelque chose qu’elle avait fait ou qu’elle aimait faire, enquête, se mettre en danger. Un petit frisson d’excitation n’avait pas tardé à traverser son être. Quand il fallait y aller, il fallait y aller. Elle abandonna le non-mage, pour se diriger vers les matelots visiblement en plein conflit. Si elle n’était pas en mesure de maintenir l’illusion pour un groupe trop important, deux personnes étaient tout à fait à sa portée. Elle s’immisça entre les deux individus, un mage et un non-mage.  Elle leva les mains, cherchant à stopper le haussement de voix :

- «  Heulà, heulà messieurs bonjour.  J’voudrais point vous déranger moi, mais j’suis à la recherche d’un homme. »

Évidemment en débutant ainsi, la réponse avait été quasiment immédiate. Qui résisterait à une aussi charmante jeune femme, qui en plus est à la recherche d’un homme. Les deux coqs n’avaient pas tardés à bomber le torse, le regard fixé sur le joli sourire de la fausse pirate.

- « M’enfin, je suis ton homme poulette, quand tu veux »
- « Moi aussi »
- « Mh… En vérité, je cherche un homme en particulier… Vous avez du le croiser, il à une marque sur la joue particulièrement visiblement, d’ailleurs je pense même que c’est lui qui est l’auteur de tout ce bazar ici…. Je suis un peu embêtée, j’aurai bien passé un p’tit moment avec vous aussi, mais j’ai déjà été payé pour être le cadeau du pirate à la rose… »

Les deux hommes se mirent à rire à gorge déployée, tapant sur leur cuisse pour signifier l’hilarité du moment.

- «  Bah ma jolie, tu ne dois pas réfléchir beaucoup… Il n’est pas loin ton homme, il est dans l’auberge qui porte le même nom que ce qu’il a sur la joue.. Tu aurais pu y penser toute seule quand même… Bon, file donc avant qu’on décide de te garder… L’unique chose qui fait qu’on renonce, c’est que bon.. Franchement, si tu sors vivante de ton moment avec l’autre malade… Pfiouu »

Aure avait simplement haussé les épaules. Se maudissant un peu de ne pas y avoir pensé toute seule. Elle abandonna les deux matelots qui après avoir imaginé bon nombre de positions en contemplant le déhanché de la charmante mytr’änne avait repris leur dispute. Aure avait rejoint sans l’ombre d’une difficulté le non-mage, se glissant dans le bâtiment pour venir se poster juste devant lui.

- «  Bon j’ai tes informations. Y a plus qu’à réserver une chambre dans l’auberge de la rose, ton type, il est là-bas. Visiblement il est violent, peu enclin à sympathiser avec qui que ce soit. On a cas se faire passer pour un couple, on prend une chambre, on veut passer du bon temps, à trois. J’irais lui proposer, pendant que tu attends dans la chambre, une fois en haut… On aura cas, je ne sais pas moi, l’assommer et hop le tour est joué. Simple et efficace, qu’est-ce que tu en penses ? »

L’auberge en question n’était vraiment pas très loin, le duo pouvait y être rapidement. L’ambiance était comme tous les lieux peu fréquentables, étranges, pesant, puant. Rien n’inspirait la confiance et pourtant la jeune mage avait toute confiance en ces informations et en la possibilité de voir la mission bien se finir. Après tout, il était dans un lieu de passage, une ville peu connue, hormis pour être celle où tout est possible et réalisable. Aure n’avait d’ailleurs pas franchement tardé à ouvrir la marche, incitant sa monture à la suivre, son partenaire aurait largement le temps durant le trajet de lui souligner si oui ou non il était d’accord pour réaliser ce plan-là, ou d’en proposer un autre.

P'tit note : :

Les traditions... Oui étrangement j'avais commencé à m'intéresser à ces dernière, car si en Daenastre cette dernière était quelque chose de secondaire par rapport à la loi, ici elle faisait office de loi. Je pris donc le partis d'en rajouter un petit peu notant cependant qu'elle notait mes efforts

-Mes ordres sont de faire en sorte qu'il soit jugé selon vos traditions, mais si je peux y aller de mon avis personnel, je pense tout simplement que ce qu'il à fait ici doit être traité par les gens d'ici. On considère souvent la justice comme un moyen de prouver aux gens que l'équité existe. et je ne vois pas en quoi l’exécuter en Daenastre conforterais les gens d'ici.

Toujours étonné par cette magie, je la vis se changer en quelques secondes en quelqu'un d'autre. Je pris le partis de ne pas paraître mal a l'aise. Et surtout de ne pas vérifier si cette apparence était réelle ou pas. J'avais envie de passer ma main dans ses cheveux pour vérifier mais ça aurait peut être été mal pris. Je me contentais donc de simplement dire ce que j'en pensais.

-Hmm... oui c'est pas trop mal !

Elle avait peut être un air de ressemblance avec quelqu'un que je connaissais mais ça ne me sautais pas vraiment aux yeux. Je pris un moment pour l'observer des pieds à la tête avant de finir par hocher doucement la tête, ça ferait l'affaire.

-C'est très exactement ce que j'imaginerais d'une femme qui fréquente des pirates, et tu plairai plutôt bien à ce type.

Je la regardais partir, me sentant un peu coupable de la laisser seul ici... D'autant que je n'enviais pas sa tache, je fit quelques pas derrière elle, lui tapant une épaules doucement avant d'ajouter.

-Et... fait attention tout de même hein...

Je ne tenais pas à perdre ma collègue aux mains de cette racaille, et il fallait juste espérer qu'elle s'en sorte bien. C'était un milieu que je ne fréquentais pas, et c'est donc naturellement que je me mis à m’inquiéter en la voyant partir.
Pendant qu'elle partait se renseigner je fis les cents pas, surveillant nerveusement les environs avec un regard nerveux, j'analysais les angles de tirs possible imaginant déjà le scénario catastrophe, le temps de finir la planification je vis revenir Constance écoutant ce qu'elle avait récolté comme information avec un hochement de tête satisfait.
Je finis par la prendre par les épaules, l’entraînant vers la fameuse auberge de la rose.

-Désolé... mais tu as proposé qu'on soit un semblant de couple, il va falloir se comporter comme tel jusqu'à notre chambre.

Je devais être aussi gêné qu'elle de faire ça, mais je tachais également de paraître détendu, le moindre faux pas aurait peut être trop attiré l'attention, l'auberge était...miteuse, et une forte odeur de bière provenait du hall central. Des cris et des bruits de lutte se faisaient entendre alors que des pirates devaient se disputer sur le dernier butin en date.
Je frappais le comptoir vide d'un coup sec, faisant résonner le gantelet de métal contre le bois.

-O... oui ?

Une petite tête effrayée sortis de sous le meuble, me regardant avec des yeux terrifiés.
Je posais doucement quelques Irys sur le comptoir, rabattant la capuche qui me couvrait le visage avant d'ajouter.

-Bonsoir mademoiselle, j'aimerai une chambre pour cette nuit, de préférence la moins endommagée possible, hum... chérie que dirait tu d'aller t'amuser dans le bar, je vais m'assurer que nous aurons de quoi passer une bonne nuit

La tenancière, une jeune femme un peu trop maigre pour son bien quitta son abris temporaire, me guidant à l'étage vers une chambre plutôt spacieuse, elle devait avoir été refaite il n'y avait pas si longtemps que ça. L'originalité provenait du fait que l'ensemble avait été construit en Mezzanine, plaçant le lit et les armoires en hauteur alors que les pièces plus communes étaient situées au niveau de l'entrée.
Je repérais rapidement une petite pièce isolée qui serait parfaite pour entreposer notre homme, quant au reste c'était simplement une jolie chambre d'auberge.
Je remis la somme demandée par la propriétaire en lui adressant un dernier sourire, me demandant brièvement comment quelqu'un d'aussi jeune pouvait tenir une auberge ici, je songeais presque à lui demander avant de me raviser, je n'avais pas forcément envie de savoir tout les malheurs qui se tramaient ici.
Je posais donc mes affaires près du lit, me débarrassant de l'imposante cape qui me drapait les épaules. L'armure était encore plus chaude avec ça, ce qui en soit était déjà suffisant. Je fis un petit tour de ce qui allait être notre repère, nettoyant ce qui allait nous servir à entreposer notre prisonnier de tout objet potentiellement utile.
Je plaçais ensuite une chaise assez solide pour supporter les assauts les plus rudes avant d'aller m'apprêter. Resserrant ma cuirasse et enfilant mon casque.
Le heaume était le rappel terrifiant de l'armée Daenastre et je ne doutais pas qu'il reconnaîtrait le faciès d'acier d'un soldat de l'armée Daenastre.
Je tirais une fiole de mon sac, contenant de quoi faire dormir notre pirate pendant quelques jours, un petit cadeau du département pour faciliter la capture des contrevenant.
Le plus dur serait de le lui faire avaler.

Une fois tout préparé, je fis le tour de la pièce, tournant dans la pièce quelque peu inquiet pour la jeune femme, encore une fois ce n'était pas vraiment mon style de la laisser faire tout le sale travail, mais connaissant mon caractère, la moindre remarque déplacée d'un pirate aurait finit en une exécution sommaire.
Et je détestais attendre... Mais je finis par me trouver un endroit ou attendre tranquillement, hors de vue d'un éventuel visiteur.
Si constance arrivait à le ramener, je n'aurai qu'à me jeter sur lui, laissant de côté les effets comme le long discours ou la révélation soudaine de mon identité, non ça serait propre et sans merci.

Une main sur une épaule, l’autre qui pousse légèrement dans le dos et le duo était de nouveau en route pour la suite des merveilleuses aventures. La chasse au pirate était de nouveau ouverte, pour le plus grand plaisir d’Aurore, ou pas. La rousse n’était pas une très grande fan de la proximité, que ce soit physique, ou toutes sortes d’attachement qui pourraient lier deux êtres. Grimaçant légèrement, elle s’était mordue la lèvre par réflexe, avec plus ou moins de force. Un frisson d’inconfort avait parcouru sa nuque, alors qu’elle s’extirper de l’emprise du non-mage. Sa justification bien qu’intelligente ne lui permit à aucun moment de se rassurer ou d’accepter le contact, Aure n’était vraiment pas faite pour ça, que ce soit pour jouer sur les apparences ou non.

- «  Je suppose que tous les couples ne sont pas collés l’un à l’autre. » Murmura-t-elle simplement.

La rouquine n’avait pas dû pour autant paraître désagréable, elle ne s’était pas éloignée démesurément de son compagnon de fortune, au contraire. Sa main effleurait la sienne de temps à autre, de manière plutôt involontaire, provoquant à chaque fois une gêne potentiellement visible pour qui savait observer. Le couple improvisé n’avait pas tardé à passer la porte de l’établissement, l’odeur de l’alcool venait déjà titiller son odorat provoquant un petit éternuement discret. Passant son bras sous celui de son partenaire, Aure simula un gloussement de rire digne des femmes les plus heureuses et épanouie. –Aure était une femme très observatrice et avait eu le temps dans son passé, d’observer les différents couples qui lui donnaient généralement la nausée-. Une fois au comptoir, le non-mage avait tapé sur le bois, faisant sortir une petite tête de derrière les restants de bouteilles, elle n’avait pas l’air très responsable ou tout du moins imposante. Comment imaginer que ce genre de femme pouvait travailler ici ? Quoi qu’il en soit Aure ne sembla pas s’attarder sur la question. Elle avait légèrement pivoté, abandonnant le bras de son faux amant, avisant un peu le lieu. Déjà des couples se dévoraient la bouche, d’autres semblaient en partie de cartes, des femmes en tenues légèrement parcourraient le lieu de table en table à la recherche de clients. Pirates, homme de petites vertus, personne ne suspectes ou non, l’établissement ne semblait pas regorger de grand nombre de personnes fréquentable. Difficile de maintenir une illusion sur autant de personnes, elle allait donc devoir se concentrer uniquement sur sa victime et un verre ne serait certainement pas de refus pour l’aider à se détendre… Une bouteille même.

Abandonnant l’homme qui montait à l’étage afin de trouver ladite chambre, Aure tentait quant à elle de s’encourager. Devenir une allumeuse, provocatrice, ouverte à toute proposition, voilà bien un art qu’elle ne maîtrisait à aucun niveau. Tapotant doucement de ses ongles sur le bois du comptoir, elle commanda un alcool fort, de préférence très très fort même. Sur une personne l’illusion était maintenue, deux aussi, plus cela devenait très fortement compliqué. Autant la serveuse devoir voir une jolie blonde à la poitrine généreuse en tenue aguicheuse, autant les autres devaient voir la rouquine dans son pantalon en cuir. Prenant une grande inspiration, elle avala d’une traite la substance du verre, une petite chaleur lui anima le bas ventre et les joues signe qu’il était suffisamment bon pour lui éviter d’en boire un deuxième. Ses deux perles émeraude partirent immédiatement à la recherche de l’homme qu’elle n’avait pas tardé à identifier un peu plus loin. Une femme sur les genoux, une main sur les hanches d’une autre, Aure allait devoir redoubler d’efforts pour attirer l’attention du pirate. Commandant deux nouveaux verres de ce même alcool, Aure abandonna sa position pour vadrouiller dans le lieu, faisant mine de chercher quelque chose ou quelqu’un. Évidemment, Aurore traînait volontairement autour du pirate buvant quelques petites gorgées de son verre de l’air, cherchant à attirer son attention d’une manière ou d’une autre. Finalement, elle passa derrière lui, passant ses bras autour de ses épaules pour lui tendre le deuxième verre, puis elle murmura à son oreille :

- «  Dis donc, est-ce qu’abandonner ses deux charmantes femmes pour passer à l’action supérieure plus adultes, voir à plusieurs…. Vous intéresse ? Mon mari est en haut… Je voudrais le surprenante… Deux femmes c’est tellement commun, alors que deux hommes… »

Un rire gras s’échappa des lèvres du pirate qui dégagea doucement les deux autres bonnes femmes, tirant Aure jusqu’à lui, la plaçant sur ses genoux. Chose qui n’emballa absolument la rouquine qui tentait tant bien que mal de conserver les apparences. Se forçant à rire, à paraître détendu, un peu provocatrice, elle écoutait les doux murmures de l’homme :

- « Alors toi ma jolie, ahah, tu es plutôt surprenante. Petite gourmande, alors où qu’il se trouve ton homme, pour sûr que tu vas le surprendre ! »

Il boit une gorgée de son verre, elle l’imite afin de ne pas éveiller les soupçons. L’homme raconte ses exploits, tente de vendre du rêve à la demoiselle qu’il perçoit blonde grâce au contact. Elle est tout ce qui lui plaît, Aure a vérifié mentalement, c’est qu’elle s’améliore la petite. Après plusieurs verres, il finit par sembler en accord avec l’idée de monter, lui donne une petite tape sur les fesses alors qu’elle se relève, grommelant un « tu vas prendre cher et je suis certain que tu aimeras ça ». Si intérieurement le regard de la rouquine a dû se faire plus froid, si elle a dû avoir envie de vomir tant le moment étant gênant et ceux malgré l’alcool qui finalement n’était pas suffisant. Quoi qu’il en soit, elle avait réussi, il la suivait dans les escaliers, montant les marches. Prise de conscience, elle s’appliqua à rire fortement, espérant que le non-mage reconnaît sa performance de l’entrée et comprenne qu’ils arrivaient. Une fois devant la porte, elle fit mine de chercher ses clés, avant de nouveaux rires un peu bêtement :

- « Houla avec l’alcool, j’ai oublié qu’il était déjà là… Pas besoin des clés »

Elle tape un peu sur le bois,  avant d’ouvrir la porte et d’inviter à entrer le pirate en premier afin de refermer juste derrière eux et de verrouiller la porte.

- «  Chéri, c’est moi. J’ai trouvé ta petite surprise… »

De nouveau Aurore eut cette envie de vomir, s’il y avait bien une chose qu’elle n’aimait pas et ne souhaiterait certainement jamais refaire c’était bien ça. Elle prit une petite respiration, chercha son binôme du regard avec l’espoir qu’il est trouvé une solution pour gérer la future victime.

J'attendais, j'attendais, ne trouvant rien de mieux à faire que jouet avec mes gantelets, détaillant leurs finitions comme je l'avais fait tant de fois auparavant. J'en étais même réduis à écouter aux murs, entendant distinctement un pirate tringler une prostituée... ou une chèvre... ou peut être l'inverse.... Quoi qu'il en soit ce n'était pas très musical à entendre et j'avais entendu des crash d'aeronef plus gracieux que ça. On avait presque l'impression que le lit était en train d'hurler à la mort, plus que le truc qui se faisait prendre. Ah ça me rendait nostalgique de la guerre tout ça, les gens qui hurlent, cherchant leurs membres arrachés. En fait ça y ressemblait vraiment... c'était peut être ça ou alors les mœurs sexuelles d'ici étaient vraiment étrange.

Oh ma petite surprise hein, elle avait donc en plus le sens de l'humour. Je me surpris à sourire en la voyant rentrer légèrement déséquilibrée par l'alcool, suivie de près par la fameuse cible. Un grand pirate, vraiment le genre que l'on à pas envie de croiser n'importe ou.
Il rentra d'un air décidé, un peu trop sur de lui. Et à peine la porte fut elle verrouillé que je lançais joyeusement :

-Oh quelle belle surprise mon amour !

Avant le lui envoyer un vicieux poing directement dans la mâchoire. les gantelets d'acier s'écrasèrent contre cette dernière sonnant l'homme suffisamment longtemps pour que je lui expédie un crochet vicieux qui l'envoya au tapis dans un profond comma.
Je me mis à rire, traînant l'homme inanimé comme on aurai traîné une carcasse par-terre l'asseyant sur une chaise avant de sortir une corde de mon sac.
J'avais toujours été doué pour torturer des gens, et attacher quelqu'un correctement était une bas indispensable. Je me mis donc à attacher ses jambes et ses poignets doublant ou triplant les nœuds pour éviter le moindre écart.
Puis je me saisis de la petite fiole, lui ouvrant la bouche avant de la verser intégralement dans son gosier, nul doute qu'il dormirait jusqu'au retour, il serait donc bien reposé quand nous arriverions devant le roi de Busad, plus fort encore il serait surement moins loquace et éviterait de cracher le moindre secret compromettant.
Le travail terminé je traînais la chaise dans la pièce sécurisée l'enfermant à double tour avant d'enfin retirer mon casque.

-Bon une chose de faite ! Plus de pirate ! Plus d'ennuis ! Je vais enfin pouvoir retourner chez moi !

Je mis un moment à réaliser que j'allais enfin pouvoir rentrer, il suffirait juste de le ramener au roi, empocher la récompense et prendre un aeronef en partance pour Vereist. j'imaginais déjà rentrer chez, moi chasser Eugénie de ma chambre et dormir suffisamment pour une année complète.
C'était bien sur sans compter beaucoup d’événement qui devaient arriver entre maintenant et la jour ou je poserais un pied chez moi.
Le pirate maitrisé, il ne restait plus qu'à fêter ça, même si Aurore ne m'avait plus l'air très en état de faire quoi que ce soit.

-Dit moi Constance... tu vas bien ?

Je ne la connaissais pas trop mais j'avais logiquement déduis que ça façon de marcher avait été exagérée ainsi je sortis deux chaises, remplissant deux verres d'alcool que je posais sur la table pour fêter ça, vidant le miens d'un seul trait en rigolant.

-Ah tu vas être contente il ne nous restera qu'à rentrer à Busad, livrer ce tocard au roi et tu sera débarrassé de moi, probablement à vie si une nouvelle guerre n'éclate pas enfin, santé !

Je remplis un nouveau verre, aussi bien à la jeune femme qu'à moi, trop heureux d'imaginer cette galère enfin terminée.
Je ne savais pas vraiment ce qu'étais censé être cet alcool mais il semblait particulièrement fort, et je le sentais me brûler la gorge en descendant, moi qui tenait plutôt bien je sentais que ma résistance allait vite s'évanouir devant ce "truc"
C'est donc assez rapidement que je sentis mon attention graduellement diminuer, et une chaleur suffocante me gagner, me forçant à retirer toute mon armure pour éviter de mourir de chaud. Il me fallut de bonne minutes pour défaire chaque attache avec mes doigts engourdis par l'alcool mais après une lutte épique avec moi même je réussis à déposer l'ensemble de la cuirasse tant bien que mal.

/!\ Gage /!\ :

La porte se ferma sous les doigts d’une Aure un peu déconfite, si elle avait pris un peu d’avance niveau alcool, elle n’en était pas moins gênée de la situation. Jouer la femme de joie, la séductrice, utiliser la carte du rapprochement, autant d’éléments qu’elle était jusqu’alors incapable de faire. Elle avait dégluti, s’appuyant un instant sur le bois de la fermeture, lâchant un bref soupir, perdu au milieu d’un océan de pensée bien trop sombre. C’est un léger sursaut qui l’anima, provoqué par le pirate déjà à terre, son partenaire semblait déterminer à résoudre cette histoire rapidement. De son côté la mage resta sans réaction toujours autant perdue dans ses pensées, elle l’avisa l’attacher, lui faire avaler une substance inconnue. Laissant l’homme, ou du moins ce qui semblait être un homme gérer la situation. La rouquine s’installa à la table, relevant les yeux vers son interlocuteur uniquement en s’apercevant qui l’avait rejoint. Un demi-sourire s’afficha sur ses lèvres quand il annonça qu’il allait pouvoir partir du continent. Bon débarras.  Elle avait juste opiné, ne voyant pas la nécessité d’en rajouter une couche. Aure fut néanmoins beaucoup plus surprise vis-à-vis de sa question sur son état, elle releva une nouvelle fois la tête vers lui, tout en réceptionnant son verre. Le verre de trop, les verres de trop.

- «  Je vais bien. »

Elle avait descendu le verre d’une traite, signe qu’honnêtement elle n’allait pas très bien non. C’est fou l’effet que l’alcool pouvait avoir sur les gens. Certains devenaient agressifs, d’autre roublard, Aure, elle devenait soudainement bien trop réfléchie, bien trop nostalgique, bien trop incertaine. Elle attendit que son verre soit de nouveau rempli pour le descendre une nouvelle fois rapidement. Évidemment la tête, lui tourna presque immédiatement, le manque d’habitude risquait de lui être très vite fatal. Elle se pencha alors vers lui, plongeant son regard dans le sien. Étrange situation que de faire face à un visage, que de regarder un être dans les yeux sans détourner le regard. Comment un non-mage pouvait être capable d’aimer, de faire preuve de proximité avec une autre personne ? Comment un pirate pouvait également y parvenir et pas elle ?

- «  C’est Aurore mon vrai prénom, mais tout le monde m’appelle Aure. » Elle avait de nouveau souri un peu bêtement «  Je peux ? » demanda-t-elle en tendant la main vers son visage.

Lentement, elle était venue effleurer sa joue, tout en délicatesse, comme pour se prouver à elle-même qu’elle en était capable. Ce soir, elle n’avait plus envie d’être Aurore, elle n’avait plus envie de réfléchir, de gravir des montagnes, des barrières et des murs qu’elle avait tout autour d’elle. Elle n’avait pas dû chercher, ni même fouiller l’esprit de son interlocuteur, d’abord parce qu’elle en était incapable et tout simplement parce que l’homme semblait toujours avoir une petite pensée pour sa compagne. Ainsi et sans demander l’autorisation, Aure prit son apparence. L’alcool n’aidant véritablement pas à la raisonner, bien au contraire. Retirant ses doigts de la peau de son binôme, la jeune femme désormais blonde, afficha un large sourire.

- « On t’a déjà dit que tu avais de beaux yeux et cheveux ? » elle détache un instant son regard, visiblement l’alcool n’est vraiment pas pour elle.

Ses yeux sont brillants, pas de désirs, ni même de plaisir, simplement qu’elle est complètement ivre. Que c’est la première fois, que ses idées s’entrechoquent et qu’elle est bien décidée à arrêter de réfléchir. S’il lui plait physiquement ? Absolument pas, à la limite elle essaie d’imaginer quelqu’un d’autre, essayant tant bien que mal de se prouver qu’elle aussi est capable de faire preuve de proximité et de délicatesse. Si un pirate, un non-mage peut y arriver, pourquoi pas elle ? Elle se relève doucement et s’approche de lui, en oubliant complètement le fait qu’elle n’a pas l’apparence qu’elle devrait avoir. Affichant un nouveau sourire, elle finit par demander :

- «  Tu veux jouer à un jeu pour passer le temps ? » elle hausse doucement les épaules et récupère des petites perles de son sac «  Toi tu tires et moi je pointe ? »

Tout en jouant des perles en question entre ses doigts, elle ne lâchait plus du regard l’homme/femme. Elle ne devait certainement pas avoir suffisamment bu parce que la voix de la raison essayait encore tant bien que mal à la ramener à la réalité. Avec un non-mage, avec ce mélange des deux sexes, non, vraiment, la nausée n’allait pas tarder à arriver. À moins que ce soit l’abus d’alcool dangereux pour la santé.  Quoi qu’il en soit cela ne l’empêche pas de resservir à chacun un nouveau verre, histoire de faire passer le tout. Évidemment, elle a tout avalé d’une traite, avant de tenter la provocation ultime :

- « Je voudrais vraiment voir la tête que tu ferais en me découvrant nu. »

C’était sorti comme ça, spontanément. Finalement Alcool ou non, elle restait particulièrement maladroite et sans l’ombre d’un désir ou de réelles envies, elle prenait plus ça pour un jeu, qu’autre chose. Finalement, Aure décida de prendre son courage à deux mains, s'approchant lentement de Hex, prit une grande inspiration avant de déposer ses lèvres contre les siennes.

C'était beaucoup trop d'alcool pour moi, surtout que ce dernier était particulièrement fort. Pire que ça mon état était à peine pire que celui de Constance, enfin... Non pas Constance visiblement, Aurore plutôt. Ça n'était en fait pas si étonnant la confiance n'avait pas été le fort de notre relation.
Je finis par hausser les épaules, exploit compte tenu de mon degré d'alcool avant de parvenir à articuler.

-Mmhhh... Je m'appelle Hex moi... Enchanté... Aurore.

Pour la suite, je n'étais de toute façon pas en état de l'empêcher de faire quoi que ce soit. Je fermais les yeux un court instant, le temps de voir l'apparition d'Allys en face de moi. Mes yeux s'écarquillèrent, regardant la jeune femme des pieds à la tête avant de manquer de m'étouffer.
Mon coeur fit un bon soudain auquel je n'étais pas préparé
Ma main se posa sur sa joue avec beaucoup plus de douceur que tous ce que la jeune femme avait pu voir.

-Allys ? Mais... je te croyais ailleurs... Qu'est-ce que tu fais là mon amour ?

Envolée Aurore, envolé le pirate qui dormait dans le placard, tout comme cette ville pourrie et cette mission de raté, il y avait la femme de ma vie juste devant moi et rien ne semblait plus compter. J'avais beau me dire que ce n'était pas possible... C'était bien elle à tout point de vue. Son compliment aussi niai soit-il me tira un sourire, qui m'arracha même un soupir de contentement.

-Bien sûr, mais seulement toi, et je ne veux l'entendre dans la bouche de personne d'autre.

Et voilà que je partais comme si la véritable Allys se tenait devant moi, et mon cerveau avait arrêté de réfléchir, se contentant de suivre un cœur qui appartenait à l’apparence qu'Aurore avait prise. Aurore ? Elle était déjà loin dans ma tête, et je dus me faire violence pour ne pas l’embrasser immédiatement. Peut-être qu'il était trop tôt pour ça.
En plus de ça elle semblait vouloir jouer, aussi étrange que cela paraissait, je me contentais de hocher la tête, la prenant doucement par la taille pour regarder son jeu qui n'avait pas l'air si amusant que ça, mais auquel je jouerais volontiers avec elle.
Mais avant cela, elle nous resservis deux grands verres qu'elle but assez rapidement. Je me contentais d'observer le verre avant de la vider à mon tour, bien peu conscient de ce qui allait suivre

Elle finit par dire une phrase qui manqua presque de me faire rire, si ça n'avait pas été Allys et que je n'avais pas eu trop d'alcool dans le sang. Mais au lieu de ça, je la pris doucement par la main, caressant sa chevelure avant de reprendre.

-Je ne dirais pas non à te revoir ma chérie...

Et avant tout enchaînement, la jeune femme s'approcha de moi m'embrassant doucement. Je commençais par me débattre doucement avant de retrouver un certain plaisir, commençant moi-même à l'embrasser doucement avant de l'enlacer tendrement.
C'était étrange de retrouver Allys, moi qui étais persuadé de ne pas la revoir de si tôt.
Ces embrassades aussi passionnées qu'alcoolisés, du moins pour ma part finirent dans le lit. Quant à la suite...


Je me réveillais le lendemain matin, avec un sévère mal de tête, ouvrant un œil fatigué pour observer le plafond de la pièce, incapable de me souvenir de quoi que ce soit de la veille.
Je tournais la tête découvrant des cheveux roux près de moi, cheveux roux qui finirent par révéler Aurore endormie à côté de moi.
Ma main vint se ficher devant ma bouche pour étouffer un hurlement
Mais merde qu'est ce qu'elle foutait là ? Et pourquoi j'étais... à moitié nu ??? Et elle aussi ?

-Mais qu'est-ce qu'on à foutu...

Murmurai-je doucement avant de me prendre la tête dans mes mains. Incapable de me rappeler ne serait-ce qu'un seul petit mot de la veille. Comment expliquer que nos vêtements étaient aussi loin du lit... Qu'elle était aussi peu habillée que moi... Et que je sentais encore son parfum sur moi ?
Tout cela allait vite se révéler très compliqué

Aurore n’allait pas tarder à apprendre que l’alcool n’était pas un remède a tout, encore moins quand il s’agissait d’oublier une mauvaise journée en compagnie d’un presque parfait inconnu. Si le petit jeu avait de quoi de prêter à sourire au début, la situation s’était très rapidement révélée complexe.  Sans réellement comprendre les enchaînements, la jeune femme s’était retrouvée lèvre contre lèvre avec le non-mage, avant de s’embarquer dans une danse bien étrange au niveau du lit. Étrange, étrange, pas tant que ça, plus que contre attente, aucun événement notable ne fut à signaler. Hormis une sensation de chaleur atroce qui avait fait disparaître les vêtements, ce sont bien des ronflements qui avaient fini par se faire entendre dans la pièce, chacun dormant de son côté du lit, sagement. Cependant, encore fallait-il pouvoir s’en souvenir pour ne pas culpabiliser de quoi que ce soit…

Le réveil fut difficile, la bouche pâteuse, les membres douloureux, la tête qui lance dans un raffut pas réellement identifiable. Aurore n’avait pas vraiment envie d’émerger de son sommeil visiblement profond. Elle attrape le drap, s’enroule doucement dedans jusqu’à sentir une présence chaude non loin d’elle. Ronchonnant les yeux toujours fermés, la rouquine fronce doucement les sourcils, s’étire tel un chat mal réveillé, avant d’enfin daigner ouvrir les yeux. Passant ses mains sur ses yeux, frottant tout aussi légèrement pour ne pas brusquer son réveil et les ‘boums boums’ de sa tête. Étirant doucement par la suite ses bras, sa première vision fut le mur en face d’elle, qui ne ressemblait en rien à sa chambre, ou encore la chambre de l’auberge qu’elle avait louée quelque jour plus tôt. Fronçant davantage les sourcils, elle passa ses doigts dans sa chevelure, cherchant à la démêler avant de tourner la tête. Ses yeux s’écarquillèrent immédiatement alors qu’un petit cri s’échappa de ses lèvres. Par réflexe, elle avait glissé en arrière, tombant fesse sur le sol, réalisant qu’elle était en tenue très légèrement, tirant sur le drap pour se couvrir, elle ne tarda pas à se faire entendre :

- «  Qu’est-ce que… qu’est-ce que tu fais dans mon lit ? Est-ce que… ? » elle soupira bruyamment «  Oh par les architectes… Non de non, par tous les architectes qu’est-ce que… » ronchonnant pour elle-même la jeune femme secoua doucement sa crinière « Ferme les yeux.. TOUT DE SUITE ! Je. »

Lâchant un nouveau soupir, Aurore vérifia que son partenaire de mission avait bien effectué l’action avant de se relever, le drap parfaitement autour d’elle, quitte à laisser Hex sans rien. Elle récupéra ses affaires sur le sol, s’installa dans un petit coin pour se réhabiller correctement, relevant sa longue chevelure rousse en une queue de cheval haute. La migraine semblait bien présente et pas franchement encline à l’abandonner, impossible de se souvenir de quoi que ce soit, ce qui semblait agacer très fortement la mage. Revenant au centre la pièce, sa première inquiétude, ou plutôt sa deuxième fut de vérifier que le pirate semblait toujours inconscient. Chose faite, elle reporta son attention sur le non-mage visiblement gêné par la situation. Elle ne savait globalement pas vraiment quoi lui dire et préférait simplement oublier ce triste événement. Tirant la chaise, elle passa ses mains sur son visage, agacé, perdu… Comment est-ce qu’elle avait pu ? Avec un non-mage ? Impossible…

- « Écoute…je… » grommela-t-elle « N’en parlons pas d’accord… Il ne s’est rien passé d’accord ? Absolument rien. » Souffla-t-elle pas certaine de pouvoir oublier

Oh évidemment qu’Aure avait une multitude de questions à poser, la première étant de savoir si lui il avait des souvenirs. La seconde n’eut pas besoin d’obtenir de réponse au vu des cadavres de bouteilles présentes sur la table. Ils avaient très certainement souhaité fêter la réussite de la mission. Balayant l’air de sa main, elle ajouta rapidement :

- «  Tu Mh… Devrais enfiler quelque chose… On devrait partir avant que notre homme se réveille, il faudra aller ensuite à Busad rapidement, demander à parler au Gharyn qui doit se trouver tout en haut de la tour. »

Parler, se concentrer sur autre chose, juste pour oublier, ne pas se concentrer sur l’instant gênant, se projeter sur autre chose. La jeune femme avait fini par se relever prenant la direction de la porte, rassemblant au passage ses affaires, ses armes, son arc, son sac. Elle ronchonna une nouvelle fois, cherchant une excuse pour fuir cette chambre qui ne lui rappelait définitivement rien.

- « Je vais… Prendre un thé… Tu n’auras cas descendre avec le pirate.. Je vais payer la chambre en même temps… »

À peine avait-elle terminé sa phrase que la porte se referma déjà. Un frisson désagréable avait parcouru sa colonne vertébrale alors qu’elle n’avait de cesse de se poser la même question, qu’est-ce qui avait bien pu se passer ? Installée sur le comptoir, elle récupéra une tasse d’eau chaude avec quelque plante, portant le tout à ses lèvres, attendant sagement que le non-mage et son pirate débarquent pour qu’il puisse enfin terminer cette mission et oublier toute cette histoire.

Je n'arrivais pas vraiment à comprendre, je pensais m'être couché avec Allys et voilà que maintenant c'était... Aurore ? Mais bordel ! Comment c'était censé être possible au juste ? Un bref coup d'oeil aux cadavres de bouteilles me fit vite comprendre la situation. Ça et un effroyable mal de tête.
A peine si j'arrivais à ouvrir complètement les yeux. Et la réaction de la jeune femme ne fis rien pour arranger ça... comment ça dans son lit ? La situation ne semblait pas être aussi simple que ça en fait... Et alors qu'elle commençait à chuter, je commençais à venir essayer de la rattraper. A peine avais-je réussis à arriver au bord du lit que je remarquais sa tenue, et me mettant à rougir je me mis à lui obéir comme si elle avait été le général en personne, fermant les yeux avant de me retourner.

-Hum... oui oui.. si tu veux.

Je ne saurais dire qui était le plus gêné, et pour tout dire je ne me rappelait plus vraiment de ce qui c'était passé, sinon que j'avais quelques marques bien visible dans le cou... Je refis ma queue de cheval, tachant d'ignorer la migraine qui cognait dans mon crâne.
Je ne savais pas quoi dire, et je me mis à collecter mes vêtements qui traînaient... un peu partout. Je récupérais un pantalon ici, un haut là, remarquant soudainement qu'il manquais un de mes écussons, mais j'étais bien trop mal en point pour le chercher maintenant, me contentant de marcher jusqu'à un évier pour tacher de me mouiller le visage.
Mais rien à faire même avec de l'eau, ça ne passait pas.
Je tentais de dire quelque chose mais ma bouche était vraiment trop pâteuse pour formuler le moindre son et je dus me contenter simplement de rassembler mes affaires alors que la jeune femme partait inspecter l'état de notre prisonnier.
J'étais pourtant persuadé de l'avoir vu...
Mon pied buta contre une pièce d'armure qui racla le sol et le bruit me fit un mal de tête incroyable qui me força à regagner le lit cette fois un peu plus habillé, découvrant Aurore dans un état aussi pitoyable que le miens.
Elle ne souhaitait pas en parler, allant même jusqu'à me demander d'oublier ce qui c'était passer.

-Mmmh oui si tu veux, de toute façon...  je ne me rappelle pas de grand chose...

Sinon qu'elle m'avait embrassé, enfin elle ou... Allys ? Arf c'était bien trop alambiqué pour mon état actuel. Je me contentais donc de hocher la tête le plus doucement possible pour éviter de laisser l'opportunité à ce mal de crane de revenir.
Même si je brûlais d'en parler, ne serai-ce que pour savoir ce qu'il s'était passé. Mais je me voyais mal lui tenir tête surtout dans cet état.
Seul problème, il allait falloir faire le voyage du retour jusqu'à Busad, et transporter un véritable boulet.
J'aurai voulu retourner dormir, et si possible hiberner quelques jours mais comme elle l'avait souligné, il fallait bouger.
Je la vis donc rassembler ses affaires lançant une excuse quelconque pour fuir. Je ne fis pas le moindre effort pour la retenir nous avions besoin de temps.
Et comme elle claquait la porte je me pris à me lever faisant de nouveau quelques pas mal assurés vers une bouteille d'eau que je vidais d'une traite, trouvant soudainement une soif dévorante que je fis de mon mieux pour étancher.

Ce ne fut que plusieurs dizaines de minutes plus tard que je réussis à passer mon armure, verrouillant les attaches avec mes doigts engourdis.  Ce ne fus qu'à grande peine que je réussis à charger le pirate sur mon épaule, le descendant lentement au rez de chaussé pour trouver Aurore occupée à boire son thé, grand bien lui en fasse, quant à moi je tachais de retrouver le cheval de cette dernière, déposant le cheval sur ce dernier avant de l'attacher solidement.
Je finis par la voir arriver et même si le ton n'était pas à la discussion quelque chose risquais vraiment de mal tourner si je ne lui demandais pas.

-Je ne penses pas pouvoir supporter le cheval pour l'instant, peut on commencer à pied ?

Les mouvements de balancier d'une monture avaient de fortes chance de finir de purger mon estomac des restes d'hier et même si nous avions... enfin je ne savais pas trop, mais même si nous avions passé la nuit ensemble, il me restait une certaine dose de fierté à conserver, même devant elle.

Aurore était installée sur un tabouret, légèrement en hauteur, les jambes dans le vide. Ses doigts s’enroulèrent lentement sur la tasse chaude, soupirant doucement de confort. Les plantes commençaient à teinter le liquide normalement clair. A ses pieds, ses affaires étaient entassées. La rousse semblait regarder dans le vide, encore perturbé par la nuit qu’elle venait de passer. Hex et elle, comment cela avait pu se dérouler. L’alcool pouvait évidemment être un facteur important, mais quand même. La rousse sembla se perdre davantage dans ses pensées, ses deux prunelles vertes fixant le récipient. C’était quelque chose d’impassable, de non acceptable. Aurore lâcha un bref soupir, affecté par cette situation plus que gênante, mieux valait tout oublier, c’était définitivement beaucoup plus prudent, plus rassurant. Portant sa tasse à ses lèvres, la rousse avala une longue gorgée du mélange, visiblement plus détendu, moins stressé. Aucune image des anciens événements ne venait animer son esprit, aucun trouble plus important ne dérangea ses pensées. Aurore préféra se concentrer sur les événements à venir et non sur les événements passés, celui-ci ne pouvait être modifié après tout. Hex était descendu, le pirate sur son épaule. Le tavernier avait écarté les yeux, comme deux billes bien rondes, trop grosses pour exprimer autre chose que la surprise.

Délicatement, Aure avait poussé de l’argent sur le comptoir, ici tout fonctionnait ainsi, plus l’argent offert était important, plus les yeux se fermaient facilement. Avalant son thé définitivement. Une fois à l’extérieur son sac sur le dos, son arc et ses flèches à leurs emplacements, la rouquine avisa le non-mage surprise de ne pas le voir encore en selle. Le pirate semblait encore dans un sommeil profond qui ne pouvait pas être naturel, ce qui ne satisfaisait pas forcément la jeune femme. L’homme lui indiqua qu’il n’était pas en mesure de monter à cheval, sans quoi, il risquait de recouvrir le sol d’un savoureux mélange d’alcool et de substance inconnue. Elle fronça les sourcils, réfléchissant :

- «  Bien d’accord, de toute façon nous n’avons pas vraiment le choix. » Souffla-telle sans aucune agressivité dans la voix « On devrait arriver dans quatre heures, en marchant lentement peut-être cinq… Ça ira ? »

Elle lui avait offert un sourire, signe qu’elle n’était plus réellement en colère. Aurore ne souhaitait pas reparler de la nuit, ni même de la façon dont celle-ci avait pu se terminer. Mieux valait oublier ce petit détail, pas si insignifiant. Attrapant la longe de sa jument, elle tira doucement sur celle-ci pour la faire avancer, s’appliquant à vérifier que son binôme d’aventure soit en mesure de suivre le rythme qu’elle imposait. Inutile d’avoir une cadence trop intense, le duo n’était pas aussi loin que ce qu’elle pouvait penser et puis rien ne disait qu’après une heure ou deux de marches, le chemin ne se terminerait pas à cheval. Sur la monture, le pirate n’avait aucun mouvement, signe que la substance qu’il avait ingurgitée était encore efficace.

Le trajet s’était déroulé sans événement notoire, pas de galette sur le sol, pas de nausée, pas un silence démoralisant non plus. Le petit groupe avançait lentement, en discutant de temps en temps, sans jamais aborder le sujet délicat. Aurore n’était pas en colère contre Hex, plutôt contre elle-même, d’ailleurs finalement, l’incident l’avait obligée à paraître moins agressive à son égard. Prenant une légère inspiration, elle avait fini par proposer une pause, après deux bonnes heures de marche, elle était plus que nécessaire. Son visage n’était pas particulièrement pâle, ses jambes pas trop douloureuses, c’est qu’elle avait l’habitude des expéditions, bien qu’il était certain que faire le trajet à cheval était beaucoup plus agréable qu’à pied.

- « Il est l’heure de faire une pause, qu’est-ce que tu en penses ? »

Elle s’était laissé tomber sur le sol, profitant du moment pour boire une longue gorgée de sa gourde. Son regard avisa son interlocuteur, alors que le pirate semblait montrer quelques signes d’un éveil proche.

- «  On devrait poursuivre à cheval, on arrive d’ici une heure, soit dans le milieu de l’après-midi. Il faudra rejoindre la tour… De là, on avisera comment on peut contacter le Gharyn. On ne peut déranger un homme comme lui aussi facilement… Je suppose qu’avec le pirate, il acceptera de nous rencontrer. »

La pause avait du bien durer une trentaine de minutes, un petit repos mérité, surtout après la nuit agitée qu’il avait passé tous les deux. Le duo avait finalement terminé le trajet sur sa monture, respectant un petit trot pas trop brusque histoire de ne pas mélanger de façon trop violente les estomacs des deux alcooliques. L’arrivée à Busad dû se faire en milieu d’après-midi, comme la rousse l’avait prédit quelques heures auparavant, la chance semblait être enfin avec eux, aucun incident, aucun  contre temps, rien, juste la finalité proche de cette mission particulière. La jeune femme s’arrêta à l’écurie qu’elle connaissait déjà, là où il y a quelques mois elle avait laissé sa monture le temps de visiter la ville.

- «  Nous allons aller à la tour à pied, tu devras le porter sur tes épaules, après tout, c’est ton pirate, pas le mien. »

Descendant l’homme de façon non délicate, le corps de l’homme se retrouva étalé sur le sol, dans un fracas important. Fracas qui avait fini par le tirer de son sommeil non volontaire. Il c’était mis à hurler à se débattre, si bien que Aurore n’avait trouvé rien d’autre à faire que de lui mettre un coup derrière la tête et de lui glisser un tissu sur la bouche pour l’empêcher de hurler à gorge déployée. Au moins, il allait être en pleine forme pour le roi de Busad.

- «  Allons-y » avait-elle fini par souffler en direction de Hex, une fois l’homme sur son épaule.

Une nouvelle fois la distance qui séparait les bâtiments fut parcourue dans le silence. Aurore étant visiblement satisfaite de redécouvrir cette ville, premier lieu qu’elle avait réellement pris le temps de visiter quand elle avait décidé de partir de chez ses parents. Une fois en bas de la tour, le groupe fut stoppé par des protecteurs, des hommes à la carrure importante qui empêchaient qui que ce soit de monter sans autorisation ou raison spécifique. La jeune femme s’était contentée de sourire, avant de se justifier :

- «  Nous devons rencontrer le Gharyn, nous lui apportons un homme daënar pirate, celui-ci a commis de nombreux crimes. Nous souhaitons que la sanction soit prononcée comme la coutume l’exige, par le représentant des lieux… Pensez-vous que c’est possible ? »

Les deux hommes s’étaient avisés, opinant lentement, l’un d’eux avait abandonné le groupe afin de monter se renseigner auprès de qui de droit. Durant ce temps d’attente Aurore avait avisé Hex, soudainement plus certainement de la réussite de cette mission. Échouer si proche du but. Elle était presque prête à raccompagner le non-mage vers la sortie, vers le départ pour la région des mages. Après une vingtaine de minutes, l’homme avait fini par redescendre, grognant un « Suivez-moi ». Un large sourire était venu illuminer le visage de la rouquine qui préféra laisser Hex passer devant toi. Après tout, c’était lui le responsable de tout ça, autant qu’il se donne la peine d’expliquer et de se présenter. Une fois en haut de la tour, l’homme ouvrit une porte afin de nous faire entrer, le temps de la rencontre était enfin arrivé, qui sait, le Gharyn allait peut-être enfin prouver qu’il était capable de faire preuve de sévérité.

- « Bonjour » se contenta de murmurer Aurore sans grande conviction, comprenant que Hex n’allait pas expliquer la situation. « J’ai rencontré ce daënar qui cherchait à capturer ce pirate. Celui-ci a commis de nombreux crimes en nos terres… Nous l’avons attrapé hier soir. » elle prit une légère inspiration «  Il souhaite respecter nos coutumes et vous permettre de le sanctionner en fonction de nos critères. »

Et maintenant ? Maintenant c’est au roi de décider et à Hex de répondre à ses éventuelles questions. Aurore, elle, se contenta de se décaler afin de laisser les deux hommes communiquer, tout en vérifiant que le pirate sur l’épaule du non-mage n’était pas prêt de prendre la fuite.

Les hommes postés en bas de la Tour du Désert étaient là autant pour protéger la tranquillité des lieux des indésirables tel que le trio semblaient être que pour filtrer les demandes envers les primo-Gharyn et le Khorog, ou tout autre commandant. Monter huit ou dix étages n’étaient pas forcément une mince affaire. Le garde ne proposa aucune aide pour soulager le poids que l’étranger portait sur son épaule ni ne ralentit particulièrement l’allure pour lui. Il les mena ainsi jusqu’à la salle d’audience garnit des belles tapisseries de Delhki et des autres architectes. Des fauteuils en pierre, très ergonomiques et confortables malgré les apparences ornaient son pourtour avec un siège esseulé au fond la salle en face de l’entrée pour Zaël quand il tenait des audiences.

Inutile de dire que dernièrement il y en avait eu ! Les trois mois précédents avaient été riches en bouleversement autant pour son peuple que pour lui-même personnellement. Les événements l’avaient profondément ébranlés mais il savait que maintenant plus que tout il fallait qu’il fut présent pour protéger son peuple, quoiqu’il lui en coûta. Ce n’était qu’avec un plaisir mitigé qu’il recevait ce trio. Ou plutôt ce duo accompagné de leur prisonnier. Des décisions difficiles à prendre encore, sans nul doute. C'était aussi pour ça qu'il n'avait pas délégué à un de ses commandants comme c'était de coutume pour les cas normaux.

Malgré la fatigue, ses traits tirés, il les accueillit avec un sourire alors qu’il se détournait de la fenêtre et de la vue de sa cité.

« Bienvenue à vous. C’est un geste louable et trop peu courant ses derniers temps. Mais avant de le sanctionner il faudrait me dire qui vous tenait ainsi captif. Quels crimes cette personne a commis ? Je ne pourrais évidemment pas sanctionner que sur vos paroles mais si c’est un tel criminel nos Protecteurs en auront entendu parler. Et il me faudra également l’entendre.»

Voir un homme ligoté et bâillonnés, n’était jamais plaisant pour lui. Cela représentait un échec de la société, de son gouvernement à protéger les individus de routes auto-destructrices. Enfin, rien n’était encore fixé et les motifs de son arrêt par ces citoyens, pas encore précisés. Il aurait pu ordonner la libération du suspect en attendant d’avoir toutes les informations mais il se sentait las de tout ça.

« Vous pouvez le déposer sur un des sièges pendant que nous discutons. Si vous pouviez aussi vous présenter avant de répondre à mes questions cela serait… opportun ?»

Comme je m'y étais attendu, la tour était immense, et aucun systèmes n'avait été prévu pour en faciliter l'ascension, à croire que le roi tenait à faire souffrir ses invités et ce avant même de les voir. Je fus interrompu par un homme en uniforme officiel, qui me tendit une sacoche en cuir. Je le pris tout d'abords pour un simple Daenastre avant de remarquer ses insignes.
C'était un des agents spécialisés envoyés chercher des preuves. Dans mon cas je ramenais le coupable, eux de quoi le juger, à croire que la machine Daenastre n'était pas si rouillée que ça.
Je remis donc mon fardeau sur l'épaule suivant les deux protecteurs avec autant d'entrain que possible. Mais là ou ils étaient en tenue, j'étais entièrement cuirassé, et j'avais un sacré gaillard sur le dos, et j'arrivais donc au sommet de la tour avec quelques rougeurs
Finalement nous fumes introduit directement devant le roi, ce qui ne manqua pas de me surprendre, imaginant un tel personnage plutôt peu enclin à recevoir des visiteurs vu ce qu'ils leurs demandaient.
Comme prévu il n'allait pas simplement se baser sur des accusations et même si je le voyais mal discuter avec cette racaille, je n'avais pas vraiment mon mot à dire dessus. Et je me contentais de hocher la tête alors qu'il parlait

Se présenter, se présenter, il était amusant lui... Enfin je n'avais pas vraiment le choix, ainsi je déposais le pirate sur un siège, lui accordant le regard qu'à un bourreau pour sa victime, le message était clair: "pas de vague"
C'était un message suffisamment simple pour que même un idiot comme lui le comprenne. Je fis ensuite volte face, défaisant les attaches de mon casque pour laisser mes cheveux tomber dans mon dos avant de m'incliner de manière révérencieuse devant le roi de Busad finissant par un salut réglementaire.
Mon poing droit frappa ma cuirasse alors que mon autre main se portait sur le côté de ma tête accompagné d'un claquement de mes bottes sur le sol. Un geste qui en Daenastre constituait un salut des plus protocolaire.
Je pris une petite inspiration avant de commencer ma présentation.

-Lieutenant Hekmatyar, détaché du 666e régiment d'Infanterie blindée pour servir de régulateur.
L'UNE souhaite vous transmettre sa plus profonde considération que ce soit envers votre nation ou votre règne. Désireuse d'améliorer nos relations, mon gouvernement souhaite vous aider à traquer les éléments indésirables qui auraient pu profiter de nos échanges culturels pour commettre des exactions sur votre territoire.

Ma main se porta dans mon dos, tirant un petit parchemin roulé, le dépliant soigneusement. Le morceau de papier retraçait tout les crimes connus de notre pirate à la marque, et je me permis de n'en lire qu'une petite partie au roi, ne voulant pas abuser de son temps plus que nécessaire. Au contraire plus vite il rendrait son jugement plus vite je serais libéré.

-Cet homme, à été désigné pirate par le gouvernement de Vereist, ses activités incluent le pillage de navires marchand, torture, meurtre, viol et ce seulement en Daenastre, j'ai aussi la liste des procès verbaux des habitants de Karal Drazar qui ont bien voulu témoigner devant certains de mes collègues, chacun d'entre eux est signé et daté.

Je produisis plusieurs petits tubes métalliques, chacun renfermant un petit résumé d'un crime, certains étaient de simple meurtre, mais deux ou trois d'entre eux contenaient un étalage bien macabre des savoirs faire de pirate, comme le viol en bande organisée, la torture de femmes et d'enfants... Rien qui ne m'étonnais plus que ça, et si j'avais eu le moindre pouvoir de magistrature, cet homme n'aurait pas eu à être traîné ici, une simple balle dans la tête aurait suffit.
Mais encore une fois, il fallait faire selon les méthodes d'ici, je laissais donc au roi tout le soin d'examiner l'homme en question qui semblait reprendre un peu trop d'aplomb à mon gout, contant peut être sur la moindre clémence des Mytrans.
Je laissais la sacoche remplis de procès verbaux à la disposition du roi, préférant éviter de l’assommer avec de la paperasse pour le moment.

Aurore détailla un long moment le Gharyn, sans pour autant paraître insistante ou désagréable, simplement le temps pour elle d’analyser à qui elle avait de nouveau à faire. Hormis cette mine fatiguée et ses cernes, il n’avait pas changé. Devrait-il penser à avoir des nuits moins agitées avec sa compagne afin d’assumer pleinement et convenablement ses fonctions. Les sourcils de la jeune femme s’étaient légèrement froncés, elle n’avait nullement dans l’idée de rester trop longtemps ici, avec cet homme qui ne lui avait pas fait bonne impression quelques mois auparavant. Gharyn, un titre qui impliquait des responsabilités, tout comme il octroyait forcément le respect des autres. Respect que la jeune femme semblait avoir quelque difficulté à offrir à celui qu’elle jugeait comme encore beaucoup trop rêveur et insouciant vis-à-vis des conditions actuelles de leur peuple. Peu importe, là n’était pas le débat. Aurore tâchait de faire bonne figure, de dévoiler ses dents dans un sourire fade, presque sans émotion. Son regard d’un vert bien trop pâle pétillait d’une nouvelle étincelle, si elle n’avait pas l’impression que le Gharyn méritait son titre, il n’en restait pas moins un roi impressionnant à ses yeux. Coulant un regard à l’étranger qu’elle avait accompagné jusqu’ici, elle le laissa se présenter, justifier sa présence. Si elle avait accepté de l’aider, c’était uniquement dans le but de le voir repartir très vite vers son continent, loin des mages. Aure ne laissa aucunement paraître le mépris qu’elle pouvait ressentir vis-à-vis de cet homme aux coutumes si différentes des siennes, elle restait immobile, silencieuse, jetant néanmoins quelque regard furtif vers le pirate. Celui-ci semblait à présent se réveiller lentement, prenant conscience que son sort allait se jouer ici.

Avisant la longue chevelure blonde dévaler sous l’enlèvement du casque de Hex, les prunelles de la rousse semblèrent s’écarquiller quelque peu, c’était comme-ci soudainement elle venait d’avoir une révélation. Elle l’avait déjà vu, elle avait déjà échangé avec lui, sauf que ce n’était nullement un homme, mais une femme. Immédiatement, elle avait délaissé tout autre centre intérêt que cette silhouette qu’elle aurait déjà dû reconnaître depuis bien longtemps, fouillant sa mémoire afin de se remémorer le prénom de ladite princesse qu’il était à l’époque censée représenter. Durant ce temps de réflexion, le non-mage eut le temps de lister les méfaits, de lire, de justifier de façon plus ou moins hasardeuse les crimes dont était certainement coupable le pirate à la rose. Au même moment, où les regards se déposèrent sur la silhouette féminine, l’esprit d’Aurore sembla enfin se souvenir de cette identité mystérieuse, ses lèvres s’entrouvrirent malgré elle, afin de faire part de cet état de fait oralement, un peu maladroitement :


- « Elsha… » surprise de l’avoir prononcé si fort, ses joues s’empourprèrent presque immédiatement, confuse « Enfin non, moi c’est Aure, lui c’est… Peu importe. » Elle soupira, avisant le représentant du lieu « Je crois que nous n’avons pas eu la chance de nous rencontrer avant Gharyn, je me nomme Aurore, je viens de la région de Suhury. Je suis ravie de vous rencontrer, malgré les conditions un peu particulières. »

Si la rousse n’était pas connue pour avoir une très bonne mémoire, elle se souvenait en revanche très bien de cette réunion qui avait eu lieu dans la ville, celle où elle avait pu constater de ses propres yeux et entendre de ses propres oreilles la façon utopique de percevoir le monde, du roi. Elle n’était cependant pas très certaine que ce soit une bonne idée de le rappeler, préféra d’elle judicieusement profiter du fait qu’il ne semblait pas se souvenir d’elle pour se faire une image parfaite. N’était-il pas plus intéressant d’être en bon terme avec un homme de son rang, plutôt que d’être dans la mauvaise pile de documents.

- « Quoi qu’il en soit, je n’ai pas grand-chose à rajouter. Je n’ai fait que porter assistance à cet homme dans sa recherche. Ne faut-il pas tendre la main à son prochain ? » termina-t-elle dans un nouveau sourire.

Tendre la main, oui, pour raccompagner de façon définitivement l’étranger vers la porte de chez lui et en s’assurant qu’il ne remettrait plus jamais les pieds ici. Il y avait suffisamment de non-mages foulant les terres comme ça, un de moins, surtout un homme de combat ne pouvait être que bénéfique pour Aurore. D’autant plus après les derniers événements quelque peu flous, qu’elle aurait potentiellement partagé avec lui.

- « Je me tiens à votre disposition pour toute éventuelle question. Cependant, je doute d’être celle qui puisse vous apporter le plus grand nombre de réponses. »

Elle inclina doucement la tête, comme pour indiquer qu’elle avait dit ce qui lui semblait être l’essentielle. À présent, la rouquine n’avait plus qu’une idée en tête, confronté Hex à ce souvenir, à cette femme en robe en talon qui avait bu à l’époque plus que de raison. Par tous les architectes, était-il une femme ou un homme ? Et ne devrait-elle à présent pas être parfaitement en mesure de résoudre ce mystère ?! Lentement, elle glissa les mains dans son dos, délaissant l’attention qu’elle portait aux individus pour détailler l’environnement dans lequel semblait évoluer le maître du lieu.

Drôle de façon de montrer sa considération que d’agir en territoire étranger sans en avertir les dirigeants. Certes, il est venu se présenter ensuite avec ledit prisonnier. Mais n’aurait-il pas mieux valu travailler avec eux directement plutôt que d’employer des civils comme cette Aurore de Suhury ? Et connaître le nom de la région où il était censé opérer aussi . Peut-être était-ce pour prouver sa bonne volonté et celle de son gouvernement qu’il avait agi dans cet ordre… Au moins, cela faisait du bien de voir des âmes encore désintéressées comme cette my’trane.

« Je vous remercie d’avoir appréhendé cet individu avec de si lourds crimes derrière lui. Nous allons devoir parcourir tous les documents que vous avez soigneusement ramenés avant de rendre un verdict. »

Mais d’après la liste non-exhaustive que ce soldat lui avait fait, nul doute qu’il aurait droit à la peine la plus importante : se faire jeter dans le vide aux confins du monde. Si ça simplifiait la sentence, cela ne réjouissait que très peu Zaël. Comment un être humain pouvait en arriver là ?! Le type qui se trémoussait sur le siège n’avait pas du tout l’air de se culpabiliser de ses actes. Le primo-Gharyn détourna le regard pour revenir vers ses deux interlocuteurs.

« Toutefois, j’aimerais entendre de quelle façon vous l’avez appréhendé, si vous avez vous aussi été témoin de ses actions ? »

Il y avait bien sûr les procès verbaux mais ce n’était pas la même chose que des témoignages directes. Pas indispensable pour rendre justice mais pour Zaël si, pour comprendre ou du moins essayer.  

« Comme je vous l’ai dit, le verdict ne sera pas prononcé immédiatement. Nous l’annoncerons publiquement de même que son arrestation. Au vu de ses exactions, les habitant des Kharaal Gazar ainsi que moi-même ne pouvons que vous être reconnaissant. Je suppose que vous, monsieur Hekmatyar, avait d’autres criminels à arrêter : votre gouvernement ne vous aura pas envoyé jusqu’ici pour un seul homme, aussi dangereux fut-il. Travailler avec des Protecteurs de Busad vous assurerez une meilleure efficacité. D’autant plus que Mademoiselle Aurore avez sûrement d’autres projets ? Je ne peux vous demander de faire le travail qui échoit à notre gouvernement. »

Voilà, il avait tout dit ou du moins il le pensait. Son manque de sommeil et son inquiétude permanente lui jouaient parfois des tours. Il détestait être dans cet état, il avait l’impression de trahir son peuple.

Elsha ? Attendez j'avais déjà entendu ce nom. En fait je l'avais même porté, à une autre époque. Une époque qui dans ma tête était encore imbibé de beaucoup trop d'alcool. Je sursautais doucement, me retournant vers la jeune femme. Mon regard la dévisagea de la tête au pied.
Il fallut un petit moment pour que la connexion se fasse dans mon esprit: Aure, Aurore, les cheveux roux, la chose mi renard, mi beaucoup de chose...

-Toi ? Bordel de merde...

Ma tête me fit revoir cette folle soirée, ou déguisé en princesse j'avais finis par chanter avec une abeille légèrement vêtu, engoncé dans une robe courte bleu glace après qu'une paire d’esthéticienne mais passé de la cire sur tout le corps. J'oubliais momentanément le roi, ma fonction et peut être même tout le reste pour lui porté un regard entendu.
Elle savait que je savais, mais je savais aussi, et elle devait le savoir !

Je repris contenance me concentrant sur le roi des sauvages devant moi. Il était plutôt intelligent, sans doute bien plus que moi, même si cette considération en m’effleura pas vraiment l'esprit, en fait la seule chose qui m'occupait était de respecter les ordres. Pas de jugement sur cette société, ou quoi que ce soit d'autre.
Amener le prisonnier, répondre aux questions, repartir. Pas plus compliqué que ça, les émotions étaient parasitaires dans ce genre de situation.
Et la mission était bientôt finis.
Mais il avait le don de poser des questions plutôt embarrassante... Je me raclais la gorge, lançant un regard en coin à Aurore. Je doutais que parler de la nuit que nous avions passer puisse être d'une grande utilité surtout que je n'en avais pas vraiment de souvenir.

-Nous avons fait équipe pour capturer ce déchet dans une taverne, sans causer plus de trouble dans l'établissement. Le prisonnier à été emmené ici sous somnifère, sans torture évidement.

Et bon dieu ce que ça avait été difficile. lui mettre une droite ou deux, peut être lui trancher la langue. Il méritait même bien plus que ce que je pouvais faire localement. Mais ce n'était encore une fois pas à moi de décider de ça. Et une torture raffinée était hors de question ici.

-Mais je ne suis que l'une des deux personne qui l'à arrêter peut, être que Mademoiselle Aurore pourra mieux vous l'expliquer que moi, car je ne saurais pas vous donner tout les éléments que vous voulez entendre. Elle sera sans doute plus objective que moi

Je fis une pause, attendant des explications de la part de la demoiselle tout en me mettant en position de repos militaire. Il était important de montrer au roi qu'il avait le droit au respect.
Encore une fois tout cela était prévu les documents que j'avais reçu. Se présenter devant le roi de Busad en tant que militaire était une chose périeuse, qui avait demandée beaucoup de travail en amont.
Nul doute que le bureau de négociation avait planché sur tout ce cérémoniel pendant de longues semaines avant de se mettre d'accord.
Je ne comprenais pas pourquoi un plus haut gradé avait pris ma place d'ailleurs. Un simple officier n'était pas vraiment le haut du panier. Peut être que quelqu'un de haut rang aurait montré un intérêt exagéré ?
Encore une fois ce n'était pas vraiment mon problème.

Le roi parla, et je répondis en frappant le poing contre mon plastron, l'acier contre l'acier résonnant dans la salle du trône.

-Il en sera fait selon vos ordre. J'irai de ce pas confier mes informations aux protecteurs de Busad, parcourir la campagne seul n'est pas chose aisée pour traquer des fugitifs.

Et ils seraient sans doute plus efficace que moi pour trouver les fugitifs. Aurore avait été d'une très grande aide, mais je ne voulais pas l'impliquer plus que ça. Après tout elle avait déjà fait bien plus que ce que j'aurai pu lui demander.

Aurore avait opiné sobrement, détaillant ses deux interlocuteurs sans paraître insistante. La jeune femme semblait être plus ou moins en accord avec les paroles du Gharyn de Busad, comprenant tout à fait, ou tout du moins en partie les propos qu’il tenait. Son esprit était de toute manière bien trop perturbé par les souvenirs de Hex en robe de princesse à talon haut se faisant nommer par le délicat prénom d’Eslha pour faire attention au reste. Cependant, la rousse n’avait pas pu s’empêcher d’afficher une légère grimace sur son visage, sentant le regard des deux hommes se poser sur sa silhouette, la détaillant dans l’attente d’obtenir des réponses. Aure n’avait pas réellement envie de se remémorer sa manière de faire, ou de se comporter qu’elle avait dû employer pour attirer l’homme à la rose. Ses lèvres se fendirent dans un léger rictus, déformant les traits de son visage d’une manière peu agréable. Avisant tour à tour le Gharyn, puis son binôme d’aventure, elle s’était raclée la gorge avant  de faire entendre une nouvelle fois le son de sa voix :

- « Eh bien… Je l’ai simplement invité à monter dans ma chambre. » Annonça-t-elle plus froidement qu’elle ne l’aurait voulu « Après plusieurs verres ce n’était pas bien difficile de le convaincre. » elle soupira « Pour le reste, je n’ai pas d’information autre à ajouter. Je n’avais pas réellement envie que… » qu’un Daënar se déplace sur les terres sans surveillance ? C’était exactement ça, sauf qu’elle savait qu’elle ne pouvait pas le dire «  Enfin, peu importe. Une fois ligoté et endormi, il ne nous restait plus qu’à vous l’amener, Gharyn. »

Passer pour une femme pleine d’assurance, qui maîtrise le moindre de ses mouvements, qui sait parfaitement ce qu’elle fait n’était pas un jeu dès plus évidents. La suite de la conversation n’emballa guère la rouquine, qui était certaine qu’après le jugement elle allait raccompagner cet étranger tout droit vers la porte de sortie. Cependant, le représentant de la ville semblait sous-entendre autre chose, un élément plus dérangeant dans l’esprit de la rousse, le fait qu’il allait encore rester pour chasser d’autre individu. Coulant un regard vers Hex, la jeune femme finit néanmoins par dire ce qu’elle avait à l’esprit, tout en essayant de modérer ses propos :

- «  Pour être complètement honnête, mon projet le plus proche est de raccompagner cet homme jusqu’à son moyen de transport… J’ai dans l’idée aussi de visiter ses contrées, histoire de retrouver une connaissance là-bas. Par conséquent, je n’ai absolument rien de plus approprié à faire que d’être son ombre, sa compagnie n’est pas forcement désagréable. De toute manière, je doute très sincèrement qu’il soit plus efficace que vos hommes, il serait même plus une difficulté supplémentaire pour eux. Ne faut-il pas, après tout, laisser notre propre justice régler les soucis de nos territoires, que les fugitifs soit… étranger ou non. »

La rouquine afficha un sourire déterminé, avisant tour à tour ses deux interlocuteurs, il n’était à son sens pas envisageable de laisser un homme comme Hex parcourir les territoires de façon solitaire. De plus, elle venait de voir en lui, une façon potentielle de se déplacer dans des contrées inconnues. S’il ne l’amenait pas avec lui, nul doute qu’elle irait toute seule en lieu hostile, elle venait de prendre sa décision. Retrouver Ludwig.  

- «  Si vous n’avez plus réellement besoin de nous… Je suppose que nous pouvons disposer tout en restant évidemment à votre disposition. Vous devez de toute manière avoir bon nombre de choses à faire, votre titre impliquant bon nombre de responsabilités, visiblement pas toujours agréables. »

Un sourire en coin, une gêne à peine dissimulée et la rouquine avait simplement incliné la tête. Pas certaine d’avoir grand-chose à rajouter, à signifier. Elle n’était là que pour protéger son peuple de ces étrangers, rien de plus, rien de moins.