Après avoir été secouru par un homme aux cheveux blancs répondant au nom de Salem, j’ai erré avec mes deux familiers jusqu’à rejoindre la ville la plus près. Je ne suis pas assez en forme pour chasser, donc mon mogoi m’a fourni mes dernières proies. Oui, cela veut dire que je les ai mangés crus, puisque mon familier a une phobie maladive du feu, comme tous ceux de son espèce. Par chance, je peux affirmer fièrement que mon système immunitaire est puissant. Outre, les coups et blessures que je subis, la faim et la déshydratation actuelle de mon corps, je tombe rarement malade.
Encore une fois, je m’étais trompé de direction, puisque les habitants portaient des tenues traditionnelles des disciples de Suns. Je soupirai alors que j’utilisai un tronçon d’arbre comme siège temporaire. Par quel hasard avais-je encore réussi à me tromper de direction? Je voulais retourner à Busad, mais tout m’entraînait loin de chez moi. Sans doute étais-ce Delkhii qui souhaitait me mener vers ma propre destinée?
Flintan restait en retrait de la ville et avait temporairement repris le territoire ou son œuf avait été écrasé. Quant à mon tagta, il émettait son chant si caractéristique avec un entrain qui me fis hausser le sourcil. Quelque chose dans son attitude m’indiqua qu’il m,avait délibérément guidé dans la mauvaise direction.
Il était trop tard pour retourner dans les montagnes de toute manière à cette heure-ci. Je me redressai de mon billot de bois et cherchai l’auberge la plus près pour me reposer. Il me fallait bien un bon bol chaud et un lit. Mon corps était épuisé et douloureux. Avec de la chance, je me trouverais aussi de l’alcool pour neutraliser la douleur de mon nez fracturé. Avec le crépuscule, la ville s’illumina par des lanternes alimentées par du feu. Je ne m’attendais à rien de moins que cela de la part des adeptes de Suns.
Au bout de plusieurs minutes d’errances, je tombai sur un marchand tardif en train de fumer une pipe. Je profitai du fait qu’il fumait pour lui demander du feu pour ma propre pipe que je sortis de son sac. Parfois, il m’arrivait de fumer un mélange d’herbes qui poussaient au-travers de la région d’ou je venais. Il avaient une tendance à donner des hallucinations aux gens peu habitués, mais c’était une tradition de famille. L’homme glousse de rire et accepte volontiers.
Me voici donc à errer à nouveau, mais avec une pipe entre les dents. Celle-ci est plutôt récente, mais je ne sais pas d’ou elle vient. Les herbes ont un goût plutôt désagréable, alors je cesse très rapidement de les fumer. Comment ais-je pu en fumer par avant? Je me rappelle clairement qu’avant mon accident j’en fumais deux fois par semaines.
J’atteins finalement l’auberge qui est juste au-dessus de la taverne locale. Je me pose à une table et attends un serveur. Je prend rapidement commande d’une choppe de leur alcool le plus fort, ainsi que deux assiettes. Je commande également une gamelle d’eau et une choppe de bière locale. Un doux fumet se libère de la cuisine et je me permet de fermer les yeux brièvement.
Il me semble que j’ai déjà senti une odeur semblable, mais ce n’était pas à cet endroit.Je sort mes calepins et feuillette le dernier jusqu’à ce que je trouve la page que je cherche. Ah, oui, j’ai eu un repas dans un restaurant délicieux en pleine capitale de Zolios. Je crois bien que la sensation vient de ce lieu.
Après mon repas, j,irai me prendre une chambre et je chercherai la source de cette légère odeur âcre qui semble me coller aux vêtements. Il est vrai que je ne me rappelle pas de les avoir changés. Après tout ce sont les derniers que j’ai. Pour l’instant, je croise les bras et attend que tout me soit porté en bonne et due forme.
Je me souviens pourquoi je souhaitais retourner à Busad. Je voulais visiter mon tailleur personnel afin d’avoir de nouveaux vêtements moins ajustés. Il semblerait bien que j’ai grandi depuis mon départ. Mais, cela ne fait pas si longtemps que je suis parti dans ma quête, si? Avec mon accident, je n’ai aucune idée du temps. Je crois avoir dix huit ans, puisque qu’il me semble bien qu’il n’y a eu que quelques mois depuis ce jour malheureux. Mais, je pourrait tout aussi bien me tromper.