Norwin Mererson

De la naissance à l'adolescence

Norwin vit le jour le 1er Juillet de l’année 904, dans une riche famille de Daënastre, dans la ville de Prorig, région du Tyorum. Ainé de la famille, son père tyrannique tenta rapidement de l’orienter vers les arts militaires. Déterminé à ce que son fils ainé puisse intégrer les forces militaires de l’UNE, il voua énormément de temps à Norwin dans ce but. Entrainement physique, rigueur militaire, châtiments physiques et dictature implacable, Norwin était brimé et forcé à se diriger vers une vie qui était bien loin de ses aspirations. Son enfance dans cette famille riche passée dans une maison secondaire de Prorig, la plupart du temps, n’avait rien de bien heureuse. Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente ou qu’il fasse aussi chaud qu’au centre de la terre, le père de Norwin forçait son fils à suivre ses ordres. Il se forgea ainsi, et bien malgré lui, un corps d’athlète, taillé pour l’armée, aussi fort qu’endurant, aux réflexes vifs et précis et à la robustesse digne d’un chêne. De cette enfance difficile, il en garde au moins une santé de fer et un physique robuste, lui permettant de survivre aux expéditions en Ekhlen, de se défendre et de ne pas tomber malade. Au moins son père eut-il quelque chose d’utile à lui léguer.

Cependant, il devint vite évident aux yeux du père de Norwin, mais aussi de sa mère, que le fils ainé était doté d’une intelligence hors norme et d’un génie impressionnant. Ses réflexions commencèrent très tôt dans son développement infantile. Son père, loin d’être bête lui aussi bien que dénué d’intelligence de l’âme et du cœur, vit ce génie comme un obstacle aux plans qu’il avait tracé pour son fils. Il devait être militaire et gravir les échelons comme un homme et devenir un des Hauts-Généraux de l’UNE, ça et rien d’autre ! Hors de question pour lui que son fils soit une chochotte planquée derrière des bouquins. Un homme, un vrai, porte une arme à la ceinture et une épée à la main et passe ses ennemis et ceux de la nation au fil de son épée, s’illustre au combat et devient un véritable héros. Et plus Norwin grandissait et poussait ses réflexions, plus son père s’acharnait à remettre son fils dans le droit chemin qu’il avait prévu pour lui, en usant de tout ce qui était à sa disposition : épuisement physique, entrainements à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, sports de combats, privation et même, châtiments corporels. Cependant, Norwin trouvait toujours un moyen de s’échapper. Psychologiquement du moins.

C’est lorsqu’un de ses maîtres d’armes se mit à lui enseigner l’anatomie et la physiologie qu’il développa rapidement une passion pour ces matières médicales. De l’anatomie et de la physiologie, il se mit à étudier les pathologies humaines, les ouvrages médicaux et chirurgicaux, les articles scientifiques, les innovations prothésistes, les mécanismes de fonctionnement et de fabrication des prothèses, bref, tout ce qui avait à-trait à la médecine et à la science passe entre ses mains et imprégna son cerveau, alors que son père s’évertuait à le « guérir » à grands renforts d’entrainements physique et de violence. Un véritable tyran, sans états d’âmes. Que son fils soit exténué, ensanglanté ou encore au bord du malaise et de l’inconscience, il le poussait toujours à se dépasser, préférant les injures et les coups comme motivation plutôt que les encouragements. Si, au début, la passion de Norwin restait cachée à son père, très vite, ses immenses connaissances et son dévouement à sa passion fut impossible à cacher. Son père fut fou de rage et l’enferma plusieurs jours dans la cave puis dans l’étable des chevaux. Là, dans la noirceur et l’humidité, le corps contusionné, le sang caillé sur son corps nu, Norwin décida de prendre sa vie en main. Il était le seul à pouvoir décider de sa vie, il était le seul à pouvoir construire son avenir. Jamais il n’avait été heureux depuis qu’il avait vu le jour dans cette famille qu’il n’avait pas choisi. Si sa seule lumière dans l’obscurité, sa seule terre de salut sur cette mer déchainée était la médecine, alors c’est vers la médecine qu’il vouerait sa vie. Il tenta une première fois de se rebeller à l’âge de 10 ans. Mais, trop jeune, pas assez formé à la vie et, surtout, pas assez fort dans ses convictions et sa position pour contrecarrer son père, il fut sévèrement puni, et la bride, qui était déjà très serrée, le fut encore plus.

Durant quelques années encore, Norwin s’attela à survivre en se dévouant corps et âme à sa passion pour la médecine. Son père, convaincu d’avoir brisé tout élan de rébellion, se contente d’envoyer son fils partout en Daënastre, entre les mains des meilleurs maîtres d’armes, des meilleurs instructeurs et autres spécialistes des armes, tout certain qu’il était d’avoir maté les envies de son fils, contradictoires aux siennes. C’est au cours d’un de ses voyages que Norwin découvrit l’existence de la guilde des Cercles de l’Aube. Alors qu’il souffrait des affres d’un entrainement martial trop poussé dans des conditions météorologiques déplorables, il fut cloué au lit par un maladie virulente. Un médecin de la guilde fut mandaté directement par son père pour s’occuper de Norwin, et, tandis qu’il était à son chevet, Norwin se mit en quête d’information. Il passait des heures à écouter ce médecin, ses récits, ses connaissances, son parcours, et il se prenait à rêver d’obtenir lui aussi son brassard de la guilde et de devenir médecin. Il était décidé à prendre sa vie en main. Il serait médecin, de la guilde des Cercles de l’Aube, qu’importe les avis de son père et qu’importe les obstacles. Il avait trouvé et assumé sa voie.


En route vers sa propre vie


A l’âge de 12 ans, alors qu’il était revenu chez lui, il prépara ses affaires, prit ses livres préférés, quelques vêtements et des vivres et prit le chemin d’un des quartiers de la guilde sur le continent. Son père tenta de l’en empêcher, mais tandis que Norwin avait gagné en force, son père lui, subissait les effets de son âge avançant. Il n’était plus en mesure de le brimer. Alors, alors qu’il prenait le chemin de la sortie en direction du continent, son père lui hurla sa colère et sa déception, lui jurant de ne jamais lui pardonner, qu’il n’était plus son fils et, surtout, qu’il le déshéritait. De ces mots, Norwin n’emporta rien avec lui, laissant son père et ses paroles là où il laissait son ancienne vie dont il n’emportait rien, si ce n’est des cicatrices et les quelques bénéfices déjà cités. Cependant, il se garda bien de faire l’amalgame entre les vices et disfonctionnements de sa famille, et le pays qui l’avait vu naître. Si rancœur il y avait, elle était dirigée contre son père et l’enfance qu’il avait vécu auprès de lui. Son pays, lui, n’était pas délaissé. D’ailleurs, il eut un objectif : inspirer ses compatriotes à avancer sur le chemin de la connaissance et du partage, et à abandonner toute velléité guerrière. D’ailleurs, dans cette optique, et en conséquence de son enfance orientée vers la guerre, il devint pacifique, préférant user de négociation et de discussion plutôt que de violence et de combat. Cependant, il n’oublia rien de ce qu’il avait appris en grandissant, et s’il préférait éviter de se battre, il savait se défendre et user des armes technologiques Daënars, notamment lors des expéditions sur le continent d’Ekhlen.

Il arriva au quartier général de la guilde dans l’année de ses 12 ans, après avoir candidaté et satisfait aux critères d’engagement. Durant dix ans, il fut un élève studieux, passionné et passionnant. Il passait des heures dans la bibliothèque de la guilde, lisant livre après livre, dévorant les connaissances renfermées et restituant avec brio ce qu’il avait assimilé, et ce, dix ans durant. Il passait tellement de temps dans les livres aux pages écornées, à l’encre parfois oxydée, éclairé par de frêles bougies qu’il s’esquinta la vue, nécessitant rapidement l’utilisation de lunette afin d’éviter d’autres dégâts oculaires. Puisqu’il avait tout quitté, sa famille, son héritage, ses bien et ses possessions, il fut logé dans les dortoirs de la guilde. Cet état de fait lui permit de rencontrer à de nombreuses reprises celles et ceux qui faisaient partie des Cercles, du 4ème jusqu’au 1er. Le premier cercle, à l’époque composé de trois médecins chefs, développa un intérêt pour Norwin. Le brillant jeune homme était épatant de par ses connaissances scientifiques et littéraires, son esprit malléable, animé d’une soif inextinguible de connaissances qu’il savait restituer presque immédiatement sur table ou en pratique. Alors que ses camarades rentraient chez eux pour les vacances et autres congés, Norwin, lui, restait tout le temps sur l’île volante de la guilde, plongé dans les livres de la bibliothèque, assistant aux conférences médicales, aux enseignements des promotions supérieurs, assistant aux opérations ouvertes aux étudiants, affinant de la sorte ses propres connaissances. Cette dévotion, repérée par tous les enseignants et les médecins du seconds et du premier cercle, fit naître un profond intérêt pour Norwin, surtout chez le premier cercle qui virent très rapidement chez Norwin l’image d’un fils adoptif, potentiel héritier de la guilde des Cercles de l’Aube. Bien que Norwin montra très rapidement d’énormes difficultés dans les relations humaines, se retrouvant souvent seul lors des repas ou dans la chambrée lorsque tous les autres étaient sortis, il développa néanmoins une réelle amitié pour les trois chefs du premier cercle, basée sur le respect et l’admiration de ces médecins célèbres dirigeant la guilde qui lui avait littéralement sauvé la vie, enfin, selon Norwin.


La guilde des Cercles de l'Aube


Il termina son cursus major de promotion, dépassant de loin tous ses camarades, de par ses notes, ses appréciations et ses facultés pratiques et théoriques. Il intégra rapidement le second cercle, réalisant plusieurs expéditions en Ekhlen, enseignant à son tour aux élèves médecins et internes du quatrième cercle, opérant les patients qui lui étaient assignés et se déplaçant partout sur Irydaë pour dispenser ses soins aux gens dans le besoin et à ceux faisant la demande de contrat auprès de la guilde. Il passa plusieurs années à se dévouer corps et âme à sa passion, à son travail et à ses obligations, remplissant des dizaines de contrats, promouvant la guilde avec honneur et avec toujours la même passion et la même fidélité. La relation nouée avec les trois chefs de guilde ne s’estompa aucunement, et c’est à leur mort qu’il fut nommé à la tête de la guilde des Cercles de l’Aube. Bien qu’il fût empli de chagrin à la mort de ses mentors, il accepta le poste au premier cercle et prit rapidement ses fonctions. Il s’installa définitivement sur l’île de la guilde, dans un appartement mit à sa disposition au Quartier Général. Il disposa également d’un bureau pour répondre à ses responsabilités administratives, depuis lequel il scrute les moindres faits et gestes des médecins de la guilde. Toutes les demandes de contrats, tous les actes médicaux dispensés, toutes les expéditions en Ekhlen, toutes les candidatures passent par lui et son expertise. Il est respecté de tous, son expertise et ses décisions font valeurs de lois, et ses directives ne souffrent d’aucun écart ni d’aucune transgression, bien qu’il ne soit pas contre laisser une certaine marge de manœuvre aux membres de la guilde, laquelle est souvent nécessaire pour mener à bien les missions dispensées.


Une amitié hors norme.


C’est lors d’une de ses propres missions qu’il rencontra un magnifique Griffon en difficulté. Norwin avait été mandaté par le premier cercle, quand il était encore membre du second cercle, pour soigner en urgence un Nomade Zochlomien blessé par un griffon, lequel était en difficulté après une fracture l’empêchant de reprendre son envol. Norwin, calme et organisé comme à l’accoutumé, réussit à éloigner le blessé et à lui dispenser les soins nécessaires à une stabilisation de son état, et à la préparer à un transport jusqu’au quartier général pour une opération de réduction de fracture. Mais, si sa mission était remplie, il ressentit une profonde attirance pour l’animal. Il était magnifique, gracieux, impressionnant, inspirant même, dirait-il. Bien qu’il fût médecin et non vétérinaire, il entreprit de soigner l’animal et réussit, au terme de plusieurs heures d’approches et de négociations au moyen de fruits et autres gourmandises. Le Griffon laissa alors Norwin faire son œuvre et ne bougea plus d’un cil même lorsqu’il fallut réduire sa fracture. L’acte, pourtant douloureux, fut réalisé rapidement et précisément, et avec l’accord manifeste de la créature. Des jours durant, Norwin fit vint rendre visite au griffon convalescent entouré de ses congénères qui le protégeait. Bien que sa première venue fût accueillie par de nombreux cris, des claquements de becs et des vols de semonce, il ne se découragea pas et fit tout son possible pour s’enquérir de l’état du Griffon qui hantait son esprit. Cette créature si noble avait su instiguer dans le cœur du scientifique un intérêt nouveau et des sentiments qu’il ne connaissait que très peu.

Il ne sait trop ce qui provoqua l’arrêt des hostilités, mais les assauts de semonce des Griffons s’arrêtèrent presque aussi rapidement qu’ils avaient commencé, et il put approcher son patient d’une autre espèce. C’est là que naquit une relation très spéciale. Lui qui n’arrivait pas à s’attacher aux gens, et qui avait un tact proche de l’allégresse d’un dragon dans une exposition de peinture, réussissait à être sur la même longueur d’onde que cette créature féérique qui le captivait. De fil en aiguille, la créature devint un ami, ou plutôt une amie, puisqu’il s’agissait d’une femelle, qui gratifia Norwin d’un honneur qui, pour lui, était suprême. Elle devint sa monture. Ensemble, ils parcoururent à l’envie les cieux d’Irydaë. Il nomma le Griffon Celebrian, et lui aménagea une place sur les terres de l’ile volante de la guilde. Mais jamais il ne tenta de l’asservir, la laissant voler à sa guise et rejoindre les siens aussi longtemps qu’elle le désir. Pourtant, et il ne parvint jamais à se l’expliquer, Celebrian revenait toujours auprès de lui lorsqu’il en avait besoin. Même si elle était partie depuis plusieurs semaines, voir plusieurs mois, elle revenait toujours auprès de Norwin lorsqu’il en avait besoin. Ainsi, elle lui permettait de soulager son angoisse, d’apaiser son esprit et de rêver dans les cieux du monde, seul moment où il se quitte son esprit terre à terre et cartésien, acceptant ainsi la magie de ce monde.


Aujourd'hui


Aujourd’hui, Norwin est le chef de la guilde des Cercles de l’Aube, qu’il dirige d’une main de maître. Il se donne à temps complet à ses responsabilités et à sa passion, s’aménageant des moments pour prendre soin de ses patients, que ce soit dans les soins, le diagnostic ou les opérations chirurgicales, afin de toujours rester proche du terrain et de sa passion première. Il est loyal à sa guilde et donnera tout pour assurer sa pérennité dans le temps et la qualité de ses membres. Sa volonté est d’éclairer le monde entier, toutes nations confondues, par la connaissance et l’entraide. Sa politique est ferme, mais en aucun cas exclusive ni occlusive. Pérégrins, Daënars et Myträns peuvent prétendre à entrer dans les rangs de la guilde et partager leurs connaissances. S’il n’a jamais renoncé à ses origines, il reste néanmoins ouvert aux autres nations et éprouve une certaine fascination pour les mages tournés vers le soin de Möchlog, qui réussissent à faire des prouesses sans user d’instruments chirurgicaux. Mais sa passion étant plus forte, il se contente d’approfondir ses connaissances techniques et théoriques, devenant une véritable encyclopédie vivante.

Le cas des anomalies l’intéresse également au plus haut point. Si les connaissances scientifiques à ce sujet sont peu fournies et détaillées, les anomalies sont bien mieux connues chez les Myträns, pour peu que l’on puisse avoir accès aux ouvrages qu’ils protègent farouchement. Etudier ces individus et tenter de les guérir serait pour lui une satisfaction personnelle, en plus d’une réussite scientifique passionnante. Mais les tensions entre mages et technophiles n’en finissent pas de produire leurs lots de blessés et de patients qui empêchent Norwin de se concentrer sur autre chose que le fonctionnement de la guilde et ses obligations médicales. Sa position, en revanche, lui confère une influence certaine dans le système de santé Daënar et ses conseils en matière de santé et de médecine sont souvent écoutés et appliqués. Il utilise d’ailleurs sa position hiérarchique et son influence pour tenter de contrebalancer la tendance à la guerre qu’il rebute et déteste, et tenter un rapprochement pacifique des nations. D’aucun penserait que cette mission est impossible et utopique, mais c’est mal connaître Norwin qui s’y attèle de toute son âme.